05/12/2006
L'AMOUR AVANT ( AVENT ) TOUT !
De grandes foules viennent à Jésus… Boiteux, aveugles, estropiés, muets… Tous affamés, assoiffés, pas seulement de pain, pas seulement d’eau, mais aussi de la Parole et des gestes de consolations et de guérison de notre Seigneur.
Face à tous ces gens qui viennent à lui, Jésus sent monter en lui un sentiment de « pitié », plus exactement, le texte grec nous dit que Jésus est bouleversé intérieurement, remué jusqu’au plus profond de ses entrailles. Lorsque l’on sait qu’en hébreu « entrailles maternelles » et « miséricorde » ont la même racine, la conclusion s’impose. Devant la souffrance de ces hommes et de ces femmes, douloureux héritage du péché des origines, Jésus est ému jusqu’aux entrailles. Il n’a qu’un désir : les sauver et les rétablir dans leur dignité de fils et de filles de Dieu.
En Jésus Christ, c’est Dieu qui, poussé par la miséricorde, vient à la rencontre de la misère de l’homme. En Jésus-Christ, c’est le Tout-Autre qui se fait le Tout-Proche pour ramener sur son cœur ses enfants qui s’étaient égarés loin de lui. Nous touchons ici l’essence du mystère de l’Incarnation rédemptrice que nous sommes invités à approfondir de façon toute particulière durant ce temps de l’Avent.
Jésus va guérir ces hommes et ces femmes. Mais cela ne lui suffit pas. Il va leur donner à manger. Il va multiplier pour eux les quelques pains de ses disciples, préfigurant ainsi le don de son corps et de son sang dans l’Eucharistie pour le salut du monde et annonçant le banquet céleste où tous les hommes réconciliés avec le Père par l’offrande de sa vie pourront siéger à la fin des temps. Ce banquet qui scelle la réconciliation avec notre Père est celui de la vie retrouvée puisque il nous permet de venir nous abreuver auprès de la source de vie éternelle. Ce festin de paix et de joie est bien celui qu’annonçait le prophète Isaïe en ces termes : « Ce jour-là […], le Seigneur enlèvera le voile de deuil qui enveloppait tous les peuples et le linceul qui couvrait toutes les nations. Il détruira la mort pour toujours. Le Seigneur essuiera les larmes sur tous les visages, et par toute la terre il effacera l’humiliation de son peuple ; c’est lui qui l’a promis. » (Cf. 1ère lecture)
La seconde multiplication des pains, chez saint Matthieu, est donc bien à interpréter comme un acte de miséricorde de la part de Jésus et travers lui de la part du Père. Il est à noter ici que Jésus ne donne pas directement le pain qu’il vient de multiplier, il le fait distribuer par les disciples. Autrement dit, Jésus veut avoir besoin de nous pour être les canaux de sa miséricorde, pour être ses mains et son cœur auprès de ceux qui sont perdus loin de lui, dans la détresse et la souffrance.
Remarquons encore que le Seigneur part de ce que nous lui donnons : sept pains et quelques poissons, autrement dit, pas grand-chose de ce que nous possédons. Et bien, même de ce pas grand-chose, le Seigneur veut en avoir besoin. Jésus veut avoir besoin de l’offrande de nos vies unie à sa propre offrande pour sauver le monde. Il veut nous associer d’une façon toute particulière au mystère de la rédemption.
En fixant déjà notre regard vers l’enfant de la Crèche, ce temps de l’Avent que nous venons de commencer nous sera sans doute d’un grand secours. Un nouveau-né sans défense dans l'humilité d'une grotte va venir rendre sa dignité à toute vie qui naît. Il va venir guérir les blessés de la vie et redonner un sens à tous ce qui est mort en nous. En ce qu’il y a de plus vulnérable, Dieu va venir détruire le péché et déposer le germe d'une humanité nouvelle, appelée à porter à son achèvement le dessein originel de la création et à le transcender par la grâce de la rédemption. Au cœur même de ce qui paraît le plus ténébreux, la miséricorde va s’incarner et ouvrir un chemin d’espérance !
Frère Elie
20:28 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
01/12/2006
La vie chrétienne est un véritable combat.
Jésus décrit très bien l’état de l’âme qui alourdie par « la débauche, l’ivrognerie et les soucis de la vie » est attirée comme par une sorte de pesanteur irrésistible vers le bas. Entraînée dans cette spirale descendante, cette âme finit par se retrouver totalement prisonnière de ses passions, prise dans leur filet. Comme l’oiseau qui ne peut plus s’envoler vers le ciel, elle ne peut plus s’élever vers le haut.
Jésus nous met en garde contre l’attrait des réalités d’en bas qui conduit nécessairement à notre aliénation. En nous séduisant par elles comme par des appâts, l’adversaire n’a pas d’autre projet que de nous emprisonner dans ses filets. Voilà pourquoi notre Seigneur nous invite à rester éveillés et à prier en tout temps.
Le cœur qui reste vigilant et combat la somnolence spirituelle par une prière continue, demeure debout, tendu vers le ciel, vers le Christ, qui le précède dans la gloire. « Vous êtes ressuscités avec le Christ, nous dit saint Paul ; recherchez donc les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. Tendez vers les réalités d’en haut, et non pas vers celles de la terre. En effet, vous êtes morts avec le Christ, et votre vie reste cachée avec lui en Dieu. Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi vous paraîtrez avec lui en pleine gloire » (Col 3, 1-4).
Participer à la résurrection de notre Seigneur et nous tenir debout dans sa gloire nous est donné dans la mesure où nous acceptons de mourir à ce qui nous alourdi et nous enchaîne à ce monde qui ne fait que passer. Dans la même épitre aux Colossiens, l’apôtre continue en nous disant : « Faites donc mourir en vous ce qui appartient encore à la terre : débauche, impureté, passions, désirs mauvais, et cet appétit de jouissance qui est un culte rendu aux idoles » (Col 3, 5).
Nous avons donc un choix radical à poser. Saint Augustin l’explicite en ces termes : « l’amour de Dieu au mépris de soi » ou « l’amour de soi au mépris de Dieu ». Et attention à ne pas nous méprendre. Cette décision n’est pas à reporter au moment du jugement particulier après notre mort ou du jugement final lors du retour de notre Seigneur. Ce choix entre la cité terrestre et la cité céleste, nous avons à le poser à chaque moment de notre existence et c’est bien de l’orientation issue de l’ensemble de ces choix que dépendra l’ultime que nous poserons. Si notre cœur s’est habitué à tendre vers la terre, il lui sera bien difficile dans un ultime effort de se retourner vers le ciel. Par contre, si déjà ici-bas, il s’est habitué à tendre vers les réalités célestes, il lui sera beaucoup plus facile de reconnaître et d’accueillir la gloire de Dieu qui lui sera proposée en partage.
La vie chrétienne est un véritable combat. Mais n’oublions jamais que Dieu combat pour nous. De même que nous fortifions nos corps par la nourriture, l'exercice physique et une bonne hygiène de vie, nous devons ainsi fortifier notre esprit par l’accueil de la force de Dieu qui nous permettra de vaincre dans le combat. Où se reçoit cette force de Dieu ? Dans la communion avec lui à travers la prière, la lecture et la méditation des Saintes Ecritures, la vie sacramentelle. Autant d’armes qui nous sont données pour garder vivante et vivifiante la mémoire du Seigneur en nous.
« Seigneur, daigne, selon la richesse de ta gloire, nous armer de puissance par ton Esprit pour que se fortifie en nous l’homme intérieur et que nous demeurions vigilants dans le combat. Seigneur Jésus-Christ, habite dans nos cœurs par la foi et enracine-nous dans l’amour (Cf. Eph 3, 16). Que nous ne perdions jamais le souvenir de ta présence agissante en nos vies pour que le jour où tu te présenteras, nous puissions te reconnaître et te choisir pour l’éternité. »
Frère Elie
20:36 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
26/11/2006
Dieu se révèle dans le silence.
L’adresse du discours de Jésus ne laisse aucune ambiguïté : « en vérité je vous le dis ». C’est à nous que Jésus s’adresse personnellement, c’est à nous qu’il donne cette veuve en exemple, à nous qu’il livre la mise en garde associée.
