08/09/2010
REVÊTIR LE MANTEAU DE L'AMOUR.
La vie des pauvres est une ascèse continue. Aucun modèle de vie ascétique forgé par les religieux n’atteint le niveau de dépouillement et de privations des pauvres. Ceux-ci appartiennent au royaume de Dieu à cause de leur condition même et n’ont pas besoin de cette voie. De même que le pauvre Lazare de la parabole, leur place dans le futur royaume de Dieu est déjà préparée.
Cependant, les pauvres sont sensibles aux prestiges de la richesse. Lorsqu’ils ont l’occasion de s’approcher d’une culture supérieure, ils sont facilement envoûtés. On observe, par exemple, la fascination qu’exercent sur les pauvres les feuilletons de la télévision. Nombreux sont les endroits où la communauté des pauvres est morte le jour même où la télévision y est entrée. Sacrifier un feuilleton pour participer à une réunion spirituelle, politique ou sociale exige désormais un véritable héroïsme.
On parle d’ascèse lorsqu’il s’agit de gens éduqués pour un niveau de vie supérieur à la pauvreté. Pour ces gens, l’engagement dans la libération des pauvres exige une ascèse. Il n’est cependant pas nécessaire d’inventer des méthodes de détachement, de mortification des passions ou de lutte contre l’égoïsme. La vie commune avec les pauvres réalise tout cela de façon implacable.
La caractéristique de cette ascèse est qu’il ne s’agit pas d’une méthode appliquée par le sujet lui-même mais imposée par le contexte.
Partager la vie des pauvres est une mortification corporelle : problèmes de nourriture, d’eau, de bruit, de manque d’espace, d’excès de chaleur ou de froid, de manque de confort en tous genres. Cela demande une patience et une constance qu’on peut très bien comparer aux exercices des anciens moines du désert.
Le deuxième niveau d’ascèse est mental ou intellectuel lorsqu’on vit avec un peuple d’une autre mentalité, d’autres valeurs, d’autres critères de vie personnelle ou sociale. Les pauvres se construisent une culture propre adaptée à leur condition. Celui qui veut s’engager aux côtés des pauvres devra accepter leur culture et en faire l’instrument de son travail d’évangélisation.
Cette ascèse mentale est plus dure et plus exigeante que la première.
Enfin, celui qui s’engage avec les pauvres subit la persécution des « puissants » et des autorités économiques, sociales et politiques. Celui qui se place du côté des pauvres est victime du mépris permanent de tout ce qui est « important » dans la société, du discrédit et de la méfiance. Il est plus ou moins « excommunié » dont il est issu et qui l’a éduqué. Voilà la forme d’ascèse la plus exigeante et rares sont ceux qui supportent cette condition de « rejetés ».
Ce qui explique aujourd’hui, le refus de certains éducateurs de rue ou de simples chrétiens de vivre leur vocation auprès des plus meurtris de la vie.
Et pourtant, c’est ainsi que s’ébauche un nouveau cheminement, une nouvelle imitation de la croix de Jésus-Christ. Personne ne peut s’imposer ce chemin ; il vient de lui-même, amené par l’Esprit-Saint. Encore faut-il que la prière vraie ne soit pas contrainte mais surgit de la réalité de la vie pour demeurer fidèle à l’Esprit qui nous murmure dans son Souffle de liberté que l’existence chrétienne est au service des plus petits.
N’éteignons point l’Esprit-Saint qui nous demande humblement de revêtir le manteau d’Amour de Jésus-Christ. Pour servir ceux que notre société exclue sur l’autoroute du libéralisme sauvage. Seule, notre vie auprès des plus pauvres témoignera de leurs cris de révolte face à ce monde qui a oublié le message premier du Christ.
Bruno LEROY.
11:53 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CHRONIQUE DE BRUNO LEROY. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
01/08/2010
VIVRE LA CHASTETÉ PAR AMOUR.
20:06 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CHRONIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
CHOUETTE JE SUIS MILLIONNAIRE !
20:02 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CHRONIQUE DE BRUNO LEROY., CHRONIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
15/07/2010
DE LA MÉFIANCE A LA CONFIANCE.
« En toute condition, soyez dans l’action de grâces. C’est la volonté de Dieu sur vous dans le Christ Jésus » (1 Th 4, 18). Cette exhortation de saint Paul aux Thessaloniciens reprend l’invitation si fréquente à la louange que nous trouvons dans les Psaumes : « Je bénirai le Seigneur en tout temps, sa louange sans cesse en ma bouche » (Ps 34, 2). L’action de grâces n’est pas une forme de prière à pratiquer seulement de temps en temps ; elle doit devenir une attitude de cœur, une disposition de vie, une manière de nous positionner dans l’existence.
Je suis très frappé par le fait que, dans l’évolution de notre culture, l’homme occidental a de plus en plus tendance à se positionner dans une attitude de victime. On passe son temps à se plaindre, à exiger, à revendiquer. Comme il n’y a plus de foi et de confiance en Dieu, toute difficulté et toute souffrance est vécue comme une anomalie, voire comme une injustice. On rêve d’une vie de gratifications permanentes, sans souffrances et sans combats. On n’accepte aucune douleur, et chaque fois que l’on est touché par une épreuve, on cherche quelqu’un à accuser, à qui faire porter la responsabilité et à qui faire payer sa souffrance. On l’a bien vu en France. À la moindre inondation ou canicule, c’est une levée d’accusations et de réclamations contre le gouvernement qui n’a pas fait ce qu’il aurait dû faire pour prévenir le fléau. Comme si l’État avait le devoir et la possibilité de garantir à tous les citoyens une existence sans problèmes et devait assurer le bonheur de tous ! Quel infantilisme !
Ce type d’attitude est évidemment très destructeur pour la vie sociale. Au lieu de mettre à la base des relations humaines une disposition d’acceptation et de confiance, on instille partout le poison de la méfiance et de la revendication. Pour rester dans le domaine médical, il est bien sûr légitime de protéger les patients et de demander justice à des médecins qui, de manière consciente et grave, ont été négligents, mais exiger d’eux l’infaillibilité relève de l’infantilisme. Ils finiront par ne plus vouloir exercer la médecine, et personne n’y gagnera, surtout pas les malades !
La louange et la gratitude sont un grand remède à ce positionnement victimaire et destructeur que je viens de décrire. Elles nous amènent à nous situer face à la vie dans une attitude tout autre : au lieu de réclamer, de nous plaindre, de revendiquer, elles nous conduisent à accueillir avec confiance la vie telle qu’elle se présente, même avec son poids de douleur et de difficultés. Elles nous évitent de nous enfermer dans une attitude accusatrice envers ceux qui nous déçoivent ou nous font souffrir, à chercher en permanence des boucs émissaires sur qui décharger nos ressentiments et nos amertumes. Elle nous fait comprendre qu’il ne s’agit pas d’abord de « changer la vie », selon le slogan illusoire d’un certain parti politique il y a quelques années, mais de changer notre attitude face à la vie. Passer de la peur, de la méfiance, de l’accusation… à l’acceptation et à la confiance. Accueillir avec foi la vie comme un don, même si elle se présente différente de nos attentes. Si nous pratiquons cette confiance, nous ferons bien vite l’expérience qu’en fin de compte, la vie réelle est bien plus belle et riche que la vie dont nous rêvons dans nos attentes irréalistes !
Il y a là un principe spirituel fondamental, dont nous trouvons l’expression dans l’évangile. Jésus prononce cette parole mystérieuse : « À celui qui a on donnera, à celui qui n’a pas on enlèvera même ce qu’il a ! » (Lc 19, 26). Le Christ énonce ainsi une des lois les plus importantes qui gouverne l’existence humaine : à celui qui se met dans une attitude de revendication, de mécontentement, se plaint que la vie ne soit pas ce qu’elle devrait être, la vie se révèlera comme décevante. Par contre, celui qui est heureux de ce qu’il a reçu, qui remercie Dieu pour ce qu’est son chemin recevra encore davantage et sera comblé ; celui qui se plaint de ne pas avoir reçu suffisamment et qui s’enferme dans la revendication sera de plus en plus déçu.
Si la gratitude devient la disposition la plus fondamentale de notre cœur, nous guérirons de bien des amertumes et des déceptions, et nous serons en fin de compte comblés.
Bruno LEROY.
12:18 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CHRONIQUE DE BRUNO LEROY. | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne, poesie | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
16/06/2010
CHEMINS DE LIBÉRATION.
Simone Pacot nous fait entrer dans un trajet de guérison intérieure
Le Christ a été un grand restaurateur de vie : partout où il passait, il remettait la vie en route. Il est très réconfortant de le savoir lorsqu’on se trouve dans une impasse : en Christ, il y a toujours une issue de vie. L’Esprit qui est notre guide intérieur et dont la fonction est de rajeunir, renouveler, d’aider à sortir de l’immobilisme, de la fixation dans un mal, va nous la faire découvrir si nous savons collaborer avec Lui : ce n’est probablement pas l’issue rêvée, où magiquement tout s’arrange, mais c’est l’issue de vie que nous pouvons prendre au cœur même des situations fermées ou enfermantes qui sont souvent les nôtres. Nous prenons souvent des chemins de mort sans en avoir véritablement conscience, et nous ne pourrons retrouver le chemin de vie que si nous commençons à éclairer quand, comment, pourquoi nous nous sommes enfilés vers une forme de destruction de nous-mêmes.
Il y a souvent une impatience bien naturelle à vouloir saisir les fruits tout de suite, mais ce qui est important c’est de se mettre en marche pour vivre ce passage qui va d’une forme de mort à la vie et qui en fait peut s’appeler une Pâque.
Reconnaître les blessures
Le trajet consiste d’abord à reconnaitre et à mettre en mots précis les blessures subies et leurs conséquences. Bien souvent nous minimisons l’impact que celles-ci ont eu sur nous surtout lorsqu’il s’agit de nos parents par crainte de les juger en les mettant en cause. Or, il ne faut pas confondre condamnation de la personne et discernement d’un comportement blessant.
Il est important de préciser que l’on n’est pas responsable des blessures subies, on en est victime. L’enfant n’est pas responsable du chemin qu’il a suivi, il a fait ce qu’il a pu pour survivre. Lorsque l’adulte acquiert une maturité psychologique et spirituelle, il lui est possible d’affronter la souffrance de sa blessure et en même temps, de regarder sa responsabilité. Celle-ci va s’éclairer dans la réponse à la question : “Qu’est-ce que tu as fait de ce qu’on t’a fait ?”. La réaction est toujours un choix même si c’est celui de baisser les bras ou de se fermer. Mais avant d’en arriver à cette démarche, plusieurs étapes sont nécessaires.
Prenons un exemple
Cette femme qui avait formé une belle-famille avec son mari et ses enfants, souffre de la coupure totale avec sa famille d’origine. Elle s’est sentie exclue : son père avait fait bloc avec son fils et la mère avec la fille aînée avec laquelle elle discutait et sortait. Elle s’est sentie complètement abandonnée et elle s’est dit (elle s’en souvient très bien) : “Puisque vous m’excluez, moi je vais vous exclure”. C’est une femme qui avait une force incroyable ! Elle a exclu toute sa famille et en fait exprime qu’elle en meurt. À la question : “Vous n’êtes jamais invitée dans votre famille?”, elle répond : “Si, si, je suis invitée mais il n’est pas question que j’y mette les pieds”. Ainsi, enfant, pour surmonter la souffrance de ce qu’elle vivait comme un abandon, elle a pris une fausse route, un chemin de mort. Elle a pris une décision de vengeance au lieu de traverser la souffrance d’être exclue et de tenir debout, ce qui est le trajet de la maturité adulte.
On voit très bien là comment elle est partie victime. Elle n’est pour rien dans l’histoire de cette famille. Son attitude lui a permis de survivre. Et puis, au fil des années, cela se révèle de plus en plus un chemin de destruction. Elle arrive à un âge adulte tout à fait désespérée avec, au fond d’elle même, une violence énorme contre une situation qu’en fait elle a induite. Le trajet va commencer par la traversée de sa souffrance, son chagrin, la violence qui s’est installée en elle. Elle va vivre cette plongée en elle non-plus dans la solitude de l’enfant impuissant, mais dans la présence miséricordieuse du Christ. Ce n’est qu’après cette étape qu’elle pourra se mettre en face de la fausse route prise.
Traverser ses émotions
Pour trouver le chemin de la vie, il est nécessaire de traverser l’étape du désenfouissement des émotions : la souffrance, la révolte, l’angoisse, la peur, la honte… Ces émotions enfouies peuvent faire des ravages considérables en ressortant sous forme de symptômes psychosomatiques ou relationnels, en projetant par exemple sur n’importe quel autre une violence qui n’est pas reconnue. Ou bien encore la souffrance va entraîner un état de dépression plus ou moins larvée.
Ces émotions enfouies forment un voile dans la relation humaine mais aussi dans la relation avec Dieu. Bien trop souvent les chrétiens ne se donnent pas le droit d’avoir un chagrin très profond. Ils pensent que ce serait un manque de foi et qu’ils doivent surmonter cela. Ils pensent qu’ils sont en état de péché s’ils découvrent en eux des sentiments de haine ou de violence. Il leur faudrait se donner la permission de mettre à jour ce qu’ils ressentent (non pas de l’agir contre l’autre, mais d’en prendre conscience pour éviter précisément de projeter leurs ombres sur l’autre).
Jésus s’est plaint “à” son Père, non pas “de” son Père mais “à” son Père. La libération de la plainte se trouve exprimée dans les psaumes. Ainsi il est bon de libérer sa plainte devant le Seigneur et peut-être de commencer devant un accompagnateur (ou accompagnatrice) capable de recevoir cette violence, cette angoisse, cette souffrance.
Accueillir la consolation
Cette étape de la consolation peut éventuellement être vécue dans un petit groupe où il est permis de pleurer (il est important d’être situé de façon juste et de ne pas faire vivre à l’autre de fausses consolations), où la gravité de la souffrance est reconnue ou même la violence de la révolte est reçue. Le vrai consolateur, c’est le Christ qui va donner le sens de la consolation. La Pâque, c’est le trajet vers la vie de ce qui pourrait demeurer dans la mort comme une trop grande souffrance, une révolte. On meurt à quelque chose pour naître à autre chose.
Tout cela est à vivre dans la présence du Christ, non à côté mais au cœur même de son chagrin, sa colère, sa dépression, son marchandage parfois… jusqu’à l’acceptation active de sa réalité. La porte de ses émotions doit être ouverte au Christ comme on ouvre la porte d’une maison. Dans l’Apocalypse (3. 20), il est dit “Voici, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui et lui avec moi”.
Ces mouvements, qui pourraient être considérés comme simplement psychologiques, ne doivent pas être déniés mais traversés jusqu’au bout et ils peuvent être imprégnés de la vie du Christ, de l’Esprit puisque dans l’incarnation, ils font partie de la constitution de l’être humain.
Pour pouvoir ouvrir la porte à la présence de Dieu, il faut évidemment ne pas avoir peur de Lui, et avoir éclairé les fausses notions de Dieu qui font obstacle. “J’ai peur de Dieu parce que ma mère m’a dévoré ou bien mon père m’a massacré”. Comprendre pourquoi on ne peut ouvrir sa porte est déjà une étape sur le chemin de guérison.
Méconnaissance des Lois de Vie
Quand dans la fusion, pour ne pas être la cause des larmes de l’autre, de la maladie de l’autre, du chantage affectif…, on baisse les bras, on laisse abîmer son identité, sa liberté. C’est la même chose quand on se courbe devant l’emprise qui peut provenir d’un pouvoir abusif, un interdit, une autorité spirituelle, la recherche de l’approbation de l’autre… Mais céder à la fusion ou l’emprise n’est pas qu’un problème psychologique. C’est transgresser une Loi de Dieu fondamentale (1) : “Tu es unique. Deviens toi-même”. C’est ce qui a été dit à Abraham : “Quitte ton père. Va vers ta terre”. J’aime beaucoup l’histoire de l’évangile de la femme courbée à qui Jésus dit : “Redresse-toi”.
Par exemple, Paul est absolument convaincu qu’il “est nul”, il découvre qu’en fait il s’est constitué à partir de la parole et du regard négatif de sa mère. En fait, il est idolâtre : il a mis sa mère en place de Dieu. La parole de sa mère : “tu es nul” a tout pouvoir sur lui alors que la parole de Dieu qu’il a cependant reçu : “tu as du prix à mes yeux” ne l’atteint pas, est sans valeur. Il a à renoncer à la parole de sa mère et à se repentir d’avoir été idolâtre, en fait sans en avoir véritablement conscience, d’avoir transgressé la Loi de vie qui l’incite à suivre sa propre route, en docilité à l’Esprit et non en obéissance à sa mère.
Sa prière est toute simple : “Seigneur, jusqu’à maintenant j’ai attribué à la parole de ma mère une valeur absolue. Elle m’a dit que j’étais nul. J’ai intégré que j’étais nul. Et j’apprends aujourd’hui que ça s’appelle de l’idolâtrie parce que finalement je vis sur une croyance mensongère, sur la fausse révélation que la parole de ma mère me construit et que j’ai attribué un zéro à ta Parole. Je refuse absolument de rester dans l’idolâtrie. Je viens m’en repentir et te demander pardon d’être idolâtre. Je mets hors de moi la parole de ma mère, pour que ma terre ne soit plus occupée et que ta Parole puisse s’enraciner en moi”.
Cette démarche sera à refaire chaque jour, en méditant longuement la parole qui va retisser, restructurer le tissu psychique qui a été abîmé. La racine du chemin de mort est touchée, assainie. Paul peut alors faire un pas de plus sur le chemin de vie : il va redécouvrir chaque jour des comportements où il puisse reconnaître sa valeur dans sa profession, sa famille (réussir un travail, s’occuper des enfants le soir, réparer l’électricité…) Ce n’est que lorsque ce travail sera bien mis en route que Paul commencera à se redresser, à devenir un vivant, que le pardon pourra être donné..
Psychologie et foi
On trouve ici la jonction entre la psychologie et la foi. Ne pas devenir soi-même, ce n’est pas uniquement psychologique car il y a désobéissance à une loi fondatrice de la vie qui dit : “Tout être humain est unique”. C’est la parole de l’Apocalypse : “Je te donnerai un caillou blanc, il y aura écrit un nom nouveau. Je t’appelle par ton nom”. Cette loi comporte un interdit structurant : il t’est interdit de te mélanger à l’autre, de posséder l’autre, de te laisser posséder par l’autre. On découvre ainsi que les dysfonctionnements psychologiques sont contraires à la Loi de Dieu. C’est le plan du Royaume de Dieu où la source est en deçà et va au-delà du psychologique et du corporel.
Retournement
À ce stade, il faut un mouvement de conversion pour renoncer au chemin de mort et prendre un chemin de vie, choisi selon ce qui a été découvert. L’issue se trouve dans l’obéissance à la Loi de Vie.
Mais il convient d’être clair, la décision de choisir la vie n’est pas forcément totale, absolue, au moins au début. Il s’agit de choisir un chemin de vie qui va être différent pour chacun, chacune, selon l’étape dans laquelle on se trouve.
Choisir un chemin de vie peut consister à mettre hors de soi un interdit (de réussir, d’être heureux, interdit de parole de conflit), une parole ou un regard négatif pour retrouver la liberté perdue. Mais le choix peut être aussi de repartir en arrière pour affronter la douleur d’un deuil qu’on a survolé (les étapes du deuil sont à traverser lors de cette perte de quelque ordre qu’elle soit : mort d’un être cher, rupture de couple, rejet, trahison, perte de sa réputation…) ou aller à la rencontre d’émotions qu’on a enfouies. Ce n’est qu’après cette étape que la vie va pouvoir se déployer.
À ce stade de transformation, avec tout ce qui nous est arrivé, nous pouvons vivre quelque chose qui ne sera pas l’intégralité de ce que nous voudrions vivre. Quand on choisit la vie, on fait des pas sur le chemin de vie. On peut retomber mais peu à peu, en se relevant, on se fortifie et un beau jour, on tient debout. Enfin on accepte de façon positive, la réalité de son histoire. Et, avec ce qui existe, on va en faire quelque chose. Dans ce qui m’est arrivé, je peux tenir debout. Ce n’est pas de la résignation mais de l’acceptation active. On éprouve même de la gratitude pour la vie qui nous est donnée.
Propos recueillis auprès de Simone Pacot
Auteur du livre : Évangélisation des profondeurs. Simone Pacot organise des sessions dans le cadre de l’association “Bethasda”.
Renseignements : Bethasda
Le Val Saint Jean 10150 Montsuzain
10:05 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans AMIS ( ES ) SPIRITUELS OU ARTISTES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
08/06/2010
L'ESTIME DE SOI PAR CHRISTOPHE ANDRÉ.
11:46 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans PSYCHOLOGIE. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
DES AMOUREUX DE DIEU.
La vie d'un éducateur est souvent faite d'imprévus et n'est jamais sauf, pour certains ; un long fleuve tranquille. Pour partager le Bonheur qui vous habite, il faut souvent renier son confort personnel. Il faut que les plus pauvres viennent se baigner avec vous dans l'océan spumeux et éclatant de joie de vivre. Nous devons partir de leurs désirs profonds. Dans cette source nous puiserons d'autres sources plus jaillissantes. Sinon, l'éducateur ne fait que du forcing social et cela est plus dommageable que nous le pensons. Je dois, en tant que travailleur Social, accompagner les désirs des plus petits de nos Frères. De plus, la charité telle que bon nombre de chrétiens la conçoive est à mettre au panier de nos mémoires. L'être Humain évolue anthropologiquement et la recherche de Justice sociale devient primordiale, voire essentielle. Le paternalisme dont a fait preuve l'Église durant des années a démontré ses limites. L'individu doit impérativement redevenir acteur de son propre destin. J'en ai marre de ces gens qui pensent, agissent pour les autres sous prétexte de donner un sens à leur existence. Penser à la place des autres, c'est forcer autrui à ne jamais penser individuellement. Cela fait partie de nos petits viols quotidiens des Droits de l'Homme. Après cette entrée en matière, vous avez compris que je ne suis pas un bureaucrate travaillant à heures fixes.
Moi, qui écris des livres, des articles pour que l'Humain savoure avec Amour l'instant présent : je ne semble pas en harmonie avec mes écrits. Détrompez-vous, je ne fais jamais mentir les mots et mes textes restent dans la ligne droite de mes pensées. Cependant, soit que nous avons une veine militante ou que nous dormons sous le soleil couchant. Du tréfonds de mon âme, je crois que nous pouvons construire le Royaume de Dieu dès maintenant, dans l'Aujourd'hui. Voir des yeux éteints par les tristesses s'illuminer grâce à un sourire donné est pour moi une joie incommensurable.
Trouver de nouveaux paradigmes pour alléger les fardeaux humains. Maintenant, que vous commencez à me connaître ; vous savez qu'il m'est impossible de séparer ma Foi d'une action politique concrète. Dans le respect de chacun, évidemment... C'est en cela que je parle désormais de Justice plutôt que de charité.
Être Témoin de l'Amour et de l'Espérance au cœur de la pâte humaine, tel est mon horizon de Vie depuis longtemps. Soyez, selon vos charismes, des amoureux ( ses ) de Dieu là où vous êtes. Et combattez pour que l'Amour devienne vainqueur pour des jours meilleurs. La prière vous aidera infiniment pour prendre conscience des desseins de Dieu à votre encontre.
Bruno LEROY.
11:46 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CHRONIQUE DE BRUNO LEROY. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
UN CHEMIN VERS LA LIBERTÉ...
10:57 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CHRONIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
LA PRIÈRE CETTE FORCE INTÉRIEURE.
Paul allait puiser sa force intérieure à la source divine. La prière est cette rencontre mystérieuse avec Dieu qui nous répond par des signes quotidiens. La prière est cette certitude que l’Amour détruit toutes les forces de mort qui nous habitent. Cette respiration de l’âme est aussi nécessaire que le besoin de manger. L’Esprit ne peut apporter Ses fruits que si, nous Lui demandons dans un total abandon.
La prière est effectivement la part importante de la personnalité du chrétien. C’est ce qui le différencie du païen qui ne croit qu’en ses propres forces. Regardons autour de nous, certaines personnes semblent habitées par un rayonnement dont nous savons la provenance et que nous envions secrètement. La joie est le fruit délicieux de leur présence. Une joie que nul ne pourrait ravir tant elle demeure ancrée dans les tréfonds de leur âme. Prier, n’est pas anodin, c’est la recharge en énergie divine de l’individu fatigué. A condition de remettre son destin entre les mains de Dieu-Amour. Cela, ne veut pas dire ne plus rien faire et attendre que Dieu agisse à notre place. Cela veut dire que Dieu nous donne Tout Son Amour et Sa force pour que nous transformions le monde. Cependant, il est des situations, je pense aux terribles maladies, où notre action demeure vaine, Dieu intervient alors silencieusement pour nous dicter les gestes et attitudes à faire.
Je fus confronté à cette terrible situation, ma mère étant très malade, je priais pour demander à Dieu la Force de tenir pour l’accompagner vers la demeure du Père. Sa mort à 50 ans fut ressentie par la plupart des membres de la famille, telle une défaite. Je l’ai accompagnée durant un mois, jour et nuit, et j’ai répondu qu’elle était entrée dans la Paix. Cette sérénité que nous cherchons tant sur terre, elle l’a retrouvée dans cette communion avec Dieu. Souvent, nous en voulons à Dieu de nous enlever des êtres chers. Et pourtant, Dieu-Amour nous accompagne dans nos détresses. Notre aveuglement face à la souffrance est compréhensible mais, le chrétien sait que Dieu Lui tend la main. Chaque jour, dès que le soleil se lève, je dis à Christ : Je t’Aime et cette journée est la tienne pour te servir !.
Quelle joie m’envahit lorsque je lis la Bible et tombe sur un passage qui me fait entrer en prière. Sans la prière, notre vie n’aurait aucune saveur, elle n’aurait point le parfum subtil de Dieu à nos côtés. Les premiers chrétiens, tel que Paul, l’avaient bien compris. Frères et Soeurs que nos vies soient un hymne de prières et de grâces. Un indicible Témoignage de Joie et de Force vécues dans le cœur de Christ. L’Amour doit toujours guider nos pas vers l’Éternel, ainsi notre existence aura la beauté d’une symphonie dont on ne peut se lasser d’écouter les harmonies. Oui ! s’abîmer dans la prière c’est se construire, chaque jour dans l’Amour.
Bruno LEROY.
10:56 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CHRONIQUES. | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
UN PEUPLE DE PROPHÈTES.
Et puis, se taire aussi pour écouter l’autre, lui permettre d’exister et d’occuper sa place. Silence qui favorise le dialogue et rend possible l’échange, cette mutuelle fécondation des idées, indispensable aliment de la réflexion, du progrès de la pensée et du comportement, si étrangers pour ceux qui se contentent de vivre par procuration au rythme de musiques, de chants, de bruits sans contenu, étourdissants comme une drogue.
Mais tout silence n’est pas d’or. Peu s’en faut. Il est même des silences coupables. Celui des chiens muets, du veilleur enfermé dans sa tour d’ivoire, qui se tait et ne dénonce pas, des pleutres qui n’ont rien entendu parce qu’ils ne veulent pas d’histoires. Courtisans serviles, carriéristes alignés, pharisiens légalistes, responsables timorés, pantins dans la cour des grands, à chacun son silence. Silence diplomatique des chancelleries, silence combinard des politiciens, silence dévot de Tartuffe, silence conformiste des médias, silences troublés par le cri des pauvres et des petits, les gémissements de la nature dévastée, la détresse des victimes des modes et de l’argent facile, la supplication de ceux et celles qui plient sous des jougs intolérables.
Si certains silences du passé rattrapent l’Église, si des clercs, plus friands de promotion que de justice, se taisent, il ne manque pas, aujourd’hui, d’hommes et de femmes qui, inspirés par leur foi, parlent haut et fort pour protester et condamner l’injustice et le mensonge, à l’extérieur comme à l’intérieur des Églises, sans se laisser intimider par le dogmatisme et les menaces de ceux qui détiennent le pouvoir. On cite volontiers les plus célèbres, Mgr Romero, Helder Camara, Martin Luther King, Dorothee Sölle, Pedro Arrupe, Samuel Ruiz, l’abbé Pierre, Desmond Tutu, Pius Ncube, l’âme de la résistance contre le président Mugabe, les théologiens de la libération, les moines de Tibhirine, les 47 jésuites assassinés entre 1973 et 2006. Derrière eux, se dressent un peu partout des chrétiens, évêques, prêtres, laïques, tous grades confondus, qui, avec courage et liberté, parlent au nom des sans-voix. La guerre en Irak, les dictatures de droite et de gauche, le néolibéralisme, l’économie de marché, la folie consumériste, les structures d’injustice, l’exclusion sociale, les réfugiés, la situation de la femme, l’exploitation des enfants, les magouilles des chefs d’États véreux sont dénoncés sans répit et portés devant Dieu par la prière des contemplatifs.
Face au raidissement dogmatique qui les inquiète et au retour d’un cléricalisme plus prompt à brandir le droit canon que l’Évangile, nombreux sont ceux et celles qui se demandent où se cache aujourd’hui l’Église de Jésus-Christ. Qu’ils regardent au-delà des murs des sacristies vers le vaste monde ! Ils découvriront un peuple de prophètes, qui sauvent l’honneur du christianisme en recueillant avec courage et liberté l’héritage du prophète de Nazareth. Ils trouveront la vraie Église et ils ne désespéreront plus de l’Évangile.
10:54 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CHRONIQUES. | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |