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07/03/2008

COMBATTRE L’EXCLUSION.

JOURNAL CHRETIEN
http://www.journalchretien.net/spip.php?article770
COMBATTRE L’EXCLUSION.
Dieu nous inspirera toujours les gestes constructifs pour que la société retrouve son vrai visage.
/ BRUNO LEROY /

Intervenant-éducatif auprès de Jeunes et de Familles en difficultés.

Diplômé de Théologie Pratique et Politique.

Directeur du Service Éducatif et Action Sociale Nord/Pas de Calais.

A travers la Vie du Christ, nous percevons l’attitude à acquérir face à toutes ces situations critiques et inacceptables.

Comment combattre l’exclusion ? On ne peut changer la réalité ou lutter contre l’exclusion à partir d’une quelconque disposition intérieure. À ce propos, il serait bon de se rappeler cette phrase si pertinente de Friederich Engels (philosophe économiste), une phrase qui est devenue un maxime populaire avec le temps : « On ne pense pas la même chose selon que l’on vit dans une cabane ou dans un palais ».

La simplicité d’une telle affirmation constitue, nous n’en doutons pas, une des expressions les plus lumineuses de la pensée contemporaine. Bien que la vérité soit absolue, l’accès que nous pouvons en avoir ne l’est pas. En d’autres mots, bien qu’un accès à la vérité nous soit possible, il sera toujours conditionné par la réalité elle-même, et aura toujours un caractère relatif. Jamais cet accès ne sera neutre et inconditionnel, et cela malgré les meilleures intentions et capacités intellectuelles dont on peut être animé.

Comment pouvons nous trouver une solution ? Il faut changer de couche sociale. La couche sociale est le point à partir duquel on perçoit, on comprend la réalité et on essaie d’agir sur elle. Il nous faut donc passer de la couche sociale des élites à celle des exclu(e)s. C’est à partir du monde des pauvres que nous devons lire la réalité de la violence, si nous voulons nous engager pour sa transformation. La vision qu’ont les pauvres et les opprimé(e)s de la violence économique, doit être le point de départ et le premier critère pour lire et comprendre la violence qu’il provoque.

Où est-ce que je me situe ? Où sont mes pieds et ma praxis en matière de solidarité ? Car la question est de savoir si je suis au bon endroit pour accomplir ma tâche. Un tel processus ne peut être mis en marche que par ceux et celles qui sentent dans leur chair la brûlure de l’injustice et de l’exclusion sociale. La tâche d’éduquer implique d’abord le lieu social pour lequel on a opté, puis le lieu à partir duquel et pour lequel on fait des interprétations théoriques et des projets pratiques.

À la racine du choix de cette couche sociale, il y a l’indignation éthique que nous ressentons devant la réalité de l’exclusion. Le sentiment de l’injustice dont sont victimes la grande majorité des êtres humains exige une attention incontournable, car la vie même perdrait son sens si elle tournait le dos à cette réalité.

Personne ne peut prétendre voir ou sentir les problèmes humains, la douleur et la souffrance des autres à partir d’une position « neutre », absolue et immuable, dont l’optique garantirait une totale impartialité et objectivité. Il est donc extrêmement urgent de provoquer une rupture épistémologique. La clé pour comprendre ceci est dans la réponse que chacun(e) de nous donnera à la question : « d’où » est-ce que j’agis ? C’est-à-dire quel est le lieu que je choisis pour voir le monde ou la réalité ? Quel est le lieu pour interpréter l’histoire et pour situer mes actes transformateurs ?

Mieux que n’importe quel autre moyen particulier, la manière d’exprimer sa sensibilité et son intérêt à rendre la société plus humaine, réside dans une pratique active de la solidarité, notamment envers les démuni(e)s qui font l’objet de discriminations et de marginalisations intolérables. Tout ce qui signifie une violation de l’intégrité de la personne humaine, comme la torture morale ou physique, tout ce qui est une offense à la dignité de la personne, comme les conditions de vie inhumaines a l’instar de l’esclavage, de la prostitution, du commerce des femmes et des enfants, ou encore pour ceux et celles qui bénéficient d’un emploi avec des conditions de travail dégradantes, tout cela constitue des pratiques infâmes qui nous engagent toutes et tous à nous impliquer dans les solidarités sociales.

Dieu nous inspirera toujours les gestes constructifs pour que la société retrouve son vrai visage.

Il nous faut prier sans cesse pour trouver cette compassion qui ne blessera pas les plus petits. Notre prière aura la splendeur des lendemains meilleurs, c’est la Foi de l’Espérance évangélique. Notre Amour pour Dieu nous conduit souvent sur des chemins imprévus. Il nous suffit de décrypter les signes que Christ nous envoie pour humaniser notre monde. A travers la Vie du Christ, nous percevons l’attitude à acquérir face à toutes ces situations critiques et inacceptables. La foi est une arme contre toute injustice, et l’exclusion est une injustice sociale contre laquelle nous devons lutter avec ardeur !

Bruno LEROY.

12:23 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CHRONIQUES. | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

Commentaires

Au-delà de ce concept « d’exclusion » -qui est presque devenu un tic verbal tant elle est récupérée par les partis de tous bords- ce qu’elle implique ne se paie pas de mots.
De fait, « on ne pense pas la même chose selon que l’on vit dans une cabane ou dans un palais » !

Moi qui suis loin d'être un inconditionnel d'Engels (si nous parlons bien du pote de Karl...), l'homme me surprend ici agréablement ! J'irai même jusqu'à le paraphraser : c'est dire. En affirmant ceci, par exemple : on ne pense pas la même chose selon que l'on se trouve dans le camp des "bien-portants" ou celui des "malades". Et ça marche même quand on enlève les guillemets ! (Pas facile en effet de résoudre une équation du second degré avec une migraine carabinée... ou plus simplement, de rendre grâce)

"Personne ne peut prétendre voir ou sentir les problèmes humains, la douleur et la souffrance des autres à partir d’une position « neutre », absolue et immuable, dont l’optique garantirait une totale impartialité et objectivité."
N'est-ce pas très précisément dans le registre de ce que j'écrivais hier soir -ici même- à Louise, en réponse à l'un de ses commentaires ? Personne ne peut effectivement prétendre cela ; le problème est que beaucoup passent allègrement outre, usant de leur autorité « d’expert » pour imposer leurs vues. Cela aussi, c'est TRÈS générateur d'exclusion. D'autant plus que cela ne s'affiche pas extérieurement de la même manière que la pauvreté et la violence dans la rue, mais dans le secret intérieur de foyers qui peuvent ainsi se briser sans que personne ne sente le vent venir… et ne comprenne le mal-être qui le saisit.

Il est vrai que l’accès que nous avons à la vérité est relatif. Ce qui n’est pas un inconvénient mais un avantage ! Parce que de part notre nature pécheresse, nous inclinerions à nous en saisir et de nous l’approprier. (Pour cette raison, nous ne pouvons que l’approcher, voire la toucher, mais sans plus…) Or, la vérité n’appartient à personne… ce qui la rend accessible à tout le monde. L’exclusion commence sans doute quand certains moyens d’accès sont délibérément limités par ceux qui veulent se l’approprier : c’est là une forme de violence, même si elle s’effectue avec le sourire.

« Jamais cet accès ne sera neutre et inconditionnel, et cela malgré les meilleures intentions et capacités intellectuelles dont on peut être animé. » Tout simplement parce qu’on est souvent davantage animé par l’affectif que par l’intellectuel ! Quel que soit le niveau de ce dernier, il ne sait pas dépasser le ressenti par lui-même. Sans doute est-ce également le cas de « ceux et celles qui sentent dans leur chair la brûlure de l’injustice et de l’exclusion sociale ». Ceux-là sont effectivement -et paradoxalement- mieux armés pour le combat parce qu’ils sont moins aux prises avec des mots qu’avec des faits : on désire plus spontanément s’extraire d’un ressenti désagréable que d’un autre !

C’est toujours très étonnant de voir en face d’eux des gens pétris de bonnes intentions, qui n’ont que « l’exclusion » à la bouche… et qui la pratiquent à tour de bras ! C’est que le mal ne fait mal que lorsqu’il est subi : rarement sinon jamais quand il est commis. La « torture morale », c’est aussi -comme je le suggérais hier à Louise- d’appliquer des diagnostics aléatoires qui répondent davantage à une demande qu’à une réalité : certaines étiquettes n’atteignent aucunement ceux qui les collent, fût-ce avec la larme à l’œil. En soi, ces diagnostics ne valent rien parce qu’ils ne reposent que sur du vent : ils ne font pas souffrir par la « maladie » qu’ils prétendent déceler mais par le climat permanent de mensonges inconscients qu’ils induisent, interdisant un pardon qui ne peut s’effectuer que sur un mal existant, connu et RECONNU. Cela aussi « constitue des pratiques infâmes » sans que grand monde n’y trouve à redire… parce que cela est moins visible que les formes habituelles de « violation de l’intégrité de la personne humaine ». L’essentiel est invisible pour les yeux, pas vrai ?

Bien fraternellement,
Michel

Écrit par : Michel de Tiarelov | 07/03/2008

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