La première exigence pour nous est celle de l’écoute. En effet, il faut être particulièrement vigilant pour remarquer la scène que Jésus porte à notre attention. On voit beaucoup de monde dans le temple. Beaucoup d’allers et venues. Beaucoup d’ostentation. Des gens importants, des gens qui apportent de riches offrandes. Beaucoup d’hommes et d’animaux. Des marchands et des prêtres, des pèlerins et des badauds. Et une veille femme.
On entend également beaucoup de bruit dans le temple. Beaucoup de cris et de prières, de lamentations et de discussions. Des pas qui se pressent, des sabots qui résistent. Des pièces d’or et des vases sacrés. Et deux piécettes qui tombent dans un tronc.
« Levant les yeux » sur les réalités d’en haut, Jésus ne voit que cette vieille femme, il n’entend que ces deux piécettes.
« Cette pauvre veuve a mis plus que tout le monde », affirme-t-il. Certes non, dirait l’évidence : deux fois dix centimes ! Mais Jésus n’a pas le même regard que nous. Nous, nous évaluons ce que nous donnons. Nous le comptons en fonction de ce qu’il nous a coûté, de ce à quoi nous avons renoncé, de ce à quoi nous aurions pu prétendre. A nos propres yeux, notre don dit notre valeur, nos moyens, nos qualités ou tout au moins notre générosité. Cependant Jésus ne regarde pas ce que nous donnons, mais ce que nous gardons. Voilà ce qui fait la différence entre la vieille femme et les riches qui déposent leur offrande dans le trésor : elle n’a rien gardé. « Aimer, c’est tout donner » reprend en écho sainte Thérèse.
Jésus nous alerte ainsi sur le danger qu’il y a à pervertir la dynamique du don de soi. Elle peut devenir, par nos calculs experts, une subtile machine à faire du profit, que ce soit en termes de réputation, d’autosatisfaction ou de reconnaissance de soi. Pire, comme c’est le cas pour les scribes de l’évangile, en espèces sonnantes et trébuchantes.
A l’exemple de cette femme que Jésus désigne, celui qui donne comme Dieu aime qu’on le fasse, ne compte que sur le Seigneur. On ne peut tout donner que lorsqu’on a déjà rencontré Dieu dans sa providence ; on ne peut risquer une telle vulnérabilité que lorsqu’on a placé sa confiance dans le Seigneur qui est notre rempart ; on ne peut oser une telle dépendance qu’après avoir découvert le Père, source de tous bienfaits.
Or il ne se révèle que dans le silence de nos vies. Préparons donc nos cœurs à sa rencontre en fuyant le tumulte qui les agite, les pensées futiles et les calculs mesquins, les projets insipides et les vaines rivalités, pour découvrir la source de tout amour qui se livre à nous sans rien attendre en retour et sans rien retenir pour lui.
Seigneur Jésus, tu vas te donner à nous dans cette eucharistie, sans rien retenir pour toi, en désirant nous combler de ta grâce. Donne-nous de t’accueillir comme tu te donnes, sans rien retenir pour nous, en ne gardant dans nos cœurs aucun attachement qui puisse faire obstacle à ta venue. Nous t’avons fêté comme notre roi, viens régner dans nos vies.
Frère Dominique
18:43 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite, social, poesie | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
23/11/2006
Nos Pères dans la foi et nos frères dans la vie de l'Esprit.
Notre monde est confronté à des problèmes que les Pères de l’Église n’auraient jamais imaginé. Peut-on donc réellement penser que ces Pères ont encore quelque chose à nous apporter ? Marie-Anne Vannier, docteur en philosophie et en théologie et enseignante à l'Université de Metz, aborde cette question. Dans cette réflexion elle montre à la fois la place des Pères dans la Tradition de l’Église et l’actualité de leur pensée pour les divers champs théologiques (liturgie, ecclesiologie, exégèse, dogmatique...).
Bien qu’éloignés dans le temps, les Pères, qui furent les colonnes de l'Église après les Apôtres, sont encore actuels. Ils sont à juste titre appelés nos Pères dans la foi et nos frères dans la vie de l'Esprit. Si la première dénomination manifeste leur actualité, la seconde montre à quel point ils ont eu l’expérience de l’Esprit Saint et comment ils nous aident à la comprendre et à en vivre. À côté de l'Écriture, ils constituent la Tradition vivante et ils ont une actualité de fécondation, dans la mesure où ils contribuent à réaliser un renouveau ou un discernement, ce qui apparaît nettement au moment des Conciles, lorsque la référence aux Pères permet de prendre un tournant.
Mais, les Pères n'en sont pas moins nos Pères dans la foi et ils ont, sur ce plan, une véritable actualité, tant pour définir notre identité chrétienne dans une société sécularisée que pour approfondir le sens de la liturgie, les différentes voies de l’exégèse, l’élaboration dogmatique...
L’annonce de l’Évangile, hier et aujourd’hui
En effet, la discussion qu'ils ont entamée avec la culture grecque ou romaine n'est pas sans analogie avec le dialogue que nous engageons avec le monde actuel. Certes, notre situation est plus confortable, car, généralement, nous n'avons pas à plaider pour que le christianisme ait droit de cité, les Apologies ne sont plus de mise, nous ne connaissons plus de persécutions à cause de notre foi, du moins en Europe, mais il nous revient de définir notre identité chrétienne dans une société sécularisée, où le christianisme tend à devenir un fait de culture (quand il n’est pas oublié), plutôt qu'un chemin de vie. Les Pères nous y aident, eux qui ont fait de leur vie un Évangile vivant, qui ont su rendre compte de leur espérance. Certains d’entre eux ont témoigné jusqu’au martyre, mais à partir de la paix constantinienne au IVe siècle, d’autres ont connu un contexte plus serein. Ils ont, alors, été les fondateurs de la civilisation chrétienne. Ils ont permis à l’Évangile de pénétrer dans une civilisation qui lui était étrangère. Sans doute ne pouvons-nous pas reprendre terme à terme leurs catégories qui sont essentiellement celles de la culture grecque, mais avec un esprit analogue au leur, nous pouvons dégager les convergences et les divergences entre la civilisation actuelle et le christianisme et voir comment l’Évangile est une Parole de vie aujourd’hui encore.
L’un des domaines privilégiés est l’anthropologie. En effet, les Pères ont su dégager une vision chrétienne de l’être humain . Ce n’est pas un hasard s’ils ont consacré de longs commentaires au verset de Genèse 1, 26, relatif à la création de l’homme à l’image de Dieu. Sans doute ne procédons-nous plus de même, mais la conception de l’être humain qu’ils en ont retirée n’en est pas moins parlante pour notre époque. Elle n’a rien de statique, mais elle suppose un progrès constant. C’est celle d’un être créé, en relation avec son créateur, qui s’accomplit dans cette relation même, qui, par une conversion sans cesse renouvelée, par le concours de la liberté et de la grâce, est appelé à la divinisation. Le premier à avoir proposé cette conception de l’être humain n’est autre qu’Irénée de Lyon qui, dans sa lutte contre la gnose, a été amené à dire que "la gloire de Dieu, c’est l’homme vivant et la vie de l’homme, la vision de Dieu" ou encore que "Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu". Force est de constater la profondeur de l’approfondissement anthropologique qui a été le sien à l’aube du premier millénaire. Quelques siècles plus tard, Augustin est allé encore plus loin, en se faisant, en quelque sorte, précurseur des philosophies du sujet, en montrant que l’être humain se constitue dans la relation à Dieu et aux autres, en d’autres termes par la médiation de l’altérité et de l’intersubjectivité. Il a développé, dans ses commentaires de la Genèse principalement , toute une dialectique autour du terme de forma, pour montrer que l’être humain, qui reçoit sa forma à la création, peut devenir deformis forma (difforme) par l’aversio a Deo, s’il se détourne de son créateur, ou forma formosa (forme belle) par la conversio ad Deum, en se tournant vers son créateur, avant d’être conformé à la Forma omnium, à la Forme par excellence qu’est le Christ. C’est justement à cette conformation au Christ qu’invite la liturgie.
La liturgie et l’ecclésiologie
Dans ce domaine aussi, les Pères ont été des pionniers. Non seulement, ils ont organisé le déroulement liturgique, mais ils l’ont fait avec talent. De la Didachè aux liturgies du IVe siècle, ils ont articulé célébration de la Parole et de l’eucharistie, ils ont mis en place tout un symbolisme, que nous redécouvrons aujourd’hui, non pour en garder la nostalgie, mais pour entrer toujours davantage dans la dynamique de la vie chrétienne qu’ils ont su si bien mettre en relief. Aussi est-il bon de relire leurs catéchèses baptismales, non seulement en vue du catéchuménat adulte, mais aussi pour avoir une explication du Credo ou un rappel du symbolisme baptismal : la mort au péché, signifiée par l’immersion, la Résurrection dans le Christ, exprimée par la sortie de la piscine baptismale et l’incorporation au Christ, manifestée par le vêtement blanc.
Le document récent : Aller au cœur de la foi , s’il ne mentionne pas explicitement l’apport spécifique des Pères, se situe dans leur esprit, dans la mesure où il invite à recentrer la catéchèse sur l’expérience de la Vigile pascale, autour de laquelle converge tout l’enseignement des Pères, et dont il importe de redécouvrir le quadruple symbolisme de la lumière, de la Parole, de l’eau et de l’eucharistie. Il y a là encore tout un chemin à faire.
Il en va de même dans le domaine de l’ecclésiologie. Les Pères ont eu une forte expérience de l’Église, ils l’ont édifiée et organisée, mais ils n’ont pas écrit de traité d’ecclésiologie. Ils ont été avant tout des pasteurs, soucieux de l’unité de leurs communautés. La fraternité , qui est le don de l’Esprit Saint, concourt à réaliser l’unité de l’Église, qui était une priorité dans les premiers siècles où justement l’Église devait être unie, où elle devait s’organiser et avoir une solide dynamique intérieure pour résister aux attaques extérieures et être reconnue. Cela apparaît nettement dans les Lettres d’Ignace d’Antioche. Progressivement, une hiérarchie se met en place, les ministères se diversifient. L’ecclésiologie de communion prévaut. C’est justement cette ecclésiologie de communion qui a été redécouverte à Vatican II, avec la grande Constitution dogmatique sur l’Église qu’est Lumen gentium. Cette ecclésiologie de communion, qui est celle-là même de l’Écriture, est pleine d’espérance pour notre époque et demande à être approfondie et vécue.
L’exégèse
Or, les Pères étaient de grands lecteurs de l’Écriture. Le plus souvent, ils la connaissaient par cœur. Ils ont été les premiers à poser les bases de l’exégèse. Il ne s’agit pas de revenir à leur exégèse, le plus souvent, allégorique et spirituelle, mais d’allier compréhension de l'Écriture et vie ecclésiale, le goût de la Parole vécue, célébrée, méditée.
Alors que cette science de l’interprétation qu’est l’herméneutique est fondamentale à notre époque, les Pères, les premiers, ont été confrontés à une tâche d'interprétation, celle de l'Écriture, aussi bien dans leurs homélies, dont le genre littéraire venait d'ailleurs de la liturgie de la synagogue, que dans leurs explications catéchétiques..., du fait que le christianisme est, comme le Judaïsme, une religion du Livre. Les commentaires de l’Écriture tiennent, en effet, la plus grande place dans les écrits patristiques. Les raisons en sont diverses : tout d’abord, les Écritures sont l’expression de la présence de Dieu au milieu de son peuple, elles expriment l’alliance avec Dieu, ce qui a amené les Pères à développer la notion d’économie du salut, à préciser le rôle de l’Esprit Saint qui est à l’œuvre dans l’Écriture, à approfondir la relation de l’homme à Dieu, ce qui a amené les Pères à redéfinir l’anthropologie. Pour les Juifs, les Écritures étaient la Torah vivante (Néhémie VIII). L’explication qui en a été donnée en même temps : la Loi orale (Torah she-be’al peh), qui s’est développée dans la Mishna (la législation issue de la Torah) et dans le Talmud, qui la commente, était également révélée. Pour les chrétiens, il en va différemment : le Christ est la Parole faite chair (Jn 6). Toute la Bible nous dit que "Dieu a parlé". La Parole (Dhavar) traverse toute l’Écriture. Mais, cette Parole n’est plus seulement pour nous celle que Dieu adressait à son peuple par l’intermédiaire des prophètes, ou même celle qui était manifestée comme Torah métaphysique dans le Pentateuque. Cette Parole s’est incarnée dans notre nature, elle est devenue un homme (Jn 1, 14). C’est là une révolution sans précédent. Dieu s’abaisse, comme l’explique l’hymne aux Philippiens pour venir nous rejoindre dans notre humanité et c’est là qu’il nous donne de le connaître. Désormais, tout ce qui est humain passe en Dieu et réciproquement.
La typologie
Aussi, à la suite de saint Jérôme, les Pères rappellent-ils qu’« ignorer les Écritures, c’est ignorer le Christ », d’où l’importance qu’ils leur accordent, d’où l’unité qu’ils soulignent entre les deux Testaments, leur symphonie et la relecture de l’Ancien Testament à la lumière du Nouveau, ce qu’on appelle la typologie (du grec typos, i.e. figure) qui voit dans l’Ancien Testament des figures, des annonces de ce qui est accompli dans le Nouveau Testament. Cette méthode exégétique était déjà employée dans le judaïsme à travers la lecture midrashique, mais dans la perspective de l’attente du Messie, alors que les chrétiens relisent l’Ancien Testament à la lumière du Christ. Typologie et christologie sont alors liées, comme l’a souligné saint Paul. On trouve aussi cette méthode dans l’Apocalypse (14, 6) quand il est question de l’Évangile éternel. En la reprenant, les Pères n’innovent pas, mais ils vont s’attacher à faire ressortir l’unité de l’Écriture, la symphonie des deux Testaments, comme disaient Irénée et Jean Chrysostome. À la suite de saint Paul, Irénée fait un grand usage de la typologie. Non seulement, il entendait montrer par là l’unité des deux Testaments à l’encontre des gnostiques qui refusaient l’Ancien Testament, mais il s’attachait également à faire ressortir comment le Christ est le Nouvel Adam et Marie, la nouvelle Ève grâce à laquelle le salut est passé dans l’humanité. Loin d’être restée lettre morte, cette méthode est reprise aujourd’hui dans le cadre de la rhétorique biblique.
L’herméneutique (interprétation)
Mais si l’Incarnation a une place centrale, les Pères n’en ont pas moins été confrontés à une double tâche d’exégèse et d’herméneutique, d'interprétation de l'Écriture, aussi bien dans leurs homélies, dont le genre littéraire venait d'ailleurs de la liturgie de la synagogue, que dans leurs explications catéchétiques... Il leur a donc fallu commenter constamment l'Écriture, cette Parole reçue, proclamée dans la liturgie, transmise dans la catéchèse... C'est une lecture croyante et le plus souvent ecclésiale et théologique des Écritures, assez différente de l'exégèse, essentiellement scientifique, que nous connaissons actuellement, qu'ils ont proposée. Ils ont illustré le sens étymologique du terme d'exégèse qui, en grec, signifie exhgeomai, c'est-à-dire : expliquer, aller vers, comme on le voit, en Jean 1, où Jean nous conduit vers le Verbe et le Verbe nous amène, à son tour, vers le Père. Ils ont suivi le Christ qui est lui-même "l'exégète du Père" et l'exégète de toute l'Écriture, comme il le manifeste aux disciples d'Emmaüs (Lc 24, 25-27). Comme le disait Origène, "les divines paroles disent que les divines Écritures sont fermées à clef et scellées ; fermées par la clef de David" et ouvertes, accomplies par le Christ. Pour le manifester, les icônes présentent le Christ, portant fermé le livre des Écritures, ce qui fait comprendre que lui seul l'ouvre, car il est la Parole vivante.
Les quatre sens de l’Écriture
À la suite des apôtres, c'est par le cœur et l'intelligence éclairés par la foi et le respect devant le mystère de Dieu, que les Pères entrent, pour ainsi dire, dans les Écritures. Pour reprendre une heureuse formule de M.J. Le Guillou, "l'Église des Pères n'a pas le charisme d'inspiration, elle a cependant le charisme de l'interprétation de l'Esprit du Christ, et, à ce titre, elle a pour nous une signification particulièrement importante". Ainsi Origène a-t-il proposé la "théorie" des quatre sens de l’Écriture , même s’il ne l’a jamais formulée comme telle : le sens littéral, instruisant des faits comme ils se sont déroulés, le sens allégorique, se développant dans le sens christologique, le sens moral, apprenant ce que l’on a à faire, le sens anagogique, orientant vers l’eschatologie, vers les réalités à venir. C’est Jean Cassien qui, deux siècles plus tard, a systématisé les quatre sens de l’Écriture dans sa XIVe Conférence (§ 8), où il écrit : "Les quatre figures se trouveront réunies, si bien que la même Jérusalem pourra revêtir quatre acceptions différentes : au sens historique, elle sera la cité des Hébreux ; au sens allégorique, l’Église du Christ ; au sens anagogique, la cité céleste, 'qui est notre mère à tous' ; au sens tropologique, l’âme humaine". Il faisait comprendre par là que l’exégèse de son époque impliquait à la fois une dogmatique, une ecclésiologie, une anthropologie, une spiritualité… C’est essentiellement au Moyen Âge que l’influence de la théorie des quatre sens de l’Écriture se fait sentir dans le judaïsme. Elle est, alors, exprimée par le terme PaRDeS, qui signifie jardin ou Paradis, en regroupant les mots suivants : Peshat (sens littéral), Remez (sens allégorique), Derash (approfondissement), Sod (approche eschatologique). Parmi les différents sens de l’Écriture, Origène en retient essentiellement deux : le sens littéral, qui apparaît d’emblée et le sens allégorique ou spirituel, la compréhension, non selon la lettre, mais selon l’Esprit. Alors que le sens littéral est parfois impossible ou insuffisant, le sens allégorique est toujours parlant. Aussi invite-t-il, comme Jérôme, Ambroise, Augustin…, à passer de l’un à l’autre pour découvrir toute la profondeur de l’Écriture. Il s’en explique en ces termes : "Quiconque d’entre nous administre la Parole de Dieu creuse un puits et cherche de “l’eau vive” dont il puisse réconforter ses auditeurs". Cette eau vive se trouve dans le sens spirituel. Commentant le texte de la Transfiguration, il rappelle qu’il importe de passer de la lettre à l’esprit, de la connaissance du Christ humain à sa reconnaissance comme Fils de Dieu. Sans doute les termes qu’il emploie ne sont-ils plus les nôtres, mais la dynamique même de son exégèse est encore parlante pour aujourd’hui.
Parler dans le langage des Pères
On comprend pourquoi le Concile Vatican II a choisi de parler dans le langage des Pères, et pourquoi la Constitution Dei Verbum, qui met en évidence la place centrale de l’Écriture, invite à tenir davantage compte de l'exégèse des Pères qui représentent la Tradition vivante. Ils présentent, en effet, l’avantage de déployer une exégèse solide qui fait ressortir l’altérité et la transcendance du texte biblique (dans la mesure, toutefois, de leurs connaissances du contexte biblique dans lequel les textes furent rédigés) et d’en venir à une intelligence spirituelle qui met en relation avec le Dieu qui parle à travers la parole humaine. En d’autres termes, il réalisent un travail d’exégètes et actualisent également l’Écriture, en dégagent le sens pour leur époque. Si cela semble aller de soi pour nous, c’est, en fait, le résultat de l’acquis de l’exégèse patristique, puis de toute une évolution qui vient marquer l’invitation aux catholiques à lire la Bible et la reconnaissance de l’exégèse scientifique.
Le premier à effectuer le tournant a été le Pape Léon XIII qui, avec son Encyclique : Providentissimus (1893), a ouvert les voies de l’exégèse, qui a créé en 1902 la Commission des études bibliques pour que les exégètes puissent utiliser les sciences bibliques, alors en plein essor. Cette Commission s’est développée avec Pie XII, Paul VI l’a réorganisée pour qu’elle soit plus adaptée aux demandes de l’époque, elle existe toujours aujourd’hui. C’est la Commission biblique pontificale, composée de 18 membres.
En 1909, le Pape Pie X a fondé, à Rome, l’Institut biblique, afin de promouvoir les études exégétiques.
Reprenant et développant l’apport de ses prédécesseurs, le Pape Pie XII a publié, en 1943, l’Encyclique Divino afflante Spiritu, qui invitait à la reconnaissance de l’exégèse et à la distinction de genres littéraires dans les livres bibliques. Cette Encyclique propose une véritable intelligence chrétienne des Écritures, qui tient compte de leur développement historique et précise leur apport théologique.
Depuis, la Commission théologique internationale est revenue sur la question, en rappelant le sens de la complémentarité, établie par Vincent de Lérins entre Écriture et Tradition et en mettant l’accent sur la Tradition vivante.
Plus récemment encore, le texte de la Commission biblique pontificale : L'interprétation de la Bible dans l'Église (1993) se situe dans la dynamique initiée par Léon XIII, souligne l’importance de l’Ancien Testament, précise le rapport entre exégèse et herméneutique et rappelle l’importance des Pères.
En s’attachant cette fois à l’apport spécifique des Pères, la Congrégation pour l’éducation a fait ressortir que les Pères avaient une véritable intuition du sens de l’Écriture, qu’ils proposent "une approche vraiment religieuse de la Sainte Écriture, comme aussi une interprétation qui puise constamment au critère de communion avec l’expérience de l’Église qui chemine à travers l’histoire sous la conduite de l’Esprit Saint" . Ils ont su dégager à la fois l’essentiel du mystère chrétien. Ils ont également montré quel était le rapport entre foi et raison.
Cependant, les Pères ont immédiatement rencontré une double difficulté : d'une part, ils ne disposaient pas, comme nous, d'une gamme de Bibles qui vont du livre de poche à la Bible d'autel, mais il leur a fallu attendre le IVe siècle pour avoir un volume regroupant les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, au lieu des petits rouleaux, des codices des différents livres de l'Écriture, qui pouvaient parfois mesurer plusieurs mètres.
Le canon des Écritures
D'autre part, à leur époque, le canon des Écritures n'était pas encore fixé et les livres reconnus aujourd'hui comme canoniques coexistaient avec les apocryphes que nous sommes en train de redécouvrir. Il fallut également attendre le IVe siècle pour que le canon des Écritures soit fixé. À la fin du IIe siècle, l’essentiel était fixé, mais restait la question de l’Épître aux Hébreux et de l’Apocalypse à insérer ou non dans le canon des Écritures, ainsi que de la Première Épître de Clément, du Pasteur d’Hermas, de l’Épître à Barnabé…, à en supprimer ou non. La liste la plus complète des livres canoniques est donnée dans le Canon de Muratori, retrouvé en 1740 et datant des années 200. Un peu plus tard, Origène dit, dans la XXVIIe Homélie sur les Nombres, que les livres canoniques sont au nombre de vingt-deux. Ce n’est qu’au IVe siècle que les difficultés sont levées et qu’Athanase d’Alexandrie, dans la Lettre festale 39 (cette lettre que les patriarches d'Alexandrie envoyaient aux chrétiens de leur communauté pour fixer, chaque année, la date de Pâques) et Augustin, dans le De doctrina christiana (II, 8, 13), donnent une liste complète des livres l'Ancien et du Nouveau Testaments, retenus comme authentiques. La différence entre livres canoniques et livres apocryphes s’est surtout faite en fonction de la solidité de la doctrine, de part peu importante donnée au merveilleux… Il ne nous revient plus de l’établir. Mais, nous en bénéficions et, à l’époque où les apocryphes sont redécouverts, le travail des Pères reste parlant.
La traduction de l’Écriture
De plus, pour la traduction de l'Écriture les Pères disposaient d’un texte de référence : la Septante. On redécouvre aujourd’hui le texte de la Septante que nos frères de l’Église d’Orient prennent comme référence, tout en souhaitant en faire le texte liturgique unique pour l’Ancien Testament. Pour les Pères grecs, le texte de la Septante est divinement inspiré.
Mais, les autres versions de l’Ancien Testament étaient plus ou moins valables, ce qui a amené très tôt un véritable travail d'exégèse sur le texte biblique. Le premier à l'avoir réalisé est Origène qui est, en quelque sorte, le fondateur de la science biblique. Pour retrouver le texte original hébreu, il a mis en parallèle, sous forme de synopse, dans les Hexaples, les six versions de l'Ancien Testament, connues à son époque : l'Hébreu – l'Hébreu translittéré en grec – la traduction grecque d'Aquila (Juif de l'époque d'Hadrien : IIe siècle après Jésus-Christ, qui semble présenter le texte le plus juste, dans une traduction littérale de l'Hébreu, inspirée de l'exégèse rabbinique palestinienne) – la traduction de Symmaque (Juif contemporain de Septime-Sévère, traduisant, de manière élégante) – l'édition de la Septante (IIIe-IIe siècles avant Jésus-Christ) – la révision de Théodotion (I-IIe siècles). Pour les Psaumes, Origène a ajouté deux colonnes, comprenant deux révisions grecques : la Quinta et la Sexta, découvertes, il y a peu de temps, dans une jarre près de Jéricho. Ensuite, il a composé les Tétraples, une synopse analogue, mais en quatre colonnes : Aquila – Septante – Symmaque – Théodotion, pour se concentrer sur les problèmes de traduction et voir les erreurs qui se sont introduites, tant dans la traduction que dans les copies qui en ont été faites. Nous ne prendrons qu’un exemple : celui de la traduction d’Exode 34, 29 : "Quand Moïse descend de la montagne avec les deux tables de la Loi, il ne savait pas, dit la Septante, 'que son visage était rayonnant' (dedoxastai). Le verbe hébreu qaran signifie : être rayonnant, mais les consonnes qrn donnent aussi le nom qèrèn, qui désigne une 'corne' : c’est le choix qu’a fait Aquila, accordé à une tradition juive, suivi par Jérôme, ce qui explique que le Moïse de Michel-Ange ait des cornes". On comprend, dès lors, l’intérêt du travail réalisé par Origène qui est l’un des pionniers dans le domaine de l’exégèse.
Plus tard, Jérôme a réalisé un travail analogue pour la version latine de l’ensemble de la Bible, cette fois Même s’il n’a pu mener à son terme l’intégralité de la Vulgate, il a réalisé dans la traduction de la Bible un net progrès par rapport aux différentes versions de la Vetus latina, qui circulaient alors, il en a proposé une unification générale, en fonction de l’hebraïca veritas. Sans doute les Pères ne disposaient-ils pas des outils archéologiques, philologiques, informatiques…, que nous avons aujourd’hui, mais ils avaient le même souci que nous de retrouver le texte-source de l’Écriture et de le traduire le mieux possible afin de le rendre accessible à tous.
Avec les moyens dont ils disposaient, les Pères se sont attachés à établir le texte de l’Écriture, à en dégager le sens et l’actualité pour leurs contemporains.
Dans le même temps, ils ont dû lutter contre les hérésies, ce qui les a amenés à élaborer un certain nombre de dogmes, qui n’apparaissaient pas d’emblée comme tels dans l’Écriture. Ainsi ont-ils largement contribué au développement dogmatique.
L’élaboration dogmatique
Les Pères font véritablement figure de pionniers. Leur contribution est décisive pour nous aider à comprendre la création, la personne du Christ, le salut, la Trinité... Elle pose les bases de ce que Newman appellera le développement du dogme, tant christologique que trinitaire.
En effet, le Nouveau Testament évoque la vie du Christ, mais il n’est jamais question de préciser le rapport entre sa nature humaine et sa nature divine dans l’unité de sa personne, ce qui est au cœur même de la christologie. Ce sont les Pères qui, en répondant à Arius, ont été amené à préciser la divinité du Christ et son égalité avec le Père, puis en répondant à Nestorius, ils ont mis en évidence la réalité de sa nature humaine…, avant d’en venir à l’affirmation de la communication des idiomes, du rapport entre sa nature divine et sa nature humaine dans l’unité de sa personne, au Concile de Chalcédoine de 451 . Sans doute ne connaissons-nous plus aujourd’hui les mêmes débats. L’apport des Pères est un acquis pour nous, une base dogmatique sur laquelle nous pouvons construire. Comme le disait Bernard de Chartres, "nous sommes des nains sur les épaules des géants". Nous voyons plus loin, non en fonction de nos propres capacités, mais parce que nous bénéficions de l’acquis de nos prédécesseurs, c’est ce que nous appelons la Tradition vivante.
Mais si les problèmes se posent différemment, il n’en demeure pas moins que les questions de l’identité du Christ, du rapport entre sa liberté humaine et sa liberté divine, entre sa volonté humaine et sa volonté divine… ne cessent de ressurgir de nos jours. Les termes dans lesquels nous formulons les réponses sont différents étant donné que le contexte culturel a changé, mais le contenu même des réponses reste identique.
Il en va de manière analogue pour la Trinité. Si l’Écriture parle du Père, du Fils et de l’Esprit Saint, en revanche le terme de Trinité n’apparaît pas. Le premier à en avoir précisé le sens est Tertullien, qui disait que la Trinité est una substantia et tres personae : une substance et trois personnes. C’est au moment du Concile de Nicée que l’approfondissement trinitaire connaît un tournant. Puis, les Cappadociens sont allés encore plus loin à l’encontre d’Eunome, Augustin a développé, de manière somme toute assez sereine, sa méditation trinitaire dans le De Trinitate… Les Pères, à qui il revenait de mettre en évidence l’originalité de ce monothéisme trinitaire qu’est le christianisme, ont centré leur réflexion autour du rapport entre l’unité de l’essence divine et la trinité des hypostases. Pour ce faire, ils ont eu largement recours aux catégories de la philosophie grecque. À de rares exceptions près, ces catégories nous sont désormais étrangères et, à l’heure du dialogue interreligieux, il importe davantage de faire ressortir le caractère spécifique du christianisme parmi les autres monothéismes. C’est alors la communion trinitaire, la relation constitutive du Père, du Fils et de l’Esprit Saint qui permet de montrer la spécificité du christianisme. Les gammes, en quelque sorte, que les Pères ont élaborées, en particulier, en approfondissement les notions de personne, de relation, de mission nous sont utiles aujourd’hui pour rendre compte du mystère trinitaire, qui est au cœur même de la vie chrétienne.
Conclusion
Témoins du Christ jusqu'à accepter de revivre sa Passion dans leur martyre, témoins de l'Église indivise – ils ont tous vécu avant les grandes séparations entre chrétiens – les Pères nous ouvrent le chemin de l'unité de l'Église et sont des références indispensables dans le dialogue œcuménique. Plus généralement, ils sont des références pour nous, dans la mesure où ils ont été confrontés à des problèmes analogues aux nôtres et où ils y ont apporté des éléments de réponse. Ils constituent la Tradition vivante. On comprend pourquoi le Concile Vatican II s’est fréquemment référé à eux. Ils sont des classiques, au sens où David Tracy les définissait et ils sont même davantage en raison même de leur actualité. Ce sont véritablement nos Pères dans la foi et nos frères dans la vie de l’Esprit.
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10/11/2006
La convivialité sociale est pour chacun de nous.
Jésus connaît nos cœurs blessés ; il souffre de nous voir rivés aux biens de la terre (symbolisés par l’argent) par peur de manquer. S’il dénonce « l’Argent trompeur », c’est parce qu’il sait combien la course effrénée aux richesses est à la fois aliénante et décevante. L’avidité est insatiable ; et pourtant, si nous pouvions acquérir tout ce que nous convoitons, nous resterions encore sur notre faim, car rien en ce monde ne peut combler le désir profond de notre cœur : « Tu nous a fait pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose en toi » (St AUGUSTIN, Confessions, I, 1).
L’argent est un moyen efficace d’échange, inventé par les hommes, pour faciliter la vie économique, c'est-à-dire le partage des biens au sein d’une même société. Mais si ce moyen - qui n’est ni bon ni mauvais en soi, mais simplement utilitaire – devient un absolu, s’il est érigé en idole, il nous aliène de notre véritable finalité.
La convivialité sociale est pour chacun de nous le lieu où nous sommes invités à incarner notre foi dans un style de vie qui exprime la finalité surnaturelle de l’existence humaine. Sur l’horizon de la vie éternelle, la gestion de l’argent sur cette terre n’est qu’une « toute petite affaire », dans laquelle nous avons à nous montrer « digne de la confiance » que Dieu nous fait. Cet argent en effet ne nous est que « confié » ; il n’est pas notre bien à nous – c'est-à-dire ce qui peut nous combler - mais un « bien étranger » auquel nous devons éviter de nous attacher, afin de ne pas être privés du « bien véritable » qui nous est destiné. L’argent, nous enseigne Jésus, est essentiellement un moyen de partage ; il devrait être un instrument au service de la charité fraternelle. En dehors de cet usage, il est toujours « trompeur » et devient aliénant ; car en nous attachant à lui, nous devenons esclaves du moyen qui nous était donné pour l’édification de la famille humaine dans la solidarité. C’est pourquoi « ce qui est prestigieux chez les hommes, est une chose abominable aux yeux de Dieu », car il perçoit, lui, derrière le miroir aux alouettes, le filet caché prêt à s’abattre sur ses enfants.
Ce qu’on attend d’un serviteur, c’est qu’il soit « fidèle », c'est-à-dire cohérent jusqu’au bout avec ses engagements. Par sa foi, le croyant s’est « attaché » au Seigneur Jésus et s’est engagé à marcher dans ses traces. Comme lui il a tout misé sur le Royaume de Dieu son Père ; aussi « détestera-t-il » tout ce qui pourrait le détourner de cette finalité, en particulier l’argent et ce qu’il symbolise à la fois d’attachement à cette terre, et de « mépris » pour les biens du Règne à venir.
Cet enseignement n’est pas facile à entendre ; il provoque sans aucun doute bien des résistances, des « oui, mais… » dans nos cœurs inquiets devant une telle exigence. Pourtant ce n’est qu’en nous engageant résolument dans la dimension du partage, que nous permettrons au Seigneur de nous libérer de notre peur de manquer. Seule la confiance en la Providence (qui est tout autre chose que du providentialisme !) peut nous ouvrir à notre responsabilité face à l’argent et nous faire découvrir qu’il peut être un instrument extraordinaire au service de la charité concrète.
« Dieu subviendra magnifiquement à tous nos besoins selon sa richesse dans le Christ Jésus » (1ère lect.). Prenons appui sur cette Parole ; unissons-nous à la confiance de l’Apôtre, et prenons autorité dans la force de l’Esprit sur toutes nos peurs. Soyons « dignes de confiance avec l’Argent trompeur » en ce monde, afin de nous voir confier dans l’autre « notre bien véritable ».
« “L’homme de bien a pitié, il partage. Son cœur est confiant, il ne craint pas : à pleines mains il donne au pauvre” (Ps 111). Seigneur donne-nous cette liberté intérieure de pouvoir disposer des biens de ce monde conformément aux exigences de ton Evangile de charité. Tu nous reconnaitras alors comme tes enfants, et c’est “en Esprit et vérité” que nous pourrons te prier : “Notre Père, que ton Règne vienne”. »
Père Joseph-Marie
19:05 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
07/11/2006
La Parole de Vie est venue nous libérer.
L’instant est solennel et dramatique. « De grandes foules » suivent Jésus ; elles adoptent le comportement du disciple, mais le sont-elles vraiment ? Notre-Seigneur ne cherche pas à faire du nombre ni à susciter un mouvement de masse. Il est venu pour annoncer le Royaume et inviter à la conversion. Or celle-ci implique un acte de rupture, car son Royaume n’est pas de ce monde. Pour acquérir la perle de grand prix, il faut vendre toutes les autres ; pour renaître d’eau et d’esprit, il faut rompre les liens de la chair. L’expression utilisée par Jésus, et que la traduction liturgique a rendu par la parole « préférer », est en fait beaucoup plus forte : « Si quelqu’un vient à moi sans haïr son père et sa mère,… il ne peut être mon disciple ». Le terme ne doit cependant pas tromper : Jésus a prêché l’amour et non la haine. Mais en araméen comme en hébreu, il n’y a pas d’intermédiaire entre aimer et haïr. « Venir à Jésus » implique l’aimer, « de tout notre cœur, de toute notre âme, de toute notre force » (Mc 12, 33) ; et un tel attachement suppose de renoncer à tout autre lien affectif qui risquerait d’entrer en concurrence avec ce choix exclusif. C’est cette radicalité que veut exprimer le terme « haïr », qui souligne la rupture - la déchirure même - à laquelle doit consentir celui qui prétend devenir disciple.
Cette rupture n’épargne pas les relations les plus intimes et atteint le disciple jusqu’au cœur de son être, puisqu’il est même invité à renoncer à l’attachement le plus naturel, le plus spontané, le plus instinctif qui soit : l’attachement à sa propre vie. On ne peut dire plus clairement que l’option pour Jésus n’est pas seulement préférentielle : elle est exclusive ; elle est de l’ordre de la reddition, mais en toute liberté ; elle est comparable à un holocauste, mais un holocauste d’amour, à l’image du sacrifice auquel Notre-Seigneur le premier a consenti pour nous.
Depuis que le péché est entré dans le monde, la croix est plantée dans chacune de nos vies : inutile de la fuir, elle nous rattraperait toujours. Mais depuis que Jésus l’a délibérément assumée par solidarité avec notre humanité meurtrie, elle est devenu le lieu de la révélation de « l’amour fou » de Dieu pour nous. Tout comme Jésus a pu dire : « Le Père m’aime parce que je donne ma vie, pour la reprendre ensuite. Personne n’a pu me l’enlever : je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner et le pouvoir de la reprendre : voilà le commandement que j’ai reçu de mon Père » (Jn 10, 17-18), ainsi nous aussi nous sommes invités à faire de chacune de nos souffrances et finalement de notre mort elle-même, un sacrifice de louange, une offrande d’amour. Tout cela bien sûr dans l’obéissance de la foi en la Parole de Notre-Seigneur qui nous invite à « porter notre croix » pour marcher derrière lui sur le chemin de la vie.
En s’attachant à nous au point de partager notre condition humaine jusque dans la mort, Jésus a acquis le pouvoir de nous introduire dans sa vie. Mais nous ne participons à sa victoire que dans la mesure où à notre tour nous nous attachons à lui de manière radicale, au point de nous identifier à lui comme il s’est identifié à nous. Ce qui est en jeu, c’est la réciprocité de l’amour. C’est bien pourquoi Notre-Seigneur nous invite à prendre la mesure de l’exigence afin que nous ne nous engagions pas à la légère. Il serait vain en effet de se mettre en route à la suite de Jésus en prétendant garder une libre disposition de soi dans un domaine particulier : « celui qui ne renonce pas à tous ses biens » n’a rien donné, et « ne peut pas être mon disciple », car c’est d’une nouvelle naissance qu’il s’agit, et on ne coud pas une nouvelle pièce de tissu sur un vieux vêtement, pas plus qu’on ne met du vin nouveau dans de vieilles outres.
L’exigence du Seigneur n’a somme toute qu’un seul but : nous libérer de nos multiples aliénations, qui depuis le péché, nous empêchent d’aimer. Même nos relations les plus naturelles sont entachées de convoitise. Seul celui qui accepte la catharsis de ses affections désordonnées, peut entrer dans la vraie liberté, et participer à la construction du Royaume - symbolisé par la tour – en emportant la victoire sur l’Ennemi. Qu’importe que nous ne soyons qu’une poignée pour affronter un adversaire bien plus nombreux ? N’est-ce pas le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs qui combat pour nous et en nous ? « Le Seigneur est ma lumière et mon salut, de qui aurais-je peur ? Le Seigneur est le rempart de ma vie, devant qui tremblerais-je ? » (Ps 26 [27]). Tous les saints en sont un vivant témoignage : c’est parce qu’ils ont tout donné et se sont livrés sans réserve à leur Seigneur, que celui-ci a pu déployer dans leur vie toute sa puissance, leur rendant dès ici-bas et au centuple, ce à quoi ils avaient renoncé par amour pour lui.
« Travaillons donc à notre salut dans la crainte de Dieu et en tremblant » (1ère lect.). Demandons-lui de nous révéler tous les attachements qui nous empêchent d’être tout à lui et font obstacle à l’actualisation de sa victoire dans nos vies. Et lorsque nous en aurons pris conscience, supplions-le de nous donner la force d’y renoncer, de nous convertir une fois pour toutes, afin qu’étant tout à lui, nous soyons dignes de porter le nom de « disciples ». Alors nous serons « des enfants de Dieu sans tache au milieu d’une génération égarée et pervertie où nous brillerons comme les astres dans l’univers, en tenant fermement la Parole de Vie » (Ibid.).
« Eternel Seigneur de toutes choses, je fais mon offrande, avec votre faveur et votre aide, devant votre infinie Bonté et devant votre Mère glorieuse et tous les saints et saintes de la cour céleste. Je veux et je désire, et c’est ma détermination réfléchie, pourvu que ce soit votre plus grand service et votre plus grande louange, vous imiter en endurant toutes les injustices et tous les mépris, et toute pauvreté, aussi bien effective que spirituelle, si votre très sainte Majesté veut me choisir et m’admettre à cette vie et à cet état » (Acte d’offrande de Saint Ignace de Loyola).
Père Joseph-Marie
22:07 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
RÉVOLUTION SPIRITUELLE.
Peut-on vivre sans croire ? A l’évidence, non ! Le besoin de croire est sinon inné, du moins naturel et totalement indispensable. Il s’inscrit au cœur de notre vie. Car comment vivre pleinement si l’on ne croit pas en soi? En témoignent les souffrances de tous ceux qui rencontrent des difficultés à s’affirmer, qui ne croient pas en eux, dans leurs capacités à réaliser les actes, petits et grands, de leur vie.
Comment, par ailleurs, vivre en société si l’on ne croit pas –même un tout petit peu– dans les autres ? Ainsi, faire confiance constitue l’un des fondements de nos sociétés. C’est sur la croyance en l’autre que reposent le couple et la plupart des échanges que nous entretenons dans nos relations personnelles et professionnelles. Enfin, la question de la croyance se pose de manière constante par rapport au sens que nous donnons à notre vie. C’est la croyance transcendantale qui nous permet d’affronter, à défaut de les résoudre, toutes les grandes questions de l’existence.
19:52 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
05/11/2006
Accepter de donner sans recevoir.
« Jésus était entré chez un chef des pharisiens pour y prendre son repas ». Pour le remercier de son hospitalité, Jésus lui apprend à aller plus loin dans la vérité des relations sociales, à entrer véritablement dans les relations fraternelles. Profitons de la leçon nous aussi…
Inviter Jésus à sa table peut en effet ne pas être désintéressé. Il y a beaucoup à y gagner. On gagne d’abord en considération car celui qui reçoit quelqu’un d’important doit considérer qu’il est lui-même important. A cette occasion, il faut aussi donner à Jésus la meilleure place, il faut donc le placer à côté de son hôte. Voilà une façon d’obliger Jésus à être à côté de soi. Et bien d’autres choses encore que les conventions sociales demandent et qui nous arrangent.
Jésus ne dénonce pas ces habitudes, il nous invite à en prendre de nouvelles. Il le fait en donnant une béatitude, c'est-à-dire en décrivant une situation paradoxale, désagréable ou insupportable aux yeux du monde, mais qu’il déclare heureuse, réjouissante, parce qu’elle assure le vrai bonheur.
Ainsi, nous dit-il, « n'invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni de riches voisins ; sinon, eux aussi t'inviteraient en retour ». C'est-à-dire, les conventions sociales sont telles, qu’on finit par ne plus être capable de savoir si l’invitation veut honorer quelqu’un ou flatter celui qui invite. En vérité, notre désir d’avoir, notre désir de reconnaissance sont tels qu’il nous est impossible de formuler une invitation vraiment gratuitement. Cela vaut d’ailleurs pour tout ce que nous entreprenons. Quand nous décidons d’agir de telle manière que Dieu sois content de nous, nous le faisons souvent pour nous, pour la joie d’être bien vu du Seigneur.
Le meilleur moyen de dépasser cette difficulté, Jésus nous le donne : nous mettre volontairement en situation de totale gratuité. Par exemple, inviter à dîner quelqu’un qui ne pourra pas nous le rendre. Alors, nous dit Jésus, « tu seras heureux ». C’est une porte d’entrée dans le Royaume.
En effet, en nous occupant des petits et faibles, nous plaisons nécessairement à Dieu car il se soucie d’abord de ces frères-là. Alors, Dieu, qui ne se laisse jamais vaincre en générosité, contracte envers nous une dette de reconnaissance. Et nous serons heureux, car la récompense qu’il accorde, c’est sa vie donnée en partage. En outre, agir de la sorte nous prémunit contre les séductions de la vie sociale en nous maintenant dans la justice, dans la vérité de nos relations, c'est-à-dire comme prenant leur source en Dieu.
Enfin, ces comportements ouvrent notre cœur. Bientôt en effet notre regard pour ces frères estropiés et boiteux change, et nous découvrons à quel point nous leur ressemblons. Nous réalisons que nous sommes l’un d’entre eux. Leur bonheur d’être ainsi comblé gratuitement nous attire. Car nous cherchons de tout notre cœur la grâce d’être invité gratuitement à un banquet où on n’exige rien de nous sinon d’être là ; où on n’attend rien de nous, sinon d’accueillir le don qui nous est fait.
Voilà le chemin que Jésus nous ouvre. Comme il faut plus d’humilité pour accepter de l’aide que pour en donner, commençons bien vite à suivre la recommandation de Jésus. Nous entrerons alors peu à peu dans l’esprit d’enfance. Nous connaîtrons la joie qu’il y a à donner et à recevoir sans rien attendre en retour. Nous découvrirons la gratuité de l’amour. Nous connaîtrons enfin ce que notre Père des Cieux appelle être heureux avec lui et en lui.
Frère Dominique
18:47 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
02/11/2006
La beauté a-t-elle tellement d'importance ?
On accorde aujourd’hui énormément d’importance à la beauté physique. Jenna Franklin, par exemple, une adolescente de seize ans, demanda pour son anniversaire l’augmentation du volume de ses seins. Plus précisément, elle voulait changer sa taille 75 pour 90, au moyen d’implants en silicone.
Le plus curieux est que ses parents furent d’accord, selon la BBC.
Cette adolescente y pensait depuis l’âge de douze ans et elle prit sa décision à quatorze ans.
Voici ce que Jenna déclara : « Il me faut de beaux seins pour avoir du succès. Toutes les personnalités qu’on voit à la télévision ont eu des implants. Je veux me sentir bien dans mon corps et je pense qu’avoir une poitrine plus saillante me donnera davantage de confiance en moi-même. »
De même que Jenna, de nombreux adolescents, garçons et filles, pensent que l’apparence physique est ce qu’il y a de plus important pour avoir du succès dans la vie.
Au contraire, la Bible affirme : « La grâce est trompeuse, et la beauté est vaine ; la femme qui craint l’Eternel est celle qui sera louée.» (Proverbes 3 1.30)
Comment se fait-il que tant de jeunes désirent transformer leur aspect physique ?
Fréquemment, ils veulent ressembler à l’artiste qu’ils idolâtrent. Certains, comme Jenna, ont même recours à la chirurgie esthétique , par qu'ils pensent ainsi accroître leur estime de soi.
Qu’est-ce qui importe aux yeux de Dieu ?
1. Dieu regarde au coeur et non à l’apparence extérieure.
La culture populaire accorde énormément de valeur à l’apparence extérieure, mais Dieu regarde au coeur. Si tu as une image négative de toi-même, tu dois comprendre les bases de l’estime de soi. Le chemin que tu prends pour acquérir une image salutaire est important. Le meilleur chemin consiste à comprendre que tu es enfant de Dieu et qu’il t’aime.
Tu es estimé parce que Dieu t'a créé et t'a choisi.Tu ne peux rien faire pour te rendre plus acceptable devant Dieu.
Tu es accepté ,parce que tu as été créé.
2. Tu es le reflet de l’image divine.
Lorsque Dieu déclara que tout ce qu’il avait créé « était très bon », il parlait de toi aussi.Tu n’as pas seulement été créé à l’image de Dieu (Genèse 1.26,27), mais tu es « la gloire de Dieu » (1 Corinthiens 11.7).
Ceux qui ne connaissent pas le Christ ne peuvent discerner ce fait, et c’est pourquoi ils ne s’estiment pas comme ils le devraient.
3. Imiter le Christ. Choisis un bon exemple à suivre.
Le Christ seul doit être imité et adoré, Il est intéressant de constater que dans la Bible il n'existe aucune description du physique de Jésus, Il est curieux qu’il soit seulement écrit : « Il n’avait ni beauté, ni éclat pour attirer nos regards.» (Esaïe 53.2) Mais Jésus s’estimait en tant que Fils de Dieu et il avait une saine notion de sa propre valeur. Ses enseignements montrent comment vivre en bonne santé mentale et spirituelle.
4. Jésus enseigna comment s’aimer soi-même de façon équilibrée.
Il enseigna que nous devons nous aimer nous-mêmes comme nous devons aimer les autres, mais nous ne devons pas avoir une trop haute opinion de nous-mêmes (Romains 12.3).
5. Adopte les valeurs divines.
Adopte une vision du monde qui s’inscrit dans la perspective biblique et mène ta vie en accord avec cette perspective. On
détermine la valeur d’une chose par ce qu’on a payé pour l’acquérir. Jésus t’a acheté par sa vie même.
Il est évident qu’il t'accorde une grande valeur.
17:50 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
Commémoration de tous les fidèles Défunts.
Hier nous célébrions nos frères aînés qui ont atteint le bonheur en Dieu. Tout à fait logiquement, l’Eglise nous invite aujourd’hui à nous souvenir de ceux qui ont déjà passé la mort, mais poursuivent encore leur route vers la plénitude de ce bonheur.
Si la fête de la Toussaint est toute rayonnante de joie, celle de ce jour est plus recueillie, car nous sommes invités à prier pour abréger les souffrances de ceux qui sont certes déjà entrés dans la lumière de la vie, mais qui n’ont pas encore entièrement achevé leur purification dans le Feu de la Charité divine. Leur souffrance est en effet celle de l’amour : se découvrant aimée infiniment par Dieu, l’âme découvre conjointement combien elle est incapable de répondre amour pour amour, tant elle est encore liée aux biens éphémères et illusoires de ce monde. Aussi est ce le désir brûlant de Dieu, qui va libérer progressivement l’âme de ce qui l’empêche de se jeter dans les bras de son Seigneur, pour trouver en lui sa béatitude.
Nous n’avons pas de révélation directe du purgatoire dans la Parole de Dieu, c’est bien pourquoi les réformateurs protestants du XVIe siècle ont rejeté cette doctrine, née selon eux de l’imaginaire des hommes. Elle s’enracine pourtant dans la tradition de l’Ancien Testament. Deux siècles avant J.-C, nous trouvons le témoignage en 2 Macc 12, 46 de la croyance en la valeur et en l’efficacité de la prière pour les morts. L’offrande faite par Juda Maccabée en faveur des soldats morts au combat sur lesquels on avait trouvé des objets idolâtriques, prouve qu’il croyait en la possibilité d’une purification de l’âme par-delà la mort. L’Eglise primitive a fait sienne cette doctrine et a développé dès le second siècle la prière pour les morts. Cette pratique va prendre de l’ampleur vers le Xe siècle, lorsque Saint Odilon, cinquième Abbé de Cluny, introduira la fête de la commémoration de tous les fidèles défunts au lendemain de la Toussaint - dans le but précisément d’intensifier notre prière pour les âmes du purgatoire. Les Juifs comme l’Eglise d’Orient prient également pour leurs défunts. En Occident, les conciles œcuméniques de Florence au XVe s. et de Trente au XVIe s. ont défini de manière dogmatique l’existence du purgatoire :
« Instruite par l’Esprit Saint et puisant à la Sainte Ecriture et à l’antique Tradition des Pères, l’Eglise catholique a enseigné dans les Saints Conciles qu’il y a un lieu de purification (purgatorium) et que les âmes qui y sont détenues sont aidées par les suffrages des fidèles mais surtout par le Sacrifice de l’Autel agréable à Dieu » (Concile de Trente).
Cette doctrine fut pleinement confirmée par le Concile Vatican II, dans lequel nous lisons :
« Ainsi donc en attendant que le Seigneur soit venu dans sa majesté, accompagné de tous les anges (Mt 15, 31) et que, la mort détruite, tout lui ait été soumis (I Cor 15, 26-27), les uns parmi ses disciples continuent sur la terre leur pèlerinage, d’autres, ayant achevé leur vie, se purifient encore ; d’autres enfin, sont dans la gloire contemplant dans la pleine lumière, tel qu’il est, Dieu un en trois Personnes ». (Constitution dogmatique sur l’Eglise : Lumen Gentium, 49).
« La pensée de prier pour les morts, afin qu’ils soient délivrés de leurs péchés, est une pensée sainte et pieuse (2 Macc. 12, 45) » (Ibid., 50).
« Cette foi vénérable de nos pères en la communion de vie qui existe avec nos frères déjà en possession de la gloire céleste, ou en voie de purification après leur mort, le Saint Concile la recueille avec grande piété » (Ibid., 51).
Interprétant ces textes du Concile, Jean-Paul II explique : « Unie aux mérites des saints, notre prière fraternelle vient au secours de ceux qui sont en attente de la vision béatifique. Selon les commandements divins, l’intercession pour les morts obtient des mérites qui servent au plein accomplissement du salut. C’est une expression de la charité fraternelle de l’unique famille de Dieu, par laquelle nous répondons à la vocation profonde de l’Eglise : “sauver des âmes qui aimeront Dieu éternellement” (Thérèse de Lisieux). Pour les âmes du purgatoire, l’attente du bonheur éternel, de la rencontre avec le Bien-Aimé, est source de souffrances à cause de la peine due au péché qui maintient loin de Dieu. Mais l’âme jouit de la certitude que, le temps de sa purification achevé, elle ira à la rencontre de Celui qu’elle désire (cf. Ps 42 ; 62). J’encourage donc les catholiques à prier avec ferveur pour les défunts, pour ceux de leurs familles et pour tous nos frères et sœurs qui sont morts, afin qu’ils obtiennent la rémission des peines dues à leurs péchés et qu’ils entendent l’appel du Seigneur à entrer dans la plénitude de sa gloire. »
« Seigneur Jésus, tu nous as promis que “tu ne jetterais pas dehors celui qui vient à toi”, mais que tu lui donnerais part à ta propre vie dans l’Esprit. Fort de cette parole, nous le croyons : “si nous mourons, nous mourons pour toi, Seigneur ; car si tu as connu la mort, puis la vie, c’est pour devenir le Seigneur et des morts et des vivants” (2nd lect.). Aussi te prions-nous avec confiance pour nos défunts : puisque “tu accordes à tes élus grâce et miséricorde, et que tu veilles sur tes amis” (1ère lect.), “rappelle-toi, ta tendresse, ton amour qui est de toujours. Oublie leurs révoltes, les péchés de leur jeunesse; dans ton amour enlève tous leurs péchés” (Ps 24) et reçois-les dans la plénitude de ta paix, de ta joie et de ta lumière, maintenant et pour les siècles des siècles. Amen ! »
Père Joseph-Marie
09:12 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |