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08/11/2006

Il disait : «Heureux les pauvres…»


Le jour où le Messie viendra

Le jour où le Messie viendra, c’en sera fini des maux anciens : l’aveugle verra, le boiteux bondira, les sourds entendront, les pauvres enfin seront à la fête. Ils seront rois. C’est le chant très ancien des prophètes qui le dit. Isaïe le chante en plus d’une page qu’il faut relire : En ce jour-là, dit-il, les sourds entendront les paroles du livre. Quant aux aveugles, sortant de l'obscurité et des ténèbres, leurs yeux verront. Les humbles se réjouiront de plus en plus dans le Seigneur, les pauvres gens exulteront à cause du Dieu Saint d'Israël. Car ce sera la fin des tyrans, ceux qui se moquent de Dieu disparaîtront, et tous les gens empressés à mal faire seront exterminés… (Is 29, 18-20).
Il a encore ces paroles de véritable rêve, pour dire le temps messianique attendu : Alors s'ouvriront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie. L'eau jaillira dans le désert, des torrents dans les terres arides. Le pays torride se changera en lac, la terre de la soif en eaux jaillissantes… (Is 35, 5-7). Et il faudrait lire encore Isaïe 26, 19, qui annonce que les morts revivront, et Isaïe 61, 1, si proche des évangiles, qui à la suite de Jésus, retrouvent ses mots (cf. Lc 4, 18-19).

Heureux le pauvre et l’affligé !

Ce seront ces signes qui un jour seront donnés à Jean Baptiste, dans sa prison, lorsqu’il s’interroge : celui qu’il annonçait était-il le bon ? Oui, était-il le messie ? Le signe le plus fort qui lui est alors donné, et qui englobe les autres, est que, selon les mots de l’évangile, la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres (Mt 11, 5 ; Lc 7, 22). Oui : Heureux les pauvres !
Si nous gardons également à la mémoire les paroles d’Isaïe au temps du retour d’Exil, nous saisissons bien que sont alors consolés tout ensemble le pauvre, l’affligé et le captif, tous ceux qu’avait brisés le dur exil à Babylone : Monte sur une haute montagne, dit-il, toi qui portes la bonne nouvelle à Sion. Elève la voix avec force, toi qui portes la bonne nouvelle à Jérusalem. Elève la voix, ne crains pas. Dis aux villes de Juda : «Voici votre Dieu ! Voici le Seigneur Dieu : il vient avec puissance et son bras est victorieux. […] Comme un berger, il conduit son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur, et il prend soin des brebis qui allaitent leurs petits… "(Is 40, 9-11).

Car il est roi, ton Dieu !

Il nous faut relire avec attention ces textes d’Isaïe, qui prêteront leurs mots, tous leurs mots, à l’Evangile, pour annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus Christ (Mc 1, 1) : que Dieu aime et sauve son peuple, qu’en personne il prend soin de lui, qu’il sauve et guérit, qu’il sauve le pauvre. Et
Isaïe poursuit, quelques chapitres plus loin, en des phrases étonnantes, prélude d’évangile. C’est en effet dans ce nouveau texte, au temps du retour d’Exil, la première apparition du mot qui, parlant du messager de bonne nouvelle, ouvrira à la traduction grecque, au mot Evangile : Comme il est beau de voir courir sur les montagnes le messager qui annonce la paix, le messager de la bonne nouvelle, qui annonce le salut, celui qui vient dire à la cité sainte : «Il est roi, ton Dieu !» (Is 52, 7) Oui, tel est le Règne ou le Royaume (en hébreu c’est le même mot) de Dieu. Et tel est aussi la bonne nouvelle de l’Evangile, annonçant tout à la fois la présence, le salut, et le Règne ou Royaume de Dieu, comme si ces mots s’équivalaient. Et ici effectivement dans la Bible, ils sont les facettes d’une réalité unique : l’irruption de la Bonne Nouvelle, dans la plénitude apportée par la personne et la présence de Jésus. Les deux versets suivants d’Isaïe le confirment : Écoutez la voix des guetteurs, leur appel retentit, c'est un seul cri de joie ; ils voient de leurs yeux le Seigneur qui revient à Sion. Éclatez en cris de joie, ruines de Jérusalem, car le Seigneur a consolé son peuple, il rachète Jérusalem ! (Is 52, 8-9)

Une seule béatitude, qui les rassemble toutes !

La béatitude qui dit Heureux les pauvres ! englobe ainsi, on le voit bien, les autres béatitudes, qui suivent dans le texte aussi bien de Matthieu que de Luc, lorsqu’elles proclament ensuite, reprenant les paroles – et les gestes ! – de Jésus : Heureux les affligés et ceux qui ont faim ! Si pauvres, affamés et affligés sont heureux, c’est que la promesse de Dieu pour eux s’accomplit, c’est que le royaume de Dieu est à l’œuvre et que le Seigneur lui-même intervient pour son peuple, comme le dit étonnament Isaïe (Is 52, 7-10).
Le prophète Ezékiel a des paroles proches, dans un chapitre très vigoureux. Les bergers d’Israël (entendons le roi et les siens, responsables au nom de Dieu et envers Lui de son peuple) ont éconduit le troupeau, brebis faméliques dispersées dans la froideur de l’Exil et de son désespoir. C’est pourquoi Dieu lui-même, en personne, demandera compte aux bergers, du désespoir de son peuple. Puis il jugera entre brebis et brebis, entre celles qui ont pu survivre en écrasant les autres, et celles qui dans leur épuisement total, ne sont ou n’étaient plus que les ombres (il faudrait relire Ezékiel ch. 34 ; voir par exemple le verset 10). La métaphore est claire. Elle inspirera Matthieu dans son évangile. Jésus en effet reprendra ce chapitre à la fois magnifique et terrible d’Ezékiel pour évoquer ce que l’on appelle souvent – peut-être trop vite – le jugement dernier. Dans la vie des pauvres, Dieu est engagé, reconnaissable dans les petits.

Insurrection de Dieu

Les béatitudes sont un véritable cri d’exultation et de bonheur. Car est venu la plénitude du temps de Dieu, éveil d’espoir absolu pour son peuple, pour les affligés et les pauvres. Car Dieu vient, il intervient. Les béatitudes sont irruption de Dieu, quand l’homme est bafoué, lui qui a été créé à l’image de Dieu. Oui, malheur à qui profane l’homme !
Les béatitudes sont insurrection de Dieu. Elles parlent éminemment de Dieu. Elles engagent Dieu. Jésus seul peut l’engager à cette hauteur… abyssale : à hauteur d’homme ! Il en est visage. Il en est révélation. Jésus dans les béatitudes, comme dans l’ensemble de ses gestes, de ses paroles et de sa vie, révèle ainsi le visage d’un Dieu étonnamment proche des pauvres. Un Dieu qui a pour eux une dilection absolue, un cœur de tendresse pour l’homme touché par l’épreuve et le malheur. Un Dieu qui a une prédilection pour les plus pauvres, les plus démunis et les plus faibles, pour les plus petits. Et qui donc en prendrait ombrage ? Tout au plus sommes-nous invités à la proximité envers eux, à être des leurs. Car le temps de Dieu est arrivé, bonheur des pauvres !

Jacques Nieuviarts

11:32 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans SPIRITUALITÉ | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

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