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02/07/2008

“Comment veux-tu qu'ils t'écoutent ?”

Tu cours le grand danger de te contenter de vivre, ou de penser que tu dois vivre, comme un "enfant sage", qui habite dans une maison bien ordonnée, sans problèmes, et qui ne connaît que le bonheur. Quelle caricature du foyer de Nazareth! C'est bien parce qu'il apportait le bonheur et l'ordre, que le Christ s'en est allé répandre ces trésors parmi les hommes et les femmes de tous les temps. (Sillon, 952)

Ils me semblent très cohérents tes désirs que l'humanité tout entière connaisse le Christ. Mais commence par penser à ta propre responsabilité de sauver l'âme de ceux qui vivent à tes côtés, de sanctifier chacun de tes compagnons de travail ou d'étude... — Voilà la principale mission que Notre Seigneur t'a confiée. (Sillon, 953)

Comporte-toi comme si l'ambiance de l'endroit où tu travailles dépendait de toi, et uniquement de toi: une ambiance laborieuse, de joie, de présence de Dieu et de vision surnaturelle.

— Je ne comprends pas ton aboulie. Si tu te heurtes à un groupe de camarades un peu difficile — peut-être est-il devenu difficile à cause de ton laisser-aller — tu t'en désintéresses, tu te dérobes, et tu penses qu'ils sont un poids mort, du lest qui freine tes projets apostoliques, qu'ils ne te comprendront pas...

— Comment veux-tu qu'ils t'écoutent si, te contentant de les aimer et de les servir par ta prière et ta mortification, tu ne leur parles pas?...

— Combien de surprises auras-tu le jour où tu te décideras à en fréquenter un, puis un autre, puis un autre encore! Qui plus est, si tu ne changes pas, ils pourront s'écrier avec raison, en te désignant du doigt: "hominem non habeo!" — je n'ai personne qui m'aide! (Sillon, 954) 

       
http://www.opusdei.fr/art.php?p=17289

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“Apprenez à faire le bien”

Et quand tu te trouves avec quelqu'un? Vois en cette personne une âme: une âme qu'il faut aider, qu'il faut comprendre, avec laquelle il faut vivre et qu'il faut sauver. (Forge, 573)

J'aime à reprendre des paroles que l'Esprit Saint nous communique par la bouche du prophète Isaïe: discite benefacere. Apprenez à faire le bien. (…)

La charité envers le prochain est une manifestation de l'amour de Dieu. C'est pourquoi, en nous efforçant de progresser dans cette vertu, nous ne pouvons pas nous fixer de limite. Avec le Seigneur, la seule mesure est d'aimer sans mesure. D'une part, parce que nous n'arriverons jamais assez à Le remercier pour tout ce qu'Il a fait pour nous; d'autre part, parce que l'amour de Dieu envers ses créatures se présente ainsi: surabondant, sans calcul, sans frontières. (…) 

La miséricorde ne s'en tient pas à une froide attitude de compassion: la miséricorde s'identifie avec la surabondance de la justice. Etre miséricordieux c'est garder le cœur sensible, c'est entretenir la blessure humaine et divine d'un amour ferme, sacrifié, généreux. (…)(Amis de Dieu, 232)


        http://www.opusdei.fr/art.php?p=17285

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“Saint Pierre et Saint Paul, Apôtres”

Courage! Tu en es capable. — Vois ce que la grâce de Dieu a fait de ce Pierre somnolent, renégat et lâche..., de ce Paul persécuteur, haineux et obstiné. (Chemin, 483)

Pierre lui dit: Toi, Seigneur, me laver les pieds à moi! Jésus répondit: ce que je fais, moi, tu ne le comprends pas pour le moment; tu le comprendras par la suite. Pierre insiste: jamais tu ne me laveras les pieds! Jésus répliqua: si je ne te lave pas, tu n'auras pas de part avec moi. Simon Pierre se rend: alors, Seigneur, non seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête.

En présence d'un appel à un don total, complet, sans hésitations, nous opposons bien souvent une fausse modestie, comme celle de Pierre... Ah si nous étions, nous aussi des hommes de cœur, comme l'Apôtre! Pierre ne permet à personne d'aimer Jésus plus que lui. Cet amour le pousse à réagir ainsi: me voici! lave-moi les mains, la tête, les pieds! purifie-moi tout entier! car je veux me livrer à Toi sans réserve. (Sillon, 266)


"Je porte sur moi la sollicitude pour toutes les églises", écrivait saint Paul. Et ce soupir de l'Apôtre rappelle à tous les chrétiens — et à toi aussi — leur responsabilité de mettre aux pieds de l'Epouse de Jésus-Christ, de la Sainte Eglise, ce que nous sommes et ce que nous pouvons, en l'aimant très fidèlement, fût-ce au prix de nos biens, de notre honneur et de notre vie. (Forge, 584)
       
http://www.opusdei.fr/art.php?p=17286

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"Il a voulu faire l'expérience de la fatigue et de l'épuisement"

Tu ne sais pas si ce qui s'est emparé de toi est de l'épuisement physique ou une espèce de lassitude intérieure, ou les deux à la fois...; tu luttes sans lutter, sans le désir d'un authentique changement, pour transmettre la joie et l'amour du Christ aux âmes. Je veux te rappeler les paroles claires du Saint-Esprit: seul sera couronné celui qui aura combattu, "legitime" — vraiment, malgré les "malgré". (Sillon, 163)

La joie, l'optimisme surnaturel et humain sont compatibles avec la fatigue physique, avec la douleur, avec les larmes — car nous avons un cœur —, avec les difficultés qui peuvent survenir dans notre vie intérieure ou dans notre travail apostolique.

Lui, qui est "perfectus Deus, perfectus Homo" — Dieu parfait et Homme parfait, et qui jouissait de tout le bonheur du Ciel, Il a voulu faire l'expérience de la fatigue et de l'épuisement, des larmes et de la douleur... Ainsi pourrions-nous mieux comprendre combien il faut être humain pour être vraiment surnaturel. (Forge, 290)

(…) Quand viendra la fatigue — lors du travail, de l'étude ou de l'apostolat —, quand l'horizon s'obscurcira, alors nous fixerons notre regard sur le Christ: sur ce Jésus plein de bonté, sur ce Jésus harassé, sur ce Jésus qui a faim, sur ce Jésus qui a soif. Comme tu sais Te faire comprendre, Seigneur ! Comme tu sais Te faire aimer ! Tu te montres semblable à nous en tout, sauf pour le péché, pour que nous nous rendions bien compte qu'avec Toi, nous pourrons vaincre nos mauvais penchants, surmonter nos fautes. Qu'importent la lassitude, la faim, les larmes... Le Christ a connu la fatigue, Il a eu faim, Il a eu soif, Il a pleuré. Ce qui importe c'est la lutte — une lutte aimable, puisque le Seigneur restera toujours près de nous — pour l'accomplissement de la volonté du Père qui est aux cieux (cf. Jn 4, 34.). (Amis de Dieu, 201) 

        http://www.opusdei.fr/art.php?p=17288

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01/07/2008

LE RSA : RIEN A SIGNALER !

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Pour mieux comprendre un être Humain ; rien de tel que lui serrer la main et discuter avec lui. J'ai cette habitude de regarder dans le fond des yeux mes interlocuteurs, pour observer, si jaillit la vérité ou si l'éclat du mensonge se fait présent. D'ailleurs, certaines personnes me craignent ou regardent les mouches voler à cause de ma manie à lire dans les regards.
Qu'ai-je vu aux tréfonds de leurs discours compassionnels ?
Beaucoup d'hésitations, de peurs des lendemains et de mensonges voilés.
Oui, certains Ministres nous mentent délibérément car, l'ombre du Président masque leurs pensées personnelles.
Ont-ils peurs de l'Avenir ou du Pouvoir qui les écrase mais qu'ils réclament joyeusement étant assoiffés de ce même Pouvoir destructeur.
Vous allez me dire peu importe leurs craintes et leurs ambitions. Quelles sont les directives retenues pour des lendemains meilleurs.
Hé bien, je n'ai guère de bonnes nouvelles pour les pauvres d'entre les plus pauvres...
Dans quelques Mois, notre cher Nicolas, annoncera avec diplomatie la suppression du RMI et la création du RSA.
Pour ceux qui comme moi se perdent dans les sigles. Le RSA, signifie : Revenus de Solidarité Active.
Cela part d'une excellente, merveilleuse et prodigieuse intention si ne se cachait derrière une philosophie libérale opprimante.
Le fonctionnement du RAS, sera identique à celui des chômeurs de longue durée. Si vous refusez deux emplois proposés ; tous vos droits deviendront peau de chagrin.
Et du chagrin nous en aurons à revendre vers 2009, date effective de la mise en place du broyeur RSA.
Il faut que nous refusions de fermer notre gueule face à un État qui ne pense que productivité, rentabilité, pognon ( le vôtre de préférence ).
Je l'ouvrirai toujours ma gueule face aux injustices de ce siècle.
Sous l'apparence de mesures sociales naissent des projets répressifs pour ceux et celles que notre Gouvernement considère comme fainéants.
Renseignez-vous, mes Amis, sur ces prochaines mesures qui ne serviront qu'à très peu de personnes et ne redonneront pas l'Espérance attendue.
Mais, ne voyons pas le paysage s'assombrir avant que l'aurore ne se lève...
Il est dans le RSA, des initiatives positives notamment pour les travailleurs précaires.
Mais, si je résume de façon succincte, grâce au bon vouloir de notre Président : les pauvres seront de plus en plus pauvres et les riches ne sauront plus où foutre leur argent.
Cela peut paraître une plaisanterie au prime abord et pourtant, les réalités quotidiennes parlent d'elles-mêmes.
Alors, que devons nous faire face à cette abyssale situation ?
Nous devons prendre notre destin en main !
Je suis militant au sein de nombreuses Associations et je vous prie de croire que les humains les plus paumés sont les plus actifs lorsque les droits sont bafoués.
De plus, ils connaissent parfaitement la saveur des devoirs et ne vivent pas éternellement la main tendue vers de providentielles aides.
Ils veulent sortir de leur galère pour s'éblouir d'un peu de lumière.
Je suis toujours fasciné par l'esprit de générosité et de militantisme des pauvres.
Oui, vivre en Citoyen responsable cela s'apprend ou devient intrinsèquement collé dans la chair suivant les aléas de la Vie.
Construire son existence en fonction des informations reçues concernant les Associations qui se battent pour davantage de Dignité ; voilà une des solutions.
Le monde n'est noir que pour les aveugles. La cécité sociale cela existe aussi...!
Partir de l'Humain pour vivre un monde meilleur et plus juste.
Voilà également l'horizon que nous devons projeter dans la société.
Ne rien attendre des Gouvernements successifs mais, de notre capacité à créer du lien social.
Cela nous rendrait adultes avant termes. Non, je n'en veux pas aux hommes politiques de toutes tendances.
Je n'en veux qu'à ce système néo-libéral qui génère l'exclusion et le conservatisme sociétal.
Demain sera plus beau qu'aujourd'hui, si nous nous attelons à le construire dès maintenant.
Laissons l'État gérer son économie et luttons contre les criantes entorses faites à notre Humanité.
Sinon, nous resterons de sempiternels assistés de nous-mêmes.
Et là, il n' y aura point de boucs-émissaires à accuser de nos irresponsabilités.
Bon courage et surtout bonne volonté de faire le bien sans se lasser.
Le Grenelle de l'Insertion est comme celui de l'environnement. Ils dénoncent tous deux nos immaturités à vivre authentiquement nos convictions de partage, d'efforts, de générosité et d'Amour.
Qu'attendons-nous pour être véritablement humains face à une mondialisation devenue inhumaine.
Il en va du visage futur de notre monde ; donnons-lui un supplément d'âme.
Et le reste viendra de lui-même dans la respiration intime de nos existences.
Bruno LEROY.

11:18 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CHRONIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

30/06/2008

JÉSUS DORT.

Jésus dort. Jésus dort dans la tempête. Si la question pouvait se poser, voilà sans doute un épisode que nous aimerions bien effacer de l’Évangile, pour éviter qu’il ne prenne corps dans nos vies ! Combien de crises avons-nous traversées avec ce sentiment désagréable d’être seuls dans la barque ? Pire, combien de fois n’avons-nous pas éprouvé le sentiment que Jésus nous a abandonné dans la tempête ? Certes, même dans ces moments-là, nous savons bien qu’il est là, puisque la foi nous le dit. Mais l’expérience nous dit aussi que nous ne maîtrisons alors plus rien et que tout semble reposer sur nous seuls. Tirons au moins de cette lecture la consolation de voir les apôtres eux-mêmes déconcertés par ce genre de situation et, par dessus tout, réjouissons-nous que Jésus nous apprenne comment les vivre : dans la foi !

Pourtant, dès le début, les circonstances semblent nous éloigner d’une question strictement liée à la foi. Les apôtres, en effet, avaient la foi pour choisir de monter dans la barque avec Jésus. Ils avaient même une foi grande, qui leur permettait de voir en Jésus, endormi, leur unique sauveur : « Seigneur, sauve-nous, nous sommes perdus ». Voilà d’ailleurs une interpellation qu’il ne faut jamais hésiter à faire nôtre.

Mais la parole de Jésus est très claire : « Pourquoi avoir peur, hommes de peu de foi ? » Jésus reproche manifestement à ses disciples leur manque de foi et, en illustration de sa maîtrise des éléments et des événements, il calme alors la mer et les vents. Comment nous expliquer cette contradiction ? Que notre foi n’est jamais ni assez grande ni assez pure, nous le savons bien… Faut-il vraiment passer par ces frayeurs pour l’apprendre ?

Peut-être la clé de lecture est-elle dans l’interpellation des compagnons de Jésus. Que font-ils ? Ils cherchent à réveiller Jésus… Ils ont perdu la maîtrise des événements et cherchent un moyen de la reprendre (et vite, car le naufrage peut venir avec chaque vague). L’attitude que dénonce Jésus est donc celle qui conduit à donner plus d’importance à ce que nous pouvons faire de notre vie qu’à ce que la foi nous permettrait d’en faire.

La pointe de cet épisode est en effet que ce ne sont pas les disciples qui réveillent Jésus, mais Jésus qui réveille leur foi chancelante ; il était nécessaire qu’il le fasse un jour de grande tempête. Quand les jours nous sourient, nous avons tôt fait de nous attribuer les succès rencontrés ou de nous faire croire que notre réussite est conséquence de notre fidélité au Seigneur. Or la foi ne s’exprime pas dans ces registres. La foi nous permet de nous conduire en enfants de Dieu, elle nous donne de faire une totale confiance à notre Père des Cieux, en toutes circonstances, et à de tout recevoir de lui avec reconnaissance. C’est cette attitude filiale que Jésus nous montre en action et qui lui permet de dormir dans la tempête : il sait que rien ne peut le séparer de l’amour de son Père, il sait que rien ne lui arrivera qui ne pourrait contribuer à son bien.

C’st ainsi que l’interpellation de Jésus nous rejoint. Nous sommes frappés que Jésus dorme alors que les éléments sont déchaînés ; si nous étions entièrement entrés sous le régime de la foi, si nous étions pleinement abandonnés entre les mains du Père, nous nous étonnerions que certains dans cette barque ne parviennent pas trouver le sommeil.

C’est pourquoi Jésus ne calme les éléments qu’une fois la foi des disciples réveillée. Jésus n’est pas là pour rendre service à ceux qui restent au seuil de la vie de foi mais pour bannir la peur qui nous tient éloigné de Dieu. Il nous enseigne que le monde de la peur est celui qui prétend rester hors de Dieu, hors de son atteinte. Mais celui qui s’abandonne à lui connait des jours paisibles.

La démonstration ira plus loin, nous le savons. Cet épisode est une préparation évidente à la Passion, une préparation aux jours où Jésus, en toute confiance malgré la solitude radicale qui écrasera son âme, s’endormira dans la mort, pour se relever bientôt, dominant les forces du mal, glorieux jardinier du paradis restauré.

Que son interpellation de ce jour soit pour nous une occasion de le laisser réveiller notre foi, pour nous apprendre à le laisser diriger notre vie, en toutes circonstances. Là est un des plus beaux secrets du Royaume.

Frère Dominique.

22:03 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

Pardonnez, car vous avez été pardonné !


podcast

La question à laquelle nous devons maintenant répondre est celle-ci : s'Il nous a tant aimés, ne pouvons-nous pas nous aimer les uns les autres ? Si nous avons été pardonnés, ne pouvons-nous pas pardonner aux autres ?

Bonne écoute de cette Parole pour Aujourd'hui qui nous aidera à réfléchir !

Votre Frère, Bruno.

20:48 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans SPIRITUALITÉ | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

28/06/2008

Quelle espérance dans le monde actuel ?

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Une anecdote tirée de la vie de Dom Helder Camara illustre avec force et simplicité le cœur de la théologie de la libération. Alors qu’il était archevêque de Recife, une paroisse lui demanda de venir présider une célébration de réparation. Des voleurs avaient fait effraction dans l’église paroissiale et jeté à terre les hosties consacrées, avant de dérober le ciboire. Dom Helder accepta et prononça le jour venu la prière suivante :

« Seigneur, au nom de mon frère le voleur, je demande pardon. Il ne savait pas ce qu’il faisait, Il ne savait pas que tu es vraiment vivant et présent dans l’eucharistie. Ce qu’il a fait nous touche profondément. Mais mes amis, mes frères, comme nous sommes tous aveugles ! Nous sommes choqués par ce que notre frère, ce pauvre voleur, a jeté les hosties, le Christ eucharistique dans la boue. Mais dans la boue vit le Christ tous les jours chez nous, au Nordeste. Il nous faut ouvrir les yeux ».

Il s’agit de découvrir le visage de Jésus-Christ à travers celui des pauvres. Il s’agit aussi de se rappeler que le Rédempteur nous veut co-rédempteurs. A nous de combattre avec lui contre les conséquences du péché, en nous-mêmes et dans le monde. Non par idéologie, mais par amour.

Cette théologie de la libération s’est développée dans les pays d’Amérique latine, puis en Afrique du Sud, aux Philippines et en Corée du Sud ainsi qu’en d’autres lieux frappés par la misère et la dictature. Elle est le fruit de théologiens qui, à partir des années 1970, se veulent solidaires des plus pauvres. Ces théologiens visent à expliciter la foi des communautés chrétiennes qui vivent l’oppression et la misère, mais qui sont portées par l’espérance évangélique. Partant de la conviction que la pauvreté extrême n’est pas une fatalité mais la conséquence de structures sociales et économiques injustes, ces théologiens – catholiques et protestants – font appel aux sciences sociales pour déceler les mécanismes sociaux qui produisent la pauvreté.

Les théologiens de la libération dénoncent non seulement les structures sociales et économiques injustes, mais aussi, et très concrètement, les pouvoirs en place et l’égoïsme de minorités puissantes qui condamnent la majorité des habitants des pays du Sud à des conditions de vie infrahumaines. Le monde actuel n’est donc pas plus civilisé, disent-ils, que quand les hommes réglaient leurs différends à coups de poings et de gourdins. Il est, au contraire, plus dangereux et plus cruel. La capitalisme, particulièrement sauvage dans les pays du Sud, en est la cause. Ils estiment que les masses du « tiers-monde » ont à recouvrer la dignité humaine que le Créateur leur a donnée.

Nécessité d’une transformation structurelle

Le thème central de cette théologie est la libération en tant que manifestation de la volonté de Dieu envers les opprimés et en tant qu’exigence pour le chrétien. On entend par le terme de libération tout ce qui vise à desserrer l’étau de l’exploitation économique et de la domination politique qui entrave leur liberté. Cette théologie implique la dénonciation des injustices ainsi que la transformation structurelle des sociétés où règne l’oppression. Elle se voit puissamment encouragée par la déclaration faite par l’ensemble des évêques catholiques d’Amérique latine réunis en 1968 à Medellin, en Colombie. Ceux-ci dénoncèrent « le colonialisme que pratiquent à l’intérieur de notre continent des groupes privilégiés qui maintiennent leurs richesses au prix de la misère de leurs compatriotes ». Une des convictions centrales de la théologie de la libération est qu’il existe, à côté du péché personnel, un péché collectif et structurel, c’est-à-dire une structuration de la société et de l’économie qui cause la souffrance, la misère et la mort d’innombrables frères et sœurs humains.

Voici ce qu’écrit l’archevêque de Recife Dom Helder Camara sur le lien entre l’Évangile et la dénonciation de l’injustice : « Et parce que cette faim, cette misère sont des conséquences des injustices et des structures d’injustice, le Seigneur exige de nous la dénonciation des injustices. Cela fait partie de l’annonce de la Parole. La dénonciation de l’injustice est un chapitre absolument nécessaire de l’annonce de l’Évangile. »

Le Vatican sous Jean-Paul II a approuvé l’affirmation que « l’injustice structurelle ne peut être abolie que par un changement de structures ». Certes, le pape a mis en garde contre les excès de la théologie de la libération, quand elle semblait oublier la dimension spirituelle du combat social et quand elle paraissait flirter avec le communisme ou prôner la violence armée. Mais on ignore souvent que Jean-Paul II eut des paroles extrêmement sévères à l’égard du capitalisme. Quant à Helder Camara, il s’insurgeait contre les chrétiens conservateurs qui lui reprochaient son engagement : « Quand je donne à manger aux pauvres, on m’appelle un saint. Quand je demande pourquoi ils sont pauvres, on m’appelle communiste », disait-il.

La « transformation structurelle de la société » dont il est question signifie, par exemple, le combat politique pour la redistribution des terres aux paysans et l’expropriation des grands propriétaires terriens, la lutte syndicale pour l’instauration des lois régulant le travail et instaurant un minimum de sécurité et de dignité, l’engagement pour l’abolition de la dictature et pour l’instauration des libertés et de la démocratie.

La mise en question des Églises et de leur théologie classique

Les adeptes de la théologie de la libération sont des protestataires au sein même de leurs Églises respectives. Ils disent que les pauvres mettent en question la mission et l’identité de l’Église. Ils dénoncent le fait que les paroisses classiques reflètent des valeurs bourgeoises. Les pauvres ne s’y sentent pas à l’aise : ce n’est pas leur Église. Celle-ci reste souvent silencieuse à l’égard de l’injustice. Ce silence équivaut à un acquiescement et donc à une collaboration avec un système d’oppression qui viole les promesses de l’Évangile. Au mieux, l’Église agit par des œuvres caritatives en faveur des pauvres, mais ce n’est pas suffisant. Elle doit devenir « l’Église des pauvres », dans les pays où ceux-ci constituent la majorité. L’Église doit donc se convertir, sortir de sa neutralité et d’une religiosité intimiste et désincarnée. Ils condamnent la religiosité « privatisante », celle qui réduit le salut à une affaire individuelle et sans rapport avec le contexte social. L’Église rencontre le Christ dans les pauvres. Le chapitre 25 de l’Évangile de Mathieu est explicite : ce que nous faisons aux plus pauvres, c’est à Lui que nous le faisons.

Cette conversion de l’Église par les pauvres requiert aussi, affirme la théologie de la libération, une mutation radicale de la théologie. Celle-ci ne peut plus se nourrir de spéculations sur Dieu, inspirées notamment par la philosophie grecque, ni se réduire, comme dans les pays riches, à un discours de type universitaire. La théologie doit être l’expression d’un vécu spirituel, celui d’un peuple qui souffre, qui prie et qui lutte parce qu’il a confiance en Christ mort et ressuscité.
Olivier Clément observe que, du point de vue orthodoxe, il s’agit d’une authentique théologie, car elle exprime une expérience de foi et de prière. Elle n’est pas le fruit de théologiens en chambre.

Les théologiens de la libération veulent que la théologie soit celle d’un peuple face à son contexte social immédiat et concret. La théologie ne saurait être anhistorique, disent-ils, déconnectée du temps présent et des conditions concrètes dans lesquelles vivent les gens, et en particulier les plus pauvres.. Il faut donc « contextualiser » la théologie et inviter les pauvres à se réapproprier la Bible comme une parole de libération et d’espérance qui leur est spécifiquement adressée. Ils découvrent alors que la Bible les aide à comprendre leur rôle dans la société et leur donne un regard critique. Le christianisme a été trop souvent un obstacle à leur libération, voire la cause de leur misère (par exemple la violence spoliatrice de conquistadors brandissant la croix, les marchands d’esclave et les grands propriétaires prêchant la soumission à leur Dieu).

Voici ce qu’en dit Dom Helder Camara : « Le paysan, le fils et le petit-fils de paysan de nos régions sont comme des morts-vivants […] Ils ont appris auprès de leurs parents analphabètes et dans les chapelles de leurs maîtres et seigneurs, qu’il faut être patient comme le fils de Dieu, si injustement traité et mort sur la croix pour nous sauver. Ils en déduisent que telle doit bien être leur vie. Mis à l’école d’un christianisme fataliste, ils conçoivent que les uns naissent riches et les autres pauvres, puisque telle est la volonté de Dieu. » Dès lors, l’évêque brésilien n’a de cesse que ces plus pauvres parmi les pauvres prennent conscience de leur dignité humaine et de leurs droits, car aucune croissance vraiment humaine n’est possible quand on n’a même pas « conscience de vivre à un niveau infrahumain et lorsqu’on ne sait pas qu’on a droit à une vie meilleure, digne vraiment de l’homme. »

L’Église doit devenir ce qu’après les prophètes, le Christ a voulu qu’elle soit : une force libératrice. Faute de cela, les pauvres chercheront hors de la Bible et de l’Église l’énergie qui leur est nécessaire pour résister et pour changer leur réalité.

L’Exode, archétype de la libération

La théologie de la libération s’inspire essentiellement du livre de l’Exode : « J’ai vu, j’ai vu la misère de mon peuple qui réside en Égypte. J’ai prêté l’oreille à la clameur que lui arrachent ses maîtres. Je connais ses angoisses. Je suis résolu de le délivrer de la main des Égyptiens et à le faire monter de ce pays vers une contrée plantureuse et vaste » (Ex 3, 7-8). Il s’agit donc de se libérer de l’oppression (dictature, capitalisme sauvage, etc.) et de cheminer, avec l’aide de Dieu, vers la liberté, la fraternité, la justice sociale, voire des formes de socialisme radical. Il s’agit de s’arracher des mains du « pharaon » actuel, le capitalisme, de traverser la « mer rouge » par un rude combat social pour arriver à la « terre promise » d’une société plus juste et plus conforme à l’Évangile. La pâque du peuple hébreu préfigure la résurrection pascale. Dans « résurrection » se trouve la racine du terme « insurrection ».

Aujourd’hui, l’écroulement du monde socialiste « réellement existant », la déroute des révolutions populaires, la mondialisation et ses inégalités croissantes, l’hégémonie du néo-libéralisme bouleversent l’horizon de la théologie de la libération. Au lieu de penser un projet social unique plus ou moins proche des expériences socialistes révolutionnaires des pays du Sud (par exemple, Cuba, la Tanzanie…), la théologie de la libération s’est mise, au cours de la dernière décennie, à penser la pluralité des projets collectifs. Elle s’est intéressée à l’altermondialisme et au Forum Social Mondial qui s’est réuni plusieurs fois à Porto Alegre (Brésil). Auparavant, il s’agissait du pauvre en général. Désormais, il est question du Noir, de l’Amérindien, de la femme en tant qu’opprimés.

Les théologiens de la libération découvrent aussi l’importance de l’écologie. Ils sortent ainsi du carcan intellectuel trop matérialiste et trop rationaliste d’un certain marxisme, tout en conservant sa critique sociale radicale et son idéal de fraternité humaine. Ils acquièrent, surtout avec Leonardo Boff nourri de spiritualité franciscaine, et à la requête des communautés de base notamment amérindiennes, une sensibilité cosmique, que les orthodoxes qualifieraient (avec le philosophe religieux russe Serge Boulgakov ) de « pan-enthéiste ». Ils s’ouvrent à d’autres cultures, moins marquées par la philosophie des Lumières et son projet de maîtrise et de progrès effréné. La théologie de la libération acquiert des caractères plus « féminins », tout en conservant son ardeur révolutionnaire. Les communautés chrétiennes de base restent le lieu privilégié de cette théologie. De nombreux membres les ont quittées cependant, pour rejoindre des mouvements pentecôtistes plus conservateurs sur le plan social, mais plus chaleureux dans l’expression de la foi. Dès lors, des « alléluias » de louange sont venus enrichir le répertoire de ces communautés de base jadis habituées surtout à des chants de luttes et d’espérance terrestre.

