7427 7827

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

29/11/2006

UN SOUFFLE DE LIBERTÉ INTÉRIEURE ?.

 

Une libre extériorisation de toutes les pensées est sans doute difficile à admettre dans un cadre d'existence normal ; mais c'est pourtant sur elle que reposent la plupart des traitements psychologiques que l'on pratique de nos jours. Il ne suffit d'ailleurs pas d'obtenir que le sujet dise tout ce qu'il a conscience de penser, mais bien qu'il ose prendre conscience de tout " ce qui se pense en lui " afin de pouvoir secondairement l'exprimer en paroles. Il faut en effet distinguer les choses que que nous pensons, c'est-à- dire auxquelles nous donnons notre adhésion, et celles qui se pensent en nous, idées ou sentiments fugitifs, à peine aperçus et rejetés avec horreur comme incompatibles avec notre idéal moral ou avec notre personnalité. Ce sont le plus souvent des pensées que nous jugeons injustes ou monstrueuses et contre lesquelles tout notre être proteste. Elles n'en existent pas moins en nous, bien que détachées de nous ; et quand elles nous tourmentent sournoisement, il n'est pas d'autre remède que de les amener à s'extérioriser pour nous en délivrer, sans pour cela d'ailleurs leur accorder davantage notre approbation ni croire utile de les traduire par des actes. Il est à la vérité très difficile d'obtenir une liberté complète de verbalisation au cours de ces traitements psychothérapeutiques.

Quel est donc le comportement qu'il nous faut adopter pour accéder à une libération totale de ces inhibitions ?

Tout d'abord la suppression des barrières habituelles permet une décharge affective et motrice qui réduit la tension intérieure de l'individu et par suite le rend disponible pour de nouvelles tâches ; des facultés inemployées jusque-là trouvent à s'exercer ; les mauvais " plis ", formés sous l'effet d'anciennes contraintes maladroites ou inopportunes parviennent à s'effacer et l'individu, débarrassé d'un poids qui l'accablait, peut redevenir créateur et constructif. Il retrouve ainsi le sens de sa propre vie, que des interventions abusives avaient obscurci. L'évolution de l'individu, bloquée par un conflit névrotique, reprend son cours, dans des conditions redevenues favorables : une contention excessive exaspère en effet les conflits, en les empêchant de trouver leur solution naturelle. C'est ainsi que bien souvent la présence d'adultes qui prétendent faire régner l'ordre et la justice par la force envenime les climats psycho-relationnels au point de déclencher des états névropathiques.

Le second mode d'action de la liberté thérapeutique consiste donc à permettre d'épuiser les plaisirs enfantins ou régressifs dont la nostalgie inconsciente a empêché l'évolution de l'individu de se poursuivre d'une façon simple et normale. La liberté agit enfin en provoquant des prises de conscience éclatantes mais, elle peut être génératrice d'angoisses car dépourvue de réalisme. C'est au moment où toutes les contraintes sont supprimées qu'apparaissent en plein jour, de la façon la plus irréfutable, les exigences de la Réalité. L'individu peut alors découvrir la nécessité de la remplacer par une morale et une discipline intérieures.

Ainsi la liberté, moyen thérapeutique, comporte une posologie qui n'est pas la même dans tous les cas. La brusque suppression de toutes barrières convient à certains ; pour d'autres au contraire, il est souhaitable d'agir d'une manière moins systématique et plus progressive. Cela me fait penser à une phrase attribuée à Paul Valéry : " Tout homme a en lui un dictateur et un anarchiste ". Mais, contrairement à ce que l'on pourrait penser, il semble que ce soit là deux personnages contradictoires. Le dictateur n'est-il pas, comme l'anarchiste, un homme qui n'accepte d'autre loi que la sienne propre ?

Chacun aspire plus ou moins, en effet, à cet état d'indépendance, presque absolue ; mais y aspirer ne signifie pas qu'on soit forcément de taille à la supporter. Il faut avoir assez de force pour y faire face, car la contrepartie de cette indépendance, c'est la solitude : il ne faut plus compter sur l'appui des autres ; il faut tout tirer de soi-même ! Il y a de ces remèdes énergétiques qu'on ose prescrire qu'à ceux dont on sait l'organisme résistant ; sinon, pour y recourir, on est obligé, concurremment, de soutenir l'organisme. De même, quand on soigne par la liberté, il faut tenir compte des forces du patient et, au besoin, lui fournir les ressources nouvelles : c'est ce qu'on fait quand on lui donne, par exemple, à jouer un rôle qui l'exalte et lui permet d'accepter le principe de l'autorité, à la condition d'en détenir une parcelle.

Il ne convient donc pas de faire de la liberté un talisman utilisable en toutes circonstances. Ce n'est pas non plus un philtre magique ; mais je viens de m'efforcer de le montrer, c'est dans certains cas un remède tout à fait rationnel dont il faut apprendre à se servir, comme tel, à bon escient.

Bruno LEROY.

10:37 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans PSYCHOLOGIE. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite, social |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

Les commentaires sont fermés.