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23/08/2006

TROUVER MON REFUGE EN TOI !

Jean est le seul évangéliste à nous parler de Nathanaël, encore nommé par la tradition Barthélémy. On sait qu’il est originaire de Cana, mais surtout qu’il a manifesté un franc scepticisme en apprenant l’origine de Jésus. Si certains d’entre nous connaissent un peu cet apôtre, nous connaissons tous sa réaction à l’annonce de Philippe : « Que peut-il sortir de bon de Nazareth ? ». Cette expression ironique continue d’être employée, pour montrer que les apparences sont trompeuses.

Mais il ne faut pas être injuste avec Nathanaël. Devant une situation nouvelle (et aussi importante !), il a cherché à discerner selon les critères de la Bible. Il était connu en effet que le Messie ne viendrait pas de Nazareth. Or, malgré la certitude objective que pouvait lui apporter cette connaissance, Nathanaël a accepté d’aller se rendre compte par lui-même. Il a suivi Philippe. Ou plus exactement, pour reprendre les mots de saint Jean qui disent un itinéraire spirituel plus qu’un déplacement géographique : il vient à Jésus. Il va à la rencontre de son Seigneur.

Et Jésus s’en réjouit : « Voici un véritable fils d’Israël », c'est-à-dire : voici quelqu'un qui a grandi sous le regard de Dieu. Jésus ne fait pas la moindre allusion à la réaction première de Nathanaël, ce qui peut nous conduire à penser que sa célèbre réplique ne manifestait pas la résistance que nous croyons. Elle était le premier pas d’un itinéraire de conversion, un regard tourné vers le Ciel, une oreille ouverte à la Parole de Dieu. Nathanaël n’a pas peur de la vérité, il la cherche, il ose affronter en face les difficultés de la vie de foi.

Jésus, donc, se réjouit. « Voici un homme qui ne sait pas mentir ». Son amour de la vérité est de tous les instants et de toutes les situations ; il n’y fait aucune concession, son occupation et sa préoccupation ont toujours été de rester sous le regard de Dieu.

Cette recherche sans faille du Seigneur, cet amour indéfectible de la vérité, ne sont pourtant pas les qualités premières que l’évangéliste met en avant. Il nous donne d’abord en exemple la relation profonde et originale qui unit le disciple et le maître. Elle se manifeste à nous avec beaucoup de pudeur, par une simple allusion. Elle se manifeste à nous par une reconnaissance réciproque, celle de deux êtres qui se sont connus, qui se sont aimés, qui se sont cherchés. Jésus reconnaît le premier son disciple : « Voici un véritable fils d’Israël ». Le disciple, lui, est décontenancé. Il s’est tout de suite reconnu : « comment me connais-tu », lui a-t-il répliqué. Jésus lui donne alors discrètement un indice, il faut une allusion, il évoque un moment partagé : « quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu ». La réaction de Nathanaël est immédiate : « Rabbi, c’est toi le fils de Dieu », à son tour, il reconnaît le Seigneur. L’apôtre reconnaît celui qu’il a rencontré sous le figuier, c'est-à-dire celui qui s’est dévoilé à lui pendant sa méditation de l’Écriture.

Nous n’avons pas à en savoir plus, c’est leur histoire, leur secret. Mais nous n’avons pas besoin d’en savoir plus. Car notre cœur lui-même, qui a cherché le visage du Seigneur dans la méditation de l’évangile, vibre à ce témoignage. Il reconnaît lui aussi celui qui l’a touché, celui qui lui a parlé, celui qui le connaissait mieux que lui-même et lui a révélé son visage d’amour et de paix.

Si le temps estival est celui où nous disposons de davantage de temps pour la prière et l’écoute, il deviendra aussi celui où notre relation au Seigneur Jésus pourra être revivifiée, fortifiée. Seigneur, donne-nous la consolation de toujours trouver notre refuge en toi, de savoir plonger en toi notre âme, nos pensées, et notre corps aussi. Permet-nous de réapprendre à vivre chaque instant sous ton regard, à prendre toute décision dans ton amour, et à nous mettre en marche à ta suite, pour ta plus grande gloire.


Frère Dominique

21:00 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

LIBERTÉ CHRÉTIENNE.

Dans le monde d'aujourd'hui, la « morale chrétienne », avec une nuance de mépris dans la prononciation, est souvent comprise comme une série d'interdits opposés à une véritable libération de l'homme.

La situation n'est pas nouvelle. Paul, semble-t-il, s'y était déjà affronté [au premier siècle après Jésus-Christ] [...] Évidemment, Paul choisit Dieu car, pour lui, Dieu libère. Il en a fait l'expérience personnelle. La Loi de l'Alliance ne s'oppose pas à la liberté, bien au contraire. « Vous n'avez pas reçu un esprit qui vous rende esclave et vous ramène à la peur » (Rm 8, 15). « Vous avez été appelés à la liberté » (Ga 5, 13). « Tout est permis » (1 Cor 10, 23). Cette liberté donnée par le Christ a une conséquence immédiate pour l'action morale : la reconnaissance pour les chrétiens du choix de la conscience.

La conscience

Elle est donc le critère dernier de la moralité d'un acte. Insistons : l'Église catholique a la réputation de dicter à ses fidèles ce qu'ils doivent penser ou faire. Or, même lorsqu'elle parle avec autorité, elle n'invite jamais à aller contre sa conscience. Personne n'a le droit, d'après les chrétiens, d'aller contre sa conscience - même pour faire plaisir au pape ! La revendication si moderne de la liberté de conscience est inscrite au coeur même de l'Évangile et de l'enseignement du Christ. « C'est par la médiation de sa conscience que l'homme perçoit les injonctions de la loi divine, c'est elle qu'il est tenu de suivre fidèlement en toutes ses activités pour parvenir à sa fin qui est Dieu. Il ne doit donc pas être contraint d'agir contre sa conscience. Mais il ne doit pas être empêché non plus d'agir selon sa conscience » (Vatican II - De la liberté religieuse - 3b).

Paul disait tout à l'heure « tout est permis ; si la conscience le dicte, cela devient même obligatoire ». Mais Paul ajoute : « Mais tout n'est pas profitable ». (1 Cor 10,23). Ce dernier propos laisse entrevoir la nature de la morale de Paul et du Christ : ce n'est pas tant une morale de commandement, qu'un appel à l'intelligence des situations, à la réflexion, pour agir aussi raisonnablement que possible en étant inspiré par l'Amour.

Une conscience intelligente

Ce mot raisonnable peut surprendre ainsi lié au mot conscience tant celui-ci aujourd'hui est employé pour évoquer la spontanéité d'une réponse subjective. Très souvent l'appel à la conscience est employé comme argument quand il n'y a plus d'argument raisonnable, ou comme excuse quand on a été vraiment déraisonnable : « d'accord, j'ai eu tort, mais j'ai fait cela en toute bonne conscience ». Il y aurait beaucoup à dire sur cette « bonne » conscience et, en tout cas, les chrétiens ne croient pas à l'innocence de la conscience non réfléchie.

D'ailleurs Freud et Marx les rejoignent pour douter de cette « innocence ». Pour n'en citer qu'un, Marx (1858) explique que l'existence sociale forge une conscience spontanée qui peut justifier bien des choses : « Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c'est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience ».

Bref, pour les chrétiens, comme pour les autres, une véritable conscience morale s'acquière. Et le premier « devoir » de l'homme moral, ou de la femme morale, n'est pas d'obéir à n'importe quel courant de pensée ou à sa spontanéité, mais de se former comme homme ou femme libre et responsable. Il s'agit à vrai dire d'une véritable naissance, d'une nouvelle création de soi-même. Naître à la conscience, ce n'est pas appliquer quelques recettes (même celle d'une recherche apparemment généreuse du bien de l'autre), c'est d'abord se trouver, s'accepter, prendre ses responsabilités, se situer dans la société.

La « conscience du Christ »

Pour éclairer cela d'un exemple, on peut dire que, pour les chrétiens, le Christ est un modèle de moralité. Les premiers chrétiens ont même retenu de lui cette phrase : « Qui d'entre vous me convaincra de péché ? » (Jn 8, 46). Cette absence du péché ne veut pas dire respect absolu de la Loi juive. Il ne la respecte pas dans sa lettre lorsqu'il viole le sabbat, refuse des prescriptions sur la pureté légale, etc. Il n'essaie pas non plus de plaire toujours, il est même quelquefois violent. Mais il possède cette conscience libre et courageuse qui permet de reconnaître en lui le respect d'autrui et la fidélité réelle au sens de la loi. « Celui qui violera l'un de ces moindres préceptes sera tenu pour le moindre dans le Royaume des cieux » (Mt 5, 19).

La formation de la conscience, la loi et l'interdit

Comment peut-on arriver à ce genre de liberté ? La Bible et la psychanalyse nous montrent l'importance de l'interdit pour structurer la personnalité, disons la conscience. Chacun connaît l'hypothèse freudienne selon laquelle l'enfant, se voyant interdire par son père la possession exclusive de sa mère, est obligé, petit à petit, de découvrir qu'il n'est pas sa mère et qu'en conséquence il doit l'appeler. De la rupture entre mère et enfant naît à la fois le sens de l'identité personnelle et le langage. Au-delà de ce schéma, on peut retenir que l'interdit crée la différence et permet à la liberté de chacun d'exister. Sans lui, il n'y aurait pas d'existence autonome et libre. Il n'y aurait pas non plus de relations entre les hommes. La conscience, elle-même, renforce le sens de l'identité personnelle dans la mesure où elle opère aussi comme une Loi... On peut affirmer que chacun dans sa vie passe de la Loi reçue - quelquefois difficilement - à la liberté. Les enfants, même éduqués dans l'atmosphère la plus libérale, recevront les non-commandements de leurs parents comme une loi et bâtiront leur liberté sur elle. A vrai dire, à l'heure actuelle, on pourrait soutenir que la « loi » existe plus que jamais et que notre société regorge de codes de la route et autres législations fiscales qui ont, à leur manière, un rôle structurant.

Se proclamer affranchi de la Loi, des lois... est une manière totalement irréaliste de s'exprimer. Il y a toujours un rapport entre liberté et lois. La vraie liberté consiste non à nier la loi mais à savoir l'intégrer et la dépasser éventuellement. C'est le rôle d'une conscience adulte. On peut pester contre le code de la route. Être libéré ne consiste pas à brûler les stop mais à savoir que le code a pour but le respect d'autrui. Être libéré c'est donc respecter l'autre même en l'absence de code.

Où est la loi ?

Dans un monde complexe comme le nôtre, la Loi est omniprésente et les lois sont nombreuses. Il est difficile de les connaître et de se laisser former par elles. Et c'est pourquoi, dans l'Église, il est traditionnel, pour former sa conscience, d'en appeler à ce que font les autres chrétiens ou ce qu'ils ont fait dans le passé. La discussion, la confrontation, l'échange sont une partie obligatoire de la formation d'une véritable conscience morale. Devant la nouveauté de la vie, si les principes restent les mêmes, les situations changent, mettent en cause d'autres éléments et jamais ne peuvent exister de réponses toutes faites.

Les critères d'une conscience formée

Celui qui peut, sans rougir, dire le pourquoi de ses choix moraux principaux, et cela parce qu'il a analysé la situation, mesuré les conséquences de ses actes et apprécié ses propres motivations, celui-là peut - si ses motivations sont inspirés par l'amour - commencer à se dire moral. Paul, dans son épître aux Corinthiens, donne une certaine mesure de critères d'appréciation des situations (Cor 12, 31 ; 13, 1-13). Mais on peut dire que l'Évangile est comme « truffé » de ces critères.

L'amour est facile à proclamer, mais on le reconnaîtra à ce que :
- on saura avoir besoin des autres,
- on respectera les petits et les méprisés de ce monde,
- on ne scandalisera pas les faibles,
- on se séparera de ce qui entraîne au mal,
- on ne considérera jamais quelqu'un comme définitivement perdu (cf Mt chapitre 18).

Ces critères d'une conscience qui s'est servie de la Loi pour se former et pour apprendre à aimer, montrent que la meilleure formation morale est, aux yeux des chrétiens, la rencontre et l'imitation de Jésus lui qui sut exprimer avec sa vie  « qu'il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jn 15, 13). [...]

Théo 1989, Ed. Droguet & Ardant / Fayard

09:45 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

22/08/2006

L'ESPRIT D'ENFANCE SELON DIEU.

Les enfants savent vivre l’instant présent. Ils ont une connaissance spontanée de sa valeur. C’est à eux, et à ceux qui leur ressemblent, nous dit Jésus, que le royaume des Cieux appartient.

Les hommes, eux, portent le poids du passé et le souci de l’avenir. Certes, il convient de les assumer. Le livre d’Ézéchiel vient de nous en donner un écho. Quelle est l’influence sur nos vies des actes de nos pères ? Une grande incontestablement, mais cela vaut-il dans le domaine moral ? Peut-on se défausser sur ses antécédents, ou au contraire, craindre de perdre sa liberté à cause de leurs propres choix ? Ces pensées, et de nombreuses autres, ralentissent souvent notre marche.

Proposition sympathique à nos mentalités, Ézéchiel met en avant la place première de l’individu, il signale que le sort de chacun se joue dans le moment où il entend la parole, sans considération ni de ses pères, ni de son père, ni de son propre passé. Nous sommes tous personnellement responsables de nos vies et de nos décisions.

Voilà qui donne incontestablement au présent une grande valeur. Mais il ne faut pourtant pas non plus l’isoler du passé, car le présent est lui-même un passé en devenir. Placer le présent en rupture avec son passé est aussi nous couper de notre avenir. Or l’alliance que Dieu conclut aujourd’hui avec nous, vaut pour demain et pour toujours, elle est éternelle parce qu’elle gratuite, elle est inaltérable parce qu’elle est la vie de Dieu. La nouveauté qu’elle réalise dans nos vies s’inscrit dans une succession. Elle ne peut être réduite au moment présent.

Voilà qui enrichit notre perception de l’enfant que Jésus donne en exemple. Il n’est pas débiteur pour le péché de ses pères, mais il vit au sein de sa famille, il ne cherche pas à s’en affranchir. Au contraire, tout ce que vie sa famille le marque profondément, le concerne intimement, et il est convaincu, son expérience le lui montre, que la réciproque est vraie. Rien de ce qui lui arrive ne laisse indifférents ses parents.

L’enfant que nous présente Jésus n’est donc pas la figure d’un être innocenté de fautes qu’il n’a pas commises ni d’un inconscient qui n’a aucune solidarité à assumer. Cet enfant est le fruit d’une famille et d’une histoire, le fruit d’une alliance et la promesse d’une vie féconde. Mais, cet enfant est aussi, et en premier lieu, celui qui vient à Jésus. Par là, sans le savoir sans doute, il entraîne vers le Seigneur toute sa famille dont il est solidaire.

Ce miracle est possible parce ce petit ne se préoccupe pas de savoir d’où il vient : il va vers le Seigneur, parce que cela est bon et parce qu’il est sûr d’être accueilli. Cet enfant sait que, même s’il ressemble à des nombreux autres petits enfants, il est absolument unique et irremplaçable. Dieu ne le repoussera jamais.

Donne-nous Seigneur un cœur d’enfant, mets en nous un cœur qui sache renaître le caractère unique de la vie que tu nous donnes de vivre avec toi. Permets que nous sachions déposer les fardeaux de notre passé et les angoisses sur notre avenir pour nous élancer librement et spontanément à ta rencontre. Car tu es celui peut tout, tu as promis ton royaume à ceux qui viennent à toi sans arrière pensée. Renouvelle-nous dans l’Esprit d’enfance, celui qui la certitude que tu ne veux que nous aimer et ne désire que nous combler.

Frère Dominique

12:50 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

LA BEAUTÉ DU CHRÉTIEN.

Le Nouveau Testament met en valeur des choses qui, selon nos critères humains, ne comptent pas. "Heureux les pauvres en esprit", littéralement : "heureux les mendiants", - le rebut de la société. La prédication, aujourd'hui, vante la volonté, la beauté du caractère, ce que tout le monde remarque et admire. La phrase que nous entendons si souvent : "Décidez-vous pour Christ", met l'accent sur un sentiment auquel notre Seigneur ne s'est jamais fié. Il ne nous demande jamais de nous décider pour lui, mais de nous abandonner à lui, ce qui est tout différent. A la base du royaume de Jésus-Christ, il y a la beauté inconsciente des humbles. Ce qui fait que je suis du nombre des heureux, c'est ma pauvreté. Si je me rends compte que je n'ai ni force de volonté, ni noblesse de caractère, Jésus me proclame "heureux", car c'est ma pauvreté qui m'ouvre l'accès de son Royaume. Je peux y entrer non grâce à mes vertus, mais grâce à mon indigence.

La beauté spirituelle qui glorifie Dieu est une chose dont celui qui la possède ne se rend même pas compte. Celui qui a conscience d'exercer une influence est un prétentieux, étranger à l'esprit chrétien. Quand je dis : "Qui sait si je suis utile!", ma vie spirituelle perd aussitôt sa fraîcheur. "Celui qui croit en moi, des fleuves d'eau vive couleront de son sein." Si j'examine et analyse cette eau vive, je perds la bénédiction du Seigneur.

Qui sont ceux qui ont exercé sur nous la plus profonde influence ? Non pas ceux qui en avaient conscience, mais ceux qui ne s'en rendaient pas compte. Le chrétien qui a de la valeur n'en a pas conscience; celui qui pense avoir de la valeur perd cette pure et simple beauté qui révèle la présence de Jésus. Jésus se révèle à nous par ceux qui sont les plus humbles.

12:42 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

19/06/2006

LA SOLITUDE.

La solitude est parfois un choix, elle est souvent un destin, elle est toujours une nécessité. Un choix : les enquêtes sociologiques récentes indiquent qu’un grand nombre de nos contemporains préfèrent vivre seuls ; ce faisant, ils ne souffrent pas forcément de solitude. • Un destin : beaucoup d’hommes et de femmes subissent la solitude (et l’esseulement qui peu à peu devient l’isolement) : les liens familiaux, conjugaux, amicaux, de voisinage ou de travail, se sont desserrés au fil des jours. • Une nécessité : nul n’échappe à la solitude. La solitude acceptée et bénéfique est le terme d’une longue maturation. Elle est une nécessité absolue puisqu’il n’existe pas d’accès à soi-même sans solitude assumée. Cet article est tiré de la conférence donnée par A. Bédikian, dans le cadre d’une journée de réflexions proposée par l’Amicale des Anciens étudiants de l’Institut Biblique de Nogent.

Les auteurs bibliques ont reconnu la nécessité de la solitude dans le but de rencontrer Dieu. Dans la Bible, cette solitude est comparée très souvent à un désert, ce lieu par excellence où l’être humain est mis à rude épreuve (Moïse, Elie, Jésus…). Prenons aussi l’exemple d’Adam, après la Chute, lorsque, loin de Dieu, il s’est perdu. Il s’est fourvoyé corps et âme dans le péché, il n’existe plus devant Dieu mais celui-ci, dans sa fidélité, l’appelle à nouveau : " Adam, où es-tu ? " (Gn 3. 9). Et Adam se met à exister car la relation est rétablie. Il en est de même pour chaque homme. Pour qu’il commence à exister, il faut que quelqu’un, un autre, l’appelle. Et c’est par rapport à cet autre qu’il existe. En cela, l’exemple d’Adam est très marquant. A l’opposé de cet appel de Dieu, il y a un autre visage, c’est un visage de tristesse et d’obscurité. Pourquoi ? L’homme qui n’est plus appelé, qui n’entend plus aucune voix, est un homme qui ne peut plus exister : n’ayant plus personne, il devient personne ! Cet être ainsi abandonné, même s’il survit difficilement dans le monde des hommes, de ses semblables, est devenu comme transparent : personne ne le voit plus, ne le regarde plus, il n’est plus quelqu’un et il ne peut donc plus se regarder comme quelqu’un. C’est un peu comme ce clochard que nous trouvons à l’entrée d’un grand magasin, que le regard des clients traverse sans réellement le voir, en le rejetant dans la solitude définitive des objets (personne anonyme, c’est-à-dire personne). Les solitudes que nous côtoyons et que parfois nous dénonçons, celle des personnes âgées et des malades, celle des exclus, des immigrés et des marginaux de toutes sortes, ne sont que les parties les plus visibles et les plus atroces de cette solitude. Solitude qui est celle des hommes contemporains, la nôtre, celle que nous vivons tous, au moins comme une menace, comme la figure présente de notre mort (la peur de la solitude nous renvoie à la peur de la mort). La Bible est très explicite à ce sujet et nous renvoie à la peur de la solitude en plusieurs endroits.

La Bible nous renseigne et sur les côtés positifs de la solitude et sur les troubles qu’elle engendre

Elle nous propose alors des solutions. La Parole de Dieu nous enseigne que nous sommes seuls lorsque nous sommes loin de Dieu : cela, c’est la cause de tout. Nous sommes seuls également lorsque nous sommes loin des hommes : cela, c’est la conséquence, loin des hommes, sans communication avec eux. En fait, ces deux éléments sont étroitement liés : lorsque nous sommes loin de Dieu, nous sommes aussi loin de notre prochain. La Bible nous propose une véritable communication restaurée, une véritable communion avec Christ pour que nous soyons en communion avec Dieu, notre Créateur. D’autre part, la Bible nous propose une communion avec les autres hommes au sein de la famille, de la société, de l’Eglise. Un psychanalyste viennois à dit ceci : " Le véritable inconscient de l’homme est spirituel : si l’homme est malade, c’est parce que Dieu lui manque ". Pascal, à sa manière, décrit le mal-être de l’homme en parlant du vide qui existe en lui, ce grand vide en forme de Dieu… Nous pouvons alors nous poser la question suivante : la solution au problème de la solitude tient-elle simplement au fait de dire que le Christ est la réponse et la solution ? Oui, dans l’absolu, mais il ne suffit pas de le dire pour qu’aussitôt ce soit une réalité. Si Christ et son caractère sont réellement formés en nous, si nous sommes des hommes et des femmes reconstruits, nous sommes alors rendus capables de communiquer avec les autres. C’est ainsi que l’Eglise devient (et c’est d’ailleurs son rôle) un lieu privilégié de communion, de communication, de relation entre les hommes. L’homme est né pour la communauté et c’est dans cette relation communautaire que notre personnalité se nourrit (Tt 2. 14). Dieu veut faire " de nous un peuple qui lui appartienne, purifié par lui et zélé pour les bonnes œuvres " (1 Co 12). Un morceau de corps ne sert à rien, une pierre toute seule n’est rien. Dieu veut construire une communauté. Et pour cela, Dieu a fait de nous des êtres de parole, donc des êtres doués de cette communication qui crée un lien. Ainsi, lorsque ces deux conditions sont remplies, communion avec Dieu et communion avec son prochain, nous pouvons alors dire que la réponse au problème de la solitude est trouvée : c’est la communion avec Dieu et la communion avec nos frères.

Nous avons besoin de communiquer et de ne pas rester seuls.

En ce qui concerne le besoin de communication avec les autres hommes, la Bible nous montre que ce besoin est réel… " Il n’est pas bon que l’homme soit seul… " (Gn 2. 18). " Malheur à l’homme seul… " (Ec 4. 10). " Si quelqu’un maîtrise un seul, deux peuvent lui résister ; et la corde à trois fils ne se rompt pas facilement " (Ec 4. 12). Cette dernière citation, pleine de poésie, nous parle de solitude et d’accompagnement. Ces quelques textes nous montrent que nous avons effectivement besoin de l’aide, de la collaboration, de la communion d’autrui. Que ce soit sur le plan conjugal, familial, professionnel, nous avons besoin des autres, d’un vis-à-vis.

La solitude est devenue un problème majeur dans notre société.

D’où vient donc cette impossibilité de communiquer entre les hommes, malgré nos moyens de communication nombreux et modernes ? La réponse de la Bible est un peu embarrassante car elle nous met en face de nos responsabilités. Elle nous enseigne clairement que nous secrétons la solitude par nos attitudes et notre tempérament. Nous en sommes donc nous-mêmes, le plus souvent, responsables. Si les hommes sont, comme le dit l’apôtre Paul, " menteurs, égoïstes, avares, exclusivement préoccupés d’eux-mêmes, etc. ", ils sont coupés des autres (Ro.1.30 ss) et se sont séparés les uns des autres. Si nous ne connaissons plus le respect ou la reconnaissance envers nos parents, si nous n’avons pas d’affection pour notre prochain, nous serons effectivement seuls, séparés des autres. Voici ce qu’écrit Paul Tournier : " Ce qui nous sépare le plus des autres, ce sont nos propres secrets, le remords de nos fautes, les peurs qui nous hantent, les dégoûts que nous avons de toujours succomber à une tentation toujours renaissante, les doutes qui contrastent avec notre assurance apparente, nos jalousies, nos révoltes et même les naïfs rêves de gloire avec lesquels nous essayons de nous consoler… ". Ces termes forts de Romains 1. 30 et versets suivants sont des mots que la Bible utilise pour montrer ce que nous sommes : c’est notre photo. Ce sont là les tendances de notre être naturel qui nous séparent les uns des autres et qui nous plongent dans la solitude, le rejet, l’isolement.

La solitude est en moi

Certains aspects de notre personnalité et de notre caractère sont créateurs de solitude. L’égoïsme : c’est lui qui nous fait dire, comme Caïn autrefois après le meurtre de son frère Abel : " Suis-je le gardien de mon frère ? " L’égoïsme se manifeste sous bien des aspects : égoïsme des couples qui ne veulent pas d’enfants ou un seul ; égoïsme d’un enfant qui ne veut pas prendre soin de ses parents ; égoïsme dans tous les domaines de la vie, dans le travail, la famille, face aux besoins de la société. La Bible nous dit que nous n’avons pas le droit de penser seulement à nous-mêmes ; elle nous invite à chercher à être agréables à notre prochain et à penser à ce qui pourrait contribuer à son bien. Une telle attitude constructive nous soudera les uns aux autres et se diffusera dans notre communauté, dans notre relation de vie avec nos semblables au lieu de la déchirer

L’individualisme : l’individualisme caractérise notre société et nous caractérise également nous-même. L’enseignement des Ecritures nous encourage à faire tout le contraire. Nous sommes tous interdépendants les uns des autres, solidaires, appelés à réaliser une unité, bien sûr au sein de l’Eglise, mais aussi dans toute notre vie. Malgré notre pluralité, nos différences, nous formons tous un seul corps : telle est la vision de Dieu. L’Eglise n’est pas toujours parfaite mais, dans l’Eglise, il y a l’idéal de société que Dieu propose à notre génération. L’Eglise est semblable à un corps humain avec ses différents membres et organes (1 Co 12. 13). L’apôtre Paul dira : " Nous avons tous été baptisés dans un seul et même Esprit pour former un seul corps, que nous soyons Juifs, Grecs, païens,ou devenus chrétiens, esclaves ou hommes libres ". Voilà la solidarité dans sa forme complète. Notre corps social actuel est un rassemblement d’individualités alors que le modèle proposé par Dieu est celui de l’unité organique en quelque sorte. Dieu voudrait par là éviter toute division et donner aux membres du corps le sens de leur solidarité réciproque, de leur complémentarité et de leur unité afin que chacun d’eux ait le souci des autres pour leur témoigner une égale sollicitude. Nous sommes loin de cela mais il faut déjà le rechercher dans notre engagement personnel !

L’indifférence : elle correspond à la dureté du cœur et elle s’oppose à la sympathie, à la chaleur de l’amour fraternel. Ce sentiment d’amour fraternel, l’apôtre Paul en parle : " Réjouissez-vous avec ceux qui se réjouissent, pleurez avec ceux qui pleurent, ayez les mêmes sentiments les uns envers les autres… " (Ro 12. 15-16). Il ne peut exister de meilleure définition de l’écoute que celle de pleurer avec ceux qui pleurent et de se réjouir avec ceux qui se réjouissent, une façon de vivre où les choses bonnes ou mauvaises sont partagées. En réponse à l’indifférence, la Bible propose l’esprit de service. Chacun de nous a reçu un don particulier pour le mettre à contribution en faveur des autres. Si nous avions cette compassion, la relation d’aide serait profonde et valable, même avec un compagnon de travail, là où nous sommes chaque jour : nous porterions les fardeaux les uns des autres qui seraient alors aidés.

L’agressivité : notre monde est caractérisé par la hargne, par un esprit de revendication, par le manque d’égards, le manque de courtoisie vis-à-vis de l’autre. En réponse à cette agressivité, la Bible propose la douceur : " Que votre douceur soit connue de tous les hommes " (Ph 4. 5). Elle oppose un esprit pacifique : " Dans la mesure du possible, autant que cela dépend de vous, vivez en paix avec tous les hommes " (Ro 12. 18). Cet autre texte également : " Faites disparaître du milieu de vous toute mauvaise humeur, toute aigreur, toute rancune, tout esprit de revendication… ". (Le mensonge : ) de quoi nous séparer aussi des autres ! Nous sommes incapables de nous aborder dans la vérité. La vérité est astreignante et difficile (Ep 4. 15). Nous constatons le mensonge dans la famille, le manque de transparence dans la société, dans nos Eglises, partout. Nous sommes alors exhortés, chrétiens, à nous défaire du mensonge et de toutes ses formes ! (1 Jn 1. 7). L’apôtre Jean dira : " Si nous vivons dans la lumière, c’est-à-dire dans la transparence, alors nous sommes vraiment en communion les uns avec les autres ", et cette communion devient alors l’inverse de la solitude.

La rébellion ou le refus de l’autorité : encore une moisson de difficultés. Nous sommes exhortés à prendre notre place dans l’ordre établi par Dieu… Et puis il y a la rancune, la haine, l’esprit de vengeance…

La culpabilité : une réalité qui nous bloque à l’intérieur de nous-mêmes et nous empêche d’avoir une bonne communication avec l’autre. La solution donnée par la Bible, c’est la confession. Si nous avons péché contre notre frère, Jacques nous dit : prenez l’habitude de confesser mutuellement vos fautes ou vos péchés (Jc 5. 16). Les problèmes non réglés sont des blocages et l’Ecriture nous dit : " Si tu vas présenter ton offrande sur l’autel, si tu veux prier et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande, arrête de prier, va d’abord te réconcilier " (Mt 5. 23). Face à l’orgueil, à l’esprit de supériorité, à cette soif de pouvoir, aux abus d’autorité que nous subissons ou que nous faisons subir, la Bible propose l’humilité : " Ainsi, comme des élus de Dieu, saints, bien-aimés, revêtez-vous de miséricorde, de bonté, d’humilité… " (Col 3. 12). Les divergences d’idées peuvent aussi être des obstacles dont nous souffrons et peuvent aussi nous séparer des autres. La tolérance biblique permet alors de les surmonter… Alors, pour que s’opère la réconciliation entre nous, entre notre prochain et nous, nous devons auparavant trouver la source de réconciliation en Dieu et avec lui. Comment vivons-nous notre relation avec Dieu, sommes-nous en harmonie avec lui ou en désaccord ?

Malheur à celui qui ne sait pas être seul !

Jésus semble donner une définition positive de la solitude. Il l’appelle " un secret ". C’est un secret qui n’est pas vide. C’est un secret dans lequel il y a Dieu : c’est comme un face à face avec Dieu dans ce secret, dans le silence d’une rencontre avec lui. C’est une solitude qui va remettre à sa juste place toutes les prétentions de notre moi, de notre être revendicateur, une manière de faire pour écarter ses tendances mauvaises et pour que Dieu occupe alors toute la place dans notre vie. Ce secret est un lieu de rencontre avec lui où il n’y a plus de téléphone, plus de télévision, plus de divertissement. Les soucis, les projets, les préoccupations sont mis de côté, au moins pour quelques instants, et nous apprenons alors à ne plus nous occuper de toutes ces choses qui font notre vie pour entrer dans un face à face avec Dieu. C’est là, dans cette solitude recueillie, remplie de sa présence, que nous apprenons vraiment à le connaître tel qu’il souhaite se révéler et se communiquer. Nous n’avons pas besoin de nous réfugier dans un monastère pour cela ! Jérémie nous dit : " Il est bon d’attendre dans le silence le secours de l’Eternel " (Lm. 3. 26). Savons-nous, pour nous-mêmes, combien il est bon ce lieu de recueillement protégé ? Jésus lui-même nous exhorte en disant : " Va dans ta chambre la plus retirée, ferme, verrouille la porte et là, parle-moi ". Jésus, lui aussi, agissait ainsi, retiré à l’écart dans des endroits solitaires, parfois même dans le désert, sur une haute montagne ou ailleurs, seul pour prier, pour rencontrer son Père, Dieu lui-même. La solitude est une école de Dieu dans laquelle il nous éduque. Pour nous, chrétiens, où apprenons-nous à remporter nos victoires, d’abord la victoire sur nous-mêmes ? C’est là, dans le secret, sous le regard de Dieu seul, que nous remportons des victoires et que nous nous formons dans une relation profonde avec Dieu. C’est… renoncer de tout son cœur à soi-même, porter sa croix en secret… C’est ainsi que nous parvenons à vaincre toutes ces forces mauvaises que nous portons en nous-mêmes. La conversation avec notre Dieu vivant, c’est la chose essentielle de notre vie.

Pasteur Alain Bédikian

19:05 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : christianisme |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

11/06/2006

LA FORCE DE L'ESPÉRANCE.

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Le chrétien ne place pas son Espérance dans les modèles de société, dans les objets, dans les idéaux, mais bien en quelqu'un : Jésus-Christ, Fils de Dieu.

Pour le chrétien, le surgissement de Jésus, homme et Dieu, est dans l'histoire ; il est l'annonce de la fin, la voie de la fin réalisée et à réaliser encore.

Dans tout l'Évangile, Jésus annonce que le Royaume de Dieu s'est approché par sa personne, qu'il est déjà présent et que cependant il doit encore venir.

A ceux qui veulent un roi qui éliminera les Romains pour enfin clore l'attente, à ceux qui veulent un Maître qui réalisera le Royaume et fermera l'histoire, Jésus répond en refusant toute annexation ; il se met à l'écart et recrée une distance dans l'attente pour que le désir de ce qui n'est pas encore et de ce qui doit encore venir, s'avive de commencement en commencement sans jamais se clôturer dans l'instant présent, dans l'histoire présente.

A ceux qui sont tentés de désespérer, de se résigner ou de se consoler dans l'espoir d'une fin hors du temps, au-delà du temps, Jésus répond en disant que le Royaume est déjà là ; il multiplie les gestes de libération : " Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent, la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres " ( Lc, 6, 22 ).

Pour les chrétiens aussi, le Christ est présent et pourtant il est encore Celui qui doit venir. Il nous quitte et reste parmi nous. Boutade ? Non. Par sa vie et par sa mort, par la manifestation de sa résurrection et par son ascension où il se dérobe à note volonté de le retenir et de le posséder, Jésus nous révèle que la présence passe par l'absence. Contre toute attente qui réduirait jésus et son message à une fin mondaine, le christianisme réinstaure l'homme en relation à Dieu et refuse le rêve des espérances purement horizontales. Jésus est celui qui ouvre l'histoire humaine à Dieu en lui interdisant de se clôturer sur-elle même ou de croire qu'elle peut réaliser le Royaume de Dieu.

Mais contre toute attente qui réduirait Jésus et son message à une fin hors de l'histoire humaine, le christianisme réinstaure l'homme en relation avec Dieu et aux autres hommes dès maintenant et refuse le rêve des espérances purement verticales. Jésus est l'irruption du Royaume de Dieu dans notre histoire ; il ouvre dès maintenant le temps de Dieu et la libération des hommes.

Ni hors de l'histoire, ni dans l'histoire exclusivement, l'Espérance chrétienne vit le paradoxe de devoir réaliser l'attente et en même temps de la déplacer constamment sans la fixer. L'Espérance chrétienne au nom de jésus-Christ prend corps dans le temps sans cependant jamais s'y enfermer.

Le Royaume de Dieu est donc présent dans la pratique du croyant comme une instance critique permanente, une force de contestation qui l'empêche de se satisfaire de ce qui est, qui réveille son Espérance et l'ouvre sans cesse à un avenir qui transcende l'horizon de l'histoire. Seule est véritable la Foi qui se fait Amour, vérité et Justice, indivisiblement.

 BRUNO LEROY.

19:40 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : spiritualite de la liberation |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

05/06/2006

LE SAINT ESPRIT PARMI NOUS.

Jésus avait déclaré qu'il fallait qu'il quitte la terre avant d'envoyer un autre lui-même c'est à dire le Saint-Esprit. Après la résurrection, le Seigneur fit cette promesse aux disciples: "Ne vous éloignez pas de Jérusalem, mais attendez ce que le Père a promis, dans peu de jours, vous serez baptisés du Saint-Esprit...Vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins" Actes1/4-5 ; 8. Après l'ascension du Christ, les disciples se réunirent dans une pièce où ils se tenaient d'ordinaire et se mirent à prier afin de recevoir de recevoir la promesse. Mais nul ne savait comment les choses allaient se passer. Tout cela semblait bien mystérieux pour eux. Qu'importe! Jésus avait parlé, et ils s'en tenaient à ce qu'il leur avait dit. Cependant, rien n'est vraiment précisé si ce n'est qu'il fallait attendre durant "peu de jours". Oui, mais combien? Aucun disciple n'était à même de répondre à cette question. Le premier jour, rien ne se passa ; le deuxième, toujours rien ; le huitième encore rien. Peut-être que les disciples se sont posés bien des questions, les doutes ont été présents. Mais ils persévérèrent jusqu'au dixième jour, jour correspondant à la fête juive de la Pentecôte. A ce moment-là, tout à coup le Saint-Esprit remplit les disciples et, chose surprenante, ils se mirent à parler en d'autres langues (Actes 2/1-4). Ce fut une expérience extraordinaire que bien d'autres croyants ont fait par la suite, en Samarie, à Ephèse, à Corinthe...Aujourd'hui encore, le saint-Esprit agit puissamment chez tous ceux qui le reçoivent par la foi. Ce qui s'est passé avec les disciples dans la chambre haute le jour de la Pentecôte se vit encore à l'heure actuelle. Le Seigneur baptise du Saint-Esprit ceux qui désirent l'être. Quelle joie, quelle force alors quand on reçoit l'Esprit. "La promesse est pour vous, pour vos enfants, et pour tous ceux qui sont au loin" Actes 2/39
Alain Tournier.
 
Que ce jour de Pentecôte soit feu d'Amour en vos coeurs !
Bruno LEROY.

15:41 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (3) |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

04/06/2006

RETROUVER LE SENS DE LA PROVIDENCE.

Après les grands drames de notre temps, après les progrès de la science, est-il encore possible de croire que Dieu intervient dans notre monde en faveur de l’Homme ? Croire à la Providence est une invitation en ces temps incertains à vivre les événements dans la confiance.

 

Après les grands drames de notre temps, après les progrès de la science, est-il encore possible de croire que Dieu intervient dans notre monde en faveur de l’Homme ? Croire à la Providence est une invitation en ces temps incertains à vivre les événements dans la confiance.

La sagesse biblique nous propose l’image de la traversée du désert. En marche vers la Terre Promise, Israël apprend à vivre en totale dépendance. Dans cette insécurité Dieu donne l’eau et le pain. Dur apprentissage mais joyeuse découverte d’une proximité attentive.

Mais la Providence ne saurait être séparée d’une action qui m’implique. Un jésuite du XVIIe siècle récapitule le principe de son action « Confie-toi à Dieu comme si le succès des choses dépendait entièrement de toi et en rien de Dieu ; donne-toi cependant pleinement à l’œuvre comme si tu ne devais rien faire, et Dieu seul toute chose ». Une autre image, empruntée à saint Paul (1Corinthiens 3,7) « C’est à nous de bien planter et de bien arroser ; mais donner la croissance, cela appartient à Dieu ».

Après les grands génocides du XXe siècle, comment croire à la Providence ? La réflexion chrétienne a conduit à une compréhension plus profonde de la solidarité du Christ avec toutes les victimes du mal : l’Agneau immolé clame l’innocence de Dieu, sa descente en notre mal pour nous en libérer.
Le progrès scientifique et technique, de son côté, n’apporte-il pas aujourd’hui ce que les générations attendaient de la seule Providence ? On pourrait répondre que Dieu ne déserte pas l’Homme, pas plus qu’il ne l’infléchit du dehors : il l’habite et le travaille du dedans. C’est pourquoi l’Evangile invite à accueillir l’événement avec confiance« le Maître est là, Il t’appelle » (Jean 11,28). Néanmoins, Dieu n’agit pas que dans le cœur des hommes, comme si l’univers n’était qu’un décor de théâtre. Il se sert aussi du concours de toutes les créatures. Et saint Ignace d’inviter à « Regarder comment Dieu habite dans les créatures, dans les éléments en leur donnant d’être, dans les plantes en les faisant sentir, dans les hommes en leur donnant de comprendre, de même en faisant de moi son temple, puisque je suis créé à la ressemblance et à l’image de sa divine majesté ».
Seul le regard de l’amour peut découvrir dans les événements l’intention de l’Amour. C’est pourquoi la foi qui est une lumière sur ce qui vient, peut nous aider à faire une lecture des événements et y découvrir un dessein ; comme Marie qui « gardait toutes ces choses en son coeur et les méditait en silence ».

Il faut retrouver le sens profond de la Providence si nous voulons prétendre à une existence vraiment chrétienne. La prière de Jésus est toujours en situation : baptême, désert, choix des disciples, cène, agonie… Jésus prie son Père pour que Sa volonté s’accomplisse. Il arrache l’événement à la banalité comme à la puissance de l’Ennemi pour le remettre entre les mains du Père. L’oraison transforme notre regard sur les personnes et les choses pour y reconnaître ce que Dieu attend de nous. Dieu est à l’ouvrage. Ma vie, nos vies sont un chantier où le Maître embauche.

« Demandez, déclare Jésus, et on vous donnera ». Quiconque demande, reçoit » (Luc11,9-10).
Suffit-il vraiment de demander pour obtenir ? Faut-il même demander ? A qui et comment convient-il de demander ? Prier pour quoi faire ?
Quand les disciples veulent apprendre à prier, Jésus leur répond par le Notre Père. Nous nous adressons à notre Père des cieux pour Le supplier d’intervenir dans nos affaires humaines. Impossible donc à un chrétien d’exclure de sa vie la prière de demande. Nous sommes et nous restons des êtres de besoin. C’est dans la détresse que s’élève le plus fréquemment le cri de la prière. Cela pourrait traduire une attitude infantile et passive devant la vie. Parallèlement, Dieu semble souvent absent, ne pas répondre à nos supplications. Pourtant l’évangile ne cesse de scander que Dieu nous entend et nous exauce. « Qu’on demande avec foi et sans le moindre doute » nous exhorte saint Jacques (1, 6). Prier avec foi, dans un élan de confiance, mais aussi avec persévérance, sans se décourager, même quand personne ne répond ou pas tout de suite. Il faut donc savoir attendre, sans se lasser, l’heure de Dieu ; comme les jeunes filles de la parabole qui attendent l’époux.

On peut tout demander… à certaines conditions. Question de foi en Dieu, Dieu qui se réserve de répondre à sa façon. Jésus à Gethsémani (Mt 26, 29) a prié « que cette coupe s’éloigne de moi ». Il ajoute « si c’est possible. Et non ce que je veux mais ce que Tu veux ». Il a été exaucé en raison de sa soumission. Il aura eu la force d’aller jusqu’au bout de sa mission pour recevoir finalement de son Père la gloire de la résurrection. Mais il lui a fallu pour cela prier et supplier « avec un grand cri et des larmes » (He 5,8).

Dans les Exercices spirituels de saint Ignace, une formule revient plusieurs fois « Demander à Dieu ce que je souhaite et désire ». Cette demande suppose qu’un désir est présent. Ce désir humain doit par étape se laisser éclairer, transformer, pénétrer par l’amour de Dieu. Lente, parfois difficile transformation de ce désir pour qu’il en arrive à rejoindre le désir de Dieu. Dieu qui désire notre bonheur et nous demande de nous laisser faire par Lui, de nous laisser conduire par Sa main. Il ne nous demande que de Lui faire confiance ! Rien alors ne nous manquera.
On peut bien tout demander à Dieu : la confiance en un Dieu Père va jusque là. Même s’il ne les exauce pas comme nous le souhaiterions quelquefois, Dieu écoute nos prières et les accueille avec bonté. A sa façon qui n’est pas toujours la nôtre. Il les exauce TOUJOURS, telle est notre foi.

Enfin, si confiante qu’elle soit, notre prière ne dispense pas de l’action. L’effort humain, la mise en œuvre de moyens humains, la recherche de solutions restent, chaque fois que c’est possible, indispensables. L’homme n’est nullement déchargé de ses responsabilités.
Mais c’est dans la prière que sera trouvée la force de faire effort, de tenir debout et de marcher envers et contre tout. « Je peux faire tout en Celui qui me rend fort » (Ph 4,13). La vraie prière chrétienne est source de courage, de patience, d’énergie, de dynamisme. La vie n’en sera peut-être pas rendue plus facile, les obstacles ne seront pas magiquement supprimés. Mais nous ne serons plus seuls. Quelqu’un sera là avec nous « Ne crains pas, je suis avec toi » (Is 43,5). A travers nos prières, au-delà de toutes nos demandes, n’est-ce pas au fond ce que nous demandons, ce que nous désirons ; que Dieu soit là, présent dans chacune de nos existences, qu’Il nous aide à chaque moment à vivre et agir ?
Présence du Seigneur au cœur de nos vies humaines : c’est cette présence « providentielle » que la prière nous aide à retrouver, c’est elle qui nous donne la force d’avancer. Acte de foi et d’espérance où nous puisons la force de vivre et d’aller de l’avant, avec la grâce de Dieu.


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Cet article est directement inspiré de la revue Christus, n°174, avril 1997.

Rubrique Prière inXL6

09:52 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

03/06/2006

L'ESPRIT DE PENTECÔTE.

Le fil rouge de la liturgie de cette fête de Pentecôte me semble être le passage de la Seigneurie du Christ à celle de l’Esprit au cœur du disciple et au cœur de l’Eglise. Par trois fois, Saint Paul insiste auprès des chrétiens de Galatie afin qu’ils « se laissent conduire par l’Esprit ». Il ne s’agit pas pour autant de changer de Maître : Celui que Jésus envoie d’auprès du Père ne fera que « reprendre ce qui vient du Fils pour nous le faire connaître ». Et comme le Verbe prononce les paroles du Père, c’est ultimement au Père que l’Esprit tout comme le Fils rendent témoignage. Il semble pourtant qu’il y ait une contradiction dans les propos de Notre-Seigneur, puisqu’il affirme d’abord qu’il aurait « encore beaucoup de choses à nous dire, mais que pour l’instant nous n’avons pas la force de les porter » ; puis il ajoute que l’Esprit se limitera à nous « redire tout ce qu’il aura entendu ». Dans ces conditions, qui donc va compléter l’enseignement que Jésus n’a pas pu achever en raison de notre faiblesse ?

Si nous interprétons ces paroles comme la révélation d’un manque dans l’ordre du savoir, il y a effectivement une difficulté ; mais s’il s’agit d’un déficit dans l’ordre de la connaissance - au sens d’une intuition spirituelle de la véritable identité du Christ - la contradiction disparaît : seul l’Esprit du Père et du Fils peut nous révéler la vérité de leur relation, et par là leur identité profonde. Littéralement, l’Esprit de vérité nous guidera dans la vérité toute entière, c'est-à-dire qu’il nous introduira dans le mystère de la Personne du Père en nous donnant part à la vie filiale du Christ. L’Esprit ne nous livre pas de « nouvelles informations sur l’affaire Jésus », mais il le « glorifie » : il révèle sa gloire, la gloire qu’il tient du Père en tant que Fils unique, venu nous introduire dans « la grâce et la vérité » (Jn 1, 17). La parole de Jésus ne suffit donc pas pour « rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés » : il faut davantage ; un autre don est nécessaire : celui de l’Esprit, qui glorifie le Fils, c'est-à-dire qui met en lumière le caractère divin de sa mission. La parole s’écoute ; la gloire se contemple : la parole nous constitue en interlocuteurs de Dieu, la contemplation de sa gloire nous unit à lui dans l’amour, tout en nous unissant entre nous dans une même communion. Nous avons donc besoin d’un double accompagnement : celui de la parole, et celui de l’Esprit. Nous pourrions dire que nous n’allons vers le Père qu’en donnant la main au Fils et à l’Esprit : « Si vous ne devenez pas comme les petits enfants – sous-entendu qui se laissent conduire par la main – vous n’entrerez pas dans le Royaume des cieux » (Mt 18, 4). Et où allons-nous ainsi ? La seconde lecture de ce jour nous précise que notre marche nous conduit d’un état à un autre. En devenant sujet du Christ Jésus et en obéissant à son Esprit, nous passons de la sujétion à la Loi, à la liberté des enfants de Dieu ; ou encore : de l’esclavage de la chair à la liberté de l’esprit ; et enfin : de la mort à la vie. Ce passage n’est cependant pas une promenade de santé : Jésus nous parle de l’Esprit comme d’un Défenseur, un Témoin, un Avocat ; le contexte est donc celui d’un procès, d’une mise en accusation.

Certes l’issue de l’affrontement ne fait pas de doute puisque Jésus est passé par ce chemin avant nous pour nous ouvrir la voie qui conduit au Père ; mais si notre Maître est déjà dans la gloire, nous sommes encore au cœur du combat. D’où l’importance de demeurer soumis à celui que Jésus nous a envoyé d’auprès du Père pour nous protéger, nous conseiller, nous guider et nous introduire dans la vérité toute entière. Si Jésus nous dit avec autant d’insistance qu’il est « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14, 6), et s’il nous envoie « l’Esprit de vérité » dont la mission est de nous « guider dans la vérité toute entière », c’est donc que ce qui nous barre l’accès à la vie en plénitude, c’est le mensonge. Le diable est en effet « Père du mensonge », et par le fait même, « homicide, et cela depuis les origines » (Jn 8, 44-45). D’où l’importance de proclamer à temps et à contretemps la parole de vérité, car c’est elle qui ouvre le chemin de la vie. Le poison mortel réside dans le mensonge - subtilement entretenu par le démon - selon lequel l’homme serait divin par nature, et n’aurait dès lors nullement besoin de salut. Enfermé dans son autonomie carcérale, ce petit dieu ne voit pas qu’il est esclave de la chair, aliéné de lui-même, voué à la mort ; alors qu’il est de toute éternité appelé par le Père à partager sa propre vie dans la lumière de l’amour. La pleine connaissance spirituelle vers laquelle nous guide l’Esprit est donc à la fois « théorique » et « pratique » : il s’agit de coopérer avec la grâce à une transformation profonde de notre être afin de « devenir participants de la vie divine » (2 P 1, 4). Nous laisser conduire par l’Esprit signifie nous soumettre en toutes choses à ses directives afin de ne plus « obéir aux tendances égoïstes de la chair » (2nd lect.), et de vivre selon la loi de charité. Tel est le chemin que sont invités à suivre ceux qui « sont au Christ » (Ibid.) et progressent vers la vie filiale. L’Esprit nous donne d’abord de croire en Jésus, Seigneur et Sauveur ; puis il nous conduit vers un attachement toujours plus radical à sa Personne, afin de vivre de sa vie.

Sur ce chemin, il s’agit pour chacun de nous de faire la vérité sur nos comportements, afin d’extirper les agissements du vieil homme, qui sont incompatibles avec une vie en Christ. Il suffit de parcourir la liste des « actions auxquelles mène la chair » que nous énumère Saint Paul, pour découvrir que nous n’avons pas encore « crucifié en nous la chair, avec ses passions et ses tendances égoïstes », pour laisser « vivre l’Esprit en nous ». Telle est précisément la raison pour laquelle nous revivons chaque année la solennité de la Pentecôte : nous avons besoin de nous laisser purifier dans le Feu de l’Esprit afin de pouvoir « rendre témoignage en faveur de Jésus », et « proclamer par toute notre vie les merveilles de Dieu » (cf. 1ère lect.). « Aujourd’hui, Seigneur, par le mystère de la Pentecôte, tu sanctifies ton Eglise chez tous les peuples et dans toutes les nations ; répands les dons du Saint Esprit sur l’immensité du monde, et continue dans les cœurs des croyants l’œuvre d’amour que tu as entreprise au début de la prédication évangélique, par Jésus le Christ, Notre-Seigneur » (Or. d’ouv.).

Joseph-Marie +

10:02 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

29/05/2006

LA ROSÉE DE L'ESPRIT.

Jésus est tellement absorbé dans sa prière, qu’il semble oublier ceux qui l’entourent : il parle de ses disciples à la troisième personne, intercédant pour eux devant son Père comme s’ils étaient absents. Mais une lecture plus attentive nous permet de découvrir que tout au contraire, c’est parce qu’il s’identifie à eux qu’il parle ainsi. Lorsque Jésus demande au Père de lui donner la gloire qu’il avait auprès de lui avant le commencement du monde, il ne parle pas en tant que Verbe éternel, mais en tant que Verbe incarné. La gloire, c'est-à-dire la participation à la vie divine dans l’Esprit, est de toute éternité le bien propre du Fils unique.

La prière de Jésus consiste à demander que cette gloire resplendisse non seulement sur sa nature divine, mais qu’elle soit également accordée à la nature humaine qu’il assume dans son incarnation. Et comme il récapitule dans son humanité très sainte celle de tous les hommes, c’est la glorification de toute l’humanité qu’il demande à son Père. « Glorifie le Fils jusque dans sa chair, afin que le Fils te glorifie (te rende gloire) par tous les membres de son corps ». Si la gloire est participation à la vie divine qui jaillit du Père ; et si cette gloire en reposant sur le Fils incarné, repose également sur tous ceux qui par la foi lui sont unis, alors il est clair que la victoire du Christ sur la mort est aussi notre victoire : « comme tu as donné au Fils autorité sur tout être vivant, il donnera la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donné ». L’œuvre du Fils consiste à faire connaître le nom du Père aux hommes que celui-ci lui avait confiés. C’est ainsi que Jésus a glorifié son Père durant son ministère terrestre : il n’a pas attiré sur lui l’attention de ses disciples, mais les a réorientés vers le Père, qu’ils ont reconnu comme la source de tous les biens qui leur venaient par le Fils. Jésus l’Envoyé du Père est venu rassembler les enfants de Dieu dispersés, afin de les remettre sur le droit chemin de la vérité et de la vie. Bien plus : par ses paroles, ses actions et surtout par le don total de lui-même dans l’amour, il est en Personne ce chemin en tant que Fils unique du Père à l’image duquel nous sommes tous créés.

Ayant « reconnu que Jésus est venu d’auprès du Père », les disciples se sont mis résolument en route à sa suite, « gardant fidèlement sa parole ». Aussi la mission du Verbe incarné prend-elle fin : il nous confie au Père et nous précède auprès de lui pour nous y préparer une place, tandis que l’Esprit chemine avec nous sur la voie tracée par Jésus : « Je prie pour eux : ils sont à toi, et tout ce qui est à moi est à toi, et je trouve ma gloire en eux ». « La gloire de Dieu, disait Saint Irénée, c’est l’homme vivant (de la vie de l’Esprit reçu du Fils). Cette gloire est partagée par le Père et le Fils puisque l’Esprit est leur vie commune qu’ils répandent à profusion sur tous ceux qui croient en leur bienveillance. Et « la vie de l’homme c’est la vision de Dieu » - dans la foi sur cette terre, en attendant de « le voir tel qu’il est » (1 Jn 3, 2) au-delà du voile de la mort. Mais la foi n’est pas ténèbre : elle est la nuée de l’Esprit qui nous accompagne durant notre traversée du désert, nous éclairant dans la nuit et nous protégeant du soleil brûlant durant le jour. « Or le Seigneur, c’est l’Esprit, et là où l’Esprit du Seigneur est présent, là est la liberté. Et nous nous reflétons tous la gloire du Seigneur, et nous sommes transfigurés en son image avec une gloire de plus en plus grande, par l’action du Seigneur qui est Esprit » (2 Co 3, 18).

« Père, répands encore sur nous la rosée de ton Esprit Saint, nous te le demandons au nom de ton Fils bien-aimé, Notre-Seigneur Jésus-Christ. Fais descendre sur nous la nuée lumineuse de ta gloire. Rends nous conscients de la responsabilité qui nous incombe de permettre à ton Esprit, par notre docilité à ses motions, d’étendre le règne du Christ par une vie en toutes choses conforme à la sienne. »

Joseph-Marie +

17:27 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |