22/01/2011
CONNAÎTRE SON A.D.N POUR PRÉVENIR CERTAINES MALADIES ?
Les personnes qui commandent des tests ADN pour connaître leur prédisposition à certaines maladies ne bouleversent pas pour autant leur hygiène de vie.
Alors qu'une start-up d'origine française, Portable Genomics, prévoit de lancer à l'automne une application iPhone permettant de conserver sur soi une trace écrite de son génome, la question de l'utilité des tests ADN à la demande se pose de plus en plus. Interdits en France, ils sont néanmoins en vente libre sur Internet, et de plus en plus d'Américains y ont recours. Moyennant une certaine somme d'argent (de 200 à 19.000 dollars), le client qui a expédié un échantillon salivaire par courrier reçoit en retour une analyse de son ADN et des mises en garde sur certaines pathologies. Plusieurs études se sont penchées récemment sur ce que ces nouvelles connaissances apportaient aux patients au quotidien.
De nombreux observateurs s'inquiètent en effet du stress inutile que pourraient générer chez le grand public ces résultats complexes et difficiles à mettre en perspective quand on n'est pas soi-même spécialiste du sujet. En effet, le grand public n'est pas toujours conscient que la génétique n'est pas le seul élément déterminant dans l'apparition d'une maladie ; l'environnement, ou les conditions de vie, peuvent avoir un rôle plus important. C'est le cas par exemple du diabète de type 2 : le surpoids et le manque d'exercice physique pèsent très fort dans son apparition.
Mais contre toute attente, plusieurs études récentes tendent à prouver que connaître son génome ne pousse pas à chambouler sa vie. L'équipe du Dr Topol du Scripps Translational Science Institute en Californie, qui publie en janvier un article dans le New England Journal of Medicine , a suivi 2037 personnes ayant commandé des tests ADN auprès de la société Navigenics. Il leur a été demandé de répondre trois mois après sur les changements qu'elles avaient entrepris à l'issue de ces tests. Surprise : la proportion de personnes ayant modifié leur régime alimentaire, leur activité physique ou se trouvant plus angoissée après ces tests était très faible.
Les médecins mal préparés pour exploiter ces tests
Parmi les sondés, la moitié seulement pensait compléter ces résultats par des examens médicaux en lien avec les pathologies pour lesquelles ils présentaient des risques mammographie, dépistage du cancer colorectal. Toutefois, soulignent les auteurs de l'étude, dans ce genre de déclaration d'intention, le nombre de personnes qui passent vraiment à l'acte est souvent moins important qu'annoncé. Par ailleurs, seulement 10% des clients de Navigenics avaient demandé à consulter gratuitement un des généticiens de la société ce service est mis à leur disposition car les résultats, envoyés par écrits et traduits en pourcentages, ne sont pas toujours évidents à comprendre.
La proportion de patients ayant parlé des résultats à leur généraliste était plus grande - 26,5%. Mais, selon une autre étude présentée par Barbara Bernhardt du Coriell Institute au congrès annuel de l'American society of human genetics en novembre, les médecins ne savent pas toujours eux-mêmes exploiter ces données. Dans cette enquête de plus faible ampleur, un quart des 42 personnes suivies racontaient que leur praticien habituel n'était pas en mesure d'expliquer les résultats génétiques ou ne savait pas quoi en faire. Un sondage publié en 2009 montrait déjà que 10% des médecins américains estimaient être assez formés pour utiliser les résultats de ce genre de tests.
De l'aveu du Dr Topol, ces résultats sont «très décevants». D'autant que les volontaires étudiés, qui ont fait la démarche de payer pour ces tests, ne sont pas représentatifs de la population en générale. Plus diplômés et plus riches que la moyenne, ils sont par conséquents plus enclins à prendre soin de leur santé. «Notre conclusion, c'est qu'il est très dur de modifier le mode de vie des gens pour qu'ils fassent attention à eux».
Source : Le Figaro.
11:41 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CHRONIQUES., LES BLOGS AMIS. | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
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