06/06/2007
ÉCOUTER L'AMOUR.
« Un scribe s'avança vers Jésus et lui demanda : ‘Quel est le premier de tous les commandements ?’ Jésus lui fit cette réponse : ‘Voici le premier : Écoute, Israël…’ » Le premier des commandements que le Seigneur nous donne c’est de l’écouter, c’est d’accepter d’être accueillant à sa Parole de vie. Et que commence par nous dire cette Parole ? « Le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur ». Unicité, radicalité. Il n’en est pas d’autres vers qui notre cœur puisse tendre l’oreille car personne en dehors de lui ne peut légitiment prétendre à ce titre.
La conséquence pour nous d’une telle affirmation ? « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force ». Quelle exigence ! Avec le cœur partagé qui est le nôtre, comment prétendre y être arrivé, ne serait-ce qu’une fois dans notre vie. Certes, nous en avons le désir, mais ce précepte nous bouscule parce qu’il nous renvoie à notre incapacité à l’accomplir. N’aurions-nous pas envie de répondre à Jésus : ‘Ecoute Seigneur, laisse-moi tranquille, j’essaye de faire ce que je peux, mais ne me demande pas l’impossible’ ?
Et pourtant le Seigneur nous demande bien de l’aimer et non pas de faire seulement notre possible pour l’aimer. Ne passons pas trop facilement à côté de l’exigence de ces paroles, même si nous ne devons pas nous laisser enfermer par celle-ci.
Pour ce faire, il est essentiel de nous souvenir qu’il s’agit en premier lieu d’écouter. Ecouter la beauté d’une telle parole : « Le Seigneur notre Dieu est l’unique, tu aimeras… » ; écouter l’amour du Seigneur qui résonne en elle et ce jusque dans la première épître de saint Jean où il nous est dit : « Dieu le premier nous a aimés ». Dieu ne peut nous demander de l’aimer de tout notre cœur, de toute notre âme, de tout notre esprit et de toute notre force que parce que lui-même nous a aimés le premier. Dieu ne peut nous demander de rester fidèle à ce précepte que parce que lui-même, le premier, demeure fidèle.
La première exigence n’est donc pas d’aimer le Seigneur mais de l’écouter et en l’écoutant de se laisser ajuster à lui. Ecouter pour se laisser ajuster, pour se laisser transformer et pour pouvoir aimer du même amour dont nous sommes aimés. Somme toute, n’est-ce pas cela être juste ?
Mais Dieu ne nous imposera jamais l’écoute de sa voix. La Parole de Dieu ne vient pas comme une voix qui se surajouterait à tous nos bruits, à tous nos propos vains et futiles, quitte même à les dominer de sa force.
Parce qu’elle est plénitude, la Parole de Dieu ne peut pas ne pas tout emplir. Elle ne peut donc que jaillir du silence le plus profond. Lui seul veut dire quelque chose. Oui, derrière les bruits, derrière les cris, il y a en moi ce silence qui existe plus que moi, il y a ce silence de quelqu’un qui est sur le point de parler et qui commence ainsi : « Ecoute,… ». Ouvrons l’oreille de notre cœur et écoutons. Ce qui suit sera unique pour chacun d’entre nous.
Frère Elie.
21:28 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
01/06/2007
Dieu donne tout.
Le Seigneur m’a engendré, prémices de son activité, prélude à ses œuvres anciennes." Pr 8, 22-31 nous sommes en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ." Rm 5, 1-5 mon Père est à moi."Jn 16, 12-15 | |
La solennité de la Sainte Trinité centre le regard de la foi sur ce mystère : Dieu est communion d’Amour. La plénitude du Père, source de vie, se communique à la création tout entière et le Fils qui « possède » tous les biens du Père ne garde rien pour lui : par l’Esprit, il se donne pour le salut du monde. Dieu se donne donc sans cesse et nous invite à faire de même avec ceux qui nous entourent : partager le don de la vie. Comment, si ce n’est par l’Esprit d’Amour et de Vie ? S’il est à notre avantage que le Christ « s’en aille », c’est parce que l’espace qu’il laisse vide est rempli par l’Esprit Saint. L’Esprit, lui non plus, n’agit pas pour son propre compte : « Il me glorifiera, dit le Christ, car il recevra de ce qui est à moi, et il vous le communiquera. » Il nous fait accéder « à la vérité tout entière » et grandir dans l’amour de la vérité. Avant de commencer notre journée, invoquons le Dieu trois fois Saint pour qu’il remplisse notre être de son Esprit de Vie. Avec Lui, demandons au Seigneur qu’il nous libère de toute "fausse propriété" afin de nous faire grandir dans des relations gratuites les uns avec les autres.
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18:54 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
PAR QUELLE AUTORITÉ ?
« Par quelle autorité fais-tu cela ? Ou bien qui t'a donné autorité pour le faire ? » La question posée à Jésus vient du contexte pharisien qui est le sien. La tradition juive veut, en effet, que l'on ne dise rien de soi avant de s'être référé à ses maîtres. La nouveauté ne peut jaillir que de la tradition reçue et transmise. Or Jésus est le seul rabbi qui ne commence pas ses enseignements par les références habituelles aux maîtres, lesquelles assurent que l'autorité de l'enseignement prononcé vient de Moïse lui-même, premier maillon de la chaîne de transmission. Jésus parle de lui-même, de sa propre autorité, et cela ne manque évidemment pas de choquer.
La réponse qu’il adresse aux pharisiens qui l’interrogent n'est cependant ni une échappatoire ni un chantage. « Je vais vous poser une seule question. Répondez-moi, et je vous dirai par quelle autorité je fais cela. Le baptême de Jean venait-il du ciel ou des hommes ? Répondez-moi. » En se référant à la personne de Jean, qui lui aussi enseignait, Jésus pose la question de l'origine commune de tous les enseignements. Si toute autorité vient de Moïse par les maîtres, il ne faut pas oublier que c'est de Dieu que viennent les Dix Paroles qui ont été remises à Moïse au Sinaï. La véritable autorité vient de ces Paroles Divines autrement dit de Dieu lui-même. Par sa réponse, Jésus induit donc son être et sa messianité divine.
En renvoyant à la figure de Jean-Baptiste, Jésus interpelle ses interlocuteurs sur un autre point. La référence aux maîtres n'est, en effet, pas seulement un gage de vérité. Elle est de l'ordre du témoignage : c'est sur la simple parole d'un rabbi qu'on a accès à celle de ses maîtres. En évoquant le baptême de Jean, Jésus rappelle le rôle déterminant de ce dernier dans la reconnaissance de Celui qui devait venir en acceptant d'être son témoin. Le quatrième évangile insiste tout particulièrement là-dessus notamment lorsqu’il ouvre le cycle de Jean-Baptiste par ces mots : « Et voici quel fut le témoignage de Jean… » (Cf. Jn 1, 18).
Contrairement à Jean-Baptiste, les grands prêtres et les anciens ne témoignent pas, bien qu’ils se réfèrent à leurs maîtres. Ils tiennent la vérité captive. Ce qu'ils cherchent, ce n'est pas l'avènement de la vérité, mais la préservation de leur pouvoir. Pour ce faire, ils se montrent prêts à taire la vérité, à ensevelir la parole dans le mutisme.
Devant leur refus de faire la vérité en eux-mêmes, Jésus va s’esquiver : il ne dira pas « de quelle autorité » il a chassé les vendeurs du Temple, puisque ses interlocuteurs ont fait la preuve qu’ils ne veulent pas entendre.
Ainsi, faire advenir la Parole de Dieu, le Verbe éternel, dans nos vies suppose que nous ayons renoncé à tenir captive toute vérité qui ne servirait pas nos projets. Inutile de nous revendiquer de Jésus si nous ne nous disposons pas à l'accueillir.
« Seigneur, puissions-nous à l’exemple de Jean-Baptiste choisir la voie de l’écoute qui permet l’accueil de l’Esprit de vérité. Puissions-nous, comme lui, choisir l’humilité qui est oubli de soi pour te recevoir tel que tu te présentes à nous et non pas tel que nous voudrions que tu sois. Ton irruption dans nos vies nous dérangera toujours. Mais bienheureux celui qui accepte de laisser débusquer au fond de lui les ruses du vieil homme, il pourra communion à la vrai vie. »
Frère Elie.
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26/05/2007
La fête de la Pentecôte.
Aux apôtres barricadés dans le cénacle, le Ressuscité était venu apporter sa paix, premier fruit de l’amour inouï de notre Seigneur Jésus. Mais il ne comptait pas en rester là. Vaincre notre Ennemi, nous libérer de notre esclavage ne lui suffit pas. Il veut encore nous transformer de l’intérieur, nous renouveler, nous recréer. Mystère inconcevable pour ses créatures, il veut nous diviniser, nous introduire au cœur de la vie divine. Il le veut, et il le fait.
Ainsi, la merveille que Dieu opère en ce jour n’est pas de faire entendre le message des apôtres par les foules si diverses qui se pressaient à Jérusalem. La merveille que nous accueillons est une œuvre de recréation. Nous l’avons chanté dans le psaume : « Tu envoies ton souffle, ils sont créés ; tu renouvelles la face de la terre » ! Aujourd’hui une humanité nouvelle se lève, définitivement rétablie dans sa dignité, revêtue de la gloire même de Dieu !
Avec le recul que nous avons sur l’ensemble de l’histoire du salut, c’est aujourd’hui facile à lire. Dès le commencement, Dieu avait le projet de nous établir dans son Alliance en tant que ses fils. Le livre des Actes veut le démontrer en inscrivant les événements de la pentecôte dans la continuité de toute l’histoire de l’Alliance. Le « feu », la « voix », et de nombreux indices textuels, font référence au don de la Loi fait à Moïse sur le Sinaï. Aujourd’hui, la Loi Nouvelle qui nous est donnée ne vient pas s’inscrire sur des tables de pierre, mais dans des cœurs de chair. Mais il s’agit bien d’une loi, d’une règle de conduite, que nous ne nous donnons pas à nous mêmes, qui nous vient de notre maître et Seigneur.
Sur cette question, saint Paul est très ferme. L’Esprit qui nous est donné a sur nous une « emprise ». Le terme n’est pas neutre. L’Esprit Saint nous prend en main. Et le Seigneur compte bien que nous nous soumettions à cette loi nouvelle. Oubliée, la sagesse mondaine qui veut absolument qu’on négocie entre deux termes, qu’on essaie de louvoyer ne s’engageant ni à droite ni à gauche, ne s’opposant ni à l’un à ni à l’autre. Cette politique n’a d’autre ambition que de flatter notre désir d’autonomie. Mais il s’agit d’une pure utopie. Nous appartenons à Jésus-Christ car il nous racheté par son sang. Rejeter sa souveraineté, nous explique saint Paul, est se remettre sous l’emprise de la chair, c’est se révolter contre Dieu. Il n’y a pas d’alternative.
Cela est la vérité, et nous la connaissons déjà. Il ne faut pas attendre de l’Esprit Saint une nouveauté qui serait l’acquisition d’une connaissance jusqu’alors inconnue. Mais aujourd’hui ce que nous connaissons est éclairé d’une lumière nouvelle, ce que nous savions de Dieu et de son projet sur nos vies, apparaît dans la bonté et la cohérence de son unité. Cette nouveauté vient donc de l’Esprit, qui nous conduit à la vérité, la vérité tout entière.
Notre condition en effet ne se résume pas à passer d’un esclavage à un autre. Jamais l’Esprit ne contraint notre volonté ; il la sollicite, il l’éduque, il l’oriente. Le Seigneur Jésus ne nous appelle pas ses serviteurs, mais ses amis. L’Esprit de vérité n’est pas un Esprit qui fait de nous des esclaves, mais des fils. Ce jour où Dieu nous donne d’entrer au cœur de la relation d’amour qui unit les personnes divines, l’Esprit sollicite notre libre engagement. Il attend de nous un acte de confiance et d’amour. Il attend qu’on lui laisse enfin les rênes de notre vie.
La fête de la Pentecôte nous pose donc la question de notre engagement dans notre vie spirituelle… Allons-nous continuer à vivre comme si l’on pouvait s’installer sur cette terre ? Allons-nous continuer à nous décider comme si le Seigneur n’allait pas revenir très bientôt ? Allons considérer longtemps encore notre vie ici-bas comme s’il était acquis qu’elle allait durer des années encore ? Regardons les apôtres ! Ils sont déjà partis ! Un incendie embrase Jérusalem, demain il se répand jusqu’en Galilée, et bientôt dans le monde entier ! Il est temps de courir avec Pierre, Jacques, Jean et tous les autres, de courir la course de la sainteté ; il est temps de s’abandonner définitivement à la grâce qui nous pousse à annoncer les merveilles de Dieu.
Certes, cet abandon aussi sera l’œuvre de l’Esprit en nous. Prions le Paraclet de rendre forte et permanente la prière que nous élevons au nom du monde entier ; prions-le d’accélérer pour chacun de nous les temps d'une profonde vie intérieure ; qu’il donne de l'élan à notre zèle à annoncer l’évangile. Il n’est certes pas toujours possible d’annoncer ouvertement l’évangile, mais il est toujours possible de discerner les signes que nous fait le Saint-Esprit qui nous précède dans les cœurs de nos frères et nous pousse à leur annoncer l’évangile, en parole ou en actes.
La grâce de la résurrection a fait disparaître en nous la présomption naturelle, et a détruit tous les liens terrestres que nous empêchaient de faire honneur à notre vocation de baptisés. Saisissons aujourd’hui la grâce de la pentecôte, grâce d’humilité, de véritable crainte de Dieu, et de courage généreux. Ne laissons désormais aucun intérêt supprimer, en raison de notre indolence, les exigences de la justice ; ne supportons qu'aucun calcul ne renferme les espaces immenses de la charité à l'intérieur des angoisses des petits égoïsmes. En ce jour il nous est donné de renaître, il nous est donné que tout soit grand en nous, grand comme Dieu lui-même ! Laissons la recherche et le culte de la vérité prendre toute leur envergure en nous, ne réprimons pas la promptitude au sacrifice jusqu'à la croix que l’Esprit suscite dans nos âmes. Ce jour est grand, ce jour est beau, parce que tout peut enfin correspondre à la prière que le Fils adresse au Père céleste, parce que l’effusion de l’Esprit sur le monde et dans nos cœurs vient renouveler la face de la Terre.
Faisons donc sans tarder le premier pas d’une vie dans l’Esprit, profonde et personnelle, et donnons à Dieu la joie qui le comble au-delà de toute mesure, la seule joie qu’il espère de nous : abandonnons-nous, dans la confiance, à son action créatrice, adressons-lui dans la simplicité les deux mots de notre action de grâce et de notre amour : « Abba Père ».
Frère Dominique.
19:32 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
25/05/2007
Le mystère de cette relation d’amour.
Pierre a compris l’allusion à peine voilée de Jésus au martyr par lequel il glorifierait Dieu, en donnant lui aussi sa vie pour ses amis. Dans le silence qui suit cette révélation, l’attention de Pierre est attirée par le crissement des galets, sous les pas de quelqu’un qui s’approche. Se retournant, il « aperçoit, marchant à leur suite, le disciple que Jésus aimait ». Discrètement celui-ci s’est détaché du groupe des Apôtres pour se rapprocher du Maître, tout en restant à une distance respectueuse pour ne pas être indiscret. Il ne cherche pas à se mêler à la conversation entre Pierre et Jésus, mais son amour pour le Seigneur l’attire à lui : « l’ami de l’Epoux se tient là, il entend la voix de l’Epoux, et il en est tout joyeux. C’est sa joie et il en est comblé » (Jn 3, 29). Par le fait même, tout en marchant « à la suite de Jésus », il marche également derrière celui que son Maître a placé à la tête du collège apostolique.
Le voyant, Pierre prend conscience que c’est plutôt à ce disciple que devrait revenir la responsabilité dans laquelle il vient d’être confirmé, et l’honneur de verser son sang en témoignage. N’est-il pas le seul Apôtre qui soit resté fidèle et qui ait suivi le Maître jusqu’à la Croix ? « Et lui, Seigneur, que lui arrivera-t-il ? » La parole énigmatique de Jésus - « Est-ce ton affaire ? » - doit s’entendre comme un refus de satisfaire la curiosité de Pierre. Tout appel s’enracine dans la relation personnelle, unique, que le Seigneur entretient avec chaque disciple en particulier. Certains aspects de notre vocation appartiennent certes à la « sphère publique », puisque c’est toujours au service du bien commun que nous sommes envoyés ; mais il nous faut aussi respecter le mystère de cette relation d’amour – nécessairement personnelle – qui relie chacun de nous et de nos frères à l’unique Epoux de nos âmes. La curiosité dans ce domaine est déplacée : la « transparence » fraternelle ne signifie pas « déballage » du for interne, voyeurisme ou exhibitionnisme spirituel ; il nous faut apprendre à respecter le « secret du Roi », autant dans nos vies que dans celle des autres.
« Si je veux qu’il reste jusqu’à ce que je vienne ? » Comment comprendre cette Parole ? « Jusqu’à ce que je vienne » à la fin des temps, c’est-à-dire à la Parousie ? L’évangéliste récuse explicitement cette interprétation, qui impliquerait que « le disciple ne mourrait pas ». Il faut sans doute lire bien plus simplement : « jusqu’à ce que je vienne le prendre avec moi dans la définitivité du Royaume, de l’autre côté de la mort ». En vertu du pouvoir qu’il a acquis par sa résurrection, Notre-Seigneur définit la mort comme notre rencontre avec lui, le Vivant, qui vient nous chercher pour nous introduire dans la vie définitive.
Pour nous préparer à cette ultime traversée vers l’autre rivage, appuyés sur le bras de l’Epoux, il nous faut obéir à la volonté du Seigneur : « Je veux qu’il demeure ». Dans le quatrième évangile, ce verbe décrit l’attitude du disciple, qui tend à mettre en pratique le précepte de Jésus : « Demeurez en moi comme moi je demeure en vous » (Jn 15, 4). Notre-Seigneur nous invite à nous unir à lui par une foi vivante, afin de ne pas être pris à l’improviste lorsqu’il viendra nous chercher. Restons en tenue de service, et gardons nos lampes allumées. Soyons « comme des gens qui attendent leur Maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte. Heureux les serviteurs que le Maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller : il prendra la tenue de service, les fera passer à table, et les servira chacun à son tour. » Nous aussi, « tenons-nous prêts : c’est à l’heure où nous n’y penserons pas que le Fils de l’homme viendra » (Lc 12, 37-40).
En attendant sa venue, nous savons ce que nous avons à faire : comme Saint Paul, « du matin jusqu’au soir, efforçons-nous de convaincre nos frères au sujet de Jésus, enseignant ce qui le concerne avec une assurance totale » (1ère lect.), c'est-à-dire dans la force de l’Esprit.
« Seigneur nous envions tous les disciples de la première heure, qui t’ont vu, entendu, qui ont mangé avec toi ; que tu as soutenus au moment du doute, que tu as réconfortés devant l’épreuve, que tu as rassemblés après leur trahison. Il ne faudrait pourtant pas que cette nostalgie nous fasse oublier que ces récits ne nous sont pas seulement donnés à méditer pour faire mémoire des temps fondateurs, mais aussi et surtout pour nous rappeler que tu demeures auprès de nous dans la même proximité et la même disponibilité. Que l’Esprit Saint dans lequel nous allons être bientôt renouvelés nous fasse découvrir ta présence au cœur de nos vies, toi qui nous a promis d’“être avec nous, tous les jours, jusqu’à la fin du monde” (Mt 28, 20). »
Père Joseph-Marie.
20:21 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
24/05/2007
Faire le choix de la confiance.
Par trois fois, Jésus interroge Pierre : « m’aimes-tu ? ». Ainsi, le Seigneur permet-il à Pierre de renouer ce que son triple reniement a brisé. Le premier enseignement de cette triple question est que Jésus ne raye jamais quelqu’un de ses tablettes. La main est toujours tendue, le retour toujours possible, le pardon toujours offert. Jésus a été humilié par la trahison de Pierre, mais il choisit pour son disciple un chemin de retour qui rétablit et respecte sa propre dignité. En lui posant une question, Jésus permet en effet à Pierre de prendre la parole, de manifester son regret et de s’engager à nouveau. Par la réponse humble qu’il donne, « tu sais que je t’aime », Pierre montre qu’il a changé : il ne parle plus avec l’assurance excessive qui lui faisait promettre de mourir aux côtés de son maître. Il sait désormais qu’il est capable de bien peu de choses, et que s’il peut encore aimer Jésus, c’est par pure grâce de celui-ci.
Commentant ce passage de l’Évangile, saint Augustin affirmait : « En interrogeant Pierre, Jésus interrogeait également chacun de nous ». Cela est sans doute une allusion à nos propres trahisons et à l’invitation que Jésus fait à chacun de revenir à lui. Mais, dans sa simplicité, la question de Jésus est d’une force exceptionnelle : « m’aimes-tu ? ». La question qui rejoint chacun de nous est celle de l’amour. Ce qui prime n’est pas le décompte de nos exploits et de nos trahisons, une liste de prescriptions morales à respecter ni une collection de dogmes à connaître. L’essentiel est dans la relation intime et profonde que Jésus veut vivre avec nous. Pour la première fois dans l’Évangile, maintenant que nous avons reçu la preuve de l’amour qu’il nous porte, Jésus ose nous demander notre amour. Il s’est engagé le premier et sans poser de condition, mais il se dévoile maintenant sans retenue : « m’aimes-tu ? ». Le Seigneur de l’univers se fait mendiant de notre amour.
Bien entendu, l’amour que nous pourrions lui porter n’apparaît pas à Jésus comme une juste rétribution ni comme un dû. Sa triple réponse montre qu’il ne désire pas pour lui-même les fruits de cet amour : « sois le berger mes brebis ». Jésus éclaire ainsi de la lumière de la résurrection, la recommandation qu’il nous avait faite : ce que vous ferez à ces petits qui sont les miens, c’est à moi que vous le ferez. Ainsi, nous montrons à Jésus notre amour pour lui en prenant soin de son troupeau, c'est-à-dire de nos frères. Un amour orienté vers Jésus porte des fruits de service fraternel.
Tout devient alors possible pour l’ensemble du troupeau. Reconnaissants envers le Seigneur qui nous donne de l’aimer sans réserve et en vérité, nous ne saurions garder dans nos cœurs la liste des frères qui nous sont redevables, qui nous ont trahis ou qui méritent l’exil de notre affection. Comme Jésus, nous pouvons toujours faire le choix de la confiance et ouvrir à une relation amicale renouvelée. Tirer nos frères de leurs échecs comme nous sommes tirés des nôtres, est fonder dans la durée notre amitié avec Jésus. Notre réponse à la demande d’amour de Jésus ressuscité se dit en actes de charité fraternelle.
Faire ce choix courageux est entrer dans un cercle vertueux qui nous unit au Christ. Il y a en effet plus de joie à donner qu’à recevoir. En libérant nos frères, en prenant soin du troupeau (chacun à notre place mais sans démissionner de nos responsabilités), nous découvrons une joie et une paix qui nous libèrent nous-mêmes de nos attachements désordonnés. En donnant de la joie au Seigneur nous construisons notre propre bonheur car il n’y a pas en nous de plus grande aspiration que d’aimer et d’être aimé.
Le premier pas pour répondre à Jésus consiste donc à renoncer à l’aimer pour nous-mêmes, à nous libérer de tout désir d’une relation gratifiante mais enfermée sur nos propres désirs et nos propres besoins. Que l’Esprit du Seigneur soit notre force pour vivre notre attachement au Seigneur Jésus comme il le désire, qu’il soit notre joie dans le soin attentif que nous portons chacun de nos frères.
Frère Dominique.
21:29 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
23/05/2007
Pourtant, la dure réalité est bien là.
« Que tous soient un ». Tel est l’appel pressant que Jésus adresse à son Père dans la finale du chapitre 17 de saint Jean proposée à notre méditation dans l’évangile de ce jour. Le vœu de Jésus quant à l’unité de ses disciples est relié à son exemplaire en Dieu par la particule « comme » qui, en grec, peut indiquer une comparaison ou un engendrement : « que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient en nous » (v. 21) ; « qu’ils soient uns comme nous sommes uns : moi en eux et toi en moi » (v. 22). Nous sommes ici dans le deuxième cas de figure. Jésus veut nous montrer que l’unité ne résulte pas d’abord d’un effort humain mais qu’elle a sa source et son fondement dans l’unité même de Dieu. Il n’y a pas d’unité possible entre les hommes si ce n’est par référence à l’unité du “Nous” de Dieu.
Unité ne signifie pas uniformité. Car le Père et le Fils sont à la fois deux et un. Dieu ne cherche donc pas à uniformiser les êtres entre eux. Il veut les faire vivre en communion. L’uniformisation est synonyme de mort. La communion, c’est la vie, l’amour, qui tire son origine de l’amour même du Christ, qui est aussi celui du Père et qui en tant qu’amour conjoint du Père et du Fils est l’Esprit Saint.
La prière adressée par Jésus à son Père pour l’unité de ses disciples est donc un appel à l’Esprit Saint. Dans ce temps de préparation à la fête de Pentecôte, nous comprenons alors la place d’un tel évangile.
Pourtant nulle part dans notre péricope, Jésus ne mentionne ouvertement l’Esprit Saint… Quand on veut aller à l’essentiel d’un discours on se concentre sur sa conclusion. Notre passage s’achève par ces mots : « Je leur ai fait connaître ton nom et je le leur ferai connaître et je le ferai connaître encore, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux et moi en eux » (v. 26). En faisant connaître à ses disciples le nom de son Père, Jésus manifeste que “Père” est le nom qui exprime le plus profondément l’être de Dieu. Mais un père ne peut exister sans fils et les deux ne peuvent subsister sans une relation d’amour qui les unit, laquelle dans le cas de Dieu n’est autre que l’Esprit Saint. Même si cela n’est pas explicité dans le vocabulaire, c’est donc bien l’Esprit Saint, l’Esprit d’amour, que le Fils à la veille de sa passion demande au Père pour ses disciples et pour tous ceux qui croiront en lui.
Jésus demande à son Père que tous ses disciples et tous ceux qui, dans la suite des âges, lui emboîteront le pas soient rassemblés dans une communion vivante. Au chapitre 11 de son évangile, saint Jean nous avait déjà dit que « Jésus allait mourir pour la nation, et non pas pour la nation seulement, mais encore afin de rassembler les enfants de Dieu dispersés » (Jn 11, 51-52). Autrement dit, le sacrifice de Jésus sur la Croix est la source de l’unité des fils de Dieu. Pour saint Jean d’ailleurs, c’est déjà du haut de la Croix que Jésus souffle l’Esprit sur l’Eglise et lui fait le don de l’unité.
Pourtant, la dure réalité est bien là. Nos divisions intérieures et extérieures nous accablent et nous désolent. Elles contredisent ouvertement la volonté du Christ de rassembler les enfants du Père dispersés. Entre chrétiens, c’est-à-dire entre disciples, ces divisions sont même un scandale pour le monde. Comment rester divisés si par le baptême nous avons été plongés dans la mort et la résurrection du Seigneur, l’acte même par lequel il a détruit les barrières de la haine et de la discorde ! C’est ici qu’il ne nous faut pas oublier que notre communion est avant tout un don à recevoir de Dieu.
Mais Dieu n’agit pas sans nous. Dans cette prière qu’il adresse à son Père à la veille de sa passion, Jésus nous révèle la manière la plus éloquente de dépasser et de surmonter les facteurs de divisions : le don total de nous-mêmes au nom de l’Evangile.
« Seigneur Esprit Saint, introduis-nous dans la communion d’amour du Père et du Fils. Rends-nous participants de la gloire divine. Transformés et illuminés nous pourrons alors porter au monde ce témoignage de paix et d’unité dont il a tant besoin. »
Frère Elie.
21:05 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
17/05/2007
La prière sacerdotale.
"Seigneur Jésus, reçois mon esprit." Ac 7, 55-60 le premier et le dernier." Ap 22, 12-20 comme toi, Père, tu es en moi."Jn 17, 20-26 | |
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La prière sacerdotale de Jésus, située dans l’évangile de saint Jean juste avant son arrestation, a la valeur d’un véritable testament. Jésus s’adresse à son Père pour que les disciples connaissent le mystère d’amour qui est en Dieu, mystère d’unité : « Que tous, ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. » Par cette parole, Jésus nous rappelle notre vocation chrétienne : que l’image de la Trinité qui est en nous par le don de la création se déploie, par l’action du Saint-Esprit, en ressemblance à Dieu lui-même qui est Un. Les chrétiens ne croient pas en trois Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, mais en un seul Dieu dont les relations d’amour déterminent la qualité des personnes. Ce mystère d’unité, le chrétien est convoqué à y participer et à le prolonger dans les réalités sociales de ce monde afin que « le monde croie ». C’est à la perfection de cette unité, toujours à rechercher et à mettre en œuvre, que chaque homme est appelé. En vivant de ce mystère d’unité dans l’amour, nous retrouvons alors notre vraie place : celle d’être entre le Père et le Fils par l’action de l’Esprit.
Devenons des artisans de l’unité, dans nos familles, entreprises, écoles, équipes de sports, associations... L’amour divin n’est rendu visible que lorsqu’il est rendu réel, actualisé. Commençons pour cela par faire l’unité dans notre vie en demandant à Dieu de goûter à son amour. N’hésitons pas à lui demander pardon pour nos manquements à l’unité.
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12:03 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
11/05/2007
Les promesses de l’Esprit.
"Courage !" Ac 15, 1-29 de la gloire de Dieu." Ap 21, 10-23 c’est ma paix que je vous donne." Jn 14, 23-29 | |
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Qui ne recherche pas la paix profonde dans son cœur et dans sa vie sociale ? Personne. Nous sommes tous des pèlerins de la paix. Le cœur de l’homme ne repose en paix tant qu’il n’a trouvé l’objet de son amour : une unité intérieure, la profondeur d’une présence stable et toujours nouvelle. Cette paix recherchée a la qualité d’une attente de l’infini, de Dieu lui-même. Le Seigneur y répond : « Je vous laisse ma paix. » Cette paix ne se laisse pas enfermer dans des situations singulières, dans des équilibres instables, des compromis, même si tout cela peut en être des préparatifs. La paix de Dieu n’est pas la paix des braves ; elle est par contre le signe réel (sacramentel) de sa présence au «milieu de nous» que le Saint-Esprit vient actualiser, particulièrement dans la Parole de Dieu. Si le Christ s’en va après l’Ascension (jeudi prochain), c’est pour donner une dimension nouvelle à sa présence dans le monde : celle d’une intériorité dans les cœurs que tout chrétien pourra vivre avec d’autres. En cela réside le mystère de l’Église. En Dieu, l’absence se trans-forme en une plus grande présence et cette présence devient, entre les personnes, communion d’amour.
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09:47 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
30/04/2007
Laisser faire son œuvre de résurrection en nous et autour de nous.
L’Evangile de ce jour nous rappelle à sa manière la problématique des deux origines de Jésus : fils de David par Joseph et fils de Dieu par l’Esprit. La première filiation est évidente aux yeux des hommes ; la seconde ne se dévoile qu’à la lumière de l’Esprit, c'est-à-dire dans la foi. |
19:00 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |