08/06/2006
Les Mystères Douloureux de Guy GILBERT.
"Judas, cet enfoiré, trahit Jésus. Et de façon infecte. Il l'embrasse comme son meilleur ami. C'est le signe qu'il avait donné à ceux qui devait l'arrêter : "Le mec que j'embrasserai, c'est celui à qui vous passerez les menottes". Ainsi dit, ainsi fait. Jésus est embarqué dans le panier à salade. Le Grand Prêtre (l'archevêque de ce temps-là), Caïphe et Pilate L'attendent. Ils savent qu'Il est innocent. Mais chacun à ses raisons pour Le faire plonger. "L'archevêque", parce que le Christ a démontré son hypocrisie. Caïphe et Pilate, pour des raisons politiques.[…] Condamné, Jésus n'est plus que l'objet du sadisme des soldats. On le frappe avec des fouets terrifiants. Quelques morceaux de plombs sur des lanières vous arrachent des bouts de chair à tous les coups. Les pires tortures ne sont pas forcément celles, physiques, faites par les bourreaux de tous les pays qui s'acharnent sur leurs victimes. Il y a celles de toute personne qui souffre dans son corps (maladies, accidents, handicaps…). Il y a les tortures du corps et de l'esprit. Elles sont pires. Combien de gens souffrent dans leur cœur, autour de nous ! Prions : Prions Marie pour les divorcés, séparés. Quand son amour est parti, on reste exsangue. Cette douleur de la séparation bouffe tout. Le cœur de l'homme peut accueillir, à la fois, les plus grandes joies et les plus grandes peines. Le Cœur de Marie a été ce cœur-là. Joies immenses apportées par Jésus. Le Bébé, l'Adolescent, l'Adulte que Marie a suivi partout, lui ont des joies sans mesure. Et, maintenant voir son Petit, tant aimé, souffrir aussi injustement, lui a transperçé le Cœur. Quand on vénère Marie, vénèrons son Cœur qui a subi au Calvaire la pire des souffrances. Et prions-la avec acharnement quand nous souffrons. Question souffrance, elle en connaît un bout. Elle pourra nous apaiser. Mon métier me fait parfois horriblement souffrir. Voir des êtres aussi jeunes, si cassés, si abîmés, si torturés à l'intérieur, me vrille le cœur. Je n'ai alors comme consolation, après tout l'amour humain possible donné, que de dire doucement à la Mère des Douleurs : "Je te salue, Marie". Guy Gilbert. |
08:53 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans SPIRITUALITÉ | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ACTION SOCIALE CHRÉTIENNE. | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
Vivre pleinement aujourd'hui.
Est ce que tu sais vivre pleinement le jour que Dieu te donne ou es-tu sans cesse en train de réparer les erreurs d’hier ou de préparer le lendemain? David avait bien compris qu’il fallait vivre au jour le jour et se réjouir pour le don de la vie…sans se soucier du lendemain, lorsqu'il disait : C’est ici la journée que l’Éternel a faite: qu’elle soit pour nous un sujet d’allégresse et de joie! J’ai entendu dernièrement un homme d’affaires John C. Maxwell qui tous les matins avant de partir à son travail, ou d’attaquer la journee dans les embouteillages …commence sa journee en lisant une carte avec 10 pensées…Ces dix points commencent comme ceci : Aujourd’hui je vais manger équilibré et vivre sainement… Aujourd’hui je vais avoir une attitude chrétienne et entretenir ma foi Aujourd’hui je vais contacter les personnes que j’aime Etc.… Les femmes sont très fortes pour être dures sur elles-mêmes, et se dire, il faut que cela change, et ça et ça… Alors on vit de résolutions, cette année je vais être une meilleure maman, passer plus de temps avec mes enfants, leur lire plus d’histoires, leur préparer plus de petites surprises ou bons petits gâteaux…
Ou encore, cette année je vais me mettre au régime, je vais arrêter de manger n’importe quoi, je vais manger sainement et faire du sport. Ou encore, le mois prochain je vais prendre une soirée en amoureux avec mon mari … Ou encore il me faut des vacances… vivement les grandes vacances! Vivre le jour présent sans regrets ni soucis est un défi, dès le réveil nous sommes bombardées de pensées, de regrets ou de culpabilité…Il semble que dès le réveil, une liste de choses à accomplir se dresse sous nos yeux : il faut que je finisse ceci ou que je prépare cela…
Quelles sont tes priorités, quelles sont les choses que tu ne cesses de planifier mais n’accomplis jamais… Il est facile de prendre des résolutions mais le plus dur est de les gérer dans les mois qui suivent….Pour y arriver il suffit de ne plus reporter au lendemain ce que tu peux faire petit à petit tous les jours. Tu ne peux pas perdre 10 kg en un jour! Mais tu peux très certainement faire des efforts aujourd’hui pour manger équilibré. Tu ne peux pas te remuscler en un jour! Mais tu peux aujourd’hui prendre les escaliers et non l’ascenseur. Tu ne peux pas avoir un mariage fort par magie mais de l’amour donné jour après jour fidèlement …fait des merveilles ("elle lui fait du bien et non du mal tous les jours de sa vie…"Proverbes 31:12 Tu ne peux pas grandir spirituellement en lisant ta bible une fois par mois mais tous les jours, un moment passé dans sa présence fera de toi une femme accomplie, une femme de foi. Tu ne peux pas toujours attendre les vacances de rêve à Hawaï, mais tu peux ménager tes heures de sommeil, te prendre un bon bain et te coucher tôt! N'attends pas de laisser passer tes rêves, vis pleinement aujourd'hui le don de la vie que ton Sauveur te donne….
Delphine Gauvain.
08:52 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans SPIRITUALITÉ | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Christianisme | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
MÉDITATIONS DE MAURICE ZUNDEL.
Comme il est dit dans un cantique pour la fête de l'Annonciation, Adam a voulu se faire Dieu et il s'est trompé, il ne l'est pas devenu ; mais maintenant Dieu se fait Homme, pour faire d'Adam un dieu. Donc ce n'est pas le déploiement des peuples, le mouvement des foules, le bruissement des armées, le bruit des conquérants qui importent ! C'est le cheminement secret de la Lumière au cour de notre coeur.
Et voilà justement le centre du débat, voilà donc la difficulté dans laquelle nous nous débattons : il s'agit de passer d'un dieu extérieur, considéré comme un pouvoir qui domine et qui limite, à un dieu intérieur, secret, silencieux, dépouillé, fragile, intérieur à nous-mêmes et qui nous attend à chaque battement de notre coeur, dans le plus secret et le plus profond de notre intimité.
Tous les malaises dont nous souffrons disparaîtront, dans la mesure où ce diagnostic sera heureusement accompli et où nous comprendrons que nous sommes appelés à un approfondissement merveilleux, à une découverte vitale de l'Évangile, à une rencontre originale avec Jésus-Christ, comme le vécut la Samaritaine, précisément parce que le Dieu qui se révèle, ce n'est plus le Dieu des peuples, le Dieu des foules, le Dieu des rassemblements trépignants, c'est le Dieu des personnes, c'est le Dieu du coeur, comme dit Saint-Augustin, c'est le Dieu silencieux, le Dieu fragile, le Dieu qui peut échouer, le Dieu crucifié par amour pour nous, sans attendre le nôtre en retour, le Dieu qui est en agonie depuis le début du monde et jusqu'à la fin, tant que notre coeur ne va pas à la rencontre du Sien, dans une conversion de tout notre être à sa douce Lumière.
Dieu ne s'impose jamais.
L'Évangile n'est pas un livre, c'est une Personne.
Chapitre IX, Jésus, page 75
Braises, Editions du Levain, 1986
08:35 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans MAURICE ZUNDEL. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Christianisme | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
07/06/2006
LA RÉVOLTE HABITE LA FOI !
Jésus a communié à notre souffrance jusque sur la Croix. Mais sans résignation. Il n'est pas venu nous dire de tout supporter patiemment avec pour seule consolation sa présence. Nul compromis ni demi-mesure dans l'histoire de Jésus, mais une ardeur de vivre et un élan irrésistible. La foi chrétienne n'est pas dolorisme mais volonté de prendre la vie à bras-le-corps pour que la joie éclate en une symphonie toujours nouvelle.
Jésus était un révolté. Il ne pouvait admettre la misère de ces pauvres hères qui traînent leurs infirmités depuis des années. Il ne pouvait tolérer que la mort déchire le tissu de tendresse tissé au fil des jours entre une veuve et son fils unique. Comment se réjouir du soleil qui inonde les champs de blé et les vignes tandis qu'un aveugle jamais n'a vu la lumière ? Ses nuits de prière étaient peuplées par tant de boiteux que la musique ne peut faire danser et tant de sourds que le chant de l'oiseau n'égaye pas. Il a arraché les barreaux qui enfermaient la pécheresse dans un cachot de jugements. Il a rejoint le lépreux que la loi et les coutumes avaient mis au ban de la société. Il s'est tressé un fouet de cordes pour balayer tous les marchandages dont nous badigeonnons Dieu et purifier nos ambiguïtés.
Jésus était un révolté et, comme tant d'autres, il l'a payé de sa vie. Il aurait pu se calmer, il aurait dû être plus raisonnable et écouter le voix de la sagesse...Non. Rien n'a éteint le feu qui brûlait en lui. Il a été jusqu'au bout de sa révolte...à la face de Dieu : " Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? " ( MC 15,34 ). Il pouvait bien crier vers Dieu, lui qui avait pris la vie au sérieux. Il avait le droit de faire entendre sa question, lui qui avait tout misé dans l'aventure. Ses mots sonnaient vrai. Sa plainte était justifiée.
Écoutez son cri qui ne fait qu'un avec toutes les misères du monde, avec toutes les angoisses et les déceptions humaines. Écoutez-le qui expire au coeur de toutes nos détresses, dans notre nuit de solitude. Entendez le cri de cet homme aux prises avec le mal et la mort. Écoutez l'oiseau blessé et recueillez la fleur coupée...
Mais dans ce cri jeté à la face de son Père, il y a la Foi, la vraie ! Ne faut-il pas beaucoup de confiance pour crier à quelqu'un sa révolte ? Peut-on mettre à nu sa douleur devant n'importe qui ? Jésus savait bien que Dieu ne peut pas nous abandonner, même si toutes les apparences sont contre nous, car il est un Dieu de fidélité. Et Jésus a fait confiance, nocturnement, au coeur même de sa révolte. Une foi obscure et sourde palpite et gronde dans son désespoir. Déjà une lumière s'annonce à l'aurore de l'horizon. Et le matin de Pâques ne l'a pas déçu. Jésus a eu raison de crier vers Celui-là. Car Il écoute la colère de l'homme et Il n'est pas insensible. Jésus savait ce qu'il faisait en soupirant vers son Père.
La révolte habite toujours la foi. Car la foi est un refus de ce monde abîmé, refus plein d'une confiance parfois douloureuse, toujours mystérieuse. Et Dieu répond. Souvent il semble n'y avoir que le silence, un silence long comme un samedi-saint coincé entre la douleur de la Croix et la joie de Pâques. Mais Dieu répond toujours.
La foi est pour les révoltés. Elle vibre au coeur de notre sédition contre toutes les limites et tous les esclavages qui nous enserrent. Elle naît lorsque la tempête de nos cris et de "nos poings d'interrogation " bondit sur la plage de Dieu et que les vagues de notre véhémence viennent battre de plein fouet les rivages célestes. Nous avons raison de ne pas nous résoudre à la mort de l'aimé. Nous avons raison de ne pas accepter ce monde d'injustice. Si Dieu est Dieu, il ne peut tolérer la solitude de tant d'esseulés ni les tortures des innocents. Est-il possible que Dieu ne soit pas du côté de tous les révoltés et des maquisards de l'Espérance ? Notre révolte est celle même de Dieu. " La foi, disait Karl Barth, est un désespoir confiant ".
Il n'y a pas de foi sans révolte. Mais, il n'y a pas de révolte sans passion de vivre. La Foi est une révolte. Mais au nom de l'Amour et non pour se hisser sur le podium. Nous devons d'abord chercher le Bonheur des autres. C'est l'amitié pour eux qui nous fait prendre le chemin de l'Espérance. La seule manière de se sauver est de sauver son frère. Il n'y a d'accomplissement que dans l'Amour et le salut de tous. Notre Foi , au coeur même de nos reproches peut faire vivre les autres. Puissent les non-croyants entendrent nos cris qui battent à l'unisson de leurs révoltes à condition que nous acceptions nos différences pour devenir ensemble des combattants de la vie afin de construire une civilisation de l'Amour basée sur le respect de la dignité Humaine.
Bruno LEROY.
ÉDUCATEUR de RUE.
21:15 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans SPIRITUALITÉ | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : Christianisme | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
TÉMOINS DE L'ESPÉRANCE.
Une génération sans espoir, sans espérance.
N’y-a-t-il donc pas des témoins de l’espérance, de l’amour de Jésus-Christ ?
De bouche à oreille, les ragots se propagent. De bouche à oreille, la violence se propage.
Est-ce que l’espérance en Jésus-Christ ne peut pas aussi se propager de bouche à oreille ?
Que nous le voulions ou non, nous sommes tous témoins.
Tous nos actes de vie témoignent de ce que nous sommes, de ce en quoi nous croyons. Il est inutile d’ordonner " soyez des témoins ", puisque nous sommes, que nous le voulions ou non, témoins de nos valeurs. La question est de savoir : de quelles valeurs sommes nous témoins ? Ou plutôt, pour nous, enfants de Dieu : de qui sommes-nous témoins ?
Esaïe 44.8 : " vous êtes mes témoins "
Dieu est en train de nous dire : de toutes façons, parce que le langage, verbal ou non, est le propre même de l’homme, vous serez témoins de quelque chose. Alors, tant qu’à faire, soyez témoins du vrai.
Esaïe 44.8 : " y a-t-il un autre Dieu en dehors de moi ?Il n’y a pas d’autre Rocher, je n’en connais pas. "
Tant qu’à faire, autant être témoin du rocher, du roc. Si ce n’est pas le cas, nous sommes témoins du néant. Lorsque que je rencontre un ami, est-ce que mes paroles, mon comportement, témoignent de Dieu, le Rocher, ou de néant ? La même question se pose dans ma vie de couple, dans ma relation avec le voisinage, avec mes collègues de travail…
Notre vie est un témoignage vivant. Le témoignage, comme le langage, est le propre de l’homme. Ceci est dû au fait que nous sommes crées à l’image de Dieu, qui lui, le premier, témoigne (Jn 5.37)
L'esprit de Dieu témoigne : "l'esprit de la vérité me rendra témoignage " (Jean 15.26). Et la suite du texte nous concerne directement : " et vous aussi, vous rendrez témoignage " (v.27). Il y a donc un lien entre mon témoignage et le témoignage de l'esprit. Mais pour être témoin de Dieu, je dois être habité par cet Esprit qui rend lui-même témoignage de Dieu.
Si le désespoir touche les banlieues, il touche aussi, sinon plus, les quartiers huppés. Ne soyons pas témoins du néant. Soyons témoins du rocher, du Dieu de l'espérance.
Bruno LEROY.
Éducateur de rue.
14:19 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ACTION SOCIALE CHRÉTIENNE. | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
06/06/2006
LE CHRISTIANISME EST-IL MISOGYNE ?
19:55 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Christianisme | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
MÉDITATIONS DE MAURICE ZUNDEL.
Le pire des matérialismes est le matérialisme religieux, qui est de faire de Dieu une menace pour l'Esprit: « Que vous le vouliez ou non, Dieu existe ! » clamait un prédicateur.
Comment se défendre contre cet écrasement métaphysique ? Si le matérialisme signifie quelque chose, il signifie ceci : traiter l'esprit comme une chose. Le pire des matérialismes, c'est celui-là : nous enfermer dans cette camisole de force d'une morale à contre-courant qui nous met constamment en conflit avec nous-même en nous mettant en conflit avec Dieu. Dès que la morale se présente sous cette forme, venant du dehors, tombée du ciel, d'un ciel situé derrière les étoiles cette morale apparaît comme une violation de la dignité humaine, et l'homme éprouve le besoin de se défendre contre ce faux Dieu. Car le vrai Dieu est le gardien et la caution de notre dignité. Lui que nous avons reconnu sous les traits du plus pauvre, Celui qui n'a rien et qui est Dieu parce qu'il n'a rien. Ce Dieu ne saurait nous imposer d'obligations parce qu'il est une intimité pure, qu'Il n'a pas de dehors, qu'Il n'a prise sur nous que par son amour et qu'Il ne peut nous joindre que par la joie du don qui appelle un don réciproque.
Le Dieu de l'expérience augustinienne, celle que nous pouvons faire chaque jour et à chaque instant du jour, est un Dieu éminemment personnel, tellement personnel que c'est en Lui que nous devenons personne.
Chapitre VII, Dieu inconnu, pages 66-67
Braises, Editions du Levain, 1986
19:42 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans MAURICE ZUNDEL. | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
MÉDITATIONS CHRÉTIENNES.
Les sadducéens refusent de croire que les morts ressuscitent, sous prétexte que la Thora – c'est-à-dire le Pentateuque - n’en fait pas mention. Selon l’historien Flavius Josèphe (historien juif hellénistique, né en 37 et mort vers l'an 100), ils nient l’immortalité de l’âme, et prétendent que celle-ci meurt avec le corps. Par contre les pharisiens, suivis en cela par la majorité des juifs de l’époque de Jésus, enseignaient la foi en la résurrection. Jésus est donc sollicité pour prendre position au cœur d’un débat assez passionné, comme nous pouvons nous en rendre compte au chapitre 23 du livre des Actes, où Saint Paul tire astucieusement profit de cet antagonisme pour se soustraire à ses accusateurs.
L’argumentation des sadducéens s’apparente à un raisonnement par l’absurde : il s’agit de prouver la fausseté d’une hypothèse en poussant jusqu’au bout ses conséquences, et en montrant qu’elle conduit à un non-sens. Ils s’appuient sur le mariage du lévirat, tel qu’il est décrit en Dt 25,5s : le beau-frère (le lévir) non marié est obligé d’épouser sa belle-sœur veuve, si son mari ne lui a pas donné de garçon. Les fils de cette union étaient considérés comme les fils du premier mari défunt. Les raisons de cette pratique étaient avant tout économiques et sociales : il s’agissait de trouver un héritier qui puisse porter la responsabilité du patrimoine familial laissé par le défunt. Selon les sadducéens, si Moïse avait vraiment cru en la résurrection, il n’aurait jamais prescrit cette pratique, qui conduirait à une situation rocambolesque dans l’au-delà. La réponse de Jésus souligne l’étroitesse de vue de ses interlocuteurs, qui imaginent l’au-delà sur l’horizon de leurs traditions humaines, et par le fait même, réduisent l’espérance eschatologique à un simple prolongement de la vie terrestre. Une telle interprétation signifie à la fois « méconnaître les Ecritures et la puissance de Dieu ».
Notre-Seigneur commence par démontrer que les sadducéens « méconnaissent les Ecritures », car contrairement à ce qu’ils prétendent, celles-ci annoncent la résurrection, y compris dans les cinq premiers livres de la Bible, les seuls que reconnaissent ses contradicteurs. Jésus cite en effet le célèbre passage du Buisson Ardent au livre de l’Exode (Ex 3,1-6 ; 13-15) dans lequel Yahvé se présente comme le Dieu des patriarches. Ceux-ci sont bien évidemment morts au temps de Moïse ; si donc le Très Haut affirme être leur Dieu (au présent), il est clair qu’ils sont vivants auprès de lui, car « Dieu n’est pas le Dieu des morts mais des vivants ». Les sadducéens « méconnaissent également la puissance de Dieu » : non seulement la mort ne saurait lui arracher ceux qui sont entrés dans son Alliance, mais la résurrection que leur offre le Seigneur n’est pas la simple prolongation de leur vie naturelle : elle consiste en une action divine inouïe, apparentée à une nouvelle création, qui réalisera « ce que personne n’avait vu de ses yeux ni entendu de ses oreilles, ce que le cœur de l’homme n’avait pas imaginé, ce qui avait été préparé pour ceux qui aiment Dieu » (1 Co 2, 9). Il est sans doute vain d’essayer de nous représenter les conditions concrètes de ce monde nouveau : Jésus souligne seulement qu’il ne sera pas pareil à celui-ci. Certes l’homme sera toujours masculin jusque dans son corps glorieux, et la femme sera toujours son vis-à-vis complémentaire qui suscitera son émerveillement comme au matin de la Genèse (Gen 2, 23).
L’amour sera même plus brûlant que jamais en leur cœur, selon le dessein originel du Créateur. Mais l’état de l’humanité glorifiée ne nécessitera plus la procréation au sens où nous la vivons dans notre condition terrestre. L’homme et la femme s’aimeront en Dieu, qui leur donnera part dans l’Esprit à la fécondité de son amour divin. « Seigneur, garde nous d’oublier “ton projet” sur nous, et notre “vocation sainte” (1ère lect.), toi qui veut « faire resplendir en nous la vie et l’immortalité par l’Evangile”. Donne-nous de nous souvenir toujours de celui “en qui nous avons mis notre foi”, et réveille en nous l’“esprit de force, d’amour et de raison”, afin que nous n’ayons pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur et à prendre notre part de souffrance pour l’annonce de l’Evangile” (Ibid.). »
Joseph-Marie +
19:38 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans MÉDITATIONS. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Christianisme | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
La dépendance sexuelle.
Définitions:
Un dépendant sexuel est celui qui est conduit par cette forte dysfonction émotionnelle à utiliser de manière compulsive et obsessionnelle l'activité sexuelle pour saisir un sentiment de valeur ou d'identité, ou pour en prouver le manque (dans la mesure où il a accepté des autres - ou de lui-même - un jugement de condamnation sans appel contre lui-même)
- David Foster
«La dépendance sexuelle existe quand une personne pratique une activité sexuelle au point d'affecter négativement sa capacité à composer avec les autres aspects de la vie, devenant impliquée dans d'autres relations - soit vraies ou à travers les fantasmes - et devenant dépendant des expériences sexuelles comme source première de contentement ... sans regard aux conséquences sur sa santé, sa famille et / ou sa carrière.»
- Dr. Harry Schaumburg :
L'Organisation Mondiale de la Santé définit l'intoxication comme étant "une relation pathologique envers un événement altérant l'attitude, une expérience, une chose qui a des conséquences néfastes sur la vie".
La plupart des gens sont un peu surpris à la pensée que le sexe peut rendre cliniquement dépendant, comme les drogues et l'alcool. Cependant cela ne devrait pas être surprenant quand vous prenez en considération que toutes les pensées et les comportements ont une base chimique dans le cerveau. Et, bien sûr, comme dans l'exercice physique, des produits chimiques sont relâchés dans le cerveau en réaction à la pratique sexuelle.
Si quelqu'un est déjà enclin émotionnellement à un comportement dépendant, il est raisonnable que parmi les expressions de ce besoin, il se trouve un usage excessif du sexe.
Chaque dépendant, de n'importe quel type, commence par un jugement personnel qu'il est en quelque manière incomplet ou inadéquat dans un ou plusieurs domaines. Les causes pour ces conclusions sont nombreuses, mais il apparaît que la cause primordiale pour toute dépendance est un jugement personnel disant "Je suis mauvais" - non pas, "J'ai mal agi", mais "Je suis une mauvaise personne".
Les produits chimiques impliqués (soit ingérés ou produits par le cerveau) semblent aussi compenser pour certains patrons synaptiques irréguliers dans le cerveau de la personne dépendante. Il n'est pas clair si cette irrégularité est toujours liée à la génétique (quelque chose qui a été clairement héritée), ou si certains patrons de comportement répétés et certaines influences environnementales ont conspiré pour altérer la forme normale du récepteur et son alignement dans le cerveau. Mais il y a toujours une composante neurochimique pour chaque dépendance.
Les dépendances sont aussi interchangeables. Par exemple, vous pouvez avec succès surmonter votre comportement dépendant de boulimie, mais si vous n'avez pas composé avec la cause première de votre désordre comportemental, vous pourriez vous retrouver avec une dépendance croissante, compensatrice dans un autre domaine (comme une obsession à faire de l'exercice). Plusieurs gens qui abandonnent la dépendance aux drogues transfèrent leur besoin compulsif dans l'alcool. Ceux qui cessent de fumer se mettent souvent à trop manger. Certains qui cessent un comportement sexuel compulsif, le remplacent par une dépendance du travail.
Trouver la source du problème pour le traiter efficacement
Clairement, la cause première, la source du comportement obsessionnel et compulsif doit être trouvée avant que la santé mentale et le comportement normalisé puissent être atteints de façon permanente.
La plupart des dépendances semblent avoir leur origine dans des événements traumatiques précoces qui ont eu un effet sérieux sur un domaine faible dans le tissu émotionnel de la personne, un domaine où l'estime de soi et la valeur personnelle ont été compromises de manière considérable. Souvent ceci se produit à l'intérieur du milieu familial. Par exemple, des attaques verbales continuelles faites par un parent sur la valeur d'un enfant, ou des incidents traumatiques ont pu se produire (abus physique ou sexuel), la conséquence étant que l'enfant a perdu toute confiance et estime de soi.
Parfois ces événements sont si traumatiques que la victime ne peut se rappeler qu'ils se sont même produits. Tout ce qu'elle sait c'est qu'à certains périodes et sous certaines circonstances, elle se sent anormalement inconfortable ou apeurée. Elle va alors s'accroher à la chose qui peut lui ôter la peur ou la douleur. Jusqu'à 97% de tous les dépendants sexuels ont été émotionnellement abusés en tant qu'enfants et quelque 81% ont été abusés sexuellement.
Un dépendant sexuel est celui qui est conduit par cette forte dysfonction émotionnelle à utiliser de manière compulsive et obsessionnelle l'activité sexuelle pour saisir un sentiment de valeur ou d'identité, ou pour en prouver le manque (dans la mesure où il a accepté des autres - ou de lui-même - un jugement de condamnation sans appel contre lui-même). Et avec le temps, comme dans toutes les autres dépendances, le comportement qu'il emploie comme remède devient la chose même qui confirme à nouveau leur propre sentiment d'échec.
Le comportement qu'il choisit (ou parfois il semble que c'est le comportement qui le choisit), n'apporte jamais le résultat désiré. En désespoir de cause, le dépendant augmente sa participation dans le comportement dans une tentative subconsciente de le forcer à fonctionner, et il devient comme une sorte d'animal viré fou - l'antithèse de ce qu'il désirait. Et encore plus insultant, le facteur neurochimique le piège dans un labyrinthe duquel il ne peut s'échapper de lui-même.
La conquête sexuelle est un jeu souvent joué par les dépendants sexuels. C'est une quête de trophées sexuels, pour les réassurer qu'ils sont désirables et qu'ils ont ce qu'il faut pour stimuler la passion intense chez les autres. La sensation optimale survient quand ils sont intensément désirés et appréciés.
Pour d'autres, c'est simplement une manière d'obtenir la sensation forte chimique et physique dont ils ont besoin pour tuer la douleur qui vit profondément en eux. Les partenaires sexuels sont des objets employés à cette fin. Dans certains cas, ils ne sont même pas nécessaires.
Peut-être la quête la plus commune chez les dépendants sexuels c'est la recherche de l'amour. D'une manière ou d'une autre, la vie les a enseignés d'échanger le sexe pour l'amour. En fait, pour eux le sexe est un synonyme de l'amour. Ils n'ont jamais découvert la différence.
Pour d'autres, c'est une manière de rejouer les événements de leur enfance qui ont eu un effet de changement majeur dans leur vie. Les possibilités sont illimitées en réalité en ce qui a trait aux stimuli intérieurs qui motivent les dépendants sexuels.
À l'intérieur des comportements, la spirale tourne vers une perversion de plus en plus grande. Par exemple, un masturbateur compulsif va éventuellement s'engager dans des variations qui vont le blesser physiquement et il continuera malgré tout le comportement qui le blesse. Il est estimé que 45% des mâles qui ont ce comportement le font au point de se blesser, et 33% des femmes.
La dépendance sexuelle vous laisse vide ou mauvais - parfois même fou. Elle crée une solitude en vous en rapport avec votre sexualité en général, comme si vous étiez dans les limbes, quelque part en dehors de la normalité.
La guérison du dépendant sexuel implique une prise de conscience de la rébellion pécheresse qui se tapit profondément à l'intérieur et qui nourrit le comportement. Le dépendant sexuel est d'une manière quelconque en colère contre Dieu et il a placé des demandes non exprimées sur Lui pour recevoir le soulagement ou le contentement intellectuels concernant une ou plusieurs questions non répondues de la vie. Comme résultat, il est en fuite loin de l'intimité même avec son Créateur qui va le guérir - une fuite qui le conduit à changer et détruire l'image de Dieu chez les autres par le sexe dépersonnalisé, idolâtré.
D'une manière similaire, le dépendant sexuel est en fuite loin de l'intimité avec l'humanité. Il en a peur à mort. Il a été profondément blessé par elle dans le passé ou a été élevé dans un environnement familial qui a puni les tentatives d'établir une intimité relationnelle. L'intimité, pour une raison ou une autre, est une chance ne valant pas la peine d'être prise. Pour le dépendant, c'est mieux de vivre dans un monde de fantasmes sexuels plutôt que de prendre le risque de douleur ou de rejet dans des tentatives de vraie intimité. La photo non menaçante dans le magazine pornographique ou dans le vidéo, ou la voix distante sur la ligne 900 procurent une atmosphère sans danger de louange et d'acceptation artificielles dont le dépendant a besoin.
Dans le monde du dépendant sexuel, vous allez trouver une vie saturée d'un profond sentiment d'indignité, une forteresse d'incrédulité à la pensée d'être acceptable pour quiconque à un niveau profond et significatif, et une histoire de compensations tentées à travers la substitution et la fantaisie.
On peut résumer en bref le processus de délivrance et de guérison en disant qu'à mesure que le dépendant sexuel approfondit sa relation avec Jésus-Christ, Dieu va lui montrer à quel point il est aimé et accepté par lui ; combien il est beau et parfait à ses yeux ; et comment Christ peut rencontrer de manière plus complète chacun de ses besoins.
Section d'étude sur la dépendance sexuelle
Le Dr. Lynne Logan, psychologue chrétienne, nomme 6 choses agissant comme barrières à la relation d'intimité :
1° la faible estime de soi
2° les blessures émotionnelles non guéries
3° la peur de l'amour
4° la peur de l'abandon
5° les attentes irréalistes
6° la colère dissimulée
Elle a ensuite mentionné 3 choses qui doivent être développées dans la vie d'une personne afin que la peur de l'intimité soit résolue :
1° la confiance
2° l'engagement
3° la communication.
- David Foster «Sexual Healing» traduit par Le webmestre
Le sexe peut rendre dépendant, accro, quand nous lui donnons trop de pouvoir ... pouvoir de contrôle au niveau de nos pensées et motivation de notre comportement, au point que ce soit très dur de chasser les pensées sexuelles.
Le pouvoir de la dépendance est ressenti par la poussée irrésistible d'agir selon ce comportement en dépit du risque. Les dépendants sexuels ont une envie irrésistible de se gratifier soit par la masturbation, la pornographie, les aventures sexuelles, les actes pervertis, etc. Et ils vont agir selon cette pulsion même s'ils savent qu'ils risquent leur mariage ou leur santé.
L'appétit sexuel, comme la plupart des dépendances, est progressif. La dépendance demande de plus en plus à l'objet ou à l'expérience afin d'en retirer le même bénéfice. Tout comme le corps de quelqu'un développe une tolérance par rapport à l'alcool, les dépendants sexuels ont besoin de plus de sexe, de meilleur sexe, ou même de sexe plus varié, afin d'en retirer la même satisfaction. Ceci conduit souvent à l'expérimentation sexuelle et au sexe « cochon ». Cela peut aller du PLAYBOY et de la masturbation aux films XXX et à l'adultère. Il est maintenant attiré par ce qui le répugnait auparavant.
Mais les dépendances ne sont pas une question de tout ou rien. Il y a plusieurs degrés de dépendance, où une personne peut être légèrement dépendante ou grandement dépendante. Il doit aussi réaliser que la pression sexuelle qu'il crée dans son mariage doit changer. La loi de l'amour, non de la luxure, doit prédominer dans son foyer.
Voici comment l'obsession sexuelle va aller en diminuant.
1° Surmonte le déni au sujet d'abandonner ton obsession sexuelle. La plupart des gens ne prennent pas du mieux parce qu'ils ne veulent pas faire face à la réalité de leur besoin de changer. Ceci implique l'abandon des rêves et des fantasmes sexuels.
2° Tu as besoin de découvrir et de composer avec les racines de ton passé qui ont donné du pouvoir à ton obsession. Cela ne sera pas facile.
Quand nous essayons de guérir nos blessures avec le sexe nous ajoutons seulement plus de douleur. Nous rendons le sexe douloureux pour soi et pour les autres, parce que, étouffés par la compulsion, nous sommes sourds aux cris du coeur blessé qui manque d'amour. Les personnes compulsives sexuellement ont besoin de guérison avant que le sexe soit relaxant et plaisant plutôt que frustrant et obsédant.
- Alfred Ells, «Released to love » traduction de Le webmestre
Pour ce qui concerne le message des évangiles, j'aimerais vous rappeler la radicalité du Christ en ce qui concerne l'ascèse (cf. tout le passage dans lequel Jésus radicalise en terme d'exigence les principes mosaïques : Celui qui se dispute avec un autre est tout autant passible de tribunal que celui qui frappe l'autre ou le tue). L'esprit de cette radicalisation des préceptes mosaïques est fondé sur le fait que l'intention peut déjà être meurtrière (vouloir la mort d'autrui c'est déjà le tuer... Convoiter une autre personne c'est déjà la réduire à l'état d'objet sexuel).
Ce que nous demande le Christ, dans une exigence terrible j'en conviens, c'est de nous détacher de nos tendances à ne considérer nos semblables qu'en fonction de nous, de nos désirs, nos envies, nos besoins... "Aimez Dieu plus que tout et votre prochain comme vous-même" signifie que nous devons absolument inverser la tendance à voir les autres selon le prisme déformant de notre ego.
Jérôme.
11:19 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CONSEILS ÉDUCATIFS. | Lien permanent | Commentaires (5) | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
05/06/2006
Maître Eckhart.
"Il n'est pas nécessaire de comprendre cela"
Par la bouche de la sagesse, la félicité énonça : « Heureux les pauvres en esprit car le royaume des cieux leur appartient. » Les anges, les saints, tout ce qui ne naquit jamais doit être silence quand parle l'éternelle sagesse du Père car toute la sagesse des anges et de toutes les créatures n'est que pur néant devant l'insondable sagesse de Dieu.
Cette sagesse a dit : « Heureux sont les pauvres. »
Or il y a deux genres de pauvreté. La pauvreté extérieure, bonne et très louable lorsque l'homme la vit volontairement par amour pour notre seigneur Jésus-Christ, comme lui-même l'a assumée sur terre. Mais selon la parole de notre Seigneur, il est une autre pauvreté, une pauvreté intérieure; puisqu'il dit : « Heureux sont les pauvres en esprit. » Soyez, je vous prie, de tels pauvres afin de comprendre ce discours car, je vous le dis au nom de la vérité éternelle, si vous ne devenez pas semblable à cette vérité, vous ne pourrez pas me comprendre. D'aucuns m'ont interrogé sur la vraie pauvreté et sur ce qu'il faut entendre par un homme pauvre. Je vais maintenant leur répondre.
L'évêque Albert dit : « Est un homme pauvre celui qui ne peut se contenter de toutes les choses que Dieu a jamais créées », et cela est bien dit. Mais nous allons encore plus loin et situons la pauvreté à un niveau bien plus élevé. Est un homme pauvre celui qui ne veut rien, ne sait rien et ne possède rien. Je vais vous parler de ces trois points et vous prie, par amour de Dieu, d'essayer de comprendre cette vérité, si cela vous est possible. Mais si vous ne la comprenez pas, n'en soyez pas troublé car je parlerai d'un aspect de la vérité que très peu de gens, mêmeprofonds, sont en mesure de comprendre.
Nous dirons d'abord qu'un homme pauvre est celui qui ne veut rien. Bien des gens ne comprennent pas véritablement ce sens. Ce sont ceux qui s'adonnent à des pénitences et à des pratiques extérieures, performances qu'ils tiennent néanmoins pour considérables, alors qu'ils ne font que s'autoglorifier . Que Dieu en ait pitié de si peu connaître la vérité divine! Ils sont tenus pour saints, d'après leurs apparences extérieures, mais au dedans ce sont des ânes qui ne saisissent pas le véritable sens de la divine vérité. Ces gens disent bien que pauvre est celui qui ne veut rien, mais selon l'interprétation qu'ils donnent à ces mots, l'homme devrait vivre en s'efforçant de ne plus avoir de volonté propre et tendre à accomplir la volonté de Dieu. Ce sont là des gens bien intentionnés et nous sommes prêts à les louer. Dieu, dans sa miséricorde, leur accordera sans doute le royaume des cieux, mais, je dis moi, par la vérité divine, que ces gens ne sont pas, même de loin, de vrais pauvres. Ils passent pour éminents aux yeux de ceux qui ne connaissent rien de mieux, cependant ce sont des ânes qui n'entendent rien de la vérité divine. Leurs bonnes intentions leur vaudront sans doute le royaume des cieux, mais de cette pauvreté dont nous voulons maintenant parler, ils ne connaissent rien.
Si on me demandait ce qu'il faut entendre par un homme pauvre qui ne veut rien, je répondrais : aussi longtemps qu'un homme veut encore quelque chose, même si cela est d'accomplir la volonté toute chère de Dieu, il ne possède pas la pauvreté dont nous voulons parler.
Cet homme a encore une volonté : accomplir celle de Dieu, ce qui n'est pas la vraie pauvreté. En effet, la véritable pauvreté est libre de toute volonté personnelle et pour la vivre, l'homme doit se saisir tel qu'il était lorsqu'il n'était pas. Je vous le dis, par l'éternelle vérité : aussi longtemps que vous avez encore la soif d'accomplir la volonté de Dieu, et le désir de l'éternité de Dieu, vous n'êtes pas véritablement pauvre, car seul est véritablement pauvre celui qui ne veut rien et ne désire rien.
Quand j'étais dans ma propre cause, je n'avais pas de Dieu et j'étais cause de moi-même, alors je ne voulais rien, je ne désirais rien car j'étais un être libre et me connaissais moi-même selon la vérité dont je jouissais. Là, je me voulais moi-même et ne voulais rien d'autre, car ce que je voulais je l'étais, et ce que j'étais je le voulais. J'étais libre de Dieu et de toute chose. Mais lorsque par ma libre volonté j'assumais ma nature créée, alors Dieu est apparu, car avant que ne fussent les créatures, Dieu n'était pas Dieu, il était ce qu'il était. Mais lorsque furent les créatures, Dieu n'a plus été Dieu en lui-même, mais Dieu dans les créatures. Or nous disons que Dieu, en tant que ce Dieu-là, n'est pas l'accomplissement suprême de la créature car pour autant qu'elle est en Dieu, la moindre créature a la même richesse que lui. S'il se trouvait qu'une mouche ait l'intelligence et pouvait appréhender l'éternel d'où elle émane, nous dirions que Dieu, avec tout ce qu'il est, en tant que Dieu, ne pourrait satisfaire cette mouche. C'est pourquoi nous prions d'être libre de Dieu et d'être saisi de cette vérité et d'en jouir éternellement là où les anges les plus élevés, la mouche et l'âme sont un; là où je me tenais, où je voulais ce que j'étais, et étais ce que je voulais.
Nous disons donc que l'homme doit être aussi pauvre en volonté que lorsqu'il n'était pas. C'est ainsi qu'étant libre de tout vouloir, cet homme est vraiment pauvre. Pauvre en second lieu est celui qui ne sait rien. Nous avons souvent dit que l'homme devrait vivre comme s'il ne vivait ni pour lui-même, ni pour la vérité, ni pour Dieu. Nous allons maintenant encore plus loin en disant que l'homme doit vivre de telle façon qu'il ne sache d'aucune manière qu'il ne vit ni pour lui-même, ni pour la vérité, ni pour Dieu. Bien plus, il doit être à tel point libre de tout savoir qu'il ne sache ni ne ressente que Dieu vit en lui. Mieux encore, il doit être totalement dégagé de toute connaissance qui pourrait encore surgir en lui. Lorsque l'homme se tenait encore dans l'être éternel de Dieu, rien d'autre ne vivait en lui que lui-même.
Nous disons donc que l'homme doit être aussi libre de tout son propre savoir, qu'il l'était lorsqu'il n'était pas et qu'il laisse Dieu opérer selon son vouloir en en demeurant libre.
Tout ce qui découle de Dieu a pour fin une pure activité. Mais l'activité propre à l'homme est d'aimer et de connaître. Or la question se pose de savoir en quoi consiste essentiellement la béatitude.
Certains maîtres disent qu'elle réside dans la connaissance, d'autres dans l'amour. D'autres encore qu'elle réside dans la connaissance et l'amour. Ces derniers parlent déjà mieux. Quant à nous, nous disons qu'elle ne réside ni dans la connaissance ni dans l'amour. Il y a dans l'âme quelque chose d'où découlent la connaissance et l'amour. Ce tréfonds ne connaît ni n'aime comme les autres puissances de l'âme. Celui qui connaît cela connaît la béatitude. Cela n'a ni avant ni après, sans attente, et est inaccessible au gain comme à la perte. Cette essence est libre de tout savoir que Dieu agit en elle, mais se jouit elle-même par elle-même comme le fait Dieu.
Nous disons donc que l'homme doit se tenir quitte et libre de Dieu, sans aucune connaissance, ni expérience que Dieu agit en lui et c'est ainsi seulement que la véritable pauvreté peut éclore en l'homme.
Certains maîtres disent : Dieu est un être, être raisonnable qui connaît toute chose. Or nous disons : Dieu n'est ni être ni être raisonnable, et il ne connaît ni ceci, ni cela. Dieu est libre de toute chose et c'est pourquoi il est l'essence de toute chose.
Le véritable pauvre en esprit doit être pauvre de tout son propre savoir, de sorte qu'il ne sache absolument rien d'aucune chose, ni de Dieu ni de la créature, ni de luimême.
Libre de tout désir de connaître les œuvres de Dieu ; de cette façon seulement, l'homme peut être pauvre de son propre savoir.
En troisième lieu, est pauvre l'homme qui ne possède rien. Nombreux sont ceux qui ont dit que la perfection résidait dans le fait de ne rien posséder de matériel, et cela est vrai en un sens, mais je l'entends tout autrement.
Nous avons dit précédemment qu'un homme pauvre ne cherche même pas à accomplir la volonté de Dieu, mais qu'il vit libre de sa propre volonté et de celle de Dieu, tel qu'il était lorsqu'il n'était pas. De cette pauvreté nous déclarons qu'elle est la plus haute.
Nous avons dit en second lieu que l'homme pauvre ne sait rien de l'activité de Dieu en lui. Libre du savoir et de la connaissance, autant que Dieu est libre de toute chose, telle est la pauvreté la plus pure. Mais la troisième pauvreté dont nous voulons parler maintenant est la plus intime et la plus profonde : celle de l'homme qui n'a rien. Soyez toute écoute! Nous avons dit souvent, et de grands maîtres l'ont dit aussi, quel'homme doit être dégagé de toute chose, de toute œuvre, tant extérieure qu'intérieure, de telle sorte qu'il soit le lieu même où Dieu se trouve et puisse opérer. Mais à présent, nous allons audelà. Si l'homme est libre de toute chose, de lui-même, et même de Dieu, mais qu'il lui reste encore un lieu où Dieu puisse agir, aussi longtemps qu'il en est ainsi, l'homme n'est pas encore pauvre de la pauvreté la plus essentielle. Dieu ne tend pas vers un lieu en l'homme où il puisse opérer.
La véritable pauvreté en esprit c'est que l'homme doit être tellement libéré de Dieu et de toutes ses œuvres que, Dieu voulant agir en l'âme, devrait être lui-même le lieu de son opération. Et cela il le fait volontiers car, lorsque Dieu trouve un homme aussi pauvre, Dieu accomplit sa propre œuvre et l'homme vit ainsi Dieu en lui, Dieu étant le lieu propre de ses opérations. Dans cette pauvreté, l'homme retrouve l'être éternel qu'il a été, qu'il est maintenant et qu'il sera de toute éternité.
Saint Paul dit : « Tout ce que je suis, je le suis par la grâce de Dieu. » Or, notre discours semble transcender la grâce, l'être, la connaissance, la volonté, et tout désir. Comment donc comprendre la parole de saint Paul ? On répondra que la parole de saint Paul est vraie. Il fallait qu'il soit habité par la grâce; c'est elle qui opéra pour que ce qui était potentiel devint actuel. Lorsque la grâce prit fin, Paul demeura ce qu'il était.
Nous disons donc que l'homme doit être si pauvre qu'il ne soit, ni ne possède en lui aucun lieu où Dieu puisse opérer. Tant qu'il conserve une localisation quelle qu'elle soit, il garde une distinction. C'est pourquoi je prie Dieu d'être libre de Dieu car mon être essentiel est au-delà de Dieu en tant que Dieu des créatures.
Dans cette divinité où l'Être est au-delà de Dieu, et au-delà de la différenciation, là, j'étais moi-même, je me voulais moi-même, je me connaissais moi-même, pour créer l'homme que je suis. Ainsi je suis cause de moi-même selon mon essence, qui est éternelle, et non selon mon devenir qui est temporel. C'est pourquoi je suis non-né et par là je suis au-delà de la mort. Selon mon être non-né, j'ai été éternellement, je suis maintenant et demeurerai éternellement. Ce que je suis selon ma naissance mourra et s'anéantira de par son aspect temporel. Mais dans ma naissance éternelle, toutes les choses naissent et je suis cause de moi-même et de toute chose. Si je l'avais voulu, ni moi-même ni aucune chose ne serait, et si je n'étais pas, Dieu ne serait pas non plus. Que Dieu soit Dieu, je suis la cause; si je n'étais pas, Dieu ne serait pas. Mais il n'est pas nécessaire de comprendre cela.
Un grand maître a dit que sa percée est plus noble que son émanation, et cela est vrai. Lorsque j'émanais de Dieu, toutes les choses dirent : Dieu est. Mais cela ne peut me combler car par là je me reconnaîtrais créature. Au contraire, dans la percée, je suis libéré de ma volonté propre, de celle de Dieu, et de toutes ses expressions, de Dieu même. Je suis au-delà de toutes les créatures et ne suis ni créature, ni Dieu. Je suis bien plus. Je suis ce que j'étais, ce que je demeurerai maintenant et à jamais. Là je suis pris d'une envolée qui me porte au-delà de tous les anges. Dans cette envolée, je reçois une telle richesse que Dieu ne peut me suffire selon tout ce qu'il est en tant que Dieu et avec toutes ses œuvres divines. En effet, l'évidence que je reçois dans cette percée, c'est que Dieu et moi sommes un. Là je suis ce que j'étais. Je ne crois ni ne décrois, étant la cause immuable qui fait se mouvoir toute chose. Alors Dieu ne trouve plus de place en l'homme. L 'homme dans cette pauvreté retrouve ce qu'il a été éternellement et ce qu'il demeurera à jamais.
Ici Dieu et l'esprit sont un et c'est là la pauvreté la plus essentielle que l'on puisse contempler. Que celui qui ne comprend pas ce discours reste libre en son cœur, car aussi longtemps que l'homme n'est pas semblable à cette vérité, on ne peut pas la comprendre, car c'est une vérité immédiate et sans voile, jaillie directement du cœur de Dieu. Que Dieu nous vienne en aide pour la vivre éternellement. Amen.
20:59 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans MAÎTRES A PENSER ET A VIVRE. | Lien permanent | Commentaires (4) | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |