08/09/2007
Être Chrétien.
par Aram Ier
Être Chrétien, c'est un Combat Spirituel.
L'Incarnation de Dieu est décrite dans l'Évangile comme Emmanuel, c'est à dire Dieu avec nous. C'est là l'essence même de la révélation divine. Dans la théologie chrétienne la révélation de Dieu c'est précisément être avec l'homme, révéler Son amour envers Sa créature, engager le dialogue avec elle. Ce n'est pas là une relation ordinaire mais un dialogue entre le Père et le Fils. L'Incarnation est effectivement Dieu-avec-l'homme, afin de ré-humaniser l'homme et de rétablir en lui l'imago Dei. L'épiphanie est l'humanisation de Dieu et la divinisation de l'homme, un thème favori des Pères Orthodoxes de l'Église. Elle est donc non seulement un événement précis, limité dans le temps mais une réalité continue. L'Incarnation de Dieu est une invitation à être avec Dieu qui a voulu être en Christ avec nous. Être chrétien c'est donc être avec Dieu. Quelle grâce divine! Quelle vocation sacrée !
Par Son initiative Dieu est engagé en dialogue avec l'homme. La Bible est l'histoire de ce dialogue divino-humain. Or la question qui s'impose au chrétien qui croit en Jésus Christ est la suivante : est-il en dialogue avec Dieu ? Accepte-t-il Dieu comme partenaire de dialogue dans ses pensées, ses actions et sa manière de vivre ? Le monologue constitue la fin de l'homme car, sans cette dimension transcendante qu'est le dialogue spirituel avec Dieu, l'humanité perd sa particularité, sa raison d'être. Est-ce que nous sommes en dialogue avec Dieu dans notre vie quotidienne si dominée par les "dieux" du monde ?
Être chrétien c'est avoir Dieu comme centre de notre vie.
Dieu en Jésus Christ est entré dans la vie humaine dans toutes ses dimensions et dans toutes ses manifestations. Le Christ est devenu la vie même de l'homme. La vie est don de Dieu. Par conséquent la vie du chrétien doit être théocentrique. Dieu doit être la source, le fondement d'une vie qui prétend être chrétienne. Dieu en Jésus Christ doit constituer le centre de gravité, l'Alpha et l'Omega de la vie humaine. Est-ce que le Christ est au centre de notre vie ? Est-ce que nos pensées et nos actions émanent de ce centre ?
Être chrétien c'est considérer Jésus Christ comme la voie de notre vie.
Dans le monde d'aujourd'hui le chrétien se trouve au carrefour de nombreuses voies. La question qui se pose est de savoir quelle est celle où il doit s'engager. Jésus Christ a bien dit: "Je suis la voie" (Jean 14:6). Par Sa vie et Sa mission Il a indiqué de manière visible et concrète la voie qui mène l'humanité aux valeurs du Royaume, à Dieu. Est-ce que nous acceptons Jésus Christ comme la voie de notre vie? Est-ce que nous suivons fidèlement cette voie ?
Être chrétien c'est confesser Jésus Christ comme la vérité de notre vie.
Dans la vie quotidienne nous sommes confrontés à des vérités si attrayantes mais corruptrices. Quelle est notre vérité réelle, authentique ? Souvenons-nous toujours que notre Seigneur s'est défini comme la Vérité du monde (Jean 14:6). Est-ce que nous croyons en Christ comme l'unique Vérité, le Credo de notre vie? Est-ce que nous vivons cette vérité et ses impératifs dans notre vie envahie par tant de " vérités " ?
Être chrétien c'est lutter pour les libertés.
Dieu a créé l'homme afin qu'il réalise son humanité librement, Jésus Christ a défini sa mission comme étant de " renvoyer libres les opprimés " (Luc, 4:19). La liberté est donc un don divin ; elle est intégrale à la création et à la vocation de l'homme. L'homme ne peut vivre dignement et authentiquement sa propre vie sans liberté. Est-ce que nous œuvrons pour recouvrer notre liberté et la liberté des autres ? Est-ce que nous traduisons notre liberté en une source de responsabilité, de dignité, de créativité et de progrès ?
Être chrétien c'est combattre l'injustice.
C'est ce qu'a fait Jésus Christ. Il n'a pas seulement condamné l'injustice, rejetant l'ordre, les relations et les situations injustes. Il a lutté pour la justice en combattant l'injustice. Le but de l'Incarnation divine était précisément l'établissement de la justice. Jésus a dit: " Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés " (Mat. 5:6) et " Le Royaume de Dieu est à ceux qui sont persécutés pour la justice " (Mat. 5:10). Les hymnes sacrées de l'Église Arménienne présentent le Christ comme " Champion de la Justice ". Faire justice et œuvrer pour la justice doivent donc être au cœur de l'engagement chrétien. Est-ce que nous sommes conscients de cette responsabilité dans notre société déchirée et divisée par tant d'injustices, visibles et invisibles? Est-ce que nous sommes sérieusement engagés pour un ordre mondial basé sur les principes de justice ?
Être chrétien c'est faire la paix.
L'Incarnation du Fils de Dieu est annoncée par les anges comme la venue de la paix sur terre. Le nom de Dieu est paix. La paix de Dieu c'est la paix fondée sur la justice, sur le respect de la dignité et les droits humains, sur les valeurs morales et spirituelles. Le Christ a dit: " Ceux qui luttent pour la paix ils seront appelés fils de Dieu " (Mat. 5:9). Œuvrer pour la paix c'est faire justice tout comme faire justice c'est l'unique voie vers la paix. C'est ce qu'enseigne l'Évangile. Est-ce que nous luttons activement pour une paix fondée sur la justice? Est-ce que la voie de la paix, si complexe et si dangereuse, est la voie de notre vie et la direction de notre action ?
Être chrétien c'est travailler pour la réconciliation.
Dieu en Jésus Christ a bien réconcilié l'homme avec Lui. Être en Dieu c'est être réconcilié non seulement avec Dieu mais aussi avec les hommes. L'Incarnation de Dieu est une invitation à la réconciliation entre tous les hommes. Pour un chrétien ceci n'est pas une prescription ordinaire. C'est l'essence même du Christianisme et le fondement de la foi chrétienne. C'est la base de l'action chrétienne.
Être chrétien c'est donc un combat, un combat spirituel, un combat continu, un combat acharné contre toutes les structures et systèmes, idéologies et pratiques qui génèrent l'injustice, la violence et le mal. C'est un combat pour les droits de l'homme, pour la dignité humaine, pour la paix en justice et pour la réconciliation.
L'Évangile n'admet pas l'isolement et le monologue. Il est tout à la fois un défi et une invitation à l'engagement, au dialogue et au combat pour une qualité de vie soutenue par les valeurs morales.
Être chrétien, c'est vivre l'Évangile dans cette vision.
Aram Ier
Catholicos de Cilicie.
18:06 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans THÉOLOGIE. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
MEDJUGORJE.
12:27 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans SPIRITUALITÉ | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
Célébrons dans la joie la naissance de Marie.
Saint Jean de Damas (vers 675-749), moine, théologien, docteur de l’Eglise
Homélie sur la Nativité de la Vierge (trad. SC 80, p.51 rev)
Aujourd'hui une porte virginale s'avance ; par elle le Dieu qui est au-delà de tous les êtres doit « venir dans le monde » « corporellement », selon l'expression de Paul (He 1,6;Col 2,9). Aujourd'hui de la racine de Jessé une tige est sortie (Is 11,1), d'où s'élèvera pour le monde une fleur unie par sa nature à la divinité. Aujourd'hui, à partir de la nature terrestre, un ciel a été formé sur terre, par celui qui autrefois rendit solide le firmament en le séparant des eaux et en l’élevant dans les hauteurs. Mais c'est un ciel bien plus surprenant que le premier, car celui qui dans le premier créa le soleil s'est levé lui-même de ce nouveau ciel, comme un soleil de justice (Ml 3,20)... La lumière éternelle, née avant les siècles de la lumière éternelle, l'être immatériel et incorporel, prend un corps de cette femme, et comme un époux s'avance hors de la chambre nuptiale (Ps 18,6)…
Aujourd'hui, « le fils de l'artisan » (Mt 13,55), la Parole partout active de celui qui a tout fait par lui, le bras puissant du Dieu Très-Haut…, s'est construit une échelle vivante, dont la base est plantée en terre et dont le sommet s'élève jusqu'au ciel. Sur elle Dieu repose ; c'est elle dont Jacob a contemplé l’image (Gn 28,12) ; par elle Dieu est descendu dans son immobilité, ou plutôt s'est incliné avec condescendance, et ainsi « s'est rendu visible sur la terre et a conversé avec les hommes » (Ba 3,38). Car ces symboles représentent sa venue ici-bas, son abaissement par pure grâce, son existence terrestre, la vraie connaissance qu’il donne de lui-même à ceux qui sont sur terre. L'échelle spirituelle, la Vierge, est plantée en terre, car de la terre elle tient son origine, mais sa tête s'élève jusqu'au ciel… C’est par elle et par le Saint Esprit que « le Verbe s'est fait chair et qu’il a habité parmi nous » (Jn 1,14). C’est par elle et par le Saint Esprit que s'accomplit l'union de Dieu avec les hommes.
10:08 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans SPIRITUALITÉ | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
Belle fête de la Nativité de Marie !
« Célébrons dans la joie la naissance de la Vierge Marie : par elle nous est venu le Soleil de justice » (Antienne d’ouverture)
Aujourd'hui une porte virginale s'avance ; par elle le Dieu qui est au-delà de tous les êtres doit « venir dans le monde » « corporellement », selon l'expression de Paul (He 1,6;Col 2,9). Aujourd'hui de la racine de Jessé une tige est sortie (Is 11,1), d'où s'élèvera pour le monde une fleur unie par sa nature à la divinité. Aujourd'hui, à partir de la nature terrestre, un ciel a été formé sur terre, par celui qui autrefois rendit solide le firmament en le séparant des eaux et en l’élevant dans les hauteurs. Mais c'est un ciel bien plus surprenant que le premier, car celui qui dans le premier créa le soleil s'est levé lui-même de ce nouveau ciel, comme un soleil de justice (Ml 3,20)... La lumière éternelle, née avant les siècles de la lumière éternelle, l'être immatériel et incorporel, prend un corps de cette femme, et comme un époux s'avance hors de la chambre nuptiale (Ps 18,6)…
Aujourd'hui, « le fils de l'artisan » (Mt 13,55), la Parole partout active de celui qui a tout fait par lui, le bras puissant du Dieu Très-Haut…, s'est construit une échelle vivante, dont la base est plantée en terre et dont le sommet s'élève jusqu'au ciel. Sur elle Dieu repose ; c'est elle dont Jacob a contemplé l’image (Gn 28,12) ; par elle Dieu est descendu dans son immobilité, ou plutôt s'est incliné avec condescendance, et ainsi « s'est rendu visible sur la terre et a conversé avec les hommes » (Ba 3,38). Car ces symboles représentent sa venue ici-bas, son abaissement par pure grâce, son existence terrestre, la vraie connaissance qu’il donne de lui-même à ceux qui sont sur terre. L'échelle spirituelle, la Vierge, est plantée en terre, car de la terre elle tient son origine, mais sa tête s'élève jusqu'au ciel… C’est par elle et par le Saint Esprit que « le Verbe s'est fait chair et qu’il a habité parmi nous » (Jn 1,14). C’est par elle et par le Saint Esprit que s'a ccomplit l'union de Dieu avec les hommes.
Saint Jean de Damas (vers 675-749), moine, théologien, docteur de l’Eglise - Homélie sur la Nativité de la Vierge (trad. SC 80, p.51 rev)
* Nouveau ! Pour la Nativité, découvrez notre nouvelle revue mariale : La Carte de Marie + Voici ta Mère ! sur www.mariereine.com
* * Que Dieu vous bénisse !
Thierry Fourchaud
Cité de l'Immaculée
BP24 - 53170 Saint Denis du Maine (France)
Tel : 02.43.64.23.25.
E.mail : communion@mariereine.com
A bientôt sur : www.mariereine.com
Notre site d’évangélisation : www.labonnenouvelle.fr
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plus on donne la Bénédiction et plus elle grandit !
09:55 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans SPIRITUALITÉ | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
Engagement de prière.
POUR LA FRANCE
Cela se concrétise par un engagement de prière qu'il suffit d'envoyer à : Pour en savoir plus, consultez le site : ------------------------------------------------------------------------------------------------------- Je soussigné.…………………………. adresse ………………………………….. m'engage à dire chaque jour un ' je vous salue Marie' pour ma propre conversion et celle de la France. Fait à…………………………. Signature : ………………… J'envoie mon engagement de prière à : ------------------------------------------------------------------------------------------------------
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09:53 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans COMBAT SPIRITUEL. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
07/09/2007
LES DROGUÉS DU SEXE.
La capacité d'aimer de tout homme est blessée, et cette blessure peut l'entraîner vers toute sorte de déviations sexuelles. Le passage à l'acte constitue un suicide psychologique et spirituel chez ceux qui ne peuvent plus se passer de sexe et connaissent une escalade comparable à celle de la drogue.
L'histoire de Mike
Mike fréquentait avec assiduité les "massages" terme élégant pour désigner les bordels, et des clubs fermés où l'on projetait des films pornographiques. II me parla de sa femme comme d'une "gentille fille" une nice girl qui ne l'avait jamais satisfait (mais qui allait le sauver !), il lui cachait tout. Son désir le tyrannisait : aussitôt satisfait, il lui fallait autre chose de plus fort et donc de plus pervers.
Quand Mike est venu me voir il venait de rencontrer le mouvement charismatique grâce à sa femme qui depuis longtemps priait pour lui dans un groupe du Renouveau. Elle n'avait pas cru à ses mensonges mais se sentait trop faible pour faire face à la vérité.
II me confia ses progrès et ses chutes, ses retours en arrière jusqu'à ce qu'un jour il m'annonce sa victoire. II avait redécouvert la nice girl et s'était rendu compte qu'elle souffrait, énormément, il décida de changer pour l'aider, il se décida, car c'est une décision, de retomber amoureux. Aussi passèrent-ils du temps ensemble.
Peu de temps après il fit l'expérience de l'effusion du Saint-Esprit où il se sentit rempli d'un bonheur, nous pourrions même dire d'une jouissance spirituelle qui fit paraître bien fades les pratiques perverses.
Mais les temps d'euphorie ont été suivis de rechutes où Mike dut apprendre à marcher par la foi en rééduquant ainsi sa volonté et en réorientant son désir.
Les drogués du sexe
Cette compulsion a fait des progrès considérables "grâce" au Minitel rose et à Internet. Quel possesseur d'ordinateur n'a pas un jour tapé le code d'un site dit coquin ? "Pour voir !" Pour voir, c'est aussi ce que l'on dit la première fois que l'on fume du haschich ou que l'on prend de la cocaïne ou un hallucinogène quelconque.
C'est vite vu pour ceux qui goûtent un émoi jamais connu auparavant et qui trouvent que ça avait un petit goût de "reviens-y" et ces sites sont faits pour qu'on y revienne le plus souvent possible.
Toutes les déviations sexuelles sont des plaisirs solitaires. La "sex addiction" est un cri déchirant de solitude, l'expression d'une profonde solitude affective.
Il n'y a de plaisir pervers que solitaire !
Le principe de plaisir est intimement lié à l'enfance qui, passant à la maturité, devra apprendre que son plaisir peut être un déplaisir pour d'autres, qu'il ne vaut que partagé et qu'il n'a de valeur que s'il est durable.
En fait, toutes les déviations sexuelles sont des plaisirs solitaires. La prostituée, la revue, la vidéo, la partenaire au bout d'une hot line ou derrière son clavier minitel ne sont que des objets avec lesquels on se donne du plaisir. On ne donne rien à personne, on essaie de prendre à s'en étouffer.
Un petit enfant ferait n'importe quoi pour que vienne la têtée. À l'entendre hurler on a l'impression que le monde entier peut s'écrouler pour lui s'il n'a pas ce qu'il désire et tout de suite. La sexualité restée infantile ressemble à ce bébé.
" Je suis à mon bien-aimé et mon bien-aimé est à moi, je suis l'objet de ses désirs. " (Ct7,11) La seule violence, le seul excès qui soit permis est dans l'amour, à l'image de la fiancée du Cantique des cantiques.
La solitude affective
J'ai l'habitude de dire qu'il n'y a pas de problème sexuel. Il n'y a que des problèmes affectifs.
C'est absolument vrai pour le drogué du sexe. Le plaisir solitaire semble le dédommager de ce qu'on ne lui a pas donné d'une part, et d'autre part il le dispense de s'engager. Ainsi se bétonne la solitude.
Les médias modernes encouragent à cette solitude qui ne coûte rien. L'enfant devant son ordinateur s'identifie à des super héros. Il est dans un courage virtuel et tout ce qui compte dans sa vie va devenir virtuel. Déjà, au début de l'âge de la télévision, les parents étaient bien contents que, les mercredi après-midi pluvieux, les remuantes têtes blondes s'aimantent au tube cathodique ; ce n'était qu'un commencement ! L'addiction est un cri déchirant de solitude. Un enfant est seul et il va chercher la nourriture qui l'étouffera.
Le témoignage de Mike nous a appris qu'il existe un remède humain à ce manque terrible. Il consiste à retrouver la relation, à réconcilier la sexualité au rapport amoureux. On ne peut sortir de son isolement que par une ouverture à la relation avec des personnes capables de comprendre et d'aimer, sans juger, sans faire la morale...
Si une âme ne trouve pas de consolations sensibles dans sa vie spirituelle, elle ira les chercher ailleurs.
L'Assomption de la Chair
Le second remède mis en évidence par le témoignage de Mike est divin. Il consiste à vivre pleinement sa relation à Dieu en accomplissant notre vocation première d'intime de Dieu.
Rien de ce que Dieu a mis en nous n'est mauvais ! Le désir sexuel, comme les autres désirs, est dans l'ordre de la Création. Nous assistons à un retour de manivelle où la chair après avoir longtemps été refoulée, cachée, dénigrée impose sa dictature. Tous les excès viennent des démons, disaient les Pères et ils avaient bien raison.
L'ascétisme est souvent un mécanisme de défense pour ne pas affronter les pulsions qui montent jusqu'à la conscience. Saint Bernard essaya de lutter de toutes ses forces par une ascèse violente, ce qui ne fit que détruire sa santé et renforça sans doute ses pulsions. Ce qui fait barrage élève le niveau de l'eau et ce qui était un ruisseau peut devenir une masse menaçante capable de tout détruire sur son passage.
Saint Bernard apprit de son Maître que l'on n'obtient rien par la violence et tout par l'amour. Il parla alors de l'assomption de la chair. Apprivoiser n'est pas mater! Il put constater que son intimité avec Dieu le comblait et assumait ses désirs quels qu'ils soient.
Charles de Foucault, grand jouisseur devant l'Éternel se relevait la nuit pour manger du foie gras et boire du champagne. Après sa conversion il consacra ses nuits au coeur à coeur avec Dieu.
La Purification des sens
Nous avons hérité d'une vision manichéenne où tout ce qui vient du corps semble régi par le démon et où tout ce qui est spirituel doit être exempt de sensibilité et de désir. Ce n'est pas ce que nous enseigne la littérature spirituelle de tous les âges de I'histoire de l'Église.
Nous n'avons que nos cinq sens pour percevoir Dieu. Ils doivent être purifiés certes ; ils doivent être soumis à l'Esprit mais ils ne doivent pas être niés et écrasés.
Sainte Thérèse d'Avila sortit de ce tourment que l'ambiance de l'Inquisition faisait régner dans l'Eglise en découvrant l'Abécédaire de Francisco de Ossuna qui traite de l'oraison et des consolations divines.
Celui-ci affirme que si une âme ne trouve pas de consolations sensibles dans sa vie spirituelle, elle ira les chercher ailleurs. C'est un principe de compensation qui est inéluctable. Ceux qui traversent des nuits le savent bien qui, privés du goût de Dieu, ont la tentation de se tourner vers les créatures.
C'est bien cette expérience sensible de communication qui fait s'écrier à Thérèse d'Avila : " Qui est en Dieu, rien ne lui manque, Dieu seul suffit ! "
Dieu seul suffit !
Et saint Augustin dira que tant que nous serons tourmentés, nous ne goûterons pas le repos en Dieu. Ce que nous venons d'exprimer exige une vie spirituelle intense où l'on entre véritablement dans la contemplation, en ce lieu où se taisent les désirs humains.
Il est curieux de constater que l'on mette une énergie effrénée dans la recherche des plaisirs humains et que dès que nous entamons une vie de prière nous sommes partisans du moindre effort.
La seule violence, le seul excès qui soit permis est dans l'amour, dans la recherche de l'intimité qui nous rend semblables à la fiancée du Cantique des cantiques.
" Le plaisir que l'on prend en Dieu est tel qu'on ne peut se rassasier de lui. Plus on le goûte, plus on communie à lui, plus on en a faim. " Macaire
13:00 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CHRONIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
PARTIR CONFIANT...
10:39 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans POÉSIE DE L'INSTANT. | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne, poesie | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
Pourquoi ton coeur pleurait ?
Pourquoi ton coeur pleurait ? |
Pourquoi ce matin ton coeur pleurait, En cette immense peur d'exister, Pourquoi ces larmes salées, Alors que Dieu est à tes côtés, Le doute est aussi une histoire d'amour, Il ne lâchera jamais ta main même demain, Celui dont Tu as fais don de ta Vie, Laisse tomber ce futile chagrin, Il a souffert pour Toi de ton manque, De Foi et de certitudes à aimer, Les fleurs s'épanouissent même dans ses déserts, Pourquoi ces jeunes qui meurent d'indifférence, Te font porter une peine sans raison, Pourquoi tes colères sont-elles toujours de passion, Pourquoi cette impression de n'être point compris, Par tes contemporains que tu aimes à la folie, Pourquoi toutes ces questions te reviennent, Tel un coup de couteau dans tes illusions, Pourquoi le fonctionnement du monde, Ne tourne plus comme tu le désirais, Pourquoi ne veux-tu point te poser, Comme les autres le font pour ne pas s'inquiéter, Pourquoi ton esprit est empli de regrets, L'impression d'avoir vécu pour personne, De n'être plus qu'un pâle fantôme, Homme de peu de Foi je t'Aime, Et c'est ma raison de te faire vivre à fond, Loin des superficielles visions d'un autre temps, Je suis de toutes éternités, Avant de pleurer il suffisait de me parler, Je suis là pour écouter ton âme gémir, Et te donner l'Espérance qui donne la Force, De vivre en assumant toutes tes fautes, Tes déraisons, tes coups de gueule. Tes combats contre les Injustices, Sont les miens aussi... Alors, je t'en prie ne pleure plus, L'avenir commence aujourd'hui, C'est ainsi que je l'ai voulu, Sois mon combattant d'Amour, Et le monde sera splendeur plus que chagrin. Crois-moi ! Bruno LEROY. |
10:32 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans POÉSIE SPIRITUELLE. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne, poesie | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
Don Bosco Guide spirituel de Dominique Savio.
Dominique Savio, 12 ans et demi, issu d'une famille très chrétienne, et remarqué pour ses qualités humaines et spirituelles exceptionnelles, est élève du premier collège des Salésiens, au Valdocco à Turin.
Confiance et sanctification
A cette époque, Don Bosco a 39 ans. Il met au point sa méthode pédagogique, appelée « système préventif », basée sur la raison, la religion et l'affection. Il lui est alors donné de parler à Dominique pour la première fois. « Nous sommes tout de suite entrés dans une relation de pleine confiance mutuelle », écrira-t-il plus tard, soulignant ainsi que la confiance, jointe à la lucidité, constitue le socle par excellence de toute relation d'accompagnement.
Une affection lucide
Entre l'éducateur et son élève s'instaure désormais une alliance profonde. Tous deux vont se mettre à l'écoute de l'Esprit. Mais cela, ils le vivent dans une relation d'affection (amorevolezza) qui sait garder une juste distance. Dominique se sent aimé et respecté. Il admire don Bosco, s'attachant et s'en remettant totalement à lui, comme à un père. Attitudes classiques chez un adolescent, qui peuvent se révéler constructives dans l'accompagnement spirituel ; à la condition cependant que l'éducateur ne se laisse point « piéger » ou manipuler par ce qu'elles peuvent avoir d'excessif.
Don Bosco l'avait bien compris. Tout en exprimant de l'amitié vis-à-vis de Dominique, il veillait à le renvoyer à d'autres personnes. Il le référait au règlement de la maison qui faisait loi pour les rencontres entre éducateurs et éduqués. Il l'encourageait à constituer des groupes d'approfondissement de la foi, « les Compagnies », dont Dominique avait eu d'ailleurs lui-même l'idée. Enfin et surtout, il ne l'enfermait pas dans la relation chaleureuse avec lui, mais veillait à l'ouvrir sans cesse à cet Autre qu'est Jésus-Christ Vivant .
Découvrir la gratuité
Dans ce but, don Bosco encourageait Dominique à développer sa vie sacramentelle. A une époque où cela était peu admis, il n'hésitait pas à l'inviter à la communion fréquente et à vivre avec intensité tous les exercices spirituels proposés par la maison salésienne : confessions souvent renouvelées, prières personnelles et communautaires régulières, récollections mensuelles, etc. Il cherchait ainsi à ce que Dominique puisse faire un jour l'expérience la plus centrale de la vie chrétienne : celle de la gratuité de Dieu.
Avoir les pieds sur terre
En effet, comme tout adolescent épris d'absolu, le jeune Savio ne connaissait pas de mesure dans le don qu'il voulait faire de lui-même à Dieu. Il fut ainsi conduit à des pratiques de mortifications nuisibles à sa santé et à son équilibre. Don Bosco en prit vite conscience. En bon accompagnateur, il lui rappela à plusieurs reprises que Dieu et la sainteté ne se conquièrent pas à la force des poignets, par accumulation de mérites. Le Royaume de Dieu est un royaume de surabondance et de gratuité ; telle est la découverte quelque peu bouleversante que doit faire un jour ou l'autre tout chrétien. |
Rencontrer Dieu dans le quotidien
Mais une telle découverte nécessite préalablement un itinéraire où se succèdent des sentiers faciles à parcourir, des sommets difficiles à gravir, des chemins de crête qui donnent parfois le vertige, de mornes plaines qui paraissent interminables,... Dans tous les cas, il s'agit de se confronter au concret, non seulement dans ses aspects exceptionnels, mais surtout dans ce qu'il a de plus quotidien et de plus banal. C'est ce concret qui est la glaise avec laquelle la sainteté se pétrit.
Aussi ne s'étonnera-t-on pas de constater que le souci majeur de don Bosco envers Dominique fut de le renvoyer à son expérience quotidienne d'élève vivant en internat. « Tu es élève..., élève-toi donc, grâce à l'Esprit, jusqu'à la connaissance du Christ Ressuscité, et vis pleinement ta condition de fils de Dieu. » Telle fut en définitive la consigne qui structura toute la démarche proposée à Dominique Savio. Être élève, cela veut dire d'abord assumer le mieux possible le travail scolaire. C'est aussi savoir trouver sa juste place à l'intérieur de la classe et parfois de l'internat dans lequel on vit. C'est encore se faire inventif pour ménager des espaces de loisirs où l'on fait l'expérience, jusque dans son corps, qu'il est bon de vivre.
Témoigner de Dieu
C'est pourquoi, don Bosco, inlassablement, invita Dominique à se tourner vers le concret et en faire le lieu de la rencontre de Dieu. Et Dominique joua pleinement le jeu ! Le travail scolaire, il l'assuma avec beaucoup de sérieux. Quant à sa place dans l'internat, il ne se contenta pas de la trouver et de s'y réfugier. Encouragé par don Bosco, il en fit un lieu apostolique tout à fait essentiel. Par exemple, il chercha à être témoin du Dieu riche en miséricorde (Ep 2, 4) et porteur de réconciliation. En prenant parfois des risques importants, il intervint positivement pour mettre fin à de sévères conflits existant entre certains de ses camarades. De même, le jeune Savio ne se contenta pas de vivre les activités scolaires, suivant la logique de l'Évangile. Encouragé par son accompagnateur, il chercha à faire connaître la joie profonde qu'apporte toute fidélité à Dieu vécue dans l'Esprit. Il anima « les compagnies » de façon telle que chacun de leurs membres puisse dire à la suite de don Bosco : « Pour nous, nous faisons consister la sainteté à être toujours joyeux » (Cf. Ga 5, 22) |
Respecter les chemins de l'Esprit
Mais le prêtre de Turin avait compris que le jeune Savio possédait une personnalité hors du commun, qu'il fallait savoir prendre en compte. L'Esprit en effet développe toujours de façon unique les richesses enfouies de la personne ; richesses qui apparaissent rarement aux yeux de qui n'a pas le regard aiguisé par l'Évangile. Ainsi, le 8 décembre 1854, le Pape proclame le dogme de l'Immaculée Conception, affirmant que la Mère de Jésus a été « préservée intacte de toute souillure du péché originel ». Belle occasion de développer la dimension mariale de la foi, d'autant plus que la maison salésienne a été totalement épargnée - grâce à Marie, pense-t-on - par l'épidémie de choléra qui a fait 1400 morts à Turin ! La Vierge prend dès lors une place essentielle dans la foi de Dominique au point qu'il éprouve le désir de se consacrer à Elle, sur le conseil de don Bosco.
De même, Dominique fut encouragé à développer sa vie d'intimité avec Dieu par de longs temps de prière devant le Saint Sacrement. Il fut ainsi conduit à connaître des expériences que certains qualifieraient volontiers de mystiques. Dans sa prière, le temps semblait s'abolir. Dominique était comme plongé dans les profondeurs de Dieu. Il savourait ainsi par avance quelque chose du Royaume à venir.
Don Bosco, toujours attentif aux inspirations de l'Esprit, respecta l'originalité de telles rencontres avec le Seigneur. Loin de les soupçonner ou d'en rire ou encore de les majorer, il sut les intégrer dans l'expérience spirituelle de Dominique. Pour cela, il l'invita à rattacher à sa vie quotidienne ces temps forts de perception de la paternité divine. Il restait ainsi dans la logique du mouvement même de l'amour de Dieu ; de ce Dieu qui, en son Verbe, « a planté sa tente parmi les hommes » (Jn 1, 14), et qui « de riche, s'est fait pauvre pour eux, afin de les enrichir... de sa pauvreté » (cf. 2 Co 8, 9) ! Voilà bien le signe par excellence de la qualité de l'accompagnement de don Bosco. |
10:05 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans MAÎTRES A PENSER ET A VIVRE. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
06/09/2007
LETTRE DE NICOLAS SARKOZY AUX ÉDUCATEURS.
Blois, le 4 septembre 2007
Mesdames, Messieurs
A l'occasion de cette rentrée scolaire, la première depuis que j'ai été élu Président de la République, je souhaite vous parler de l'avenir de nos enfants.
Cet avenir, il est entre les mains de chacun d'entre vous qui avez en charge d'instruire, de guider, de protéger ces esprits et ces sensibilités qui ne sont pas encore complètement formés, qui n'ont pas atteint leur pleine maturité, qui se cherchent, qui sont encore fragiles, vulnérables. Vous avez la responsabilité d'accompagner l'épanouissement de leurs aptitudes intellectuelles, de leur sens moral, de leurs capacités physiques depuis leur plus jeune âge et tout au long de leur adolescence. Cette responsabilité est l'une des plus lourdes mais aussi des plus belles et des plus gratifiantes.
Aider l'intelligence, la sensibilité à s'épanouir, à trouver leur chemin, quoi de plus grand et de plus beau en effet ? Mais quoi de plus difficile aussi ? Car à côté de la fierté de voir l'enfant grandir, son caractère et son jugement s'affirmer, à côté du bonheur de transmettre ce que chacun a le sentiment d'avoir de plus précieux en lui, il y a toujours cette crainte de se tromper, de brider un talent, de freiner un élan, d'être trop indulgent ou trop sévère, de ne pas comprendre ce que l'enfant porte au plus profond de lui-même, ce qu'il éprouve, ce qu'il est capable d'accomplir.
Éduquer c'est chercher à concilier deux mouvements contraires : celui qui porte à aider chaque enfant à trouver sa propre voie et celui qui pousse à lui inculquer ce que soi-même on croit juste, beau et vrai.
Une exigence s'impose à l'adulte face à l'enfant qui grandit, celle de ne pas étouffer sa personnalité sans renoncer à l'éduquer. Chaque enfant, chaque adolescent a sa manière à lui d'être, de penser, de sentir. Il doit pouvoir l'exprimer. Mais il doit aussi apprendre.
Longtemps l'éducation a négligé la personnalité de l'enfant. Il fallait que chacun entrât dans un moule unique, que tous apprissent la même chose, en même temps, de la même manière. Le savoir était placé au dessus de tout. Cette éducation avait sa grandeur. Exigeante et rigoureuse, elle tirait vers le haut, elle amenait à se dépasser malgré soi.
L'exigence et la rigueur de cette éducation en faisait un puissant facteur de promotion sociale. Beaucoup d'enfants néanmoins en souffraient et se trouvaient exclus de ses bienfaits. Ce n'était pas parce qu'ils manquaient de talent, ni parce qu'ils étaient incapables d'apprendre et de comprendre mais parce que leur sensibilité, leur intelligence, leur caractère se trouvaient mal à l'aise dans le cadre unique que l'on voulait imposer à tous.
Par une sorte de réaction, depuis quelques décennies, c'est la personnalité de l'enfant qui a été mise au centre de l'éducation au lieu du savoir.
Accorder plus d'importance à ce que l'enfant a de particulier, à ce par quoi se manifeste son individualité, à son caractère, à sa psychologie, était nécessaire, salutaire. Il était important que tous soient mis en mesure de tirer le meilleur parti d'eux-mêmes, de développer leurs points forts, de corriger leurs faiblesses. Mais à trop valoriser la spontanéité, à trop avoir peur de contraindre la personnalité, à ne plus voir l'éducation qu'à travers le prisme de la psychologie, on est tombé dans un excès contraire. On ne s'est plus assez appliqué à transmettre.
Jadis il y avait sans doute dans l'éducation trop de culture et pas assez de nature. Désormais il y a peut-être trop de nature et plus assez de culture. Jadis on valorisait trop la transmission du savoir et des valeurs. Désormais, au contraire, on ne la valorise plus assez.
L'autorité des maîtres s'en est trouvée ébranlée. Celle des parents et des institutions aussi.
La culture commune qui se transmettait de génération en génération tout en s'enrichissant de l'apport de chacune d'entre elles s'est effritée au point qu'il est plus difficile de se parler et de se comprendre.
L'échec scolaire a atteint des niveaux qui ne sont pas acceptables.
L'inégalité devant le savoir et devant la culture s'est accrue, alors même que la société de la connaissance imposait partout dans le monde sa logique, ses critères, ses exigences. Les chances de promotion sociale des enfants dont les familles ne pouvaient pas transmettre ce que l'école ne transmettait plus se sont réduites.
Il serait vain pourtant de chercher à ressusciter un âge d'or de l'éducation, de la culture, du savoir qui n'a jamais existé. Chaque époque suscite des attentes qui lui sont propres.
Nous ne referons pas l'école de la IIIème République, ni celle de nos parents, ni même la nôtre. Ce qui nous incombe c'est de relever le défi de l'économie de la connaissance et de la révolution de l'information.
Ce que nous devons faire c'est poser les principes de l'éducation du XXIème siècle qui ne peuvent pas se satisfaire des principes d'hier et pas d'avantage de ceux d'avant-hier.
Que voulons-nous que deviennent nos enfants ? Des femmes et des hommes libres, curieux de ce qui est beau et de ce qui est grand, ayant du cœur et de l'esprit, capables d'aimer, de penser par eux-mêmes, d'aller vers les autres, de s'ouvrir à eux, capables aussi d'acquérir un métier et de vivre de leur travail.
Notre rôle n'est pas d'aider nos enfants à rester des enfants, ni même à devenir de grands enfants, mais de les aider à devenir des adultes, à devenir des citoyens. Nous sommes tous des éducateurs.
Éduquer c'est difficile. Souvent il faut recommencer pour parvenir au but. Il ne faut jamais se décourager. Ne Jamais craindre d'insister. Il y a chez chaque enfant un potentiel qui ne demande qu'à être exploité. Chaque enfant a une forme d'intelligence qui ne demande qu'à être développée. Il faut les chercher. Il faut les comprendre. Tout autant qu'une exigence vis-à-vis de l'enfant, l'éducation est une exigence de l'éducateur vis-à-vis de lui-même.
Le but n'est ni de se contenter d'un minimum fixé à l'avance, ni de submerger l'enfant sous un flot de connaissances trop nombreuses pour qu'il soit en mesure d'en maîtriser aucune. Le but c'est de s'efforcer de donner à chacun le maximum d'instruction qu'il peut recevoir en poussant chez lui le plus loin possible son goût d'apprendre, sa curiosité, son ouverture d'esprit, sons sens de l'effort. L'estime de soi doit être le principal ressort de cette éducation.
Donner à chacun de nos enfants, à chaque adolescent de notre pays l'estime de lui-même en lui faisant découvrir qu'il a des talents qui le rendent capable d'accomplir ce qu'il n'aurait pas cru de lui-même pouvoir accomplir : telle est à mes yeux la philosophie qui doit sous-tendre la refondation de notre projet éducatif.
Nous devons à nos enfants le même amour et le même respect que nous attendons d'eux. Cet amour et ce respect que nous leur devons exigent que nos relations avec eux ne soient empreintes d'aucune forme de renoncement ni de démagogie. Parce que nous aimons et respectons nos enfants, l'éducation que nous leur donnons doit les élever et non les rabaisser. Parce que nous aimons et respectons nos enfants nous ne pouvons pas accepter de renoncer à les éduquer à la première difficulté rencontrée. Ce n'est pas parce que l'enfant a du mal à se concentrer, parce qu'il n'apprend pas vite ou qu'il ne retient pas facilement ses leçons qu'il doit être privé de ce trésor de l'instruction sans lequel il ne pourra jamais devenir un homme vraiment libre.
Parce que nous aimons et respectons nos enfants, nous avons le devoir de leur apprendre à être exigeants vis-à-vis d'eux-mêmes. Nous avons le devoir de leur apprendre que tout ne se vaut pas, que toute civilisation repose sur une hiérarchie des valeurs, que l'élève n'est pas l'égal du maître. Nous avons le devoir de leur apprendre que nul ne peut vivre sans contrainte et qu'il ne peut y avoir de liberté sans règle. Quels éducateurs serions-nous si nous n'apprenions pas à nos enfants à faire la différence entre ce qui est bien et ce qui est mal, entre ce qui est autorisé et ce qui est interdit ? Quels éducateurs serions-nous si nous n'étions pas capables de sanctionner nos enfants quand ils commettent une faute ? L'enfant s'affirme en disant non. On ne lui rend pas service en lui disant toujours oui. Le sentiment de l'impunité est une catastrophe pour l'enfant qui teste sans cesse les limites que lui impose le monde des adultes. On n'éduque pas un enfant en lui laissant croire que tout lui est permis, qu'il n'a que des droits et aucun devoir. On ne l'éduque pas en lui laissant croire que la vie n'est qu'un jeu ou que la mise en ligne de toutes les connaissances du monde le dispense d'apprendre. Les technologies de l'information doivent être au cœur de la réflexion sur l'éducation du XXIe siècle. Mais il ne faut pas perdre de vue que la relation humaine entre l'éducateur et l'enfant reste essentielle et que l'éducation doit aussi inculquer à l'enfant le goût de l'effort, lui faire découvrir comme une récompense la joie de comprendre après le long travail de la pensée.
Récompenser le mérite, sanctionner la faute, cultiver l'admiration de ce qui est bien, de ce qui est juste, de ce qui est beau, de ce qui est grand, de ce qui est vrai, de ce qui est profond, et la détestation de ce qui est mal, de ce qui est injuste, de ce qui est laid, de ce qui est petit, de ce qui est mensonger, de ce qui est superficiel, de ce qui est médiocre, voilà comment l'éducateur rend service à l'enfant dont il a la charge et comment il lui exprime le mieux l'amour et le respect qu'il lui porte.
Le respect, justement, ce devrait être le fondement de toute éducation. Respect du professeur vis-à-vis de l'élève, des parents vis-à-vis de l'enfant, respect de l'élève pour le professeur, de l'enfant pour ses parents, respect des autres et respect de soi-même, voilà ce que l'éducation doit produire. S'il n'y a plus assez de respect dans notre société c'est d'abord, j'en suis convaincu, un problème d'éducation.
Je souhaite que nous reconstruisions une éducation du respect, une école du respect. Je souhaite que nos enfants apprennent la politesse, l'ouverture d'esprit, la tolérance, qui sont des formes du respect.
Je souhaite que les élèves se découvrent lorsqu'ils sont à l'école et qu'ils se lèvent lorsque le professeur entre dans la classe, parce que c'est une marque de respect.
Je souhaite qu'on apprenne à chacun d'entre eux à respecter le point de vue qui n'est pas le sien, la conviction qu'il ne partage pas, la croyance qui lui est étrangère, qu'on lui fasse comprendre à quel point la différence, la contradiction, la critique loin d'être des obstacles à sa liberté sont au contraire des sources d'enrichissement personnel.
Être bousculé dans ses habitudes de pensée, dans ses certitudes, être obligé d'aller vers l'autre, de s'ouvrir à ses arguments, à ses sentiments, de le prendre au sérieux est une incitation à s'interroger sur ses propres convictions, sur ses propres valeurs, à se remettre en cause, à faire un effort sur soi-même, donc à se dépasser. C'est la raison pour laquelle nous devons conserver, même si nous devons le rénover, notre modèle d'école républicaine qui brasse toutes les origines, toutes les classes sociales, toutes les croyances, et qui s'impose de rester neutre face aux convictions religieuses, philosophiques ou politiques de chacun en les respectant toutes.
Ce modèle s'est affaibli, ses principes ne sont plus assez respectés. Si je souhaite aller progressivement vers la suppression de la carte scolaire, c'est précisément pour qu'il y ait moins de ségrégation.
Si je souhaite réformer le collège unique, c'est pour que chacun puisse y trouver sa place, pour que les différences de rythmes, de sensibilités, de caractères, de formes d'intelligence soient mieux prises en compte de façon à donner à chacun une plus grande chance de réussir.
Si je souhaite que les enfants handicapés puissent être scolarisés comme tous les autres enfants, ce n'est pas seulement pour faire le bonheur des enfants handicapés mais aussi pour que les autres enfants s'enrichissent de cette différence.
Si je veux que l'école, par-dessus tout, demeure laïque, c'est parce que la laïcité est à mes yeux un principe de respect mutuel et parce qu'elle ouvre un espace de dialogue et de paix entre les religions, parce qu'elle est le plus sûr moyen de lutter contre la tentation de l'enfermement religieux. Au risque de la confrontation religieuse qui ouvrirait la voie à un choc des civilisations, qu'avons-nous de mieux à opposer que quelques grandes valeurs universelles et la laïcité ? Pour autant, je suis convaincu qu'il ne faut pas laisser le fait religieux à la porte de l'école. La genèse des grandes religions, leurs visions de l'homme et du monde doivent être étudiées, non, bien sûr, dans un quelconque esprit de prosélytisme, non dans le cadre d'une approche théologique, mais dans celui d'une analyse sociologique, culturelle, historique qui permette de mieux comprendre la nature du fait religieux. Le spirituel, le sacré accompagnent de toute éternité l'aventure humaine. Ils sont aux sources de toutes les civilisations et l'on s'ouvre plus facilement aux autres, on dialogue plus facilement avec eux quand on les comprend.
Mais l'apprentissage de la différence ne doit pas conduire à négliger la participation à une culture commune, à une identité collective, à une morale partagée. Eduquer c'est éveiller la conscience individuelle et la hausser par paliers jusqu'à la conscience universelle, c'est faire que chacun se sente une personne unique et en même temps partie prenante de l'humanité tout entière. Entre les deux il y a quelque chose d'essentiel que nulle éducation ne peut contourner. Entre la conscience individuelle et la conscience universelle il y a, pour nous Français, la conscience nationale et la conscience européenne.
Entre la conscience de l'appartenance au genre humain et la conscience d'une destinée individuelle, l'éducation doit aussi éveiller des consciences civiques, former des citoyens. Nos enfants ne seront jamais des citoyens du monde si nous ne sommes pas capables d'en faire des citoyens français et des citoyens européens.
La famille joue bien sûr un rôle essentiel dans la transmission de l'identité nationale. Mais c'est l'école qui est le creuset. En parlant de l'école je ne pense pas seulement à l'instruction civique dont l'enseignement doit retrouver une place de premier plan à l'école primaire, au collège et au lycée. Je ne pense pas seulement à la transmission de valeurs morales comme les droits de l'Homme, l'égalité de l'homme et de la femme ou la laïcité qui sont au cœur de notre identité. Je pense aussi aux valeurs intellectuelles, à une façon qui nous est propre de penser, de réfléchir. Je pense à cette tradition française de la pensée claire, à ce penchant si français pour la raison universelle qui est dans notre philosophie, dans notre science, mais qui est aussi dans notre langue, dans notre littérature, dans notre art.
Face à la menace d'aplatissement du monde, notre devoir est de promouvoir la diversité culturelle. Ce devoir nous impose de défendre d'abord notre propre identité, d'aller puiser ce qu'il y a de meilleur dans notre tradition intellectuelle, morale, artistique et de le transmettre à nos enfants pour qu'ils le maintiennent vivant pour tous les hommes. Car les héritages de toutes les cultures, de toutes les civilisations appartiennent à toute l'humanité. Nous sommes nous-mêmes les héritiers de toutes les conquêtes, de toutes les créations de l'esprit humain. Nous sommes les héritiers de toutes les grandes civilisations qui ont contribué à la fécondation réciproque des cultures qui est en train d'engendrer la première civilisation planétaire.
Ouvrir nos enfants à l'universel, au dialogue des cultures, ce n'est pas un reniement de ce que nous sommes. C'est un accomplissement. De tout temps la France a placé l'universalisme au cœur de sa pensée et de ses valeurs. De tout temps, la France s'est regardée comme l'héritière de toutes les cultures qui dans le monde ont apporté leur contribution à l'idée d'humanité.
Nous devons remettre la culture générale au cœur de notre ambition éducative. Naturellement l'horizon de cette culture générale ne doit pas être une accumulation sans fin de connaissances, mais un savoir réfléchi, ordonné, maîtrisé. Il ne faut chercher ni l'exhaustivité ni la quantité, mais viser l'essentiel et la qualité, mettre en relation les différents champs de l'intelligence humaine pour permettre à chaque enfant, à chaque adolescent de se construire sa propre vision du monde. Pour la première fois dans l'histoire les enfants savent beaucoup de choses que leurs parents ne savent pas. Mais il faut structurer ce savoir en culture, l'éclairer de tout l'héritage de la sagesse et de l'intelligence humaines.
Il ne faut pas cloisonner, isoler, opposer les différentes formes de savoir. L'enseignement par discipline doit demeurer parce que chacune a sa logique propre, parce que c'est le seul moyen d'aller au fond des choses. Mais il faut le compléter par une vision d'ensemble, par une mise en perspective de chaque discipline par rapport à toutes les autres. Par-dessus les catégories traditionnelles de la connaissance, je suis convaincu qu'il nous faut maintenant tisser la trame d'un nouveau savoir, fruit de la combinaison, du mélange, de la fécondation réciproque des disciplines.
Je ne suis pas pour le manuel unique, je ne suis pas pour la globalisation du savoir qui mène à la confusion. Mais je crois que l'interdisciplinarité doit trouver sa place très tôt dans notre enseignement parce que l'avenir est au métissage des savoirs, des cultures, des points de vue. Je crois que là se trouve l'une des clés de notre Renaissance intellectuelle, morale et artistique. La culture générale, elle doit être une préoccupation constante. Et quand nos enfants apprennent des langues étrangères, et je souhaite qu'ils en apprennent obligatoirement au moins deux en plus du Français, il faut que cet apprentissage soit aussi un apprentissage de culture et de civilisation. Je souhaite que nos enfants apprennent les langues à travers la littérature, le théâtre, la poésie, la philosophie, la science.
Affirmer l'importance de la culture générale dans l'éducation où elle a tant reculé au profit d'une spécialisation souvent excessive et trop précoce, c'est affirmer tout simplement que le savant, l'ingénieur, le technicien ne doit pas être inculte en littérature, en art, en philosophie et que l'écrivain, l'artiste, le philosophe ne doit pas être inculte en science, en technique, en mathématiques.
L'idée que celui qui se destinerait aux sciences n'aurait rien à faire de la poésie, du théâtre ou de la philosophie est une idée que je trouve absurde. L'idée que l'enfant de famille modeste, celui qui est né dans l'un de ces quartiers difficiles qui accumulent les handicaps, le fils ou la fille de l'employé, de l'ouvrier n'aurait pas besoin d'être confronté aux grandes œuvres de l'esprit humain, qu'il ne serait pas capable de les apprécier, que lui apprendre à lire, écrire et compter serait bien suffisant, est pour moi l'une des plus grandes marques du mépris.
Si tant d'adolescents n'arrivent pas à exprimer ce qu'ils ressentent, si tant de jeunes dans notre pays n'arrivent plus à exprimer leurs émotions, leurs sentiments, à les faire partager, à trouver les mots de l'amour ou ceux de la douleur, si beaucoup d'entre eux n'arrivent plus à s'exprimer que par l'agressivité, par la brutalité, par la violence, c'est peut-être aussi parce qu'on ne les a pas initiés à la littérature, à la poésie, ni à aucune des formes d'art qui savent exprimer ce que l'homme a de plus émouvant, de plus pathétique, de plus tragique en lui.
A l'époque de la vidéo, du portable, d'internet, de la communication immédiate, nos enfants n'ont pas moins besoin de culture générale mais davantage. Ils ont davantage besoin de capacités d'analyse, d'esprit critique, de repères. Plus le monde produit de connaissances, plus il produit d'informations, plus il produit de techniques, plus est forte l'exigence de culture pour celui qui veut rester libre, qui veut maîtriser son destin. Dans le monde tel qu'il est, avec ses sollicitations de plus en plus nombreuses et prenantes, nos enfants ont besoin de plus d'humanisme et de plus de science. Sur ces deux terrains, nous avons trop cédé.
A rebours de nos traditions intellectuelles, la culture humaniste s'étiole et la culture scientifique régresse. Il nous faut nous battre sur les deux fronts, donner tôt aux enfants le goût de la lecture, de l'Art et de la science.
Mais il nous faut revoir notre façon de transmettre. Trop longtemps, la passivité de l'enfant qui reçoit le savoir fut de mise dans notre éducation. On a sans doute trop critiqué l'apprentissage par cœur qui a son utilité dans l'entraînement de la mémoire. Et qui peut se plaindre d'avoir gravé dans son souvenir quelques fables de La Fontaine ou quelques vers de Verlaine ou d'avoir appris à se repérer dans la chronologie de l'histoire de France ou dans la géographie du monde, d'avoir récité les tables de multiplication et les formules usuelles de l'arithmétique et de géométrie ? Mais la culture véritable exige davantage que la récitation. Elle ne s'installe en profondeur qu'à travers l'éveil de la conscience, de l'intelligence, de la curiosité. Il faut amener l'enfant à s'interroger, à réfléchir, à prendre de la distance, à réagir, à douter et à découvrir par lui-même les vérités qui lui serviront durant toute sa vie.
Notre éducation doit devenir moins passive, moins mécanique. Elle doit aussi réduire la place excessive qu'elle donne trop souvent à la doctrine, à la théorie, à l'abstraction devant lesquelles beaucoup d'intelligences se rebutent et se ferment. Il nous faut faire une place plus grande à l'observation, à l'expérimentation, à la représentation, à l'application. Je suis convaincu que de cette façon on intéressera davantage un plus grand nombre d'enfants et que l'échec scolaire s'en trouvera réduit. Cela vaut pour les sciences, comme pour les humanités ou pour les arts. Pour que le savoir devienne plus vivant, plus concret, il faut ouvrir davantage le monde de l'éducation sur les autres mondes, ceux de la culture, de l'art, de la recherche, de la technique et, bien sûr, sur le monde de l'entreprise qui sera celui dans lequel la plupart de nos enfants vivront un jour leur vie d'adulte.
Il faut que nos enfants rencontrent des écrivains, des artistes, des chercheurs, des artisans, des ingénieurs, des entrepreneurs qui leur feront partager leur amour de la beauté, de la vérité, de la découverte, de la création. Des liens doivent être tissés entre les institutions culturelles, les centres de recherche, le monde de l'édition, des entreprises et les écoles, les collèges, les lycées.
Il ne faut pas que les enfants restent enfermés dans leur classe. Très tôt, ils doivent aller dans les théâtres, les musées, les bibliothèques, les laboratoires, les ateliers. Très tôt ils doivent être confrontés aux beautés de la nature et initiés à ses mystères. C'est dans les forêts, dans les champs, dans les montagnes ou sur les plages que les leçons de physique, de géologie, de biologie, de géographie, d'histoire mais aussi la poésie, auront souvent le plus de portée, le plus de signification. Il faut apprendre à nos enfants à regarder aussi bien le chef d'œuvre de l'artiste que celui de la nature. Pas plus qu'il ne faut hésiter à les mettre en contact avec les grandes œuvres de l'esprit humain et avec ceux qui les maintiennent vivantes.
Nos enfants ne seront pas tous musiciens, poètes, scientifiques, ingénieurs ou artisans dans les métiers d'art. Mais à l'enfant qui ne sera jamais musicien, il ne faut pas renoncer à donner le goût de la musique. A l'enfant qui ne sera jamais poète, l'amour de la poésie. A l'enfant qui ne sera jamais chercheur, le goût de la rigueur scientifique et la passion de chercher. A l'enfant qui ne sera jamais artisan, l'amour du travail bien fait, du beau geste, de la technique accomplie.
Cela vaut pour tous les enfants, tous les adolescents, quelles que soient leurs origines, leur milieu social, qu'ils soient élèves dans l'enseignement général ou dans l'enseignement professionnel. Car c'est un autre des défauts de notre éducation traditionnelle que d'opposer ce qui est manuel à ce qui est intellectuel. Cloisonnement absurde qu'il faut briser pour que les filières professionnelles soient reconnues comme des filières d'excellence au même titre que les autres.
Il est une autre opposition encore qu'il nous faut dépasser : celle du corps et de l'esprit. L'éducation est un tout. Elle doit être théorique autant que pratique, intellectuelle autant que physique, artistique autant que sportive. La place faite au sport est encore insuffisante. L'enfant a besoin de se dépasser. Mais le sport est aussi une école du respect des autres, du respect de la règle, de la loyauté et du dépassement de soi. Je crois à la valeur éducative du sport. Non seulement le sport doit prendre plus d'importance à l'école, mais il faut aussi que le monde du sport et celui de l'éducation s'ouvrent davantage l'un sur l'autre, qu'entre les institutions sportives et les institutions éducatives aussi les liens soient resserrés, qu'entre les sportifs et les enseignants la coopération s'établisse pour le plus grand bien de nos enfants.
Comprenez-moi bien, il ne s'agit pas dans mon esprit d'alourdir encore les horaires d'enseignement qui sont déjà trop lourds. Il ne s'agit pas d'ajouter encore des enseignements nouveaux à une liste déjà trop longue. Dans mon esprit, il s'agit au contraire, de redonner à nos enfants le temps de vivre, de respirer, d'assimiler ce qui leur est enseigné.
Ce qu'il nous faut retrouver, c'est la cohérence du projet éducatif. Elle passe naturellement par la remise à plat des rythmes et des programmes scolaires qui est devenue nécessaire après des décennies où l'école s'est trouvée confrontée à une masse croissante d'exigences contradictoires et à des tensions et des attentes de plus en plus fortes au fur et à mesure que la cohésion sociale devenait plus fragile. Retrouver une cohérence à l'intérieur de chaque discipline, mais aussi entre les discipline et avec les attentes de la société, retrouver un fil directeur dans l'éducation, lui fixer des principes, des objectifs, des critères simples. Voilà ce que nous avons d'abord à faire. En même temps, il nous faut élever le niveau d'exigence, non pas en quantité mais en qualité.
Au lieu de mettre en place une sélection brutale à l'entrée de l'université qui serait une solution malthusienne, il nous faut élever progressivement le niveau d'exigence à l'école primaire, puis au collège et au lycée. Nul ne doit entrer en 6e s'il n'a pas fait la preuve qu'il était capable de suivre l'enseignement du collège. Nul ne doit entrer en seconde s'il n'a pas fait la preuve qu'il était capable de suivre l'enseignement du lycée et le baccalauréat doit prouver la capacité à suivre un enseignement supérieur. Ce sera un long travail qui ira de la reconstruction de l'école primaire à celle du lycée. Mais il est vital pour l'avenir de notre jeunesse et donc de notre pays.
Donner le maximum à chacun au lieu de se contenter de donner le minimum à tous. Voilà comment je souhaite que nous prenions désormais le problème de l'éducation et particulièrement celui de l'école.
Cette refondation de notre éducation, elle ne pourra être accomplie qu'avec le concours de tous les éducateurs. La volonté politique ne peut suffire à elle seule. C'est pourquoi je m'adresse à vous.
Quand je dis " tous les éducateurs ", je veux dire que le but ne sera pas atteint seulement avec l'aide des professeurs ou seulement avec l'aide des parents. Ce ne peut-être que l'œuvre commune de tous les éducateurs travaillant ensemble.
Il faut pour que nous réussissions que chacun d'entre vous se fasse un devoir de travailler avec les autres. Entre le père, la mère, le professeur, le juge, le policier, l'éducateur social, et tous ceux qui sont en contact avec l'enfant dans le milieu sportif, culturel, associatif, l'intérêt de l'enfant doit l'emporter sur toutes autres considérations. La confiance, la coopération, l'échange, l'esprit de responsabilité doit régner. Chacun doit passer par-dessus ses préventions ou ses a priori pour remplir son devoir qui est de préparer l'enfant à devenir adulte.
Parents, vous êtes les premiers des éducateurs. Je sais combien ce rôle est difficile quand le chômage menace, quand la famille se recompose, quand le père ou la mère se retrouve tout seul pour élever ses enfants. Je sais combien la vie peut être lourde. Je veux vous dire que vous serez soutenus, que vous serez aidés à chaque fois que vous en aurez besoin pour éduquer vos enfants dès le plus jeune âge et que pour moi la politique familiale fait entièrement partie du projet éducatif.
Je veux vous dire que le droit à la garde d'enfants et la maternelle seront pour moi, au cours des cinq années qui viennent, des priorités et que je suis décidé à faire en sorte que plus aucun enfant ne soit livré à lui-même une fois la classe terminée afin que vous puissiez achever votre journée de travail sans éprouver l'angoisse de savoir votre fils ou votre fille sans surveillance, sans encadrement. Désormais les devoirs seront faits à l'école, en études surveillées et pour les bons élèves issus des familles les plus modestes qui ne peuvent pas offrir à leurs enfants un cadre propice à l'étude, des internats d'excellence seront créés.
Vous serez aidés dans votre tâche. Mais vous avez des devoirs vis-à-vis de vos enfants. Vous devez donner l'exemple. Mais vous avez la responsabilité de faire en sorte que votre enfant aille à l'école, de lui inculquer le respect des lois et de la politesse, de contrôler que les devoirs sont faits. Si vous les laissez manquer la classe, si vous les abandonnez à eux-mêmes, alors il est normal que la société vous demande des comptes, que votre responsabilité soit mise en jeu, que les aides qui vous sont accordées puissent être placées sous tutelle.
Professeurs, enseignants, vous aussi vous avez droit au respect, à l'estime. Votre rôle est capital. Vous avez souvent fait de longues études. Vous devez faire preuve d'intelligence, de patience, de psychologie, de compétence. Je sais à quel point le merveilleux métier d'enseigner est exigeant, à quel point il vous oblige à donner beaucoup de vous-même, à quel point aussi il est devenu difficile et parfois ingrat depuis que la violence est entrée dans l'école. J'ai bien conscience que votre statut social, votre pouvoir d'achat, se sont dégradés au fur et à mesure que votre tâche devenait plus lourde, vos conditions de travail plus éprouvantes. La Nation vous doit une reconnaissance plus grande, de meilleurs perspectives de carrière, un meilleur niveau de vie, de meilleurs conditions de travail.
Jadis l'instituteur, le professeur avaient une place reconnue dans la société parce que la République était fière de son école et de ceux auxquels elle en avait confié la charge. L'instituteur, le professeur était fier de son métier, fier de servir la République et une certaine idée de l'Homme et du progrès. Nous devons renouer avec cette fierté. Dans l'école de demain vous serez mieux rémunérés, mieux considérés et à rebours de l'égalitarisme qui a trop longtemps prévalu, vous gagnerez plus, vous progresserez plus rapidement si vous choisissez de travailler et de vous investir davantage.
Vous pourrez choisir la pédagogie qui vous semblera la mieux adaptée à vos élèves parce que je crois qu'il faut faire confiance aux enseignants, à leur capacité de jugement, parce qu'ils sont les mieux placés pour décider de ce qui est bon pour leurs élèves. Les établissements dans lesquels vous enseignerez auront une plus grande autonomie dans le choix de leur projet, de leur organisation. L'évaluation sera partout la règle et les moyens seront répartis en fonction des résultats et des difficultés que rencontrent les élèves.
La reconversion de ceux d'entre vous qui après avoir longtemps enseigné éprouveront le besoin de changer de métier et faire valoir autrement leurs compétences, leur savoir, sera facilitée que ce soit à l'intérieur du secteur public ou à l'extérieur. A l'inverse, ceux qui après avoir acquis ailleurs une expérience souhaitent se tourner vers l'enseignement seront mieux accueillis qu'aujourd'hui. Dans l'éducation nationale, comme dans toute la fonction publique, le carcan des statuts doit s'ouvrir pour permettre que circulent les hommes, les idées, les compétences.
Je souhaite faire de la revalorisation du métier d'enseignant l'une des priorités de mon quinquennat parce qu'elle est le corollaire de la rénovation de l'école et de la refondation de notre éducation. Mais vous devez, vous le professeur, l'enseignant, comme les parents, vous montrer exemplaire. Exemplaire par votre comportement, par votre tenue, par votre rigueur, par votre esprit de justice, par votre implication. Exemplaire aussi par votre capacité à faire prévaloir l'autorité du maître, par votre souci de récompenser le mérite et de sanctionner la faute.
Dans l'école que j'appelle de mes vœux où la priorité sera accordée à la qualité sur la quantité, où il y aura moins d'heures de cours, où les moyens seront mieux employés parce que l'autonomie permettra de les gérer davantage selon les besoins, les enseignants, les professeurs seront moins nombreux. Mais ce sera la conséquence de la réforme de l'école et non le but de celle-ci. Et, je m'y engage, les moyens qui seront ainsi dégagés seront réinvestis dans l'éducation et dans la revalorisation des carrières. Il s'agit d'être plus efficace, non de rationner. Et il s'agit d'être efficace non seulement pour atteindre un objectif économique, non seulement pour que demain notre économie dispose d'une main d'œuvre bien formée, mais aussi, et peut être surtout, pour que nos enfants soient porteurs de valeurs de civilisation, pour qu'une certaine idée de la civilisation continue de vivre en eux
Chacun d'entre vous, je le sais, mesure l'importance du défi que nous avons à relever. Chacun d'entre vous comprend que la révolution du savoir qui s'accomplit sous nos yeux ne nous laisse plus le temps pour repenser le sens même du mot éducation. Chacun d'entre vous est conscient que face à la dureté des rapports sociaux, à l'angoisse devant un avenir de plus en plus vécu comme une menace, le monde a besoin d'une nouvelle Renaissance, qui n'adviendra que grâce à l'éducation. A nous de reprendre le fil qui court depuis l'humanisme de la Renaissance jusqu'à l'école de Jules Ferry, en passant par le projet des Lumières.
Le temps de la refondation est venu. C'est à cette refondation que je vous invite. Nous la conduirons ensemble. Nous avons déjà trop tardé.
A l’occasion de la rentrée scolaire, Nicolas Sarkozy a tenu à s’adresser à l’ensemble des enseignants à travers une « lettre aux éducateurs » qu’il a lue devant des enseignants à Blois et qui a été envoyée par la suite à plus de 800 000 enseignants.
La revalorisation du métier d’enseignant est au cœur des priorités du président de la République. Insistant sur l’importance du « droit au respect et à l’estime » dû à chaque professeur, il a par ailleurs détaillé les droits mais aussi les devoirs communs à tous les éducateurs, qu’il s’agisse des enseignants ou des parents.
En énonçant clairement les composantes fondamentales du pacte éducatif que sont la laïcité, le mérite, le respect de l’autorité, l’ouverture aux autres et l’accès de tous les enfants à une éducation de qualité, Nicolas Sarkozy a exposé les réformes qui devront être réalisées au cours de son quinquennat pour moderniser le système éducatif français.
La suppression de la carte scolaire
Le système de la carte scolaire a échoué. S’il était destiné à l’origine à créer de la mixité sociale, c’est aujourd’hui le contraire qui se produit. La suppression à terme de la carte scolaire a pour objectif d’atténuer la ségrégation existante et de donner à chaque parent la possibilité de choisir la meilleure éducation pour son enfant.
La réforme du collège unique
Créé en 1975, le collège unique a pour but d’accueillir dans un même établissement tous les élèves de la sixième à la troisième et de leur offrir un enseignement identique. Mais aujourd’hui, la difficile gestion de l’hétérogénéité des élèves, le bilan contrasté de la démocratisation, l’insuffisante définition des objectifs du collège unique montrent les carences du système. La réforme du collège unique a pour objectif de mieux prendre en compte les « différences de rythme, de sensibilités, de caractères, de formes d’intelligence » des élèves.
La scolarisation des enfants handicapés
Nicolas Sarkozy souhaite que tous les enfants handicapés puissent être scolarisés, ce qui non seulement contribuera à leur épanouissement, mais aussi permettra aux autres enfants de s’enrichir de cette différence.
La revalorisation du métier d’enseignant
Les conditions de travail des enseignants sont devenues de plus en plus lourdes et éprouvantes. Leur pouvoir d’achat et leur statut social se sont dégradés au cours du temps. Nicolas Sarkozy s’est ainsi engagé à offrir aux enseignants « de meilleurs perspectives de carrière, un meilleur niveau de vie, de meilleures conditions de travail ». Pour ce faire, les enseignants seront mieux rémunérés et progresseront plus rapidement s’ils font le choix de s’investir davantage.
Le président de la République a également prôné une plus grande liberté des enseignants dans le choix de leur pédagogie. Parallèlement à cela, les établissements auront davantage d’autonomie dans le choix de leur projet et de leur organisation.
Concernant la reconversion des enseignants, celle-ci sera facilitée.
Remettre la culture générale au cœur de notre ambition éducative
Il ne s’agit pas d’accumuler « sans fin des connaissances », mais d’accéder à un savoir « réfléchi, ordonné et maîtrisé ». La culture générale doit viser « l’essentiel et la qualité » et « mettre en relation les différents champs de l’intelligence humaine », seul moyen de « permettre à chaque enfant de se construire sa propre vision du monde »
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L’importance du sport
Il faut renforcer la place faite au sport à l’école. Nicolas Sarkozy a aussi insisté sur la nécessité de resserrer les liens entre les institutions sportives et les institutions éducatives.
La nécessité de faire travailler tous les éducateurs ensemble
L’éducation de l’enfant n’est pas le seul fait des enseignants. Sa réussite scolaire « ne peut être que l’œuvre commune de tous les éducateurs travaillant ensemble ». C’est pourquoi parents, professeurs, éducateurs, tous ceux qui sont en contact de l’enfant dans le milieu sportif, culturel, associatif, mais aussi dans certains cas juge et policier, doivent travailler de concert.
La réussite scolaire
Il faut progressivement élever le niveau d’exigence à l’école primaire, puis au collège et au lycée. Ainsi, « nul ne doit entrer en sixième s’il n’a pas fait la preuve qu’il était capable de suivre l’enseignement du collège. Nul ne doit entrer en seconde s’il n’a pas fait la preuve qu’il était capable de suivre l’enseignement du lycée et le baccalauréat doit prouver la capacité à suivre un enseignement supérieur ».
Le droit à la garde des enfants et à la maternelle
Le président de la République s’est dit « décidé à faire en sorte que plus aucun enfant ne soit livré à lui-même une fois la classe terminée ». Les devoirs seront faits à l’école, en études surveillées qui seront généralisées d’ici 2011.
Par ailleurs, des internats d’excellence seront créés pour les bons élèves des familles les plus modestes.
22:10 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans SOCIÉTÉ ET POLITIQUE. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne, poesie | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |