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17/09/2008

Dieu est l'éternel ineffable.

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 « Si Dieu est une réalité, il faut que nous la trouvions au coeur de notre vie.

    Lorsqu'une personne vous dira qu'elle ne croit pas en Dieu, attention, ne vous attachez pas aux mots, car tous les hommes cherchent Dieu, puisqu'ils cherchent la beauté, la bonté.  …
    Nos tentations sont des ressources pour trouver Dieu et nos fautes mêmes sont des recherches de Dieu qui ont avorté.
    La valeur d'un être, c'est de laisser passer à travers lui autre chose que lui,  à l’exemple de Saint Jean-Baptiste qui disait : Il faut qu'il grandisse et que je diminue.
    Toute réalité vaut dans la mesure où elle repose entièrement sur Dieu.
    Les permissions de Dieu sont l'expression de son respect de notre liberté.
    Toutes les fois que nous présentons Dieu à notre mesure, en hommes, nous nions Dieu. Ne parlez pas de Dieu, vous l'abîmeriez ! disait l'Abbé Viollet. Dieu est l'ineffable, c'est-à-dire l'intraduisible.
    Qu’est-ce que le mérite ? C'est la capacité d'amour, et la récompense sera l'Amour : Dieu.
    C'est à pas d'amour que nous approchons de Dieu, dit Saint Grégoire. N'essayons pas de nous  représenter l'éternité par le temps additionné, ce serait la négation de l'éternité, car elle est un présent total.
    Dieu est l'éternel ineffable, Il n'est pas un théorème à épuiser. Ne discutons pas …
    Nous ne savons rien de Dieu sinon qu'il est Amour ! Et pourquoi sommes-nous contraints de l'affirmer ? Parce que Dieu ne peut rien recevoir de nous et ses rapports avec nous sont de donner. Nous recevons tout de Dieu et nous ne Lui donnons que ce que nous avons reçu. Nous serons donc jugés sur l'amour. L'enfer n'existe que dans la mesure où l'on a refusé d'aimer Dieu, il ne faut le concevoir que dans la lumière de l'amour de Dieu.
    Dieu appelle toujours et ne repousse jamais. Il reste toujours lumière et amour. Le seul obstacle est l'amour tourné vers soi.
    La révélation que nous avons Dieu ne pourrait intervenir même en enfer. Car Dieu aime même les damnés qui, sans Son Amour, n'exis­teraient plus !  une révélation reçue ne vaut que pour ici-bas et rien ne nous donne le droit de dire que privée (qui n'a donc pas d'autorité de foi) à une mystique anglaise le laisserait supposer, elle  s'inquiétait de beau­coup de choses et Notre Seigneur lui aurait dit : "Ne t’inquiète pas,  tout finira dans le Bien. "
    Nous ne connaissons pas l'autre côté du voile. Jésus n'a-t-il pas dit "J'ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez les porter. "
    Pour comprendre l'enfer, il faut partir du sens de nos responsabilités (données de la conscience)
    Montrer que tout acte pleinement conscient (ce qui est relativement rare dans la plupart des vies dévorées de vitesse et de soucis) engage en soi une responsabilité infinie, puisque tout acte vraiment humain est recherche de bonheur (infini) ou de ce qui peut y conduire.
    Conclure de là à la nécessité d'admettre le ciel (possession et jouis­sance de l'infini en Dieu) et l'Enfer (recherche toujours frustrée de l'infini en soi) (souffrance = écart entre la recherche, de l'infini et l'objet que l'on trouve : le moi)
    Une volonté tournée obstinément vers soi exclut évidemment ce mariage avec Dieu, cette vie d'Amour qui est le Ciel. Ce n'est pas Dieu qui ex­clut, mais l'ego, le moi, bloqué dans cette adoration de soi.
    Celui qui n'aime pas demeure dans la mort. La lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l'ont point comprise.
    Cette obstination, Dieu peut-Il la vaincre ? On ne peut en douter. Interviendrait-ïl encore dans le monde des désespérés par obstination ? Nous ne le savons pas. La révélation se borne à nous proposer nos responsabilités, à considérer l'ordre des choses en soi, elle n'exclut pas,  pas plus qu'elle n’y fait allusion, une intervention impossible à concevoir de ce côté-ci du voile.
    Mais justement la révélation qui nous est faite ici-bas nous propose ce que nous avons besoin de savoir ici-bas, et non tout ce qui peut être ou sera au-delà du voile. On peut s'en remettre à l'Amour de Dieu. (Il est entendu que tout ira bien et que l'Amour aura le dernier mot. Mais nous ne savons pas comment)
    La seule chose qui nous est demandée, c'est l'amour, et, si Dieu nous a mis tant d'amour dans le coeur, comment oserions-nous mesurer le Sien et en douter ? Lorsque nous sommes en souci pour le salut de ceux que nous aimons, la seule chose à faire est de les remettre dans les mains de Dieu qui est Amour.
    On demandait un jour à un aviateur s'il n'avait pas peur de tomber et il répondit : "Peur ? Oh non ! je ne peux tomber qu'entre les mains de Dieu." Comme c'est beau !
    Es-tu tenté de fuir loin de Dieu ? Prends la fuite en Dieu ! dit Saint Augustin. »
 
Maurice ZUNDEL.

11:24 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans MAURICE ZUNDEL. | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

APPRENDS.

Apprends à tendre les bras

pour accueillir et non pour enchaîner

Aime sans t’appuyer sur l’autre mais
accorde-lui ton appui

Aide quelqu’un à planter des fleurs
au lieu d’attendre qu’on t’offre un bouquet

Rappelle-toi que chacun est unique
et a une valeur infinie

Bruno LEROY.

11:11 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans POÉSIE DE L'INSTANT. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

16/09/2008

QUAND LES AMIES PARLENT DE BRUNO LEROY.

Voici les propos recueillis sur le Blog d'une soeur " Amie ". N'hésitez pas à visiter son site, il est foisonnant de découvertes.
 
Il y a un blog très intéressant, sur Bruno Leroy.
Si vous connaissez Guy gilbert, le curé en blouson de cuir qui s'occupe des jeunes "délinquants", eh bien, Bruno Leroy est à peu près de même genre.
C'est un éducateur de rue et écrivain chrétien.
Pour connaitre qui il est, lire
ici.
C'est très intéressant de lire son blog. 
Curieusement, malgré des choses difficiles de la vie, comme les misières, la délinquance, l'injustice, eh ben, Bruno Leroy renforce en moi ma foi en Dieu, et c'est agréable de croire de plus en plus fort en des choses positives. Croire que dans le fond, l'humanité est bon, croire que l'amour est plus fort que la méchanceté...Exactement comme quand je lisais des livres divers de Guy Gilbert, ou le livre de Tim Guénard "Plus fort que la haine"
Si jamais vous avez le cafard et que vous ne croyez en plus rien, allez, lisez son blog !
Et n'oubliez pas de jeter un coup d'oeil à tous ses liens, également souvent très intéressantes : Guy Gilbert, prières, etc...

http://reve-de-feerie.over-blog.com/

19:06 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans LES BLOGS AMIS. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

15/09/2008

Le christianisme nous apporte la Vie.

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6ème conférence donnée aux étudiants de l’institut catholique de Lille en novembre 1933.
 
     « Pascal, que ses attaches jansénistes n'empêchèrent pas d'être un chrétien héroïque, a écrit ce mot imprudent, promis à une trop grande fortune : " Cela vous abêtira et vous fera croire."
    Il suffit de lire le contexte pour comprendre l'étroite affinité de cet "abêtissement" avec la "folie" glorifiée par Saint-Paul : il s'agit d'accepter que la lumière divine paraisse ténèbres à la cécité de l'homme pour se soumettre humblement au pouvoir induc­teur des signes sacramentels qui amorcent en nous les divines clar­tés sous le voile miséricordieux de la matière spiritualisée.
    Mais on a retenu le mot en cessant d'en percevoir la réso­nance intérieure : cela vous abêtira et vous fera croire, et un bon nombre de français se sont convaincus de très bonne foi que la religion entendait, sous prétexte de nous rompre à des exigences divines, nous imposer l'adhésion à des croyances et à des pratiques qui blessent à la fois notre raison et notre conscience. N'est-ce pas là toute la force du laïcisme, l'explication de son ardeur et la raison de son succès ?
   " La religion limite arbitrairement la vie. La neutralité n'est qu'un cas de légitime défense. Nous voulons demeurer libres de penser et d'agir." Il y a là une double confusion, sincère le plus souvent sans aucun doute, et qu'il est d'autant plus urgent de dissiper qu'une erreur de principe dans les têtes pensantes - fréquemment accré­ditée par une grande dignité de vie - entraîne la ruine des moeurs dans les masses soustraites au loisir de penser.
Nous ne sommes pas n'importe qui et nous ne pouvons faire n'importe quoi. Nous devons agir suivant les coordonnées de notre être et nous achever dans la ligne de ce que nous sommes. Il s'agit d'être.
    Toute morale se ramène à cela : sois ce que tu es, sois un homme, sois raisonnable, c'est-à-dire, plus briève­ment : sois.
    Nous ne sommes pas libres d'être autre chose que des hommes. La neutralité ici, est impensable et impossible, à moins que la suprême sagesse ne soit de se vouer au néant. Aucune formule n'est plus vide de sens que la proposition où plusieurs croient enchâsser le plus beau rêve : "faire ce qu'on veut."
    La liberté n'est pas le droit de vivre au gré d'une fantai­sie dissolvante en s'abandonnant à tous les frémissements de son ani­malité. A défaut de prudence, le remords nous en ferait convenir, qui n'est que la morsure vengeresse d'une exigence d'être qui est  méprisée.
    La liberté est une faculté d'Infini, la faculté du divin, l'indifférence dominatrice d'une volonté ordonnée au bien sans limite et qu'aucun bien limité ne peut rassasier, le pouvoir enfin de juger "l'animal" et de le soumettre à l'esprit pour soustraire tout l'être même en ses parties sensibles, ennoblies par une discipline ration­nelle, à l'éparpillement de l'espace et à l'emportement du temps.
    Or le christianisme assure précisément à la liberté ainsi entendue son maximum d'ouverture. Il actualise, au-delà de toute espérance ,cette faculté du divin en lui assurant la possession inti­me et personnelle de l'Infini, dans l'illumination surnaturelle d'une foi dont l'obscurité signale nos limites - loin de les produire ! - et les transcende par l'élan d'une charité que rien ne peut contenir.
    Le christianisme authentique est révélateur et créateur de liberté. Il limite tellement peu la vie qu'il donne à l'agir un champ infini en enracinant tout notre dynamisme dans le coeur même du pre­mier Amour.      
    Si l'action a une telle ampleur, comment la pensée n'aurait-elle pas tout son jeu tandis que l'esprit est invité sans cesse à tendre son regard au-delà de ce que les spéculations du plus sublime génie pourront jamais entrevoir ? Le rêve de Platon, sur les lèvres de Diotime, est une réalité divinement garantie : " Si la vie est jamais digne d'être vécue, cher Socrate, dit l'Etrangère de Mantinée, c'est à ce moment où l'homme contemple la beauté en elle-même ... Quels seraient donc nos sentiments s'il était jamais donné à un homme de voir le Beau Lui-même dans sa propre nature, pur, sans mélange et non point obéré de chair humaine, s'il pouvait, dis-je, contempler la beauté divine elle-même en l'unité de Sa forme ? " C'est à cela que nous sommes appelés : " Nous Le verrons comme Il est. "
    C'est cette initiation que le christianisme veut être, ce ravissement vers la beauté telle qu'elle est en Soi, c'est pourquoi il est aussi conforme à notre nature qu'il lui est transcendant, réali­sant à la fois le "maximum" de gratuité et le "maximum" de conformité.
    C'est ainsi que le marbre s'anime du rêve de Michel-Ange et palpite d'une vie qui n'était point la sienne, mais qui pénètre si bien toute sa masse qu'elle semble lui appartenir en propre, comme si le génie de l'artiste avait substitué à la cécité muette du minéral la clarté vivante d'un regard spirituel.
    C'est ainsi que la nature de l'homme se transforme sous l'étreinte déifiante de la grâce, au-delà de tout ce que nous pour­rions concevoir et désirer en poussant à l'Infini, suivant la sugges­tion très imparfaite de l'analogie, nos rêves les plus audacieux.
    Il ne s'agit pas de briser notre élan, de limiter nos pers­pectives ou de refouler nos aspirations, mais, au contraire, de porter à l’'Infini - en entendant cette fois ce mouvement avec toute l'ampleur surnaturelle d'une accession personnelle et immédiate – il s’agit de porter à l’Infini  notre goût de liberté, notre soif de grandeur et notre culte de la pensée.
    Que ce ne soit point une entreprise facile, nous le savons assez !  nous voudrions pouvoir grandir sans changement et posséder l’Infini sans renoncer à nos limites. On pourrait dire à la rigueur que c'est trop grand pour nous, on n'a pas le droit de dire que c'est trop petit.
    On ne voit pas d'ailleurs sur quoi pourrait se fonder cette dignité humaine, qui commande encore le respect d'un grand nombre, si elle ne reposait justement sur ce mystérieux investissement de Dieu, sur une communauté de vie avec l'Esprit.
    N'est-ce pas toute la faiblesse d'une humanité accablée par ses propres inventions, gagnée de vitesse par ses machines et paralysée par la complexité de ses dépendances, d'avoir tué, à force de neutra­lité, le sens même de son destin ? On songe à sauver toutes les valeurs sauf celle qui est la fin de toutes les valeurs : la Vie. On agite les problèmes techniques les plus vastes et les plus lointains, on ne pense même plus à se demander qu'est-ce que l'homme.
    L'homme n'est qu'un point dans l'Univers matériel. Qui em­pêcherait, de ce point de vue, qu'il soit traité comme un simple ins­trument d'autre chose, et impitoyablement sacrifié aux exigences anonymes d'une collectivité divinisée ? Les "mystiques" de classe et les "mystiques" nationalistes correspondent à la carence de la vraie mys­tique. Le règne de l'esprit peut seul assurer le règne de la liberté et le respect des droits de l'Homme.
    L'Homme ne se trouve qu'en Dieu. Nous donner à Lui, c'est à la vérité commencer d'être, et c'est aussi, dans la mesure où la charité grandit, être libres, être grands. Non pas : "abêtissez-vous", mais « ne vous contentez jamais de moins que de l'Infini ».
    Une telle consigne est évidemment au-dessus de nos forces. Le Christ nous l'impose miséricordieusement, car Il veut Lui-même, si nous nous y prêtons, l'accomplir en nous : " Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive, et des fleuves d'eau vive jailliront de son coeur."
    Et en un autre endroit : " Je suis venu pour qu'ils aient la Vie, et qu'ils l'aient avec surabondance." Y a-t-il une promesse plus capable que celle-là de nous émouvoir ? Le christianisme nous apporte la Vie. C'est pourquoi il a le droit de nous parler de joie : " Je vous ai dit ces choses pour que ma joie soit en vous et que votre Joie soit parfaite."
    La joie, c'est la conscience qu'un être prend de sa ri­chesse, la certitude de sa victoire et le signe éclatant de sa jeu­nesse. "J'irai à l'autel de Dieu, du Dieu qui remplit de joie ma jeunesse." C'est le premier mot de la Messe.
    " Que la douceur du Visage de Fête du Christ Jésus vous apparaisse." C'est le suprême adieu de l'Eglise à ses enfants.
    La vie, en dépit des contraintes extérieures, recouvre ainsi son unité intérieure, son éminente dignité et son immatérielle splendeur. Et chaque jour ose être une férie, une Fête-Dieu ! »
 
Maurice ZUNDEL.

20:52 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans MAURICE ZUNDEL. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

14/09/2008

Dieu n'est pas une invention, c'est une découverte.

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Zundel parle ici, en novembre 1933, il a 36 ans, aux étudiants de l'institut catholique de Lille. Le texte ne peut guère être coupé. La retraite dont on donne ici la 1ère conférence a pour titre un sujet capital : le réalisme chrétien. Sommes-nous élevés, par un dépassement de nous-mêmes, dans la suprême réalité quand nous croyons en Dieu ? Pour Le découvrir, pour L'expérimenter, un effort de réflexion et de dépassement de soi est nécessaire.A lire avec la plus grande attention.

Notre religion est-elle réelle ? Notre croyance en Dieu est-elle une simple notion ! ou l'expression la plus profonde d'un besoin vital et d'une conviction vécue ? Pour les incroyants la religion est irréelle et absurde, hors la vie et donc contre la vie. ...

Début : « Newman, dans sa "Grammaire de l'Assentiment", établit une distinction entre l'assentiment notionnel et l'assentiment réel. Le premier est l'adhésion que nous donnons à la cohérence logique d'une proposition, approbation superficielle, extérieure à l'objet comme elle l'est à notre vie. Le second est l'adhésion de tout l'être à un objet en accord avec ses tendances profondes.
Nous pouvons avoir notre système, le réciter de mémoire toutes les fois qu'une circonstance évoque la formule, et conduire notre vie sans en tenir compte, en obéissant à l'orientation à peine consciente de pré-jugements qui semblent coïncider avec l'élan même de notre vie, tout en demeurant souvent aussi difficiles à énoncer qu'ils sont efficaces à nous mouvoir.
Notre véritable doctrine est celle dont nous vivons. Nous la reconnaissons à cette saveur de réalité qui est le signe de son accord avec nous-mêmes. Non pas que nous soyons la mesure de l'être, mais nous sommes le "donné" par rapport à toute théorie qui prétend expliquer notre être et gouverner notre agir. Il est donc naturel que nous perce­vions en nous les "recoupements" qui la vérifient. Le critère pratique du vrai, c'est donc bien, pour nous, le sentiment du réel, la convic­tion d'un accord avec ce qu'il y a de plus profond dans notre être.


C'est pourquoi il est de la plus haute importance pour nous de savoir si notre religion soutient l'épreuve de ce critère, si elle a pour nous la saveur du réel, si elle répond à ce qu'il y a de plus intime en nous.
Notre croyance en Dieu est-elle une notion, une adhésion plus ou moins conventionnelle à une proposition qu'il est convenable d'admettre dans le milieu où nous vivons - ou est-elle l'expression la plus profonde d'un besoin vital et d'une conviction vécue ? Notre religion est-elle réelle ? Je pense, que vous comprenez le sens de cette question.
Je ne cherche pas à savoir si notre foi peut s'appuyer sur un ensemble de démonstrations objectives telles qu'en offrent la plupart des livres d'apologétique, je me demande sur quoi se fondent nos certitudes à nous, ce que nous avons intégré de la divine réalité de notre vie. Aussi bien, la seule preuve efficace concrètement est celle qui nous convainc. Que répondrons-nous donc a ceux qui nous accusent de pour­suivre des chimères et de lâcher la proie pour l'ombre ? N'est-ce pas là, en effet, l'objection fondamentale des in­croyants, celle qui, à leurs yeux, les justifie dans leur refus et leur impose même parfois le devoir de nous combattre : la religion est irré­elle, et donc absurde, hors la vie, et donc contre la vie. Comment nous assurer mieux qu'elle n'est pas contre la vie, qu'en la découvrant dans notre vie ?
Et, de fait, c'est bien dans notre vie que nous en rencon­trons la plus saisissante révélation. Il n'est pas question de nous pro­noncer ici sur le caractère naturel ou surnaturel des forces qui nous sollicitent ! Il est seulement question de suivre concrètement l'orien­tation spontanée de notre être.
Or il est impossible de vivre sans se sentir emporté "au-delà". C'est le caractère même de toute activité humaine d'être aiman­tée mystérieusement vers "autre chose", de ne pouvoir se reposer dans l'acquis et d'être sans cesse avide de découvertes nouvelles.
Je ne nie pas que l'homme ne subisse aussi le joug de ses habitudes, ni qu'il ne se cristallise aisément dans ses routines. Il est trop évident qu'il en est ainsi., mais ce n'est pas alors qu'il se sent vivre et ce n'est pas alors, en effet, qu'il vit humainement ! mais, dès qu'il se passionne pour quelque chose, dès qu'il applique à un objet toutes les ressources de son intelligence et de son coeur, dès qu'il fait loyalement son métier d'homme, il tend à se dépasser sans cesse en reculant les limites qui lui barrent l'horizon.
Est-ce qu'aucun artiste prétendit jamais enclore toute la beauté dans une oeuvre tellement parfaite que l'art n'eût désormais plus rien à tenter? N'est-ce pas, au contraire, pour recueillir son élan et le renouveler dans les résistances de la matière soumise à son rêve, que l'artiste s'applique à l'oeuvre d'aujourd'hui, avec l'espoir d'être moins indigne de s'approcher demain de la vision qui habite son coeur en demeurant toujours au-delà de son regard.
Et c'est là, justement, tout le secret de l'art, de suggé­rer ce que les yeux d'ici-bas ne pourront jamais voir en déliant la matière de ses limites pour lui communiquer ce battement d'ailes qui emporte le regard au-delà. L'oeuvre est ouverte et non point close, tendue vers un mystérieux achèvement, nimbée d'une Présence qui lui imprime le sceau de l'Infini. Les yeux éblouis découvrent soudain au­tre chose : dans cette beauté, l'affleurement ineffable de la Beauté.
Il est impossible de se méprendre. Sous des traits inépui­sablement divers, c'est bien toujours la même rencontre, dont la réa­lité s'atteste dans la pérennité de l'art comme dans le progrès et l'impuissance de l'artiste. Chaque oeuvre est un témoin de l'élan qui monte, de l'ampleur illimitée de sa trajectoire, et de la distance in­finie de son terme. On ne fait jamais que deviner sous la transparente mobilité du voile les traits insaisissables du Visage de Lumière. L'art ne pourra s'achever qu'au-delà, quand l'artiste aura franchi le seuil.
La science participe à la même grandeur et à la même infir­mité. Elle prétend déchiffrer le secret des choses, dégager leur intel­ligibilité latente, découvrir leur raison, amener au jour enfin tout ce qu'elles renferment d'esprit ! et, dans n'importe quelle direction, toute solution obtenue est l'amorce de problèmes nouveaux, plus vastes et plus profonds.
Dans le scintillement innombrable des feux du réel, le foyer auquel toute réalité emprunte sa lumière se dérobe toujours. On s'en approche, il s'éloigne à mesure ! on se flatte d'avoir trouvé et l'on s'aperçoit que la recherche ne fait que commencer. Le progrès de notre science est conditionné par cette marge illimitée d'ignorance. Notre savoir n'est qu'une orientation vers l'invisible soleil, la somme des vérités acquises n'est qu'un reflet de la vérité. Reconnaître qu'on ne sait pas est la suprême sagesse, toutes nos découvertes nous laissent sur le seuil.
L'Amour ne réussit pas davantage en dépit de ses promesses. D'une manière encore plus sensible que l'Art ou la Science, il emprun­te au mystère l'élan de sa recherche et la joie de ses rencontres. En nous identifiant au rythme le plus profond d'un être aimé, nous ne visons réellement qu'à rejoindre en lui la Source commune de notre être et du sien dans l'émoi que cause l'approche de l'Infini. C'est une autre Présence qui, dans la sienne, nous enivre, aimantant notre désir vers son pôle véritable, couronnant notre joie d'ineffable nos­talgie : "De l'Amour seulement nous sommes amoureux". L'objet reste au-delà, nous ne passons pas le seuil.
La conscience morale achève enfin cette initiation en nous prescrivant l'ordre intérieur qui est l'essence de la bonté. Mais cet ordre est un ordre dynamique, un équilibre vivant dont tous les élé­ments doivent continuellement grandir dans une élévation sans terme : " Monte plus haut, dépasse-toi, tu n'as rien fait encore, serviteur inutile !"
Nous connaissons cette exigence qui nous impose, au terme de chaque effort, un "devoir monter plus haut et plus difficile". L'action s'ouvre sur des perspectives illimitées, que nous ne pouvons restrein­dre sans être flagellés par l'angoisse du remords.
L'idéal nous exige sans admettre de compromis. Nos souillu­res ne l'empêchent pas de luire, immaculé comme une flamme, incisif comme une brûlure, triomphant de nos reniements, en demeurant inaccessible à nos poursuites ! toujours présent dans l'obligation ressentie, et toujours au-delà des réalisations obtenues ! promulgué par notre être sans être mesuré par lui, gardant toujours sur nous une avance infinie, alors surtout que notre vie progresse, éclaboussant notre orgueil de l'évidence de notre misère, allégeant notre fardeau par la douceur de l'humilité : " Ce n'est que le commencement, monte plus haut, ton élan même t'en­traîne au-delà, ce n'est pas ici qu'on franchit le seuil."
Telle est l'étrange figure du réel, dans le flux qui suspend tout être à l'aimantation d'un astre invisible. Nous pensions le con­naître et il nous paraissait aisé de le saisir avec nos mains ! nous ne pouvons l'atteindre qu'en nous insérant dans son mouvement, en suivant la courbe qui préfigure son achèvement, au-delà de toute donnée du sen­sible, dans ce réel insaisissable qui nous sollicite par son attrait, nous requiert par ses exigences, nous soulève par ses impulsions, nous enivre de sa splendeur, nous flagelle de sa morsure.
Nous-mêmes, aussi bien, nous ne valons qu'en nous dépassant, qu'en nous effaçant devant cet "Autre" qui demande tout et qui donne tout, qui nous affranchit et nous élève, qui nous rend indépendants de la matière et fait de nous des personnes, qui est toujours au-delà et toujours au-dedans : "car c'est en Lui que nous avons la vie, le mouvement et l'être."
C'est en Lui que nous avons la vie, le mouvement et l'être : comment établir plus vivement la réalité de Dieu qu'en Le représentant, avec Saint Paul comme le milieu vivifiant où notre vie respire ? Comment découvrir plus sûrement son caractère personnel et transcendant qu'en devenant conscients de son action en nous ? Si la Personne est une fin par rapport aux êtres que leurs limites matériel­les enferment dans la catégorie des choses, que dire de la réalité qui est la fin des Personnes - la fin des fins - qui exige le tout de notre être et le comble tout ensemble, qui nous soustrait à l'empire de la matière dans la mesure où nous lui soumettons notre coeur - en nous révélant par la noblesse de Son contact et le rayonnement de sa lumière, que nous sommes nous-mêmes esprit et personne !
Oui ! que dire de cette réalité où toute spiritualité a sa source, en qui toute personnalité s'achève, sinon qu'elle est à tout le moins - pour autant que les con­cepts les plus beaux, dilatés à l'infini, peuvent l'exprimer - Esprit et Personne, au-delà, infiniment, de tout ce que ces mots peuvent désigner dans le champ de notre expérience.
C'est ainsi que le « Dieu inconnu », sans cesser d'être un mys­tère, se manifeste à notre conscience avec les attributs incontestables de la plus incisive réalité. C'est Lui le pôle magnétique de l'aiguille aimantée que nous sommes, la ferment de toute notre activité, l'attrait qui nous enivre, l'inquiétude qui nous dévore, la joie qui nous comble, la blessure qui ne nous laisse point de repos que tout ne soit consommé ! Bienheureux ceux qui sentent cette blessure, qui ont été troublés dans leur sommeil et qui ont reconnu la profondeur de leur désir.
" Dieu n'est pas une invention, c'est une découverte ", a dit admirablement Louis Massignon. Ceux qui l'ont faite savent que la religion est la vie même, la vie ouverte, la vie consciente d'elle-même, la vie dans sa plénitude humaine et dans son assomption divine. Vivre, c'est affirmer Dieu, c'est tendre vers Dieu, c'est se perdre en Dieu. »
Il ne s'agit donc pas, poursuivant des chimères, de tourner le dos au réel, il s'agit au contraire de s'y attacher avec une pas­sion qui jamais ne lâche prise, en allant jusqu'au bout de l'élan qui l'emporte vers l'Infini.
Dans quelque voie que notre recherche s'engage, elle ne peut éluder, suivant le rythme même des transcendantaux qui l'orientent, la rencontre de la Vérité ou de la Beauté, de la Bonté ou de l'Amour.
Dès que nous identifions la Présence unique, également im­manente à chacune de ces perfections, comme un même centre personnel de jaillissement, comme leur seul foyer et comme l'essence identique où elles se fondent, et qui rend compte, par son unité même, de leur mysté­rieuse circumincession, l'Univers commence à livrer son secret. Il est par l'Esprit et pour l'Esprit (par l'esprit et pour l'esprit) : sa visibilité n'est qu'un de ses aspects, son phénoménisme se rattache à une Pensée, toute réalité reflète la splendeur du Visage unique.
Alors dans l'agenouillement de l'esprit, confondu par la ma­jesté de cette Présence, ébloui par l'immensité du don, on est presque tenté de trouver que c'est trop et d'appeler au secours pour porter tant de richesses.
L'Amour nous a donné sans mesure, et notre coeur "ivre de cantiques" ne peut plus que rendre grâce en tremblant : " Qu'il est beau de vivre, et que la gloire de Dieu est immense !"

Maurice ZUNDEL.

11:17 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans MAURICE ZUNDEL. | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

13/09/2008

Cessez de tergiverser !


podcast

Osez prendre en main votre vie. Vos souhaits les plus sincères, vos voeux les plus chers ne transformeront pas votre vie d'échecs en réussite. Aucune baguette magique ne fera de vous, en une nuit, un être comblé. Les âmes fortes ont de la volonté, les faibles seulement beaucoup de souhaits. Vous avez besoin d'agir si vous voulez arriver quelque part !

Bonne écoute de Sa Parole pour Aujourd'hui qui reprend sur ce site et non sur Radio Émergence où de nouvelles sources musicales ont été mises en place.

Votre Frère, Bruno.

09:35 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans SPIRITUALITÉ | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

12/09/2008

SOUVENONS-NOUS C'ÉTAIT UN 11 SEPTEMBRE...

le 11 septembre.jpg

11:28 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans MÉDITATIONS. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

JE SUIS FAIT POUR GUEULER !

Je ne suis pas fait pour vos pensées préfabriquées
Je suis fait pour les révoltes des insatisfaits
Des rayons de soleil qui pleurent aux carreaux de tendresse
Je suis fait pour un ailleurs qui vit dans l'aujourd'hui
Je suis fait pour gueuler contre vos conneries
Je suis fait de moi dans le cœur de l'Absolu
Je vis dans les étoiles qui ne veulent s'éteindre
Et si je m'éteins vous entendrez mon cri vibrer
Dans le lointain les entrailles du ciel éternel
Je l'ouvrirai toujours ma gueule
Contre vos existences veules
Qui font ce qu'elles peuvent
Mais jamais ce qu'elles veulent.
 
Bruno LEROY.

Bruno blog2.jpg

11:14 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans POÉSIE DE L'INSTANT. | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

BENOÎT XVI EN FRANCE.

 

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Dossier spécial à l'occasion de la visite du pape Benoît XVI en France. Retrouvez sur La Croix.com la visite heure par heure du pape, sur Pélerin.info les enjeux pour l'Eglise de France et sur Croire.com l'anniversaire des 150 ans des apparitions à Lourdes Suivez heure par heure toute l'actualité du voyage
du pape en France

Un pape, un blog
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aux grands thèmes abordés lors du voyage de Benoît XVI
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Benoît XVI, cet inconnu.

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Notre dossier spécial
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Dossier spécial à l'occasion de la visite du pape Benoît XVI en France. Retrouvez sur La Croix.com la visite heure par heure du pape, sur Pélerin.info les enjeux pour l'Eglise de France et sur Croire.com l'anniversaire des 150 ans des apparitions à Lourdes Analyses et commentaires de la visite du pape par le Père Michel Kubler, rédacteur en chef religieux de la Croix, par le Père Vincent Cabanac, rédacteur en chef de Pèlerin et par Isabelle de Gaulmyn, correspondante de la Croix à Rome. Dossier spécial à l'occasion de la visite du pape Benoît XVI en France. Retrouvez sur La Croix.com la visite heure par heure du pape, sur Pélerin.info les enjeux pour l'Eglise de France et sur Croire.com l'anniversaire des 150 ans des apparitions à Lourdes
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Crédits Photo : Vincenzo Pinto / C.Abad / AFP PHOTO Alessia Giuliani / CIRIC V. Castro / CIRIC Lacaze - Sanctuaire Lourdes
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10/09/2008

Il y a au fond de l'instinct sexuel une exigence de sainteté ...

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     7ème conférence de retraite donnée à Lille aux étudiants de l’institut catholique en novembre 1933.
 
    « Si la conformité entre la nature et la grâce est d'autant plus parfaite qu'elle est plus gratuite, si le christianisme est vrai­ment le réalisme suprême que nous avons dit, il doit s'être montré ca­pable de résoudre le problème de l'amour. Je n'ai pas besoin de souligner l'urgence de ce problème. C'est votre problème, c'est à un moment donné le problème de tout être humain. c'est toujours le problème de l'espèce humaine. C'est peut-être par là qu'il convient de commencer.
    Il y a dans la rencontre sympathique de l'homme et de la femme le tressaillement mystérieux de l'enfant qui veut naître. Ils peuvent n'y pas penser - ils en deviennent même rarement conscients - il n'en est pas moins vrai que l'appel de la vie monte en eux dès qu'ils quittent le terrain de l'amitié purement fraternelle.
    Ce peut être un rêve très pur, une force qui monte, ce peut être un rêve très trouble, un élan qui tombe, mais, de toute manière, cette force est là, cette exigence se fait sentir qui cherche une issue réalisatrice. Elle se déguise sous mille aspects, elle emprunte les truchements les plus variés, elle se satisfait dans toutes sortes de rencontres innocentes ou coupables. Dans tous les cas, le courant part de ces germes secrets qui aspirent à se joindre pour promouvoir la vie de l'espèce. Quoi de plus émouvant et de plus solennel ?
    L'espèce est divine. Elle répond à une idée créatrice nécessaire à l'équilibre de l'Univers. Cela est vrai sans doute, dans une certaine mesure, de toutes les séries animales, c'est pourquoi à tous les degrés et sous toutes les formes, la génération exerce un tel empire, mais chez l'homme chaque individu est un univers. Chaque individu est esprit, capacité d'être illimitée, capacité de Dieu. Les trois ordres se superposent, les trois courants se joignent, l'homme est assailli de toute part avec une incoercible violence, comme un frêle esquif est la proie de l'océan : l'espèce veut naître, l'esprit veut naître, Dieu veut naître.
    Dieu veut naître, n'est-ce pas là le dernier fond de cet appel, l'ultime se­cret de cette tragédie, Dieu voulant, dans un coeur nouveau qui sera l'oeuvre de l'Amour, poursuivre le mystère de Son Incarnation ? Dieu a témoigné à l'homme cette confiance inouïe de lui remettre le destin d'une vie, divine dans sa source et dans sa fin, d'une vie appelée par la toute bonté au partage de Sa Vie, Dieu a communiqué à l'homme Son pouvoir créateur : "Dieu a créé des créateurs". C'était trop, sans doute, pour un être aussi faible que l'homme, à en juger par l'usage qu'il fait de ce divin privilège.
    Comment n'être pas ému et déchiré au plus intime de son être en songeant que, depuis le commencement, l'homme a été victime de ce don, que chaque génération a subi le même vertige, et qu'à tra­vers tous les siècles l'humanité a fait de sa plus haute noblesse l'ins­trument de sa plus horrible déchéance ?
En vérité s'il est quelque part dans la nature un vestige de la chute originelle, c'est là que la trace en paraît la plus évi­dente. Quel habitant d'une lointaine planète, s'il avait conservé l'in­tégrité de son être, pourrait croire que c'est là même, dans ce qui l'apparente d'une manière si émouvante à Dieu, que l'homme a rencontré la plus virulente tentation ? On dirait qu’intoxiqué par cette puissance divine il en est devenu fou !
    Il suffit d'être homme pour suivre ce drame avec une poi­gnante sympathie et pour ressentir la compassion la plus ardente pour tous les êtres qui succombent à l'instinct ou se débattent sous son étreinte ! la seule conduite inadmissible ici, la seule attitude qu'on doive flageller sans rémission, c'est la parti-pris de tourner en gros­sière plaisanterie le mystère le plus tragique et le plus sacré.
    Je comprends qu'un homme puisse être vaincu dans une lutte où ses chances sont inégales. Je sais au terme de quels combats déchi­rants peuvent se produire certaines chutes, et quelle mélancolique no­blesse se mêle parfois à la plus décevante fragilité ! mais  je ne comprendrai jamais qu'on traîne dans la boue et qu'on avilisse par d'ignobles sous-entendus un pouvoir créateur dont il ne faudrait parler qu'à genoux.
    Comme Dieu nous a aimés, ! comme Il a eu confiance en nous, et comme nous L'avons trahi ! N'y a-t-il aucun moyen de retrouver le sens et de réaliser l'ordre de l'instinct ? Il y a au moins un commencement de solution à prendre une vue claire du problème. Pour cela, ne craignons pas de recourir aux données maté­rielles et de prendre conseil de la physiologie, il s'agit d'unir les germes complémentaires dont la fusion détermine l'éclosion de la vie. Le problème sexuel est donc un problème de vie.
    L'attitude que nous avons prise à l'égard de la vie contient virtuellement la solution que nous adopterons ici. Si la vie n'est pour nous qu'un accident de la matière, son origine et sa propagation seront également livrées au hasard ! si la vie a, au contraire, une valeur di­vine et une destinée éternelle - comme nous le croyons - la procréation est investie de responsabilités infinies.
    Les matérialistes les plus convaincus en auraient immédiate­ment l'intuition, en dépit de leur système, s'ils se plaçaient devant ce terme concret qu’est  l'enfant. C'est sa vie qui est engagée dans ce débat. Le sexe est un altruisme scellé dans notre chair avant de s'enraciner dans notre coeur, il est  un rapport à l'autre, le patrimoine de l'espèce et le berceau de l'enfant.
    Nous ne pouvons pas donner ce qui n'est pas à nous, aliéner un héritage dont nous avons seulement le dépôt, faire jouer le clavier de l'espèce, quand nous ne sommes pas, au moins virtuellement, requis par son service. Nous avons des comptes à rendre à la vie, des respon­sabilités à l'égard de l'enfant.
    L'enfant est une personne, et la personne est une fin. "Agis, dit Kant, de manière à traiter toujours l'humanité, soit dans ta personne, soit dans celle d'autrui, comme une fin et jamais comme un moyen".
    L'enfant est une personne, et dans son être spirituel, il est une fin, il est même, d'une manière absolument rigoureuse, la fin première de la génération. Comment oserait-on l'engager dans cette aventure éternelle de la vie sans avoir consulté tout d'abord ses intérêts dans les trois ordres où son existence sera nécessairement engagée, sans lui avoir préparé un berceau pour son esprit et pour son coeur, plus en­core que pour son corps ? Faudrait-il moins de vertus aux parents pour former l'âme de leurs enfants qu'il n'en faut au prêtre pour en favo­riser le développement ? Il me semble qu'il y a de part et d'autre la même exigence de sainteté.  En vérité, voilà ce qu'il y a au fond de l'instinct sexuel une exigence de sainteté.
    A moins d'admettre que l'enfant puisse naître au hasard, comme l'accident imprévu d'une tendresse inconsciente ou d'une aveugle volupté, ou que le geste créateur ne soit qu'un simulacre stérile et absurde, un élan fictif dans le vide, l’instinct qui est tout altruisme à l'égard de l'enfant du fait qu'il est une personne, ne peut, de ce chef, être moins altruiste à l'égard de la femme, la femme aussi est une personne et la femme est une fin. On ne saurait trop flageller la conception inhumaine et bar­bare qui voudrait faire d'elle l'instrument de la volupté de l'homme.
    La femme est une personne égale à l'homme dans la ligne de l'esprit, confiée à sa tendresse pour être protégée dans sa dignité de mère. Pourquoi trahir la mère et profaner le tabernacle de la divine nativité ?
Est-ce que l'acte qui suscite la vie n'est pas une transfu­sion du sang, le don le plus profond et le plus total, le symbole le plus expressif de l'unité, la confidence suprême de l'être à l'être, en l'être ? Comment y mêler le mensonge et la boue ?
    L'acte conjugal est le sacrement de l'Amour, efficace de vie éternelle. C'est dans l'ordre des fins que l'homme et la femme sont vraiment unis : le mariage est l'union indivisible des âmes, le signe qui représente et accomplit le mystère de l'Eglise. Il n'y a pas autre chose : partout l'ordre à la vie en son amplitude infinie.
Ne fait-on pas les semailles dans l'espoir de la moisson ? Laisserons-nous dire alors que c'est la nature qui veut qu'on rejette le germe et qu'on nie l'acte que l'on pose, qu'on refuse le don au moment même de l'accomplir et qu'on engage dans le vide tout l'élan de son être ?
    La pureté est  le respect de la  vie, l'impureté est  le mépris de la  vie. C'est tout ce qu'il importe d'en savoir.  « En Lui était la Vie, et la Vie était la Lumière des Hommes. » La pureté est l'assomption des corps, l'amour du corps, l'esprit donné au corps.
    Notre corps n'est-il pas le temple du Saint-Esprit, et nos membres ne sont-ils pas les membres de Jésus-Christ ? La foi nous l'af­firme et il n'est que trop vrai que notre corps souffre violence quand nous l'empêchons de s'élever, quand nous lui refusons cette transpa­rence à laquelle il a droit, quand nous en faisons un corps animal. Car lui aussi a une vocation divine et une destinée éternelle, lui aussi est capable de tressaillir de joie à l'approche du Dieu Vivant : " Seigneur, j'ai aimé la Beauté de Votre Maison et le lieu où habite votre gloire." Si la Maison de pierre peut susciter de tels transports, pourquoi aurions-nous moins de vénération pour cette chair sanctifiée si souvent par le contact de l'Agneau ?
    Dieu n'a rien créé d'impur. Le corps est pur, et plus pures et plus sacrées que tout sont en nous les sources de la vie : " Si ton oeil est simple tout ton corps sera dans la Lumière."
    Essayons de regarder nos corps en esprit, par le dedans, à partir de cette pensée divine qui les construit comme les sacrements de la vie., et pour écarter les troubles fantômes qui s'attachent au mot, remplaçons dans notre vocabulaire sexuel par paternel et maternel qui rendent mieux justice à la vocation de l'instinct.
Si vous pouvez, au moment où l'élan vital vous tourmente - sans vous troubler d'ailleurs d'un appel qu'il est normal de sentir - si vous pouvez faire surgir devant les yeux de votre esprit le visage de l'enfant, vous conjurerez le plus souvent ce qu'il y a d'affolant dans le déferlement d'une impulsion aveugle ! c'est de lui qu'il s'agit, c'est lui qui vous appelle, et Dieu en lui, et voilà qu'aujourd'hui déjà, sous son aspect suprême, votre paternité et votre maternité peuvent s'exercer.
    Aussi bien, tout le prix de l'enfant qu'une jeune mère tient dans ses bras, n'est-ce pas ce qu'elle perçoit - à travers ce petit corps si transparent pour son coeur - du rayonnement de l'âme et du mystère divin qui s'accomplit en elle ?
Ainsi déjà, dans la préparation de votre coeur, vous pouvez engendrer en esprit les enfants qui deviendront par vous les fils de l'Esprit, étendant d'ailleurs à tant de petits êtres, à qui personne ne révèle le visage de leur Père céleste, une paternité et une maternité que ne peuvent borner ni l'espace, ni le temps : qui pourra vous empê­cher de recueillir leurs âmes dans la vôtre, et de leur communiquer la vie véritable ? Ainsi déjà, votre dévouement peut-il donner une issue réa­lisatrice à ce que votre instinct contient de plus profond.
    Votre coeur, j'en suis sûr, est séduit par ce programme. Vous vous demandez seulement s'il ne dépasse pas les forces de l'homme ? Il les dépasse à coup sûr, mais c'est le caractère même de notre vie, sous quelqu'aspect qu'on l'envisage, de ne pouvoir être vécue sans le con­cours de Dieu.
    Il a mis sur notre route la femme bénie entre toutes les femmes, qui est la source immaculée de la vie, la Vierge-épouse et la Vierge-mère, en qui tous nos rêves de tendresse et tous nos rêves de pureté trouvent leur plus suave expression.
    Le Fils unique vous l'a donnée pour Mère. Elle vous aime et elle vous attend. Si vous lui portez un coeur filial, si vous dissipez dans sa lumière les fantômes de votre nuit, si vous tenez vos regards fixés sur son visage, avec la confiance de l'enfant qui appelle sa Mère, elle gardera en vous les sources mystérieuses, en orientant tou­jours vers la Vie, ce qui appartient à la vie.
    Et en tout être qu'aura conquis votre loyauté, en toute âme qu'aura fait mûrir votre sacrifice, elle vous révélera Celui qui, sans cesser d'être son Fils, est devenu votre enfant, dans le mystère sans cesse renouvelé d'un Noël mystique où toutes vos puissances d'aimer s'apaiseront dans la candeur d'un enfantement divin.
    Ce n'est pas en vain que retentit l'Angélus : le Verbe encore veut se faire chair, par votre coeur aujourd'hui. »

Maurice ZUNDEL.

20:35 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans MAURICE ZUNDEL. | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |