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12/09/2008

BENOÎT XVI EN FRANCE.

 

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Dossier spécial à l'occasion de la visite du pape Benoît XVI en France. Retrouvez sur La Croix.com la visite heure par heure du pape, sur Pélerin.info les enjeux pour l'Eglise de France et sur Croire.com l'anniversaire des 150 ans des apparitions à Lourdes Suivez heure par heure toute l'actualité du voyage
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Crédits Photo : Vincenzo Pinto / C.Abad / AFP PHOTO Alessia Giuliani / CIRIC V. Castro / CIRIC Lacaze - Sanctuaire Lourdes
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10:41 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans SOCIÉTÉ. | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

10/09/2008

Il y a au fond de l'instinct sexuel une exigence de sainteté ...

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     7ème conférence de retraite donnée à Lille aux étudiants de l’institut catholique en novembre 1933.
 
    « Si la conformité entre la nature et la grâce est d'autant plus parfaite qu'elle est plus gratuite, si le christianisme est vrai­ment le réalisme suprême que nous avons dit, il doit s'être montré ca­pable de résoudre le problème de l'amour. Je n'ai pas besoin de souligner l'urgence de ce problème. C'est votre problème, c'est à un moment donné le problème de tout être humain. c'est toujours le problème de l'espèce humaine. C'est peut-être par là qu'il convient de commencer.
    Il y a dans la rencontre sympathique de l'homme et de la femme le tressaillement mystérieux de l'enfant qui veut naître. Ils peuvent n'y pas penser - ils en deviennent même rarement conscients - il n'en est pas moins vrai que l'appel de la vie monte en eux dès qu'ils quittent le terrain de l'amitié purement fraternelle.
    Ce peut être un rêve très pur, une force qui monte, ce peut être un rêve très trouble, un élan qui tombe, mais, de toute manière, cette force est là, cette exigence se fait sentir qui cherche une issue réalisatrice. Elle se déguise sous mille aspects, elle emprunte les truchements les plus variés, elle se satisfait dans toutes sortes de rencontres innocentes ou coupables. Dans tous les cas, le courant part de ces germes secrets qui aspirent à se joindre pour promouvoir la vie de l'espèce. Quoi de plus émouvant et de plus solennel ?
    L'espèce est divine. Elle répond à une idée créatrice nécessaire à l'équilibre de l'Univers. Cela est vrai sans doute, dans une certaine mesure, de toutes les séries animales, c'est pourquoi à tous les degrés et sous toutes les formes, la génération exerce un tel empire, mais chez l'homme chaque individu est un univers. Chaque individu est esprit, capacité d'être illimitée, capacité de Dieu. Les trois ordres se superposent, les trois courants se joignent, l'homme est assailli de toute part avec une incoercible violence, comme un frêle esquif est la proie de l'océan : l'espèce veut naître, l'esprit veut naître, Dieu veut naître.
    Dieu veut naître, n'est-ce pas là le dernier fond de cet appel, l'ultime se­cret de cette tragédie, Dieu voulant, dans un coeur nouveau qui sera l'oeuvre de l'Amour, poursuivre le mystère de Son Incarnation ? Dieu a témoigné à l'homme cette confiance inouïe de lui remettre le destin d'une vie, divine dans sa source et dans sa fin, d'une vie appelée par la toute bonté au partage de Sa Vie, Dieu a communiqué à l'homme Son pouvoir créateur : "Dieu a créé des créateurs". C'était trop, sans doute, pour un être aussi faible que l'homme, à en juger par l'usage qu'il fait de ce divin privilège.
    Comment n'être pas ému et déchiré au plus intime de son être en songeant que, depuis le commencement, l'homme a été victime de ce don, que chaque génération a subi le même vertige, et qu'à tra­vers tous les siècles l'humanité a fait de sa plus haute noblesse l'ins­trument de sa plus horrible déchéance ?
En vérité s'il est quelque part dans la nature un vestige de la chute originelle, c'est là que la trace en paraît la plus évi­dente. Quel habitant d'une lointaine planète, s'il avait conservé l'in­tégrité de son être, pourrait croire que c'est là même, dans ce qui l'apparente d'une manière si émouvante à Dieu, que l'homme a rencontré la plus virulente tentation ? On dirait qu’intoxiqué par cette puissance divine il en est devenu fou !
    Il suffit d'être homme pour suivre ce drame avec une poi­gnante sympathie et pour ressentir la compassion la plus ardente pour tous les êtres qui succombent à l'instinct ou se débattent sous son étreinte ! la seule conduite inadmissible ici, la seule attitude qu'on doive flageller sans rémission, c'est la parti-pris de tourner en gros­sière plaisanterie le mystère le plus tragique et le plus sacré.
    Je comprends qu'un homme puisse être vaincu dans une lutte où ses chances sont inégales. Je sais au terme de quels combats déchi­rants peuvent se produire certaines chutes, et quelle mélancolique no­blesse se mêle parfois à la plus décevante fragilité ! mais  je ne comprendrai jamais qu'on traîne dans la boue et qu'on avilisse par d'ignobles sous-entendus un pouvoir créateur dont il ne faudrait parler qu'à genoux.
    Comme Dieu nous a aimés, ! comme Il a eu confiance en nous, et comme nous L'avons trahi ! N'y a-t-il aucun moyen de retrouver le sens et de réaliser l'ordre de l'instinct ? Il y a au moins un commencement de solution à prendre une vue claire du problème. Pour cela, ne craignons pas de recourir aux données maté­rielles et de prendre conseil de la physiologie, il s'agit d'unir les germes complémentaires dont la fusion détermine l'éclosion de la vie. Le problème sexuel est donc un problème de vie.
    L'attitude que nous avons prise à l'égard de la vie contient virtuellement la solution que nous adopterons ici. Si la vie n'est pour nous qu'un accident de la matière, son origine et sa propagation seront également livrées au hasard ! si la vie a, au contraire, une valeur di­vine et une destinée éternelle - comme nous le croyons - la procréation est investie de responsabilités infinies.
    Les matérialistes les plus convaincus en auraient immédiate­ment l'intuition, en dépit de leur système, s'ils se plaçaient devant ce terme concret qu’est  l'enfant. C'est sa vie qui est engagée dans ce débat. Le sexe est un altruisme scellé dans notre chair avant de s'enraciner dans notre coeur, il est  un rapport à l'autre, le patrimoine de l'espèce et le berceau de l'enfant.
    Nous ne pouvons pas donner ce qui n'est pas à nous, aliéner un héritage dont nous avons seulement le dépôt, faire jouer le clavier de l'espèce, quand nous ne sommes pas, au moins virtuellement, requis par son service. Nous avons des comptes à rendre à la vie, des respon­sabilités à l'égard de l'enfant.
    L'enfant est une personne, et la personne est une fin. "Agis, dit Kant, de manière à traiter toujours l'humanité, soit dans ta personne, soit dans celle d'autrui, comme une fin et jamais comme un moyen".
    L'enfant est une personne, et dans son être spirituel, il est une fin, il est même, d'une manière absolument rigoureuse, la fin première de la génération. Comment oserait-on l'engager dans cette aventure éternelle de la vie sans avoir consulté tout d'abord ses intérêts dans les trois ordres où son existence sera nécessairement engagée, sans lui avoir préparé un berceau pour son esprit et pour son coeur, plus en­core que pour son corps ? Faudrait-il moins de vertus aux parents pour former l'âme de leurs enfants qu'il n'en faut au prêtre pour en favo­riser le développement ? Il me semble qu'il y a de part et d'autre la même exigence de sainteté.  En vérité, voilà ce qu'il y a au fond de l'instinct sexuel une exigence de sainteté.
    A moins d'admettre que l'enfant puisse naître au hasard, comme l'accident imprévu d'une tendresse inconsciente ou d'une aveugle volupté, ou que le geste créateur ne soit qu'un simulacre stérile et absurde, un élan fictif dans le vide, l’instinct qui est tout altruisme à l'égard de l'enfant du fait qu'il est une personne, ne peut, de ce chef, être moins altruiste à l'égard de la femme, la femme aussi est une personne et la femme est une fin. On ne saurait trop flageller la conception inhumaine et bar­bare qui voudrait faire d'elle l'instrument de la volupté de l'homme.
    La femme est une personne égale à l'homme dans la ligne de l'esprit, confiée à sa tendresse pour être protégée dans sa dignité de mère. Pourquoi trahir la mère et profaner le tabernacle de la divine nativité ?
Est-ce que l'acte qui suscite la vie n'est pas une transfu­sion du sang, le don le plus profond et le plus total, le symbole le plus expressif de l'unité, la confidence suprême de l'être à l'être, en l'être ? Comment y mêler le mensonge et la boue ?
    L'acte conjugal est le sacrement de l'Amour, efficace de vie éternelle. C'est dans l'ordre des fins que l'homme et la femme sont vraiment unis : le mariage est l'union indivisible des âmes, le signe qui représente et accomplit le mystère de l'Eglise. Il n'y a pas autre chose : partout l'ordre à la vie en son amplitude infinie.
Ne fait-on pas les semailles dans l'espoir de la moisson ? Laisserons-nous dire alors que c'est la nature qui veut qu'on rejette le germe et qu'on nie l'acte que l'on pose, qu'on refuse le don au moment même de l'accomplir et qu'on engage dans le vide tout l'élan de son être ?
    La pureté est  le respect de la  vie, l'impureté est  le mépris de la  vie. C'est tout ce qu'il importe d'en savoir.  « En Lui était la Vie, et la Vie était la Lumière des Hommes. » La pureté est l'assomption des corps, l'amour du corps, l'esprit donné au corps.
    Notre corps n'est-il pas le temple du Saint-Esprit, et nos membres ne sont-ils pas les membres de Jésus-Christ ? La foi nous l'af­firme et il n'est que trop vrai que notre corps souffre violence quand nous l'empêchons de s'élever, quand nous lui refusons cette transpa­rence à laquelle il a droit, quand nous en faisons un corps animal. Car lui aussi a une vocation divine et une destinée éternelle, lui aussi est capable de tressaillir de joie à l'approche du Dieu Vivant : " Seigneur, j'ai aimé la Beauté de Votre Maison et le lieu où habite votre gloire." Si la Maison de pierre peut susciter de tels transports, pourquoi aurions-nous moins de vénération pour cette chair sanctifiée si souvent par le contact de l'Agneau ?
    Dieu n'a rien créé d'impur. Le corps est pur, et plus pures et plus sacrées que tout sont en nous les sources de la vie : " Si ton oeil est simple tout ton corps sera dans la Lumière."
    Essayons de regarder nos corps en esprit, par le dedans, à partir de cette pensée divine qui les construit comme les sacrements de la vie., et pour écarter les troubles fantômes qui s'attachent au mot, remplaçons dans notre vocabulaire sexuel par paternel et maternel qui rendent mieux justice à la vocation de l'instinct.
Si vous pouvez, au moment où l'élan vital vous tourmente - sans vous troubler d'ailleurs d'un appel qu'il est normal de sentir - si vous pouvez faire surgir devant les yeux de votre esprit le visage de l'enfant, vous conjurerez le plus souvent ce qu'il y a d'affolant dans le déferlement d'une impulsion aveugle ! c'est de lui qu'il s'agit, c'est lui qui vous appelle, et Dieu en lui, et voilà qu'aujourd'hui déjà, sous son aspect suprême, votre paternité et votre maternité peuvent s'exercer.
    Aussi bien, tout le prix de l'enfant qu'une jeune mère tient dans ses bras, n'est-ce pas ce qu'elle perçoit - à travers ce petit corps si transparent pour son coeur - du rayonnement de l'âme et du mystère divin qui s'accomplit en elle ?
Ainsi déjà, dans la préparation de votre coeur, vous pouvez engendrer en esprit les enfants qui deviendront par vous les fils de l'Esprit, étendant d'ailleurs à tant de petits êtres, à qui personne ne révèle le visage de leur Père céleste, une paternité et une maternité que ne peuvent borner ni l'espace, ni le temps : qui pourra vous empê­cher de recueillir leurs âmes dans la vôtre, et de leur communiquer la vie véritable ? Ainsi déjà, votre dévouement peut-il donner une issue réa­lisatrice à ce que votre instinct contient de plus profond.
    Votre coeur, j'en suis sûr, est séduit par ce programme. Vous vous demandez seulement s'il ne dépasse pas les forces de l'homme ? Il les dépasse à coup sûr, mais c'est le caractère même de notre vie, sous quelqu'aspect qu'on l'envisage, de ne pouvoir être vécue sans le con­cours de Dieu.
    Il a mis sur notre route la femme bénie entre toutes les femmes, qui est la source immaculée de la vie, la Vierge-épouse et la Vierge-mère, en qui tous nos rêves de tendresse et tous nos rêves de pureté trouvent leur plus suave expression.
    Le Fils unique vous l'a donnée pour Mère. Elle vous aime et elle vous attend. Si vous lui portez un coeur filial, si vous dissipez dans sa lumière les fantômes de votre nuit, si vous tenez vos regards fixés sur son visage, avec la confiance de l'enfant qui appelle sa Mère, elle gardera en vous les sources mystérieuses, en orientant tou­jours vers la Vie, ce qui appartient à la vie.
    Et en tout être qu'aura conquis votre loyauté, en toute âme qu'aura fait mûrir votre sacrifice, elle vous révélera Celui qui, sans cesser d'être son Fils, est devenu votre enfant, dans le mystère sans cesse renouvelé d'un Noël mystique où toutes vos puissances d'aimer s'apaiseront dans la candeur d'un enfantement divin.
    Ce n'est pas en vain que retentit l'Angélus : le Verbe encore veut se faire chair, par votre coeur aujourd'hui. »

Maurice ZUNDEL.

20:35 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans MAURICE ZUNDEL. | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

09/09/2008

LES BÉATITUDES.

Les Béatitudes sont la charte de ceux qui sont « morts avec le Christ » et « ressuscités avec lui » (1ère lect.) à la vie nouvelle de l’Esprit : « Par le baptême vous avez été mis au tombeau avec lui. Avec lui vous avez été ressuscités parce que vous avez cru en la force de Dieu qui a ressuscité le Christ d’entre les morts » (Col 2, 12). Si nous avons été mis au tombeau c’est que nous étions morts ; non pas physiquement mais spirituellement : « Vous étiez des morts parce que vous aviez péché ». Si nous sommes ressuscités c’est donc que « Dieu nous a donné la vie avec le Christ : il nous a pardonné tous nos péchés » (Col 2, 13). D’où l’invitation insistante de Paul à entrer dans le combat spirituel afin de ne pas déchoir de la grâce et retomber dans le péché : « Recherchez donc les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. Tendez vers les réalités d’en haut et non pas vers celles de la terre » (1ère lect.).
Nous retrouvons la même tension dans les Béatitudes, que nous pouvons fort bien articuler avec la première lecture : « Malheureux vous les riches, vous qui êtes repus et qui riez » ; vous qui vous complaisez dans « la débauche, l’impureté, les passions, les désirs mauvais » ; vous qui vous laissez dominer par votre « appétit de jouissances » terrestres jusqu’à en oublier le respect, l’obéissance, et l’honneur qui reviennent à Dieu. Oui, malheureux les hommes charnels : « leur dieu c’est leur ventre et ils mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte ; ils ne tendent que vers les choses de la terre et ils vivent en ennemis de la croix du Christ. Ils vont tous à leur perte, je le redis en pleurant » (Ph 3, 18-19).
Mais malheureux aussi les hommes psychiques qui mettent tous leurs efforts à entretenir leur vaine gloire et cherchent à tout prix les louanges des hommes, fût-ce au prix de mensonges. Ils n’hésitent pas à recourir à la « méchanceté, aux insultes, aux propos grossiers » ; à la médisance et à la calomnie pour asseoir leur suprématie et obtenir que « tous les hommes disent du bien d’eux ». Leur douceur et leur humilité apparentes ne sont que de façade : il suffit de les contredire ou de leur résister pour qu’ils s’emportent et laissent éclater leur colère. Pas plus que les hommes charnels, qui s’adonnent à « la débauche, l’impureté, l’obscénité, l’idolâtrie, la sorcellerie, les beuveries, la gloutonnerie », les hommes psychiques n’entreront pas dans le Royaume : « haine, querelles, jalousie, colère, envies, divisions, sectarisme, rivalités et autres choses du même genre : ceux qui agissent de cette manière ne recevront pas en héritage le Royaume de Dieu » (Ga 5, 19-21).
Nous sommes avertis : « voilà ce qui provoque la colère de Dieu » et qu’il nous faut « faire mourir » ; car une vie dans le désordre trahit que nous appartenons encore à la terre alors que par le baptême « notre vie devrait rester cachée avec le Christ en Dieu » (1ère lect.). En attendant que « paraisse le Christ », et en attendant de « paraître avec lui en pleine gloire », ceux qui veulent demeurer « enracinés en lui et construire leur vie sur lui » (Col 2, 7), auront à séjourner en étrangers sur cette terre. Si Jésus les déclare bienheureux ce n’est pas parce qu’ils sont pauvres, affamés et qu’ils pleurent ; mais parce que cette détresse, qui témoigne de leur aspiration à une autre patrie, se transformera en joie. De même, ce n’est pas la haine, l’exclusion, l’insulte, le mépris, que subissent les croyants, qui honorent le Seigneur, mais la fidélité à son Nom - « à cause du Fils de l’homme » - et la communion à son sort. Car la constance dans les persécutions témoignent que le croyant s’est « débarrassé des agissements de l’homme ancien et a revêtu l’homme nouveau, celui que le Créateur refait toujours neuf à son image pour le conduire à la vraie connaissance » (1ère lect.).

« Seigneur, au milieu des multiples sollicitations de ce monde, apprends-nous à garder les yeux fixés sur toi. Donne-nous ton Esprit, que nous puissions reconnaître les pièges de l’Ennemi et renoncer à nos complicités avec ses séductions. Accorde-nous ta patience, ton humilité et ta douceur pour traverser les épreuves de la vie dans la paix, les yeux fixés sur toi qui es la source et le terme de notre appel (cf. Ep 4, 4). »

Père Joseph-Marie.

18:42 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

08/09/2008

AU TERME DE CET ÉTÉ.


AU TERME DE CET ÉTÉ
« Au terme de cet été, Seigneur tu nous demandes à chacun : ‘Veux-tu continuer à me suivre tout au long de cette année qui commence ? Pour croire que ta vie ne dépend pas de tes seules forces mais de la grâce de mon Esprit Saint que je répands en toi… Pour continuer à chercher la communion avec moi dans l’écoute de ma Parole et dans le Sacrement de l’Eucharistie…. Pour vivre au quotidien tes relations dans ta famille, à ton travail, à l’imitation de celle que j’entretiens avec chacun des membres de mon Église’. Puissions-nous avec saint Pierre te redire :
 " Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ? Toi seul as les paroles de la vie éternelle !’ ".

19:17 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans Prières. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

LE CHIFFRE DOUZE.

« Jésus s'en alla dans la montagne pour prier, et il passa la nuit à prier Dieu ». A chaque tournant décisif de sa vie et donc de l’histoire du salut, saint Luc montre Jésus en prière (Cf. Lc 3, 21 ; 9, 28-29 ; 22, 41). Le fait que Jésus prie sur la montagne n’est pas sans importance. Dans la Bible, la montagne est en effet le lieu de la rencontre avec Dieu. Il y avait parlé à Moïse. Dans la brise légère, il s’y était manifesté à Elie. Jésus y demeure et nous révèle ainsi son unité avec le Père. C’est bien du cœur de la Trinité, communion du Père et du Fils dans l’Esprit Saint, que naît l’appel des douze apôtres.

Il y a à la fois quelque chose de solennel et d’émouvant à se représenter le défilé de ces douze visages devant nous et à entendre résonner le prénom de chacun. Tous différents, sûrement nous retrouverons-nous de manière privilégié dans l’un ou l’autre : dans Pierre pour les plus vifs et les plus entreprenants, dans Jean pour les plus contemplatifs… Il n’est pas impossible aussi que nous découvrions un peu de nous-mêmes dans chacun d’eux. Qu’est-ce à dire si ce n’est que dans ces « Douze » sont déjà présents tous ceux qui, dans les siècles à venir, reprendront le flambeau en devenant, à leur tour, témoins de la Bonne Nouvelle du Royaume, à la suite de Jésus.

Le chiffre « douze » représentent les douze tribus du peuple de Dieu dispersées. Jésus signifie par là qu’il s’adresse à la totalité de l’Israël définitif par lequel le salut atteint tous les hommes. C’est bien ce qu’illustre la deuxième partie de notre péricope évangélique faisant directement suite à l’appel des apôtres : « Jésus descendit de la montagne, nous dit saint Luc, avec les douze Apôtres et s'arrêta dans la plaine. Il y avait là un grand nombre de ses disciples, et une foule de gens […], qui étaient venus l'entendre et se faire guérir de leurs maladies. Ceux qui étaient tourmentés par des esprits mauvais en étaient délivrés. Et toute la foule cherchait à le toucher, parce qu'une force sortait de lui et les guérissait tous. »

Mais le chiffre « douze » peut aussi étendre sa symbolique à la totalité des hommes aux oreilles desquels résonne l’appel à la mission et à la totalité que représente chacun d’eux dans toutes les dimensions de son humanité !

A travers l’élection de chacun des « Douze », c’est donc tout autant l’appel universel au salut qu’à la mission qui se fait entendre. Dans le particulier de chacun des apôtres, l’universalité de cet appel se dit de la façon la plus significative.
Tous, nous sommes appelés à être sauvés et à devenir des apôtres du Christ, selon nos vocations respectives. Et parce que l’appel des apôtres naît du cœur de la Trinité, c’est le mystère de la douceur, de l’humilité et de l’amour même de Dieu dont nous devons être les dépositaires.

« Seigneur, puisse le découragement ne pas nous accabler devant l’abîme qui existe peut-être entre ce que nous sommes aujourd’hui et ce à quoi tu nous appelles. En appelant les Douze du haut de la Montagne, tu nous apprends aussi que tout apostolat commence d’abord par s’accepter et se laisser aimer tel que l’on est ».

Frère Elie.

19:10 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

07/09/2008

Où sont-ils nos amis ?

Pour deux Amis décédés cette semaine à un jour d'intervalle, suite à une longue maladie....

Un petit Hommage simple mais sincère.

La Vie fait souvent saigner notre coeur. A nous de trouver des raisons de croire que l'Amour est plus Fort que la mort.

Et de le prouver au quotidien.

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Où sont-ils nos amis ?
 
Ils se cachent certainement dans un sourire d'enfant,
Ils sont dans nos mémoires aux souvenirs éclatants,
Ils sont dans le soleil qui s'éveille au matin,
Non, nos amis ne sont pas très loin.
Ils battent dans nos cœurs pour rythmer nos espoirs,
Ils sont dans le firmament cet éternel miroir,
Ils nous tiennent la main pour continuer notre chemin,
Ils nous attendent patiemment vers d'autres lendemains,
Ils savent dans nos larmes faire couler de leurs joies,
Où sont-ils nos amis d'autrefois ?
Ils sont présents en nous et en toi,
Si tes pensées demeurent tournées vers l'Amour,
Alors, nous savons que nous les reverrons un jour,
Nos amis de Toujours....
 
Bruno LEROY.
 

14:04 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans POÉSIE DE L'INSTANT. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

05/09/2008

C'EST PAS LA PEINE D'EN FAIRE UN PLAT, LEROY !

Improvisations et délires de Bruno Leroy sur les saveurs culinaires en corrélation avec le temps qui passe et les parfums de l'instant présent.

( enregistré dans les Pyrénées Orientales lors de ses multiples voyages ) - Éric Figard, Adjoint Juriste social.

18:40 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans Film | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

04/09/2008

APRÈS LA THÉOLOGIE DE LA LIBÉRATION ?

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La Théologie de la Libération, parce qu’elle est essentiellement pratique, a des retombées immédiates sur l’éthique et le comportement des personnes. Elle a mis au jour un nouveau profil de chrétien dans le monde d’aujourd’hui. Nous nous bornerons ici à souligner les aspects les plus éthiques.

Les chrétiens se voient confrontés au péché social et structurel de l’oppression et de l’injustice infligées aux masses. Il s’agit du péché qui de situe dans les institutions et les structures de la société, et qui conduit les personnes et les groupes à avoir des comportements en contradiction avec le projet de Dieu. Précisons ici que les structures ne sont pas des choses mais des modes de relation entre les choses et les personnes qui ont affaire à elles.

Vouloir surmonter le péché social suppose que l’on s’attache à changer les structures afin qu’elles produisent en fonctionnant plus de justice et de participation. La conversion évangélique réclame plus qu’un changement de cœur ; elle exige aussi un changement de l’organisation sociale qui provoque indéfiniment des comportements de péché.

Cette conversion sociale se traduit par une lutte sociale transformatrice, et elle s’appuie sur des stratégies et des tactiques susceptibles d’ouvrir la voie aux modifications nécessaires. Au péché social il faut opposer la grâce sociale, fruit du don de Dieu et de l’activité de l’homme inspiré par Dieu.

La charité comme mode d’être-aux-autres gardera toujours toute sa valeur. Mais, dans une perspective sociale, aimer signifie participer à la création de nouvelles structures, soutenir celles qui représentent une avancée pour obtenir une meilleure qualité de vie, et bien se situer dans le domaine politique à la lumière de l’option solidaire pour les pauvres. Jésus a donné l’exemple : il peut y avoir compatibilité entre l’Amour pour les personnes et l’opposition à leurs attitudes.

Il s’agit d’aimer toujours les personnes et dans n’importe quelle condition, mais de combattre les attitudes et les systèmes qui ne s’accordent pas avec les critères éthiques du message de Jésus. La paix et la réconciliation sociales ne seront possibles que dans la mesure où auront été surmontés les motifs réels qui distillent en permanence les conflits : les relations inégales et injustes entre le capital et le travail, les discriminations entre les races, les cultures et les sexes.

Ainsi, aimer sans haïr, lutter pour le triomphe de la juste cause sans céder au leurre des émotions, tout en respectant la diversité des opinions, en relativisant ses propres positions et en sauvegardant l’unité de la communauté, tels sont les défis concrets qui sont proposés à la sainteté des chrétiens libérateurs.

Bruno LEROY.

22:02 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CHRONIQUE DE BRUNO LEROY. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

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Quelques aspects de la méditation chrétienne.

Je vous propose un texte officiel de l’Église approuvé par le pape Jean Paul II qui peut vous servir de repère dans votre approche priante de la Parole de Dieu.
Bruno LEROY.

 

I. Introduction

1. Chez beaucoup de chrétiens de notre temps, le désir est très vif d’apprendre à prier d’une manière authentique et approfondie, malgré les nombreuses difficultés que la culture moderne oppose à l’exigence ressentie de silence, de recueillement et de méditation. L’intérêt que des formes de méditation liées à certaines religions orientales et à leurs modes particuliers de prière ont suscité ces dernières années, même parmi les chrétiens, est un signe non négligeable de ce besoin de recueillement spirituel et de profond contact avec le mystère divin. Toutefois, face à ce phénomène, on a aussi ressenti de divers côtés la nécessité de pouvoir disposer de critères sûrs, au plan doctrinal et pastoral, qui permettent d’éduquer à la prière, dans ses multiples manifestations, tout en demeurant dans la lumière de la vérité révélée en Jésus, grâce à l’authentique tradition de l’Église. La présente Lettre entend répondre à cette urgence, afin que dans les diverses Églises particulières, la pluralité des formes de prière, y compris les nouvelles, ne fasse jamais perdre de vue leur nature précise, personnelle et communautaire. Ces indications sont adressées avant tout aux évêques, afin qu’ils en fassent l’objet de leur sollicitude pastorale à l’égard des Églises qui leur sont confiées, de sorte que tout le Peuple de Dieu, prêtres, religieux et laïcs, soit invité à prier avec une vigueur nouvelle Dieu notre Père, dans l’Esprit du Christ notre Seigneur.

2. Le contact toujours plus fréquent avec d’autres religions et leurs différents styles et méthodes de prière a, durant ces dernières décennies, conduit de nombreux fidèles à s’interroger sur la valeur que peuvent avoir pour les chrétiens des formes non chrétiennes de méditation. La question concerne surtout les méthodes orientales. Certains s’adressent aujourd’hui à ces méthodes pour des raisons thérapeutiques : l’instabilité spirituelle d’une vie soumise au rythme obsédant de la société technologiquement avancée pousse aussi un certain nombre de chrétiens à chercher en elles la voie de la tranquillité intérieure et de l’équilibre psychique. Cet aspect psychologique ne sera pas considéré dans la présente Lettre, qui entend au contraire mettre en évidence les implications théologiques et spirituelles du problème. D’autres chrétiens, dans le sillage du mouvement d’ouverture et d’échange avec les religions et les cultures diverses, sont d’avis que leur prière a beaucoup à gagner en s’inspirant de ces méthodes. Observant que dans des temps récents, bien des méthodes de méditation spécifiques au christianisme sont tombées dans l’abandon, ces chrétiens se demandent : ne serait-il pas alors possible, par une nouvelle éducation à la prière, d’enrichir notre héritage, en y incorporant aussi ce qui lui était jusqu’ici étranger ?

3. Pour répondre à cette question, il faut avant tout considérer, ne fût-ce qu’à grands traits, en quoi consiste la nature infime de la prière chrétienne, pour voir ensuite si et comment elle peut être enrichie par des méthodes de méditation nées dans le contexte de religions et de cultures différentes. A cette fin, il est nécessaire de formuler une observation préliminaire fondamentale. La prière chrétienne est toujours déterminée par la structure de la foi chrétienne, dans laquelle resplendit la vérité même de Dieu et de la créature. C’est pourquoi elle se présente, à proprement parler, comme un dialogue personnel, intime et profond, entre l’homme et Dieu. Elle exprime donc la communion des créatures rachetées à la vie intime des Personnes trinitaires. Dans cette communion qui se fonde sur le baptême et l’Eucharistie, source et sommet de la vie de l’Église, est impliquée une attitude de conversion, un exode du « moi » vers le « Tu » de Dieu. La prière chrétienne est donc toujours en même temps authentiquement personnelle et communautaire. Elle repousse les techniques impersonnelles ou centrées sur le moi, capables de produire des automatismes dans lesquels celui qui prie reste prisonnier d’un spiritualisme intimiste, incapable d’une libre ouverture au Dieu transcendant. Dans l’Église, la légitime recherche de nouvelles méthodes de méditation devra toujours considérer que pour une prière authentiquement chrétienne, il faut essentiellement la rencontre de deux libertés : la liberté infinie de Dieu et la liberté finie de l’homme.

 

II. La prière chrétienne à la lumière de la Révélation

4. Comment doit prier l’homme qui accueille la révélation biblique, la Bible elle-même nous l’enseigne. Dans l’Ancien Testament se trouve un merveilleux recueil de prières resté vivant au long des siècles même dans L’Église de Jésus-Christ, où il est devenu la base de la prière officielle : le Livre des Louanges ou des Psaumes. Des prières de forme psalmique se trouvent déjà dans des textes plus anciens, ou bien on en retrouve un écho dans des textes plus récents de l’Ancien Testament. Les prières du Livre des Psaumes narrent avant tout les grandes œuvres de Dieu en faveur du peuple élu. Israël médite, contemple et rend à nouveau présentes les merveilles de Dieu, en en faisant mémoire à travers la prière. Dans la révélation biblique, Israël arrive à reconnaître et à louer Dieu présent dans toute la création et dans le destin de chaque homme. Ainsi l’invoque-t-il, par exemple, comme Celui qui secourt dans le danger, la maladie, la persécution, la tribulation. Enfin, toujours à la lumière de ses œuvres salvifiques, Dieu est célébré dans sa divine puissance et sa bonté, dans sa justice et sa miséricorde, dans sa royale grandeur.

5. Grâce aux paroles, aux œuvres, à la Passion et à la Résurrection de Jésus-Christ, dans le Nouveau Testament la foi reconnaît en lui la définitive auto-révélation de Dieu, la Parole incarnée qui dévoile les profondeurs les plus intimes de son amour. C’est l’Esprit-Saint qui fait pénétrer dans ces profondeurs de Dieu, lui qui, envoyé dans le cœur des croyants, « sonde tout, jusqu’aux profondeurs de Dieu » (1 Co.2,10). L’Esprit, selon la promesse de Jésus à ses disciples, expliquera tout ce que lui ne pouvait pas encore leur dire. Cependant l’Esprit « ne parlera pas de lui-même, (…) mais il me glorifiera car c’est de mon bien qu’il recevra et il vous le dévoilera » (Jn.16,13s). Ce que Jésus appelle « son bien » est, comme il l’explique ensuite, également celui de Dieu le Père, car « tout ce qu’a le Père est à moi. Voilà pourquoi j’ai dit que c’est de mon bien qu’il reçoit et qu’il vous le dévoilera » (Jn.16,15).

Les auteurs du Nouveau Testament ont, en pleine conscience, toujours parlé de la révélation de Dieu dans le Christ à l’intérieur d’une vision illuminée par le Saint-Esprit. Les Évangiles synoptiques rapportent les œuvres et les paroles de Jésus-Christ sur la base d’une compréhension plus profonde, acquise après Pâques, de ce que les disciples avaient vu et entendu. Tout l’Évangile de Jean respire la contemplation de celui qui, dès le début, est le Verbe de Dieu fait chair. Paul, à qui Jésus est apparu sur la route de Damas dans sa majesté divine, tente d’éduquer les fidèles pour qu’ils soient en mesure « de comprendre, avec tous les saints, ce qu’est la largeur, la longueur, la hauteur et la profondeur (du Mystère du Christ) et de connaître l’amour du Christ qui surpasse toute connaissance, pour être comblés de toute la plénitude de Dieu » (Ep.3,18s). Pour Paul, le mystère de Dieu est le Christ « dans lequel se trouvent cachés tous les trésors de la sagesse et de la science » (Col.2,3) et, précise l’Apôtre : « Je dis cela pour que nul ne vous abuse par des discours séduisants » (v.4).

6. Il existe donc un étroit rapport entre la révélation et la prière. La Constitution dogmatique Dei Verbum nous enseigne que par sa révélation, le Dieu invisible « s’adresse aux hommes en son immense amour ainsi qu’à des amis (cf. Ex.33,11 ; Jn.15,14-15) ; il s’entretient avec eux (cf. Ba.3,38) pour les inviter et les admettre à partager sa propre vie ».

Cette révélation s’est faite à travers des paroles et des œuvres qui renvoient toujours réciproquement les unes aux autres ; dès le début et dans la suite, tout converge vers le Christ, plénitude de la révélation et de la grâce, et vers le don de l’Esprit-Saint. Celui-ci rend l’homme capable d’accueillir et de contempler les paroles et les œuvres de Dieu, de le remercier et de l’adorer, dans l’assemblée des fidèles et dans l’intimité du cœur illuminé par la grâce.

C’est pourquoi l’Église recommande toujours la lecture de la Parole de Dieu comme source de la prière chrétienne, et en même temps elle exhorte à découvrir le sens profond de la Sainte Écriture au moyen de la prière, pour que s’établisse le dialogue entre Dieu et l’homme, car nous lui parlons quand nous prions, mais nous l’écoutons quand nous lisons les oracles divins.

7. De ce qui vient d’être rappelé découlent aussitôt plusieurs conséquences. Si la prière du chrétien doit s’insérer dans le mouvement trinitaire de Dieu, son contenu essentiel devra nécessairement être aussi déterminé par la double direction de ce mouvement : dans l’Esprit-Saint, le Fils vient dans le monde pour le réconcilier avec le Père par ses œuvres et ses souffrances ; d’autre part, dans le même mouvement et dans le même Esprit, le Fils incarné retourne au Père, accomplissant sa volonté par la Passion et la Résurrection. Le « Notre Père », la prière de Jésus, indique clairement l’unité de ce mouvement : la volonté du Père doit se réaliser sur la terre comme au ciel (les demandes de pain, de pardon, de protection, explicitent les dimensions fondamentales de la volonté de Dieu envers nous), afin qu’une nouvelle terre vive dans la Jérusalem céleste.

C’est à l’Église que la prière de Jésus est remise (« vous donc, priez ainsi » Mt.6,9), et pour cette raison, la prière chrétienne, même lorsqu’elle s’élève dans la solitude, est en réalité toujours située à l’intérieur de cette « communion des saints » dans laquelle et avec laquelle on prie, tant en forme publique et liturgique qu’en forme privée. C’est pourquoi elle doit se faire toujours dans l’esprit authentique de l’Église en prière et donc sous sa conduite, qui peut se concrétiser parfois sous forme d’une direction spirituelle expérimentée. Même quand il est seul et prie dans le secret, le chrétien a conscience de prier toujours en union avec le Christ, dans l’Esprit-Saint, en union avec tous les saints, pour le bien de l’Église.

 

III. Manières erronées de prier

8. Déjà au cours des premiers siècles, s’insinuèrent dans l’Église des manières erronées de prier. Quelques textes du Nouveau Testament en font connaître les traces (cf. 1 Jn.4,3 ; 1 Tm.1,3-7 et 4,3-4). Dans la suite, on peut remarquer deux déviations fondamentales : la fausse gnose et le messalianisme, dont se sont occupés les Pères de l’Église. De cette expérience chrétienne primitive et de l’attitude des Pères, on peut apprendre beaucoup pour faire face à la problématique contemporaine.

Contre la déviation de la fausse gnose, les Pères affirment que la matière est créée par Dieu, et que comme telle, elle n’est pas mauvaise. Ils soutiennent en outre que la grâce, dont la source est toujours l’Esprit-Saint, n’est pas un bien propre de l’âme, mais doit être implorée de Dieu comme un don. L’illumination ou connaissance supérieure de l’Esprit (« gnose ») ne rend donc pas superflue la foi chrétienne. Enfin pour les Pères le signe authentique d’une connaissance supérieure, fruit de la prière, est toujours l’amour chrétien.

9. Si la perfection de la prière chrétienne ne peut être jugée sur la base de la sublimité de la connaissance gnostique, elle ne peut pas l’être davantage en référence à l’expérience du divin, à la manière du messalianisme. Les faux charismatiques du IVe siècle identifiaient la grâce de l’Esprit-Saint avec l’expérience psychologique de sa présence dans l’âme. S’opposant à eux, les Pères insistèrent sur le fait que l’union de l’âme orante avec Dieu s’accomplit dans le mystère, en particulier à travers les sacrements de l’Eglise. Elle peut ainsi se réaliser jusque dans des expériences d’affliction et aussi de désolation. Contrairement à l’opinion des Messaliens, ces expériences ne sont pas nécessairement un signe que l’Esprit a abandonné l’âme. Comme l’ont toujours clairement reconnu les maîtres spirituels, elles peuvent être au contraire une authentique participation à l’état d’abandon sur la croix de Notre Seigneur, qui demeure toujours modèle et médiateur de la prière.

10. Ces deux formes d’erreur continuent d’être une tentation pour l’homme pécheur. Elles l’incitent à essayer de surmonter la distance qui sépare la créature du Créateur, comme quelque chose qui ne devrait pas exister ; à considérer le cheminement du Christ sur la terre, grâce auquel il a voulu nous conduire au Père, comme une réalité dépassée ; enfin à rabaisser ce qui est accordé comme une pure grâce au niveau de la psychologie naturelle, comme « connaissance supérieure » ou comme « expérience ».

Réapparues de temps à autres aux marges de la prière de l’Église, ces formes erronées semblent aujourd’hui impressionner à nouveau de nombreux chrétiens, se présentant à eux comme un remède psychologique et spirituel, et comme un procédé rapide pour trouver Dieu.

11. Mais ces formes erronées, où qu’elles surgissent, peuvent être diagnostiquées d’une manière très simple. La méditation chrétienne orante cherche à cueillir, dans les œuvres salvifiques de Dieu en Jésus-Christ, Verbe Incarné, et dans le don de son Esprit, la profondeur divine qui s’y révèle toujours à travers la dimension humaine et terrestre. Dans de semblables méthodes de méditation, au contraire, même lorsque l’on part des paroles et des œuvres de Jésus, on cherche à faire abstraction le plus possible de ce qui est terrestre, sensible et conceptuellement limité pour s’élever ou s’immerger dans la sphère du divin qui n’est en tant que telle ni terrestre, ni sensible, ni conceptualisable. Déjà présente dans la religiosité grecque tardive (surtout celle du néoplatonisme), cette tendance se rencontre au fond dans l’inspiration religieuse de nombreux peuples, aussitôt qu’ils ont reconnu le caractère précaire de leurs représentations du divin et de leurs tentatives de s’en approcher.

12. Avec la diffusion actuelle des méthodes orientales de méditation dans le monde chrétien et dans les communautés ecclésiales, on se trouve en face d’un renouvellement aigu de la tentative, non exempte de risques et d’erreurs, de mélanger la méditation chrétienne et la méditation non chrétienne. Les propositions en ce sens sont nombreuses et plus ou moins radicales : certaines utilisent des méthodes orientales seulement aux fins d’une préparation psychophysique pour une contemplation réellement chrétienne ; d’autres vont plus loin et cherchent a engendrer, par diverses techniques, des expériences spirituelles analogues à celles dont on parle dans les écrits de certains mystiques catholiques ; d’autres encore ne craignent pas de placer l’absolu sans images ni concepts, propre à la théorie bouddhiste, sur le même plan que la majesté de Dieu, révélée dans le Christ, qui s’élève au-dessus de la réalité finie ; et dans ce but, ils se servent d’une « théologie négative » qui transcende toute affirmation de contenu sur Dieu, niant que les réalités du monde puissent être une trace qui renvoie à l’infinité de Dieu. Aussi proposent-ils d’abandonner non seulement la méditation des œuvres salvifiques que le Dieu de l’Ancienne et de la Nouvelle Alliance a accomplies dans l’histoire, mais aussi l’idée même du Dieu un et trine, qui est amour, cela en faveur d’une immersion dans l’abîme indéterminé de la divinité.

Ces propositions, ou d’autres analogues, pour harmoniser méditation chrétienne et techniques orientales, devront être continuellement examinées avec un soigneux discernement des contenus et de la méthode, pour éviter de tomber dans un pernicieux syncrétisme.

 

IV. La voie chrétienne de l’union à Dieu

13. Pour trouver la juste « voie » de la prière, le chrétien considèrera ce qui a été dit précédemment à propos des traits saillants de la voie du Christ, dont « la nourriture est de faire la volonté de Celui qui l’a envoyé et de mener son œuvre à bonne fin » (Jn.4,34). Jésus ne vit pas une union plus intime et plus stricte avec le Père que celle qui pour lui se traduit continuellement dans une profonde prière. La volonté du Père l’envoie aux hommes, aux pécheurs, même à ses bourreaux, et il ne peut être plus intimement uni au Père qu’en obéissant à cette volonté. Cela n’empêche nullement que dans son cheminement terrestre, il se retire aussi dans la solitude pour prier, pour s’unir au Père et recevoir de lui une force nouvelle pour sa mission dans le monde. Sur le Thabor, où certainement il est uni au Père d’une façon manifeste, sa passion est évoquée (cf. Lc.9,31) et la possibilité de demeurer dans les « trois tentes » sur le mont de la transfiguration n’est pas même prise en considération. Toute prière contemplative chrétienne renvoie continuellement à l’amour du prochain, à l’action et à la passion, et c’est ainsi qu’elle rapproche le plus de Dieu.

14. Pour s’approcher de ce mystère de l’union à Dieu, que les Pères grecs appelaient divinisation de l’homme, et pour saisir avec précision les modalités selon lesquelles elle se réalise, il faut tenir compte avant tout du fait que l’homme est essentiellement créature et qu’il reste tel pour l’éternité, de sorte qu’une absorption du moi humain dans le moi divin ne sera jamais possible, pas même dans les états de grâce les plus élevés. On doit cependant reconnaître que la personne humaine est créée à l’image et ressemblance de Dieu, et que l’archétype de cette image est le Fils de Dieu, dans lequel et pour lequel nous avons été créés (cf. Col.1,16). Or cet archétype nous révèle le plus grand et le plus beau mystère chrétien : de toute éternité, le Fils est autre par rapport au Père, et toutefois, dans l’Esprit-Saint, il est de la même substance ; en conséquence, le fait qu’il existe une altérité n’est pas un mal, mais plutôt le plus grand des biens. Il y a altérité en Dieu même, qui est une seule nature en trois personnes, et il y a altérité entre Dieu et la créature, qui sont par nature différents. Enfin, dans la sainte Eucharistie comme dans les autres sacrements, et analogiquement dans ses actions et ses paroles, le Christ se donne lui-même à nous, et nous fait participer à sa nature divine, sans pour autant supprimer notre nature créée, à laquelle lui-même participe avec son Incarnation.

15. Si l’on considère ensemble ces vérités, on découvre avec un profond émerveillement que dans la réalité chrétienne, toutes les aspirations présentes dans la prière des autres religions sont comblées, sans pour autant que le moi personnel et son caractère de créature doivent être annulés et disparaître dans l’océan de l’Absolu. « Dieu est amour » (1 Jn.4,8) : cette affirmation profondément chrétienne peut concilier l’union parfaite avec l’altérité entre l’être qui aime et l’être aimé, avec l’éternel échange et l’éternel dialogue. Dieu lui-même est cet éternel échange, et nous pouvons en pleine vérité devenir participants du Christ, comme fils adoptifs, et crier avec le Fils dans l’Esprit-Saint : « Abba, Père ». En ce sens, les Pères de l’Église ont pleinement raison de parler de divinisation de l’homme qui, incorporé au Christ Fils de Dieu par nature, devient par sa grâce participant de la nature divine, fils dans le Fils. Le chrétien, en recevant l’Esprit-Saint, glorifie1e Père et participe réellement à la vie trinitaire de Dieu.

 

V. Questions de méthode

16. La majeure partie des grandes religions qui ont cherché l’union avec Dieu dans la prière, ont aussi indiqué des voies pour l’atteindre. Comme l’Église catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans ces religions, on ne devra pas rejeter a priori ces indications parce que non chrétiennes. On pourra au contraire recueillir en elles ce qui s’y rencontre d’utile, à condition de ne jamais perdre de vue la conception chrétienne de la prière, sa logique et ses exigences, puisque c’est à l’intérieur de cette totalité que ces fragments devront être reformulés et assumés. Parmi eux, on peut compter avant tout l’humble acceptation d’un maître expert dans la vie de prière et de ses directives ; c’est là une chose dont on a toujours eu conscience dans l’expérience chrétienne, depuis les temps anciens, dès l’époque des Pères du désert. Ce maître, expert dans le sentire cum Ecclesia, doit non seulement guider et appeler l’attention sur certains dangers, mais comme « père spirituel », il doit aussi introduire d’une manière vivante, dans le cœur à cœur, dans la vie de prière qui est un don de l’Esprit-Saint.

17. L’époque classique tardive non chrétienne distinguait volontiers trois stades dans la vie de perfection : la voie de la purification, de l’illumination et de l’union. Cette doctrine a servi de modèle à beaucoup d’écoles de spiritualité chrétienne. Le schéma, en soi valable, réclame toutefois quelques précisions qui en permettent une correcte interprétation chrétienne pour éviter de dangereuses méprises.

18. La recherche de Dieu moyennant la prière doit être précédée et accompagnée par l’ascèse et la purification des propres péchés et erreurs, car selon la parole de Jésus, seuls « ceux qui ont le cœur pur verront Dieu » (Mt.5,8). L’Évangile vise surtout à une purification morale du manque de vérité et d’amour, et sur un plan plus profond, de tous les instincts égoïstes qui empêchent à l’homme de reconnaître et d’accepter la volonté de Dieu dans toute sa pureté. Ce ne sont pas les passions en tant que telles qui ont un caractère négatif (comme le pensaient les stoïciens et les néoplatoniciens), mais leur tendance égoïste. C’est de celle-ci que le chrétien doit se libérer pour arriver à cet état de liberté positive, que l’époque classique chrétienne appelait « apatheia », le Moyen Age « impassibilitas », et les exercices spirituels ignaciens « indiferencia ».

Cela est impossible sans une abnégation radicale, comme on le voit aussi dans saint Paul qui utilise ouvertement le mot mortification (des tendances peccamineuses). Seule cette abnégation rend l’homme Libre de réaliser la volonté de Dieu et de participer à la liberté de l’Esprit-Saint.

19. Il conviendra donc d’interpréter correctement l’enseignement des maîtres qui recommandent de « vider » l’esprit de toute représentation sensible et de tout concept, en maintenant toutefois une aimante attention à Dieu, de sorte qu’il y ait en celui qui prie un vide qui peut alors être rempli par la richesse divine. Le vide dont Dieu a besoin est celui du renoncement au propre égoïsme, pas nécessairement celui du renoncement aux réalités créées qu’il nous a données et au milieu desquelles il nous a placés. Il n’y a pas de doute que dans la prière, on doive se concentrer entièrement sur Dieu et exclure le plus possible les choses du monde qui enchaînent notre égoïsme. Saint Augustin est sur ce point un maître insigne : si tu veux trouver Dieu, dit-il, abandonne le monde extérieur et rentre en toi-même. Toutefois, poursuit-il, ne demeure pas en toi-même, mais surpasse-toi, car tu n’es pas Dieu : Lui est plus profond et plus grand que toi. « Je cherche sa substance dans mon âme, et je ne la trouve pas ; j’ai toutefois médité sur la recherche de Dieu et, tendu vers lui, à travers les choses créées, j’ai cherché à connaître les perfections invisibles de Dieu ». « Demeurer en soi-même » : voilà le vrai danger. Le grand Docteur de l’Église recommande de se concentrer en soi-même, mais aussi de transcender le moi qui n’est pas Dieu, mais une créature. Car Dieu est bien en nous et avec nous, mais il nous transcende dans son mystère.

20. Du point de vue dogmatique, il est impossible d’arriver à l’amour parfait de Dieu si l’on fait abstraction du don qu’il fait de lui-même dans le Fils incarné crucifié et ressuscité. En lui, sous l’action de l’Esprit-Saint et par pure grâce, nous prenons part à la vie intradivine. Lorsque Jésus déclare : « Qui m’a vu a vu le Père » (Jn.14,9), il n’entend pas simplement la vision et la connaissance extérieures de sa figure humaine (« la chair ne sert de rien » Jn.6,63). Ce qu’il entend est plutôt une vision rendue possible par la grâce de la foi : voir, à travers la manifestation sensible de Jésus ce que comme Verbe incarné il veut vraiment nous montrer de Dieu (« C’est l’esprit qui vivifie […] ; les paroles que je vous ai dites sont esprit, et elles sont vie » ibid.). Dans ce « voir », il ne s’agit pas de l’abstraction purement humaine de la figure en qui Dieu s’est révélé, mais de saisir la réalité divine dans la figure humaine de Jésus, de saisir sa dimension divine et éternelle dans sa temporalité. Comme le dit saint Ignace dans les Exercices spirituels, nous devrions essayer de saisir « le parfum infini et la douceur infinie de la divinité » (n° 124) en partant de la vérité révélée finie par laquelle nous avons commencé. Tandis qu’il nous élève, Dieu est libre de nous « vider » de tout ce qui nous retient en ce monde, de nous attirer complètement dans la vie trinitaire de son amour éternel. Toutefois, ce don ne peut nous être concédé que dans le Christ par l’Esprit-Saint, et non à travers nos propres forces, en faisant abstraction de sa révélation.

21. Dans le chemin de la vie chrétienne, la purification est suivie de l’illumination par l’amour que le Père nous donne dans le Fils et l’onction que nous recevons de lui dans l’Esprit-Saint (cf. 1 Jn.2,20). Dès l’antiquité chrétienne, on fait référence à l’illumination reçue au baptême. Elle introduit les fidèles, initiés aux divins mystères, à la connaissance du Christ par la foi qui opère au moyen de la charité. Bien plus, certains écrivains ecclésiastiques parlent d’une manière explicite de l’illumination recue dans le baptême comme du fondement de la sublime connaissance du Christ Jésus (cf. Ph.3,8) qui est définie comme contemplation.

Par la grâce du baptême, les fidèles sont appelés à progresser dans la connaissance et le témoignage des mystères de la foi moyennant l’intelligence intérieure qu’ils éprouvent des choses spirituelles. Aucune lumière venant de Dieu ne rend superflues les vérités de foi. Les grâces éventuelles d’illumination que Dieu peut concéder aident plutôt à mieux clarifier la dimension plus profonde des mystères professés et célébrés par l’Eglise, en attendant que le chrétien puisse contempler Dieu tel qu’il est dans sa gloire (cf. 1 Jn.3,2).

22. Enfin le chrétien qui prie peut arriver, si Dieu le veut, à une expérience particulière d’union. Les sacrements, surtout le baptême et l’Eucharistie, sont le commencement objectif de l’union du chrétien à Dieu. Sur cette base, par une grâce spéciale de l’Esprit, celui qui prie peut être appelé à ce type particulier d’union à Dieu qui, dans le milieu chrétien, est qualifiée de mystique.

23. Assurément, le chrétien a besoin de temps déterminés de retraite dans la solitude pour se recueillir et retrouver près de Dieu son chemin. Mais à cause de son caractère de créature, et de créature qui sait n’avoir de sécurité que dans la grâce, sa manière de s’approcher de Dieu ne se fonde sur aucune technique au sens strict du mot. Cela contredirait l’esprit d’enfance requis par l’Evangile. La mystique chrétienne authentique n’a rien à voir avec la technique : elle est toujours un don de Dieu, dont le bénéficiaire se sent indigne.

24. Il existe des grâces mystiques spéciales, conférées, par exemple, aux fondateurs d’institutions ecclésiales en faveur de toute leur fondation, ainsi qu’à d’autres saints, et qui caractérisent leur expérience particulière de prière ; comme telles, elles ne peuvent pas être objet d’imitation et d’aspiration pour d’autres fidèles, même s’ils appartiennent à la même institution et aspirent à une prière toujours plus parfaite. Il peut y avoir divers niveaux et diverses modalités de participation à l’expérience de prière d’un fondateur, sans que la même forme doive être conférée à tous. Du reste, l’expérience de prière, qui a une place privilégiée dans toutes les institutions authentiquement ecclésiales anciennes et modernes, est toujours, en dernière analyse, quelque chose de personnel. Et c’est à la personne que Dieu donne ses grâces en vue de la prière.

25. A propos de la mystique, on doit distinguer entre les dons du Saint-Esprit et les charismes accordés par Dieu d’une manière totalement libre. Les premiers sont quelque chose que tout chrétien peut raviver en soi par une intense vie de foi, d’espérance et de charité ; ainsi, grâce également à une sérieuse ascèse, il peut arriver à une certaine expérience de Dieu et des contenus de la foi. Quant aux charismes, saint Paul dit qu’ils sont surtout donnés en faveur de 1’Eglise, des autres membres du Corps mystique du Christ (cf. 1 Co.12,7). A ce propos, il faut rappeler d’abord que les charismes ne peuvent pas être identifiés avec des dons extraordinaires (cf. Rm.12, 3-21), ensuite que la distinction entre les « dons du Saint-Esprit » et les « charismes » peut être souple. Il est certain que, dans le cadre néotestamentaire, un charisme fécond pour l’Église ne peut être exercé sans un degré déterminé de perfection personnelle, et que, d’autre part, tout chrétien vivant possède un devoir particulier (et en ce sens, un « charisme ») pour l’édification du Corps du Christ (cf. Ep.4,15-16), en communion avec la hiérarchie, à laquelle il revient spécialement de ne pas éteindre l’Esprit, mais de tout examiner pour retenir ce qui est bon.

 

VI. Méthodes psychophysiques et corporelles

26. L’expérience humaine démontre que la position et l’attitude du corps ne sont pas sans influence sur le recueillement et la disposition de l’esprit. C’est là une donnée à laquelle certains auteurs spirituels de l’Orient et de l’Occident chrétien ont prêté attention. Leurs réflexions, tout en présentant des points communs avec les méthodes orientales non chrétiennes de méditation, évitent les exagérations ou les unilatéralités qui, par contre, sont souvent proposées aujourd’hui à des personnes insuffisamment préparées.

Ces auteurs spirituels ont adopté les éléments qui facilitent le recueillement dans la prière, reconnaissant en même temps aussi leur valeur relative : ceux-ci sont utiles s’ils sont reformulés en vue du but de la prière chrétienne. Ainsi, par exemple, le jeûne possède avant tout, dans le christianisme, la signification d’un exercice de pénitence et de sacrifice ; mais déjà chez les Pères, il avait aussi pour fin de rendre l’homme plus disponible à la rencontre avec Dieu, et le chrétien plus capable de se dominer et en même temps plus attentif à ceux qui sont dans le besoin.

Dans la prière, c’est l’homme tout entier qui doit entrer en relation avec Dieu, et donc son corps aussi doit prendre la position la mieux adaptée au recueillement. Cette position peut exprimer d’une manière symbolique la prière elle-même, variant selon les cultures et la sensibilité personnelle. Dans certaines zones, les chrétiens acquièrent aujourd’hui une conscience plus grande du fait que l’attitude du corps peut favoriser la prière.

27. La méditation chrétienne de l’Orient a valorisé le symbolisme psychophysique, souvent absent de la prière de l’Occident. Il peut aller d’une attitude corporelle déterminée jusqu’aux fonctions vitales, comme la respiration et le battement cardiaque. Ainsi l’exercice de la « prière de Jésus », qui s’adapte au rythme respiratoire naturel, peut, au moins pour un certain temps, être d’une aide réelle à beaucoup.

D’autre part, les mêmes maîtres orientaux ont aussi constaté que tous ne sont pas également aptes à utiliser ce symbolisme, parce que tous ne sont pas en mesure de passer du signe matériel à la réalité spirituelle recherchée. Compris d’une manière inadéquate et incorrecte, le symbolisme peut même devenir une idole, et par conséquent un obstacle à l’élévation de l’esprit vers Dieu. Vivre dans le cadre de la prière toute la réalité de son propre corps comme symbole est encore plus difficile : cela peut dégénérer dans un culte du corps, et porter à identifier subrepticement toutes ses sensations avec des expériences spirituelles.

28. Certains exercices physiques produisent automatiquement des sensations de quiétude et de détente, des sentiments gratifiants, voire même des phénomènes de lumière et de chaleur qui ressemblent à un bien-être spirituel. Les prendre pour d’authentiques consolations de l’Esprit-Saint serait une manière totalement erronée de concevoir le cheminement spirituel. Leur attribuer des significations symboliques typiques de l’expérience mystique, alors que l’attitude morale de l’intéressé ne lui correspond pas, représenterait une sorte de schizophrénie mentale, pouvant même conduire à des troubles psychiques et parfois à des aberrations morales. Cela n’empêche pas que d’authentiques pratiques de méditation provenant de l’Orient chrétien et des grandes religions non chrétiennes, qui attirent l’homme d’aujourd’hui divisé et désorienté, puissent constituer un moyen adapté pour aider celui qui prie à se tenir devant Dieu dans une attitude de détente intérieure, même au milieu des sollicitations extérieures.

Il faut toutefois rappeler que l’union habituelle à Dieu, à savoir cette attitude de vigilance intérieure et d’invocation de l’aide divine que le Nouveau Testament nomme la prière continuelle, ne s’interrompt pas nécessairement lorsque l’on s’adonne aussi, selon la volonté de Dieu, au travail et au soin du prochain. « Soit donc que vous mangiez, soit que vous buviez et quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu », nous dit l’Apôtre (1 Co.10,31). En effet, comme le soutiennent les grands maîtres spirituels, la prière authentique réveille en ceux qui prient une ardente charité, qui les pousse à collaborer à la mission de l’Église et au service de leurs frères, pour la plus grande gloire de Dieu.

 

VII. « Je suis le chemin »

29. Tout fidèle devra chercher et pourra trouver, dans la variété et la richesse de la prière chrétienne enseignée par l’Église, sa propre manière de prier ; mais toutes ces voies personnelles se rejoignent finalement dans cette voie vers le Père, que Jésus-Christ a déclaré être. Dans la recherche de sa propre voie, chacun se laissera donc guider moins par ses goûts personnels que par l’Esprit-Saint, qui, dans le Christ, le conduit jusqu’au Père.

30. Pour qui s’engage sérieusement, il y aura toutefois des moments où il lui semblera errer dans un désert et, malgré tous ses efforts, ne rien sentir de Dieu. Il doit savoir que ces épreuves ne sont épargnées à aucun de ceux qui prennent la prière au sérieux. Mais il ne doit pas identifier immédiatement cette expérience, commune a tous les chrétiens qui prient, avec la nuit obscure de type mystique. De toute manière, pendant ces périodes, la prière qu’il s’efforcera de maintenir fermement pourra lui donner l’impression d’avoir un caractère artificiel, bien qu’il s’agisse en réalité d’une chose tout à fait différente : elle est, en effet, justement alors, expression de sa fidélité à Dieu, en la présence duquel il veut demeurer même lorsqu’il n’est récompensé par aucune consolation subjective. Dans ces moments apparemment négatifs, devient manifeste ce que la personne qui prie cherche réellement : si elle cherche vraiment Dieu qui la dépasse toujours dans son infinie liberté, ou bien si elle se recherche elle-même, sans réussir à dépasser ses propres expériences, qu’elles lui apparaissent comme des expériences positives d’union à Dieu ou comme des expériences négatives de vide mystique.

31. L’amour de Dieu, unique objet de la contemplation chrétienne, est une réalité qu’on ne peut s’approprier par aucune méthode ni aucune technique ; au contraire, nous devons toujours avoir le regard fixé sur Jésus-Christ, en qui l’amour divin est arrivé pour nous sur la Croix à un tel point que lui-même a voulu assumer même la condition d’éloignement du Père (cf. Mc.15,34). Nous devons donc laisser décider par Dieu la manière dont il veut nous faire participer à son amour. Mais nous ne pouvons jamais, en aucune manière, chercher à nous mettre au même niveau que l’objet contemplé, l’amour libre de Dieu ; pas même lorsque, par la miséricorde de Dieu le Père, grâce à l’Esprit-Saint envoyé dans nos cœurs, nous est donné gratuitement dans le Christ un reflet sensible de cet amour divin, et que nous nous sentons comme attirés par la vérité, la bonté et la beauté du Seigneur.

Plus il est accordé à une créature de s’approcher de Dieu et plus grandit en elle la révérence face au Dieu trois fois Saint. On comprend alors la parole de saint Augustin : « Tu peux m’appeler ami, je me reconnais serviteur ». Ou mieux encore la parole qui nous est encore plus familière, prononcée par celle qui a été gratifiée de la plus haute intimité avec Dieu : « Il a jeté les yeux sur l’humilité de sa servante. » (Lc.1,48).

A Rome, au siège de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, le 15 octobre 1989, en la fête de sainte Thérèse de Jésus.

Joseph card. Ratzinger.

 

21:01 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans MÉDITATIONS. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |