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08/11/2006

Les chrétiens et la Politique.

Nous voudrions bien vivre dans un monde où tout irait bien, où aucun humain n'aurait faim, où chacun serait reconnu et aimé, où il n'y aurait plus d'injustice...C'est un rêve !
Dans le monde, il y a du désordre, de l'injustice, de l'oppression, du mensonge, de la haine, de l'égoïsme. Comment vivre ensemble dans un monde pareil ?
C'est impossible sans la politique. C'est vite fait de se plaindre de la délinquance des jeunes, mais il faut que soient décidées quelque part la mise en place de comités de protection de la jeunesse et la mise à disposition des jeunes de plaines de jeux et de plaines de sport.
Il est facile de dénoncer la minorisation des femmes dans la société, mais il faut un lieu où soient élaborées des lois qui leur permettent d'être des citoyennes à part entière.
Comment obtenir que les poubelles communales passent chaque semaine plutôt qu'une fois tous les quinze jours ?
Qui décidera qu'à tel endroit, il y aura un passage protégé qui évitera des accidents de circulation ?
Pour que les gens puissent vivre ensemble, il faut des institutions, des lois, des décrets, des règlements. Il faut pour cela des hommes et des femmes qui assument un rôle de responsables dans les décisions politiques.
Il faut aussi que l'ensemble des citoyens prennent leurs responsabilités. A eux de formuler des requêtes et des exigences, de stimuler et de critiquer, à eux de rappeler aux détenteurs du pouvoir que la règle suprême, c'est l'homme.
La religion a-t-elle quelque chose à voir avec la politique ? Cette question rappelle de bien mauvais souvenirs. Autrefois, des responsables d'Église intervenaient au moment des élections pour dire aux chrétiens pour quel parti il fallait voter. Parfois, aujourd'hui comme autrefois, ce sont des laïcs engagés dans la politique qui voudraient faire cautionner par les Évêques ou par l'Évangile, leurs options, leurs interventions, leurs décisions.
Ce n'est pas mieux !
Les chrétiens doivent inventer leur politique et agir sous leur propre responsabilité et sur base d'une réflexion sérieuse.
Si nous parlons de relance économique, de politique des revenus, des plans de secteurs, des fusions de communes, de la paix et de la sécurité Européenne, du sous-développement...il est inutile de chercher dans l'Évangile des solutions concrètes.
Cela va de soi !
Pour construire la société, pour l'aménager ou la transformer, il faut s'informer, faire des analyses sérieuses, connaître les hommes, avoir conscience du poids du passé et de contraintes qui ne sont pas toujours logiques et rationnelles.
Il n'y a pas " une " politique qui serait chrétienne à l'exclusion de toutes les autres.
Il n'y a pas " un " type de société qui serait chrétien à l'exclusion de tous les autres.
Il n'y a pas " un " parti, " un " mouvement qui seraient chrétiens à l'exclusion de tous les autres.
La  Foi et l'Évangile ne débouchent de droit dans aucune forme de politique précise.
Et cependant, les chrétiens ne peuvent pas faire n'importe quoi en politique car...
Il y a une pratique chrétienne de la politique.
Un chrétien pouvait-il être hitlérien ou stalinien ?
Un chrétien du Chili pouvait-il adhérer à la politique de Pinochet ?
Un chrétien a-t-il le droit de se taire lorsqu'un pouvoir politique pratique systématiquement la torture ou n'accorde pas à des inculpés le droit d'être défendus normalement par un avocat de leur choix ?
Un chrétien peut-il s'accommoder d'une société ou des situations :
où l'argent a plus d'importance que l'homme ;
où sont rejetés ceux qui ne sont plus ce que la machinerie attend d'eux : être jeune, être homme, être en bonne santé ;
où ceux qui travaillent sont soumis à des cadences ou des conditions de travail inhumaines ;
où les travailleurs ne sont plus que de purs exécutants...ou les victimes de décisions qui sont prises par des responsables inaccessibles, réunis en conseil d'administration, parfois à des milliers de kilomètres de distance !
Il y a beaucoup de situations où se taire c'est prendre parti, où le silence est complicité avec le désordre et l'injustice.
S'il est possible aux chrétiens de s'exprimer à travers des choix politiques différents, aucun chrétien ne peut, sans trahir sa Foi, agir à l'encontre d'exigences qui découlent en droite ligne de l'Évangile du Christ auquel il prétend adhérer.
Il n'est pas possible d'être chrétien si l'on ne cherche pas à rencontrer Jésus-Christ.
Il n'est pas possible d'être chrétien sans aimer ses frères, sans s'ouvrir au monde. Il est impossible de faire l'expérience de Dieu sans entrer en relation de solidarité et d'amour avec les autres.
Il n'est pas possible non plus d'être chrétien sans vivre la dimension politique de la Foi. Le message évangélique comporte une portée politique.
L'amour du prochain a quelque chose à voir avec l'organisation de la société.
Il est essentiel à la foi chrétienne, et donc à l'Église, de dénoncer les injustices, de promouvoir partout dans le monde la vérité, la justice, le sens de la solidarité humaine et de la responsabilité sociale.
Adhérer à l'Évangile, c'est croire que la Foi est, pour les hommes d'aujourd'hui, une Bonne Nouvelle libératrice, une force qui mobilise les énergies, en vue de supprimer tout ce qui, dans notre société d'aujourd'hui, empêche l'homme de grandir en conscience, en liberté, en responsabilité.
Il y a espoir si, ensemble, nous refusons de nous laisser intoxiquer par la crise et si nous nous mettons à l'oeuvre pour bâtir une société où le plus de gens possible seront en mesure d'exercer leur compétence, leur liberté, leur responsabilité, dans les domaines essentiels de la Vie.
N'oubliez pas le fameux adage : " si je ne m'occupe pas de politique c'est la politique qui s'occupe de moi ".
L'expression de la Foi en actes commence dès maintenant...
Bruno LEROY.

09:30 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CHRONIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite, politique |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

07/11/2006

La Parole de Vie est venue nous libérer.

L’instant est solennel et dramatique. « De grandes foules » suivent Jésus ; elles adoptent le comportement du disciple, mais le sont-elles vraiment ? Notre-Seigneur ne cherche pas à faire du nombre ni à susciter un mouvement de masse. Il est venu pour annoncer le Royaume et inviter à la conversion. Or celle-ci implique un acte de rupture, car son Royaume n’est pas de ce monde. Pour acquérir la perle de grand prix, il faut vendre toutes les autres ; pour renaître d’eau et d’esprit, il faut rompre les liens de la chair. L’expression utilisée par Jésus, et que la traduction liturgique a rendu par la parole « préférer », est en fait beaucoup plus forte : « Si quelqu’un vient à moi sans haïr son père et sa mère,… il ne peut être mon disciple ». Le terme ne doit cependant pas tromper : Jésus a prêché l’amour et non la haine. Mais en araméen comme en hébreu, il n’y a pas d’intermédiaire entre aimer et haïr. « Venir à Jésus » implique l’aimer, « de tout notre cœur, de toute notre âme, de toute notre force » (Mc 12, 33) ; et un tel attachement suppose de renoncer à tout autre lien affectif qui risquerait d’entrer en concurrence avec ce choix exclusif. C’est cette radicalité que veut exprimer le terme « haïr », qui souligne la rupture - la déchirure même - à laquelle doit consentir celui qui prétend devenir disciple.
Cette rupture n’épargne pas les relations les plus intimes et atteint le disciple jusqu’au cœur de son être, puisqu’il est même invité à renoncer à l’attachement le plus naturel, le plus spontané, le plus instinctif qui soit : l’attachement à sa propre vie. On ne peut dire plus clairement que l’option pour Jésus n’est pas seulement préférentielle : elle est exclusive ; elle est de l’ordre de la reddition, mais en toute liberté ; elle est comparable à un holocauste, mais un holocauste d’amour, à l’image du sacrifice auquel Notre-Seigneur le premier a consenti pour nous.
Depuis que le péché est entré dans le monde, la croix est plantée dans chacune de nos vies : inutile de la fuir, elle nous rattraperait toujours. Mais depuis que Jésus l’a délibérément assumée par solidarité avec notre humanité meurtrie, elle est devenu le lieu de la révélation de « l’amour fou » de Dieu pour nous. Tout comme Jésus a pu dire : « Le Père m’aime parce que je donne ma vie, pour la reprendre ensuite. Personne n’a pu me l’enlever : je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner et le pouvoir de la reprendre : voilà le commandement que j’ai reçu de mon Père » (Jn 10, 17-18), ainsi nous aussi nous sommes invités à faire de chacune de nos souffrances et finalement de notre mort elle-même, un sacrifice de louange, une offrande d’amour. Tout cela bien sûr dans l’obéissance de la foi en la Parole de Notre-Seigneur qui nous invite à « porter notre croix » pour marcher derrière lui sur le chemin de la vie.
En s’attachant à nous au point de partager notre condition humaine jusque dans la mort, Jésus a acquis le pouvoir de nous introduire dans sa vie. Mais nous ne participons à sa victoire que dans la mesure où à notre tour nous nous attachons à lui de manière radicale, au point de nous identifier à lui comme il s’est identifié à nous. Ce qui est en jeu, c’est la réciprocité de l’amour. C’est bien pourquoi Notre-Seigneur nous invite à prendre la mesure de l’exigence afin que nous ne nous engagions pas à la légère. Il serait vain en effet de se mettre en route à la suite de Jésus en prétendant garder une libre disposition de soi dans un domaine particulier : « celui qui ne renonce pas à tous ses biens » n’a rien donné, et « ne peut pas être mon disciple », car c’est d’une nouvelle naissance qu’il s’agit, et on ne coud pas une nouvelle pièce de tissu sur un vieux vêtement, pas plus qu’on ne met du vin nouveau dans de vieilles outres.
L’exigence du Seigneur n’a somme toute qu’un seul but : nous libérer de nos multiples aliénations, qui depuis le péché, nous empêchent d’aimer. Même nos relations les plus naturelles sont entachées de convoitise. Seul celui qui accepte la catharsis de ses affections désordonnées, peut entrer dans la vraie liberté, et participer à la construction du Royaume - symbolisé par la tour – en emportant la victoire sur l’Ennemi. Qu’importe que nous ne soyons qu’une poignée pour affronter un adversaire bien plus nombreux ? N’est-ce pas le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs qui combat pour nous et en nous ? « Le Seigneur est ma lumière et mon salut, de qui aurais-je peur ? Le Seigneur est le rempart de ma vie, devant qui tremblerais-je ? » (Ps 26 [27]). Tous les saints en sont un vivant témoignage : c’est parce qu’ils ont tout donné et se sont livrés sans réserve à leur Seigneur, que celui-ci a pu déployer dans leur vie toute sa puissance, leur rendant dès ici-bas et au centuple, ce à quoi ils avaient renoncé par amour pour lui.
« Travaillons donc à notre salut dans la crainte de Dieu et en tremblant » (1ère lect.). Demandons-lui de nous révéler tous les attachements qui nous empêchent d’être tout à lui et font obstacle à l’actualisation de sa victoire dans nos vies. Et lorsque nous en aurons pris conscience, supplions-le de nous donner la force d’y renoncer, de nous convertir une fois pour toutes, afin qu’étant tout à lui, nous soyons dignes de porter le nom de « disciples ». Alors nous serons « des enfants de Dieu sans tache au milieu d’une génération égarée et pervertie où nous brillerons comme les astres dans l’univers, en tenant fermement la Parole de Vie » (Ibid.).

« Eternel Seigneur de toutes choses, je fais mon offrande, avec votre faveur et votre aide, devant votre infinie Bonté et devant votre Mère glorieuse et tous les saints et saintes de la cour céleste. Je veux et je désire, et c’est ma détermination réfléchie, pourvu que ce soit votre plus grand service et votre plus grande louange, vous imiter en endurant toutes les injustices et tous les mépris, et toute pauvreté, aussi bien effective que spirituelle, si votre très sainte Majesté veut me choisir et m’admettre à cette vie et à cet état » (Acte d’offrande de Saint Ignace de Loyola).


Père Joseph-Marie

22:07 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

RÉVOLUTION SPIRITUELLE.

 Fini le temps des religions et des croyances imposées. Sous l’effet de l’individualisme et de la globalisation, la quête existentielle s’exprime aujourd’hui par un métissage de pratiques et de croyances. Nous sommes entrés dans l’ère du «bricolage spirituel».

Peut-on vivre sans croire ? A l’évidence, non ! Le besoin de croire est sinon inné, du moins naturel et totalement indispensable. Il s’inscrit au cœur de notre vie. Car comment vivre pleinement si l’on ne croit pas en soi? En témoignent les souffrances de tous ceux qui rencontrent des difficultés à s’affirmer, qui ne croient pas en eux, dans leurs capacités à réaliser les actes, petits et grands, de leur vie.

Comment, par ailleurs, vivre en société si l’on ne croit pas –même un tout petit peu– dans les autres ? Ainsi, faire confiance constitue l’un des fondements de nos sociétés. C’est sur la croyance en l’autre que reposent le couple et la plupart des échanges que nous entretenons dans nos relations personnelles et professionnelles. Enfin, la question de la croyance se pose de manière constante par rapport au sens que nous donnons à notre vie. C’est la croyance transcendantale qui nous permet d’affronter, à défaut de les résoudre, toutes les grandes questions de l’existence.

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19:52 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

NOTRE PERCEPTION DE DIEU.

Il existe chez les individus que nous sommes, cinq perceptions fondamentales sur notre approche de Dieu.
Nous pourrions penser que ces représentations n'ont aucunes importances dans ce qui détermine notre personnalité. Rien de plus inexact. Que nous soyons athées militant ou chrétien ( ne ) convaincus tous ces paradigmes influencent nos comportements quotidiens.
Quelle est donc votre perception spirituelle de la Vie ?
Bruno LEROY.

 1 ) Dieu : une dangereuse illusion

Pour vous, Dieu est avant tout une projection de l'homme, de ses désirs, de ses peurs, de ses besoins les plus archaïques. Les religions ne vous inspirent guère confiance car l'histoire passée et récente témoigne de toutes les violences qui ont été commises en son nom. Elles ont, à vos yeux, surtout été une source d'asservissement et de domination en inculquant aux hommes la peur, la culpabilité, les dogmes... Pour devenir adulte et prendre leur vie en main, les hommes doivent s'affranchir de ce carcan étouffant. Ses biens (santé, développement personnel, économique et social), l'homme doit les attendre de lui-même et non plus d'une prétendue force supérieure. L'homme doit conquérir sa liberté par son intelligence, indépendamment de tous les pouvoirs, notamment spirituels, qui cherchent à l'encadrer et à l'infantiliser en lui expliquant qu'il ne peut rien faire de lui-même. Vous vous retrouvez bien dans la phrase du philosophe Jean-Paul Sartre qui affirme : " Ou bien Dieu existe et l'homme n'est rien ; ou bien l'homme existe...". Les croyants ? Ils sont au mieux de gentils naïfs qui sont persuadés que Dieu est bon alors qu'il suffit de contempler le monde pour se convaincre du contraire (catastrophes, famines, violences, misère, etc.). Car si Dieu existe, il est alors le grand absent ! Les croyants sont au pire des fanatiques, persuadés de tenir une vérité qu'ils veulent imposer à tous. Pour vous, le monde n'est gouverné que par le hasard et la nécessité. La grandeur de l'homme consiste à lutter et conquérir sa place par ses propres forces.

Pour aller plus loin :


On peut affirmer ensemble que, d'une certaine façon, Dieu est absent de ce monde. Comme le dit le prophète Isaïe (45, 15) : " En vérité tu es un dieu qui se cache, Dieu d'Israël, sauveur. " Dieu n'est pas cette divinité qui pense et programme dans son bureau céleste ce qui doit guider nos vies concrètes. Le monde et les événements qui s'y déroulent sont autonomes : ils résultent du seul jeu des forces en présence : les forces physiques obéissent à leurs lois propres, les forces libres à leurs projets. Le monde est un champ de combat et d'aventure pour l'homme. Poussé par son appétit de vivre et d'être heureux, il doit apprendre à découvrir, à connaître et à maîtriser les forces, intérieures et extérieures, qui le conditionnent. Le Dieu créateur a créé pour faire exister, laisser exister et livrer à l'existence. Et il n'intervient pas pour empêcher des événements, ni pour réparer les conséquences nuisibles de ceux-ci. La seule exception est l'intervention de Dieu en Jésus Christ, qui est la présence de Dieu dans le monde, l'Emmanuel (" Dieu avec nous "). En Jésus Christ, l'homme trouve un allié, une puissance de vie en sa faveur qui l'aide, de l'intérieur, à donner sens à son existence. Si Dieu est " proche " (Marc 1, 15), sa présence ne s'impose pas : elle doit toujours être recherchée, accueillie, fréquentée. En cela, ce Dieu ne peut pas être une création humaine : l'homme n'inventerait pas un Dieu " absent " du monde !


2) Dieu, ce juge implacable dont il faut apaiser la colère

Vous êtes marqué par l'image d'un Dieu au jugement implacable. Cette figure suscite, au fond de vous, la peur de mal faire et la culpabilité de ne pas être à la hauteur des attentes de Dieu. Vous essayez de respecter la loi de Dieu et d'agir en conformité avec les valeurs et la morale évangélique : faire le bien autour de soi, être attentionné, mener une vie digne et droite, autant que possible. Vous vous investissez dans une pratique religieuse régulière et variée (messe, pèlerinage, jeûne, aumône, etc.). Mais le plus difficile à accepter, pour vous, c'est d'avoir le sentiment de ne jamais progresser vraiment, de retomber souvent dans les mêmes ornières. Avec le temps, vous avez l'angoissante impression que tout ce que vous pourrez faire de bien et de bon ne sera jamais suffisant pour vous racheter aux yeux de Dieu et vous assurer ainsi votre salut A la messe, vous vous reconnaissez particulièrement dans la première partie de cette phrase : " Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir mais dis seulement une parole et je serai sauvé ". Cette conscience aigüe de la puissance du péché, de la crainte de la condamnation, vous mine et vous angoisse. Même quand le bonheur vient, vous craignez qu'il ne dure pas car, pensez-vous, toutes les bonnes choses ont une fin et tout se paye... Même si vous y croyez profondément, vous avez du mal à percevoir, dans votre vie, la réalité et les effets de cette Bonne Nouvelle dont vous entendez si souvent parler à l'église mais qui vous semble aujourd'hui encore si lointaine.

Pour aller plus loin :


S'il fallait décrire le système religieux dans lequel vous vous trouvez, on pourrait le décrire comme une tentative d'arracher à Dieu une réaction favorable grâce à une observation de la loi et la pratique des bonnes œuvres. La limite ? On se rend vite compte que le respect le plus strict du code de la route divin ne suffit ni à compenser le péché, dans lequel on finit souvent par retomber, ni à obtenir une attitude favorable du juge : quoi que nous fassions, nous restons toujours des débiteurs insolvables... Il peut être bon de remonter à la source : d'où vous vient cette image de Dieu ? Qui vous a présenté Dieu ainsi ? Avez-vous déjà entendu d'autres manières de parler de Dieu ? Comment faites-vous coïncider cette image avec celle du Dieu que nous révèle Jésus Christ dans les Évangiles : celui qui accueille tout le monde sans exception ? Avec le Christ, on sort enfin du régime de la peur et de la sanction pour entrer dans celui du don gratuit. Saint Paul rappelle : " Il n'y a donc plus maintenant de condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus. La loi de l'Esprit qui donne la vie dans le Christ Jésus t'a affranchi de la loi du péché et de la mort. " Autrement dit, vous n'avez plus d'effort ou de sacrifices à fournir pour " gagner " votre salut : le fait d'être un débiteur insolvable n'est pas un obstacle pour Dieu. Il n'y a pas d'addition à payer ou de ticket de péage ! Le salut est offert gratuitement, sans contre partie d'aucune sorte ! On est loin de la mentalité comptable humaine. L'amour de Dieu ne varie pas en fonction de nos mérites ou de nos péchés. Il nous aime tel que nous sommes (et c'est ce que nous avons tant de mal à croire !). La question qui vous est aujourd'hui posée est la suivante : acceptez-vous d'être sauvé par Dieu malgré vos manquements, vos péchés, vos faiblesses ? Acceptez-vous d'être accepté, aimé de Dieu dès maintenant tel que vous êtes, sans n'avoir rien d'autre à répondre que oui ?


3) Dieu, ce roi tout-puissant dont il faut s’attirer les faveurs

Vous voyez en Dieu une puissance supérieure dont il faut observer la Loi et les commandements pour bénéficier, par un juste retour des choses, de sa bienveillance et de sa prodigalité. Vous êtes attaché au respect des rites religieux, qui doivent témoigner du mystère, de la beauté et de la majesté de Dieu qu'on a parfois un peu trop présenté comme un simple " copain "... Vous aimez recourir aux formes traditionnelles de prière, qui ont traversé les siècles : chapelet, pèlerinage, neuvaine. D'ailleurs, vous n'hésitez jamais à faire appel aux saints du Ciel pour leur confier vos soucis quotidiens (travail, santé, etc.). Vous insistez également sur les préceptes moraux, qui forment comme une sorte de code de la route et une colonne vertébrale pour le croyant. Ces valeurs, regrettez-vous, sont malheureusement de moins en moins respectées de nos jours, C'est en effet une chance offerte aux hommes que de recevoir ces vérités clairement définies qui permettent de s'orienter dans la vie, sans craindre de s'égarer. Vous avez également à cœur de transmettre aux plus jeunes ce trésor que vous avez reçu de vos aînés. A une époque qui semble avoir perdu le sens de la responsabilité, vous vous devez de rappeler également qu'on ne peut enfreindre les règlements de Dieu sans encourir sa légitime colère. Un automobiliste qui ne respecte pas le code de la route ne peut pas se plaindre de provoquer un accident !

Pour aller plus loin :


Face à un Dieu si grand qui se révèle dans toute sa force et sa puissance, comment subsister sans craindre d'être écrasé ? Pour approcher Dieu et entrer en relation avec lui, le peuple des croyants a tout d'abord reçu le don de la Loi. Dans son long apprentissage, retracé dans la Bible, le peuple de Dieu a ensuite de mieux en mieux compris qui était Dieu. Par sa venue, Jésus Christ a révélé que Dieu n'est pas une puissance contre l'homme mais en faveur de l'homme : c'est une puissance amie. Les relations entre Dieu et l'homme ne doivent pas être modelées sur le rapport fort contre faible, qui caractérise les rapports humains. Plus besoin, donc, de chercher des moyens de se faire valoir devant lui. L'heure des bilans et des comptes est définitivement close par Jésus Christ qui, par sa mort et sa résurrection, est venu apporter le pardon et la rémission des péchés. Il n'y a plus à s'angoisser - et à s'épuiser - pour savoir si nos œuvres et nos mérites pèsent suffisamment lourd dans la balance divine. Sous ce nouveau régime de gratuité, le désir de mettre la puissance divine au service de nos intérêts par le biais du rite accompli efficacement devient sans objet. La question vitale n'est plus " Suis-je en règle ? " mais " Est-ce que j'accepte d'être aujourd'hui aimé et sauvé par Dieu, malgré mes péchés ? " Un " oui " suffit. A travers cet accueil du salut offert gratuitement, l'homme prolonge vers les autres ce qu'il reçoit de Dieu. Il ouvre aux autres le même espace de vie que Dieu lui a ouvert. Le libéré devient libérateur.


4) Ce Dieu providence qui gouverne le monde

Vous êtes sensible à l'image d'un Dieu providence, c'est-à-dire d'une puissance supérieure qui gouverne le monde et veille sur le destin personnel de chacun. Pour vous, Dieu intervient dans le cours de l'histoire pour l'orienter dans la direction que sa sagesse inépuisable a prévu de toute éternité. Son instrument d'action privilégié, ce sont les événements : une rencontre, une coïncidence, un contretemps, un accident, une circonstance imprévue... Tout est voulu et prévu par Dieu car il est au-dessus du temps. L'Homme, quant à lui, connaît peu son passé, ignore son avenir et perçoit à peine le présent. Il n'a pas la force ni les moyens suffisants pour mener ses projets à bien... Pour trouver la voie du salut, il doit accepter de devenir l'instrument de Dieu, en discernant dans les événements le plan que Dieu a prévu pour lui. Chaque événement est une sorte d'indice qui lui permet d'accéder à l'étape suivante du plan divin. S'il refuse de se soumettre à la volonté de Dieu sur lui, il devient l'artisan de son propre malheur... Le Mal, qui reste un mystère, a été permis par Dieu pour une raison que nous ignorons et que Dieu seul connaît. Parfois, les épreuves que nous traversons sont permises en vue d'une croissance et d'un bien que nous découvrons souvent plus tard. Nous sommes et restons toujours dans la main de Dieu. Ce n'est qu'après notre mort que nous pourrons contempler l'endroit de la tapisserie et en comprendre le motif.

Pour aller plus loin :


Dieu est bien une providence mais une providence d'inspiration pour l'homme, au sens où il invite celui-ci à faire face à l'événement, à ne pas le subir, à lui donner sens. C'est dans la Parole de Dieu et dans les sacrements, entre autres, que l'Homme reçoit et puise la force et le discernement pour agir de manière libre et autonome. La grâce de Dieu, offerte à tous les hommes sans exception, les motive et les rend désireux et capables d'agir sur les événements de leur vie, même les plus tragiques. Le croyant agit sur la situation pour la transformer de telle manière que les personnes qui y sont impliquées puissent s'épanouir dans leur existence. Dieu n'est donc pas dans l'événement lui-même, il est proche de l'homme confronté à l'événement. Quand il crée les réalités du monde, il les fait et les laisse exister selon leurs lois propres. Le lieu de son intervention se situe dans le cœur de l'Homme. Il est " Emmanuel " (c'est-à-dire " Dieu avec nous "). Il n'a pas de plan préétabli pour chacun sinon celui de faire exister l'homme toujours davantage, de le libérer de tout ce qui l'entrave, pour l'unir à lui et aux autres hommes. Dieu ne voit donc pas en nous ses " instruments " mais au contraire ses " amis " à qui il ne cache rien (Cf. Jean 15, 15). C'est par nos mains, notre bouche, nos yeux, notre manière d'être que Dieu prend corps dans le monde et le transforme. Dieu attire chacun au cœur de sa liberté ; il est proche mais ne s'impose pas. Dieu est un " Dieu qui se cache " (Isaïe 45, 15) dont la présence doit être recherchée, accueillie et fréquentée.


5) Dieu, le Tout-Autre qui libère et fait vivre

Vous avez découvert l'image d'un Dieu à la fois Tout-Autre et tout proche. Cette découverte ne s'est pas faite en un jour. Elle est le résultat d'un long cheminement au cours duquel vous avez peut être démasqué d'autres images de Dieu : l'image du juge intraitable qui ne veut pas le bonheur de l'homme, celle d'une providence omnisciente qui télécommande les événements au mépris de la liberté humaine, ce puissant dont il faut s'attirer les faveurs pour rester en vie... Désormais, vous l'avez compris, le but n'est pas d'abord de produire des œuvres, aussi bonnes soient-elles, mais d'accueillir la révélation d'un Dieu proche pour se laisser revivifier. Le passé, avec son poids de blessures et de péchés, n'est plus une entrave à l'avenir car vous vous savez désormais aimé et sauvé malgré tout. Cette certitude ne vous empêche pas de garder les pieds sur terre : la foi connaît l'assurance mais non la sécurité. Elle n'est jamais une assurance contre les accidents de la vie ! Cela ne vous inquiète pas outre mesure : quoi qu'il advienne, quelle que soit votre vulnérabilité, Dieu est avec vous, il est pour vous force et tendresse. Conscient de ce que vous avez reçu gratuitement, vous êtes habité par le désir d'ouvrir aux autres l'espace de vie que Dieu vous a ouvert. Vous avez à cœur de prolonger cette tendresse vers votre prochain, c'est-à-dire celui dont vous vous approchez.

Pour aller plus loin :


Vous savez d'expérience qu'on ne devient pas croyant une fois pour toutes. Nous n'avons jamais fini de nous convertir en déboulonnant les images fausses de Dieu. Ce n'est pas la même chose de " croire à Dieu " que de " croire en Dieu ". Dans le premier cas, il s'agit d'une croyance intellectuelle à un concept, une idée plus ou moins précise, qui n'engage à rien sur le plan personnel. Dans le second cas, on est dans le domaine de la relation, d'une confiance accordée à quelqu'un qui ouvre sur l'amour et l'espérance. Comme le résumait le titre d'un livre du dominicain Bernard Bro, qui jouait sur les mots : " La foi ce n'est pas ce que vous pensez ". Cette relation de confiance est un appui à rechercher sans cesse surtout lorsque nous sommes confrontés à des événements douloureux : Dieu n'est jamais du côté de ce qui nous accable. Il est une puissance de vie qui nous pousse à ne pas subir l'événement mais à lui donner du sens en le transformant de telle sorte que les personnes impliquées puissent épanouir leur existence malgré tout. L'Emmanuel (" Dieu avec nous ") nous assure, en toutes circonstances, de son Esprit qui produit " amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi " (Galates 5, 22). Providence d'inspiration, il nous invite à accueillir, à sentir, à goûter la vie de Dieu dans le silence de la prière, nous rendant ainsi désireux et capable d'agir. Tout croyant est appelé à donner corps à ce Dieu qui se donne. C'est par nos mains et notre visage que Dieu s'incarne dans le monde afin de devenir providence les uns pour les autres.


19:36 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans SOCIOLOGIE. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

06/11/2006

Chanson Cri.

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Je veux que ma chanson soit comme un cri d'alarme
Entre un air à la mode et un chanteur de charme
Et même si je ne chante pas assez fort
Qu'on veuille m’écouter trois minutes encore

Quand on entend parler des femmes que l'on viole
Pour beaucoup d'entre nous ça reste des paroles
On discute on s'indigne on ferme le journal
Puis on finit par trouver ça presque normal

Hier j'ai rencontré une de ces victimes
Pour la police c'est affaire de routine
Et pour les autres ce n'est guère qu'une histoire
Moi j'ai vu la détresse au fond de son regard

J'ai lavé son corps couvert de sperme et de sang
L'individu était presque un adolescent
Très vite il a fait ça sans amour ni plaisir
Il paraît qu'il a pleuré avant de s'enfuir

Mon Dieu qu'avons-nous fait pour en arriver là
Que faut-il faire pour arrêter tout cela
Ma tête se révolte et mon cœur est meurtri
Et j'ai eu mal pour elle et j'ai honte pour lui

Mais qui d'entre nous n'a jamais violé quelqu'un
Pour ne parler que de ces petits viols mesquins
Qui font partie de notre vie de tous les jours
Et abreuvant de larmes notre soif d'amour

La puissance l'argent la force et le mépris
L’autorité du père et celle du mari
La rigueur imbécile des fauteurs de l'ordre
Qui créaient les enragés qu'il empêche de mordre

Car ce sont nos enfants qu'on appelle la pègre
Gauchistes blousons noirs drogués et autres nègres
Tous ceux qui pour survivre cherchent à rêver
Ceux qui cherchent la plage au-dessous des pavés

Et si je viens chanter à la télévision
Dans le cadre établi de la consommation
Avec l'approbation du prince et de la cour
Ne va pas croire que c'est pour faire un discours

Ce n'est pas non plus pour te convaincre ou te plaire
Ou chanter les idées qui sont déjà dans l'air
Mais c'est pour demander un aujourd'hui meilleur
En faisant simplement mon métier de chanteur

Je dis que le bateau prend l'eau de tout coté
Il est temps qu'on essaye de le colmater
Victime ou criminel les deux sont concernés
Et s'il y a un coupable on est tous condamnés.

Georges Moustaki.

20:45 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans POÉSIE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite, poesie, poeme |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

05/11/2006

La liberté dans la foi.


une nouveauté « qui vaut le détour »

 La liberté dans la foi : Le temps est venu, pour tous les croyants et croyantes, de vivre ce bonheur et d’assumer cette responsabilité, voilà le titre du dernier volume de Jean-Paul Lefebvre, un des co-fondateurs du Réseau Culture et Foi.

La nouveauté tient au fait que ce livre, publié sur internet en trois formats (html, word et pdf), devient accessible à toute personne qui désire en faire la lecture ou même l’imprimer pour le distribuer ou le travailler en équipes...   En voici l’adresse internet : www.lalibertedanslafoi.org.  Allez-y jeter un coup d’œil, vous ne le regretterez pas.

Jean-Paul Lefebvre est un homme de foi, un homme d’Église. Il a mal à l’âme en voyant les sentiers tortueux qu’elle emprunte ces derniers temps.  La centralisation à outrance, l’émasculation des Églises locales et des conférences épiscopales, les énoncés inopportuns sur la moralité conjugale et plusieurs autres sujets sont traités avec beaucoup d’amour pour son Église et beaucoup de peine parce qu’il la voit dépérir.

À ses réactions personnelles, Jean-Paul Lefebvre ajoute des commentaires et confidences  de personnes bien au fait de la vie ecclésiale tels l’évêque brésilien dom Pedro Casaldáliga, Ivone Gebara, théologienne du Brésil, tels ses bons amis au Québec: Mgr Valois, évêque de St-Jérôme, Jacques Grand’Maison, théologien et sociologue, le curé Gabriel Gingras, Rémi Parent, théologien, Roland Leclerc, communicateur très populaire du Jour du Seigneur, les théologiennes Lise Baroni et Marie Gratton, Léo Dorais... Tous ces témoignages, parfois très émouvants, offrent beaucoup à notre réflexion…

Nous vous invitons cordialement à lire ces pages, à les faire connaître autour de vous…

Jean Trudeau

19:15 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans COMBAT SPIRITUEL. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

Accepter de donner sans recevoir.

« Jésus était entré chez un chef des pharisiens pour y prendre son repas ». Pour le remercier de son hospitalité, Jésus lui apprend à aller plus loin dans la vérité des relations sociales, à entrer véritablement dans les relations fraternelles. Profitons de la leçon nous aussi…

Inviter Jésus à sa table peut en effet ne pas être désintéressé. Il y a beaucoup à y gagner. On gagne d’abord en considération car celui qui reçoit quelqu’un d’important doit considérer qu’il est lui-même important. A cette occasion, il faut aussi donner à Jésus la meilleure place, il faut donc le placer à côté de son hôte. Voilà une façon d’obliger Jésus à être à côté de soi. Et bien d’autres choses encore que les conventions sociales demandent et qui nous arrangent.

Jésus ne dénonce pas ces habitudes, il nous invite à en prendre de nouvelles. Il le fait en donnant une béatitude, c'est-à-dire en décrivant une situation paradoxale, désagréable ou insupportable aux yeux du monde, mais qu’il déclare heureuse, réjouissante, parce qu’elle assure le vrai bonheur.

Ainsi, nous dit-il, « n'invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni de riches voisins ; sinon, eux aussi t'inviteraient en retour ». C'est-à-dire, les conventions sociales sont telles, qu’on finit par ne plus être capable de savoir si l’invitation veut honorer quelqu’un ou flatter celui qui invite. En vérité, notre désir d’avoir, notre désir de reconnaissance sont tels qu’il nous est impossible de formuler une invitation vraiment gratuitement. Cela vaut d’ailleurs pour tout ce que nous entreprenons. Quand nous décidons d’agir de telle manière que Dieu sois content de nous, nous le faisons souvent pour nous, pour la joie d’être bien vu du Seigneur.

Le meilleur moyen de dépasser cette difficulté, Jésus nous le donne : nous mettre volontairement en situation de totale gratuité. Par exemple, inviter à dîner quelqu’un qui ne pourra pas nous le rendre. Alors, nous dit Jésus, « tu seras heureux ». C’est une porte d’entrée dans le Royaume.

En effet, en nous occupant des petits et faibles, nous plaisons nécessairement à Dieu car il se soucie d’abord de ces frères-là. Alors, Dieu, qui ne se laisse jamais vaincre en générosité, contracte envers nous une dette de reconnaissance. Et nous serons heureux, car la récompense qu’il accorde, c’est sa vie donnée en partage. En outre, agir de la sorte nous prémunit contre les séductions de la vie sociale en nous maintenant dans la justice, dans la vérité de nos relations, c'est-à-dire comme prenant leur source en Dieu.

Enfin, ces comportements ouvrent notre cœur. Bientôt en effet notre regard pour ces frères estropiés et boiteux change, et nous découvrons à quel point nous leur ressemblons. Nous réalisons que nous sommes l’un d’entre eux. Leur bonheur d’être ainsi comblé gratuitement nous attire. Car nous cherchons de tout notre cœur la grâce d’être invité gratuitement à un banquet où on n’exige rien de nous sinon d’être là ; où on n’attend rien de nous, sinon d’accueillir le don qui nous est fait.

Voilà le chemin que Jésus nous ouvre. Comme il faut plus d’humilité pour accepter de l’aide que pour en donner, commençons bien vite à suivre la recommandation de Jésus. Nous entrerons alors peu à peu dans l’esprit d’enfance. Nous connaîtrons la joie qu’il y a à donner et à recevoir sans rien attendre en retour. Nous découvrirons la gratuité de l’amour. Nous connaîtrons enfin ce que notre Père des Cieux appelle être heureux avec lui et en lui.


Frère Dominique

18:47 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

L'avortement cette blessure cachée.

L'avortement, tout le monde en convient, est un échec ; il s'oppose au développement d'un être humain autonome déjà en gestation. Personne ne demande ou ne pratique un avortement de gaieté de coeur. L'embryon n'est pas un appendice du corps de la femme qui le porte; il est autre. Enlever une tumeur, extraire une dent ou amputer d'un membre n'est pas une opération du même ordre que l'avortement. Quelles que soient les conceptions morales et religieuses, il y a un large consensus sur ce point : l'avortement fait obstacle au développement d'une vie autonome.

Par respect de la vie, il convient donc de mener à tout prix une politique globale qui empêche qu'on arrive à des situations où l'avortement apparaît comme la seule issue possible. La société, en effet, ne peut se résoudre à récuser l'appel de la vie qui la traverse et vient d'au-delà d'elle même.

Le problème est celui d'une responsabilité collective. Il ne concerne pas uniquement l'homme et la femme qui ont conçu un enfant sans l'avoir désiré. Ceux-ci n'ont pas un droit de vie et de mort sur l'enfant selon qu'ils le désirent ou non. Un enfant conçu non désiré par les parents peut et doit être désiré par la société; celle-ci, par une politique d'aide vigoureuse aux parents en difficulté, doit suppléer à leur manque de désir d'enfant et leur assurer les conditions pour que l'enfant conçu puisse être accueilli.

La prise en compte de l'exigence du respect de la vie par les parents et par la société tout entière implique un certain nombre de mesures : l'édification de centres d'accueil et d'aide aux personnes connaissant une grossesse non désirée ; une information sur les techniques contraceptives pour les couples et surtout pour les jeunes qui éprouvent leurs premiers émois ; une aide et une reconnaissance sociale des mamans célibataires ; une facilitation des procédures d'adoption, une politique d'aide à la famille de telle sorte que les foyers disposent des conditions matérielles pour accueillir une grossesse ; un aménagement global de la société de telle sorte que le rythme de travail et la recherche du bien-être ne deviennent pas une entrave au désir et à l'accueil d'enfants.

L'idée de cet article m'est venue à la suite d'une rencontre éducative avec une jeune fille paroxystiquement angoissée à la perspective inéluctable d'avorter du foetus qu'elle porte en elle car, le garçon qui prétendait l'aimer est parti lorsqu'il a appris qu'elle était enceinte. Cette jeune fille risque de rester meurtrie toute sa vie si des personnes compétentes et aimantes ne la suivent pas jusqu'au bout de cette tragédie. J'ai décidé de l'accompagner aussi longtemps que faire se peut sur ce chemin rocailleux. Nos jeunes ont des relations sexuelles de plus en plus précoces et il faudrait que les adultes révèlent le mystère sublime de l'acte d'amour qui est communion des corps et non, une simple recherche de plaisir sans signification. Il nous faut redonner à l'Amour le sens mystique et merveilleux qu'il porte en sa quintessence. C'est une écologie quotidienne que nous devons mettre en place afin que chacun reconsidère la Vie comme un art avec l'esthétique que cela comporte dans chaque geste effectué avec une tendresse profonde qui révèle toute la symbolique de l'existence. Cette jeune fille n'a que treize ans et c'est à nous de lui faire comprendre que l'acte demandé de se faire avorter n'est nullement sa mort définitive dans cette société qui devrait agir politiquement et humainement afin que de telles histoires aux larmes de sang, ne se produisent plus.

Puissions-nous aider nos jeunes à aimer la vie et ses subtils parfums afin qu'ils habitent harmonieusement leur propre corps et ne le l'évalue point tel un gadget sans limites. Devenons des combattants de la Vie; elle est si belle à contempler chaque matin quand le soleil se lève sur le jour éveillé. Oui, la Vie est une mirifique aventure et la liberté est un projet de chaque instant à construire pour devenir acteur de son destin et non esclave d'une existence qui ne signifie plus rien. Les adultes doivent être les passeurs qui permettent à chaque individu de mesurer sa propre liberté en vue de ne pas être constamment sous la tutelle de sentiments aliénants. Le bonheur des autres est aussi notre bonheur sans cela, la vie n'aurait aucune saveur.
 

Bruno LEROY.

18:38 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CHRONIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite, politique |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

04/11/2006

Tristesse, gaieté…

Tristesse, gaieté…
Maurice Bellet


La longue veille 1934-2002 (Desclée de Brouwer, 2002) est un beau livre. Cette autobiographie de Maurice Bellet fait retour sur des moments-clefs de sa vie, elle retrace le questionnement, le parcours qui ont vu surgir ses principales œuvres. En voici trois petites pages (p. 278-280). Elles sont un exemple de cette lucidité, de cette sincérité, de cet abandon à l’essentiel qui sont réconfort dans nos propres détresses…

 

Au moment même où je témoigne, à ma façon, de l'espérance, voilà que je suis repris par le trouble et la difficulté de vivre, jusqu'à l'amertume, jusqu'à retrouver en moi le goût de cette tristesse que je dénonce comme le mal, la substance du malheur.

 

Je reviens des terres froides. Il y a, dans cette vie mienne qui s'en va vers son terme, des zones de glace et de nuit, C'est ainsi. Vivre avec. Et je suis bien tenté de croire qu'il en est ainsi dans beaucoup de vies, sinon dans toutes; à moins d'aveuglement: et je sais, d'expérience, que l'inconscience peut aller très loin, y compris chez des analystes et des analysés.

 

Vivre avec. Vivre avec ce qu'on a fait ou subi, le mal dont on a blessé autrui. Il court, il suit sa logique à lui, indifférente aux repentances et aux bonnes intentions. L'odeur qui vient de par là, jusque dans les terres habitées et fertiles, est une odeur de crime et de folie.

 

II m'est arrivé, je ne dirai pas de me sentir proche, non, mais de croire que je comprenais – un peu – Adolf Hitler. Cet homme-là, c'est la tristesse même, la grande, l'abyssale, celle qui, à l'aurore de la création, s'enfonce du côté du refus. Premières lignes de l'Évangile de Jean : vie et mort, lumière et ténèbre, le logos, la parole de vie et lumière naît parmi nous – et nous avons vu sa gloire.

 

Le cœur  de tout, cette affaire-là.

 

Et nul n’est prémuni contre l'invasion de la ténèbre.

 

Aux approches de Noël – lumière et joie au cœur de l'hiver –, voici que la nuit s'épaissit, jusqu'aux pensées extrêmes. Cette tentation-là, même les plus grands l'ont connue, même Lui, je pense, au jardin où il veille, pendant que ses amis dorment, écrasés de tristesse.

 

A quoi bon, à quoi bon? Pourquoi ne pas déposer les armes, plutôt que se battre à l'infini contre l'irréparable?

 

Le dernier mot serait-il à ce Sans-Visage, qui peut prendre toute l'apparente douceur de Thanatos, « dormir, rêver peut-être» – non, que le rêve lui-même s'éloigne, dans le grand Froid où se sont consumés tous nos désirs.

 

Pourquoi, pourquoi? Parce que l'amour tant rêvé, celui qui passe tous les amours et les nourrit, la bienheureuse jubilation des humains créés et sauvés, l'amour s'est défait dans la nuit.

 

A certaines heures, il ne reste que cette demande si humble, écrite 
par une main amie sur une toute petite feuille glissée dans un «Nouveau Testament» :

 

« Moi je ne peux pas. 
Ce que tu veux que je sois, donne-le moi. »

 

Mais ma foi – oui, j'emploie ce mot effrayant –, ma foi, c'est qu'il y a toujours un chemin, même pour l'homme d'en bas.

 

Et que c'est cela le cœur de l'heureuse annonce, toujours neuve – ce qui, en grec, se dit Évangile.

 

 

 

Que disparaisse l'amertume! Qu'elle se dissolve, qu'elle s'en aille en fumée poussée par le vent !

 

J'ai quasiment choqué, l'autre jour, les gens qui viennent m'entendre à l'Arbre dans le sous-sol de la gare Montparnasse en leur disant que le fond de l'Évangile était : gaieté. Joie, me dit-on, à la rigueur. Quoique, comme dirait Devos! Joie du moins est assez noble. Mais gaieté! Cette légèreté, ce laisser vivre. Ne dit-on pas que le Christ n'a jamais ri ? (qu'est-ce qu'on en sait ?)

Et moi, je dis : gaieté; cette bonne lumière de la bonne humeur et de la bonne entente, l'agapè de tous les jours, le quotidien de la tendresse divine. Alors que, par ma faute et celle d'autrui, nous buvons tristement la coupe d'amertume.

Je choisis la gaieté, celle-là qui vient justement d'après l'inondation du mal – colombe d'après le déluge – et qui est incroyablement sérieuse. Elle est le sérieux même de la vie, quand la vie surgit d'entre les morts.

 

C'est la façon humble, quotidienne, servante de participer à cette immense Kara, la joie du Christ, dont il témoigne à l'entrée du Supplice.

 

Gaieté industrieuse et patiente; elle suppose immédiatement qu'on renonce à toute revendication, tout règlement de comptes, tout reproche, tout jugement. Elle est le don même, qui ne réclame rien. Elle passe par-dessus la loi de l'échange, do ut des. Elle donne, elle ne mesure pas.

 

Je choisis la gaieté. N'y voyez pas la légèreté de l'inconscience. Si la gaieté plane au-dessus de mes misères, c'est à la façon dont le grand Oiseau, l'Esprit, planait au-dessus des eaux, dans l'imminence du chaos. C'est un choix de combat : préférer la lumière à la ténèbre.

 

Que soit bénie la voix, la voix humaine, où quelque chose s'entend de la délicieuse bonté qui vient à nous de par-delà le mur de l'invisible. Car ce n'est pas moins. Et nommer l'invisible, ce n'est évidemment pas l'attraper et crisper la main dessus, fût-ce par quelque artifice du religieux. C'est au contraire se dessaisir. La douce voix humaine, où coule la divine douceur, elle donne, il n'y a rien à prendre, il n'y a même pas à demander, sinon pour que vienne au jour, mais sans réclamation, sans âpreté, le grand désir, la grande faim humaine, la faim d'amour.

 

 

21:58 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans Ces petits bouts de Vie. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

SAINT PHILIPPE NÉRI.

le saint de la joie - fêté le 26 mai

La sainteté étonnante de Philippe Neri, ce prêtre italien décédé en 1595, lui a valu de la part de Goethe le titre de " Saint humoristique ". Or ce saint de la joie a vécu à une époque des plus sombres de l’Histoire de l’Église. En effet, il a vécu non seulement durant le terrible schisme qui a engendré en peu de temps au XVIe siècle le protestantisme luthérien et toutes sortes d’autres " réformes " qui ont divisé aujourd’hui les chrétiens issus du catholicisme en plus de 30,000 Églises différentes. Non seulement cela, mais il a aussi vécu au temps la réforme de l’Église catholique qui impose une stricte discipline en mettant en place le saint-office et l’Index des livres proscrits, en resserrant de plus la sévérité de l’Inquisition. Or voilà donc que surgit grâce à l’Esprit ce saint de la joie, des excentricités, des tours pendables et surtout de la foi profonde. Saint Philippe Neri jaillit comme une lumière dans la nuit. Il y a aussi au XVIe siècle beaucoup d’autres saints merveilleux comme Thomas More, autre saint de l’humour, et Ignace de Loyola, Thérèse d'Avila et Jean de la Croix, François Xavier et François de Borgia et je ne sais trop combien d’autres.

 

Saint Philippe Neri, lui, est un simple prêtre séculier, originaire de Florence, qui vit durant de longues années presque sans bouger en plein coeur de Rome. Rien de si fantastique si ce n’est qu’il convertit des milliers de gens. Si bien qu’on décerne bientôt à Philippe le titre de " Réformateur de Rome ". L’illustre Henri Bremond en rajoute : " Philippe était l’un des grands créateurs de la contre-réforme, peut-être le plus grand de tous, aucun autre n’ayant sans doute travaillé avec autant de succès à modifier le visage de la Ville Éternelle en une époque totalement désespérée ". Cela dérange ses contemporains (les saints dérangent et irritent bien des gens) au point que saint Philippe est jalousé, calomnié et très souvent menacé de diverses condamnations, même par des papes. Mais il ne se décourage jamais tant son amour pour Dieu est immense. Voilà un exemple pour tous ceux que " l'Église fait souffrir " comme on dit souvent. Oui, il arrive trop souvent que ce que l'on appelle " l'Église " nous fasse souffrir. Heureusement les saints persécutés savent demeurer fidèles à l’Église.

 

Philippe, lui, a si bien su faire la part des choses que Dieu s'en est même servi, sans même qu'il ne s'en aperçoive vraiment, pour fonder une association de prêtres qui existe toujours et qui demeure l'une des plus importantes de l'Église: les Oratoriens. Ces prêtres oratoriens sont souvent très remarquables. Pensons au cardinal Newman dans l'Angleterre du XIXe siècle ou aux Pères Louis Bouyer et François Houang en France au XXe siècle, tous trois oratoriens, tous trois d'éminents convertis soit de l'anglicanisme, du protestantisme ou du communisme athée.

 

Sans doute que la joie un peu folle de Philippe Neri l’a sauvé, même si l’on sait bien que c’est surtout son attachement total au Christ qui le rendait inébranlable. Ses frasques ou ses excentricités sont paraît-il innombrables. On peut en lire plusieurs dans biographie du Père Türk. Il va même jusqu’à tirer la barbe d’un garde suisse. Son humour parfois audacieux lui attire heureusement l'estime de beaucoup de jeunes curieux qui sont alors happés par la foi profonde qui se dégage de tout ce qu’il leur raconte comme aussi de ses conseils quand il demande bientôt à se confesser.Les conversions parmi eux sont très nombreuses et parfois retentissantes. En somme, Dieu utilise le tempérament très spécial de ce prêtre un peu trop original pour permettre à des milliers de gens de se laisser prendre par sa mystique et par cet amour si particulier qui l'habite. Cet amour étrange et puissant en arrive souvent à dégager une telle chaleur qu'il ne ressent plus le froid glacial des hivers romains. On s'étonne de le retrouver en oraison sur le toit du couvent en plein hiver. Conscients de ce phénomène, on cherche à être parfois invité à mettre la main sur son coeur et l'on est bouleversé non seulement par la chaleur presque brûlante de son corps mais aussi par les battements retentissants de son cœur. Son amour pour Dieu et pour les âmes est presque sans limites. Difficile à croire au XXIe siècle, et pourtant les témoins importants sont très nombreux. Ce phénomène permet aux témoins de prendre vraiment conscience que notre Dieu est le Dieu de l’Amour.

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Son plus récent biographe, Paul Türks, oratorien allemand, a publié en 1986 un " Philippe Neri ou le feu de la joie " traduit en français et paru en 1995 chez Bayard/Centurion. Je ne saurais trop vous recommander ces 200 pages que je ne regrette pas d'avoir lues tant l'auteur m’a fait comprendre que tout n'est pas perdu aux jours sombres de l'histoire de l'Église. Au contraire, c'est le temps aujourd’hui de se laisser saisir par l'Esprit, de rejeter la crainte et le désespoir pour faire confiance aveuglément à la force de Dieu. Dieu est présent et patient, même dans le noir. Il cherche ceux qui vont oser accepter de se consacrer comme Philippe Neri à " la réforme de l'Église et qui osent le faire aussi d'une manière trop peu classique pour être facilement comprise ". Il ose même faire ce qui se fait couramment aujourd’hui depuis une cinquantaine d’années : il osait en effet serrer dans ses bras le " hérétiques ", c’est-à-dire ses frères chrétiens séparés. Voilà une frasque inspirée de l’évangile. Mais on ne comprenait pas…

 

A l’exemple de Philippe Néri, disons-nous bien que si l'on est vraiment sincère et fidèle, il ne nous importe peu que l'on ne soit pas compris et que l'on soit même condamné par certaines personnes influentes. Sachons que notre Église est le Corps du Christ ressuscité. Comme Philippe Néri, il suffit de vivre et de persévérer dans l’amour malgré les chagrins et les peines terrifiantes comme celles que ce saint a endurées alors qu'il était menacé par l'Inquisition, menacé aussi par un important cardinal, même par deux papes, Paul IV et Pie V. Philippe ne lâche pas. Il s'attache sans cesse au Christ et à son Église.

 

Son action principale est et demeure la même : réunir les jeunes de tous les horizons pour les conduire au Christ. Il a le don de les faire méditer et prier, de les faire se déplacer tous ensemble dans Rome pour se réunir ici ou là, au vu et au su de tous. Il ose même leur donner la parole. Ses jeunes dans la vingtaine s’inspirent de la Bible et surtout des Évangiles pour adresser la parole à la foule. Cela ne peut qu'entraîner d'autres jeunes de 20 ou 30 ans qui sont surpris d’entendre ainsi des jeunes qui croient au point de témoigner. Touchés par ces jeunes convertis et surtout par ce saint surprenant, il se mettent à la recherche du Christ puis finissent par se convertir en cessant de se plier aux mœurs et à la décadence de la Rome de cette époque. Il deviennent vraiment, amoureux du Christ et de son Évangile eux aussi.

 

Mais surtout, il faut bien spécifier que la façon de saint Philippe Néri de parler est saisissante. D’abord, sa foi est brûlante. Ses messes sont si priantes, dit-on, que personne ne peut y assister sans être bouleversé. Il ne joue pas la comédie. Il est tout simplement " prêtre " et il l’est totalement. Tout chez lui est le fruit de sa vie intérieure, même ses frasques et ses blagues. Ses sermons n’ont rien de convenu et ne sont pas des déclarations recherchées. Il parle simplement et directement, sur un ton qui pénètre les cœurs. Avec une profonde conviction qui étonne tout le monde, il émeut. Car il n’a pas peur d’émouvoir et de développer la sensibilité spirituelle de ses auditeurs.

 

Né à Florence le 21 juillet 1515, ce jeune Florentin est déjà un joyeux blagueur qui mêle à ses jeux la prière intense. Il est rapidement envahi par l’Esprit Saint.On dirait peut-être aujourd’hui qu’il est très tôt un charismatique. Sa plus grande expérience spirituelle lui est d’ailleurs survenue le Jour de la Pentecôte. Et comme tous les saints, il a décidé que cette expérience serait au cœur de sa vie. C’est là qu’il puise et développe une charité bien concrète pour les pauvres et un zèle missionnaire dévorant. " Il lui arrive de parcourir les rues de Florence en interpellant les passants, les exhortant à la conversion. " Il rêve brièvement de se faire moine bénédictin au Mont-Cassin, mais un fois ordonné prêtre à Rome, Dieu en fait un apôtre foudroyant de bonté et de ferveur communicatives. Sa spiritualité est très particulière. " Il ne réprouve pas la mode immorale, la richesse excessive. Il n’interdit pas les excroissances exubérantes de la culture de son temps. Il fait confiance à l’amour de Dieu qui agit dans le cœur des hommes comme du feu ". Si bien que l’on considère Philippe Néri comme le deuxième Apôtre de Rome après saint Pierre!

 

L’expérience de Dieu vécue par Philippe Néri est un témoignage vivant de la présence agissante de l’Esprit dans ce monde corrompu de la Renaissance. C’est un expérience contagieuse qui s’étend : qui a vu et entendu Philippe prier et célébrer l’eucharistie a acquis une connaissance plus profonde que celle qu’aurait pu lui apprendre des tas de cours de théologie spirituelle. Saint Philippe Néri lui-même voyait dans son expérience pentecostale une expérience de l’amour de Dieu. Il disait parfois : " L’amour a fait de moi une seule plaie ". C’est qu’il considérait cette blessure et cette marque de l’amour comme sa véritable souffrance. Son disciple Tarugi a témoigné lors du procès de canonisation : " Son cœur bouillonne et émet des flammes et un tel incendie qu’il en a les passages du gosier brûlés comme par du vrai feu " (lettre du 29 janvier 1586). L’amour, en somme, consumait saint Philippe Néri.

 

Raymond Beaugrand-Champagne

21:11 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans MAÎTRES A PENSER ET A VIVRE. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |