04/02/2009
Telle est la poésie.
Le Petit Prince de Saint-Exupéry m'a introduit dans cet univers. Les " grandes personnes " ne pensent que chiffres et, pour être convaincues de l'existence du petit bonhomme, elles n'attendent que le numéro de son astéroïde. Les enfants, eux, deviennent amoureux du petit prince quand on
leur dit qu'il a les cheveux couleur de blé. " Dessine-moi un mouton...! " Et l'aviateur de lui dessiner une cage pour avoir la paix. Que le petit prince imagine lui-même le mouton qui se trouve à l'intérieur ! Mais notre petit bonhomme s'en est trouvé très bien, car il recevait ainsi un espace pour son expérience personnelle.
" Parle-nous de Dieu...! " La tentation serait de dessiner Dieu comme on esquisse un mouton et de le définir à force de concepts précis. Or Dieu n'est pas à circonscrire. Il est à rencontrer. Il est amour offert à notre liberté et seul le poète peut parler respectueusement de l'amour, car il ne confisque pas les mots : il nous les présente comme un royaume à explorer. Combien de grands mystiques n'ont-ils pas été de grands poètes ?
En mathématique, lorsqu'on a trouvé la solution, le problème est épuisé. Lorsqu'il s'agit de Dieu, on est devant l'inépuisable et la surabondance. Les mots ne peuvent plus qu'introduire au seuil du Mystère, comme la cage livrait le mouton tout en le cachant. Et bientôt, les mots doivent se taire
pour faire place au silence, silence d'admiration devant l'ineffable, extase, adoration. Devant Dieu, on ne peut que rester bouche bée. Le mot " mystère " vient du verbe grec qui signifie " se taire ".
Il faut être poète pour parler de Dieu, mais il n'est pas nécessaire d'appartenir à la caste des spécialistes. En chaque homme sommeille un petit coin de poésie, un espace où les mots se libèrent de leur carcan et tentent de nommer l'Essentiel. Pour être poète ne suffit-il pas d'être amoureux ?
Chaque chrétien, de par son baptême et sa confirmation, a reçu l'Esprit qui sonde le silence de Dieu. Avoir la foi ne sera jamais réciter par coeur les formules du parti, mais être introduit au grand large de l'océan divin où chacun peut se rendre compte par lui-même, emporté par un vent de liberté.
Jésus parlait en paraboles. Celui qui n'a pas une âme d'enfant et un coeur de poète ne peut comprendre l'Évangile jusqu'au bout. Pour goûter un poème, il faut que la liberté s'offre, qu'elle se laisse faire et accueille les mots en les laissant retentir. Les mots sont des éveilleurs, mais jamais
malgré nous. Le croyant est un poète qui s'abandonne dans les bras de Dieu.
Et là, l'aventure de la Vie commence...
Bruno LEROY.
10:28 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CHRONIQUE DE BRUNO LEROY. | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
03/02/2009
DE LA RÉCESSION A LA DÉPRESSION ?
La remontée du chômage s'est essentiellement traduite, jusqu'à présent, par une violente contraction des emplois en contrat à durée déterminée (CDD) et des missions d'intérim. Avec, pour conséquence, une hausse spectaculaire du chômage des jeunes, principaux concernés par ces emplois précaires. Mais après avoir réduit la voilure de ce côté et, dans l'industrie, usé massivement des possibilités de chômage technique à l'occasion des fêtes de fin d'année, il y a tout lieu de craindre que les entreprises commencent à « taper dans le dur », en supprimant des emplois en contrat à durée indéterminée (CDI). D'autant que les défaillances de sociétés sont elles aussi en hausse rapide.
L'industrie, et au premier chef l'industrie automobile, devrait rester en première ligne avec 81 000 emplois perdus au premier semestre 2009, soit deux fois plus qu'au deuxième semestre 2008. Mais ce qui fait surtout la gravité de la situation, c'est le retournement qui s'amorce dans le bâtiment, qui résistait encore bien jusqu'à la fin 2008, et la situation dans les services. Même si on met de côté l'intérim, les services ont en effet commencé à perdre des emplois fin 2008: ils devraient en perdre davantage encore cette année (85 000 au premier semestre, selon l'Insee). Une situation sans guère de précédents, en tout cas par son ampleur.
D'un point de vue géographique, l'évolution de l'emploi et celle du chômage ne sont pas strictement identiques (ce qui n'est pas nouveau). Le nord, l'est et le centre de la France sont les régions qui perdent le plus d'emplois (mais pas la région parisienne). En revanche, c'est plutôt dans l'ouest et sur les bords de la Méditerranée que le chômage s'accroît le plus vite.
Face à cette forte dégradation du marché du travail, les politiques d'urgence mises en oeuvre par le gouvernement sont très insuffisantes. Qu'il s'agisse du soutien au pouvoir d'achat des chômeurs – dont seule une minorité est indemnisée par l'assurance chômage – ou des mesures prises pour ouvrir les vannes des emplois aidés et des emplois publics. Il ne s'agit pourtant pas seulement d'accepter de «·faire du social », c'est aussi un impératif économique: si on laisse filer le chômage, si on n'améliore pas la prise en charge des sans-emploi, la récession risque de se transformer en dépression.
10:34 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
HUMANISER NOTRE SOCIÉTÉ.
Alors que la révolution ne pouvait être faite que par les grands collectifs, l’humanisation apparaîtra à la portée de tout un chacun, et son efficacité sera d’autant plus grande que des gens se sentiront impliqués. Ceci ne veut pas dire que c’est une tâche facile à réaliser, mais c’est une tâche à la mesure de nos possibilités. Révolution et humanisation poursuivent exactement le même but : permettre à tous les hommes de vivre leur dignité humaine. Il y a pratiquement toujours eu des pauvres, d’une façon ou d’une autre. Cependant les caractéristiques des marginaux actuels, dans les grandes villes nanties, présentent des différences significatives par rapport à d’autres formes de pauvreté. A première vue, on a l’impression qu’il est très difficile de résoudre le problème que pose cette nouvelle marginalisation, non pas tant à cause de sa dimension quantitative que par la complexité de sa réalité plurielle, et par les difficultés auxquelles nous nous heurtons quand nous voulons mettre un frein aux tendances à la reproduction de ce fait social. Les solutions trouvées par le passé pour lutter contre d’autres formes de pauvreté ne peuvent être réutilisées sans être adaptées. Mais, par ailleurs, il est vain de refuser de profiter de l’expérience d’altruisme de tant d’hommes qui nous ont précédés. Tirons donc des leçons du passé sans l’imiter. Les pauvres et marginaux sont les personnes qui n’ont pas suivi le progrès rapide du modernisme et se sont trouvées parquées sur le bas-côtés d’une autoroute où les voitures roulent tous les ans plus vite. Et plus la rapidité du progrès, des changements techniques et culturels, est grande, plus grande est la difficulté du marginal à réintégrer le système social. La seule existence des pauvres remet en cause ce système social.
En disant ceci, nous touchons l’un des points que les éducateurs qui travaillent auprès des marginaux soulignent le plus : la réalité de la marginalisation est symptomatique d’une maladie dont souffre tout notre système social. Et pour que ce constat entre réellement dans les mentalités, nous avons une dure bataille à livrer, car nous avons toujours tendance à penser que le problème des pauvres est celui des pauvres. Nous disons volontiers : « ils n’ont pas eu de chance dans la vie », alors qu’à la vérité c’est un problème de la société tout entière. Tout le corps est malade, mais les plaies n’apparaissent qu’à certains endroits. C’est pour cette raison, que le travail de terrain des éducateurs devient une tâche de plus en plus difficile et ardue. C’est pour cette raison également que, jamais je ne me tairais en tant que militant Social pour dénoncer les perversités de nos systèmes et y porter remèdes au quotidien, jusqu’au bout, sans jamais me lasser de vouloir humaniser notre société. Comme tant d’éducateurs et d’éducatrices le font mais aussi, des citoyens qui ont pris la mesure de l’urgence.
Bruno LEROY.
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02/02/2009
Pas de négationnistes dans l'Eglise.
Nous relayons l'appel des intellectuels catholiques ! « Je crois que les chambres à gaz n'ont pas existé ». Cet infâme credo qui n'a rien voir avec le christianisme, nous l'avons entendu jeudi 22 janvier dans la bouche de Mgr Richard Williamson, l'un des quatre évêques intégristes ordonnés en 1988 par Mgr Lefebvre. Ce n'est d'ailleurs pas une surprise : depuis des années, ce prélat multipliait les déclarations provocatrices. Or, la levée deux jours après des excommunications frappant les lefebvristes a créé une tragique ambiguïté, laissant à penser que Rome réhabilitait le négationnisme ou du moins le considérait comme une opinion licite voire innocente. |
23:14 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans LES BLOGS AMIS. | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
LIBÉRER LES OPPRIMÉS DU CAPITALISME.
13:51 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CHRONIQUE DE BRUNO LEROY. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
01/02/2009
UNE ÉCONOMIE DE LA PAUVRETÉ ?
L’Évangile a toujours été pour le monde une provocation. Déjà auparavant, pour le peuple d’Israël, la prédication des prophètes allait à l’encontre des idées reçues. L’importance, dans le message chrétien , de la béatitude de la pauvreté ne peut faire aucun doute. C’est par elle que l’évangéliste Matthieu inaugure le grand discours de Jésus sur la montagne, que l’on appelle à juste titre la charte du Royaume de Dieu.
Il ne faudrait pas trop vite rejeter la pratique évangélique de François comme anachronique, sous prétexte qu’elle ne correspondrait pas aux idéaux et aux activités de notre société contemporaine. Nous l’appelons société de consommation parce qu’une bonne part de ses activités consiste à produire et à faire consommer. Chacun veut disposer d’argent qui le rend libre de choisir, dans une économie d’abondance les biens nécessaires ou superflus offerts au plus grand nombre.
Ce système économique peut revendiquer des résultats indéniables. Les famines imparables ont disparu. La grande masse a atteint une sécurité d’approvisionnement en biens indispensables. A l’échelon national des sociétés occidentales, l’extrême misère est devenue l’exception, tandis que la sécurité matérielle est garantie par des institution de secours et de prévoyance qui atteignent presque tous les individus. Néanmoins les disparités de condition entre les personnes engendrent toujours des sentiments de frustration et entretiennent les luttes de classes. La parole de Jésus est encore d’actualité : « des pauvres, il y en aura toujours parmi vous....».
Face à ce monde avide de richesses, de confort, de sécurité, la béatitude de la pauvreté semble peu appréciée et l’invitation franciscaine paraît totalement hors de propos. Pourtant nombreux sont dans notre monde super-organisé ceux qui aspirent à un renouveau de simplicité, de désencombrement, de transparence. Beaucoup se rendent compte de l’asphyxie spirituelle à laquelle conduit la surabondance de biens matériels.
Là où les relations humaines sont contrecarrées par l’envie et bloquées par la lutte des classes, on peut devenir plus perméable au message d’Assise qui a montré combien la simplicité, la charité fraternelle, la pauvreté avaient partie liée. Se dépouiller, partager afin de rencontrer des frères, annoncer la paix et se présenter les mains nues, sans revendication sans peur aussi et confiant en l’homme, telles ont été les attitudes de François qui font rêver tous ceux qui aujourd’hui aspirent à une vie humaine plus chaleureuse.
Mais il est une autre aspiration vers la pauvreté franciscaine, qui est le fait de ceux qui dépassent l’horizon national des sociétés occidentales pour découvrir l’extrême dénuement matériel qui règne encore sur certains pays du Tiers-monde où la faim , la maladie, l’insécurité totale devant les fléaux naturels maintiennent des conditions de vie sous-humaines, donc indignes des fils de Dieu. Des voix s’élèvent parmi les chrétiens pour proposer l’inspiration franciscaine comme un moyen d’équilibrer les chances de tous les hommes. Les nations riches sont invitées à modérer leur développement et leur course au progrès matériel, à investir de façon désintéressée chez les peuples les plus défavorisés.
Comme cette politique internationale entraînerait indéniablement un ralentissement de la croissance des nantis, on ne peut la proposer que comme un choix délibéré, généreux et fraternel, c’est à dire gouverné par l’amour des autres. D’autres motifs peuvent d’ailleurs s’ajouter pour le retour à une vie plus simple. Cette perspective qui semblait pure utopie lorsque l’occident ne se souciait que de consommer et s’imaginait que l’énergie à bon marché devait être toujours plus abondante, vient de se révéler non plus utopique mais prophétique, car indépendamment des visées humanitaires et fraternelle', la course à la croissance, la consommation déréglée le gaspillage se sont révélés destructeurs de l’environnement. La nature est malade de l’homme riche. On se souvient alors du petit pauvre d’Assise qui avançait avec tant de respect de la création dont il savait préserver la beauté et qu’il préférait admirer plutôt que posséder et consommer.
Enfin l’exploitation des richesses naturelles s’est faite jusqu’ici sans se soucier des hommes, de leurs traditions, de leur culture, de leur vie spirituelle. Elle a le plus souvent engendrer des affrontements entre nations riches et nations pauvres, tout comme le développement industriel régi par l’idéologie libérale avait engendré la lutte des classes. On se souvient aussi de François qui préférait renoncer à un bien légitime plutôt que de s’affronter à celui qui le convoitait injustement: « Si nous avions des biens, disait-il, il nous faudrait des armes pour les défendre ». En écho à l’Évangile :« si quelqu’un te demande ton manteau, abandonne-lui aussi ta tunique ».
Que pourrait-on proposer sous ce thème d’économie de la pauvreté ? Sinon un nouvel ordre économique mondial qui aurait pour objectifs principaux une répartition plus juste et plus généreuse des richesses matérielles permettant peu à peu la disparition, chez les plus démunis, d’une pauvreté imposée par le désordre économique, et aliénante pour les personnes. Cela nécessiterait chez les nantis le renoncement,au moins temporaire à une croissance continue, une sorte de moratoire à l’enrichissement des riches jusqu’à ce que toute la famille humaine puisse vraiment bénéficier des biens destinés à tous. Le respect des autres, le souci du partage, la recherche des valeurs spirituelles, la volonté de promouvoir la paix en supprimant les causes économiques de rivalités et d’affrontements.... S’agit-il d’une pure utopie ? Mais l’utopie n’est-elle pas indispensable pour faire désirer la conversion des individus et des sociétés et inspirer leur vrai progrès moral ?
17:39 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |