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18/02/2006

THÉOLOGIES DE LA LIBÉRATION ET CAPITALISME.

La plupart des théologiens de la libé­ra­tion rejettent toute accommodation avec le néolibéralisme parce qu’elle ébranle­rait la raison d’être de leur théologie comme une théologie des pauvres. Ils ne sont que trop conscients de la détérioration de la pau­vreté dans leurs régions ces dernières années, et que les changements que le monde a récemment expé­rimentés sont au détriment des pauvres dans le monde en déve­loppement. Quelques-uns retracent les racines de la détério­ration directement aux poli­tiques économiques de néolibéralisme, et maintiennent que le surcroît de chômage ou de sous-emploi, la chute des revenus, et la réduction des possibilités dans la vie, sont tous les conséquences inévitables de ces politi­ques. Bien que les gouvernements néolibéraux connaissent sans doute des succès — par exemple, dans le combat contre l’inflation — il faut que la théologie de la libération questionne toujours l’orientation de leurs politiques.

A l’avantage de qui sont-elle conçues ? Est-ce que c’est la vie des pauvres qui est le critère pour le discerne­ment de l’action ? Est-ce que le capitalisme du libre marché peut jamais pro­mouvoir le bien des gens avant le profit ? Les théolo­giens de la libération soulignent invaria­ble­ment le conflit entre la logique du capita­lisme et l’op­tion pour les pauvres — un conflit qui est manifestement plus vrai du capita­lisme dans sa forme néolibérale. Bien qu’ils ne s’expriment pas avec la même comparaison, il y en a peu qui ne seraient pas d’ac­cord avec l’assertion de Leo­nardo Boff qu’« il est aussi impossible de créer un système de marché moral que de constru­ire un bordel chrétien » !.

Si la théologie de la libéra­tion veut rester une théologie des opprimés, elle ne peut pas se permettre d’être entraînée par ceux qui font parti du pro­blème mais qui se préten­dent gardiens de la solution. Car le néoli­béralisme lance un défi subtil à la théolo­gie de la libé­ration, même jusqu’à se présen­ter lui-même comme une « option alter­native pour les pauvres ». La théologie de la libération a souvent souli­gné la distinction entre le Dieu de la vie révélé dans les Écritures, et les idoles qui en­traînent le religieux mais qui l’amène à l’injustice et à la mort. La théologie de la libération doit donc continuer à parler des « projets socialistes », mais jusqu’à quand débattrons-nous les questions politi­ques et économiques de cette façon ?

Est-ce que les théolo­giens de la libération finiraient par rien d’autres que de crier des slogans dans la coulisse ? N’est-il pas temps, donc, de chercher des modèles neufs, ceux qui permet­tront aux théo­logiens de la libération de rendre efficace leur option pour les pau­vres, tout en ne la liant pas aux idéologies apparem­ment débor­dées du passé ?

Il y a des chrétiens pro­gressifs qui disent qui oui, il est vraiment temps de trouver une vision neu­ve, une qui insiste moins sur une trans­for­mation sociale « vaste » et plus sur la re­cons­truc­tion gra­duelle de la commu­nauté. Ils pré­tendent que dans le climat, actuel il serait né­cessaire de construire le Roy­aume en s’efforçant à transfor­mer la vie des gens dans des projets qui sont plus modestes et localisés que l’on envisa­geait autrefois, bien qu’ensem­ble ces projets soient « révolu­tionnaires » dans le sens qu’ils puissent changer des sociétés entières. Théologique­ment, leur modèle n’est plus « l’Égypte » et le rêve d’une « terre promi­se » littérale, mais Babylone, où un peuple captif désirait ardemment la restauration de sa communau­té. La théologie de la libération est confron­tée par beaucoup de défis actuelle­ment, mais elle survivra si elle reste enraci­née dans les communautés, si elle formule les préoc­cupations des pauvres, et si elle reste fidèle à une vision de changer la société selon les valeurs du Royaume.

La poursuite de cet objectif ne requiert pas qu’elle soit liée à une idéologie en parti­culier ; elle peut se servir de celles qui se mon­trent utiles, aussi longtemps que leurs va­leurs sont conséquentes avec celles du Royaume. Cepen­dant, ce qui n’est pas facul­tatif c’est un engagement en faveur des mépri­sés et des parias. Aussi long­temps qu’il y a des gens dépouillés de leur di­gnité légitime en tant qu’enfants de Dieu, il faut que la théologie de la libé­ration continue à suivre l’en­gagement de Jésus à annoncer la bonne nouvelle aux pauvres et à libérer les opprimés.

Bruno LEROY.

12:20 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : SPIRITUALITÉ DE LA LIBÉRATION. |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

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