Plus récemment, des théologiens latino-américains tels que Enrique Dussel ou Franz Hinckelamert ont élargi le propos. Il ne s’agit pas seulement de refuser le système capitaliste et matérialiste et d’opter pour une société plus juste. Il s’agit avant tout de refuser la mort et les forces de mort. Ces dernières sont multiples, qu’il s’agisse du surarmement des États ou de la violence faite aux pauvres, de l’obsession du profit et du pouvoir, de l’hyper-compétitivité élevée en diktat, de la destruction de l’environnement. Ces théologiens développent avec les communautés de base une prière et une pensée qui célèbre la vie et les forces de vie. Dieu veut la vie et est l’ennemi de tout ce qui apporte la mort. Le capitalisme mondialisé est une fausse « religion », sans transcendance mais d’essence sacrificielle. La théologie de la libération démasque la supercherie de la mondialisation néo-libérale qui conduit à bénir les riches et à punir les pauvres. Elle oppose aux forces de mort, mobilisées par Mammon, la force de Vie du Dieu de la Bible qui a « entendu les cris de son peuple ». Ce Dieu de vie invite à se mettre debout. Il donne force et sens à l’être pascal qui continue, malgré les apparences, à croire dans la vie.

Une spiritualité de la libération

« Qu’as-tu fait ? Écoute le sang de ton frère crier du sol vers moi » (Gn 4, 10). Cette question est reprise maintes fois par les théologiens de la libération, car elle appelle le chrétien à la conversion. Elle dit que la pauvreté de ce monde, loin d’être le produit du hasard, est la conséquence des actions injustes et pécheresses de l’être humain. Jon Sobrino dit aux nantis de « reconnaître cette vérité » et à « ne pas maintenir la vérité captive dans l’injustice » (Rm 1, 18). Les pauvres, « rebuts de l’humanité », sont crucifiés, dit ce théologien d’Amérique centrale au moment où le dictateur au pouvoir au Guatemala, appartenant à une Église réformée, commettait de véritables massacres à l’égard des habitants (principalement indiens) de son pays. De tels évènements, hélas si fréquents, montrent qu’il y a du péché dans la réalité de ce monde. Certes, le péché n’est pas le tout de cette réalité. Mais tant qu’on ne l’a pas perçu comme un péché flagrant, un « péché structurel » (c’est-à-dire inscrit dans les structures économiques et sociales), on n’est pas encore arrivé à découvrir la mise en question radicale qui nous est adressée.

Le monde doit changer. Le statu quo est scandaleux. Les pauvres ne sont pas qu’un « problème », ajoute Jon Sobrino. Les pauvres sont, pour le chrétien, « le lieu historique de Dieu ». C’est en eux qu’on rencontre le Christ. Ils sont les aimés de Dieu. Comme le Christ, ils portent le péché du monde. Cette dernière pensée a inspiré au prêtre franco-brésilien Fredy Kunz une pensée à partir des quatre chants du Deutéro-Isaïe (Is 55ss). Elle allie théologie et mystique. Il l’a appelée la « Mystique du Serviteur souffrant ». Frédy Kunz disait au sujet de son action et de la fraternité qu’il a créée : « La théologie de la libération, c’est la tête. L’action non violente gandhienne, ce sont les pieds. La mystique du Serviteur souffrant, c’est le cœur. »

Gustavo Gutierez, le fondateur péruvien de la théologie de la libération, insiste sur le fait que notre action en solidarité avec les pauvres, ne relève pas d’une simple « dimension sociale de la foi ». Il ne s’agit pas de quelque vertu morale. Il s’agit d’un face-à-face, d’une rencontre avec Dieu au cœur d’une action portée par l’amour.

Les théologiens de la libération insistent sur le fait que la solidarité active relève d’un amour authentique qui les a amenés à partager, au moins partiellement, les conditions de vie des exclus. Ce don va de pair avec de l’affection et de la tendresse. Sans cette amitié et cette proximité, au sein des favelas , des taudis et des campagnes où règnent la faim et la misère, il peut certes y avoir des actions bien intentionnées, mais ne restent-elles pas froides et impersonnelles ? La théologie de la libération met ainsi en question à la fois les « bonnes œuvres » caritatives, les « projets de développement » parachutés d’en dehors des communautés ainsi que l’action volontariste mais parfois impitoyable de certains partis révolutionnaires se considérant comme « l’avant-garde » du peuple.

Cette rencontre de Dieu dans les pauvres implique une ascèse, un travail sur soi. L’homme se décentre et trouve sa propre réalisation en se donnant à autrui. Chemin faisant, le chrétien aura à se demander s’il veut vraiment supprimer la douleur d’autrui et s’il cherche réellement sa libération et non pas avant tout – même subtilement – le sens de sa propre vie (même si, en fait, on trouve ce sens dans cette pratique). Le pauvre est celui qui, d’une façon très concrète, place l’être humain devant l’alternative de se choisir lui-même ou de choisir l’autre, d’accepter ou non des expressions évangéliques aussi simples qu’ « il y a plus de joie à donner qu’à recevoir ». Tout ce chemin ascétique n’est pas une chose aisée. Le pauvre est tellement autre qu’il exige le décentrement de soi.

En outre, l’engagement pour la justice, peut coûter cher en termes de réputation et de statut social. Nombreux sont ceux qui ont été l’objet de calomnies comme Dom Helder Camara traité « d’évêque rouge », voire d’attentats criminels, tel que Mgr Oscar Romero du Salvador, fauché à la mitraillette alors qu’il célébrait la messe à l’autel. La mort et le martyre sont des réalités qu’un amour libérateur prend en compte : des milliers de laïcs, de religieuses et de prêtres ont versé leurs sang pour leurs frères et sœurs appauvris. Ils ont affronté courageusement les pouvoirs en place. Ils ont été les victimes des « escadrons de la mort » qui assassinent au service des riches et de certaines multinationales, quand celles-ci ne reculent devant rien pour protéger les privilèges exorbitants dont elles jouissent dans certains pays du Sud.

L’action non violente, violence des pacifiques

S’il y eut des chrétiens engagés qui, tel le prêtre colombien Camillo Torez, n’hésitèrent pas à rejoindre un mouvement armé de libération, d’autres se prononcèrent pour l’action non violente. Dom Helder estime qu’il faut opposer la force de la non-violence active aux trois violences dont souffrent les pauvres : la violence des oppresseurs dont la richesse se nourrit de la misère de leurs concitoyens ; la violence du monde riche contre les pays du Sud à travers des échanges commerciaux injustes et l’exploitation des ressources naturelles ; la violence perpétrée pour les États au nom de la défense de l’ordre établi, qui conduit à qualifier de subversion toute tentative de changement de cet ordre.

A l’exemple de Martin Luther King et du mahatma Gandhi, il faut opposer à ces trois types de violence celle que le frère Roger Schütz de Taizé appelait « la violence des pacifiques ». Elle se situe dans la perspective évangélique du pardon. Elle vise, en définitive, la réconciliation et la paix, mais fondées sur la justice. L’action non violente implique, par exemple, le refus d’obéir à la loi, le non-paiement de l’impôt, la grève générale, la dénonciation publique des abus – au risque de sa vie – et toujours le dialogue inlassable avec les agents plus ou moins conscients du pouvoir injuste.

Cette non-violence accepte qu’il puisse y avoir des victimes dans ses rangs, mais elle se refuse à en faire dans ceux de l’adversaire. « Il n’y a pas de victoire contre l’oppression et les structures d’injustice sans sacrifice. Les sacrifices acceptés par la non-violence préparent mieux l’avenir et la réconciliation que les sacrifices imposés par la violence ». Mais la non-violence n’est jamais lâcheté ni immobilisme. « Une non-violence qui ne se préoccuperait pas d’être vraiment une action capable de faire l’histoire serait encore du « passivisme » déguisé sous de grands principes et de beaux sentiments », précise Dom Helder.

Quelle espérance dans le monde actuel ?

Voyant comment va le monde aujourd’hui, pourquoi ne pas se résigner ? Comment ne pas verser dans le désespoir et le cynisme ?

Ce sont les pauvres, disent les théologiens engagés, qui maintiennent la véritable espérance : « L’espoir des pauvres ne périt jamais », affirme le psalmiste (Ps 9, 19). Les pauvres pour lesquels survivre est une tâche première et mourir le destin le plus proche, ont et maintiennent une espérance surprenante. Leur espoir et leur courage sont certes confortés par des victoires partielles et des solidarités concrètes faites de joie fraternelle et d’entraide. Mais les racines de leur espérance se nourrissent aussi d’une autre sève : un acte premier de confiance en un Dieu Père. Ils pressentent et nous enseignent que la justice et la bonté existent au fond de la réalité et que, malgré tout, le bien est plus originel et plus puissant que le mal. Dans les communautés chrétiennes de base, des gens quelquefois se lèvent et disent qu’ils acceptent que le vrai salut passe aussi par leur propre crucifixion. Certains expriment parfois en paroles parfaitement explicites que c’est le Serviteur souffrant qui donne la véritable espérance. Rien de tout cela ne leur enlève leur dynamisme pour travailler activement à la libération. Ils intègrent le scandale de la croix dans leur espérance, car ils savent – mieux que les nantis – que la croix est enceinte de la résurrection.

Les théologiens qui rapportent ces dires, ajoutent humblement qu’en définitive, c’est à une « théologie négative de l’espérance » qu’ils aboutissent : l’apophatisme (le non-dire) devant le mystère de la souffrance et devant l’espérance. Une chose leur paraît certaine : en dernière analyse, l’espérance vit de l’amour. Celui qui aime les pauvres de manière radicale et désintéressée fait quelque chose d’absolument bon, qui sera accueilli pour toujours dans l’histoire du Salut. Celui qui agit par amour et dans l’espérance est en train de dire que le mystère ultime de la réalité est un mystère de bonté et de salut.

Jean-Thierry Verhelst

Texte paru dans la revue Le Chemin, 73, hiver 2006.
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12:55 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans THÉOLOGIE CONTEXTUELLE. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

21/06/2008

JE SUIS VENU TE DIRE QUE JE M'EN VAIS !

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La vie d'un éducateur est souvent faite d'imprévus et n'est jamais sauf, pour certains ; un long fleuve tranquille. Pour partager le Bonheur qui vous habite, il faut souvent renier son confort personnel.
Il faut que les plus pauvres viennent se baigner avec vous dans l'océan spumeux et éclatant de joie de vivre.
Nous devons partir de leurs désirs profonds. Dans cette source nous puiserons d'autres sources plus jaillissantes. Sinon, l'éducateur ne fait que du forcing social et cela est plus dommageable que nous le pensons. Je dois, en tant que travailleur Social, accompagner les désirs des plus petits de nos Frères. De plus, la charité telle que bon nombre de chrétiens la conçoive est à mettre au panier de nos mémoires.
L'être Humain évolue anthropologiquement et la recherche de Justice sociale devient primordiale, voire essentielle.
Le paternalisme dont a fait preuve l'Église durant des années a démontré ses limites.
L'individu doit impérativement redevenir acteur de son propre destin.
J'en ai marre de ces gens qui pensent, agissent pour les autres sous prétexte de donner un sens à leur existence.
Penser à la place des autres, c'est forcer autrui à ne jamais penser individuellement.
Cela fait partie de nos petits viols quotidiens des Droits de l'Homme.
Après cette entrée en matière, vous avez compris que je ne suis pas un bureaucrate travaillant à heures fixes.
Tout cela pour vous dire que mon Blog risque de demeurer muet durant quelques temps, quelques semaines...
Moi, qui écris des livres, des articles pour que l'Humain savoure avec Amour l'instant présent ; je ne semble pas en harmonie avec mes écrits.
Détrompez-vous, je ne fais jamais mentir les mots et mes textes restent dans la ligne droite de mes pensées.
Cependant, soit que nous avons une veine militante ou que nous dormons sous le soleil couchant.
Du tréfonds de mon âme, je crois que nous pouvons construire le Royaume de Dieu dès maintenant, dans l'Aujourd'hui.
Voir des yeux éteints par les tristesses s'illuminer grâce à un sourire donné est pour moi une joie incommensurable.
Donc, demain puis dans les jours qui suivent ou qui viennent. Je serais absent pour mieux être présent auprès des plus souffrants.
Dès, Lundi je participe même de façon active au Grenelle de l'insertion. Trouver de nouveaux paradigmes pour alléger les fardeaux humains.
Maintenant, que vous commencez à me connaître ; vous savez qu'il m'est impossible de séparer ma Foi d'une action politique concrète.
Dans le respect de chacun, évidemment...
C'est en cela que je parle désormais de Justice plutôt que de charité.
Être Témoin de l'Amour et de l'Espérance au cœur de la pâte humaine, tel est mon horizon de Vie depuis longtemps.
Soyez, selon vos charismes, des amoureux ( ses ) de Dieu là où vous êtes.
Et combattez pour que l'Amour devienne vainqueur pour des jours meilleurs.
La prière vous aidera infiniment pour prendre conscience des desseins de Dieu  à votre encontre.
Je vous souhaite un merveilleux week-end et une semaine rutilante de Tendresse Divine.
Bruno LEROY.

20:57 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CHRONIQUES. | Lien permanent | Commentaires (7) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

IL EXISTE UN ESPRIT GUY GILBERT.

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( Photo : Bruno LEROY )

Pourquoi dit-on qu’il est différent des autres éducateurs ? Simplement, parce qu’il n’a jamais baissé les bras, n’est jamais devenu un technocrate froid. Et surtout, parce que sa Foi indéfectible en l’Humain lui permet de sublimer les méandres les plus horribles de cette société. En chaque être, il sent une part de cristal qui vient du Christ.


 

Il est arrivé sans faire de bruit tel un souffle dans la nuit. Certains pensent qu’il a une envergure de star, d’étoile inaccessible ou de prêtre-éducateur au dessus de tout. Et pourtant, toute l’humilité s’inscrit sur le visage de Guy Gilbert comme sa Foi dénudée et pure qu’il vit depuis tant d’années. Il ne masque rien et cela fait la grandeur du personnage.

Ses mots sont des couperets contre nos égoïsmes et surtout, contre notre individualisme face au pognon. Il nous invite à partager, à aimer sans mesure. Puis, soudain s’arrête en se posant la question de savoir si tout cela n’est pas utopique. La réponse est affirmative. Voilà donc que, depuis sa tendre enfance, cet homme devenu septuagénaire entretient des utopies pour un monde meilleur !.

Nous pouvons penser, à juste titre, que toutes ses utopies ne sont pas applicables, concrétisables. Détrompez-vous, Guy Gilbert est justement venu ce soir nous démontrer le contraire.

Des jeunes paumés n’ayant plus un seul désir de vivre mais celui de se foutre en l’air. Des jeunes violents car, personne ne les écoute et qu’il faut parfois gueuler sa rage pour se faire entendre. Des jeunes victimes d’un système basé sur le profit qui dealent, volent et parfois tuent pour uniquement s’acheter les dernières fringues du moment...

En face, le Père Guy Gilbert, un Homme de Dieu, un loubard du Christ qui vient leur prouver qu’une autre vie est possible. Il les écoute avec les oreilles de son âme et les regarde avec les yeux de son cœur. Ils se sentent soudainement aimés, ce mot manquait tellement à leur vocabulaire. Construire, pourrait être le mot d’ordre du Père Guy Gilbert. Oui, construire une ferme nommée « Faucon », au lieu de détruire. Construire son avenir comme la plus belle rose au milieu des ordures. S’aimer soi-même pour pouvoir aimer autrui.

Guy Gilbert ne se contente pas de rêver ses utopies, il les apprivoise. Il les offre aux ados pour qu’ils réussissent au moins à se mettre debout face à ce monde pourri par l’argent et le manque de reconnaissance des autres.

Il gueule comme eux devant ce monde inhumain. Il agit pour que le soleil se lève chaque matin sur les ombres endormies.

Il est contagieux de valeurs immortelles , impérissables et les transmet aux Jeunes. Sa Force vient de la prière qu’il récite dès son lever et qu’il achève dans l’Eucharistie. Elle vient également de ses écrits qui lui permettent de prendre du recul face aux problématiques rencontrées. De ses conférences aussi où il peut hurler sa rage de vivre, de combattre, d’aimer selon le cœur de Dieu.

Pourquoi dit-on qu’il est différent des autres éducateurs ? Simplement, parce qu’il n’a jamais baissé les bras, n’est jamais devenu un technocrate froid. Et surtout, parce que sa Foi indéfectible en l’Humain lui permet de sublimer les méandres les plus horribles de cette société. En chaque être, il sent une part de cristal qui vient du Christ. Et c’est en artiste qu’il modèle cette matière première.

Non, il n’est guère différent des éducateurs que je rencontre au quotidien. Simplement, ces derniers sont désabusés par la routine de leurs fonctions. J’ai toujours dit, affirmé, écrit, témoigné que Guy Gilbert était la tête suprême des éducateurs. Il est l’Amour incarné qui veut propager cette dimension de Tendresse sur la terre. Je ne connais aucun travailleur social ayant ce charisme à déplacer des montagnes de haine. Dieu est en lui comme une respiration dans l’infini. Nous l’avons tous et toutes sentis le soir de sa venue à Lille.

Guy Gilbert est reparti après avoir délivré son message. Il est peut-être dans sa permanence parisienne ou dans la Bergerie avec ses Jeunes. Peu importe, même s’il est au Canada, c’est l’esprit Guy Gilbert qui demeure en nos âmes. A nous de rester les veilleurs et transmetteurs de ses convictions inspirées par un Dieu d’Amour. Notre religion sera l’Amour inconditionnel des plus petits en priorité vécu en osmose avec le Christ. Le reste nous sera inspiré... Merci Guy d’être venu nous parler de l’essentiel qui habite nos existences.

Bruno LEROY.

16:19 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CHRONIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |