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06/10/2006

MÉDITATIONS DE L'ARTISTE.

En ce temps-là, qui est toujours d’actualité, un artiste était harcelé par le fisc. Il avait eu faim pendant sa jeunesse mais avait cru en son art et en ses capacités créatrices ; il était resté fidèle à l’appel intérieur qui lui disait que s’il faisait autre chose, il quitterait la vérité de son être. Et c’est après des années de labeur et de souffrance, quand enfin son art était reconnu et qu’il pensait pouvoir travailler dans la sérénité, qu’il avait reçu la terrible nouvelle : on lui réclamait des arriérés d’impôts avec de telles pénalités qu’il lui fallait vendre tout ce qu’il venait d’acquérir et que dix années supplémentaires de création suffiraient à peine pour payer sa dette.
Il franchit les portes du désespoir et se dit que son incapacité à gérer ses affaires matérielles le conduirait dans l’avenir à s’exposer encore et encore à de tels échecs. Il pensa donc au suicide comme bien des artistes avant lui. Il n’était pas fait pour ce monde ! Il en était là de ses méditations moroses quand un événement inattendu survint.
Plusieurs de ses amis avaient été alertés par son désespoir et étaient venus lui rendre visite. L’un d’eux déclara : La solution se trouve souvent au cœur du problème ! Un autre ajouta : Les problèmes nous sont donnés pour provoquer la véritable solution. Un dernier enfin conclut en disant : Le problème n’est pas ton problème, mais il a été posé pour que nous réalisions que nous sommes la solution.
Le premier s’occupa des affaires matérielles de l’artiste, le second prit en charge la diffusion de ses œuvres et le troisième lui tint compagnie chaque jour jusqu’à ce que les noirs nuages qui s’étaient accumulés sur sa vie laissent place à un soleil resplendissant. Cette belle collaboration permit que les dettes soient vite remboursées et que l’artiste acquière une célébrité méritée.
Un problème est une question mal posée.

06:06 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans RÉFLEXIONS. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

SAINT BRUNO.

SAINT BRUNO
Fondateur de l'Ordre des Chartreux
(1035-1101)


« A la louange de la gloire de Dieu, Le Christ, Verbe du Père, depuis toujours a choisi par l'Esprit Saint des hommes pour les mener en solitude et se les unir dans un amour intime. Répondant à cet appel, maître Bruno, l'an du Seigneur 1084, entra avec six compagnons au désert de Chartreuse et s'y établit. »
Statuts I.1 de l'ordre des Chartreux.


Né en Cologne vers 1030 Bruno vient de bonne heure étudier à l'école cathédrale de Reims. Promu docteur, Chanoine du Chapitre cathédral, il est nommé en 1056 écolâtre, c'est-à-dire Recteur de l'Université. Il fut un des maîtres les plus remarquables de son temps: « ...un homme prudent, à la parole profonde. »

Il se trouve de moins en moins à l'aise dans une cité où les motifs de scandale ne font pas défaut du côté du haut clergé et de l'Evêque lui-même. Après avoir lutté, non sans succès, contre ces désordres, Bruno ressent le désir d'une vie plus totalement donnée à Dieu seul.

Après un essai de vie solitaire de courte durée, il vient dans la région de Grenoble, dont l'évêque, le futur Saint Hugues, lui offre un lieu solitaire dans les montagnes de son diocèse. Au mois de juin 1084 l'évêque lui-même conduit Bruno et ses six compagnons dans la vallée sauvage de Chartreuse qui donnera à l'Ordre son nom. Ils y installent leur ermitage, formé de quelques cabanes en bois s'ouvrant sur une galerie qui permet d'accéder sans trop souffrir des intempéries aux lieux de réunion communautaire: l'église, le réfectoire, la salle du chapitre.

Après six ans de paisible vie solitaire, Bruno fut appelé par le pape Urbain II au service du Siège apostolique. Ne pensant pas pouvoir continuer sans lui sa communauté pensa d'abord se séparer, mais elle se laissa finalement convaincre de continuer la vie à laquelle il l'avait formée. Conseiller du pape, Bruno ne se sent pas à l'aise à la cour pontificale. Il ne demeure que quelques mois à Rome. Avec l'accord du pape il établit un nouvel ermitage dans les forêts de Calabre dans le sud de l'Italie, avec quelques nouveaux compagnons. C'est là qu'il meurt le 6 octobre 1101. À l'approche de sa dernière heure, pendant que ses frères désolés entouraient son lit de planches couvert de cendres, Bruno parla du bonheur de la vie monastique, fit sa confession générale, demanda humblement la Sainte Eucharistie, et s'endormit paisiblement dans le Seigneur.


Un témoignage de ses frères de Calabre :

« Bruno mérite d'être loué en bien des choses, mais en cela surtout: il fut un homme d'humeur toujours égale, c'etait là sa spécialité. Il avait toujours le visage gai, la parole modeste; il montrait avec l'autorité d'un père la tendresse d'une mère. Nul ne l'a trouvé trop fier, mais doux comme l'agneau.»

Quelques extraits des "Statuts" de l'ordre :

"Séparés de tous, nous sommes unis à tous car c'est au nom de tous que nous nous tenons en présence du Dieu vivant." Statuts 34.2

"Notre application principale et notre vocation sont de vaquer au silence et à la solitude de la cellule. Elle est la terre sainte, le lieu où Dieu et son serviteur entretiennent de fréquents colloques, comme il se fait entre amis. Là, souvent l'âme s'unit au Verbe de Dieu, l'épouse à l'Epoux, la terre au ciel, l'humain au divin". (Statuts 4.1)

"La grâce du Saint Esprit rassemble les solitaires pour en faire une communion dans l'amour, à l'image de L'Eglise, une et répandue en tout lieu." Statuts 21.1

"Qui persévère sans défaillance dans la cellule et se laisse enseigner par elle tend à faire de toute son existence une seule prière continuelle. Mais il ne peut entrer dans ce repos sans passer par l'épreuve d'un rude combat: ce sont les austérités auxquelles il s'applique comme un familier de la Croix, ou les visites du Seigneur, venu l'éprouver comme l'or dans le feu. ainsi, purifié par la patience, nourri et fortifié par la méditation assidue de l'Ecriture, introduit par la grâce du Saint Esprit dans les profondeurs de son cœur, il pourra désormais, non seulement servir Dieu, mais adhérer à lui". (Statuts 3.2)


http://www.chartreux.org

Auteur : L'Ordre des chartreux

05:27 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans Ces petits bouts de Vie. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

04/10/2006

5 trucs pour surmonter sa timidité.

"Je suis timide, mais je me soigne" : parce que votre timidité n’est pas une fatalité, voici cinq conseils à appliquer au quotidien.

 

1. Luttez contre vos pensées négatives

Pourquoi êtes-vous anxieuse en réunion ? Pourquoi vous interdisez-vous d'intervenir lors d'une discussion ? Pourquoi n'osez-vous pas donner vote avis ? Pour ne pas déranger, pour éviter de peiner votre interlocuteur, parce que vous craignez de dire des bêtises, par peur du ridicule ou encore par crainte du jugement des autres. Autant de pensées automatiques qui vous inhibent. Prenez le temps d'examiner une à une les raisons invoquées avec objectivité. Vous vous apercevrez qu'elles ne sont pas valables. Certes vous ne pouvez pas échapper au jugement d'autrui, mais rappelez-vous qu'il est impossible de plaire à tout le monde, que le ridicule ne tue pas, et que l'erreur est humaine. Un peu de lucidité ne peut pas vous faire de mal. Car ces poncifs maintes fois rebattus possèdent leur part de vérité.

2. Regardez-vous autrement

Votre timidité provient en partie de votre mésestime. En effet, vous redoutez le regard des autres, mais en réalité, c‘est votre propre regard qui est le plus impitoyable avec vous-même. Vous vous trouvez inintéressante, vous n'avez pas confiance en vous, en vos capacités. Pourquoi faire un complexe d’infériorité par rapport au reste du monde ? Vous n’êtes pas plus bête que votre voisin de palier ! Arrêtez de vous déprécier, regardez-vous avec bienveillance, comme vous le faites avec vos amies. Reconnaissez vos nombreuses qualités au lieu de focaliser sur vos défauts. Pourquoi ne pas établir une liste exhaustive,avec l'aide de vos proches si besoin, de tous vos points forts ? Vous constaterez très vite que vous n'êtes pas si nulle que ça !

3. Confrontez-vous aux situations déclenchantes

Vous ne cessez de fuir pour échapper aux situations pénibles. Mais ce n'est pas en évitant la difficulté que vous allez progressez ! Il est temps d'agir et de rompre le cercle vicieux. Faites-vous violence et exposez-vous progressivement aux situations qui vous effrayent. Chaque semaine, lancez-vous un défi. Commencez par de petits exploits personnels comme demander un renseignement à une vendeuse, et augmentez peu à peu le niveau de difficulté en acceptant par exemple de déjeuner avec une collègue d'un autre service. Etape par étape, vous allez gagner en assurance, et développer vos compétences relationnelles. Vous verrez, ces situations autrefois anxiogènes deviendront bientôt pour vous familières.

4. Relaxez-vous

Voilà, vous êtes en difficulté, vous sentez que votre coeur s'emballe, vous suez à grosses gouttes, vos mains commencent à trembler... Dans quelques secondes, c'est sûr, vous allez perdre le contrôle. Stop ! Ne vous laissez pas submerger par ce flot d'émotions qui risque de vous paralyser. Au lieu de céder à la panique, détendez-vous. Pensez à quelque chose d'agréable, respirez calmement et profondément et relaxez-vous. Vous éviterez ainsi de perdre vos moyens.

5. Assumez votre timidité

Non, la timidité n’est pas un vilain défaut. Vous pouvez même en faire une alliée, à condition de l‘assumer. Acceptez donc votre timidité et jouez-en ! Car un rougissement peut se révéler adorable. Si si, c’est vrai ! Pour preuve : Charlotte Gainsbourg, avec sa petite voix et son regard fuyant, n’est-elle pas tout simplement charmante ? Et Zinédine Zidane n'est-il pas le timide le plus populaire dans l'Hexagone ? Cessez donc de vouloir masquer à tout prix votre émotivité, vous vous épargnerez un stress suppémentaire.

 

Bruno LEROY.

Source : Le Journal des Femmes.

12:50 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans PSYCHOLOGIE. | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

LA PENSÉE DU JOUR.

 

La pensée du jour
« La faiblesse de la force est de ne croire qu’à la force. »
Paul Valéry

12:37 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans LA PENSÉE DU JOUR. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

LA VIE DE SAINT FRANÇOIS.

SAINT FRANÇOIS D'ASSISE.
Fondateur
(1182-1226)


La vie de saint François d'Assise est la condamnation des sages du monde, qui regardent comme un scandale et une folie l'humilité de la Croix. Il naquit à Assise, en Ombrie. Comme ses parents, qui étaient marchands, faisaient beaucoup de commerce avec les Français, ils lui firent apprendre la langue française et il parvint à la parler si parfaitement, qu'on lui donna le nom de François, quoiqu'il eût reçu celui de Jean au baptême.

Sa naissance avait été marquée par une merveille: d'après un avis du Ciel, sa mère le mit au monde sur la paille d'une étable. Dieu voulait qu'il fût, dès le premier moment, l'imitateur de Celui qui eut pour berceau une crèche et est mort sur une Croix. Les premières années de François se passèrent pourtant dans la dissipation; il aimait la beauté des vêtements, recherchait l'éclat des fêtes, traitait comme un prince ses compagnons, avait la passion de la grandeur; au milieu de ce mouvement frivole, il conserva toujours sa chasteté.

Il avait une grande compassion pour les pauvres. Ayant refusé un jour l'aumône à un malheureux, il s'en repentit aussitôt et jura de ne plus refuser à quiconque lui demanderait au nom de Dieu. Après des hésitations, François finit par comprendre la Volonté de Dieu sur lui et se voua à la pratique de cette parole qu'il a réalisée plus que tout autre Saint: "Si quelqu'un veut venir après Moi, qu'il se renonce lui-même, qu'il porte sa Croix et qu'il Me suive!"

Sa conversion fut accompagnée de plus d'un prodige: un crucifix lui adressa la parole; un peu plus tard, il guérit plusieurs lépreux en baisant leurs plaies. Son père fit une guerre acharnée à cette vocation extraordinaire, qui avait fait de son fils, si plein d'espérance, un mendiant jugé fou par le monde. François se dépouilla de tous ses vêtements, ne gardant qu'un cilice, et les remit à son père en disant: "Désormais je pourrai dire avec plus de vérité: "Notre Père, qui êtes aux Cieux."

Un jour, il entendit, à l'Évangile de la Messe, ces paroles du Sauveur: "Ne portez ni or ni argent, ni aucune monnaie dans votre bourse, ni sac, ni deux vêtements, ni souliers, ni bâtons." Dès lors, il commença cette vie tout angélique et tout apostolique dont il devait lever l'étendard sur le monde. On vit, à sa parole, des foules se convertir; bientôt les disciples affluèrent sous sa conduite; il fonda un Ordre de religieux qui porta son nom, et un Ordre de religieuses qui porte le nom de sainte Claire, la digne imitatrice de François. Ces deux frêles tiges devinrent des arbres immenses.


Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.

09:37 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans SPIRITUALITÉ | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

St François et Marie.

Salut, Mère de Dieu !

Saint François, « l’homme passionné du Christ », vivait selon la règle du saint Évangile en imitant Jésus, fils de Marie. Il recommanda à ses frères de garder l’église Sainte Marie des Anges dite aussi « la Portioncule », comme maison-mère de l’Ordre. Tous les jours, chacun des religieux sent l’urgent devoir de réciter le Rosaire. Et Saint François priait Marie, comme la protectrice de l’ordre franciscain :

Salut, Marie, Dame sainte,
Reine, sainte Mère de Dieu,
Tu es la Vierge devenue l’Église ;
choisie par le très saint Père du ciel,
consacrée par lui comme un Temple avec son Fils bien-aimé et l’Esprit Paraclet ;
Toi en qui fut et demeure toute plénitude de grâce et Celui qui est tout bien.
Salut, Palais de Dieu !
Salut, Tabernacle de Dieu !
Salut, Maison de Dieu !
Salut, Vêtement de Dieu !
Salut, Servante de Dieu !
Salut, Mère de Dieu

09:32 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans SPIRITUALITÉ | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

03/10/2006

Devenir prophètes d'un Dieu d'Amour et de Justice.

Le problème auquel devaient faire face les prophètes de ce temps était la fausse adoration du Dieu vrai.

La nouveauté radicale de leur message est que l'élection divine n'exclue pas la possibilité d'être rejeté. Les prêtres et le peuple pensaient avant eux que le pouvoir de Dieu était de leur côté et que Dieu se faisait le défenseur de leurs valeurs, de leurs intérêts et de leurs styles de vie.

Vivre avec Dieu signifie désormais, pour les prophètes, le chercher dans son coeur et vivre dans la droiture de Dieu en relation avec les autres (les humains et la terre). Alors le Dieu invisible devient visible à travers la création et les créatures.

Les temps sont graves. Le jugement de Dieu est comme suspendu au dessus d'Israël. En politique, en matière de finances ou de religion, on ne peut plus compter faire comme d'habitude. Les gens sentent qu'ils ont un certain " contrôle " sur Dieu (Amos 5,14 ; Michée 3,11 ; Isaïe 7,14).

Mais la manière dont Dieu voit le futur n'est pas la nôtre. Dieu interpelle notre présent et il n'y a pas de possibilité de fuir . Le choc d'une possible catastrophe est la manière dont Dieu use pour infliger une divine thérapie aux humains.

Le problème est présenté comme si les humains souffraient d'une forme d'amnésie (oubliant Dieu ou se détournant de lui) et de schizophrénie (en divisant sa vie : d'un côté la religion de l'autre la vie socio-économique). La seule manière de soigner ces maladies est un acte chirurgical radical : terrifier le peuple avec un verdict de mort.

En tant que messager de Dieu, le prophète a pour fonction de rendre efficace, dans le présent, le choc eschatologique que prépare Dieu pour le futur afin qu'Israël retrouve son identité et sa vocation et ainsi repasse de la mort à la vie.

Pour le prophète la pauvreté et l'injustice qui existent de son temps ne sont pas normales ; elles sont vues comme le résultat de l'orgueil de certains au détriment de la majorité des autres, réduits à la misère.

Dieu a créé le monde pour tous et veut que tous partagent ; quelque chose doit être dit et fait pour rétablir cette vérité . Il doit y avoir une conversion, un changement assez radical de style de vie qui ne soit plus celui de l'urbain prospère mais plutôt celui du nomade vivant de manière précaire dans le désert, la place où Dieu a d'abord fait alliance avec son peuple.

Le message du prophète c'est qu'il faut chercher Dieu (sortir de l'amnésie) et pratiquer la justice (sortir de la schizophrénie), mais aussi qu'il faut développer une plus grande perception spirituelle (de l'attention, du discernement et de la disponibilité par rapport à Dieu) et une sensibilité morale (sensibilité à l'injustice et à l'iniquité qui sont contraires au projet de Dieu ; solidarité à avoir avec le peuple de Dieu tout entier et pas seulement avec l'élite).

Se retourner vers Dieu , ce qui semble presque impossible (comment peut-on accepter de changer de style de vie ?) , requiert une ouverture aux dons de Dieu, car Dieu est un dieu qui prend soin de nous, un Dieu de compassion. C'est pourquoi les prophètes ne sont pas des personnes du désespoir mais de l'espérance.

Faire justice aux pauvres (à tout le peuple) est la condition pour bénéficier de la justice de la part de Dieu.

 Les prophètes sont des " révolutionnaires sociaux " parce qu'ils sont fondamentalement des " conservateurs religieux ".

Bruno LEROY.

19:28 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans COMBAT SPIRITUEL. | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

Vivre en cohérence avec sa Foi.

L’évangéliste avait précisé que « Jésus durcit sa face pour faire route vers Jérusalem » (Lc 9, 51). La remontrance que Notre-Seigneur vient d’adresser aux disciples qui voulaient détruire par le feu le village Samaritain ayant refusé l’hospitalité à leur Maître, prouve que le « durcissement » dont il est question ne concerne pas la relation de Jésus aux hommes, pour le salut desquels il s’apprête précisément à entrer dans sa Passion. Les dialogues avec trois disciples potentiels, rassemblés par Saint Luc en une seule péricope, vont nous permettre de mieux comprendre en quel sens le compagnon de Jésus est appelé à « durcir sa face ».
« Je te suivrai partout où tu iras » : cet homme a perçu ce qui constitue l’essence de l’attitude du disciple : suivre le Maître avec une disponibilité inconditionnelle. Cependant, ce Rabbi n’est pas comme les autres : banni de sa patrie, repoussé par les Samaritains, soupçonné par ses coreligionnaires, il « passe au milieu de ses détracteurs et va son chemin » (cf. Lc 4, 30), qui le conduira bientôt au Golgotha. Devenir disciple d’un tel Maître mérite réflexion : on ne s’engage pas à la légère à la suite d’un Rabbi qui s’est mis tous les responsables religieux à dos. Même les renards ou les oiseaux, qui comptent parmi les animaux les plus prudents, se réservent un lieu de repli où ils pourront se mettre à l’abri. Tel n’est pas le cas de Jésus « qui n’a pas d’endroit où reposer la tête » - entendons : qui ne dispose à proprement parler d’aucun lieu de refuge, si ce n’est le Cœur du Père qu’il rejoint dans la prière. Tout comme son Maître, le disciple n’appartient plus à ce monde (cf. Jn 17, 14), car sa patrie n’est pas sur terre mais au ciel. Aussi demeure-t-il en errance tant qu’il n’a pas rejoint sa demeure d’éternité. Avons-nous accepté cette pauvreté radicale ? Sommes-nous disposés à adopter ce statut de pèlerin permanent, consentant par avance à tous les risques d’exclusion au nom de l’Evangile que comporte cet état ?
L’inconnu dont l’intervention occupe la première partie de notre péricope, avait pris l’initiative de la demande. C’est bien ainsi que les choses se passaient dans la tradition juive, mais la pratique de Jésus est tout autre ; contrairement aux Rabbis de l’époque, c’est lui qui choisit ceux qu’il appelle à le suivre : « Il appela ceux qu’il voulait » (Mc 3, 14).
Le second personnage - que cette fois Jésus prend l’initiative d’appeler à sa suite - demande un délai pour enterrer son père. En Israël, l’obligation de rendre les honneurs d’une sépulture à ses parents, prime sur toutes les autres obligations légales ; la requête semble donc tout à fait justifiée. Pourtant, l’appel ne souffre aucun délai : « Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, va annoncer le règne de Dieu ». La rupture entre le monde ancien où règne la mort, et le Royaume de la vie que Jésus vient inaugurer de la part de Dieu, est totale. Le disciple doit faire un choix radical, manifestant ainsi qu’il est lui-même né à la vie nouvelle, par la foi en celui qui par sa mort nous délivre de la mort, et par sa résurrection, nous ouvre à la vie divine. S’il est vrai que « celui qui croit en Jésus, même s’il meurt, vivra ; et que tout homme qui vit et qui croit en lui ne mourra jamais » (Jn 11, 26), il est clair que l’unique urgence est « d’annoncer le règne de Dieu » à ceux qui sont confrontés au drame de la mort physique, comme à ceux qui sont dans les filets de la mort spirituelle, c'est-à-dire dans le péché.
Il est difficile de savoir si le troisième personnage prend l’initiative de présenter sa candidature - comme le premier - ou s’il répond à un appel de Jésus que l’évangéliste n’a pas mentionné. Quoi qu’il en soit, il reconnait Jésus comme « Seigneur » et se déclare prêt à le suivre, sous-entendu inconditionnellement. Il demande simplement, comme Elisée à Elie, de pouvoir « faire ses adieux aux gens de sa maison » (cf. 1 R 19, 20s). La réponse de Jésus dépasse l’exigence d’Elie, qui avait attendu le retour d’Elisée. La mission du Fils de l’homme ne souffre d’aucun préalable ; elle n’est conditionnée par rien : autant dire qu’elle est une priorité absolue, qui l’emporte même sur les règles élémentaires de convivialité humaine. Une telle radicalité dans le détachement, ne se justifie que par l’urgence d’annoncer le Royaume qui vient ; bien plus : qui est déjà là dans la personne de Jésus. Lorsque l’espérance nous ouvre les yeux sur le monde nouveau qui surgit là où est semé l’Evangile, comment ne pas garder nos regards fixés sur l’avenir que Dieu ouvre devant nous ? « Vous êtes ressuscités avec le Christ. Recherchez donc les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. Tendez vers les réalités d’en haut, et non pas vers celles de la terre. En effet, vous êtes morts avec le Christ, et votre vie reste cachée avec lui en Dieu. Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui en pleine gloire » (Col 3, 1-4).

« Seigneur, à la lecture de ta Parole, je me rends compte combien je suis tiède, et comme je suis loin de répondre aux exigences que tu poses à tes disciples ! Ouvre mes yeux sur la radicale nouveauté introduite dans le monde par ta venue, et fais moi réévaluer mon existence quotidienne à la lumière de ta présence, afin que je puisse vivre en cohérence avec la foi que je professe. »


Père Joseph-Marie

19:23 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

NE VOUS LAISSEZ PLUS ÉCRASER.

Cette terrible histoire est peut-être la vôtre. Un homme va se faire écraser par les autres. Votre vie est si souvent écrasée par d’autres personnes. Dans le cadre de votre travail, suite à un drame familial, à cause de vos enfants difficiles. Il est malheureusement facile de constater que vos circonstances présentes vous écrasent complètement, elles sont trop lourdes pour vous ; que ce qui se passe à l’intérieur de vous, vos soucis, vos tracas, vos angoisses, vos craintes, vous écrasent littéralement. Bref, l’officier de ce récit d’hier, c’est vous aujourd’hui !  Lui va mourir, mais vous, vous allez vivre !

Il est intéressant de noter pourquoi cet homme va mourir écrasé, et ainsi éviter de commettre les mêmes erreurs que lui. Lui n’a pas cru Dieu. Il est évident que votre foi dans les promesses de Dieu vous dégagera de toutes formes d’oppression. Ne vous contentez pas de savoir cela, vivez-le !

Ensuite il a confondu les genres ; il n’a vu en Élisée qu'un prophète comme un autre, rien de plus ! Dieu utilise des moyens faibles pour atteindre ses objectifs dans votre vie ; cet homme va donc passer de manière catastrophique à côté du plan de Dieu pour sa vie. Aujourd’hui ces quelques lignes sont le faible moyen que Dieu va utiliser pour que vous en finissiez avec tout ce qui vous écrase.

Enfin, il était l’officier principal du roi, celui sur lequel le roi se reposait ; il n’a pas voulu perdre la face ; il s’est cru plus intelligent et plus sage, bien au-dessus des histoires du prophète. Bref, il avait le droit de penser ainsi, mais il en est mort. Ayons l’humilité, quand le Seigneur s’adresse clairement à nous, de croire simplement qu’il sait mieux que nous comment faire pour nous bénir, nous délivrer et nous sauver de tout ce qui nous écrase.

Une prière pour aujourd’hui

Seigneur Jésus, tu sais tout ce qui écrase ma vie, tout ce qui est si lourd pour moi, cet emploi du temps dément, ces responsabilités impossibles, ce chef qui me fait peur, ces collègues qui ne m’aiment pas, etc. Je viens tout te confier et m’abandonner entre tes mains. Ce qui m’écrase et qui voudrait finir par me tuer, je l’abandonne à tes pieds, Jésus. Amen

Samuel Foucart

09:55 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CONSEILS SPIRITUELS. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

Qui sont les chrétiens spirituels ?


C'est une tentation permanente, surtout chez ceux qui insistent sur le sérieux de la vie chrétienne, de faire un tri entre les chrétiens et de distinguer les " spirituels " des autres. Robert Somerville, qui a longtemps été le directeur de l'Ecole Pastorale, essaie de prévenir ce danger dans cette étude principalement centrée sur les écrits de l'apôtre Paul.

Il n'est pas rare d'entendre, dans nos Eglises, des jugements sur le degré de "spiritualité" des chrétiens. "Celui-ci est vraiment spirituel. Mais celui-là non". On établit donc une distinction entre deux catégories de chrétiens: les "spirituels" et les autres, généralement qualifiés de "charnels". J'aimerais poser quelques questions à ce sujet. Le Nouveau Testament nous autorise-t-il à faire une telle distinction? Sur quels passages se base-t-on pour cela? Quels sont les critères qui permettent de reconnaître qu'un chrétien est spirituel ou non?

L'adjectif "pneumatikos" (spirituel), s'appliquant à des personnes, n'apparaît que rarement dans le Nouveau Testament . Sur les 21 cas où ce terme est employé (toujours dans des épîtres, dont près de la moitié dans 1 Corinthiens), c'est seulement à trois reprises que ce terme caractérise des personnes : deux fois dans 1 Corinthiens (2.15 et 3.1) et une dans Galates (6.1). Dans les autres cas, il s'agit des biens spirituels (Ep 1.3, Ro 15.27), ou des choses spirituelles (1 Co 2.13, 10.3), des dons spirituels (1 Co 12.1, 14.1), de la sagesse spirituelle (Co 1.9), de la maison spirituelle qu'est l'Eglise ( 1 Pi 2.5), etc.

Des chrétiens fiers d'être spirituels

Il vaut la peine de se poser la question: pourquoi l'apôtre Paul donne-t-il tant de place à ce mot dans l'épître aux Corinthiens et si peu dans ses autres lettres? La raison reconnue par les commentateurs est qu'il s'agit là d'un mot qui faisait partie du vocabulaire religieux des Corinthiens, mais qui était utilisé par eux dans un sens que l'apôtre jugeait dangereux et qu'il devait donc chercher à corriger.

En effet, ce que les chrétiens de Corinthe entendaient par "spirituel" était bien plus influencé par la pensée païenne dominante, celle de l'hellénisme, que par l'Evangile. Les "spirituels" étaient selon eux des hommes ayant atteint un niveau supérieur de connaissance, une sagesse divine réservée à ceux qui, grâce à un initiation ou une illumination, s'étaient affranchis des servitudes du monde matériel corrompu et participaient déjà de la nature céleste. On peut remarquer à ce sujet l'emploi de l'adverbe "déjà" au chapitre 4, verset 8 et la manière dont Paul se moque de leur façon de se glorifier dans tout ce passage. Ils se voient déjà arrivés, "parfaits". Ils sont des super-chrétiens. Ils recherchent la confirmation de ce sujet de fierté dans des expériences mystiques, surnaturelles en particulier dans le culte. D'où leur attirance vers le don des langues plutôt que vers les autres dons. Cela leur permet de se vanter de leur supériorité (4.6, 4.18, 5.2) malgré les exemples d'immoralité qu'on rencontre chez eux (5.6). Peu importe à leurs yeux. Ils sont libres ("tout est permis"); puisque le monde matériel est de toute façon mauvais, l'usage qu'ils font de leur corps n'a rien à voir avec leur vie spirituelle. Les lois morales de la Bible ne sont contraignantes que pour les gens simples, immatures. Eux peuvent jouir de leur liberté, sans se soucier des autres.

Convaincus de leur supériorité "spirituelle", ils considèrent que la prédication de Paul centrée sur l'événement historique de la croix de Jésus-Christ révèle une sagesse élémentaire. Ils ont, eux, dépassé ce stade dans leur recherche de la sagesse et de la connaissance. A leurs yeux, Paul n'est pas réellement spirituel. Il néglige le niveau supérieur, qui donne accès à la connaissance de Dieu grâce à une initiation et des exercices "spirituels", sans passer par le Christ crucifié et ressuscité. Ils ne croient pas au message de la résurrection (chapitre 15): le corps n'ayant aucune valeur, ce qui lui arrive est sans importance. Comme ils ont déjà atteint le stade d'une existence angélique, l'espérance de la résurrection ne les intéresse pas. L'édification de l'Eglise ne les préoccupe pas non plus, d'où leur comportement lors de la Cène (11.20-22) et le peu de cas qu'ils font du risque d'être une occasion de chute pour les faibles (8.9-13, 10.32-33).

Il est clair qu'aux yeux de Paul, de tels chrétiens, qui se vantent d'être spirituels, ne le sont pas en réalité. Bien que ce ne soit pas son vocabulaire habituel, Paul reprend ce terme "spirituel", qu'ils affectionnent, pour corriger leurs déviations.

Spirituels ou psychiques (1 Corinthiens 2)

Dans deux des trois cas où Paul applique l'adjectif "pneumatikos" à des humains, il est vraisemblable qu'il s'en sert pour désigner les croyants sans distinction. Au chapitre 2, verset 15, il oppose l'homme spirituel à l'homme "psychique". Segond a traduit ce mot par "animal"; la Colombe par "naturel"; la T.O.B, "l'homme laissé à sa seule nature", le Français courant "l'homme qui ne compte que sur ses facultés naturelles"; la Bible du Semeur "l'homme réduit à ses seules forces".

Bien que la compréhension de ce passage soit difficile et ait donné lieu à des interprétation différentes (1), il me semble qu'ici Paul parle des païens, des incroyants, de ceux qui n'ont pas cru à l'Evangile et qui ont "l'esprit du monde" (v.12), mais non le Saint-Esprit. Ils se vantent de leur sagesse, mais en réalité ils ne peuvent pas connaître les choses de Dieu. Aucune technique religieuse ou" spirituelle" ne peut donner la vraie connaissance de Dieu. Seul le Saint-Esprit peut nous faire connaître Dieu. Or, pour l'apôtre Paul, comme pour le reste du Nouveau Testament, le Saint-Esprit est donné à tous ceux qui, ayant entendu l'Evangile du Christ crucifié, le reçoivent par la foi ( Rom 8.15-16,1 Cor 3.16, 12.3, 12.7,12.13, Gal 3.2, Eph 1.13, etc.). L'homme spirituel n'est donc pas ici un chrétien supérieur, qui aurait gravi un degré de plus dans la connaissance de Dieu, mais tout chrétien né de l'Esprit, qui bénéficie des dons de la grâce de Dieu (le salut d'abord, la vie nouvelle, puis les "charismes"). Il convient de noter ici le parallèle entre le "nous" du verset 12 (ce que Dieu nous a donné par grâce) et le "vous" des versets 4 à 8 du premier chapitre de l'épître où Paul parle de "la grâce de Dieu qui vous a été accordée en Christ, vous avez été enrichis en lui en toute parole et en toute connaissance"). Ces mots s'adressent à l'ensemble des chrétiens de Corinthe et non à une élite de "spirituels". Il est donc exclu qu'au chapitre 2, il les range parmi les "psychiques", qui ont reçu l'esprit du monde et non l'Esprit de Dieu (et dont les "princes de ce siècles" mentionnés aux vv. 6 et 8, sont un exemple frappant). Sinon, comment l'apôtre aurait-il pu les décrire, sans se contredire, comme "ceux qui ont été sanctifiés" (1.2) et leur dire:"Vous avez été lavés, vous avez été sanctifiés, vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus-Christ et par l'Esprit de notre Dieu (6.11), ou encore: "Votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu et vous n'êtes pas à vous-mêmes. car vous avez été rachetés à un grand prix" (6.19-20)? Ainsi donc, lorsque Paul parle de l'"homme psychique" ou "naturel", en 2.14, il ne vise pas des chrétiens ignorants ou infidèles, mais les incroyants, ceux qui n'ont pas cru à l'Evangile du crucifié et n'ont pas reçu le don du Saint-Esprit .

De la même façon, il y a tout lieu de penser que, dans Ga 6.1, Paul pense à l'ensemble des chrétiens des Eglises de Galatie lorsqu'il écrit: "Vous qui êtes spirituels". L'épître est adressée aux Eglises, à tous leurs membres, et non à des chrétiens de niveau supérieur.

Spirituels ou charnels

Mais n'en va-t-il pas autrement des chrétiens de Corinthe à qui Paul adresse des reproches au début du chapitre 3 ? Là, il semble bien faire une distinction entre deux sortes de chrétiens: ceux qui sont spirituels et ceux qui, comme les Corinthiens, sont charnels. Il exprime en effet le regret de ne pas pouvoir leur parler comme à des hommes spirituels, mais comme à des hommes charnels, de petits enfants en Christ.

A première vue, l'apôtre refuse ici la qualification de "spirituels" à certains chrétiens. Mais à y regarder de plus près, il ne met pas en doute le fait qu'ils ont reçu l'Esprit. A plusieurs reprises dans l'épître, Paul tient pour acquis que les chrétiens de Corinthe à qui il écrit ont reçu le Saint-Esprit (3.16, 6.11, 6.19, 12.3, 12.13). Il peut le dire, bien qu'ils se comportent encore comme des païens, des hommes dont les pensées et le comportement restent davantage influencés par l'esprit du monde que par l'Esprit de Dieu. A cause de cela, il ne peut pas leur parler comme à des spirituels, alors qu'il devrait pouvoir le faire puisqu'ils ont reçu le Saint-Esprit . Il s'attriste de constater qu'ils ne tirent pas les conséquence de leur statut en Christ. Il leur dit en quelque sorte: " Vous avez reçu l'Esprit (vous êtes donc des spirituels), eh bien, conduisez-vous comme tels!".

L'opposition ici n'est plus entre spirituel et "psychique", mais entre spirituel et "charnel", ou entre petit enfant et adulte. Il est clair que le petit enfant est déjà né! Mais ses parents ont parfois des raisons de s'inquiéter en voyant qu'il ne grandit pas, qu'il ne progresse pas, n'apprend pas à marcher, à parler, à lire, à jouer avec les autres, etc. Que des croyants convertis restent encore "charnels", c'est-à-dire davantage soumis à leurs propres raisonnements, à leurs propres volontés, à leurs propres désirs qu'à ceux de Dieu est une évidence. Toutes les exhortations du Nouveau Testament qui invitent les chrétiens à se laisser instruire par Dieu, à changer de comportement, à progresser dans la foi et dans l'amour, nous montrent que ce que nous constatons dans nos Eglises existait déjà dans les Eglises du premier siècle. Tous les pasteurs, je pense, peuvent, comme Paul, regretter que tel ou tel disciple de Jésus ne progresse pas et parfois même régresse, en retombant dans des habitudes dont on le croyait libéré et qui n'honorent certes pas le Seigneur.

Tous les chrétiens ne progressent pas au même rythme. La chose essentielle, bien entendu, est de partir, de se convertir, de se remettre au Seigneur Jésus pour le suivre et le servir. C'est là le changement décisif, produit par l'action du Saint-Esprit (1 Co 12.3), mais qui doit être suivi de bien d'autres changements. L'homme nouveau (ou la nouvelle nature) doit "se renouveler en vue d'une pleine connaissance selon l'image de celui qui l'a créée" (Col 3.10). Le rôle des conducteurs de l'Eglise et surtout des pasteurs-enseignants (mais aussi d'autres frères et sœurs dans la foi), est d'"avertir et d'instruire tout homme en toute sagesse, afin de rendre tout homme parfait (ou: accompli, ayant atteint la pleine maturité) en Christ" (Col 2.28). Pour cela, il faut commencer par un enseignement élémentaire, puis avancer vers une connaissance plus approfondie de la Parole de Dieu, une meilleure compréhension de sa grâce et de sa volonté, une mentalité nouvelle, libérée des influences du "monde" et permettant de voir toutes choses dans une lumière nouvelle, celle de l'amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ (Rom 12.2). Cela implique, tout au long du chemin, des changements, des repentances, des renoncements à des manières de penser ou d'agir qui sont incompatibles avec l'appartenance à Christ. On ne peut que reconnaître que tous les chrétiens ne se trouvent pas, à un moment donné, aussi avancés dans la marche vers la maturité chrétienne.

En ce sens, on peut dire que certains sont plus "spirituels" que d'autres. A plusieurs reprises, il nous est dit que tel ou tel croyant est "rempli du Saint-Esprit", soit à un moment donné, en vue d'une action particulière (Ac 4.8, 13.9), soit de manière habituelle (Ac 6.3, 6.5, 11.24). Mais cela n'est pas le cas de tous les chrétiens à tout moment. Sinon, Paul ne prendrait pas la peine d'écrire:"Soyez remplis de l'Esprit" (Ep 5.18).

Parallèlement, Paul s'inquiète de voir les Galates en danger de "finir par la chair" après avoir" commencé par l'Esprit" (3.3). C'est pourquoi il les exhorte par ces mots:"Si nous vivons par l'Esprit, marchons aussi par l'Esprit" ou comme traduit la Bible du Semeur:"Puisque l'Esprit est la source de notre vie, laissons-le aussi diriger notre conduite" (5.25). Il reconnaît par ailleurs que les chrétiens eux-mêmes peuvent attrister le Saint-Esprit Ep 4.30) ou même l'éteindre (1 Th 5.19).

On peut à cet égard faire un parallèle entre les termes "spirituels" et "saints". Tous les chrétiens sont saints, puisqu'ils appartiennent à Dieu et qu'ils sont été sanctifiés. Paul peut donc écrire "aux saints" qui sont à Philippes ou à Colosses ou "à ceux qui ont été sanctifiés en Christ-Jésus" à Corinthe. Tous les chrétiens sont sanctifiés en Christ, mais tous sont appelés à progresser dans la sanctification, même si certains sont plus avancés que les autres. Mais nulle part, le Nouveau Testament ne fige cette différence, en distinguant deux catégories de chrétiens, les chrétiens supérieurs, qui sont pleinement saints et "spirituels, et ceux qui ne le sont qu'à moitié. Même les plus avancés ont encore besoin de progresser. Tous sont saints, mais aucun n'a encore atteint le but.

Une distinction à faire avec prudence

Je crois qu'il y a de réels dangers à vouloir étiqueter les chrétiens d'une Eglise et à les ranger dans deux catégories bien distinctes: les spirituels et les charnels. Et cela, pour plusieurs raisons.

Tout d'abord, il n'est pas sage de s'appuyer sur un texte isolé (celui de 1 Co 3) pour établir une distinction permanente entre chrétiens. Répétons-le: si Paul a recours ici (et dans ce seul cas) à l'adjectif "spirituel" c'est en fonction de la situation particulière des Corinthiens, qui s'attribuaient cette qualité pour s'en glorifier. L'apôtre cherche à démonter les prétentions des soi-disant "spirituels" de Corinthe.

Ensuite, dans toute ses épîtres, Paul se garde bien de cloisonner l'Eglise, de la séparer en catégories plus ou moins proches de Dieu. Il lutte contre l'esprit de clan, contre toute prétention à une supériorité "spirituelle", contre l'orgueil qui se permet de juger et de mépriser les autres. Il n'établit pas de hiérarchie entre les chrétiens. Il ne connaît pas de super-chrétiens. Redisons-le: ses épîtres sont adressées à tous les chrétiens d'une Eglise, il les tient tous pour des frères en Christ, il reconnaît qu'ils ont tous part au Saint-Esprit.

En troisième lieu, la vie spirituelle n'est pas statique. Elle est une marche avec Christ, une croissance. Un instantané ne peut en donner qu'une image imparfaite. La vraie question n'est pas tant:"Quel niveau ai-je atteint?", mais: "Suis-je en marche ou arrêté?". Il faut donc veiller à ne pas porter un jugement définitif sur des personnes qui sont en évolution, en les enfermant dans des catégories figées. Les termes d'enfant et d'adulte évitent plus facilement cet écueil, puisqu'ils évoquent l'idée de croissance.

En outre, il est bon de se poser la question:"A partir de quel niveau de sainteté, de piété, de fidélité pratique peut-on dire que quelqu'un est vraiment spirituel? Sommes-nous sûrs de l'être nous-mêmes? Sans doute, si "spirituel" veut dire simplement "conduit par l'Esprit", nous pouvons avoir l'assurance que le Saint-Esprit nous conduit. Mais "nous bronchons tous" dit Jacques (3.2) et Jean renchérit:"Si nous disons que nous n'avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes et la vérité n'est pas en nous" (1 Jn 1.8). Autrement dit, aucun de nous ne peut affirmer avec une pleine assurance qu'il se laisse toujours conduire par l'Esprit et qu'il ne reste plus rien d'humain ou de charnel dans ses pensées et son comportement. La grande faiblesse des Corinthiens est précisément de se proclamer "spirituels", de s'enorgueillir. Etablir une, classification, une sorte de hiérarchie parmi les chrétiens (les spirituels et le non-spirituels, les saints et les moins saints, les bons et les mauvais), c'est s'exposer au danger de pharisaïsme.

Quels critères ?

De plus, il faut s'interroger sur les critères qui pourraient nous permettre de distinguer les chrétiens spirituels des chrétiens charnels, les adultes des petits enfants. Je crains que très souvent les critères que nous utilisons ne soient pas les mêmes que ceux que nous indique le Nouveau Testament.

Je puis me tromper, mais il me semble que, parmi les critères le plus souvent évoqués pour juger si un croyant est "spirituel" ou non, on peut citer la piété, l'engagement dans l'Eglise, le zèle, les dons spirituels, le comportement moral, la connaissance de la Parole de Dieu. Je suis bien d'accord pour dire qu'on peut s'attendre à ce qu'un chrétien adulte, conduit par l'Esprit fasse preuve d'une grande fidélité dans tous ces domaines. Mais nous pouvons aussi porter des jugements contestables en nous fiant trop exclusivement à de tels critères. Nous ne connaissons que très imparfaitement ce qui se passe dans le cœur des humains. Nous risquons de juger selon les apparences, à la manière des pharisiens.

Prenons par exemple, la piété. Il ne fait pas de doute qu'un chrétien conduit par l'Esprit aura une vie de prière, tant personnelle que communautaire, forte et persévérante. L'Esprit nous pousse à prier, à louer Dieu, à intercéder pour les autres. Mais à quoi se juge l'authenticité de la prière? Jésus nous met en garde contre le danger de juger selon ce que l'on voit ou que l'on entend. Ceux qui prient le mieux ne sont pas forcément ceux qu'on entend le plus prier. Le vraie prière, dit le Seigneur, n'est pas celle qui s'affiche, mais celle qui est cachée:"Entre dans ta chambre, ferme ta porte et prie ton Père qui est dans le lieu secret" (Mt 6.6). J'ai plusieurs fois été irrité d'entendre dire d'un frère qu'il ne prie pas assez, sans savoir ce qui se passe dans le secret de sa chambre. Jésus nous dit aussi que la prière ne se mesure pas en quantité. Ce n'est pas forcément en priant longtemps et beaucoup que l'on prie mieux (Mt 6.7-8). Attention à ne pas porter de jugement sur la piété des autres en se fondant sur la longueur ou la beauté de ses prières. La plupart des prières que Jésus a exaucées, dans l'Evangile, étaient brèves, l'exemple-type étant simplement:" Aie pitié de moi" et, parmi les modèles de prières d'intercession, on peut citer celle de Marie:"Ils n'ont plus de vin" (Jn2.2) ou celle des sœurs de Lazare:"Celui que tu aimes est malade" (Jn 11.3). Il m'est arrivé, au cours de mon ministère, de découvrir un jour que tel frère ou telle sœur avait un merveilleux ministère d'intercession. mais il ou elle l'exerçait dans une discrétion telle que tous ou presque l'ignoraient.

D'autre part, la piété, les actes religieux ne sont qu'un aspect de la marche avec le Christ. Il est important de ne pas confondre "religieux" et "spirituel". Jésus reproche aux pharisiens de prendre prétextes de leurs devoirs religieux pour ne pas aimer leur prochain en action et en vérité (Mt 12.9-13, 15.1-9, etc.). Les prophètes de l'Ancien Testament tenaient souvent le même langage, allant jusqu'à affirmer que prières et sacrifices sont en horreur à Dieu s'ils ne sont pas accompagnés de justice et de miséricorde envers les hommes ( Es 1.10-17, Amos 5-22-24, etc.). Il est parfois plus spirituel de prendre un balai ou de faire la vaisselle que de prier.

Le zèle et l'engagement dans l'Eglise sont aussi pour beaucoup un critère décisif. Là encore, il est certain que le Saint-Esprit rassemble les chrétiens pour qu'ils forment une communauté et il demande à chacun d'eux de "mettre au service des autres le don qu'il a reçu". Celui qui se tient à l'écart de l'assemblée, qui n'y vient qu'en passager ou en spectateur quand cela lui chante, qui ne donne que le minimum de temps ou d'argent à son Eglise ne fait certes pas preuve de maturité spirituelle. Il n'est d'aucune utilité pour les autres et s'affaiblit lui-même. Mais ce n'est pas non plus toujours celui qui consacre le plus de temps à l'Eglise qui sert le mieux le Seigneur. On peut s'engager à fond dans son Eglise pour de mauvaises raisons: pour se convaincre qu'on est un meilleur chrétien que les autres, parce que cela nous donne un certain prestige, sinon un pouvoir, pour que Dieu nous aime davantage, parce que rien d'autre ne nous intéresse. D'autre part, le service du Seigneur ne se limite pas à l'Eglise locale, même si c'est là son premier terrain d'application. Il arrive que Dieu confie à des chrétiens, membres d'Eglise, des responsabilités qui les obligent à être parfois absents de leur communauté. Cela peut présenter des dangers; il y a un équilibre à trouver. Mais il est injuste de reprocher à un frère ou une sœur d'accepter des engagements dans une oeuvre autre que son Eglise locale, s'il s'agit pour lui de répondre à un appel de Dieu. Ne vaut-il pas mieux le considérer, à l'exemple d'un missionnaire, comme un envoyé de l'Eglise pour qui on prie? Un chrétien conduit par l'Esprit doit être à la disposition de son Seigneur, pas nécessairement de son pasteur. De la même façon, la mère de famille , qui a plusieurs enfants en bas âge, sera moins disponible pour le service de l'Eglise que la plupart des chrétiens; Le temps et les soins qu'elle donne à ses enfants ne font-ils pas aussi partie de son engagement chrétien?

La manifestation des dons spirituels (ou de certains d'entre eux) est aux yeux de plusieurs, un bon critère de spiritualité. "S'il a reçu ce charisme, c'est sûrement qu'il est en communion profonde avec le Seigneur". Les chrétiens de Corinthe attachaient surtout de l'importance au parler en langues: un charisme dont l'origine surnaturelle était évidente et qui les désignaient à leurs yeux comme des chrétiens supérieurs. Pour l'apôtre Paul, le parler en langues est bien un don du Saint-Esprit. Il ne doit donc pas être méprisé, mais il ne justifie aucun sentiment de supériorité. Paul insiste aussi sur le fait que l'Esprit distribue ses dons à chacun en particulier, comme il veut: 1 Cor 12.11). Les dons sont un effet de la libre grâce de Dieu (comme l'indique le terme "charisme") et non une récompense pour une vie spirituelle de qualité supérieure. En outre, ce qui compte, c'est la manière dont on met en oeuvre le don reçu. Il doit servir à l'utilité commune (1 Cor 12.7) et à l'édification de la communauté (1 Cor 14.12). Or, celui qui parle en langue s'édifie lui-même plutôt que l'Eglise. Enfin, l'apôtre nous demande de ne pas mépriser ceux dont les dons sont les moins évidents ou les moins glorieux, mais au contraire de les entourer de plus d'honneur (1 Co12.22-25). Les charismes ne doivent en aucun cas devenir une source de rivalité et de division dans l'Eglise. Celui qui a reçu un don et qui l'exerce pour sa propre gloire ou pour dominer les autres n'est pas spirituel, quel que soit le don qu'il a reçu.

Je pourrais également mentionner parmi les critères de "spiritualité" les connaissances biblique, la bonne doctrine ou la rectitude théologique. Paul nous met en garde contre la connaissance lorsqu'elle devient un motif de s'enorgueillir (1 Co 8.1). Par ailleurs, il ne s'inquiète pas des différences d'opinion qui existent dans l'Eglise sur des questions qui ne sont pas d'importance capitale (Rom 14, Phi 3.15-16). Mais d'autres vérités lui apparaissent tellement essentielles qu'à ses yeux, ceux qui les rejettent ne peuvent être inspirés par le Saint-Esprit. C'est le cas de la confession "Jésus est Seigneur" (1 Cor 12.3; voir aussi 1 Jn 2.22) et de la prédication de l'Evangile du salut par grâce (Gal 1.8-9 et toute l'épître). De son côté, Jean déclare que "tout esprit qui confesse Jésus venu en chair est de Dieu et tout esprit qui ne confesse pas Jésus n'est pas de Dieu" (1 Jn 4.2-3). Mais ces vérités fondamentales ne sont-elles pas ce que croient tous les chrétiens? Leur confession n'est-elle pas demandée à tout baptisé?

Puisque l'emploi de l'adjectif "spirituel", surtout en parlant des chrétiens, se trouve principalement dans la première lettre aux Corinthiens, on me permettra de me référer à cette épître pour essayer de discerner à quoi on peut reconnaître qu'un chrétien est conduit par le Saint-Esprit dans sa marche vers la maturité. Je répète que tous les critères que j'ai mentionnés plus haut donnent des indications utiles, mais relatives, et doivent donc être utilisés avec beaucoup de prudence, surtout s'il s'agit de faire une distinction entre des croyants qui, les uns comme les autres, appartiennent à Jésus-Christ.

L'humilité

On ne peut manquer d'être frappé par l'insistance avec laquelle l'apôtre Paul met ses frères en garde contre la tentation de s'enorgueillir, de se vanter d'être de super-chrétiens (comme les Corinthiens). C'est cette prétention (et certes pas le Saint-Esprit) qui les conduit à proclamer:" Moi, je suis de Paul ou de Pierre, etc."), à quoi Paul répond:"Que personne ne mette sa gloire dans les hommes" (3.21). Son souci, c'est que personne ne puisse s'enorgueillir devant Dieu (1.29). Tous nos dons, tous nos progrès nous les devons à la grâce de Dieu:" Qu'as-tu que tu n'aies reçu? Et si tu l'as reçu, pourquoi te glorifies-tu, comme si tu ne l'avais pas reçu?" (4.7). Dans Ph 3.4-9, l'apôtre explique comment il a lui-même traduit cette découverte de la grâce dans sa propre vie: "Ce qui était pour moi un gain, je l'ai considéré comme une perte à cause du Christ". En cela, il est en plein accord avec le Seigneur Jésus qui a sévèrement averti "ceux qui se persuadent d'être justes et qui méprisent les autres" en affirmant: "Celui qui s'élève sera abaissé et celui qui s'abaisse sera élevé" (Luc18.9-14) et avec d'autres apôtres, comme Jacques et Pierre, qui tous deux citent le proverbe:"Dieu résiste aux orgueilleux et il fait grâce aux humbles" (Jac 4.6, 1 Pi 5.5). Au chapitre 14 de sa lettre aux Romains, Paul pose des questions qui s'adressent aux chrétiens d'aujourd'hui autant qu'à ceux d'autrefois:" Qui es-tu, toi qui juges un serviteurs d'autrui? (v. 4), "Mais toi, pourquoi juges-tu ton frères? ou toi pourquoi méprises-tu ton frère? Nous comparaîtrons-tous devant le tribunal de Dieu." Aux Galates ("Vous qui êtes spirituels"), il écrit:"Si quelqu'un pense être quelque chose, alors qu'il n'est rien, il s'illusionne lui-même. Que chacun examine son oeuvre propre, et alors, il trouvera en lui seul, et non dans les autres, le sujet de se glorifier". "Les autres" sont ceux qui sont surpris en quelque faute et que nous serions donc tenté de qualifier de chrétiens non spirituels.

Tous ces passages nous donnent une des caractéristiques d'une spiritualité authentique: l'humilité, la libération du besoin de nous faire valoir, de nous convaincre de notre propre justice, de notre haute valeur spirituelle, tout spécialement en jugeant les autres pour démontrer notre supériorité. Une phrase de Luther me parait tout à fait pertinente ici, même si on peut la juger excessive:" Le propre de l'homme charnel est de se croire spirituel et de se plaire; le propre de l'homme spirituel est de se croire charnel et de se déplaire". Il va de soi que celui qui a compris que l'orgueil est l'ennemi n° 1 de la vie spirituelle fera preuve de beaucoup d'humilité et de prudence en portant un jugement sur les autres, donc en cherchant à les classer en "charnels" ou "spirituels".

L'amour

Pour l'apôtre Paul, le test de l'authenticité de la foi se trouve moins dans ce qu'on peut appeler la vie religieuse ou la piété que dans le comportement quotidien des croyants. Dans ses exhortations aux chrétiens, il se préoccupe principalement de la manière dont ils vivent concrètement leur foi, non seulement dans l'Eglise, mais dans tous les domaines de la vie et principalement dans les rapports qu'ils ont les uns avec les autres. Une conduite qui bafoue la volonté de Dieu, qui se résume dans le commandement d'aimer, met en question la réalité de la foi de celui qui se comporte ainsi. L'esprit de division des Corinthiens révèle qu'ils sont encore des enfants en Christ (3.1ss); des dérapages de caractère sexuel obligent l'apôtre non seulement à reprendre ses correspondant (ch. 6), mais à prendre des mesures disciplinaires (ch. 5 ), l'égoïsme et le mépris des plus faibles détruisent la communion entre frères (chapitres 8, 10 et 11). Le même accent se retrouve dans les autres épîtres, où les exhortations apostoliques portent surtout sur la mise en pratique de l'amour que le Seigneur a commandé à ses disciples (Rom, chapitres12 à 14, Eph 4.1 à 6.9, Phi 2.1-18, Col, chapitres 3 et 4, etc.). Aux Galates, il rappelle que la vie nouvelle des croyants, la liberté que le Christ leur a accordée se voit à l'amour qu'ils ont les uns pour les autres et par lequel ils se font serviteurs les uns des autres (5.13). C'est en portant le fruit de l'Esprit, qui est l'amour et tout ce que l'amour produit dans une vie, qu'un chrétien témoigne qu'il est bien né de l'Esprit, qu'il est donc spirituel.

Cela correspond parfaitement à l'enseignement du Seigneur Jésus. "C'est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez" (Mat 7.20), "A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples si vous avez de l'amour les uns pour les autres" (Jean 13.35).

L'amour que demande le Seigneur ne peut se limiter à un sentiment, à une vague bienveillance. Il doit se traduire par des actes. L'apôtre Jean le rappelle:"N'aimons pas en parole; ni avec la langue, mais en action et en vérité(1 Jean 3.18). Tout le Nouveau Testament, pour nous aider à comprendre ce qu'aimer veut dire, utilise des verbes actifs: accueillir, servir, pardonner, se soumettre, encourager, supporter, faire du bien, etc.

Le texte sans doute le plus décisif à ce sujet est le chapitre 13 de la première épître aux Corinthiens. C'est en quelque sorte la clef de voûte de toute l'épître. Les chrétiens de Corinthe, enclins à se dire spirituels et fiers de l'être, croyaient pouvoir s'appuyer sur des manifestations spectaculaires de l'Esprit pour étayer leurs prétentions. Paul leur répond que toutes les manifestations qu'on est porté à dire spirituelles n'ont aucune valeur si l'amour n'est pas là. Le don des langues, la connaissance, la prophétie, le dévouement, le martyre même ne valent rien sans amour. L'amour ne se voit pas tant à l'extraordinaire, qu'à l'ordinaire de la vie. En effet, la description de cet amour que fait ensuite l'apôtre s'applique aux relations ordinaires et quotidiennes que l'on peut avoir avec les autres. Cela inclut la patience, l'esprit de service, l'humilité, le désintéressement, la maîtrise de soi, la vérité, le pardon, la confiance, l'espérance.

Voilà ce qui caractérise un chrétien "spirituel".

Dans un langage différent, un petit chœur, inspiré du psaume 15, résume bien l'essentiel de ce qui caractérise le chrétien "spirituel":

Seigneur, qui entrera dans le sanctuaire pour t'adorer?

Celui qui a les mains lavées, le cœur purifié, (voir 1 Co 6.11)

qui n'a pas de vanité (voir 1 Co 1.29)

et qui sait aimer (voir 1 Co 13)



Robert Somerville  

05:30 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans SPIRITUALITÉ | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |