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11/09/2009

LE LIBÉRALISME DÉTRUIT TOUTE IDÉE DE VIE.

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Le néo-libéralisme nous offre son cortège de drames Humains avec son non-respect des travailleurs intérimaires, des précaires, chômeurs, rmistes, tous exclus de la société de consommation. Les exclus de la machine à profits aussi, les retraités ayant à peine de quoi survivre en attendant au bout du chemin la misère, la mort, froide, ou caniculaire, mais finalement planifiée. Tout cela présenté dans les journaux, sauf certains, comme une fatalité. Nos vies ne valent plus que ce que les statistiques en font. La des truction de la planète fomentée par quelques poignées de dirigeants de multinationales anonymes.
Les êtres humains que nous sommes ont-ils perdus tout espoir, tout désir de vivre une vie épanouissante, libre ? Une vie basée sur le partage, la solidarité, la fraternité. Une vie débarrassée des entraves du travail inutile, du fric, de la valeur marchande, du pouvoir. Une vie sans dominants ni dominés. Une vie où nous prendrons le temps de vivre, de profiter nous aussi. Nous qui produisons par notre labeur toute la richesse, nous n’avons droit qu’à des miettes. Consommation de survie pour beaucoup d’entre nous, alors qu’il y a de quoi donner à tous couverts, soins et logis. Consommation de choses, de besoins inutiles que l’on se crée, que l’on nous crée, et que l’on paye de toute notre vie par le travail et l’allégeance au système. Créons une société de liberté non basée sur le profit. Nous savons tout faire. Nous savons produire ce qui est nécessaire à l’homme. La nourriture, l’abri, les soins. Nous pouvons nous organiser autrement. Vivre en fabriquant du plaisir, de la joie de la fraternité plutôt que continuer dans la spirale mortifère de l’exploitation, de la guerre, de l’anéantissement quotidien de la planète sur laquelle nous ne sommes qu’un infiniment petit souffle de vie. L’heure est venue de partager autre chose que la galère, la misère pendant qu’ils jouissent de tout sur notre dos. Le néo-libéralisme nous offre la souffrance emballée dans un joli papier cadeau et nous rend irresponsable de notre devenir. Nous sommes capables de construire une société alternative dont l'homme ne serait plus un loup pour autrui. Les politiques sécuritaires sont des mesures fascistes et de contrôle des humains sans notre autorisation. Nous ne pouvons continuer à vivre dans un monde qui laisse crever ses ados, ses enfants mais, parle de profits constamment. Je dis non au capitalisme sauvage qui détruit toute idée de Vie. Et vous, êtes-vous prêts à assumer un projet d'existence dont vous ne seriez plus les pions sur le grand échiquier de la pensée libérale castratrice ?



Bruno LEROY.

13:03 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CHRONIQUE DE BRUNO LEROY. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, politique, spiritualite, spiritualite de la liberation |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

31/07/2009

UNE JUSTICE SOCIALE CONTRE LES PAUVRETÉS.

 
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L’objectif de justice sociale rejoint l’objectif d’efficacité pour souligner l’importance de la lutte contre la pauvreté des enfants dans ses conséquences sur leur devenir.

Si les pouvoirs publics, comme la société dans son ensemble, décidaient de mettre à leur agenda la réduction de la pauvreté des enfants, il faudrait répondre à trois questions :

• Que savons-nous des situations d’enfance pauvre dans la société

française contemporaine et de leurs conséquences sur le devenir de ces

enfants ?

• Quelles orientations donner aux politiques publiques ?

• Quelles sont les améliorations de l’observation et de l’analyse à engager rapidement ?

C’est à partir de ces trois questions que s’organise une synthèse de réflexion :

« Des personnes vivent dans des situations de pauvreté si leur revenu et leurs ressources (matérielles, culturelles et sociales) sont à ce point insuffisantes

qu’elles les empêchent d’avoir des conditions de vie considérées comme

acceptables dans le pays membre où ils vivent. »

Cette définition, donnée par le Conseil Européen en 1984, souligne tout d’abord que la pauvreté est un phénomène relatif : on est pauvre au sein d’une société donnée. Elle met en évidence aussi que la pauvreté est un phénomène ayant à voir avec l’exclusion : la pauvreté peut couper ceux qui en souffrent du reste de la société, en les empêchant d’accéder aux normes de consommation, en engendrant un phénomène de « honte », en les incitant à demeurer dans un « entre-soi » aux effets démobilisateurs.

À cette définition il faudrait ajouter, s’agissant des enfants, que l’insuffisance des ressources à leur disposition peut les empêcher d’espérer atteindre, à l’âge adulte, les conditions de vie qui seront acceptables dans la société où ils vivront plus tard : la pauvreté des enfants doit aussi être analysée dans ses effets dynamiques.

On peut mesurer la pauvreté des enfants de bien des manières : faiblesse des revenus familiaux (on parlera alors de « pauvreté monétaire »), conditions de vie dégradées, handicaps sanitaires, échec scolaire lié à la situation familiale ou aux conditions matérielles de travail, illettrisme, pauvreté du réseau de relations sociales, etc. Mais, dans tous les cas, ces situations ne sont pas rares en France. Lorsque la grande pauvreté conduit ceux qui la subissent à vivre sans domicile, dans des habitations précaires, etc., ils échappent à l’observation statistique courante et donc à la plupart des analyses qui seront développées.

Il est de notre conscience de citoyens de désirer mettre un terme au quotidien à ses situations inhumaines.Chacun peut là où il se trouve faire en sorte de militer en faveur de ses enfants afin qu’ils recouvrent leur dignité. Nul besoin d’être spécialiste éducatif ou social pour mesurer l’urgence de l’action à mener. Chaque Citoyen ( ne ) Français est responsable du devenir de ses enfants. Nous n’avons pas le droit de baisser les bras sous prétexte de l’ampleur de la tâche à mener. Militer dans les associations ou créer la sienne...

L’Amour du prochain est inventif à l’infini. A nous de trouver les solutions et des gestes qui grandissent l’autre et notamment nos enfants. Il faut en finir avec cette charité prônée par une" certaine "conception chrétienne qui se donne bonne conscience en faisant du " social ". Ce que nous voulons, c’est la Justice sociale et nous l’obtiendrons par notre militantisme sur le terrain.

Nous avons tant de combats à concrétiser pour un monde plus fraternel et plus juste ; que notre union au sein d’une conscience politique déterminée est plus que vitale. Nous n’avons malheureusement rien à espérer des technocrates du social qui dorment d’un oeil en regardant nos enfants crever. Nous n’avons rien à espérer d’une politique qui se veut davantage au service de l’économie et ne fait que du paternalisme depuis des années. Notre destin est entre nos mains et il sera ce que nous en ferons.

Puissions-nous saisir l’urgence et avoir un comportement cohérent face aux problèmes de notre temps.

Bruno LEROY.

 

09:52 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CHRONIQUE DE BRUNO LEROY. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite, politique |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

23/07/2009

Notre système fonctionne dans le délire.

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L'exclusion n'est pas que conjoncturelle, elle est structurelle. Notre continent est une machine à fabriquer l'exclusion. Saurons-nous oeuvrer à la construction d'une Europe et d'un monde de solidarité des citoyens ?

Nous sentons que notre système fonctionne dans le délire : d'un côté, la rationalité des techniques et la rentabilité ; de l'autre , l'absurdité et l'irrationnel. Ne pas être dans ce délire, c'est être hors du réel, un exclu qui n'a que le droit de se taire. Comment faire entendre une parole ? Les personnes en difficulté veulent vivre autre chose et sortir de leur état qui ne les satisfait pas.
Nous avons à consentir à un changement de civilisation, c'est dérisoire de le dire. Il faut travailler dans une perspective d'ensemble à long terme, sans déserter notre lieu. C'est une mentalité neuve qui décourage fanatisme et sectarisme : créer, susciter, innover, savoir que c'est du provisoire, mais jamais vain et insignifiant, toujours nécessaire et indispensable.

Si accompagner une personne en difficulté est de l'ordre d'une naissance, nous devons allier savoir, faire et savoir-faire, avoir équipements, matériaux et outils nécessaires. Il nous faut sortir de la logique économique de rentabilité pour une autre logique qui n'est plus marchande, mais humaine : que chacun puisse naître à lui-même, trouver sa voie, sa consistance, sa taille.
Accepter de parier sur des rêves et d'avancer de pari en pari, d'aventure en aventure, d'épreuve en épreuve, se laisser altérer, mettre à mal ses certitudes et renverser les tables de la loi...Oser la relation de confiance, emmagasiner son lot de joies, de souvenirs heureux, d'expériences nouvelles, retrouvailles avec et dans le chemin de la personne. N'est-ce-pas de l'ordre du regard qui désarme et ne juge pas ? Plein de joie et d'intelligence, il autorise l'autre à naître à lui-même et à exister. Ce regard qui ne se contente pas de soutenir le nôtre, mais l'appelle, est présence et discrétion. Ce regard ne tue jamais, il élargit l'espace des possibles.

Pourquoi un délinquant voudrait-il se réinsérer dans la société ? Il est inséré dans cette société, en tant que délinquant, N'oublions pas que la marge fait partie de la page. Notre rôle d'adulte éducateur est la réinsertion du jeune dans son propre être : lui faire découvrir la formidable potentialité de l'être humain, lui faire pointer du doigt que sa situation de jeune en difficulté lui fait développer des capacités de résistance et de vie étonnantes dont nous ne serions peut-être pas capables. Notre rôle est de faire un bout de chemin avec eux pour leur montrer autre chose, leur ouvrir d'autres horizons, leur amener de la culture. Pour cela tous les moyens sont bons, toutes les portes sont possibles, à une condition : le partage des vécus. Le travail social n'est pas de dire : " Tu devrais faire " . Il faut faire- avec, aller-avec. Notre présence active c'est la reconnaissance de l'autre, c'est ce qui fait grandir qu'on ait douze ou trente ans. Il faut aller au devant d'eux, se mettre en situation difficile de déséquilibre d'où surgira la réflexion à deux, adulte et jeune.

Nous devons avant tout retrouver la personne. La pratique éducative ne devrait fonctionner en tout premier lieu qu'avec cette conviction. Toute société se vit de mythes et d'histoires constitutives, l'être humain ( et le jeune qui nous préoccupe ici ) est à la fois plus simple et plus complexe que la société. S'il a besoin " d'histoire " , pourquoi cette histoire que nos sommes sensés aider à restituer ne serait-elle que pragmatique, normative, adaptée aux besoins de la marche sociale ? Pourquoi ne serait-elle pas, au niveau de notre tâche éducative, la recherche de moments heureux, de souvenirs marquants, de déstabilisations consenties avec la protection d'un adulte ? Toute joie emmagasinée est un sacré pas sur le chemin du grandir. Nous l'oublions souvent. Nos prétentions de réinsertion des jeunes en difficulté sont souvent éloignées de la réalité. Or, la réalité, ce sont eux. Nos convictions mises en oeuvre et nos paroles étant vraies, les exclus pourront être associés aux mesures économiques, remis dans le circuit de leur responsabilité. Le cercle infernal de l'exclusion pourra être brisé, ouvert. Si les éducateurs de rue partent du principe que l'exclusion n'est pas une fatalité, elle peut se combattre. Mais il y a nécessité et urgence à renouveler notre conception de la vie et du travail social. Seul, notre regard anticonformiste sur les raisons et les causes de l'exclusion des jeunes, nous fera changer nos relations éducatives et nous empêchera de penser la réinsertion en terme de production, comme souvent la société nous le demande. Je suis, de part mes fonctions, au service des jeunes et non de politiques capitalistes qui rêvent de rendre productives toutes les machines humaines. Je travaille pour l'épanouissement des jeunes et non leur aliénation au nom de quelques idéologies que ce soient, c'est mon regard d'éducateur de rue qui aime voir grandir l'adolescent en fonction de sa personnalité intérieure en pleine liberté de son devenir, qui me donne la force de continuer à temps et contre-temps.

Bruno LEROY.

11:31 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CHRONIQUE DE BRUNO LEROY. | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : christianisme, politique, social, education, spiritualite, foi, catholique |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

09/05/2009

Rassemblement contre la précarité dans l’éducation.

Lille  : rassemblement contre la précarité dans l’éducation.

Des dizaines de milliers de collègues sous contrats "d’avenir" ou "d’accompagnement dans l’emploi" seront cyniquement renvoyés au chômage cet été. Ces contrats précaires, formés et intégrés aux équipes, couvrent pourtant des besoins permanents et indispensables dans les établissements scolaires. Non au plan social dans l’éducation ! Titularisation de tous les précaires ! Rendez-vous devant le lycée Gaston Berger à Lille (avenue Gaston Berger, M° Porte de Douai) le 13 mai 2009 à 15h à l'initiative du réseau Nord Pas-de-Calais contre la précarité dans l'Education.

Tract-pétition à télécharger (format pdf - 2 pages - 66 ko) :
http://www.cnt-f.org/59-62/rassemblement_precarite_13mai09_Lille.pdf
1) CAE/CAV : quel emploi, quel avenir pour nous ? 2) Appel à mobilisation des personnels précaires de vie scolaire.

20:23 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans MILITANTISME. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : politique, social, éducation |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

01/04/2008

POURQUOI TU ME TUES...TOI ?

Le « tutoiement » se développe intensément entre les individus de toutes sortes. Quelles sont les raisons qui déterminent cet usage ? Quelles sont les conséquences psychologiques et sociales de son emploi ? Comment organiser de saines relations avec le « vous » et le « tu » sans tomber dans le piège de l’excessivité ?


C’est à partir du modèle de vie anglo-saxon que nous calquons la plupart de nos habitudes alimentaires, sociales et culturelles en faisant fi de nos coutumes. Dans cet esprit la langue d’outre manche ne prévoyant pas de vouvoiement, il n’est pas question de faire désuet ou ringard et de se fourvoyer par l’emploi d’un « vous » d’un autre âge. Parallèlement, la plupart des utilisateurs « mode in States » refusent l’existence de subtiles nuances linguistiques qui en disent autant, si ce n’est plus, que notre « vous ». Par ailleurs, certains se croient obligés d’adhérer à l’énorme acquis social né à la révolution, mère de toutes les égalités. C’est cette époque qui a autorisé de dire « tu » à tous citoyens, quelle que soit son origine sociale, ses titres ou distinctions, Balivernes que tout cela. Mais comment l’expliquer à tous ceux qui croient encore que le « tu » est synonyme d’égalité ? Reste que parmi les causes de ce tutoiement à tous les étages de la société, il y a cette apparente simplicité semble procurer son usage à ses adeptes. C’est plus rapide, plus frais, plus jeune.

Mis à part ceux qui font coïncider « milieu social » et « vouvoiement » constatons que le développement intensif du « tutoiement » est lié à la génération de 68. Celle là même qui était sur les barricades et qui aujourd’hui emploie « le vouvoiement » comme pour se distinguer de ces jeunes blancs becs aux ambitions politiques insatiables ? Dés lors, « le vouvoiement » est-il une histoire de génération ou de vieux ? Notre exemple est là pour témoigner qu’il faut bien, selon la formule consacrée, que « jeunesse se passe » pour remarquer corrélativement que le temps aide au développement d’un certain respect envers ceux qui nous entourent. Celui-ci passe par l’usage du vouvoiement. Prendre un tel recul sur la situation éviterait à cette jeune stagiaire de se sentir « gauche » parce qu’elle vouvoie tous ses collègues de bureau en arrivant dans l’entreprise. Attitude qui ferait également obstacle à ce chef de service au jugement quelque peu expéditif envers cette jeune stagiaire , qui n’est pas « intégrée » puisqu’elle ne tutoie personne ! Ainsi, on ne peut que donner raison aux tenants du vouvoiement, comme principe d’éducation et de formation. Particulièrement sur le plan scolaire. Comment prévoir, comme l’a promis le Président de la République, que les élèves se lèvent, lorsque le professeur entre dans la classe si la distinction n’est pas clairement établie entre le « tu » qui appartient au cercle d’intimité et le « vous » qui marque l’autorité et la considération mutuelle ? Il est indéniable que les nuances de notre langue permettent d’envoyer immédiatement le signe de l’attention respective et de l’estime que se doivent ceux qui évoluent dans un même univers. La déférence née du vouvoiement ne peut se confondre avec un signe d’inégalité entre les individus. Bien au contraire : Réserver l’emploi du « vouvoiement » à une caste, c’est reconnaître l’autorité de ce groupe d’individus sur les autres. Les tenants du « vous » dit avec condescendance le savent bien et vous le font sentir en insistant sur l’emploi du pronom. N’est-ce pas également le cas de ces enfants dans les familles recomposées où le vouvoiement est volontairement employé à l’égard de la belle-mère ou du beau père ? Cela permet à l’enfant de « marquer ses repères » dit à ce sujet, le sociologue J. Le Goff.

Laissons le tutoiement à la promiscuité ou tout au moins à ceux qui se sont mutuellement autorisés à employer cette forme de communication. Est-ce toujours le cas du policier vis-à-vis du délinquant présumé ? Que penser également de l’attitude de certains médecins en milieu hospitalier qui tutoient leurs patients ? Que dire de ce tutoiement employé sans vergogne envers les étrangers ? La nocivité tient dans la systématisation du tutoiement. Il doit être « réservé » et « adapté » aux circonstances et ne pas être banalisé. Il faut en finir avec le tu, « bas de gamme » et le valoriser au contraire, en l’employant à bon escient, chaque fois que le besoin ou que les circonstances l’imposent dans une fréquentation. Avec Dieu, par exemple.

20:38 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CHRONIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne, politique, poesie |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

24/09/2007

Décès de Mme Zhang : victime d’un racisme d’État.

Le MRAP vient d’apprendre avec tristesse et colère le décès de Mme Zhang, 51 ans, qui s'était défenestrée jeudi 20 septembre 2007 à Paris à l'arrivée de la police. Il tient à exprimer à sa famille et à ses proches ses sincères condoléances. Fuir un pays mouroir et mourir en France pour y avoir demandé protection, telle a été le sort de cette femme sans papiers. Le MRAP tient directement responsable et comptable le gouvernement de cette tragédie. En effet, Mme Zhang a été arrachée à la vie par la terreur d’une politique du chiffre cruelle, inhumaine, et désormais criminelle. Le MRAP, qui s’interroge sur le camouflage officiel de ce décès survenu vendredi 21 septembre 2007 et rendu public par la presse ce lundi 24 septembre 2007, estime désormais comme une urgence absolue l’arrêt immédiat de cette chasse aux sans papiers. Il en va de la prévention d’autres catastrophes et tragédies que cette politique génère. Il appelle au rassemblement prévu ce lundi 24 septembre 2007 à 18h30 au 41 boulevard de la Villette.

Paris, le 24 septembre 2007.

Message transmis

Secrétariat de Direction

Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples

43 bd Magenta - 75010 Paris.

16:29 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne, politique, mOdem |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

19/09/2007

Les chrétiens socialement engagés.

La théologie de la libération:
Leonardo Boff et Frei Betto


Michael Löwy *

Les chrétiens socialement engagés sont une des composantes les plus actives et importantes du mouvement altermondialiste, notamment – mais pas seulement – en Amérique Latine et tout particulièrement au Brésil, le pays qui a reçu les premières réunions du Forum Social Mondial. Un des initiateurs du FSM (Forum social mondial), Chico Whitaker, membre de la Commission Justice et Paix de la CNBB (Conférence nationale des Evêques brésiliens) appartient à cette mouvance, de même que le prêtre belge François Houtart – ami et professeur de Camilo Torres et initiateur de la revue Alternatives Sud, fondateur du CETRI (Centre Tricontinental) – une des figures intellectuelles les plus influentes du Forum.

On peut dater la naissance de ce courant, que l’on pourrait désigner comme «christianisme de la
libération», du début des années 1960, quand la Jeunesse universitaire chrétienne (JUC) brésilienne – nourrie de culture catholique française progressiste (Emmanuel Mounier et la revue Esprit, le père Lebret et le mouvement «Economie et Humanisme», le Karl Marx du jésuite J. Y. Calvez) – formule pour la première fois, au nom du christianisme, une proposition radicale de transformation sociale. Ce mouvement va s’étendre ensuite dans les autres pays du continent et il va trouver, à partir des années 1970, une expression culturelle, politique et spirituelle dans la théologie de la libération.

Les deux principaux théologiens de la libération brésiliens, Leonardo Boff et Frei Betto, sont donc parmi les précurseurs et inspirateurs de l’altermondialisme ; ils participent d’ailleurs activement, par leurs écrits et leur parole, aux mobilisations du «mouvement des mouvements» et aux rencontres du Forum Social Mondial. Si leur influence est très significative au Brésil, où beaucoup de militants des mouvements sociaux - syndicats, MST (paysans sans-terre), mouvements de femmes - sont issus des communautés ecclésiales de base (CEB) qui se reconnaissent dans la théologie de la libération, leurs écrits sont aussi connus des chrétiens d’autres pays d’Amérique Latine et du monde.


S’il fallait résumer l’idée centrale de la théologie de la libération en une seule formule, ce serait «option préférentielle pour les pauvres».

Quelle est la nouveauté ? L’Eglise n’a-t-elle pas depuis toujours été charitablement attentive à la souffrance des pauvres ? La différence – capitale – c’est que pour le christianisme de la libération, les pauvres ne sont plus perçus comme des simples objets – d’aide, compassion, charité – mais comme les acteurs de leur propre histoire, les sujets de leur propre libération. Le rôle des chrétiens socialement engagés c’est de participer à cette «longue marche» des pauvres vers la «terre promise» – la liberté – en apportant leur contribution à leur auto-organisation et auto-émancipation sociale.

Le concept de «pauvre» a évidemment une portée religieuse profonde dans le christianisme. Mais il correspond aussi à une réalité sociale essentielle au Brésil et en Amérique Latine: l’existence d’une immense masse de dépossédé·e·s, aussi bien dans les villes que dans les campagnes, qui ne sont pas tous des prolétaires ou des travailleurs. Certains syndicalistes chrétiens latino-américains parlent de «pauvretariat» (pobretariado) pour décrire cette classe de déshérité·e·s, victimes non seulement de l’exploitation mais surtout de l’exclusion sociale pure et simple.

Le processus de radicalisation de la culture catholique brésilienne et latino-américaine qui va aboutir à la formation de la théologie de la libération ne part pas du sommet de l’Eglise pour irriguer sa base, ni de la base populaire vers le sommet – deux versions qu’on trouve souvent chez les sociologues ou historiens du phénomène – mais de la périphérie vers le centre. Les catégories ou secteurs sociaux dans le champ religieux qui seront le moteur du renouveau sont tous d’une certaine façon marginaux ou périphériques par rapport à l’institution: les mouvements laïcs de l’Eglise et leurs aumôniers, les experts laïcs, les prêtres étrangers, les ordres religieux. Dans certains cas le mouvement gagne le «centre» et réussit à influencer les conférences épiscopales (notamment au Brésil), dans d’autres il reste bloqué dans les «marges» de l’institution.

Bien qu’existent des divergences significatives entre les théologiens de la libération, on retrouve, dans la plupart de leurs écrits, plusieurs thèmes fondamentaux qui constituent un départ radical de la doctrine traditionnelle, établie, des Eglises catholiques et protestantes:
1- Un implacable réquisitoire moral et social contre le capitalisme en tant que système injuste, inique, en tant que forme de péché structurel.
2- L’usage de l’instrument marxiste afin de comprendre les causes de la pauvreté, les contradictions du capitalisme et les formes de la lutte de classe.
3- L’option préférentielle en faveur des pauvres et la solidarité avec leur lutte d’auto-émancipation sociale.
4- Le développement de communautés chrétiennes de base parmi les pauvres comme nouvelle forme de l’Eglise et comme alternative au mode de vie individualiste imposé par le système capitaliste.
5- La lutte contre l’idolâtrie (et non l’athéisme) comme ennemi principal de la religion – c’est-à-dire contre les nouvelles idoles de la mort adorées par les nouveaux pharaons, les nouveaux Césars et les nouveaux Hérodes: Mammon, la Richesse, la Puissance, la Sécurité nationale, l’Etat, la Force militaire, la «Civilisation chrétienne occidentale».

Examinons de plus près les écrits de Leonardo Boff et de Frei Betto, dont les idées ont sans doute contribué à former la culture politico-religieuse de la composante chrétienne de l’altermondialisme.

Le livre de Leonardo Boff – à l’époque membre de l’ordre franciscain – Jesus Christ Libérateur (Petropolis, Vozes, 1971) peut être considéré comme le premier ouvrage de théologie de la libération au Brésil. Il s’agit essentiellement d’un ouvrage d’exegèse biblique, mais un des chapitres, peut-être le plus novateur, est intitulé «Pour une christologie de l’Amérique Latine», qui exprime le désir que l’Eglise puisse «participer de manière critique à l’élan global de libération que connaît aujourd’hui la société sud-américaine». Selon Boff, l’herméneutique biblique de son livre est inspirée de la réalité latino-américaine, ce qui a pour résultat «le primat de l’élément anthropologique sur l’élément ecclésiologique, de l’élément utopique sur le factuel, de l’élément critique sur le dogmatique, du social sur le personnel et de l’orthopraxie sur l’orthodoxie»: quelques-uns des thèmes majeurs de la théologie de la libération se trouvent ainsi annoncés. [1]

Personnage charismatique, avec une énorme culture et créativité, en même temps mystique franciscain et combattant social, Boff deviendra bientôt le plus important représentant brésilien de ce nouveau courant théologique. Dans son premier livre, on trouve déjà des références au «Principe Espérance» d’Ernst Bloch, mais c’est progressivement, au cours des années 1970, que les concepts et les thèmes marxistes apparaissent dans son œuvre, jusqu’à devenir une des composantes fondamentales de sa réflexion sur les causes de la pauvreté et de sa pratique de solidarité avec la lutte des pauvres pour leur libération.

Refusant l’argument conservateur qui prétend juger le marxisme par les pratiques historiques de l’ainsi nommé «socialisme réel», Boff constate non sans ironie: de même que le christianisme ne s’identifie pas avec les mécanismes de la Sainte Inquisition, le marxisme ne saurait être assimilé aux «socialismes» existants, qui «ne représentant pas une alternative désirable à cause de leur tyrannie bureaucratique et l’étouffement des libertés individuelles». L’idéal socialiste peut et doit prendre d’autres formes historiques. [2]

En 1981 Leonardo Boff va publier un livre, Eglise, charisme et pouvoir, qui sera un véritable tournant dans l’histoire de la théologie de la libération: pour la première fois depuis la Réforme protestante, un prêtre catholique met en question, de façon directe, l’autorité hiérarchique dans l’Eglise et son style de pouvoir romain-impérial, sa tradition d’intolérance et de dogmatisme – symbolisée pendant plusieurs siècles par l’Inquisition – la répression de toute critique venue d’en bas et le refus de la liberté de pensée. Il dénonce aussi la prétention de l’Eglise à l’infaillibilité et le pouvoir personnel excessif des papes, qu’il compare, non sans ironie, avec celui du secrétaire général du PC soviétique. Convoqué au Vatican en 1984 pour un «colloque» avec la Sainte Congrégation pour la Doctrine de la Foi – l’ex-Saint Office – dirigée par le Cardinal Ratzinger, le théologien brésilien à la nuque raide refuse de se renier et reste fidèle à ses convictions. Il sera condamné par Rome à une année de «silence obséquieux» – finalement, face à la multiplication des protestations, au Brésil et ailleurs, réduite à quelques mois. Dix ans plus tard, fatigué des interdictions, exclusions et tracasseries romaines, Boff quitte l’ordre des franciscains et l’Eglise, sans cesser pour autant son activité de théologien catholique.

A partir des années 1990, il va s’intéresser de plus en plus pour les questions écologiques, qu’il aborde à la fois dans un esprit d’amour mystique et franciscain pour la nature, et dans une perspective de critique radicale du système capitaliste. Ce sera l’objet du livre Dignitas Terrae. Ecologie: cri de la Terre, cri des pauvres, (S.Paulo, Atica, 1995) et d’innombrables essais philosophiques, éthiques et théologiques abordant cette problématique. Selon Leonardo Boff, la rencontre entre la théologie de la libération et l’écologie est le résultat d’un constat: «la même logique du système dominant d’accumulation et d’organisation sociale qui conduit à l’exploitation des travailleurs, mène aussi au pillage de nations entières et finalement à la dégradation de la nature». La théologie de la libération aspire donc à une rupture avec la logique de ce système, une rupture radicale qui vise à «libérer les pauvres, les opprimés et les exclus, victimes de la voracité de l’accumulation injustement distribuée ; et libérer la Terre, cette grande victime sacrifiée par le pillage systématique de ses recours, qui met en risque l’équilibre physique-chimique-biologique de la planète comme un tout». Le paradigme oppression / libération s’applique donc pour les deux: les classes dominées et exploitées d’une part, la Terre et ses espèces vivantes de l’autre. [3]

Proche ami de Leonardo Boff – ils ont publié quelques livres ensemble – Frei Betto est sans doute un des plus importants théologiens de la libération brésiliens et latino-américains et un des principaux animateurs des CEB. Dirigeant national de la Jeunesse étudiante chrétienne (JEC) au début des années 1960, Carlos Alberto Libânio Christo - c’est son vrai nom - a commencé son éducation spirituelle et politique avec Jacques Maritain, Emmanuel Mounier, le père Lebret et le grand intellectuel catholique brésilien Alceu Amoroso Lima: cependant, au cours de son activité militante dans le mouvement étudiant - l’Union nationale des étudiants (UNE) - il va découvrir le Manifeste Communiste et L’Idéologie Allemande. Au moment d’entrer comme novice dans l’ordre des dominicains en 1965 – à cette époque un des principaux foyers d’élaboration d’une interprétation libérationniste du christianisme – il avait déjà pris la ferme résolution de se vouer à la lutte pour la révolution brésilienne. [4] Choqué par la pauvreté du peuple et par la dictature militaire établie en 1964, il rejoint un réseau de dominicains qui sympathisent activement avec la résistance armée contre le régime. Lorsque la répression s’intensifia en 1969, il secourut de nombreux militants révolutionnaires, les aidant à se cacher ou à franchir la frontière pour atteindre l’Uruguay ou l’Argentine. Cette activité lui valut cinq années de prison, de 1969 à 1973.

Dans un livre fascinant publié au Brésil, et réédité plus de dix fois – Baptême de sang. Les dominicains et la mort de Carlos Marighella (Rio de Janeiro, Ed. Bertrand, 1987) – il trace le portrait du dirigeant du principal groupe révolutionnaire armé, assassiné par la police en 1969, ainsi que celui de ses amis dominicains pris dans les rouages de la répression et brisés par la torture. Le dernier chapitre est consacré à la figure tragique de Frei Tito de Alencar, si abominablement torturé par la police brésilienne qu’il ne retrouva jamais son équilibre psychique: libéré de la prison et exilé en France, il se croyait toujours persécuté par ses bourreaux et finira par se suicider en 1974.

Les lettres de prison de Betto – publiées en 1977 – montrent son intérêt pour la pensée de Marx, qu’il désigne, pour tromper la censure politique, «le philosophe allemand». Dans une lettre d’octobre 1971 à une amie – abbesse bénédictine – il observe: «La théorie économico-sociale du philosophe allemand n’aurait pas existé sans les contradictions sociales criantes provoquées par le libéralisme économique, qui l’ont conduit à les percevoir, les analyser et établir des principes capables de les dépasser». [5]

Après sa libération de prison en 1973, Frei Betto se consacra à l’organisation des communautés de base. Au cours des années suivantes, il publia plusieurs brochures qui, en un langage simple et intelligible, expliquaient le sens de la théologie de la libération et le rôle des CEB. Il devint bientôt l’un des principaux dirigeants des rencontres nationales interecclésiastiques où les communautés de base de toutes les régions du Brésil échangeaient leurs expériences sociales, politiques et religieuses. En 1980 il organisa le 4e Congrès international des théologiens du tiers-monde.

Depuis 1979, Betto est responsable de la Pastorale ouvrière à Sâo Bernardo dos Campos, ville industrielle de la banlieue de S. Paulo où est né le nouveau syndicalisme brésilien. Sans adhérer à aucune organisation politique, il ne cache pas ses sympathies pour le PT. Après la victoire éléctorale du candidat du PT, Luis Inacio Lula da Silva, en 2001, il fut nommé par le nouveau président pour piloter le programme «Faim Zéro» ; cependant, mécontent avec l’orientation économique du gouvernement - prisonnier des paradigmes néo-libéraux - il démissionnera de son poste deux ans plus tard.

Tandis que certains théologiens tentent de réduire le marxisme à une «médiation socio-analytique», Betto défend, dans son essai de 1986, Christianisme et Marxisme, une interprétation beaucoup plus large de la théorie marxiste, qui inclut l’éthique et l’utopie: «Le marxisme est, surtout, une théorie de la praxis révolutionnaire (…). La pratique révolutionnaire dépasse le concept et ne s’épuise pas dans des analyses strictement scientifiques, parce qu’elle inclut nécessairement des dimensions éthiques, mystiques et utopiques (…). Sans cette relation dialectique théorie-praxis, le marxisme devient sclérosé, et se transforme en une orthodoxie académique dangereusement manipulable par ceux qui contrôlent les mécanismes de pouvoir». Cette dernière phrase est sans doute une référence critique à l’URSS et aux pays du socialisme réel, qui constituent, à ses yeux, une expérience déformée par son «optique objectiviste», sa «tendance économiciste» et surtout, sa «métaphysique de l’Etat».

Betto et Boff, comme la plupart des théologiens de la libération n’acceptent pas la réduction, typiquement libérale, de la religion à une «affaire privée» de l’individu. Pour eux la religion est une affaire éminemment publique, sociale et politique. Cette attitude n’est pas nécessairement en opposition à la laïcité ; en fait, le christianisme de la libération se situe aux antipodes du conservatisme clérical:
a) en prônant la plus totale séparation entre l’Église et l’État, et une rupture de la traditionnelle complicité entre le clergé et les puissants.
b) en refusant l’idée d’un parti ou syndicat catholique et en reconnaissant la nécessaire autonomie des mouvements politiques et sociaux populaires.
c) en rejetant toute idée de retour au «catholicisme politique» précritique et son illusion d’une «nouvelle chrétienté».
d) en favorisant la participation des chrétiens dans les mouvements ou partis populaires séculiers.

Pour la théologie de la libération, il n’y a pas de contradiction entre cette exigence de démocratie moderne et séculière, et l’engagement des chrétiens dans le domaine politique. Il s’agit de deux niveaux différents d’approche de la question du rapport entre religion et politique: au niveau institutionnel, il est indispensable de faire prévaloir la séparation et l’autonomie ; mais dans le domaine éthico-politique, c’est l’engagement qui devient l’impératif essentiel.

Considérant cette orientation éminemment pratique et combative, il n’est pas étonnant que beaucoup de cadres et animateurs des mouvements sociaux les plus importants des dernières années en Amérique Latine – depuis 1990 – ont été formés dans les idées de la théologie de la libération. Prenons comme exemple le MST, Mouvement des Paysans sans terre, un des mouvements les plus impressionnants de l’histoire contemporaine du Brésil, par sa capacité de mobilisation, sa radicalité, son habilité politique et sa popularité – et par ailleurs une des principales forces dans l’organisation du Forum Social Mondial. La plupart des cadres et animateurs du MST sont originaires des CEB ou de la Pastorale de la Terre: leur formation religieuse, morale, sociale et même, dans un certaine mesure, politique, a eu lieu dans les rangs de «l’Eglise des pauvres». Cependant, depuis son origine, dans les années 70, le MST s’est voulu un mouvement laïque, séculier, autonome et indépendant par rapport à l’Eglise. La plupart de ses adhérents sont catholiques, mais certains sont évangéliques, d’autres (rares) non croyants. La doctrine (socialiste !) et la culture du MST ne font pas de référence au christianisme, mais l’on peut dire que le style de militantisme, la foi dans la cause et la disposition au sacrifice des adhérents – beaucoup ont été victimes d’assassinats ou même de massacres collectifs au cours des dernières années – ont probablement des sources religieuses.

Les courants et militants chrétiens qui participent au mouvement altermondialiste sont très divers – ONG, militants des syndicats ou partis de gauche, structures proches de l’Eglise – et ne partagent pas les mêmes choix politiques. Mais la plupart se reconnaissent dans les grandes lignes de la théologie de la libération, telle qu’elle fut formulée par Leonardo Boff, Frei Betto, Clodovis Boff, Hugo Assmann, D. Tomas Balduino, D. Helder Câmara, D. Pedro Casaldaliga et tant d’autres connus et moins connus, et partagent sa critique éthique et sociale du capitalisme et son engagement pour la libération des pauvres.

* MichaelLöwy est directeur émérite de recherche au CNRS. Il anime un laboratoire de recherche à l’EHESS (Paris) en sociologie des religions. Cette contribution de Michael Löwy doit paraître dans un ouvrage (coordonné par Sebastien Budgen) aux Editions Textuel ; ouvrage consacré au mouvements sociaux altermonmdialistes. Cette présentation de Michael Löwy est en relation avec la contribution, sur ce site, de Samir Amin sur «L’islam politique» qui insiste sur la différence radicale existant entre ces deux «courants».

1. L. Boff, Jesus Christ Libérateur, Paris, Cerf, 1985, pp. 51-55. Ibid. p.275.

2. L.Boff, «Libertaçâo integra: do pobre et da terra», in A teologia da libertaçâo. Balanço e Perspectivas, S.Paulo, Atica, 1996, pp. 115, 124-128.

3. Entretien de Frei Betto avec l’auteur, 13.9.1988.

4. Fr. Fernando, Fr. Ivo, Fr. Betto, O canto na fogueira. Cartas de três dominicanos quando em carcere politico, Petropolis, Vozes, 1977, pp. 39 e 120.

5. Frei Betto, Cristianismo e Marxismo, Petropolis, Vozes, 1986, pp. 35-37.

BIBLIOGRAPHIE

Leonardo Boff, Jesus Christ Libérateur, Paris, Cerf, 1985.

L.Boff, Eglise, Charisme et Pouvoir, Bruxelles, Lieu Commun, 1985.

L.Boff, O caminhar da Igreja com os oprimidos, Petropolis, Vozes, 1988, 3a ediçâo, prefacio de Darcy Ribeiro.

L. Boff, Je m’explique (entretiens avec C.Dutilleux), Paris, Desclée de Brouwer, 1994.

L. Boff, Dignitas Terrae. Ecologia.: grito da terra, grito dos pobres, S.Paulo, Atica, 1995.

L.Boff, «Libertaçâo integra: do pobre et da terra», in A teologia da libertaçâo. Balanço e Perspectivas, S.Paulo, Atica, 1996.

Fr. Fernando, Fr. Ivo, Fr. Betto, O canto na fogueira. Cartas de três dominicanos quando em carcere politico, Petropolis, Vozes, 1977.

Frei Betto, Cristianismo e Marxismo, Petropolis, Vozes, 1986.

Frei Betto, Batismo de Sangue. Os dominicanos e a morte de Carlos Marighella, Rio de Janeiro, Editora Bertrand, 1987.

Théologies de la libération. Documents et debats, Paris, Le Cerf, 1985.

Michael Löwy, La guerre des dieux. Religion et politique en Amérique Latine, Paris, Ed. du Felin, 1998.

12:30 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans THÉOLOGIE DE LA LIBÉRATION. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne, politique |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

02/07/2007

THÉOLOGIE DE LIBÉRATION CONTRE TOUTES OPPRESSIONS.

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La plupart des théologiens de la libé­ra­tion rejettent toute accommodation avec le néolibé­ralisme parce qu'elle ébranle­rait la raison d'être de leur théologie comme une théologie des pauvres.
Ils ne sont que trop conscients de la détérioration de la pauvreté dans leurs régions ces dernières années, et que les changements que le monde a récemment expé­rimentés sont au détriment des pauvres dans le monde en développement.
 Quelques-uns retracent les racines de la détério­ration directement aux poli­tiques économiques de néolibé­ralisme, et maintiennent que le surcroît de chômage ou de sous-emploi, la chute des revenus, et la réduc­tion des possibili­tés dans la vie, sont tous les conséquences inévitables de ces politi­ques.
Bien que les gouvernements néolibéraux connaissent sans doute des succès, par exem­ple, dans le combat contre l'inflation, il faut que la théologie de la libération questionne toujours l'orientation de leurs politiques.
A l'avantage de qui sont-elle conçues?
Est-ce que c'est la vie des pau­vres qui est le critère pour le discerne­ment de l'action?
Est-ce que le capitalisme du libre marché peut jamais pro­mouvoir le bien des gens avant le profit?
 Les théolo­giens de la libération soulignent invaria­ble­ment le conflit entre la logique du capita­lisme et l'op­tion pour les pauvres , un conflit qui est manifestement plus vrai du capita­lisme dans sa forme néolibérale. Bien qu'ils ne s'expriment pas avec la même comparaison, il y en a peu qui ne seraient pas d'ac­cord avec l'assertion de Leo­nardo Boff qu'«il est aussi impossible de créer un système de marché moral que de constru­ire un bordel chrétien»!.
Si la théologie de la libéra­tion veut rester une théologie des opprimés, elle ne peut pas se permettre d'être entraînée par ceux qui font parti du pro­blème mais qui se prétendent gardiens de la solution. Car le néolibéralisme lance un défi subtil à la théologie de la libé­ration, même jusqu'à se présenter lui-même comme une «option alternative pour les pauvres». Le Directeur Général du FIM parla du mandat de son orga­ni­sation comme celui de Jésus: à «annoncer la bonne nouvelle aux pauvres» (Luc 4,18-19), remar­ques que quelques théologiens regardent comme signes d'une «anti-théolo­gie».
La théologie de la libération a souvent souli­gné la distinction entre le Dieu de la vie révélé dans les Écritures, et les idoles qui en­traînent le religieux mais qui l'amène à l'injustice et à la mort. La théologie de la libération doit donc continuer à parler des «projets socialistes», mais jusqu'à quand débattrons-nous les questions politi­ques et économiques de cette façon?
Est-ce que les théolo­giens de la libération finiraient par rien d'autres que de crier des slogans dans la coulisse? N'est-il pas temps, donc, de chercher des modèles neufs, ceux qui permettront aux théo­logiens de la libération de rendre efficace leur option pour les pau­vres, tout en ne la liant pas aux idéologies apparemment débordées du passé? Il y a des chrétiens progressifs qui disent que oui, il est vraiment temps de trouver une vision neuve, une qui insiste moins sur une trans­for­mation sociale «vaste» et plus sur la re­cons­truc­tion graduelle de la communauté. Ils pré­tendent que dans le climat, actuel il serait nécessaire de construire le Royaume en s'efforçant à transformer la vie des gens dans des projets qui sont plus modestes et localisés que l'on envisa­geait autrefois, bien qu'ensem­ble ces projets soient «révolu­tionnaires» dans le sens qu'ils puissent changer des sociétés entières.
Théologique­ment, leur modèle n'est plus «l'Égypte» et le rêve d'une «terre promise» littérale, mais Babylone, où un peuple captif désirait ardemment la restauration de sa communauté.
La théologie de la libération est confrontée par beaucoup de défis actuelle­ment, mais elle survivra si elle reste enracinée dans les communautés, si elle formule les préoccupations des pauvres, et si elle reste fidèle à une vision de changer la société selon les valeurs du Royaume. La poursuite de cet objectif ne requiert pas qu'elle soit liée à une idéologie en parti­culier; elle peut se servir de celles qui se mon­trent utiles, aussi longtemps que leurs va­leurs sont conséquentes avec celles du Royaume.
Cependant, ce qui n'est pas facultatif c'est un engagement en faveur des méprisés et des parias. Aussi long­temps qu'il y a des gens dépouillés de leur dignité légitime en tant qu'enfants de Dieu, il faut que la théologie de la libé­ration continue à suivre l'engagement de Jésus à annoncer la bonne nouvelle aux pauvres et à libérer les opprimés.
Bruno LEROY.

14:10 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans THÉOLOGIE DE LA LIBÉRATION. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne, politique |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

01/07/2007

ET LES PAUVRES MR LE PRÉSIDENT ?

A chaque 1er juillet ses hausses et revalorisations.
Cette année, comme l’avait annoncé le gouvernement,
pas de coup de pouce supplémentaire au smic. Le salaire minimum augmente donc de 2,1%, soit 0,17 euro de plus par heure. Le net mensuel (pour 35 heures hebdomadaires) dépasse donc très légèrement les 1.000 euros
 
Les allocations chômage sont revalorisées de 1,95%. Cela s'applique sur les allocations de juillet, payables début août.

Le complément de ressources des bénéficiaires de l'Allocation aux adultes handicapés (AAH) ne sera pas valorisé, comme c'était le cas depuis deux ans, au même taux que le smic. Depuis 2005, ce complément est pourtant censé garantir 80% du smic aux personnes handicapées qui ne peuvent pas travailler.
Le montant maximum de l'AAH reste fixé, jusqu'au 31 décembre, à 621,27 euros par mois pour une personne handicapée.
   
Les minima sociaux, revalorisés au 1er janvier, ne bougent pas. Le montant du revenu minimum d'insertion (RMI) reste, pour une personne seule sans enfant, à 440,86 euros net, à 661,29 euros pour une personne seule avec un enfant ou pour un couple sans enfant, et à 793,55 euros pour une personne seule avec deux enfants ou pour un couple avec un enfant.
   
En revanche, le tarif de la consultation des médecins généralistes augmente d'1 euro, passant ainsi de 21 à 22 euros. Le tarif de la visite à domicile passe de 31 à 32 euros.

Le 1er juillet marque l'ouverture complète du marché européen de l'énergie, déjà ouvert aux entreprises depuis le 1er juillet 2004. Les Français pourront choisir leur fournisseur de gaz et d'électricité en optant soit pour une offre aux tarifs réglementés, fixés par les pouvoirs publics et uniquement délivrés par EDF et Gaz de France, soit pour une offre aux «prix du marché», proposée par plusieurs fournisseurs (Poweo, Direct Energie, etc.), mais aussi par EDF et GDF.
En ce qui concerne les tarifs réglementés, le gouvernement a promis que ceux du gaz n'augmenteraient pas «dans les prochains mois». Pour l'électricité, aucune hausse n'est prévue à ce jour le 1er juillet. Le contrat d'EDF avec l'Etat pour la période 2006-2010 stipule que ces tarifs n'augmenteront pas plus vite que l'inflation.
   
Les billets SNCF, hors TGV, augmentent de 10 centimes à 2,9 euros suivant les destinations pour un plein tarif en seconde classe. A titre d'exemple, le prix du parcours Paris-Caen va augmenter de 70 centimes d'euro, passant à 29,10 euros, un Bordeaux-Montpellier de 1,4 euro, à 56,70 euros.

En Ile-de-France, la carte orange augmente de 1,8%. Le coupon mensuel deux zones passe de 52,50 à 53,50 euros. Pour la zone 3, il en coûtera 70,80 euros contre 69,50 euros jusque là. En zone 4, le tarif passe à 87,60 euros (86,10), en zone 5 il atteint 105,20 euros (103,30). Le prix maximum est celui de la zone 6 avec 118,50 euros. La zone 6 englobe désormais les anciennes zones 7 et 8 qui sont supprimées et qui coûtaient jusqu'ici 129 et 142 euros .

 

11:55 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans COUPS DE GUEULE. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne, politique |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

30/06/2007

LES RITES CONSTITUENT LE LIEN SOCIAL.

La ritualité met les hommes en communication en conférant à des objets, à des gestes, et à des mots des significations symboliques et par là noue un tissu de relations sociales où chacun peut trouver son identité par le sentiment d’appartenir à une communauté humaine déterminée. Par exemple, lors d’une cérémonie d’ouverture ou de clôture d’un congrès politique, les participants chantent l’hymne du parti ; ils énoncent ainsi dans un langage symbolique un certain nombre de valeurs sur lesquelles ils s’accordent et, par le fait même, nouent le groupe politique auxquels ils appartiennent.

Comme toute loi, le rite interdit. Ce qu’il interdit en priorité, c’est l’attitude d’isolement. Car, par essence, le rite est social. Participer au rite, c’est donc nécessairement être mis en relation avec la collectivité. La participation au rite suppose donc une aptitude à se reconnaître dans une collectivité qui a une histoire singulière ; il oblige à la relation avec les autres, il va à contre-courant des tendances individualistes. En outre, le rite marque une césure par rapport au travail et au temps quotidien ; il oblige à s’en dégager. En d’autres termes, le rite interdit de rester immergé dans des tâches besogneuses, régentées par le besoin. Il met en suspend une vie qui ne serait réglée que par le travail, l’utilité ou le profit.

Notons à cet égard que ceux qui sont esclaves du travail, méprisent le rite, car celui-ci est improductif. Ainsi, le rite du repos dominical a pour fonction, en autres, de libérer l’homme de l’asservissement aux tâches pesantes ; il le soustrait au poids de la quotidienneté des jours afin de le rendre disponible à la relation aux autres. La participation au rite suppose donc la capacité de s’abstraire d’un déroulement de temps continu et subi. Le rite humanise le temps ; il y imprime la trace de la liberté de l’homme. Il manifeste que l’homme n’est pas seulement un être de besoin, mais aussi un être de relation. Chacun rivalise de dons et de cadeaux. Ce qui est échangé n’est pas considéré comme une marchandise utilitaire et monnayable, mais comme l’expression de la reconnaissance mutuelle et de la joie de vivre ensemble. C’est ainsi que lorsque des cadeaux sont offerts, on en efface le prix ; on veut signifier par là que l’échange se situe par-delà le circuit économique du marché et du profit et met en oeuvre une relation de gratuité qui, elle, est sans prix : le véritable trésor est la relation elle-même.

L’échange des biens sous le signe de la gratuité ouvre l’avenir. Le fait d’avoir ranimé l’opération de reconnaissance mutuelle permet de revenir au temps quotidien, d’y poursuivre des fins, d’y travailler, d’affronter les difficultés de l’existence, d’y dépenser son énergie pour y faire naître la vie. Ainsi, par exemple, le rite de l’an nouveau est aussi bien souvenir du passé qu’ouverture vers l’avenir. La célébration du passé permet d’envisager l’avenir avec confiance. En ce sens, le rite a pour fonction de lier tradition et nouveauté.

En résumé, le rite par sa triple fonction reconstitue le lien social. Il affirme la vie par la pratique de l’échange et fait foi en l’avenir. Il est ainsi une manière de subvertir la mort, de combattre inlassablement ce qui mine l’existence du corps social.

BRUNO LEROY.

10:25 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CHRONIQUES. | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne, politique, poesie |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |