11/10/2006
Dieu est la Pauvreté.
Maurice Zundel a très souvent parlé de la pauvreté de Dieu. Comment se fait-il qu'on en parle encore si peu dans l'Eglise alors que cela pourrait sans doute changer beaucoup de choses en elle et dans le cœur d'un chrétien ?
A Lausanne en 1966 il disait : « Saint François d'Assise est sans doute l'homme qui s'est approché le plus prés de Dieu, qui a compris le plus profondément que Dieu était une passion lorsqu'il a compris que Dieu est la Pauvreté . Dieu est celui qui n'a rien : qu'est-ce que ça veut dire ? Cela veut dire qu'en Dieu la Vie est uniquement, exclusivement, une communication, un don, un élan vers l'Autre.
Nous, quand nous disons « moi », ce moi est une possession, c'est une limite, une frontière, un refus, une annexion, et nous avons toutes les peines du monde à ne pas dire souvent : « moi ». Les gens qui prétendent aimer le plus fort, ceux qui sont capables de magnifiques passions, il est rare finalement que leur amour-propre ne soit pas le plus fort. Il y a peu d'amours qui résistent aux blessures de l'amour-propre parce qu'en nous, spontanément, le moi est une possession, une annexion, une appropriation, et non pas un élan, un don, une générosité : c'est exactement le contraire en Dieu.
C'est exactement le contraire en Dieu : en Dieu toute la vie est jaillissement. Chaque Personne divine s'enracine dans la Divinité, s'approprie toute la substance de la Divinité en La donnant et pour La donner, si bien qu'en Dieu, littéralement « JE est un Autre », le Père dans le Fils, le Fils dans le Père, et le Père et le Fils dans le Saint Esprit, le Saint Esprit dans le Père et le Fils, dans une éternelle circulation où tout est absolument donné : Dieu est Celui qui perd tout ! qui perd tout ! qui éternellement se perd, chaque Personne l'une dans l'Autre, et c'est par là que Dieu apparaît justement comme une formidable passion, une passion infinie où tout est vraiment altruisme (souci de l'Autre), où tout est uniquement un regard vers l'Autre, une communication de tout l'être à l'Autre, sans repli, sans réserve, sans retour à soi. Cela nous paraît incroyable parce qu'en nous le retour à soi est tellement habituel, tellement fatal, que nous n'imaginons pas une vie qui soit toute entière, et uniquement, et éternellement, et d'une manière toujours nouvelle, un élan vers l'Autre.
François l'a compris, François l'a vécu, aussi François est-il entré lui-même dans cette immense passion qui le jetait sans cesse vers le martyre : il voulait donner, tout donner, donner sa vie pour Dieu, donner sa vie à Dieu dans les autres avec lesquels il se sentait apparenté en Dieu. Car, évidemment, si Dieu est cette passion éternelle et infinie, ce feu dévorant, il est impossible de Le connaître, de Le rencontrer, de L'aimer, sans être soi-même saisi par cette passion, sans être jeté dans cet élan , sans être saisi par cet altruisme infini, sans comprendre que l'on est parent avec les autres, d'une parenté infinie et éternelle, parce qu'on est branché avec eux sur le même circuit de l'éternelle communication.
Une parenté divine et infinie, une parenté qui suscite une passion sans réserve, c'est cela qui fonde l'apostolat des saints ! L'apostolat, c'est-à-dire ce désir invincible de faire circuler cette Vie divine, de révéler cette parenté qui fait que tous les hommes sont une seule personne en Jésus-Christ. »
Maurice Zundel.
12:31 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans MAURICE ZUNDEL. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
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