28/01/2011
Record d'alcoolémie à Sainte-Soulle.
Précisons d'emblée qu'il ne s'agissait pas là de procéder à une reconstitution a priori fatale au commun même des cirrhosés. Pour autant, et au lendemain de la révélation d'une alcoolémie himalayesque dans la campagne rochelaise, la nécessité d'une tournée de ses bistrots s'imposait. Ainsi à l'heure de l'apéro, le triste exploit de l'agriculteur aux 5,12 g était hier sur toutes les lèvres plus ou moins imbibées du trop bien nommé bourg de Sainte-Soulle.
Contrôlé ici même l'avant-veille au soir pour n'avoir pas allumé le gyrophare orange de son tracteur, l'assoiffé s'était vite révélé aussi rond que ce ballon gendarmesque qu'il ne réussira pas, d'ailleurs, à gonfler. Devant la patrouille soufflée, un record venait de tomber. Son détenteur aussi. « Le pire, c'est qu'il ne zigzaguait même pas sur la route mais il a fallu le porter tellement il était ivre. Nous avions déjà coincé des 4 grammes, mais là, c'est du jamais- vu », n'en revient toujours pas un gradé.
Une dose a priori mortelle
Au jeu de l'homme qu'a vu l'homme qui a pris la cuite du siècle, le patron du PMU de Sainte-Soulle était assurément hier le mieux renseigné. Cartes d'état-major disposées sur le zinc, Pascal arborait ainsi le sourire entendu de celui qui sait mais ne dira rien : « Le problème, c'est que je ferme mon bar le jeudi après-midi, alors certains vont penser que je suis victime d'une sanction administrative à cause de lui. Sauf que le gars ne coure jamais les bistrots, il se débrouille autrement. » Rompu à la réhydratation solitaire, l'homme semble en fait d'autant plus organisé que la cabine de son tracteur se rapprocherait plus du wagon bar que de l'engin agricole.
« Ceux qui le connaissent savent qu'il a toujours à bord deux grandes bouteilles d'eau minérale déjà mélangée au pastis, quitte parfois à se tromper de portail quand il rentre dans sa ferme », lâche un informateur anonyme. Au sortir d'une longue nuit de dégrisement, le chauffard a pourtant affirmé n'avoir étanché qu'un malheureux demi-flacon de jaune, se flattant au passage de ne jamais téter de vin. « Impossible, un tel taux correspond à 20 ou 25 verres, à se demander d'ailleurs comment il n'en est pas mort », démentent en cœur les spécialistes de la chose.
Loin de ne susciter qu'admiration ou fou rire, malgré quelques circonstanciées brèves de comptoirs (« On sait qu'il labourait, mais qui l'a bourré ? » sic), les habitants de Sainte-Soulle se partageaient hier entre l'envie de lui ériger une statue ou bien à l'inverse une potence.
« Ce type, c'est d'abord un débile et un fou dangereux, il aurait pu tuer un gosse », frissonnait une mère de famille. Une sévérité un peu plus loin relayée par la patronne du routier Poivre et Selle. « Lorsque j'ai découvert ça sur Facebook, j'ai cru à une plaisanterie. J'espère qu'il ne vient pas picoler chez moi. De toute façon, j'ai supprimé depuis un an la formule vin à volonté. »
Au risque enfin de surprendre l'inavouable fan-club naissant, rappelons que le petit village ne détient pas le record de l'ivrognerie mondiale. En 2005, près de Bourg-en-Bresse, un extraterrestre de 37 ans avait flirté avec la barre des 10 grammes. De quoi au moins détendre le maire de Sainte-Soulle, si chagriné hier qu'il réclama que l'on mette fissa les affichettes des journaux hors de sa vue.
09:31 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CHRONIQUES., LES BLOGS AMIS. | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
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