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28/08/2006

JEAN-BAPTISTE LE TÉMOIN.

Nous le savons bien, l’esprit du monde n’est pas celui de l’évangile ; la vie dans l’Esprit ne souffre aucune compromission avec les affaires du monde. Aussi la vie de saint Jean-Baptiste nous trouble-t-elle quelque peu. Il est unique (sanctifié dès le sein de sa mère) et exemplaire (la liturgie nous donne souvent de le fréquenter et elle célèbre même sa nativité), mais il est gênant. Il est tellement soumis à l’Esprit Saint, qu’il se retire du monde et vit au désert, qu’il se vêt de peaux de bête et se nourrit de sauterelles. Est-ce vraiment là l’idéal du chrétien ?

Et, au jour où nous faisons mémoire de son martyre, la question se fait plus pressante. Avons-nous à suivre de si près le saint pour lequel Jésus manifeste une telle admiration ? Autrement dit, pour être vraiment chrétienne, notre vie doit-elle se résumer à une longue ascèse couronnée par une mort violente ?

Bien entendu, nous sommes tous uniques et sujets d’une alliance particulière. Mais la question ne peut être gommée par un simple « chacun sa voie », car les saints sont tous un reflet du visage du Christ dans lequel nous avons à lire la grandeur du mystère de la rédemption. Chacun d’eux nous parle personnellement de ce que nous devons aspirer à vivre, quel que soit notre état de vie ou notre sensibilité.

Mais, avant d’abandonner nos maisons pour courir au désert, commençons par nous rappeler que la vie de Jean-Baptiste ne se résume pas à une série héroïque de sacrifices préparant et annonçant le sacrifice ultime de sa vie. Jean-Baptiste est avant tout celui qui a su discerner la présence du Christ au cœur du monde. Au jour du baptême du Seigneur, parmi une foule nombreuse, Jean-Baptiste est le seul qui a reconnu le Messie ! Et il l’a annoncé : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». Le point culminant de sa vie est là, l’exemple qu’il nous donne est celui-là. Tout le reste, même sa mort, accrédite le caractère prophétique de cette parole. C’est ainsi que nous avons à reconnaître le chrétien : sa proximité continuelle avec le Christ, la familiarité avec Jésus qu’il entretient précautionneusement chaque jour, lui permet de discerner la présence du Seigneur dans le monde et d’en témoigner.

Cette proximité est le fruit d’une ascèse certaine, d’efforts et de renoncements. Mais ils ne sont pas vécus comme tels. Personne n’a de résistance à quitter un bien pour un meilleur. Il est naturel aux baptisés d’orienter leur vie en fonction de sa source et de son terme. Or cette capacité, personne ne se la donne. Elle est offerte à ceux qui ont fait un choix pour le Christ, dont ils sont prêts à répondre à chaque instant de leur vie. Un choix inconditionnel, comme celui que fit Jean-Baptiste dès le sein de sa mère.

Malheureusement, nous avons tous fait l’expérience des limites de notre choix. Nous suivons le Seigneur jusqu’à ce qu’un événement nous révèle les conditions, inconscientes souvent, que nous avions posées. Préserver sa vie peut en être une. Ainsi méditer sur le sort de Jean-Baptiste peut nous révéler jusqu’où nous acceptons que notre vie soit mise en danger par notre appartenance au Christ. Plus probablement, cette méditation peut révéler que les conditions que nous posons sont bien en deçà d’un tel héroïsme : suivre le Christ, oui mais à condition que cela ne nuise pas à ma famille, à condition que cela ne me sépare pas de mes amis, à condition que je continue à faire ce que je veux, etc.

Plus généralement, on parlera de chrétiens « libéraux », ou « modérés », quelque fois on invoquera « la sagesse ». Comme si l’amour se négociait. Comme si les témoins comme Jean étaient une élite jouissant de grâces particulières pour une mission extraordinaire et inégalable. Oui, ils ont une place unique. Mais ne négligeons pas, par exemple, que nous ne savons rien de ce que Jean-Baptiste a pensé pendant ces événements dramatiques. Comment les a-t-il vécus ? Nous ne sommes pas assurés qu’il jouissait de la calme assurance du devoir accompli. Jésus a connu l’angoisse à Gethsémani, pourquoi Jean-Baptiste ne l’aurait-il pas connue dans sa prison ?

Ce n’est donc certainement pas un surhomme, désincarné et invulnérable, que nous vénérons aujourd’hui. Nous faisons mémoire de Jean, le Baptiste, témoin de Jésus-Christ, serviteur de l’Agneau par sa vie et par sa mort, un homme qui a montré jusqu’à l’oubli de soi que sa seule volonté était de servir le Seigneur, un homme qui a entendu la voix de l’Époux et qui en a fait un écho dans chaque instant de sa vie. En somme, un chrétien.

Saint Jean-Baptiste, vois notre faiblesse et intercède pour nous, afin que nous sachions retrouver la radicalité de la vie évangélique ; afin que nous redécouvrions la vraie sagesse, qui est de toujours vivre en fidélité avec l’évangile ; prie pour nous, afin que nous portions, là où le Seigneur nous a plantés, les fruits de sainteté agréables à Dieu notre Père.


Frère Dominique

22:02 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

LA PEUR DES AUTRES.

J'ai peur. Tu as peur. Il a peur. Elle aussi. Bref, nous avons peur. La peur nous colle aux tripes. Elle nous taraude l'esprit. Elle paralyse notre action. Il nous arrive de frémir. L'angoisse nous crée des insomnies. Les soucis nous envahissent.

Nous la savons là, la peur... Elle est tapie comme le soldat ennemi derrière un arbre. Nous la devinons au moindre mouvement des feuilles et des branches. Elle attend, souhaitant que nous soyons à découvert pour nous tirer dessus. Elle finit par envahir notre territoire. Elle attaque de tout côté. Nous la pensions devant nous ; mais nous la découvrons au coeur de nous-mêmes. Elle nous habite. Elle fait son nid et s'installe en nous comme un mauvais visiteur qui colle.

La peur est là depuis toujours. L'historien de la peur, Jean Delumeau, écrit : « La peur est née avec l'homme et elle durera autant que l'humanité. La peur naît avec nous et nous accompagne toute notre vie. » (R.N.D., août-octobre 1983, p. 17)

Regardez le chef ! Remarquez sa façon d'exercer son autorité. Voyez-le donner des ordres. Quand il a peur, il commande sèchement. Il parle fort. Il menace. Il monte le ton en espérant contrer de possibles résistances. Il charge au cas où... Il restreint le champ d'action de ses sujets. Il limite les droits de ses citoyens. Il n'hésite pas à restreindre les libertés. Il renforce la surveillance à ses frontières : qu'il ne survienne rien de l'extérieur qui soit menaçant.

Regardez le peuple ! Il lui arrive, lui aussi, d'avoir peur. Plus souvent qu'à son tour, même ! Il guette. Il se tait. Il se range facilement. Il fuit quand il sent la soupe chaude. Il se soumet plutôt que de résister. Il feint l'indifférence plutôt que de prendre position. Il semble ne pas apprécier d'être dérangé, mais en fait il craint pour sa vie, son confort, ses attachements.

Nous avons tous peur, du plus grand au plus petit. Au fond de nous-mêmes, c'est la mort qui nous fait peur. La mort que nous portons dans les fragilités de notre corps, dans les faiblesses de notre esprit, dans les blessures de notre coeur. Si nous maîtrisions la mort, aucun ennemi ne pourrait nous résister. Nous aurions le courage facile, l'audace entreprenante.

La mort nous retient. Notre mort personnelle, pas celle des autres. Nous ne voulons pas disparaître. Nous ne voulons pas souffrir, diminuer, perdre le souffle et finalement ne plus respirer. Que faire pour durer, et durer longtemps ? Pascal disait : « Les hommes n'ayant pu guérir la mort, la misère, l'ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre heureux, de n'y point penser » (Pensées 133).

La religion s'intéresse à la mort. Ou plutôt : le religieux est un mortel qui se sait mortel ! Parfois, c'est en tremblant qu'il demande l'immortalité. Il ne sait plus où donner de la tête. Alors il fait appel à plus fort que lui. Dieu, pour les situations qui nous échappent. Dieu quand nos forces n'y peuvent rien. Je n'aime pas trop ce genre de religion où Dieu n'occupe que l'espace qui nous échappe.

Je préfère la religion de la confiance. Confiance en soi : j'ai des ressources pour assumer mon existence. Confiance dans la vie : elle a prouvé depuis des milliers d'années qu'elle pouvait affronter bien des intempéries. Confiance en Dieu aussi. Pas le policier qui surveille mes actes, pas le bourreau qui me torture à la moindre peccadille. Non. Plutôt le partenaire de ma vie, l'ami, mon compagnon de voyage. Dieu qui partage le présent et l'avenir des hommes et des femmes.

Dieu ne remplacera jamais la part de responsabilité qui nous revient. Il nous laisse nous débattre avec nos peurs parce qu'elles sont école de vie, de sagesse. Je peux me replier sur moi-même quand j'ai peur. Je peux aussi prendre le taureau par les cornes : faire face, foncer, oser, dépasser, assumer.

J'ai pour modèle de courage le Christ lui-même. Le quatrième évangile laisse soupçonner qu'il a hésité à se rendre à Jérusalem quand son ami Lazare était gravement malade. Avait-il peur d'être arrêté et condamné ? (Cf. Jean 11) Il a connu les affres de l'agonie (Cf. Matthieu 26, 37 ; Jean 12, 27). Mais il a regardé la mort en face : « [Ma vie], personne ne me l'enlève, mais je m'en dessaisie de moi-même » (Jean 10, 18). L'Évangile du Christ, avec sa mort au sommet, m'apprend qu'il n'est pas de combat plus important que celui de la liberté. Je serai pleinement moi-même quand la peur aura définitivement cédé la place à la liberté.

Bruno LEROY.

20:43 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans SPIRITUALITÉ | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

LE REGARD DES AUTRES.

Si on prend une personne, et qu’on l’envoie seule sur une île déserte où il n’y a personne d’autre qu’elle, il y a des choses qu’elle se permettrait de faire et d’autres qu’elle trouverait inutiles de faire parce qu’elle est toute seule sans aucun autre regard.
Le regard de notre entourage sur nous a des influences considérables, des fois positives, des fois négatives.

DEVONS-NOUS PRENDRE EN COMPTE LE REGARD DES AUTRES ?

Que dit la Bible par rapport à cela ?

Selon la Bible, en tant qu’enfant de Dieu, nous sommes libres de tout faire mais tout n’est pas utile, 1 Corinthiens 10:23. Et nous ne devons pas faire de notre liberté une occasion de chute pour les autres qui nous voient. 1 Corinthiens 10:23
C’est vrai qu’il y a des pratiques que la parole de Dieu ne condamne pas,  mais qui pourraient être mal vues par les plus faibles dans la foi ou les païens et les éloigner de Dieu.
Si un acte de liberté est vu comme un scandale devant autrui, nous nous devons de ne pas le commettre en sa présence. 1 Corinthiens 8:9  Prenez garde, toutefois, que votre liberté ne devienne une pierre d'achoppement pour les faibles.
Notre témoignage, notre manière de s’habiller, nos paroles, notre manière d’être avec les autres, nos habitudes, nos actes,  ne doivent pas être des pierres d’achoppement pour autrui.
Pour cela,  nous devons considérer le regard des autres de peur de les scandaliser par notre liberté.

Mais le regard des autres peut être aussi un handicap pour les enfants de Dieu.
Des fois à cause du regard des autres, nous nous privons de faire des choses pour la Gloire de Dieu ou nous demeurons encore dans des pratiques qui ne glorifient  pas Dieu de peur d’être mal jugés par les autres.  C’est en cela que d’autres se privent de chanter, de danser, d’évangéliser, de prêcher, de prendre des décisions, de renoncer à des pratiques, ou encore de quitter certaines fréquentations. Vaut mieux qu’on nous traite de lâches que de déshonorer notre Dieu. Vaux mieux aussi qu’on se trompe à plusieurs reprises afin de pouvoir s’améliorer que de ne jamais essayer.
Sachons que le regard des autres peut créer la timidité, la honte, la peur d’agir, l’orgueil, l’angoisse, le stresse, des handicapes de plusieurs sortes face à l’œuvre et la volonté de Dieu.
Marc 8:38  Car quiconque aura honte de moi et de mes paroles au milieu de cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l'homme aura aussi honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père, avec les saints anges..
A cause du regarde des autres, il y a pleins de talents cachés qui ne seront jamais découverts, pleines des bonnes idées qui ne seront jamais enfantées et pleines de personnes qui demeurent encore dans des traditions ou pratiques non bibliques de peur d’avoir les autres contre elles. Luc 6:26  Malheur, lorsque tous les hommes diront du bien de vous,

Celui qui cherche à plaire aux hommes aura du mal à plaire à Dieu, mais il n’y a pas que Dieu dans ce monde, il y a aussi notre prochain dont les regards ont besoin de voir une bonne image de nous selon la parole de Dieu.

Ce que notre Seigneur Jésus voudrait, c’est que le regard des autres nous influence positivement selon sa volonté et sa parole.


Auteur : Donald SORO

20:33 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans SPIRITUALITÉ | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

27/08/2006

CONSENTIR A LA LOGIQUE DE L'AMOUR.

Les invectives de Jésus contre les scribes et pharisiens ne sont pas des malédictions, mais constituent une longue lamentation de Notre-Seigneur sur leur religiosité à ce point formelle qu’elle en est devenue une caricature de la foi. Celle-ci en effet ouvre les portes du Royaume des cieux, alors que leur doctrine compliquée les « ferme à clef devant les hommes ». Or la seule attitude qui peut empêcher d’accéder au salut, est le refus de le recevoir, et de le recevoir tel qu’il se donne, c'est-à-dire gratuitement. Ce que Jésus reproche donc implicitement aux chefs religieux de son époque, c’est de vouloir mériter le salut. Hélas une telle attitude, qui prétend « libérer » l’homme de la dépendance servile d’un Dieu dont il serait éternellement redevable, l’enferme tout au contraire dans la prison de la solitude ; elle le « voue à la géhenne », ou en d’autres termes : elle le condamne à l’absurdité d’une vie insensée. Car Dieu nous a créés « vers lui » (S. Augustin), de manière à ce que nous puissions nous jeter dans les bras qu’il nous tend, dans un élan filial de reconnaissance ; et trouver en lui, dans l’étreinte d’amour à laquelle il nous invite, notre accomplissement et notre béatitude éternelle : « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose en toi » (S. Augustin, Confessions, I, 1).
Le bonheur pour l’homme créé à l’image de Dieu, est de consentir à la logique de l’amour ; logique du don réciproque et de la dépendance mutuelle délibérément choisie. Le malheur - tous nos malheurs - procède du refus de cette finalité surnaturelle de notre existence, et de l’enfermement dans l’immanence de notre vie naturelle. De plus, la négation de la transcendance du Dieu de la Révélation conduit tôt ou tard à l’idolâtrie de la création et aboutit à la théurgie (auto-divinisation de l’homme). L’actualité de ce constat n’est hélas plus à souligner : l’athéisme du début du XXe s. n’a pas tardé à se transformer en anthropothéisme triomphant. Mais ce processus n’aurait pas pu s’enclencher, si la foi au Dieu de la Révélation biblique ne s’était pas réduite à un simple déisme ; si le christianisme d’un grand nombre ne s’était pas dégradé en une religiosité formelle ayant perdu son âme, ne vivant plus de la relation d’amour avec le Christ Jésus, reconnu comme Seigneur et Sauveur.
C’est ce genre de dérive que dénonce Notre-Seigneur dans ses invectives adressées aux scribes et pharisiens : leur intérêt est passé subtilement de « Celui qui siège dans le Temple sur le trône divin » - allusion à la vision du Dieu trois fois saint, c’est-à-dire absolument transcendant d’Isaïe (Is 6, 1-4) - à ce qui est posé en offrande sur son autel. Sans doute Jésus fustige-t-il la convoitise de ses interlocuteurs que l’appât du gain rend « insensés et aveugles » ; mais l’allusion à la sacralité des offrandes semble inclure une dénonciation de l’idolâtrie des créatures. Celles-ci n’ont en elles-mêmes aucun caractère « sacré » et ne méritent aucunement qu’on s’y attache. Ce n’est que lorsqu’elles sont perçues comme des dons de Dieu pour lesquels nous lui rendons grâce sur l’autel de notre cœur, dans le temple de notre intériorité, que ces mêmes créatures prennent une valeur « religieuse » - au sens où elles nous relient à Dieu, source de tout bien.
Dieu seul est saint ; lui seul est digne de notre louange, de notre adoration ; à lui revient tout honneur et toute gloire. C’est par lui que subsistent toutes choses, qui reçoivent à chaque instant de lui « la vie, le mouvement et l’être » (Ac 17, 28). Tout l’univers proclame « sa puissance éternelle et sa divinité. Ils n’ont donc pas d’excuse ceux qui ont connu Dieu sans lui rendre la gloire et l’action de grâce que l’on doit à Dieu. Ils se sont laissés aller à des raisonnements qui ne mènent à rien, et les ténèbres ont rempli leurs cœurs sans intelligence. Ces soi-disant sages sont devenus fous ; ils ont changé la gloire du Dieu immortel contre des idoles représentant l’homme mortel, ou des oiseaux, des bestiaux et des serpents » (Rm 1, 20-23). Tel n’est pas le dessein de Dieu notre Père, ni son appel sur nous ; lui qui veut que « Notre-Seigneur Jésus ait sa gloire en nous, et nous en lui ; voilà ce que nous réserve la grâce de notre Dieu et du Seigneur Jésus-Christ » (1ère lect.).

« Seigneur notre Dieu, nous le croyons : "nous sommes créés pour te louer, te respecter et te servir, et par là sauver notre âme. Les autres choses sur la face de la terre sont créées pour nous, pour nous aider à poursuivre la fin pour laquelle tu nous as créés" (Saint Ignace de Loyola, Principe et fondement des Exercices spirituels). Donne-nous de ne pas les idolâtrer, mais d’ "en user dans la mesure où elles sont une aide pour notre fin, et de nous en dégager dans la mesure où elles lui sont un obstacle" (Ibid.). Garde-nous de toute hypocrisie, de toute religiosité mensongère par laquelle nous prétendrions nous justifier devant toi par nos œuvres, dans le seul but d’échapper à la bienheureuse dépendance de ton amour miséricordieux, que tu nous as révélé en Jésus-Christ, notre Seigneur et Sauveur bien-aimé ».


Père Joseph-Marie

18:31 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

Théologie de la libération pour aujourd'hui.

 

Elle a tout simplement pris d’autres formes, ce qui est conforme à son esprit. (Certains préfèrent d’ailleurs parler de « christianisme de la libération » ou de « spiritualité de la libération »). Plus encore, elle ne peut pas disparaître, et cela pour plusieurs raisons :

  Elle est née du « choix prioritaire des pauvres » fait par la Conférence des évêques d’Amérique latine (1968) dans l’impulsion donnée par Vatican II. Or les « pauvres », les opprimés, sont toujours là, et de plus en plus nombreux, qui crient vers le Dieu de la Vie.

  Elle est née de l’expérience historique et toujours actuelle des chrétiens qui éclairent leur aventure humaine à la lumière de la foi, à partir de la Parole libératrice de la Bible et animent, enrichissent leur foi à la lumière de leur histoire quotidienne où ils lisent les « signes des temps ».

  Elle est une réaction contre une théologie purement occidentale élaborée dans une culture hégémonique, étrangère aux peuples d’Amérique latine. En ce sens, elle participe au mouvement mondial de mise en question de formes culturelles qui se prétendent universelles.

  Elle n’est pas statique mais mouvante comme toute réflexion vivante, comme l’histoire des hommes où elle puise son inspiration et les formes de son langage.

La question posée alors aux théologiens était : « Comment dire Dieu à cette part de l’humanité qui vit dans la misère et l’oppression ? » Or cette question demeure, liée à cette autre : « Qui sont les “pauvres” aujourd’hui ? »

Ils constituent deux-tiers de l’humanité, les marginalisés, les laissés pour compte de la société, femmes, Indiens, Noirs, enfants des rues, etc… menacés dans leur vie-même. Leur combat met en cause le « Nouvel Ordre international ». C’est un combat pour le droit à la Vie et la défense de l’intégrité de la Création. Or, « la théologie de la libération est une manière de rencontrer Dieu dans l’histoire, de voir et de sentir l’histoire à partir de Dieu, dans l’histoire. » (Ignacio Madera Vargas)

La théologie de la libération veut répondre aux nouveaux défis de la société des hommes : le pluralisme des cultures et des religions, la mondialisation néolibérale, un monde qui se construit en-dehors de l’Église et du christianisme, une planète menacée, l’idolâtrie de l’Argent et du Pouvoir qui entraînent le sacrifice de milliards d’êtres humains.

« Le défi majeur auquel s’affronte la théologie de la libération dans le Nouvel Ordre international est la mort massive des pauvres. Une réflexion critique sur Dieu, comme Dieu de la vie, doit prendre pour point de départ cette situation de mort et le choix nécessaire et urgent en faveur de la vie dans la nouvelle conjoncture. » (Pablo Richard)

Contextuelle, la théologie de la libération puise donc dans son environnement humain et dans l’histoire vécue de nouveaux thèmes : Une théologie de libération de la femme, c’est-à-dire une théologie du point de vue de la femme ; une théologie indienne qui veut revaloriser l’image d’un Dieu Père et Mère à la fois ; une « éco-théologie », interaction de tous les êtres vivants entre eux, l’homme n’étant pas au-dessus de la nature mais à l’intérieur, tout être étant un messager de Dieu ; une vision cosmique du Christ ; une théologie soulignant l’incompatibilité fondamentale entre l’option pour les pauvres et la « théologie de l’empire »—ou sacralisation du marché—qui sacrifie des millions d’êtres humains ; une théologie « désoccidentalisée » qui parle de Dieu et à Dieu dans le langage du peuple.

Les chrétiens qui veulent un « monde autre » invitent les théologiens à réfléchir autrement.

 Vous pouvez aussi lire aussi le document édité par DIAL (Diffusion d’information sur l’Amérique latine), par le frère Alain Durand (Lyon) : La transformation opérée par les femmes dans la théologie. Les théories du « genre » et la réflexion théologique latino-américaine. DIAL, n°2828. (Lire l’abstract...)

le frère Maurice Barth (Paris)

17:05 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans THÉOLOGIE DE LA LIBÉRATION. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, GAUCHE, social |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

26/08/2006

LA LIBERTÉ POUR AIMER.

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Qu’est-ce qui rend possible l'amour ? La liberté. Pas d'amour sans liberté. Mais peut-il y avoir une authentique liberté sans une orientation existentielle, une quête de sens ? Si la liberté reste indéterminée, elle s’épuise. L'accord entre amour et liberté conduit à un troisième terme : la vérité. « Qu'est-ce que la vérité ? », demandait Pilate à Jésus (Jn 18, 38). La vérité est adéquation de l'intelligence à ce qui est, disent les philosophes. Ajoutons : la vérité est ce qui apporte vie, un surcroît d'être. Au contraire, là où en soi et autour de soi, la vie, la justesse de la vie, est obscurcie et meurtrie, là n'est pas la vérité.

Toute expérience humaine peut devenir école de vérité pour l’apprentissage de la liberté : choisir ce qui édifie, éviter ce qui détruit. Certes, bien des itinéraires humains passent et passeront par des détours, se heurteront à des impasses. L'engagement de la liberté en quête d'amour est processus de maturation. Il se déploie en besoin de vérité, de discernement dans l'art d’aimer. Car qu'est-ce que l'amour, que veut dire aimer ? Aimer, c'est vouloir le bien de l'aimé pour lui-même ; non le retenir à ses fins égoïstes. Mais comment procurer le bien de l'être aimé si ma liberté est oublieuse de vérité ?...

 


« Qui fait la vérité, vient à la lumière », dit Jésus à Nicodème (Jn 3, 21). Faire la vérité selon l’Évangile, c'est vivre dans la mémoire de Dieu, des actes de son amour rédempteur. L'étymologie grecque du mot "vérité" est éloquente. "Vérité" se dit alétéia ; littéralement "non-oubli". Faire la vérité, c'est agir de telle sorte que ma liberté soit animée par la mémoire du Dieu vivant, les valeurs spirituelles et éthiques que fonde son amour sauveur. En-deçà de cette orientation «divine», la liberté humaine s'égare, se disperse, s’aliène.

Dieu nous a créés libres afin de tisser des liens d’amour entre Lui et nous. En vue de cette alliance, Il nous a façonnés à son image et nous a fait entendre sa Parole. Comble de son désir, sa Parole s'est faite Visage humain afin de dissiper les ombres de l'oubli et éclairer, guérir, vivifier nos coeurs de sa Présence. Aussi combien est-il crucial, à l'heure où règnent relativisme moral et doctrinal, dérives sectaires et identitaires, de rappeler que s'il ne peut y avoir d'amour sans liberté, il ne peut exister de liberté authentique sans amour de la vérité. C’est aussi l’enseignement de Jésus : « Si vous demeurez dans ma parole », vivant dans la mémoire de mes actes et du mystère que je Suis, « vous serez vraiment mes disciples, vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres » (Jn 8, 31-32).

Bruno LEROY.

21:15 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans SPIRITUALITÉ | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

L’art des petits pas.

Antoine de Saint-Exupéry

Seigneur, apprends-moi l’art des petits pas.
Je ne demande pas de miracles ni de visions,
Mais je demande la force pour le quotidien !
Rends-moi attentif et inventif pour saisir
Au bon moment les connaissances et expériences
Qui me touchent particulièrement.
Affermis mes choix
Dans la répartition de mon temps.
Donne-moi de sentir ce qui est essentiel
Et ce qui est secondaire.
Je demande la force, la maîtrise de soi et la mesure,
Que je ne me laisse pas emporter par la vie,
Mais que j’organise avec sagesse
Le déroulement de la journée.

Aide-moi à faire face aussi bien que possible
A l’immédiat et à reconnaître l’heure présente
Comme la plus importante.
Donne-moi de reconnaître avec lucidité
Que la vie s’accompagne de difficultés, d’échecs,
Qui sont occasions de croître et de mûrir.
Fais de moi un homme capable de rejoindre
Ceux qui gisent au fond.
Donne-moi non pas ce que je souhaite,
Mais ce dont j’ai besoin.
Apprends-moi l’art des petits pas !

13:16 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans POÉSIE SPIRITUELLE. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

25/08/2006

CRITIQUE DU LÉGALISME.

Jésus explicite devant la foule la critique du légalisme, qu’il vient de formuler implicitement en ramenant ses contradicteurs au cœur de la Loi, c'est-à-dire au précepte de la charité. Les scribes et les pharisiens ont reçu mission d’enseigner et d’interpréter la Thora ; aussi le peuple est-il invité à les écouter et à mettre en pratique « ce qu’ils peuvent dire ». Mais là s’arrête leur ministère, qui se trouve hélas tronqué d’une dimension essentielle, à savoir le témoignage de vie, car « ils disent et ne font pas ».
Puisqu’ils « disent » ce qu’il convient de faire, il est inutile que Notre-Seigneur répète leurs enseignements. Il va plutôt souligner « ce qu’ils ne font pas », ou plutôt ce qui dans leur agir, est en contradiction avec ce qu’ils disent. Cette pédagogie n’a pas pour but de déconsidérer les scribes et les pharisiens aux yeux du peuple, mais Jésus entend dénoncer l’hypocrisie qui menace tout croyant, quelle que soit sa place dans la hiérarchie religieuse : tous nous sommes plus ou moins compromis dans des attitudes de duplicité qui sont autant de trahisons de l’Alliance. De plus, l’exhortation de Jésus a le mérite d’arracher un certain nombre de masques hideux dont nous avons recouvert le visage du Seigneur.
Nous apprenons ainsi que Dieu ne « charge pas de pesants fardeaux sur nos épaules » ; c’est plutôt lui qui vient porter avec nous le joug du péché et son cortège de conséquences, afin que nous ne fléchissions pas sous son poids et ne sombrions pas dans le désespoir. C’est cette attitude de compassion active à l’égard de nos frères éprouvés que Notre-Seigneur attend de chacun d’entre nous, à commencer par les responsables de la communauté qui devraient donne l’exemple. Or « ils ne veulent pas remuer du doigt les fardeaux dont ils chargent les gens ». Ils sont donc coupables d’une double faute : ils présentent les préceptes comme un fardeau, alors qu’ils sont en réalité un don précieux de Dieu, nous permettant de demeurer dans son amitié et de jouir de son aide ; et par l’indifférence qu’ils manifestent à l’égard de leur prochain, ils n’encouragent pas le peuple à interpréter la Loi en termes d’une initiative compatissante de Dieu.
Nous apprenons également que Dieu ne se donne pas en spectacle ; c’est l’amour qu’il désire, et non les honneurs mondains. La véritable gloire, celle qui vient de Dieu et qui lui revient, resplendira bientôt sur le visage de Jésus crucifié. Au sommet de son immolation, l’Agneau immolé nous révèle la sagesse de Dieu, qui tranche radicalement sur la vaine gloire de ce monde. Dieu n’est pas en quête d’établir ou de sauvegarder sa réputation ; il ne brigue pas les titres ronflants dont les pharisiens et les scribes se montrent si avides. Ce qu’il désire, c’est que ses enfants le reconnaissent pour ce qu’il veut être pour eux : un Père, leur unique Père, celui « dont découle toute paternité, au ciel et sur la terre » (Ep 3, 15). Nul ne peut cependant accueillir ce mystère, sans avoir ouvert son cœur à celui qui est venu nous révéler le Nom et le visage de Dieu : son Fils unique, Jésus le Messie, qui est désormais l’unique Maître, le seul Rabbi.
Nous apprenons enfin que Dieu ne commande pas comme un Souverain hautain, mais qu’il ne craint pas de s’abaisser pour servir ceux qu’il aime comme ses enfants. Là encore les scribes et les pharisiens nous servent de contre-exemples, eux dont l’attitude de suffisance contraste de manière saisissante avec les « mœurs de Dieu » que nous révèle Jésus : « Lui qui était dans la condition divine, n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix » (Ph 2, 6-8).
Telle est l’attitude que Notre-Seigneur attend de ses disciples, et tout particulièrement de ceux qu’il a établi pasteurs de son peuple : ils auront à cœur de témoigner, non seulement par leurs paroles mais par toute leur vie, du Dieu de tendresse et de compassion, qui révèle son visage de miséricorde à travers l’abaissement de son Fils, livré pour notre salut, ressuscité pour que nous puissions partager sa gloire.

« Seigneur qu’il est difficile de traverser ce monde sans succomber à ses séductions et sans tomber dans l’avidité de l’avoir, du pouvoir et de la gloire. Nos cœurs sont à ce point pervertis que - comme les scribes et les pharisiens - nous parvenons même à tirer de la vaine gloire du peu que nous faisons pour nos frères ou pour l’Eglise. Ouvre nos yeux Seigneur sur nos duplicités, nos hypocrisies, nos contre-témoignages ; unifie notre cœur et nos vies en toi afin que nous puissions marcher sur les chemins de l’Evangile dans la vie nouvelle de l’Esprit ».



Père Joseph-Marie

19:17 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

LE REGARD DU COEUR.

Le regard en langage humain est l’expression la plus vivante des sentiments profonds de la personne (Cf. E. Levinas). Le regard humain s’origine dans le regard de Dieu, un regard dont la qualité est d’être éminemment poétique. Poétique selon la racine grecque du verbe créer, avec les spécifications qui s’y ajoutent : causer, faire devenir, donner la vie, inventer, imaginer, tenir grand compte de, faire avec art… La Révélation biblique est le fruit de ce premier regard, expression d’un étonnement poétique. Le regard de Dieu est saisi comme la manifestation de respect pour l’être humain, une marque de déférence en laquelle tout individu a « du prix à ses yeux » (Is 43, 4 ; 49, 16). En son origine, le regard de Dieu sur l’homme est fait d’étonnement et d’émerveillement « Dieu vit que cela était bon » (Gn 1, 31). Ce regard de l’artiste Divin est un regard créateur, un regard poétique, de l’aspect unique, de la valeur de chaque être humain… De dire d’André Frossard : « Dieu ne se sait compter que jusqu’à un ». À ses yeux, chacun se révèle comme une personne originale et irremplaçable…

L’Évangile souligne que tout se joue et se situe dans la manière de regarder. Il y a voir et voir. Dieu pose sur nous un regard d’amour qui ne juge pas et ne condamne pas. Tel est le regard de Jésus. Parce qu’il regarde l’homme avec amour, avec son cœur, son regard est capable de susciter la vie, de faire naître l’amour et de récréer l’homme. Il a suffi d’un regard d’amour pour que la Samaritaine reconnaisse son péché et que, de son cœur desséché, jaillisse le désir de Dieu, l’eau vive qui fait d’elle l’apôtre de son village (Jn 4, 1-42). Il a suffi d’un regard d’amour pour que Zachée, bouleversé dans son cœur, s’ouvre au partage et à l’espérance (Lc 19, 1-10). Il a suffi d’un regard d’amour pour que la femme adultère reçoive la lumière qui la relève, la libère du péché et de sa honte (Jn 8, 1-11). Il a suffi d’un regard d’amour pour que Marie-Madeleine renaisse à la tendresse et à l’amour vrai (Lc 7, 36-50). Il a suffi d’un regard pour que l’aveugle-né prenne sa vie en mains (Jn 9, 1-41). Il a suffit d’un regard pour que les disciples quittent tout et suivent Jésus (Jn 1, 35-48). Il a suffi d’un regard d’amour pour que Marie, Mère de Jésus devienne Mère de l’Église (Jn 19, 26-27). Il a suffi d’un regard pour que Pierre ose à nouveau dire au Seigneur : « Tu sais tout, tu sais que je t’aime » (Jn 21, 15-19).

Parce que Jésus regarde avec son cœur, il voit ce que personne ne peut voir. Dans la piécette de la veuve, il a reconnu la générosité d’un cœur qui aime Dieu plus que tout (Lc 21, 1-4). Dans le parfum de Marie-Madeleine, dans son geste de tendresse, il a saisi et pris la défense d’un grand amour (Lc 7, 36-49). Ainsi, Dieu et l’homme deviennent « entrailles de mère » d’abord par le regard. Le regard est la fenêtre du cœur. Par lui le cœur voit, s’éprend, s’émeut, s’ouvre ou se ferme. Le regard est premier et décisif. Il est créateur de vie ou destructeur d’espérance. Tout peut exister par un seul regard comme tout peut être détruit. Le regard est important. En hébreu, le même mot signifie le regard et la source. Le regard est la source de l’homme. Jésus dira : « L’œil est la lampe du corps » (Lc 11, 34), c'est-à-dire la source de la lumière. Par ce regard, l’homme se remplit de beauté ou de laideur, d’amour ou de haine. Le regard est vraiment une source pour l’homme et, par lui, l’homme peut être une source pour les autres.

Par le regard, nous avons le pouvoir de devenir « entrailles de mère » qui donnent la vie ou la refusent, la font naître ou avorter. Nous accueillons l’autre et le laissons entrer en nous par le regard avant même que nous lui avons ouvert les bras. Le prêtre et le Lévite ont vu l’homme étendu à terre avec le regard de la loi. Le Samaritain l’a vu avec le regard de la miséricorde, avec, dans son cœur, le regard de Dieu. Le miracle de la miséricorde s’est alors produit (Lc 10, 29-37). Se faire le prochain de Dieu ou de l’homme, c’est l’accueillir en notre cœur et avec notre cœur par le regard, un regard éclairé par l’Esprit jailli du cœur du Christ. Regarder avec le cœur, c’est découvrir en l’homme cet « essentiel invisible aux yeux », cette part de beauté, de noble, de pur, de bon qu’il y a en chaque être malgré des apparences contraires. C’est voir l’homme d’abord, et non son péché ou sa faiblesse. Regarder avec le cœur, c’est voir en chacun ce qu’il a de meilleur, ce en quoi il est « à l’image de Dieu ». Regard de miséricorde, né de l’amour, celui-ci est porteur de vie, créateur de vie, de joie et d’espérance. Il est capable de faire exister ce qui n’était pas et de donner vie à ce qui était mort.

Un petit conte d’Henri Nouwen, théologien hollandais, illustre admirablement ce que le regard du cœur est capable de réaliser. « Un jour, écrit-il, un sculpteur était en train de travailler un grand bloc de marbre. Un enfant le regardait et voyait des morceaux qui tombaient par terre. Ne comprenant pas, il s’en va. Au bout de quelques semaines, il repasse chez le sculpteur. Et voilà qu’à la place du bloc de marbre il aperçoit la statue d’un superbe lion. Tout surpris, il demande au sculpteur : comment as-tu su qu’il y avait un lion dans le marbre ? Parce que mon cœur savait qu’il y était, répondit le sculpteur ». N’est-ce pas le regard de Jésus ? Regarder l’autre avec le cœur comme le sculpteur, c’est lui permettre d’exister, c’est faire apparaître ce qu’il y a de meilleur en lui. En chacun de nous, en chaque homme, il y a un « lion », une « merveille » à découvrir ou à faire naître. Dieu sait dans son cœur qu’en tout homme, il y a un fils. Saurons-nous, en regardant cet homme, y reconnaître un frère à aimer et à faire exister selon l’admirable parabole de ce rabbin qui, pour mettre à l’épreuve ses disciples, leur posa un jour cette question : « - À votre avis, à quoi peut-on distinguer le jour de la nuit ? Comment peut-on reconnaître le moment où la nuit s’achève et où le jour commence ? – C’est dit l’un, quand on peut distinguer un chien d’un mouton. – Non ! dit le rabbin. – C’est, enchaîna un autre, quand on peut reconnaître la différence entre un figuier et un dattier. – Non ! dit le rabbin. – C’est peut être, se hasarda un troisième, quand on peut, à distance, différencier un homme d’une femme ? – Pas du tout ! répondit le rabbin. Puis il ajouta après un long moment de silence : Tant que tu n’as pas encore reconnu dans le visage de tout homme un frère à aimer, il fait encore nuit dans ton cœur. »

Bruno LEROY.

11:35 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CHRONIQUES. | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

24/08/2006

ÉCRITURE...

Le travail d'écriture comme toute autre expression revient à s'approcher de la médiation poétique. Il s'agit de défaire les archétypes, les idées reçues, les mythes qui s'incarnent dans notre propre physiologie.

Notre travail libérateur de la méditation écrite nous met sur la voie de la déconstruction graduelle de notre dépendance par rapport a toutes les représentations du Conditionné.

Laisser couler spontanément vos images et vos sons a travers les expressions écrites en méditant tous les conditionnements. Alors on passe de l'ancienne réalité-fiction a une nouvelle mutation singulière de l'autre réalité.

Quand on a dépassé cette division et ces doubles registres de la réalité et de la fiction en vidant tous les contenus qui déterminent sa multiplication, une autre réalité-fiction voit le jour : la nouvelle incarnation.

Quand on traverse ce miroir du conditionné, la réalité devient la plénitude qui se déploie comme la Fleur de Narcisse au delà des li-mythes. C'est une autre réalité poétique.
Bruno LEROY.

21:35 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans RÉFLEXIONS. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |