28/11/2009
LE DON DE JOIE.
« Nous sommes les serviteurs de votre joie » saint Paul
Quelles sont les caractéristiques de la joie ? D’abord, c’est un état d’âme qui n’est pas partiel. À l’inverse du plaisir ou du bonheur, la joie ne concerne pas seulement tel ou tel aspect de notre personnalité ; elle nous prend tout entier. Elle élève toute notre vie à un certain niveau, où l’être et le faire ne font plus qu’un. Chez celui qui est joyeux, il n’y a plus cette espèce d’intervalle, de trou que nous rencontrons d’habitude entre l’état de l’âme et l’action. Dans la joie, c’est tout l’univers qui nous apparaît avec une couleur, une atmosphère, une qualité nouvelles
Ensuite, la joie ne se conçoit pas sans une certaine exultation, une expression extérieure liée à un dépassement de ce qui était jusqu’alors. C’est, par exemple, ce qui s’est passé quand saint Paul et les apôtres ont reçu le don des langues. Ce don ne consistait pas en une connaissance des langues étrangères, mais en un état d’exultation et d’exaltation qui permettait à ceux qui en étaient gratifiés de dépasser les limites du langage humain. Ils émettaient alors des sons qui exprimaient leur état d’âme, qui traduisaient ce qui était en eux, mais qui ne correspondait pas à quelque chose de rationnel – c’est pourquoi saint Paul insiste sur la nécessité d’un interprète pour transcrire cet état d’âme. C’est un phénomène que nous rencontrons aujourd’hui assez fréquemment dans les églises pentecôtistes. Cette exultation est une transformation de la parole en chant. Lorsque nous sommes vraiment joyeux, la parole ne nous suffit pas ; instinctivement – surtout si nous sommes seuls – nous nous mettons à chanter, à entonner une mélodie qui peut prendre beaucoup d’aspects et de nuances. La joie nous prend et nous élève hors de nous-mêmes. Elle donne une qualité entièrement nouvelle à tout notre être.
Essayons maintenant de discerner quelle est la structure de la joie. La joie est à base de reconnaissance. Elle est une action de grâce pour tout ce que nous recevons. Elle exprime la conscience que Dieu nous a mis en possession du monde. Nous avons tant de raisons de nous réjouir, d’éprouver une joie surnaturelle ! Pensons, par exemple, que Dieu nous a choisis, élus de toute éternité. Il nous a donné la vie, amenés à l’existence. Nous sommes sortis du monde des possibilités, et nous avons reçu l’Être ; puis, nous avons été comblés de grâces innombrables. Considérons un instant le cours de notre vie : nous y verrons de multiples raisons de rendre grâce. Comme vous vous en souvenez peut-être, Moïse dit un jour à Dieu : « Montre-moi ta puissance », et Dieu lui répondit : « Je ferai passer devant toi toute ma bonté » (Ex 33, 18-19). Dans cette vision simple de toute la bonté de Dieu qui passe devant nous, nous enveloppe et nous couvre, il y a une reconnaissance.
La joie contient encore un autre élément que la reconnaissance : la confiance. Non pas la confiance conditionnelle – « je crois en toi si tu fais telle ou telle chose » –, mais la confiance absolue, inconditionnelle. Puisque nous savons que Dieu a tout fait pour nous, qu’il nous aime et nous a choisis, que nous avons une place définie dans le plan divin et l’univers, qu’avons-nous à craindre ? Nous arrivons alors à l’état d’âme magnifiquement exprimé dans l’Écriture par cette parole du prophète : « Lors même que tu me tuerais, j’espérerai en toi ».
Telle est la joie, cette joie qui est une reconnaissance débordante et une confiance totale. Si nous marchons dans la vie avec ces deux sentiments, avec le souvenir de tout ce que Dieu a fait pour nous et la confiance absolue dans ce qu’il fera pour nous, qu’avons-nous à craindre ?
Extrait de Au cœur de la fournaise,
par un Moine de l’Église d’Orient (Lev Gillet).
Éditions du Cerf/Le Sel de la Terre, 1998.
11:49 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
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