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01/07/2010

TOUT EST DANS LE REGARD.

Matthieu assis derrière son bureau de douane, lié à ses préoccupations financières et matérielles, a été rejoint par le regard du Seigneur qui ce jour-là est passé dans sa vie. Ce regard pénétrant l’a saisi au plus profond de son humanité. Certes, par sa profession, Matthieu ne figurait pas parmi les gens les plus recommandables. Mais, aucune ténèbre ne saurait être assez épaisse pour arrêter la lumière du Christ.
On pense ici au célèbre tableau du Caravage représentant cette scène de l’évangile. On y voit la main droite de Jésus tendue, le doigt pointé vers Matthieu assis derrière son bureau, comme pour venir le repêcher au cœur des eaux mortes de son existence.
La main de Jésus est comme le prolongement de son regard. Elle franchit la distance qui sépare Matthieu de Jésus, l’abîme qui sépare le péché de la grâce, pour ramener au bercail la brebis égarée. Jésus ne recule pas devant notre péché même s’il lui demeure radicalement étranger. Il mange avec les publicains et les pécheurs, non pas pour les conforter dans leur péché, mais pour les toucher de sa miséricorde.
« Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades » : Le Bon Pasteur se fait proche de la brebis malade. Il la rejoint dans ses blessures pour la guérir et l’appeler au salut. Dieu ne sauve pas le pécheur au moyen d’une toute-puissance extérieure et impersonnelle. Il le sauve en venant à sa rencontre et en recréant la relation que le péché avait rompue. En Jésus, l’Alliance entre Dieu et l’homme se trouve ainsi restaurée. En lui, le don de la grâce nous rejoint par-delà la distance que notre péché avait mise entre nous et Dieu.
Les Pharisiens n’ont pas intégré ce mystère de la gratuité de la miséricorde divine : « Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les pécheurs ? » Ils restent paralysés dans une conception où c’est l’homme qui doit offrir à Dieu de justes sacrifices. Jésus les invite au contraire à accueillir la gratuité du don de Dieu. Ce n’est pas par des offrandes présentées à Dieu que l’homme est sauvé mais par le don gratuit de la miséricorde divine : « Allez apprendre ce que veut dire cette parole : C'est la miséricorde que je désire, et non les sacrifices. Car je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs. »
Qui pourrait se prétendre sans péchés ? Nous avons tous soif de miséricorde. A l’image de saint Matthieu, laissons-nous saisir et convertir par elle. Libres, nous pourrons alors nous lever pour marcher sur les traces de celui qui est « le chemin, la vérité et la vie ».



Frère Elie.

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29/06/2010

Certes, ce chemin est un chemin de Croix.

Les possédés parlent ensemble, d’une seule voix, parce qu’ils ont perdu leur identité propre. Ils sont seulement capables de répéter des discours qui ne viennent pas d’eux-mêmes. Ces deux misérables représentent ainsi l’humanité qui a péché ; elle est vivante, mais plus vraiment puisqu’elle vit parmi les morts et qu’elle n’a plus accès à son cœur profond pour parler d’elle-même à son Seigneur. Au lieu de cela, elle l’accueille avec agressivité, comme un perturbateur de la tranquillité du Royaume des morts.

Selon sa stratégie ordinaire, le Malin prend la parole en premier. « Es-tu venu pour nous faire souffrir avant le moment fixé ? ». Évidemment, il est faux de prétendre que le Christ soit venu pour faire souffrir l’humanité. Jésus est le Chemin vers le Père. Certes, ce chemin est un chemin de Croix. Mais la souffrance n’est pas le but, elle est la conséquence de l’arrachement nécessaire à notre condition de pécheur. Jusqu’au bout, l’Ennemi tente de tromper l’homme, et tant qu’il reste sous cette séduction, l’homme continue de souffrir.

« Si tu nous expulses, envoie-nous dans le troupeau de porcs ». Les voici qui font semblant de négocier. Ils font mine de consentir à l’expulsion à condition qu’on les reloge. Mais ils disent eux-mêmes qu’ils ont complètement perdu la partie. Non seulement ils vont être expulsés, mais il n’est pas envisageable d’assujettir à nouveau des hommes. Leur ambition se limite désormais à infester des porcs, des animaux impurs comme eux. Cet habitat va d’ailleurs faire long feu puisque aussitôt le troupeau se précipite dans leur lieu propre qui est la mort, dont la mer est le symbole biblique.

Demandons au Seigneur de nous ouvrir à sa présence dans nos vies. Qu’il nous apprenne à le reconnaître ; qu’il se révèle à nous comme le Dieu proche, le compagnon de nos routes, l’ami prévenant qui nous invite à sa table. Et surtout, que lui, le Fils Unique, nous révèle le visage du Père, car c’est en lui que nous trouvons notre identité profonde et notre raison d’être.



Frère Dominique.

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23/06/2010

Bonne fête à nos frères et sœurs québécois et canadiens français.

L'Église ne célèbre que trois naissances : celle du Fils de Dieu, celle de sa mère, et celle de Jean-Baptiste. La nativité de ce dernier fut même célébrée bien avant celle de la Vierge Marie : elle est attestée dès le IVe s. De tous les autres saints nous retenons uniquement le jour de leur naissance à la vie définitive – c'est-à-dire le jour de leur passage de ce monde à l’autre. L’exception faite pour saint Jean se fonde sur la grâce de sanctification dont il fut bénéficiaire dès le sein de sa mère, lors de la Visitation de Marie à sa cousine Élisabeth (Lc 1, 39-56). Puisque l’enfant fut purifié du péché originel et oint de l’Esprit de sainteté, il est légitime de fêter sa naissance comme la célébration de l’entrée d’un saint dans notre monde.
« Parmi les hommes, il n’en a pas existé de plus grand que Jean-Baptiste » (Mt 11, 11), dont la venue et la mission furent annoncées par le prophète Jérémie en ces termes : « Avant même de te former dans le sein de ta mère, je te connaissais ; avant que tu viennes au jour, je t’ai consacré ; je fais de toi un prophète pour les peuples » (Jr 1, 5). C’est encore de lui que parle Isaïe lorsqu’il proclame : « J’étais encore dans le sein maternel quand le Seigneur m’a appelé » (1ère lect.).
Se demandant pourquoi Notre-Seigneur était né au solstice d’hiver et Jean à l’équinoxe d’été, saint Augustin remarque que celui qui a dit : « Il faut qu’il grandisse et moi que je diminue » (Jn 3, 29-30) naît au moment où les jours commencent à diminuer, alors que le Christ surgit dans le monde comme « l’astre d’en haut qui vient nous visiter pour illuminer ceux qui habitent les ténèbres et l’ombre de la mort » (Lc 1, 78-79). Il faut cependant ajouter un motif pastoral, à savoir la lutte contre les pratiques idolâtriques. Le culte de Mithra célébrait la victoire du soleil le 25 décembre, et le solstice d’été était l’occasion de réjouissances populaires accompagnées de rituels impliquant des danses autour de grands feux symbolisant la lumière du soleil à son apogée. A la suite des Pères de l'Église, Charlemagne interdit à plusieurs reprises ces pratiques, mais en vain : la tradition païenne subsistait – et subsiste toujours ! Il ne restait plus qu’à l’intégrer dans la liturgie chrétienne en bénissant le feu, qui devint le symbole de la joie en raison de la naissance du Précurseur (S. Césaire d’Arles, Concile d’Agde, en 506). Fort heureusement, les six mois qui séparent les deux solstices et donc les deux nativités peuvent également se référer à une Parole évangélique : lors de l’Annonciation, l’Ange révèle en effet à Marie que sa « cousine a conçu elle aussi un fils dans sa vieillesse et qu’elle en est à son sixième mois ». La naissance du Précurseur précèderait donc effectivement de six mois celle du Seigneur auquel il avait mission de « rendre témoignage, afin que tous croient en lui » (Jn 1, 7).
En contemplant les feux de la Saint Jean, souvenons-nous du Feu de l’Esprit que le Christ est venu allumer sur terre : « oui j’ai vu et je rends témoignage, atteste le Précurseur : c’est lui le Fils de Dieu » (Jn 1, 34) ; « celui qui vous baptisera dans l’Esprit et le Feu » (Lc 3, 16).

Bonne fête à nos frères et sœurs québécois et canadiens français. C’est en effet en la fête de la Nativité de saint Jean Baptiste, le 24 juin 1615, à la Rivière des Prairies, que fut célébrée la première Messe au Canada. Le 25 février 1908, le pape saint Pie X confirmait la dévotion populaire en déclarant saint Jean Baptiste patron spécial des canadiens français – à côté de Saint Joseph bien sûr !



Père Joseph-Marie.

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Qui sont les faux prophètes ?

 Des êtres doubles que rien, en apparence, ne permet de distinguer des autres brebis. Seul Dieu connaît le secret des cœurs, l’homme est démuni pour démasquer cette duplicité. Aussi le Seigneur invite-t-il à opérer le discernement dans la durée. Les vrais prophètes reconnus aux œuvres qu’ils finissent par produire.

Ce conseil vaut d’abord pour nous-mêmes. Il y va de la crédibilité du témoignage prophétique que les chrétiens ont à rendre. Notre discours intérieur et notre discours extérieur doivent être ajustés et à l’unisson, sous peine de ne pas porter de bons fruits pour le Royaume. Or cette unification est un travail de longue haleine, qui nécessite d’une part de se former régulièrement pour assimiler l’enseignement de l’Église, et d’autre part d’écouter l’homme intérieur, avec ses pauvretés, ses angoisses et ses doutes, pour le convertir au feu de l’Esprit. Avoir l’humilité de n’être ni des chrétiens ayant réponse à tout, un slogan toujours à portée de verbe, ni des chrétiens étalant leurs difficultés intérieures, revendiquant qu’elles soient érigées en normes pour l’Église. L’un et l’autre sont de faux prophètes, ils finiront par être démasqués aux fruits qu’ils portent. La vérité qu’il nous faut atteindre est très exigeante, car elle n’est pas un moyen terme entre ces deux extrêmes. Elle réside dans notre identification progressive à l’appel que nous avons reçu du Seigneur.

Commençons – continuons – ce travail d’intégration et d’unification en honorant Dieu, a minima, d’un discours sans duplicité. Que notre prière soit le lieu d’un dialogue vrai avec le Seigneur. C’est par l’accueil de sa Parole qu’il fera de nous des prophètes authentiques.


Frère Dominique.

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16/06/2010

L’Evangile est vraiment révolutionnaire.

L’Evangile est vraiment révolutionnaire : jamais aucun Maître n’avait osé inviter à une telle intimité avec Dieu. Et comment aurait-il pu le faire : « Nul ne connaît le Père si ce n’est le Fils (Mt 11, 27) ». Seul Jésus, l’Envoyé du Père sur qui repose la plénitude de l’Esprit, est habilité à nous parler de Celui qui l’a désigné comme « son Fils bien-aimé » et nous a intimé l’ordre : « écoutez-le (Mt 17, 6) ». Nous sommes donc au cœur de la Révélation divine ; et que nous apprend-elle ?
Que Dieu n’est pas un lointain monarque devant lequel l’homme devrait se répandre en interminables prières pour être exaucé. Il est tout au contraire un Père de famille, présent et agissant au milieu de ses enfants, s’intéressant à tout ce qu’ils font et connaissant leurs moindres besoins.
Inutile de chercher à l’amadouer ou à gagner sa bienveillance : elle nous est depuis toujours et définitivement acquise. Aussi notre prière ne consiste-t-elle pas à tenter subtilement de faire entrer Dieu dans nos vues, mais bien plutôt à nous ouvrir à lui afin d’entrer dans les siennes, car il sait mieux que nous ce qui nous convient.
C’est pourquoi la prière que Jésus enseigne à ses disciples commence par ces simples paroles « Notre Père », qui résument notre besoin le plus urgent. Nous avons en effet vitalement besoin de la paternité divine, et toute l’oraison se déploie comme l’explicitation d’une seule requête : que Dieu soit notre Père, qu’il nous aide à accueillir sa paternité ; c’est-à-dire : que « la Parole qui sort de sa bouche accomplisse sa mission » et fasse de nous des fils dans son Fils premier-né.
D’où la demande : « Que ton nom soit sanctifié » c’est-à-dire respecté comme unique, incomparable, car il n’y a qu’un seul Dieu et Père à qui reviennent tout honneur et toute gloire.
« Que ton Règne vienne » : règne de justice et de paix, dans un univers réconcilié où tous les hommes sont frères.
« Que ta volonté soit faite » : qu’elle réalise ton dessein d’amour malgré nos aveuglements, nos résistances, nos refus.
Que nourris de cette Parole comme d’un pain quotidien, nous puissions accueillir toujours plus profondément ta miséricorde et la partager avec la même surabondante générosité, car il n’aura pas de part avec Jésus dans le Royaume à celui qui aura refusé de partager ici-bas le pain du pardon.
« Mais délivre-nous du Malin », qui aujourd’hui comme hier tente de défigurer en nous ta paternité afin de nous enfermer dans la peur et de nous faire fuir loin de ta face.
Sois plus fort que notre malice et « ne nous laisse pas succomber à la tentation » de l’apostasie. Ne permets pas que nous nous détournions de toi en abandonnant Jésus, que tu as envoyé pour nous révéler ton visage, et ouvrir devant nous le chemin de la vie filiale.
Oui, répands sur nous ton Esprit, que nous criions « Abba, Père ! » (Ga 4,6), et que « nous exaltions tous ensemble ton Nom », toi qui en Jésus te fais « proche du cœur brisé et sauve l’esprit abattu » (Ps 33[32]).



Père Joseph-Marie.

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15/06/2010

Pour mener le combat spirituel.

Pour mener le combat spirituel, le Seigneur nous donne trois armes efficaces : l’aumône, la prière et le jeûne. Leur force se révèle suivant la manière dont on s’en sert. La vie spirituelle pratiquée pour obtenir la reconnaissance des hommes est vaine. L’objectif n’est pas d’exister aux yeux des hommes mais de vivre dans le cœur de Dieu.

La prière consiste à entrer dans une relation d’intimité avec Dieu, dans un dialogue, c’est-à-dire dans un échange de parole, ou l’on dit, où l’on s’écoute mutuellement, où l’on se donne. Prier, c’est demeurer établi dans une communion de pensée, de volonté et de cœur avec notre Dieu. Cela n’est possible que si nous habitons les rites avec amour.

Jeûner consiste à faire de la place en nous pour permettre à Dieu de nous rejoindre. Jeûner, c’est aussi reconnaître que Dieu est notre unique nécessaire et que tout nous vient de lui. Le jeûne nous fait prendre conscience que la seule chose que nous pouvons présenter à Dieu comme venant vraiment de nous est notre pauvreté et notre péché. C’est cela que le jeûne est un chemin de libération.

Nous touchons alors le sens de l’aumône qui est de donner, de se donner à l’autre, dans la conviction que rien ne nous appartient, qu’à chaque instant nous recevons tout gratuitement de Dieu, à commencer par le don merveilleux de la vie.

« Ton Père te le rendra » : Jésus ne précise pas ce que rend le Père, peut être parce qu’il n’a qu’une chose à donner en partage : sa propre vie. Autrement dit, en Jésus, Dieu me gratifiera du don de lui-même, dans la mesure de la perte à laquelle j’aurai consenti gratuitement.


Frère Dominique.


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13/06/2010

Pas de paix sans justice, pas de justice sans pardon.

Reconnaissons que les antithèses du Sermon sur la Montagne nous confrontent cruellement à nos limites. La barre est haute, très haute ; sans doute trop haute pour nous. Certes nous percevons tous les limites de la loi du Talion : « œil pour œil, dent pour dent » (Ex 21, 24). L’apparente justice qui consiste à exiger une peine identique à celle qu’on a subie, débouche inévitablement sur des débordements incontrôlables. Lorsque la roue de la violence est mise en branle, qui l’arrêtera ? Il suffit de relire la genèse et le développement des grands conflits internationaux pour se rendre compte qu’on n’établit pas la paix en exigeant que l’autre souffre tout autant que ce qu’il a fait subir : du bourreau à la victime et retour, le mal est doublé. Mais pourquoi chercher des exemples sur la scène internationale : n’est-ce pas ce que nous vérifions au quotidien dans nos relations professionnelles ou familiales ? Si nous revendiquons que l’autre ait payé « jusqu’au dernier centime » avant d’enterrer la hache de guerre, la paix demeurera fragile, et à la moindre étincelle, la violence ressurgira.
Mais alors comment faire pour établir la paix ? « Et bien moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant » - nous répond Jésus. Voilà la première étape : refuser de s’engager dans la spirale de la violence en ripostant à l’offense qui nous est faite. Pas facile de justifier une telle attitude, car rien ne prouve que l’adversaire ne va pas profiter de ce qu’il risque d’interpréter comme de la faiblesse, pour récidiver !
Le mobile du renoncement auquel Jésus nous exhorte, réside dans le changement de regard que nous sommes invités à poser sur notre prochain - fût-il « méchant ». A la lumière de l’Évangile nous découvrons que tout homme est un frère, car tous nous sommes enfants d’un même Père, qui « fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes » (Mt 5, 45). Pour entrer dans la logique du discours sur la Montagne, il nous faut passer d’une évaluation de notre prochain fondée exclusivement sur son comportement passé ou présent, à une évaluation qui s’inscrit sur l’horizon du dessein d’amour de Dieu sur lui. En d’autres termes, il nous faut apprendre à entrer dans le regard d’espérance que Dieu porte sur chacun de nous : « Dans les cieux, il nous a comblés de sa bénédiction spirituelle en Jésus-Christ. En lui, il nous a choisis avant la création du monde, pour que nous soyons, dans l’amour, saints et irréprochables sous son regard. Il nous a d’avance destinés à devenir pour lui des fils par Jésus-Christ » (Ep 1, 4-5). Ce n’est que dans la mesure où nous nous laissons cette parole transformer nos cœurs, que nous sommes rendus capables de vivre les exigences des antithèses du Sermon sur la Montagne.

« "Pas de paix sans justice, pas de justice sans pardon" écrivait Jean-Paul II, résumant l’attitude que Jésus nous demande d’adopter. La véritable justice n’est pas celle qui réclame la condamnation de l’offenseur, mais celle qui rend celui-ci juste en lui accordant notre pardon. C’est ainsi, Seigneur, que tu as agi à notre égard : donne-nous dans l’Esprit Saint, la force de faire de même. »



Père Joseph-Marie.

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10/06/2010

Apprends-nous à vivre de manière cohérente avec notre foi et à pardonner gratuitement.

Les disciples se sont « rassemblés autour de Jésus, sur la montagne ». La rencontre est informelle, conviviale ; c’est dans l’intimité d’une rencontre amicale, que Notre-Seigneur va dévoiler à ces gens simples, le cœur de son message, qu’il faut bien qualifier de paradoxal : « Je vous le déclare, à vous mes amis, si vous voulez accéder avec moi au Royaume des cieux, il faut que votre justice surpasse celle des scribes et des pharisiens ! » Voilà une affirmation pour le moins étonnante : comment ces hommes et ces femmes issus du petit peuple, pourraient-ils prétendre faire mieux que leurs chefs religieux ?
A la justice contractuelle qui par le biais du tribunal, inflige une juste peine à celui qui transgresse la loi, Jésus oppose le dynamisme bien plus exigeant de l’amour (cf. Jean Paul II, Encyclique Dives in misericordia), qui ne rétribue pas seulement les actes, mais sonde également les intentions du cœur. Le crescendo dans les menaces proférées par Jésus - tribunal, grand conseil, géhenne - correspond au caractère de plus en plus délibéré du tort infligé. La colère est une passion de l’âme qu’il n’est pas toujours facile de juguler ; l’insulte peut encore être l’expression d’un mouvement impulsif ; mais la malédiction est un acte délibéré, et qui de plus prend le contre-pied de la parole de bénédiction que Dieu prononce sur ses enfants, « sur les bons comme sur les méchants ». C’est parce qu’il s’oppose au Dieu d’amour, que celui qui maudit son frère se condamne lui-même aux flammes dévorantes de la haine.
Le père prodigue (Lc 15, 11-32) avait bien des raisons de se mettre en colère, d’insulter voire de maudire ce fils exigeant de lui sa part d’héritage avant son décès. Pourtant il n’en fait rien et garde le silence malgré l’injustice de son cadet, dans l’espoir d’un amendement toujours possible. Car le fils a beau être ingrat et se comporter de manière indigne du nom qu’il porte, le père, lui, ne peut renier sa paternité : ses enfants demeurent ses enfants, quoi qu’ils fassent. Sa joie est de les voir rassemblés dans la communion fraternelle autour de la table familiale. C’est bien pourquoi il supplie son fils aîné de renoncer à son ressentiment et d’entrer dans sa joie, lorsque le cadet est revenu à la maison.
Nous non plus, nous ne nous tenons jamais seuls « devant l’autel » : le Dieu auquel nous rendons un culte est le Père de tous les hommes. Comment pourrions-nous dès lors nous tenir en vérité devant lui, alors qu’un de nos frères « a quelque chose contre nous » ? Nous ne pouvons nous approcher de Dieu qu’en entrant dans le cercle familial de ceux qui sont ses fils et ses filles - qu’ils le sachent, l’acceptent, ou non. C’est toujours en tant que membre de sa grande famille humaine que nous nous tenons devant Celui que nous appelons « notre Père », signifiant par ce vocable, que nous nous adressons à lui en communion intentionnelle avec tous nos frères, sans exception.

« Dieu notre Père, pardonne-nous notre mensonge quotidien : nous prétendons avoir accès à ta présence, nous nourrir du Corps que ton Fils a livré pour "rassembler tes enfants dispersés", tout en gardant au cœur des animosités, des ressentiments, et tant d’autres sentiments négatifs inavouables envers ceux qui sont avant tout et surtout nos frères. Apprends-nous à vivre de manière cohérente avec notre foi et à pardonner gratuitement, par amour pour ton Fils Jésus-Christ, dont la patience et la miséricorde infinies à notre égard, devraient nous purifier à tout jamais de toute velléité de rancœurs. »


Père Joseph-Marie.

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06/06/2010

C’est pour nous inviter au bonheur.

Imaginez que vous arriviez à un carrefour, où vous attendent une multitude de panneaux indicateurs : « richesse », « gloire », « honneur », « pouvoir », etc. Puis vous découvrez un tout petit panneau indiquant la direction du « bonheur ». Lequel suivez-vous ? Je suis sûr que sans l’ombre d’une hésitation nous choisissons tous ce dernier, car à travers toutes les autres propositions, c’est bien le bonheur que nous cherchons. Nous voilà donc partis sur la route du bonheur ; comme nous pressentons que le chemin sera long, nous avons pris un sac à dos et deux valises bien remplies. Seulement comme la montée est raide, nous nous voyons bientôt obligés de sacrifier une partie de notre bagage, puis une autre : nos richesses, notre soif de jouissance, notre volonté de puissance, notre vaine gloire, nos jalousies, nos rancœurs, … Arrivés à ce point, nous hésitons : ne nous sommes-nous pas trompés de r oute ? Où donc ce dépouillement va-t-il nous conduire ? Et d’abord : qui donc a établi cet itinéraire ? Il est signé « Jésus de Nazareth » : est-il digne de confiance ? Qui d’entre nous ne s’est pas posé ces questions devant les exigences de l’Evangile et en particulier du Sermon sur la montagne ? Jésus ne nous en fera pas le reproche lui qui nous invite à nous assoir pour évaluer si nous sommes capables d’aller jusqu’au bout du voyage (Lc 14, 28-32). Le seul motif qui nous encourage à persévérer, est que Notre-Seigneur est passé par ce chemin avant nous : il a ouvert la voie, et au matin de Pâques il a atteint ce pays du bonheur auquel nous aspirons. Si nous croyons vraiment en lui, nous devons logiquement faire confiance à sa Parole et prendre avec courage la route sur laquelle il nous précède.
Il n’est pas indifférent que la première parole du premier Psaume, comme la parole qui revient neuf fois dans le Sermon sur la montagne, soit « Heureux ». Lorsque Dieu s’adresse à nous, c’est pour nous inviter au bonheur. Mais depuis que nous avons fait notre propre malheur en écoutant la voix du Serpent, le bonheur n’est plus accessible qu’au terme d’un parcours paradoxal qui passe par le dépouillement des fausses richesses et des plaisirs aliénants. Cet itinéraire est à ce point contraire à nos aspirations « naturelles », que nous ne pourrons le parcourir qu’en gardant les yeux fixés sur le terme : Jésus ressuscité qui nous attend sur l’autre rivage. Il faut en effet ajouter – comme si cela ne suffisait pas ! – qu’au bout de cette traversée du désert, nous aurons encore, comme ultime épreuve, à franchir la mer, c'est-à-dire à accepter de mourir à nous-mêmes, pour pouvoir vivre de la vie de l’Esprit. C’est de cet ultime passage que nous parle la dernière béatitude, qui vu so n importance, est répétée avec une insistance particulière, pour nous rappeler que nous avons bien besoin des mille petites persécutions quotidiennes que nous réserve notre entourage, pour nous aider à mourir à nous-mêmes et à accéder à l’autre rivage, celui de la vraie vie.

« Seigneur je suis vraiment trop faible et trop attaché à ce monde pour prétendre m’engager sur un tel chemin ! Je ne peux que "lever les yeux vers les montagnes et attendre de toi le secours : tiens-toi près de moi comme mon ombrage ; empêche mon pied de glisser, garde moi de tout mal" (cf. Ps 120), et conduis-moi sur ton chemin d’éternité. »



Père Joseph-Marie.

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C’est pour nous inviter au bonheur.

Imaginez que vous arriviez à un carrefour, où vous attendent une multitude de panneaux indicateurs : « richesse », « gloire », « honneur », « pouvoir », etc. Puis vous découvrez un tout petit panneau indiquant la direction du « bonheur ». Lequel suivez-vous ? Je suis sûr que sans l’ombre d’une hésitation nous choisissons tous ce dernier, car à travers toutes les autres propositions, c’est bien le bonheur que nous cherchons. Nous voilà donc partis sur la route du bonheur ; comme nous pressentons que le chemin sera long, nous avons pris un sac à dos et deux valises bien remplies. Seulement comme la montée est raide, nous nous voyons bientôt obligés de sacrifier une partie de notre bagage, puis une autre : nos richesses, notre soif de jouissance, notre volonté de puissance, notre vaine gloire, nos jalousies, nos rancœurs, … Arrivés à ce point, nous hésitons : ne nous sommes-nous pas trompés de r oute ? Où donc ce dépouillement va-t-il nous conduire ? Et d’abord : qui donc a établi cet itinéraire ? Il est signé « Jésus de Nazareth » : est-il digne de confiance ? Qui d’entre nous ne s’est pas posé ces questions devant les exigences de l’Evangile et en particulier du Sermon sur la montagne ? Jésus ne nous en fera pas le reproche lui qui nous invite à nous assoir pour évaluer si nous sommes capables d’aller jusqu’au bout du voyage (Lc 14, 28-32). Le seul motif qui nous encourage à persévérer, est que Notre-Seigneur est passé par ce chemin avant nous : il a ouvert la voie, et au matin de Pâques il a atteint ce pays du bonheur auquel nous aspirons. Si nous croyons vraiment en lui, nous devons logiquement faire confiance à sa Parole et prendre avec courage la route sur laquelle il nous précède.
Il n’est pas indifférent que la première parole du premier Psaume, comme la parole qui revient neuf fois dans le Sermon sur la montagne, soit « Heureux ». Lorsque Dieu s’adresse à nous, c’est pour nous inviter au bonheur. Mais depuis que nous avons fait notre propre malheur en écoutant la voix du Serpent, le bonheur n’est plus accessible qu’au terme d’un parcours paradoxal qui passe par le dépouillement des fausses richesses et des plaisirs aliénants. Cet itinéraire est à ce point contraire à nos aspirations « naturelles », que nous ne pourrons le parcourir qu’en gardant les yeux fixés sur le terme : Jésus ressuscité qui nous attend sur l’autre rivage. Il faut en effet ajouter – comme si cela ne suffisait pas ! – qu’au bout de cette traversée du désert, nous aurons encore, comme ultime épreuve, à franchir la mer, c'est-à-dire à accepter de mourir à nous-mêmes, pour pouvoir vivre de la vie de l’Esprit. C’est de cet ultime passage que nous parle la dernière béatitude, qui vu so n importance, est répétée avec une insistance particulière, pour nous rappeler que nous avons bien besoin des mille petites persécutions quotidiennes que nous réserve notre entourage, pour nous aider à mourir à nous-mêmes et à accéder à l’autre rivage, celui de la vraie vie.

« Seigneur je suis vraiment trop faible et trop attaché à ce monde pour prétendre m’engager sur un tel chemin ! Je ne peux que "lever les yeux vers les montagnes et attendre de toi le secours : tiens-toi près de moi comme mon ombrage ; empêche mon pied de glisser, garde moi de tout mal" (cf. Ps 120), et conduis-moi sur ton chemin d’éternité. »



Père Joseph-Marie.

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