02/02/2009
LIBÉRER LES OPPRIMÉS DU CAPITALISME.
La plupart des théologiens de la libération rejettent toute accommodation avec le néolibéralisme parce qu'elle ébranlerait la raison d'être de leur théologie comme une théologie des pauvres.
Ils ne sont que trop conscients de la détérioration de la pauvreté dans leurs régions ces dernières années, et que les changements que le monde a récemment expérimentés sont au détriment des pauvres dans le monde en développement.
Quelques-uns retracent les racines de la détérioration directement aux politiques économiques de néolibéralisme, et maintiennent que le surcroît de chômage ou de sous-emploi, la chute des revenus, et la réduction des possibilités dans la vie, sont tous les conséquences inévitables de ces politiques.
Bien que les gouvernements néolibéraux connaissent sans doute des succès, par exemple, dans le combat contre l'inflation, il faut que la théologie de la libération questionne toujours l'orientation de leurs politiques.
A l'avantage de qui sont-elle conçues?
Est-ce que c'est la vie des pauvres qui est le critère pour le discernement de l'action?
Est-ce que le capitalisme du libre marché peut jamais promouvoir le bien des gens avant le profit?
Les théologiens de la libération soulignent invariablement le conflit entre la logique du capitalisme et l'option pour les pauvres , un conflit qui est manifestement plus vrai du capitalisme dans sa forme néolibérale. Bien qu'ils ne s'expriment pas avec la même comparaison, il y en a peu qui ne seraient pas d'accord avec l'assertion de Leonardo Boff qu'«il est aussi impossible de créer un système de marché moral que de construire un bordel chrétien»!.
Si la théologie de la libération veut rester une théologie des opprimés, elle ne peut pas se permettre d'être entraînée par ceux qui font parti du problème mais qui se prétendent gardiens de la solution. Car le néolibéralisme lance un défi subtil à la théologie de la libération, même jusqu'à se présenter lui-même comme une «option alternative pour les pauvres». Le Directeur Général du FIM parla du mandat de son organisation comme celui de Jésus: à «annoncer la bonne nouvelle aux pauvres» (Luc 4,18-19), remarques que quelques théologiens regardent comme signes d'une «anti-théologie».
La théologie de la libération a souvent souligné la distinction entre le Dieu de la vie révélé dans les Écritures, et les idoles qui entraînent le religieux mais qui l'amène à l'injustice et à la mort. La théologie de la libération doit donc continuer à parler des «projets socialistes», mais jusqu'à quand débattrons-nous les questions politiques et économiques de cette façon?
Est-ce que les théologiens de la libération finiraient par rien d'autres que de crier des slogans dans la coulisse? N'est-il pas temps, donc, de chercher des modèles neufs, ceux qui permettront aux théologiens de la libération de rendre efficace leur option pour les pauvres, tout en ne la liant pas aux idéologies apparemment débordées du passé? Il y a des chrétiens progressifs qui disent que oui, il est vraiment temps de trouver une vision neuve, une qui insiste moins sur une transformation sociale «vaste» et plus sur la reconstruction graduelle de la communauté. Ils prétendent que dans le climat, actuel il serait nécessaire de construire le Royaume en s'efforçant à transformer la vie des gens dans des projets qui sont plus modestes et localisés que l'on envisageait autrefois, bien qu'ensemble ces projets soient «révolutionnaires» dans le sens qu'ils puissent changer des sociétés entières.
Théologiquement, leur modèle n'est plus «l'Égypte» et le rêve d'une «terre promise» littérale, mais Babylone, où un peuple captif désirait ardemment la restauration de sa communauté.
La théologie de la libération est confrontée par beaucoup de défis actuellement, mais elle survivra si elle reste enracinée dans les communautés, si elle formule les préoccupations des pauvres, et si elle reste fidèle à une vision de changer la société selon les valeurs du Royaume. La poursuite de cet objectif ne requiert pas qu'elle soit liée à une idéologie en particulier; elle peut se servir de celles qui se montrent utiles, aussi longtemps que leurs valeurs sont conséquentes avec celles du Royaume.
Cependant, ce qui n'est pas facultatif c'est un engagement en faveur des méprisés et des parias. Aussi longtemps qu'il y a des gens dépouillés de leur dignité légitime en tant qu'enfants de Dieu, il faut que la théologie de la libération continue à suivre l'engagement de Jésus à annoncer la bonne nouvelle aux pauvres et à libérer les opprimés.
Bruno LEROY.
13:51 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CHRONIQUE DE BRUNO LEROY. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
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