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Les trésors du Dun-Huang - Mille ans d'art bouddhique Musée Guimet, du 21 novembre 2008 au 28 février 2009 Considérées comme l’un des principaux trésors que nous a légués la tradition bouddhiste, les grottes de Dun Huang, leurs fabuleux décors et les découvertes exceptionnelles qui y ont été effectuées sont à l’honneur à Paris depuis la fin du mois de novembre. Au musée Guimet, qui présente la part de ses collections correspondant à un long millénaire de l’histoire et de la civilisation du monde chinois, et au Centre culturel de Chine, qui propose aux visiteurs des reconstitutions en taille réelle tout à fait impressionnantes. Dénommées Mogao («Eminence sans pareille») ou «Grottes des mille bouddhas? les grottes forment près de Dun Huang, une vaste oasis du désert de Gobi située dans la province chinoise occidentale du Gansu un système de près de cinq cents chapelles rupestres. Taillées et aménagées dans une falaise, elles abritent un ensemble de statues et de peintures murales classé depuis 1987 au Patrimoine mondial de l’Humanité de l’UNESCO. Le musée Guimet a réalisé pour l’occasion un parcours original mettant en valeur des œuvres bouddhiques chinoises et des documents provenant des grottes alors que le Centre culturel de Chine propose des répliques de sculptures et de peintures murales de Dun Huang présentées en taille réelle et en trois dimensions, dans un nouvel aménagement de ses locaux correspondant à sa réouverture au public. C’est en 366 de notre ère qu’un moine aurait eu en ce lieu la vision miraculeuse de mille Bouddhas et c’est à partir de ce moment que débuta l’aménagement et la décoration des grottes qui se poursuivirent jusqu’au début du XIVe siècle. L’ensemble permet de retracer l’évolution des différents courants doctrinaux du bouddhisme et ses voies de transmission à la Chine par l’intermédiaire de la route de la soie. Certaines grottes abritent de monumentales statues du Bouddha, réalisées en torchis et peintes de vives couleurs, dont la plus grande est haute de trente-quatre mètres. Les plus anciennes des peintures murales des chapelles témoignent d’une inspiration « occidentale », indienne pour l’essentiel, alors que, au fil du temps, de nouvelles influences s’exerçant à partir de l’Asie centrale, du Tibet ou de la Chine, sont aisément identifiables. Abandonnées au XIVe siècle et très exposées aux éléments tels que le vent, le sable et l’eau, les grottes ont ensuite été pillées et sérieusement dégradées. Au début du XXe siècle, un Chinois affecté à la garde des lieux y découvre une cavité demeurée secrète, remplie de milliers de manuscrits rédigés dans un grand nombre de langues (chinois, sogdien, sanscrit, turc et même hébreu), le tout remontant à une période s’étendant du Ve au Xe siècle. Ces documents exceptionnels sont d’une grande diversité puisqu’ils comptent des archives historiques et administratives, des écrits confucéens et taôistes, des sutras bouddhiques et même des livres de prière imprimés, composés six cents ans avant la grande Bible de Gutenberg. La dissimulation de ce trésor d’archives remonterait au XIe siècle et les raisons qui l’ont commandée demeurent tout à fait mystérieuses. C’est en 1908 que le sinologue français Paul Pelliot découvre ces documents et négocie l’achat d’une partie d’entre eux avec les responsables du sanctuaire. Le tout sera déposé à Paris, à la Bibliothèque Nationale et au musée du Louvre, avant d’arriver, dans les années vingt, au musée Guimet. C’est à l’occasion du centenaire de la découverte effectuée par Pelliot qui fut l’un des principaux pionniers de la recherche historique sur le long passé de l’ancienne Chine que ces expositions, à bien des égards exceptionnelles, sont aujourd’hui proposées aux Parisiens. | Rapa Nui, l'ile de Pâques La Fondation EDF, du 20 novembre 2008 au 1 mars 2009 Depuis que le navigateur hollandais Jacob Roggeween l’a découverte le 6 avril 1722 jour de la fête de Pâques dont elle reçut le nom, l’île que les Polynésiens appellent Rapa Nui, «la Grande Lointaine», n’a pas cessé de stimuler la curiosité de tous ceux qui ont été fascinés par les célèbres Moai, ces grandes statues de pierre installées sur des plates-formes cérémonielles faisant face à la mer. Située à 2000 km de la première terre habitée, cette petite île perdue dans le Pacifique Sud qui apparaît comme la pointe extrême des fabuleuses migrations maritimes effectuées par les Polynésiens venus la coloniser vers l’an mil de notre ère a vu disparaître, pour des raisons qui demeurent discutées, une étonnante civilisation, dont témoignent encore aujourd’hui une écriture demeurée indéchiffrée et de nombreux vestiges et objets révélateurs d’une culture qui compte parmi les plus brillantes de celles nées dans l’immense espace océanique du Pacifique. Les raisons qui ont conduit La Fondation EDF à organiser cette exposition valent d’être rapportées; elles trouvent en effet leur origine dans une séquence publicitaire présentée il y a deux ans par le géant de l’énergie, une séquence qui rappelait comment les Pascuans, en détruisant leurs forêts, avaient sacrifié leurs ressources en énergie renouvelable et entraîné ainsi la disparition de leur culture traditionnelle. Les habitants de l’île ayant eu connaissance de cette présentation négative de leurs lointains ancêtres s’en sont émus et c’est, en quelque sorte, une «réparation» qu’a tenu à accomplir EDF en organisant une manifestation rendant justice à l’antique civilisation de Rapa Nui, à partir de la présentation de cent cinquante œuvres provenant de différents musées français et de collections privées. Jardiniers et arboriculteurs, les anciens Pascuans sculptaient dans le bois des images figurant les entités de l’au-delà. Placée sous l’autorité scientifique de Michel Orliac, qui est l’un des meilleurs spécialistes de cette étrange civilisation, l’exposition rend hommage à une population qui a dû affronter, au fil des siècles, la raréfaction de l’eau, la disparition de la forêt, les épidémies, les raids esclavagistes et la perte de son indépendance puisque l’île de Pâques fut, finalement, rattachée au lointain Chili. Une population qui prend aujourd’hui une éclatante revanche sur cette Histoire riche en catastrophes en attirant chaque année des dizaines de milliers de visiteurs venus du monde entier pour découvrir les fameux Moai, ultimes témoins d’un monde englouti que l’exposition présentée à Paris nous permet de découvrir. Notre voyage à L'ïle de Pâques avec Sergio Rapu | Tate Gallery, du 18 février au 17 mai Après la présentation, au musée Jacquemart-André, d’une magnifique collection de portraits, c’est la Tate Britain de Londres qui consacre à Anton Van Dyck une ambitieuse rétrospective rendant compte de l’œuvre réalisée en Angleterre, au service du roi Charles Ier. En 1632, c’est sur le conseil de son ministre Endymion Porter que le souverain Stuart invite Van Dyck à sa Cour. Si l’on excepte les nombreux et admirables portraits réalisés par Holbein sous Henri VIII, l’Angleterre était alors dépourvue de toute tradition artistique. Bénéficiant du titre de «principal peintre ordinaire de Leurs Majestés», l’artiste anversois est rapidement fait chevalier et reçoit des souverains une résidence située à Blackfriars. Le succès est immédiat et Van Dyck doit travailler avec acharnement pour faire face au nombre grandissant des commandes. Installé durant l’été à Eltham, le peintre y mène grand train et y reçoit les personnalités les plus renommées de la Cour dont le faste et le raffinement correspond mieux à son tempérament et à ses goûts que l’atmosphère compassée et l’étiquette rigide qui règnent à Bruxelles, à la cour des archiducs Albert et Isabelle. En moins de dix ans, entre 1632 et sa mort, Van Dyck va réaliser en Angleterre environ trois cent cinquante tableaux, dont trente-huit portraits de Charles Ier et trente-cinq de la reine Henriette. Il peint également les enfants royaux, des magistrats, des ambassadeurs, des gentilshommes… Si l’on excepte quelques séjours en Flandre et à Paris, il vit désormais en Angleterre où le rythme de travail épuisant qu’il s’est imposé depuis des années finit par l’emporter en décembre 1641. C’est en cette Angleterre qui l’a si complètement adopté que Van Dyck connaîtra sa postérité la plus évidente, au point que l’on a coutume de le considérer comme «le premier peintre anglais» et, au siècle suivant, Gainsborough et Reynolds – qui ne manquera pas une occasion de clamer son admiration pour le maître anversois – lui doivent énormément. Il serait cependant injuste de limiter à l’Angleterre l’influence exercée par Van Dyck. Par l’intermédiaire de Jean Philippe Petitjean et de Mignard, il va inspirer les grands portraitistes français de la fin du siècle, Hyacinthe Rigaud, Largillière ou Van Loo. Puget et Lebrun ne cacheront jamais l’admiration qu’ils portent au«meilleur élève de Rubens» et, en 1771, quand la tsarine Catherine II achète la collection du comte de Thiers, la comtesse du Barry intervient pour que le portrait de Charles Ier à la chasse, aujourd’hui conservé au Louvre, demeure en France. Face à la vitalité débordante d’un Breughel ou d’un Rubens, contre la rudesse populaire qui inspire le génie d’un Jordaens, Van Dyck nous offre une image toute différente de la peinture flamande. Le souci de raffinement et d’élégance qui caractérise son œuvre séduit sans doute moins nos contemporains que la puissance émanant des tableaux d’un Hals ou d’un Velasquez, mais il lui a donné jusqu’au XIXe siècle une postérité illustre en fournissant à l’art du portrait un modèle de perfection qui ne sera pas remis en cause jusqu’à l’explosion romantique. Nos escapades à Londres pour découvrir l'exposition Van Dyck | Frans Hals et les maîtres du Siècle d'Or de Haarlem Kunsthalle der Hypo-Kulturstiftung, du 13 février au 7 juin Souvent sous-estimé au profit de ses compatriotes Rembrandt et Vermeer, Frans Hals, le maître de Haarlem, fait l’objet à partir de février, d’une exposition présentée à la Kunsthalle der Hypo-Kulturstiftung de Munich, une présentation élargie à d’autres peintres tels que Jacob van Ruysdaël ou Jan Steen originaires de la même cité que lui. Celui à qui nous devons l’admirable portrait de Descartes conservé au Louvre demeura longtemps méconnu, au point d’être considéré comme le représentant d’une peinture «mineure» dont le charme«pittoresque» confirmait bien la qualité secondaire. Le XVIIIe siècle et la première moitié du XIXe préféraient les constructions rubéniennes ou les portraits de cour de Van Dyck, et Frans Hals n’échappait pas à la condescendance de la critique officielle. C’est l’époque romantique qui le «réhabilita», mais pour faire abusivement de lui une sorte d’artiste «maudit». Les documents que fournissait la recherche historique ne le présentaient-ils pas comme un joyeux luron affilié à la «société des Sarments de vigne», comme un mari ivrogne dont l’épouse était souvent battue, comme un débiteur constamment poursuivi par les commerçants de sa ville? Si l’on ajoute à cela les personnages éméchés qui apparaissent constamment dans son œuvre, le fait que l’un de ses fils et l’une de ses filles aient mal tourné, la pension que lui versa dans ses dernières années la municipalité de Haarlem, tous les éléments étaient réunis pour faire du peintre de La Bohémienne un artiste marginal se complaisant dans la fréquentation d’une populace douteuse et finissant ses jours à l’asile de vieillards. Hors ses premiers biographes expliquèrent que Les régents avaient été peints dans les dernières années de sa vie en guise de remerciement pour le toit qu’ils avaient bien voulu offrir à notre malheureux octogénaire. Toute cette mythologie de l’artiste pittoresque et «maudit» a été heureusement dépassée depuis plusieurs décennies. Dès le XIXe siècle, les meilleurs des créateurs du temps devinaient la dimension d’une œuvre qui échappait largement au domaine de «la peinture de genre» que l’on avait trop rapidement assimilée à la peinture hollandaise dans son ensemble. A une époque au cours de laquelle certains cuistres plaçaient Gérard Dou au-dessus de Vermeer, Gustave Courbet, Edouard Manet et Eugène Fromentin mesuraient plus justement l’apport essentiel du maître de Haarlem. Il apporta autant à Manet que Velasquez ou Goya et lui inspira le joyeux buveur du Bon Bock; Fromentin, qui réhabilita «les maîtres d’autrefois» néerlandais, fut touché par la richesse d’expression de ses portraits, par le réalisme souvent truculent de ses banquets d’officiers et par la sombre majesté des Régentes; il considérait comme une faiblesse due à son grand âge la facture préimpressionniste des dernières œuvres, mais c’est dans la perspective de sa démarche antimoderniste qu’il convient de replacer cette réserve. Quelques années plus tard, en 1885, Vincent Van Gogh sera fasciné par la Maigre Compagnie du Rijksmuseum d’Amsterdam et écrira à son frère Théo: «[…] Le gaillard orange, blanc et bleu dans le coin gauche du tableau, j’ai rarement vu personnage plus divinement beau, c’est unique. Delacroix aurait été emballé à l’extrême. J’en suis resté là comme cloué sur place, à la lettre…» Le maître de Haarlem a retrouvé depuis toute la place qui lui revient au sommet du siècle d’Or hollandais et a complètement échappé à la«peinture mineure» dans laquelle il fut, comme la plupart de ses compatriotes, trop longtemps confiné. L’exposition de Munich est l’occasion de redécouvrir un artiste et une œuvre qui ont amplement contribué à la naissance de la modernité picturale. Notre voyage en Bavière pour découvrir l'exposition Notre croisière aux Anciens Pays-Bas pour découvrir les grands musées de Hollande et de Belgique La civilisation du "Siècle d'or" aux Pays-Bas, par Christophe De Voogd | | |
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C’est une Dresde renaissante, à l’image de la Frauenkirche récemment reconstruite lançant sa flèche vers le ciel, qui accueille désormais ses visiteurs au festival qui est devenu un rendez-vous obligé pour tous les mélomanes européens. Une manifestation qui est aussi l’occasion de découvrir la «Florence de l’Elbe», immortalisée au XVIIIe siècle par le pinceau de Bellotto. La Kreuzkirche rappelle le temps où la ville connut son premier essor, favorisé par la présence d’une sainte relique de la Vraie Croix qui attirait là des multitudes de pèlerins. L’ensemble palatial du Zwinger, construit pour le roi Auguste le Fort, constitue un ensemble palatial baroque qui exprime le goût de ce contemporain de Louis XIV, amoureux de ses collections de porcelaines et de vases chinois. C’est non loin de là, à Meissen, que furent installées les célèbres fabriques de porcelaine qui firent de la Saxe un véritable laboratoire de cette production nouvelle en Europe, avant que la manufacture de Sèvres ne vînt lui contester cette place de choix. Dresde abrite également, à la faveur des acquisitions réalisées par des princes mécènes, une remarquable collection de peintures conservées à la Gemaldegalerie, dont la Madone Sixtine de Raphaël, acquise en 1753, a constitué le trésor le plus célèbre. Le règne d’Auguste le Fort, qui s’étend de 1694 à 1733, apparaît particulièrement heureux pour la ville qui vit alors, outre la réalisation du Zwinger par l’architecte Poppelmann entre 1711 et 1722, le début, la même année, des travaux de la Frauenkirche confiés à l’architecte Bähr. Ce n’est qu’en 1738, après la mort du grand souverain, que l’Italien Gaetano Chiaveri entreprit l’édification de la Hofkirche, l’église de la Cour. La forteresse de Königstein, les admirables vues sur la «Suisse saxonne» et le pavillon de chasse construit pour Auguste le Fort à Moritzburg constituent par ailleurs, à proximité de la ville, des destinations qu’il faut éviter d’oublier. La présence de la cour saxonne a favorisé très tôt la vie musicale artistique mais, dès le XIIIe siècle, un chœur de l’église de la Croix (Kreuzkirche) est mentionné et le margrave Maurice de Saxe créa une cantoria au XVIe, avant que le siècle suivant fût illustré par la présence entre 1615 et 1672, comme maître de chapelle de ses successeurs de Heinrich Schütz. Carl Maria von Weber vécut à Dresde où Wagner présenta en 1842 son Rienzi, après que la ville eut été, avec Caspar David Friedrich, le foyer principal de la peinture romantique allemande. L’édition 2009 du festival propose un programme aussi riche que divers puisque Marek Janowski dirigera, à la tête de l’orchestre de la Radio de Berlin, la Septième Symphonie de Beethoven et le Deuxième Concerto pour piano de Brahms. C’est dans les mêmes lieux au Semperoper, dont l’architecture inspira à Charles Garnier celle de l’opéra de Paris que sera présenté l’ Othello de Verdi. La dernière de ces soirées musicales se déroulera à la Annenkirche où les membres du Berliner Barockssolisten interprèteront des pièces instrumentales et vocales de Bach et de Telemann. Notre voyage au Festival de Dresde | |
3/ Patrimoine mondial de l'Humanité |
Moins connu que le site de Persépolis qui résume à lui seul ce que furent la puissance et la gloire de l’empire des Achéménides, celui de Pasargades n’en constitue pas moins un témoin majeur de l’Histoire de cette dynastie, fondatrice du premier grand empire oriental, étendu, lors de sa plus grande extension, des rives du Nil à celles de l’Indus. Les vestiges de ce qui fut la première capitale de l’Empire perse se dressent à 1900 m d’altitude, dans les monts Zagros, à un peu moins de cent kilomètres au nord-est de Persépolis, dans l’actuelle province du Fars. Selon une tablette élamite découverte à Persépolis, le nom originel du lieu était Batrakatash, devenu Pathragada, «le camp des Perses», retranscrit en grec sous la forme familière de Pasargades. Strabon rapporte que la cité fut édifiée par Cyrus II le Grand là où il avait vaincu le roi mède Astyage mais cette interprétation est aujourd’hui discutée. La date de fondation se situerait vers le milieu du VIe siècle avant J.-C., ce que semble confirmer l’archéologie. La ville demeure la capitale de l’empire jusqu’au règne de Darius Ier, le vaincu de Marathon, qui entame la construction de Persépolis. Artaxerxès II se fera encore couronner à Pasargades à la fin du Vème siècle avant J-C et un rite d’investiture du souverain semble s’y être régulièrement déroulé, celui au cours duquel il devait enlever sa robe pour revêtir celle de Cyrus II. Comme Persépolis, et à la différence d’Ecbatane ou de Suse, Pasargades fut peut-être davantage un centre religieux qu’une capitale à proprement parler administrative, la notion de ville-capitale étant elle-même sujette à débat dans le cas de l’Empire perse, le centre politique du royaume variant sans doute en fonction des déplacements du souverain. Le site archéologique s’étend sur 1,6 km2 et paraît beaucoup moins spectaculaire que celui de Persépolis, dans la mesure où les ruines sont aujourd’hui très dispersées. Le cœur du lieu est la citadelle, le Tall-i-Takht ou «Trône de la Colline», qui dominait un jardin correspondant au modèle des «paradis» aménagés dans les grands ensembles palatiaux de l’Empire perse, et le palais résidentiel lui-même, distinct de celui réservé aux audiences, connu sous le nom d’apadana. Le palais résidentiel de Cyrus II, étendu sur 2 620 m2, comprenait une salle centrale hypostyle avec cinq rangées de six colonnes, quatre terrasses orientées dans les directions des points cardinaux et deux chambres placées dans les angles. D’allure originale, ces édifices n’en empruntent pas moins aux modèles fournis alors par les palais assyriens, et des artisans ioniens ont participé à leur construction et à leur décoration. Le plus important et le plus connu des monuments de Pasargades demeure cependant le petit tombeau de Cyrus II, situé au sud-ouest de la ville. C’est un mausolée recouvert d’un toit à double pente, placé sur un socle à six degrés. La chambre funéraire est de dimension modeste (3,17 m, sur 2,11 m, pour une hauteur de 2,11m). Alexandre trouva, en 330 avant J.-.C, le tombeau intact, mais put constater, en - 324, qu’il avait été violé et ordonna alors sa restauration. Selon Arrien, les Grecs auraient trouvé à l'intérieur du sépulcre un lit d’or et un cercueil en or décoré de pierres précieuses. C’est parce qu’il fut présenté comme un mausolée construit en l’honneur de la mère d’un chef arabe que ce tombeau fut épargné au VIIe siècle par les conquérants musulmans… On a récemment découvert que les constructeurs de la ville avaient pris en compte les risques sismiques dans l’aménagement de ses fondations, mais c’est un autre danger qui menace aujourd’hui le site du fait de la construction, à partir du printemps de 2007, du barrage voisin de Sivand, une entreprise qui risque d’aboutir à l’inondation de zones entières, dont les abords du site archéologique. Nos voyages pour découvrir Pasargades : Grand circuit en Iran, Trésors d'Iran, Grand circuit archéologique en Iran | |
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Etendue au sud de la péninsule ibérique, la région dont le nom rappelle le temps où l’Islam établit au sud-ouest de l’Europe le brillant foyer de civilisation que fut al Andalus conserve une identité tout à fait particulière, héritée de ces siècles lointains qui virent se succéder les souverains ommeyades, almoravides, almohades ou nasrides, le temps où, sur la frontière mouvante établie à hauteur du Tage puis de la sierra Morena, les chevaliers de Santiago de la Espada et les combattants du djihad s’affrontaient au nom du Christ et d’Allah. Pays de cocagne où prospérèrent dès l’Antiquité la brillante civilisation tartessienne puis la Bétique romaine riche de ses ressources minières, la région vit se développer, dans le bassin du Baetis appelé à devenir le Guadalquivir, une brillante civilisation ibéro-romaine illustrée par les empereurs Trajan et Hadrien, tous deux originaires d’Italica, l’ancêtre de Séville, et par des écrivains tels que Sénèque et Martial, natifs pour leur part de l’ancienne Córdoba. Les envahisseurs musulmans qui succédèrent au VIIIe siècle aux conquérants wisigoths, imposèrent ensuite leur marque à une vaste région qui s’étend largement au-delà des limites de l’actuelle Andalousie, mais il n’en reste pas moins que c’est à Cordoue, à Séville, à Grenade ou à Almeria que leur héritage demeure le plus présent. La grande mosquée de Cordoue, convertie en cathédrale après l’accomplissement de la Reconquête, demeure l’un des monuments les plus remarquables de l’architecture religieuse arabo-musulmane, la même remarque vaut pour la Giralda, l’ancien minaret de la grande mosquée almohade qui se dresse aujourd’hui sous le ciel de Séville. A Medina Az Zahara, le «Versailles ommeyade» du calife Abd er Rahman III, c’est tout le raffinement de la culture musulmane andalouse qui s’exprime, peu de temps avant qu’une période chaotique ne vienne succéder au brillant apogée du Xe siècle. Derrière les formidables murailles de l’ Alhambra de Grenade, c’est un univers au décor merveilleux et aux jardins de rêve qui se révèle pour nous rappeler les grandeurs et le délicieux art de vivre du défunt royaume nasride que les romantiques, Chateaubriand et Washington Irving entre autres, surent faire surgir de l’oubli. L’épisode musulman de l’Histoire régionale demeure également présent dans les murailles de l’alcazaba de Malaga, dans l’enceinte de Tarifa, à l’extrême pointe méridionale de l’Europe, ou dans les puissants remparts d’Almeria d’où partaient, à la veille de l’an mil, les corsaires qui venaient piller les côtes provençales et italiennes. Reconquise par les Rois catholiques dont les tombeaux occupent toujours la chapelle royale de Grenade, l’Andalousie devient rapidement l’une des régions les plus prospères d’Europe; c’est à partir de Séville et de Cadix que s’opère en effet la découverte et l’exploitation des Indes occidentales, l’immense empire américain qui va faire la fortune de l’Espagne du siècle d’Or. Une richesse qui trouve sa traduction monumentale dans la Casa de Pilatos ou l’hôpital de la Charité de Séville, dans les magnifiques palais Renaissance d’ Ubeda et de Baeza, dans l’ église San Salvador de Jerez de la Frontera. C’est aussi le temps où la grande cité du Guadalquivir constitue le terreau sur lequel fleurissent, de Velasquez à Murillo, les meilleurs talents artistiques du temps. Le déclin espagnol fera ensuite de l’Andalousie une belle endormie mais elle occupe, à travers les récits de voyage de Théophile Gautier, les tableaux de Manet ou la Carmen de Mérimée et de Bizet une place de choix dans l’imaginaire exotique de l’Europe, avant que Rafael Alberti, Juan Ramon Jimenez et Federico Garcia Lorca ne viennent lui donner au cours d’un premier XXème siècle si tragique pour l’Espagne de nouvelles lettres de noblesse, en immortalisant les flots argentés de l’Atlantique près de Cadix et les parfums si particuliers qui se dégagent à la tombée du soir au pied de la Sierra Nevada, de la vega de Grenade. Nos voyages pour découvrir l'Andalousie : Grand circuit culturel en Andalousie, Cordoue, Séville, Grenade : trésors d'Andalousie, Croisière sur le Guadalquivir : Andalousie, Cadix, Algarve | |
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Croatie, Bosnie, Monténégro, Albanie Longtemps négligés à l’époque de la guerre froide, les rivages de l’Adriatique offrent aujourd’hui à leurs visiteurs, des côtes dalmates aux bouches de Kotor, des paysages naturels d’une rare beauté en même temps qu’un patrimoine monumental qui rappelle ce que fut la riche Histoire de ces régions, placées au contact de l’Europe occidentale et de la péninsule balkanique, des mondes byzantin et latin, là où les comptoirs de la Sérénissime République de Venise côtoyèrent, plusieurs siècles durant, les possessions du Grand Turc. C’est à partir de Koper, sur les côtes slovènes de l’Istrie, que débute la croisière de l’Arion, qui conduit initialement les passagers vers Zadar, l’ancienne Zara, dont on sait comment elle fut prise par les Vénitiens à la faveur de la quatrième croisade appelée à se terminer à Constantinople. La cathédrale Sainte-Anastasie et l’ église gothique du couvent Saint-François permettent d’imaginer ce que fut la prospérité médiévale de ce port aujourd’hui accueillant aux touristes. L’escale ultérieure de Ploce est l’occasion de pousser une pointe à l’intérieur des terres, jusqu’à Mostar, célèbre pour son pont sur la Neretva construit par un architecte ottoman élève de Sinan, puis détruit durant la guerre bosno-croate en 1993 avant d’être aujourd’hui reconstruit comme symbole d’une réconciliation incertaine. Un temps place byzantine après la reconquête opérée au VIe siècle par Bélisaire, Korcula demeura ensuite un port vénitien jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Après avoir longé les côtes du Monténégro, l’Arion s’engagera dans les célèbres bouches de Kotor, l’un des plus beaux paysages littoraux du monde. Le visiteur peut retrouver dans la cité qui occupe le fond de la baie les traces de son passé byzantin et c’est à partir de là qu’une incursion est possible jusqu’à Cetinjé, capitale du royaume de Monténégro de 1878 à 1918. Le débarquement à Dürres, héritière de l’ancienne Dyrrachium, permet d’aller découvrir le site d’Apollonia, le principal établissement grec identifié dans l’actuelle Albanie. Le retour s’effectuera par Dubrovnik, l’ancienne Raguse, surnommée à juste titre la «perle de l’Adriatique» en raison de son magnifique patrimoine monumental médiéval, renaissance et baroque. Split, où Dioclétien fit édifier l’immense palais que l’on sait, et Trogir, dont le portail roman de la cathédrale Saint-Laurent constitue l’un des chefs d’œuvre de l’art médiéval, représentent, avant le retour à Koper (Capodistria), l’ultime étape d’un périple qui se confond avec la découverte de tout un pan, adriatique et balkanique, trop souvent ignoré de l’identité européenne. Croisère Trésors de l'Adriatique | |
6/ Les conférences de Clio à Paris |
Conférences de Nestor Luis Cordero consacrées à la philosophie grecque Les auditeurs habitués des conférences proposées par Clio à la Maison des Mines connaissent bien Nestor Luis Cordero, qui leur fait découvrir pour la troisième année consécutive les arcanes de la philosophie antique. Professeur émérite à l'Université de Rennes, il a aussi longtemps enseigné à la Sorbonne et s'est imposé comme l'un des meilleurs spécialistes contemporains de la pensée présocratique. Mais si Héraclite, Empédocle, Parménide ou Anaxagore n'ont aucun secret pour lui, il n'a pas négligé pour autant les grands penseurs classiques et c'est à Platon et Aristote qu'il consacrera en janvier les interventions à l'occasion desquelles son fidèle public pourra découvrir sa lecture personnelle des deux penseurs majeurs de notre héritage grec. Les trois conférences consacrées à Platon (dont la première a déjà eu lieu le 8 décembre) mettront en évidence les étapes qu'il est possible de distinguer dans la genèse de la pensée mise en forme par le père de l'Académie. La fondation du groupe et les dialogues du maître seront abordés le 5 janvier et l'analyse de la théorie des formes une semaine plus tard. Les traits principaux de la philosophie aristotélicienne seront évoqués les 19 et 26 janvier. On peut, comme d'habitude, faire confiance à Nestor Luis Cordero pour rendre claires et intelligibles des pensées dont l'approche se révèle parfois difficile pour les non-spécialistes. Son érudition sans défaut, mise au service d'une exceptionnelle aisance oratoire, lui valent par ailleurs, en ce même mois de janvier, de recevoir le titre de «citoyen d'honneur» de la ville d'Elée, titre décerné par le conseil municipal d'Ascea, la commune proche de Salerne qui est l'héritière de l'ancienne patrie de Parménide et de Zénon. Participant de longue date aux sessions annuelles de philosophie organisées dans ce qui fut jadis l'une des cités les plus brillantes de la «Grande Grèce», Nestor Luis Cordero reçoit ainsi la récompense de l'immense travail réalisé pour ouvrir au grand public cultivé la connaissance des philosophes présocratiques. Assister aux conférences sur la philosophie des stoïciens et les épicuriens | |
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Le prix d’archéologie Clio Le site paléolithique à cabanes en os de mammouths de Gondsy, Ukraine La remise en novembre dernier, au Salon du patrimoine culturel, du prix d’archéologie offert par Clio a été l’occasion de mettre en avant (2e pris ex æquo) les recherches conduites sur le site ukrainien de Gontsy par une équipe du CNRS et de l’Université Paris I dirigée par François Djindjian. Le site paléolithique concerné se trouve à 200 kilomètres environ au sud-est de Kiev, sur la rive droite d’une petite rivière se jetant dans la Soula, un affluent du Dniepr. La station étudiée est établie sur une terrasse qui s’abaisse en pente douce vers le cours d’eau situé à 1200 mètres de là. Le versant de la vallée est découpé par des ravines qui ont formé un promontoire tout naturellement occupé par un campement préhistorique à la fin de l’époque glaciaire. Ce site de Gontsy fut le premier site préhistorique découvert en Russie, en 1871. Des ossements d’espèces quaternaires fossiles et des silex taillés permirent alors d’affirmer l’ancienneté de la présence humaine dans ces régions, et ce dès l’époque glaciaire. Fouillé en 1873 puis en 1915, 1935 et 1977, le site révéla l’existence d’habitations rudimentaires de plan circulaire et la présence en quantités imposantes d’ossements de mammouths. C’est de la collaboration établie entre l’Institut d’archéologie de l’Académie des Sciences d’Ukraine et le laboratoire du CNRS spécialisé dans l’étude de l’Asie centrale qu’est issue la mise en œuvre en ce lieu de nouvelles campagnes de fouilles. Une fois constituée au cours des années 1990 l’équipe franco-ukrainienne dirigée par François Djindjian et Ludmilia Iakovleva, les travaux réalisés ont permis de mettre en œuvre des méthodes de fouilles originales reposant sur l’établissement d’une stratigraphie très fine et permettant d’améliorer les techniques de décapage utilisées dans les années 1930 sur le site de Kostienki et, par la suite en France, sur le site de Pincevent, par André Leroi Gourhan et ses collaborateurs. Le site de Gontsy est un campement de chasseurs paléolithiques à cabanes en os de mammouths, daté du Paléolithique supérieur (14 676 – 14 110 BP). Ce site fait partie de la douzaine d’endroits où ont été localisés, en Europe orientale, des cabanes utilisant comme matériau les os de mammouth. Il correspond à une habitation résidentielle semi-sédentaire comprenant cabanes, fosses, foyers, zones d’activités, zones de rejets et dépotoirs, zones de boucherie et d’accumulations d’ossements de mammouths… Six structures d’habitat ont été reconnues, ainsi que de nombreuses fosses dont on a pu identifier les diverses fonctions (extraction de lœss pour colmater les parois des cabanes, réfrigérateur d’été dans le permafrost du fond des fosses, lieux de stockage d’ossements de mammouths, dépotoirs proches des lieux de débitage…). On utilisait, comme matière première pour réaliser l’outillage récupéré, l’ivoire de mammouth, le bois de renne et l’os. Coquillages et objets de parure sont également présents, alors que l’usage de l’ocre est attesté. Autant d’éléments qui permettent de reconstituer assez précisément les conditions de vie des occupants de l’endroit vers la fin de la dernière période glaciaire. Accéder au dossier Les premiers habitats construits du monde occidental : le site paléolithique à cabanes en os de mammouths de Gondsy | |
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Françoise Dunand et Roger Lichtenberg, Actes Sud Ancien membre de l’Institut français d’archéologie orientale du Caire, professeur émérite d’histoire des religions à l’Université Marc Bloch de Strasbourg, Françoise Dunand - qui a accompagné à de nombreuses reprises les voyageurs partis découvrir avec Clio la civilisation pharaonique - était la spécialiste toute désignée pour présenter les oasis du désert occidental égyptien. Elle étudie en effet depuis un quart de siècle, avec le docteur Lichtenberg, les nécropoles d’époque ptolémaïque et romaine de l’ oasis de Kharga ainsi que les sites voisins de Douch et El Deir. Les oasis du désertlibyque constituent un monde bien différent de celui de la vallée du Nil. Située au nord-ouest, non loin de la frontière libyenne, Siwa présente des caractéristiques originales, au confluent des influences égyptiennes, libyennes et grecques, puisque, dès le VIIe siècle avant J.-C, les colons venus de Théra se sont installés à Cyrène. C’est là qu’Alexandre, devenu le maître de l'Égypte, viendra consulter l’oracle d’Amon avant de partir à la conquête de l’Orient. Échelonnées plus à l’est, du nord au sud, les oasis de Bahariya, Farafra, Dakhla et Kharga constituent autant d’espaces de vie au milieu des étendues hostiles du désert, que les anciens Égyptiens considéraient comme le domaine de Seth, le meurtrier d’Osiris. Ces modestes espaces de verdure formant un chapelet parallèle au Nil témoignent de la présence, aux lointaines époques où le Sahara était vert, d’un ancien fleuve disparu depuis des temps immémoriaux. Ces avant-postes de la vallée du Nil ont livré des traces d’occupation remontant aux époques préhistoriques et sont apparues très tôt au pouvoir pharaonique comme les éléments d’une ligne de défense indispensable face aux menaces que faisaient peser sur la vallée les nomades pillards du désert en même temps que le moyen de contrôler les routes caravanières par lesquelles transitaient vers le nord les produits venus de l’Afrique noire. L’ouvrage de Françoise Dunand et de Roger Lichtenberg nous propose une vision globale – géographique, historique et archéologique - de ce monde original qui, loin des foules attirées par les sites les plus célèbres de la vallée du Nil, s’ouvre depuis une quinzaine d’années à un tourisme culturel de haut de gamme. L’un des chapitres les plus passionnants du livre nous rapporte l’histoire de la découverte de ces lieux, depuis les simples mentions de Strabon aux récits des voyageurs arabes tels que Ibvn Hawqal et Makrisi, en passant par Poncet, Browne, Hornemann, Cailliaud, Rohlfs et Ball pour arriver aux travaux pionniers d’Ahmed Fakry et aux recherches entamées à l’initiative de Serge Sauneron, directeur dans les années 1970, de l’Institut français d’archéologie orientale du Caire. Plus récemment, ce sont les fouilles de Françoise Dunand et de Zahi Hawass qui ont permis d’approfondir notre connaissance de ces régions, notamment aux époques ptolémaïque et romaine. Le chapitre consacré aux vestiges laissés par les religions qui se sont succédé en ces lieux, des croyances de l’ancienne Egypte - illustrées par les superbes décors de la tombe de Pétosiris dans l’oasis de Dakhla - au christianisme qui nous a laissé l’impressionnante nécropole de Bagahwat et à l’islam dont on retiendra, à Siwa, l’étrange minaret de la mosquée d’Aghourmi, résume admirablement plusieurs millénaires d’évolution spirituelle. C’est donc à la découverte d’une autre Égypte que nous convie ce superbe album, qui se veut aussi une invitation au voyage. Notre voyage avec Françoise Dunand en oasis de l'Egypte | César Itier, Guides Belles Lettres des civilisations Après avoir abordé Les Gaulois (avec Jean-Louis Brunaux), L’Islande des Vikings (Régis Boyer), l’ Espagne médiévale (Adeline Rucquoi) ou Rome (Jean-Noël Robert), l’excellente collection Guide Belles Lettres, qui en est à son vingt-cinquième titre, nous propose un ouvrage consacré aux Incas, réalisé par César Itier, un spécialiste de l’histoire des régions andines. La formule de la collection privilégie après avoir présenté l’histoire de la civilisation ou de la période considérée, une approche thématique mettant en lumière l’organisation sociale, la vie économique, le rapport au temps, les croyances et les pratiques religieuses, les arts et les différents aspects de la vie privée, de l’habitat à l’alimentation, du vêtement à la médecine ou aux divertissements. Le résultat est un excellent petit manuel qui établit de manière très didactique et très claire les connaissances et les mises au point nécessaires sur un sujet à propos duquel l’imagination débordante de certains conjuguée avec les zones d’obscurité qui demeurent dans l’histoire des populations amérindiennes des Andes, ont souvent favorisé les élucubrations les plus déroutantes. L’auteur insiste tout d’abord sur ce que les Incas, qui construisent leur empire vers la fin de notre Moyen Age, doivent à l’héritage du passé, dans une région où se sont développées, trois millénaires plus tôt, les premières sociétés organisées autour d’importants centres cérémoniels tels que celui de Chavin de Huantar. Il replace ainsi dans le continuum historique les cultures de Paracas et de Nazca, celles de Chan Chan et de Tiahuanaco en situant exactement leurs zones d’extension respectives et leurs caractéristiques originales avant de résumer l’Histoire, très connue celle-là, de la conquête du Pérou effectuée par Pizarre et ses compagnons. Il décrit ensuite de manière très complète les différents aspects de cette civilisation étrange dans laquelle certains ont voulu voir la préfiguration d’un «socialisme» plus ou moins rêvé, sans dissimuler les questions qui demeurent encore sans réponses. D’intéressantes annexes et une illustration heureusement sélectionnée contribuent enfin à faire de ce petit ouvrage un précieux instrument de découverte d’un monde qui continue à susciter la curiosité de nos contemporains, séduits par l’altérité radicale de cette civilisation si lointaine. Nos grands circuits pour découvrir la culture des Incas : Grand circuit andin Pérou et Bolivie et Pérou - Bolivie, grand circuit andin à l'occasion de la fête de l'Inti Raymi | |