24/05/2007
Faire le choix de la confiance.
Par trois fois, Jésus interroge Pierre : « m’aimes-tu ? ». Ainsi, le Seigneur permet-il à Pierre de renouer ce que son triple reniement a brisé. Le premier enseignement de cette triple question est que Jésus ne raye jamais quelqu’un de ses tablettes. La main est toujours tendue, le retour toujours possible, le pardon toujours offert. Jésus a été humilié par la trahison de Pierre, mais il choisit pour son disciple un chemin de retour qui rétablit et respecte sa propre dignité. En lui posant une question, Jésus permet en effet à Pierre de prendre la parole, de manifester son regret et de s’engager à nouveau. Par la réponse humble qu’il donne, « tu sais que je t’aime », Pierre montre qu’il a changé : il ne parle plus avec l’assurance excessive qui lui faisait promettre de mourir aux côtés de son maître. Il sait désormais qu’il est capable de bien peu de choses, et que s’il peut encore aimer Jésus, c’est par pure grâce de celui-ci.
Commentant ce passage de l’Évangile, saint Augustin affirmait : « En interrogeant Pierre, Jésus interrogeait également chacun de nous ». Cela est sans doute une allusion à nos propres trahisons et à l’invitation que Jésus fait à chacun de revenir à lui. Mais, dans sa simplicité, la question de Jésus est d’une force exceptionnelle : « m’aimes-tu ? ». La question qui rejoint chacun de nous est celle de l’amour. Ce qui prime n’est pas le décompte de nos exploits et de nos trahisons, une liste de prescriptions morales à respecter ni une collection de dogmes à connaître. L’essentiel est dans la relation intime et profonde que Jésus veut vivre avec nous. Pour la première fois dans l’Évangile, maintenant que nous avons reçu la preuve de l’amour qu’il nous porte, Jésus ose nous demander notre amour. Il s’est engagé le premier et sans poser de condition, mais il se dévoile maintenant sans retenue : « m’aimes-tu ? ». Le Seigneur de l’univers se fait mendiant de notre amour.
Bien entendu, l’amour que nous pourrions lui porter n’apparaît pas à Jésus comme une juste rétribution ni comme un dû. Sa triple réponse montre qu’il ne désire pas pour lui-même les fruits de cet amour : « sois le berger mes brebis ». Jésus éclaire ainsi de la lumière de la résurrection, la recommandation qu’il nous avait faite : ce que vous ferez à ces petits qui sont les miens, c’est à moi que vous le ferez. Ainsi, nous montrons à Jésus notre amour pour lui en prenant soin de son troupeau, c'est-à-dire de nos frères. Un amour orienté vers Jésus porte des fruits de service fraternel.
Tout devient alors possible pour l’ensemble du troupeau. Reconnaissants envers le Seigneur qui nous donne de l’aimer sans réserve et en vérité, nous ne saurions garder dans nos cœurs la liste des frères qui nous sont redevables, qui nous ont trahis ou qui méritent l’exil de notre affection. Comme Jésus, nous pouvons toujours faire le choix de la confiance et ouvrir à une relation amicale renouvelée. Tirer nos frères de leurs échecs comme nous sommes tirés des nôtres, est fonder dans la durée notre amitié avec Jésus. Notre réponse à la demande d’amour de Jésus ressuscité se dit en actes de charité fraternelle.
Faire ce choix courageux est entrer dans un cercle vertueux qui nous unit au Christ. Il y a en effet plus de joie à donner qu’à recevoir. En libérant nos frères, en prenant soin du troupeau (chacun à notre place mais sans démissionner de nos responsabilités), nous découvrons une joie et une paix qui nous libèrent nous-mêmes de nos attachements désordonnés. En donnant de la joie au Seigneur nous construisons notre propre bonheur car il n’y a pas en nous de plus grande aspiration que d’aimer et d’être aimé.
Le premier pas pour répondre à Jésus consiste donc à renoncer à l’aimer pour nous-mêmes, à nous libérer de tout désir d’une relation gratifiante mais enfermée sur nos propres désirs et nos propres besoins. Que l’Esprit du Seigneur soit notre force pour vivre notre attachement au Seigneur Jésus comme il le désire, qu’il soit notre joie dans le soin attentif que nous portons chacun de nos frères.
Frère Dominique.
21:29 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
Les commentaires sont fermés.