15/12/2008
LES CHRÉTIENS CONTRE LE TRAVAIL DOMINICAL.
Les chrétiens sont massivement contre, évidemment. Du haut en bas de la hiérarchie, catholiques et protestants, de droite comme de gauche, sociaux et traditionalistes, toutes chapelles confondues. Avec son projet de travail du dimanche, Nicolas Sarkozy a réussi «une prouesse œcuménique : mettre d’accord les chrétiens de toutes sensibilités», rigole Jean-Pierre Denis, directeur de la publication de la Vie. Et la mobilisation qui s’en est suivie a sans doute influencé les responsables politiques, même si son poids exact est difficile à mesurer.
«Il y a eu une montée en puissance, les gens ont réagi quand ils m’ont vu dans la liste des 60 députés [ayant signé le 21 novembre une tribune contre le travail dominical, ndlr], puis à partir du moment où les magazines d’obédience chrétienne s’y sont mis. Là, je reçois beaucoup de courriers, de mails, et pas uniquement de catholiques», témoigne le député UMP Etienne Pinte.
André Vingt-Trois, cardinal, archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques de France, a saisi toutes les occasions de redire son opposition, la dernière, c’était vendredi sur RTL. Habilement, il n’a pas situé son argumentation sur le strict terrain religieux mais sur celui, beaucoup plus consensuel, des valeurs. En réponse au slogan du chef de l’Etat, «travailler plus pour gagner plus», il a fait mine de s’interroger : «Gagner plus doit-il devenir le principal objectif de l’existence ?»
«Lettre». La Vie s’est également engagée contre le travail dominical en proposant à ses lecteurs de télécharger une carte postale, «accompagnée d’une lettre à envoyer à votre député(e) pour lui rappeler votre attachement au repos du dimanche». De leur côté, les Associations familiales catholiques (AFC) ont mobilisé leur base : «Nous avons plus de 300 associations sur le terrain. Nous avons dépêché tous nos responsables pour qu’ils expliquent notre position [contre ce texte] à leurs élus locaux. Une quarantaine de députés ont été contactés», rappelle Jean-Marie Andres, vice-président des AFC.
«Paroisses». Et même les curés se sont joints à la contestation. Le 3 décembre, Patrick Devedjian, secrétaire général de l’UMP, avait mouché les cathos : «Si l’on prend le problème sur le plan religieux, les chrétiens ne travaillent pas le dimanche, les juifs ne travaillent pas le samedi et les musulmans ne travaillent pas le vendredi. Pourvu que les bouddhistes ne s’en mêlent pas.» En réponse, «les six curés de toutes les paroisses catholiques situées sur le territoire de [sa] circonscription» lui ont écrit une lettre ouverte rappelant les raisons de leur opposition au travail dominical. «Il ne s’agit pas de défendre notre pré carré de la messe du dimanche, insiste David Roure, curé de Saint-Germain-l’Auxerrois à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine). Si nous avons pris position, ce qui est une première pour moi comme curé, c’est parce que ce texte met à mal quelque chose d’absolument essentiel qui est l’un des fondements de la stabilité de la société : la famille.»
Cette lettre tirée à plusieurs milliers d’exemplaires a été distribuée aux fidèles le dimanche suivant en même temps que la feuille paroissiale. Aux paroissiens qui venaient l’assurer de leur soutien, David Roure a donné ce conseil : «Je leur ai dit : "La balle est dans votre camp, faites connaître votre opposition à votre député."»
Source : Libération.
08:38 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CHRONIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
Seigneur, sauve-nous de la “sclérocardia”.
Enseigner dans le Temple est une activité réservée à ceux qui en ont reçu la mission, en raison de leur compétence. On ne se donne pas ce ministère : on le reçoit des responsables religieux, et il est exercé sous leur contrôle. Jésus n’est ni un prêtre, ni un scribe ; il n’était probablement même pas un « Rabbin » au sens technique du terme : ses disciples le nommaient « Rabbi, Maître », mais il s’agissait d’une reconnaissance non institutionnelle, fondée sur un attachement personnel. En clair : Jésus n’avait pas suivi le cursus qui lui permettait de prétendre à ce titre et d’enseigner « officiellement » au nom de la Tradition juive. D’où la question « des prêtres et des anciens du peuple » lui demandant de justifier sa prétention à enseigner dans le Temple : « Par quelle autorité prends-tu la parole en ce lieu, et qui t’en a donné l’autorisation ou le mandat ? ». Pour nous qui connaissons la suite des événements, et en particulier la glorification du matin de Pâques, nous savons (nous croyons !) que Jésus reçoit son autorité du Père, qu’il parle en son nom en tant que Fils unique ; il est le Verbe éternel plein de grâce et de vérité qui connaît le Père et est le seul à pouvoir nous le révéler. Notre-Seigneur n’usurpe donc aucun droit en enseignant dans le Temple. Mais comment le faire comprendre à ses interlocuteurs sans les choquer, d’autant plus que la relation avec les chefs religieux n’est pas particulièrement bonne ? En posant la question concernant l’autorité de Jean le Baptiste, Jésus veut faire réfléchir ses interlocuteurs sur les deux voies traditionnelles par lesquelles Dieu instruit son peuple : l’institution certes en est une et pas des moindres, mais il ne faut pas oublier le charisme prophétique. Or il semble clair pour tout le peuple que Jean est un prophète : cet homme qui s’est retiré au désert, se nourrissant de sauterelles et de miel sauvage, n’est pas un rat de bibliothèque et n’a probablement pas beaucoup de diplômes à faire valoir. Pourtant les foules quittent le Temple et la ville sainte pour aller l’écouter, car l’Esprit de Dieu repose sur lui : sa parole touche les cœurs et pousse au repentir. Ainsi donc le Seigneur conduit son peuple par la parole des scribes, pharisiens et autres théologiens formés dans les écoles rabbiniques ; mais aussi par des personnages qu’il forme lui-même par des voies qui ne sont pas les chemins balisés ordinaires. La liberté de Dieu est telle, qu’il peut même nous instruire par des païens : le prophète Balaam cité en première lecture en est un bon exemple. Le Très-Haut n’a-t-il pas également choisi Cyrus pour ramener son peuple à Jérusalem ? Il n’y a qu’un Berger : le Seigneur, qui conduit son troupeau par le ministère de ceux qu’il choisit dans sa liberté souveraine.
Mais il est clair que les personnages charismatiques, précisément parce qu’ils sortent de sentiers battus et des filières académiques, inquiètent quelque peu les représentants de l’institution ; aussi ceux-ci préfèrent-ils en général administrer les affaires sans avoir à discerner le charisme d’un éventuel prophète qui ferait irruption inopinément durant leur mandat. Or voilà qu’il n’y en a pas qu’un, mais deux : le Baptiste et ce Jésus de Nazareth, le second se piquant en plus de faire des guérisons et des exorcismes ! Ces messieurs sont quelque peu dépassés ; aussi n’aspirent-ils qu’à une chose : revenir à la normalité en maîtrisant les personnages remuants qui viennent troubler le fonctionnement ordinaire de l’institution. Pour ce qui est de Jean Baptiste, les chefs religieux semblent avoir décidé de laisser faire en évitant de prendre position, et d’attendre que les choses se tassent. Par contre ce Jésus est plus embarrassant : si encore il allait prêcher au désert ! Mais voilà que non seulement il vient délivrer son enseignement au cœur même de l’institution, dans le Temple, mais par sa réponse - dont ils ont bien compris la portée - il se situe dans le prolongement du Baptiste, et prétend donc comme lui, être un prophète du Très-Haut !
Leur réplique - « Nous ne savons pas » - est bien plus une fin de non-recevoir agacée qu’un aveu d’ignorance. La réponse désolée de Jésus - « Moi non plus, je ne vous dirai pas par quelle autorité je fais cela » - n’est pas un refus d’éclairer ses interlocuteurs, mais le constat de l’échec du dialogue. Aujourd’hui comme hier, le Seigneur se tient au milieu de nous et nous enseigne le vrai chemin de la vie, nous invitant à le suivre jusque dans la demeure du Père. S’il perçoit que notre quête est sincère, il est disposé à prendre tout le temps qu’il faut pour nous aider à découvrir qu’il est l’Envoyé du Père en qui s’accomplit l’attente religieuse de l’humanité. Mais il n’oblige personne à le suivre : le Verbe-Lumière est « venu dans le monde, et le monde ne l’a pas reconnu. Mais à ceux qui l’ont reçu, à ceux qui croient en son Nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu » (Jn 1, 9-12).
« Seigneur, sauve-nous de la “sclérocardia”, cette terrible maladie qui endurcit notre cœur et le rend imperméable à ta grâce. Sauve-nous de l’esprit de religiosité qui nous empêche de nous convertir sous prétexte que nous serions déjà dans la vérité. Ne permets pas que nous nous figions dans des attitudes de suffisance - surtout religieuses - qui nous aveuglent sur notre besoin de repentir et de changement de vie. Donne-nous tout au contraire en ce temps de l’Avent, de nous ouvrir à la grâce de renouvellement intérieur que tu nous offres, afin que nous puissions nous mettre en route avec les Mages et cet autre païen du nom de Balaam, vers l’Enfant de la crèche en qui l’Esprit nous donnera de reconnaître “le héros dont l’astre se lève en Jacob, et dont le sceptre se dresse, issu d’Israël”(1ère lect.) ».
Père Joseph-Marie.
08:32 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
14/12/2008
La joie est-elle encore possible aujourd'hui ?
"Réjouissez-vous" nous dira saint Paul dans la 2e lecture de ce 3e dimanche de l'Avent appelé "gaudete". Mais de quelle joie s'agit-il? Une méditation de Benoît XVI.
Pape Benoît XVI
13/12/2008
"Gaudete in Domino semper - Réjouissez-vous sans cesse dans le Seigneur" (Ph 4, 4). C'est par ces paroles de saint Paul que s'ouvre la Messe du 3e Dimanche de l'Avent, qui est par conséquent appelé dimanche "gaudete". L'apôtre exhorte les chrétiens à se réjouir parce que la venue du Seigneur, c'est-à-dire son retour glorieux, est certaine et ne tardera pas.
L'Eglise fait sienne cette invitation, alors qu'elle se prépare à célébrer Noël et que son regard se dirige toujours davantage vers Bethléem. En effet, nous attendons avec une espérance sûre la deuxième venue du Christ, parce que nous avons connu la première. Le mystère de Bethléem nous révèle le Dieu-avec-nous, le Dieu qui est proche de nous, pas uniquement au sens géographique et temporel. Il est proche de nous parce qu'il a en quelque sorte "épousé" notre humanité. Il a pris sur lui notre condition, en choisissant d'être comme nous en toutes choses, excepté le péché, pour nous faire devenir comme Lui. La joie chrétienne jaillit donc de cette certitude : Dieu est proche, il est avec moi, il est avec nous, dans la joie et dans la douleur, dans la santé et la maladie, comme un ami et un époux fidèle. Et cette joie demeure aussi dans l'épreuve, dans la souffrance même, et elle ne reste pas à la surface, mais au plus profond de la personne qui se confie à Dieu et met en Lui sa confiance.
Certains se demandent: mais cette joie est-elle encore possible aujourd'hui? La réponse est donnée par la vie d'hommes et de femmes de tout âge et condition sociale, heureux de consacrer leur existence aux autres! La bienheureuse Mère Teresa de Calcutta n'a-t-elle pas été, à notre époque, un témoin inoubliable de la vraie joie évangélique? Elle vivait chaque jour au contact de la misère, de la déchéance humaine, de la mort. Son âme a connu l'épreuve de la nuit obscure de la foi, et pourtant elle a donné à tous le sourire de Dieu. Nous lisons dans l'un de ses écrits: « Nous attendons avec impatience le paradis, où il y a Dieu, mais il est en notre pouvoir d'être au paradis dès ici-bas, et dès ce moment-ci. Etre heureux avec Dieu signifie: aimer comme lui, aider comme lui, donner comme lui, servir comme lui" (La joie du don, Paris, Seuil, 1975). Oui, la joie entre dans le cœur de celui qui se met au service des petits et des pauvres. Dieu établit sa demeure chez celui qui aime ainsi, et son âme est dans la joie. Si, en revanche, on fait du bonheur une idole, on se trompe de chemin et il est vraiment difficile de trouver la joie dont parle Jésus. Telle est malheureusement la proposition des cultures qui mettent le bonheur individuel à la place de Dieu, une mentalité dont l'effet emblématique se trouve dans la recherche du plaisir à tout prix, dans la diffusion de l'usage des drogues comme fuite, comme refuge dans des paradis artificiels, qui se révèlent ensuite totalement illusoires.
Chers frères et sœurs, on peut aussi se tromper de chemin à Noël, confondre la vraie fête avec celle qui n'ouvre pas le cœur à la joie du Christ. Que la Vierge Marie aide tous les chrétiens, et les hommes à la recherche de Dieu, à parvenir jusqu'à Bethléem, pour rencontrer l'Enfant qui est né pour nous, pour le salut et le bonheur de tous les hommes.
De quelle joie voulons-nous ? une méditation de Benoît XVI
Voici un extrait de la méditation prononcée par le Pape Benoît XVI à l’occasion du 3e dimanche de l’Avent.
Benoît XVI
20/12/2006
(...)La joie que la liturgie réveille dans les cœurs des chrétiens n’est pas réservée à eux seuls : elle est une annonce prophétique destinée à l’humanité tout entière, en particulier aux plus pauvres, dans ce cas aux plus pauvres de joie ! Pensons à nos frères et sœurs qui, spécialement au Moyen-Orient, dans certaines régions d’Afrique et dans d’autres parties du monde vivent le drame de la guerre : quelle joie peuvent-ils vivre ? Comment sera leur Noël ? Pensons aux nombreux malades et personnes seules qui, en plus d’être éprouvés dans leur corps, le sont également dans leur âme, car il n’est pas rare qu’ils se sentent abandonnés : comment partager la joie avec eux, sans manquer de respect pour leur souffrance ? Mais pensons également à ceux – spécialement les jeunes – qui ont perdu le sens de la vraie joie, et la cherchent en vain là où il est impossible de la trouver : dans la course désespérée vers l’affirmation de soi et le succès, dans les faux divertissements, dans la société de consommation, dans les moments d’ébriété, dans les paradis artificiels de la drogue et de toute forme d’aliénation. Nous ne pouvons pas ne pas confronter la liturgie d’aujourd’hui et son « soyez dans la joie ! » avec ces réalités dramatiques. Comme au temps du prophète Sophonie, c’est précisément à ceux qui sont dans l’épreuve, aux « blessés de la vie et orphelins de la joie » que s’adresse de manière privilégiée la Parole du Seigneur. L’invitation à la joie n’est ni un message aliénant, ni un palliatif stérile mais au contraire, une prophétie de salut, un appel à un rachat qui part du renouvellement intérieur.
Pour transformer le monde, Dieu a choisi une humble jeune fille d’un village de Galilée, Marie de Nazareth, et l’a interpellée par cette salutation : « Réjouis-toi, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi ». Le secret du véritable Noël réside dans ces paroles. Dieu le répète à l’Église, à chacun de nous : soyez dans la joie, le Seigneur est proche ! Avec l’aide de Marie, offrons-nous nous-mêmes, avec humilité et courage, afin que le monde accueille le Christ, qui est la source de la vraie joie.
12:55 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans SPIRITUALITÉ | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
13/12/2008
Guy Gilbert, emblématique «curé des loubards».
17:46 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CHRONIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
Soyez toujours dans la joie.
« Soyez dans la joie du Seigneur, soyez toujours dans la joie, le Seigneur est proche ». Cette invitation pressante à la joie, a donné le nom à la Messe de ce troisième dimanche de l’Avent : « Gaudete », c'est-à-dire réjouissez-vous. La couleur liturgique adaptée à cette tonalité eut été le rose, mais cette pratique traditionnelle est tombée quelque peu en désuétude.
Quelle est la cause de cette joie ? « Le Seigneur est proche ». Nous n’attendons pas un Dieu lointain dont la venue serait encore hypothétique, un Messie annoncé pour un temps reculé : non, notre joie est toute entière dans la paisible certitude de la présence au milieu de nous de celui qui est venu dans l’humilité de la crèche, qui viendra dans la gloire au dernier Jour, et qui dans l’entre-deux, continue de venir visiter les siens pour les secourir de sa grâce, les instruire de sa Parole, les fortifier de son Eucharistie.
Cette joie est donc celle de sa présence, cachée certes, mais bien réelle : « le Seigneur est proche ». Ne nous a-t-il pas déjà « enveloppé du manteau de l’innocence et revêtu des vêtements du salut » (1ère lect.) ? Il est donc juste de « tressaillir de joie » dans l’Esprit qui repose sur nous, « parce que le Seigneur nous a consacrés par l’onction » (Ibid.). C’est pourquoi Saint Paul nous exhorte à « être toujours dans la joie, à prier sans relâche, à rendre grâce en toute circonstance » (2nd lect.), dans la fidélité au don reçu : « n’éteignez pas l’Esprit ».
Pourtant la liturgie de ce jour fait aussi apparaître une tension, qui caractérise la condition du chrétien en ce monde. D’un côté il est invité à laisser libre cours à sa joie pour le don du salut que nul ne pourra lui ravir, joie pour la présence au milieu de nous de l’Epoux qui ne cesse de venir réconforter son Epouse tout au long de sa route vers la rencontre définitive ; et en même temps il doit demeurer dans une vigilance de chaque instant, pour ne pas perdre ce don, car il est encore objet d’espérance. En effet, aussi longtemps que nous marchons dans la nuit de ce monde, nous ne percevons pas pleinement la présence du Seigneur à nos côtés, et le risque demeure de nous égarer loin de lui. D’autant plus que notre désir est loin d’être unifié : l’ivraie qui menace en nous la croissance du bon grain, n’est-elle pas d’abord cette dispersions dans les distractions éphémères que nous offre les multiples miroirs aux alouettes de notre culture hédoniste ? Heureusement, pour mener notre barque entre les récifs, le Seigneur nous a laissé une boussole et une carte : l’Esprit Saint et sa Parole ; d’où le précepte de l’Apôtre : « N’éteignez pas l’Esprit, ne repoussez pas les prophètes : mais discernez la valeur de toute chose, gardant ce qui est bien et vous éloignant de tout ce qui porte la trace du mal » (2nd lect.).
Nous ne pourrons pleinement adhérer à la nouveauté du Royaume, qu’en nous détachant de la vétusté de ce monde qui passe. Et cet exode implique un passage au désert, à la suite de Jean-Baptiste. A la question que pose la délégation de prêtres et de lévites : « Qui es-tu ? », nous aurions spontanément répondu en termes de nos origines charnelles : notre nom nous situe à l’intérieur d’une généalogie, nous donne une appartenance ici-bas, la sécurité d’une famille, d’un clan, d’une race, d’une nation. Or nous ne trouvons rien de tel dans la réponse du Précurseur : il nie toute référence au passé ; il ne se reconnaît dans aucun des personnages cités et donc connus. Mais il se définit totalement en fonction de l’à-venir ; plus précisément : en fonction d’un mystérieux personnage dont il est chargé d’annoncer la venue. Certes il le connaît puisqu’il doit le désigner ; et pourtant il ne le connaît pas encore puisqu’il attend un signe d’en-haut qui le fera reconnaître. C’est précisément pour se préparer à ce ministère qu’il s’est retiré au désert, lieu par excellence de la purification du désir. Seul celui qui accepte de quitter ses fausses sécurités et de sortir dans la nuit, peut discerner la « Lumière » et lui « rendre témoignage, afin que tous croient par lui ». Certes Jean appartient encore à la première Alliance : il est le dernier et le plus grand des prophètes puisqu’il doit rendre témoignage au Messie ; mais en même temps, le Précurseur pressent qu’avec la venue de l’Envoyé, un temps se ferme, un autre s’ouvre : le temps de l’attente est clos, celui de l’accomplissement peut commencer. Entre les deux il y a bien sûr continuité : Jésus vient accomplir « les promesses faites à nos pères » ; mais en même temps, cet accomplissement est une telle nouveauté par rapport à l’attente, qu’une rupture s’instaure, et qu’un choix s’impose. C’est à une nouvelle naissance que Notre-Seigneur nous invite : il nous faut renaître « d’eau et d’Esprit » (Jn 3, 5) pour avoir accès à une réalité nouvelle, inouïe : « ce que personne n’avait vu de ses yeux ni entendu de ses oreilles, ce que le cœur de l’homme n’avait pas imaginé, ce qui avait été préparé pour ceux qui aiment Dieu » (1 Co 2, 9). Voilà pourquoi, bien que nous soyons entrés dans le temps de l’accomplissement des promesses, bien que l’Epoux soit déjà là, nous avons cependant encore à nous préparer à sa venue, à nous disposer à accueillir cette nouveauté qui nous arrache au monde ancien et fait de nous des fils et des filles du Royaume : « Ne le savez-vous pas : vous êtes morts avec le Christ, et votre vie reste cachée avec lui en Dieu. Tendez donc vers les réalités d’en haut, et non pas vers celles de la terre. Et quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui en pleine gloire » (Col 3, 2-4).
Le Seigneur est là, et il ne dépend que de nous de l’accueillir pleinement dans nos vies : à nous d’« aplanir son chemin », de dégager les obstacles à sa venue en « discernant la valeur de toute chose » et en « gardant parfaits et sans reproche notre esprit, notre âme et notre corps » (2nd lect.). Certes nous nous sentons bien démunis devant une telle exigence ; c’est pourquoi l’Apôtre nous rassure : « Il est fidèle le Dieu qui nous appelle : tout cela, il l’accomplira » (Ibid.). Comment dès lors ne pas être dans la joie ? Avec Marie nous pouvons en toute vérité « exalter le Seigneur et exulter en Dieu notre Sauveur, car le Puissant fait pour nous des merveilles ». Jour après jour, patiemment il nous accompagne, nous comblant de sa miséricorde, s’abaissant à nous laver les pieds, alors que « nous ne sommes même pas dignes de défaire la courroie de sa sandale ». Laissons donc au « Dieu de la paix » le souci de notre sanctification intégrale « puisqu’il prend soin de nous » ; quant à nous, hâtons-nous d’obéir à la mission que nous a confiée Notre-Seigneur, afin que « germe la justice et la louange devant toutes les nations : portons la Bonne Nouvelle aux pauvres, guérissons ceux qui ont le cœur brisé, annonçons aux prisonniers la délivrance et aux captifs la liberté, et proclamons une année de bienfaits, accordée par le Seigneur » (1ère lect.) à tout homme qui accepte de se convertir. Car « le Seigneur est tout proche ».
« Tu le vois, Seigneur, ton peuple se prépare à célébrer la naissance de ton Fils ; dirige notre joie vers la joie d’un si grand mystère : pour que nous fêtions notre salut avec un cœur vraiment nouveau. Par Jésus, le Christ, Notre-Seigneur » (Or. ouv.).
Père Joseph-Marie.
15:53 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
LES ENFANTS MALTRAITÉS.
11:46 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CHRONIQUE DE BRUNO LEROY. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
12/12/2008
“Tout peut et doit conduire à Dieu”
Le chrétien doit avoir soif de savoir. Maniement des sciences les plus abstraites ou habileté technique, tout peut et doit conduire à Dieu. Car il n'est pas de tâche humaine qui ne soit sanctifiable, qui ne soit une occasion de se sanctifier personnellement et de collaborer, avec Dieu, à la sanctification de tous ceux qui nous entourent. Ce n'est pas au fond d'une vallée mais au sommet de la montagne que doit briller la lumière de ceux qui suivent Jésus-Christ: pour que l'on voie vos bonnes œuvres et que l'on glorifie votre Père qui est dans les cieux .
Travailler ainsi, c'est prier. Etudier ainsi, c'est prier. Faire ainsi de la recherche, c'est prier; nous n'en sortons jamais; tout est prière, tout peut et doit nous mener à Dieu, nourrir ce dialogue continuel avec Lui, du matin au soir. Tout travail digne peut être prière; et tout travail qui est prière est apostolat. C'est ainsi que l'âme s'affermit, dans une unité de vie simple et solide.
Nous avons considéré la réalité de notre vocation chrétienne: nous avons vu comment le Seigneur nous a fait confiance pour rapprocher les âmes de la sainteté, pour les approcher de Lui, pour les unir à l'Eglise, pour étendre le règne de Dieu à tous les cœurs. Le Seigneur nous veut sacrifiés, fidèles, délicats et amoureux. Il nous veut saints et tout à Lui. (…) (Quand le Christ passe, nos 10-11)
http://www.opusdei.fr/art.php?p=20176
11:04 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans SAINT JOSÉMARIA. | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
10/12/2008
La nouveauté de Noël est donc dévoilée.
Quand on aime les mathématiques, on est un peu gêné par ces versets. Le plus petit est plus grand que le plus grand… Ce n’est pas d’une logique immédiate ! Reprenons ensemble la lecture.
« Parmi les hommes, il n’en a pas existé de plus grand que Jean Baptiste » : c’est simple, Jean Baptiste est le plus grand de tous les hommes. Ce n’est pas très étonnant, puisque « le prophète Elie qui doit venir, c’est lui ». Or, selon le prophète Malachie, Elie doit venir mettre de l’ordre avant le jour du Seigneur. Jésus dévoile ainsi combien Jean Baptiste et le Messie sont proches. Ainsi, Jean est plus qu’un prophète, il est le plus grand.
Mais qui est le « plus petit » ? Il ne s’agit pas du « plus petit » en général, mais du « plus petit dans le Royaume des cieux ». On peut entendre par « plus petit » le plus jeune, le plus nouveau. C’est alors Jésus. Jean en effet, fait partie du Royaume et, dans la succession historique, Jésus vient après Jean. Aux yeux de leurs contemporains, Jean est perçu comme un maître avant Jésus. Jésus est donc le plus petit.
On pourrait aussi entendre le « plus petit » comme le moindre. Dans ce sens, c’est encore plus évident : Jésus a pris la dernière place et nul ne peut la lui ravir. Il est bien le plus petit.
Mais qui dans le Royaume, est le plus grand ? Le Messie, incontestablement. Ainsi, en nous disant « le plus petit dans le Royaume des cieux est plus grand que lui », en nous disant que lui, le plus petit, est plus grand que le plus grand des hommes, Jésus dit déjà, de manière allusive, qu’il est le Messie.
Cet indice est précieux : celui que nous attendons étant le plus petit, il ne pourra nous être révélé que dans sa petitesse. Noël est à la pointe de ce paradoxe. Voilà pourquoi Jean est une figure exemplaire de l’avent. Il est à la rencontre du grand et du petit. Il est un prophète qui annonce le Messie, et, dans le même temps, il connaît Jésus qui est l’accomplissement des prophéties. Jean Baptiste est à un passage. En désignant ce prophète, Jésus pointe le lieu de rencontre que nous cherchons entre le petit et le grand et montre le passage vers la fécondité nouvelle à laquelle nous aspirons. La grandeur que nous attendons joyeusement est la nouveauté du Royaume.
Mais le terme de cette attente n’est pas seulement un Eden nouveau, un jardin peuplé d’arbres merveilleux comme l’a décrit la première lecture. Il est en effet question dans le discours d’Isaïe de briser des montagnes, de réduire les collines en menue paille, de tourbillons de vent qui dispersent. Jésus aussi évoque une violence préliminaire : « le Royaume des cieux subit la violence et des violents cherchent à s'en emparer ».
La nouveauté de Noël est donc dévoilée à ceux qui se font violence pour s’en emparer. Le Seigneur vient à nous, décidé à rendre féconds nos cœurs asséchés et à raviver la source de la vie spirituelle en nous, mais il ne nous dispense pas de poser les actes de volonté qui doivent y aider. L’austérité de Jean-Baptiste est la violence qui le rend disponible à l’Esprit de Dieu ; son obéissance est la herse qui aplanit les montagnes et brise les collines, pour préparer la route au Seigneur.
« Celui qui a des oreilles qu’il entende », nous dis-tu, Seigneur Jésus. A l’invitation d’Isaïe, nous prenons aujourd’hui la résolution de mettre notre fierté en toi, de ne placer notre joie qu’en toi. Fais de nous les artisans qui aplanissent les chemins où tu viens à la rencontre de tes frères humains.
Frère Dominique.
20:47 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
08/12/2008
CHOISIR SON AVENIR.
Le MDRGF, est une association qui se bat depuis 1996 pour soutenir une agriculture saine, respectueuse de l’environnement et donc de la vie et dénoncer les conséquences négatives de l’agriculture intensive utilisant des pesticides et engrais de synthèse : Pollution des eaux, de l’air, des sols et des aliments par des résidus de pesticides toxiques, appauvrissement de la biodiversité, menaces sur la santé publique…
| |||||
|
17:54 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans ÉCOLOGIE. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
07/12/2008
Nos Compagnons d'Emmaüs rêvent un Monde meilleur... et dénoncent nos injustices.
20:04 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans LES BLOGS AMIS. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |