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23/05/2006

SAVOIR DIRE " NON ".

Pour certains d’entre nous, le mot le plus difficile de notre langage est "Non".

C’est un mot certes facile à épeler mais combien difficile à prononcer ! Surtout si l’on vous a toujours dit que les bons chrétiens, les parents responsables, les époux compréhensifs et les travailleur sérieux ne disent jamais “non”. On se sent presque coupable d’oser le dire de peur que les autres cessent de nous aimer. Certains sans doute vous détesteront, mais Jésus a dit: "Si le monde vous hait, sachez qu'il m'a haï avant vous." (Jn 15.18)

En vérité, la seule manière d’éviter les critiques est de dire ce que tout le monde veut entendre. Mais cela fera alors de vous un faux prophète.

Si l’on abuse sans cesse de votre gentillesse et que votre réponse est toujours de dire: "C’est bon, ça ne me dérange pas", en fait vous êtes en train de mentir. Car cela vous dérange mais vous n’osez pas le dire ! Vous vivez un mensonge ! Les gens disent peut-être du bien de vous, mais s’ils sont également en train de dérober votre vie, le prix de leur estime est trop élevé ! Chaque fois que vous dites "oui", alors que vous voulez dire "non", vous perdez votre propre respect, vous accumulez votre ressentiment pour vous en prendre souvent à ceux qui ne l’ont pas mérité; et vous refoulez vos sentiments, ce qui mène à la dépression et à la solitude.

Refusez dès aujourd’hui de continuer à vivre de cette manière !

Relisez ces paroles de Jésus: "Que votre oui soit oui, et que votre non soit non, afin que vous ne tombiez pas sous le jugement." (Jac.5.12)

BobGass

12:43 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (4) |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

22/05/2006

AU SERVICE DES AUTRES.

Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir. Matthieu 20, v. 28.

Paul a la même conception du service que notre Seigneur lui-même. "Je me suis fait l’esclave de tous", écrit-il aux Corinthiens. Il nous semble que ceux qui sont appelés au saint ministère sont destinés à former une classe d’hommes bien différente des autres. Or, selon Jésus-Christ, ils doivent être le paillasson sur lequel on s’essuie les pieds ; ils doivent être des guides spirituels, non pas des supérieurs. "Je sais vivre petitement", dit Paul. Pour lui, servir, c’est se dépenser jusqu’au bout pour les autres, sans s’inquiéter ni de l’éloge ni du blâme.

Tant qu’un seul être humain est là qui ne connaît pas Jésus-Christ, Paul se doit à lui pour le lui apprendre. Le ressort principal de ce ministère de Paul n’est pas l’amour des hommes, c’est l’amour de Jésus-Christ. Si c’est pour les hommes que nous nous dépensons, nous allons à la déception et au découragement, car nous trouverons chez eux plus d’ingratitude souvent que chez un humble chien. Mais si c’est pour Dieu que nous travaillons, là point d’ingratitude qui puisse nous arrêter dans notre activité au service des autres. C’est parce que Paul se rendait clairement compte de la façon dont Jésus l’avait traité lui-même qu’il était si résolu à servir les autres. "J’étais auparavant un adversaire acharné, un blasphémateur de Jésus-Christ." Donc jamais les hommes n’auront à mon égard autant de haine et d’exécration que j’en avais pour Lui. Quand nous pensons que Jésus-Christ s’est donné pour nous malgré toute notre indignité, aucun mauvais traitement de la part des autres ne nous empêchera de les servir.

Bruno LEROY.

12:05 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

17/05/2006

Spiritualité de la mission.


Père Alberto RADAELLI,
Religieux Camillien
Traduction : Père Bernard Grasser


Néstor Jaén, dans son livre « Vers une spiritualité de la libération » définit l’expérience comme un « contact vital avec une réalité qui nous touche, qui laisse en nous des traces et qui nous transforme ». Ce qui caractérise alors une expérience, c’est le fait que c’est quelque chose qui nous touche profondément et qui nous transforme.
«  Quand l’expérience atteint profondément quelqu’un, alors son esprit et son cœur sont transformés, et il commence à regarder les choses différemment : une représentation nouvelle de Dieu, une lecture nouvelle de la Bible, une dimension nouvelle de la prière, un engagement différent dans la pastorale, et un éclairage nouveau dans le vécu des joies et des souffrances. L’expérience profonde donne lieu à une nouvelle spiritualité ». La Famille Camillienne en réalisant avec l’Eglise l’exode du « centre » vers la « périphérie » se plonge dans une réalité qui la touche profondément. Elle perçoit non seulement la situation dramatique des pauvres et des malades, mais un tel impact atteint son esprit, son cœur, ses propres sentiments, lui change le regard. C’est dans ce contexte que naît une nouvelle spiritualité, une spiritualité issue de la pratique, qui est le fruit d’une action pastorale déterminée et en relation étroite avec la vie.
Une spiritualité, en résumé, qui naît d’une vie apostolique, basée sur le malade.
Alors, on peut comprendre que la spiritualité ne signifie pas uniquement vie intérieure, qu’elle ne se réduit pas seulement aux moments de prière et de liturgie. Dans l’Ecriture, la spiritualité comprend toute la vie (intérieure et corporelle, personnelle et communautaire, religieuse et politique) animée par l’Esprit et, concrètement pas l’Esprit de Jésus. Elle ne se limite pas à un instant, elle est radicale, totale, entière.

Il est évident que si on définit la spiritualité de la Famille Camillienne comme une forme particulière pour suivre Jésus-Christ, par les engagements du baptême (Cf. St, 1) la rencontre avec Lui en est la condition requise et fondamentale. Suivre le Christ récapitule tout le cheminement de l’homme et sa recherche incessante du Christ. La première rencontre avec Jésus au commencement de la prédication de la Bonne Nouvelle débouche sur un appel à le suivre. (Mc 1, 16-20). Avant de l’appeler, Jésus voit la personne autrement qu’avec un simple regard : il la regarde au fond du cœur et c’est là qu’il fait résonner son invitation. C’est un regard qui appelle. La vocation est un don qui naît de la rencontre personnelle avec Jésus-Christ et ce don nous devons l’offrir aux pauvres et aux personnes les plus fragiles.
L’appel à entrer dans la Famille Camillienne réclame une décision basée sur la confiance et l’abandon car il projette vers le futur : « être avec Jésus », être envoyés pour évangéliser (Mc 3, 13-14).
Mais une telle rencontre ne s’approfondit pas sans un abandon et un don de soi envers les pauvres, parce que ce n’est qu’ainsi que l’on perçoit le nouveau « trésor » que la suite du Christ implique.

La « rencontre » suppose des personnes qui vont s’ouvrir à une relation en profondeur. Un tel amour embrasse toute la personne, son esprit et son corps, homme ou femme, dans son « moi » personnel et unique. Jésus, qui en se donnant éternellement au Père, se « donne » à Lui-même dans le mystère de la Rédemption, a appelé l’homme, afin que celui-ci, à son tour, se livre entièrement à un service particulier, à l’œuvre de la Rédemption, à travers son appartenance à un mouvement de vie, reconnu et approuvé par l’Eglise.
Jésus invite son interlocuteur à accepter un programme centré sur la valeur de la personne humaine : sur l’être de la personne, à travers toute la transcendance qui le caractérise. L’essence de la vocation camillienne est la rencontre avec le malade, appauvri dans sa santé. Le riche n’est pas celui qui possède mais celui qui donne, celui qui est capable de donner.
La rencontre avec Jésus est toujours le centre de la vie et de la mission. L’Evangile est vie, et le laïc camillien porte dans son cœur le « sens de la charité qui est la vie même de Dieu » (Jean-Paul II).
Il y a une « condition profonde pour suivre le Christ » c’est d’avoir compris sa prédilection pour les malades.
Accompagner les plus vulnérables exige un double processus, donner et recevoir. Le membre laïc de la Famille Camillienne donne aux malades le témoignage d’un Dieu qui les aime. Peut-être ne pourra t-il donner que ce témoignage…, et combien de fois ne donne t-on pas ce témoignage parce que l’on veut donner des « choses » aux malades… Ce qui est fondamental c’est de leur dire que Dieu les aime tellement que nous-mêmes, il nous a entraînés pour venir jusqu’à eux, parce que leur vie, aussi pauvre et vulnérable soit-elle est, pour Dieu digne et précieuse.
Ce don de soi naît de la gratuité. Le malade nous donne beaucoup, il nous apprend à donner une signification à la souffrance. La simplicité avec laquelle il vit l’Evangile nous fait pressentir que sa force pour résister à tant de douleur provient de Jésus. Quand Dieu est présent, les choses, même petites et rares, sont abondantes et suffisantes pour être toujours partagées. Quand Dieu est absent, les choses, même abondantes, sont rares et alors l’appétit de celui qui dépouille continuellement les autres pour lui-même n’est jamais satisfait.
L’Eglise est une communauté de personnes qui suivent Jésus. Marcher à sa suite revêt une empreinte fortement communautaire. C’est dans la communauté ecclésiale que l’on reçoit l’appel à suivre Jésus. Celui-ci, présent au milieu des croyants, répète ce geste de con-voquer et communique à ceux qui le suivent un charisme spécial pour le service de la communauté. La communion au Christ et la vocation à former la communauté ecclésiale créent des liens fraternels entre ceux qui le suivent. La communion de cœurs et le partage de ce service apparaissent comme l’idéal du camillien.

La Famille Camillienne jaillit de la « fascination » - amour enthousiaste et admiratif – que la vie de Jésus exerça sur saint Camille de Lellis pour accomplit les œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles envers les malades. Sans l’enthousiasme mystérieux et admiratif que crée la rencontre avec Jésus traversant une vie, sans cette expérience séductrice, les gestes de Camille n’auraient aucune explication. La Charité s’est transformée pour lui en une attirance irrésistible, profonde et radicale, et il en fit une forme de vie. Cette charité est un don et une responsabilité.
La charité est la base, l’âme et la caractéristique de l’apostolat camillien. La pratique de Jésus révèle que le critère de l’action en faveur de l’homme en est la nécessité concrète, elle place l’homme au centre des ses préoccupations et de ses intérêts. Camille fait ouvrir les yeux sur la souffrance humaine.
Quand un groupe se met en face de la réalité de la souffrance, il s’aperçoit qu’il est débordé et dépassé par les besoins, la violence blesse ; le sang éclabousse et la misère étourdit. La faim, la drogue, le Sida, les catastrophes, les malades en phase terminale… arrivent à chaque instant, nous entourent et nous enserrent, parfois nous écrasent. Comment trouver une solution ? Que faire et jusqu’où ? Parmi les missions confiées à la Famille Camillienne, il y a celle d’éveiller et de canaliser les réservoirs d’amour de l’humanité, mais c’est elle qui trouvera la voie qu’elle aura choisie pour la pratique de la charité. Choix qui devra être évangélique et authentique.

Il y a des questions qui attendent une réponse :
La charité est-elle l’expérience sur laquelle est fondée notre désir de suivre le Christ comme cela a été pour saint Camille ?
Comment incarner le figure du Bon Samaritain dans notre charité pastorale ?
Comment rendre actuel et mettre en pratique l’amour à travers notre histoire, regardée avec les yeux de Dieu ?
Les nouveaux défis que l’amour interpelle et les nouveaux chemins qui s’ouvrent, nous permettront de donner un futur à l’amour chrétien d’une manière créative. Nous avons de nouveaux champs de présence. Nous avons besoin de créativité et de générosité. La « charité est ingénieuse » disait Paul VI. L’Esprit est suffisamment artiste pour ne pas se répéter. Elle suscite des réponses nouvelles pour de nouveaux défis.



Père Alberto Redaelli

09:16 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

16/05/2006

LA SEXUALITÉ EST SPIRITUELLE ET CHARNELLE.

La sexualité est à la fois charnelle et spirituelle . La sexualité est, d'abord, spirituelle parce que celle-ci a été créée. Dieu a créé un couple bisexué, mâle et femelle (en hébreu «percée»), l'a doté des pouvoirs de procréativité et il qualifie ce qu'il a fait de «très bon» (Gn 1.27-28.31). Ce couple que Dieu a formé est homme et femme, les deux os et chair, qui, unis sexuellement, sont une seule chair (Gn 2.22).

La sexualité s'exprime par le corps, par la sensualité, par ses désirs et ses plaisirs. La sensualité est un subtil mélange entre les sensations physiques et les émotions psychiques. Dans le Cantique, elle (l'épouse) veut qu'il (l'époux) la touche, la goûte, la voie, l'entende, la sente. Elle veut qu'il la désire, jouisse d'elle, se repaisse d'elle: sa bouche, ses lèvres, sa langue, ses seins, ses cuisses, son sexe, son corps entier sans réserve ! C'est un don de présence. C'est l'invitation «que mon amour vienne dans son jardin» (Ct 4.16) que la jeune mariée lui lance pour qu'il se repaisse de ses charmes. C'est l'invitation de l'épouse: «Viens, mon amour… aux vignes… Là je te donnerai mon amour» ( dôdim , 7.13).

La sexualité est charnelle parce qu'elle est du corps. Dans le Cantique, le couple fait ses délices des membres du corps de l'autre (5.10-16, 6.4-7, 7.2-6). Sans corps, le désir et le plaisir n'existent pas. Le désir est sensuel. Il relève d'un sens: le toucher, la vue, l'ouïe, l'odorat, le goût. Plus les sens sont engagés et stimulés, plus fort est le désir. Le désir est poussé par les sens et cherche la personne désirée qui, seule, peut le satisfaire. On comprend pourquoi, dans le Cantique, pour exprimer le désir, tous les sens sont engagés au maximum. C'est la sensualité. La sexualité et la sensualité vont de pair et elles sont inséparables. Chacun des sens est augmenté au point qu'ils débordent. Le débordement du désir, c'est le moment où, dans la sensualité, le désir et le plaisir s'entremêlent. Le désir et le plaisir se confondent.

La traduction du désir en plaisir est charnelle. C'est la réponse physique et psychique à l'appel du désir. Le plaisir relève d'un acte: un mot tendre, un baiser, une caresse, on fait l'amour. Plus intenses sont ces actes, accomplis avec tendresse et affection, plus grand est le plaisir.

«Sa main gauche est sous ma tête et sa droite m'enlace» (2.6, 8.3)

Les préliminaires à l'acte sexuel sont essentiels, non seulement pour éveiller le désir, mais pour que cet acte soit fait avec tendresse. Qu'elle dise «Qu'il me baise des baisers de sa bouche car faire l'amour avec toi m'excite plus que du vin» (1.2) exprime son désir pour ce jeu amoureux, car ceci augmentera son plaisir, sa jouissance. Ce sont les baisers profonds, à pleine bouche (4.11). Ses caresses lui donnent du plaisir: «Mon chéri pour moi est un sachet de myrrhe; entre mes seins il passe la nuit.» (1.13) Qu'il dise «Tes deux seins sont comme deux faons» (4.5) exprime le plaisir qu'il prend en les caressant, de l'effleurement à la pression tendre. Les seins stimulent le mari et sont pour lui les monts «emmyrrhés», encensés, embaumés (2.8,17, 4.6, 8.14) . Comme le dit un proverbe: «Que ses seins te comblent en tout temps. Enivre-toi toujours de son amour.» (5.19) Elle désire que dans l'étreinte de l'amour «Sa main gauche soit sous ma tête et sa droite m'enlace» (2.6, 8.3). Cette main «libre» caresse et enlace tendrement. La jouissance complète de la femme est parfois longue à venir. Elle a besoin de caresses précises et rythmées, ce que le mari a parfois du mal à comprendre. Comme l'exprime E. Fuchs: «Il faut construire le couple avec toute l'attention requise, en réactivant toujours à nouveau l'élan érotique premier, le désir de l'autre, même si les formes d'expression de ce désir vont évoluer et se transformer au gré du temps.»


Le Cantique des cantiques est ainsi le cantique d'amour par excellence . L'amour célébré dans le Cantique est la sexualité humaine. La sexualité, avec ses désirs et ses plaisirs, est pure, sainte et saine, car elle relève de l'œuvre bonne créatrice de Dieu. Ce véritable amour unit deux créatures sexuellement différentes mais parfaitement complémentaires: «L'un face à l'autre, l'un pour l'autre, dans un amour où le charnel est spirituel, où le spirituel est charnel.»  

Cet amour, avec son expression dans la sexualité, trouve son modèle dans l'établissement divin du rapport d'alliance. L'alliance depuis la création encadre le mariage scellé par l'union sexuelle, où lui en elle et elle ayant en elle lui, font des deux un. Cette affection et cette tendresse réalignent le couple et le stabilisent au sein des vicissitudes et des peines de la vie de tous les jours.

Le désir pour l'autre et le plaisir avec l'autre définissent le caractère charnel et spirituel de la sexualité: un don de soi, corps et âme, qui est à son tour un don divin (8.6). La sexualité finissant en unissant l'homme et la femme dans le mariage permet aux deux — que Dieu a faits l'un pour l'autre — de s'accomplir mutuellement et exclusivement dans les joies de l'amour humain.

 * R. Bergey est professeur d'hébreu et d'Ancien Testament à la Faculté libre de théologie réformée d'Aix-en-Provence.

15:55 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

15/05/2006

DEVONS-NOUS CRAINDRE LA MORT ?

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La mort fait peur. Elle nous effraie et pourtant… La mort en elle-même n’a rien de dangereux puisque pour le chrétien, elle va donner à la vie tout son sens. Le Christ est là, présent et vivant pour nous accueillir au seuil du Royaume tant espéré. Celui qui croit sait que le Christ est la Vie éternelle et que le seul fait de croire lui permet de rejoindre le Seigneur Jésus. Le Royaume des cieux dont nous avons tant rêvé, tant espéré et sur lequel nous avons tant fabulé est une réalité. Que dira Dieu en nous voyant arriver alors que nous sommes des pécheurs ? Mais si Dieu est amour, totalement Amour comme nous le croyons, comme Jésus nous l’a dit, nous ne devons pas craindre. Dieu est comme dans la parabole de l’enfant prodigue, celui qui nous attend et fait bombance car il y a plus de joie dans le ciel pour un pécheur retrouvé que pour 99 justes. Non, il ne détournera pas sa Sainte Face en nous voyant arriver. Le problème est tout autre : pourrons-nous nous pardonner ? Pourrons-nous accepter son Amour alors que nous l’avons renié souvent dans notre vie ? Pourrons-nous, comme le fils prodigue, aller avec humilité et confiance vers le Père pour lui demander pardon de nos fautes ? Voilà le problème fondamental. Quel gâchis que cette vie sur terre. Alors qu’il m’avait donné le temps nécessaire pour réaliser un tant soit peu l’arrivée du Royaume, quel est le bilan de cette vie gaspillée ici-bas. Ai-je tenté, dans la limite de mes forces, de faiblesse en faiblesse, d’instaurer sur la terre, la justice, l’amour et la paix ? Ai-je fait avancer le Royaume de Dieu ? Voilà le sens de toute vie chrétienne. Ai-je été un instrument de sa paix ? Le christ l’a dit : seul l’amour compte. Ai-je cherché la richesse, les honneurs et la gloire ou ai-je donné un peu d’amour ? Et cet amour ? Etait-ce de l’amour gratuit sans espoir de retour ou de l’amour-propre ? Plongés dans la mort, nos actes prennent une autre densité. Dans le monde de l’éphémère, nous jugeons nos actes avec nos yeux et surtout avec ceux des autres. Dans le monde de l’éternel, tout prend une autre dimension . Certains que nous estimions importants paraissent dérisoires alors que ceux que nous estimions si légers surnagent et demeurent les seuls visibles.
Dieu est Amour et non justice. Il paie l’ouvrier de la dernière heure du même salaire que les autres. Jésus accueille le « bon » larron alors qu’il n’a fait qu’une seule chose : « croire en Jésus. » Jésus est la Résurrection, la Vie éternelle.
Mourir est tout simplement s’endormir dans la paix du Christ. La vie est activité et la mort est repos.
Alors pourquoi avons-nous si peur ?
L’adulte est celui qui a réussi à apprivoiser sa peur de la mort. Certes, la carcasse bronchera. La chair ne veut pas mourir. Elle bronchera toujours devant la mort.
Pour tout le monde, c’est très simple. La mort est en fait le moment où nous nous trouvons devant le bilan de notre vie. Il n’y a plus de futur pour cette graine que nous sommes. Nous devons abandonner nos illusions. Il n’y a plus de demain car nous entrons dans une autre dimension sans temps et sans espace dans le monde sans forme. Il n’y a plus que Dieu, l’Ouvert, l’Innommable, le Mystère absolu.
Ce qui fait peur à notre mental, c’est qu’il ne peut se projeter dans le futur. Il n’y a nulle part où il peut projeter ses illusions. Il est coincé. Il ne peut plus que regarder le passé, la vie, notre vie avec ses bons et ses mauvais côtés, avec ce que l’on a fait de bien mais surtout de mauvais. Il faut pour la première fois se regarder soi-même. Que d’occasions ratées, que de temps gaspillés, l’angoisse d’une vie gaspillée. Dieu ne juge pas car il est Amour, le Christ ne juge pas. Il est assis et trace des traits dans le sable puis nous regarde. Pourrons-nous soutenir son regard car il nous a tout expliqué et nous savions tout. Le Royaume des Cieux était sur terre mais nous avons refusé de le voir.
« Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas » Math 24,35 ; Luc 21,33. Marc 13,31.
« En vérité, en vérité, je vous le dis, si quelqu’un garde ma parole, il ne verra pas la mort » Jean 8,51.
La parousie se réalise à l’instant où nous quittons ce monde des illusions pour entrer dans la vraie vie.
Que devons nous faire ? Très peu et beaucoup : Aimez , alors tout ce que vous ferez sera juste. (Saint-Augustin) Aimer est la seule façon de défier la mort. Certes, lorsqu’on meurt, on est toujours seul mais la seule postérité valable se mesure au vide que l’on laisse dans le cœur des vivants.


« Va ton chemin sans te soucier de son pourquoi.
Vis sans pourquoi. Le fond de Dieu est ton propre
fond, et ton fond est le fond de Dieu. Là, tu vis selon
ton être propre, comme Dieu vit de son Etre propre…
C’est à partir de ce fond intime que tu dois opérer
toutes tes œuvres… »
Maître Eckhart
Mystique chrétien.


L’homme religieux ( c’est tout différent de l’homme d’église) est celui qui a regardé pendant qu’il était encore vivant, il a regardé dans le passé de sa vie. Il a réalisé le caractère fictif de la vie, il a regardé en lui-même et a compris que la vie est une illusion. Tout ce que nous faisons est de bâtir sur du sable, de bâtir des illusions pour satisfaire notre amour propre.
Avons-nous aimé ou avons nous fait semblant ?
Avons-nous jamais été honnête ou avons-nous fait semblant ?
Avons-nous jamais été sincère ou avons-nous fait semblant ?
Notre vie n’est-elle pas une longue succession de simulations ? Paraître face au monde, face aux autres ? Que de masques ! Que d’habits alors que nous sommes nus devant Dieu !
Nous avons dépensé tellement d’énergie pour paraître face aux autres et pour nous illusionner sur nous-même. Quel gaspillage et à l’heure de notre mort quelle frustration ! Découvrir ce que nous sommes réellement et pas celui que nous voulons faire paraître. Avoir choisi l’illusion alors que le Christ nous invitait à l’immortalité en le suivant. Et nous ne pourrons même pas lui dire : « Seigneur, je ne t’ai pas vu, je ne savais pas. »Et il nous regardera plein de compassion mais saurons-nous accepter son Amour ou comme le disciple partirons-nous tristement vers le néant, c’est-à-dire notre propre suffisance ?Il faut mourir, certes, ayant fait le plein et le vide. Le plein d’amour et le vide d’ego.

Meurs avant moi, l’ami !
Montre-moi le chemin :
Je n’ai peur qu’à demi
Quand on me tient la main.
Allons, l’ami !
Dieu qui t’a aimé, ta vie durant,
Ne va pas t’abandonner
Au moment où tu es dépouillé
De tout amour humain.
Et puis, que crains-tu ?
Tes parents sont morts avant toi ,
Et les parents de tes parents.
Là où se trouvent tes parents,
Tu peux aller de confiance.
Il n’est pas le Dieu des morts,
Mais Celui des vivants.
Les morts sont vivants,
Aussi invisibles que Lui.
Il n’y a pas de barrière.
Dieu était avec toi,
Brusquement, te voici avec Lui.
Ne crains point, crois seulement !
Personne ne meurt :
On ne sort pas de Dieu.

13:55 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

12/05/2006

ÊTRE CHRÉTIEN EST UN COMBAT SPIRITUEL.

L'Incarnation de Dieu est décrite dans l'Évangile comme Emmanuel, c'est à dire Dieu avec nous. C'est là l'essence même de la révélation divine.

Dans la théologie chrétienne la révélation de Dieu c'est précisément être avec l'homme, révéler Son amour envers Sa créature, engager le dialogue avec elle.

Ce n'est pas là une relation ordinaire mais un dialogue entre le Père et le Fils. L'Incarnation est effectivement Dieu-avec-l'homme , afin de ré humaniser l'homme et de rétablir en lui l'imago Dei. L'épiphanie est l'humanisation de Dieu et la divinisation de l'homme, un thème favori des Pères Orthodoxes de l'Église. Elle est donc non seulement un événement précis, limité dans le temps mais une réalité continue. L'Incarnation de Dieu est une invitation à être avec Dieu qui a voulu être en Christ avec nous. Être chrétien c'est donc être avec Dieu. Quelle grâce divine! Quelle vocation sacrée !


Être chrétien c'est être en dialogue avec Dieu.

Par Son initiative Dieu est engagé en dialogue avec l'homme. La Bible est l'histoire de ce dialogue divino humain. Or la question qui s'impose au chrétien qui croit en Jésus Christ est la suivante : est-il en dialogue avec Dieu ? Accepte-t-il Dieu comme partenaire de dialogue dans ses pensées, ses actions et sa manière de vivre ? Le monologue constitue la fin de l'homme car, sans cette dimension transcendante qu'est le dialogue spirituel avec Dieu, l'humanité perd sa particularité, sa raison d'être. Est-ce que nous sommes en dialogue avec Dieu dans notre vie quotidienne si dominée par les "dieux" du monde ?

Être chrétien c'est avoir Dieu comme centre de notre vie.

Dieu en Jésus Christ est entré dans la vie humaine dans toutes ses dimensions et dans toutes ses manifestations. Le Christ est devenu la vie même de l'homme. La vie est don de Dieu. Par conséquent la vie du chrétien doit être théocentrique. Dieu doit être la source, le fondement d'une vie qui prétend être chrétienne. Dieu en Jésus Christ doit constituer le centre de gravité, l'Alpha et l'Omega de la vie humaine. Est-ce que le Christ est au centre de notre vie ? Est-ce que nos pensées et nos actions émanent de ce centre ?

Être chrétien c'est considérer Jésus Christ comme la voie de notre vie.

Dans le monde d'aujourd'hui le chrétien se trouve au carrefour de nombreuses voies. La question qui se pose est de savoir quelle est celle où il doit s'engager. Jésus Christ a bien dit: "Je suis la voie" (Jean 14:6). Par Sa vie et Sa mission Il a indiqué de manière visible et concrète la voie qui mène l'humanité aux valeurs du Royaume, à Dieu. Est-ce que nous acceptons Jésus Christ comme la voie de notre vie? Est-ce que nous suivons fidèlement cette voie ?

Être chrétien c'est confesser Jésus Christ comme la vérité de notre vie.

Dans la vie quotidienne nous sommes confrontés à des vérités si attrayantes mais corruptrices. Quelle est notre vérité réelle, authentique ? Souvenons-nous toujours que notre Seigneur s'est défini comme la Vérité du monde (Jean 14:6). Est-ce que nous croyons en Christ comme l'unique Vérité, le Credo de notre vie? Est-ce que nous vivons cette vérité et ses impératifs dans notre vie envahie par tant de " vérités " ?

Être chrétien c'est lutter pour les libertés.

Dieu a créé l'homme afin qu'il réalise son humanité librement, Jésus Christ a défini sa mission comme étant de " renvoyer libres les opprimés " (Luc, 4:19). La liberté est donc un don divin ; elle est intégrale à la création et à la vocation de l'homme. L'homme ne peut vivre dignement et authentiquement sa propre vie sans liberté. Est-ce que nous ouvrons pour recouvrer notre liberté et la liberté des autres ? Est-ce que nous traduisons notre liberté en une source de responsabilité, de dignité, de créativité et de progrès ?

Être chrétien c'est combattre l'injustice.

C'est ce qu'a fait Jésus Christ. Il n'a pas seulement condamné l'injustice, rejetant l'ordre, les relations et les situations injustes. Il a lutté pour la justice en combattant l'injustice. Le but de l'Incarnation divine était précisément l'établissement de la justice. Jésus a dit: " Heureux ceux qui ont faim et soif de justice, car ils seront rassasiés " (Mat. 5:6) et " Le Royaume de Dieu est à ceux qui sont persécutés pour la justice " (Mat. 5:10). Les hymnes sacrées de l'Église Arménienne présentent le Christ comme " Champion de la Justice ". Faire justice et ouvrer pour la justice doivent donc être au cour de l'engagement chrétien. Est-ce que nous sommes conscients de cette responsabilité dans notre société déchirée et divisée par tant d'injustices, visibles et invisibles? Est-ce que nous sommes sérieusement engagés pour un ordre mondial basé sur les principes de justice ?

Être chrétien c'est faire la paix.

L'Incarnation du Fils de Dieu est annoncée par les anges comme la venue de la paix sur terre. Le nom de Dieu est paix. La paix de Dieu c'est la paix fondée sur la justice, sur le respect de la dignité et les droits humains, sur les valeurs morales et spirituelles. Le Christ a dit: " Ceux qui luttent pour la paix ils seront appelés fils de Dieu " (Mat. 5:9). Ouvrer pour la paix c'est faire justice tout comme faire justice c'est l'unique voie vers la paix. C'est ce qu'enseigne l'Évangile. Est-ce que nous luttons activement pour une paix fondée sur la justice? Est-ce que la voie de la paix, si complexe et si dangereuse, est la voie de notre vie et la direction de notre action ?

Être chrétien c'est travailler pour la réconciliation.

Dieu en Jésus Christ a bien réconcilié l'homme avec Lui. Être en Dieu c'est être réconcilié non seulement avec Dieu mais aussi avec les hommes. L'Incarnation de Dieu est une invitation à la réconciliation entre tous les hommes. Pour un chrétien ceci n'est pas une prescription ordinaire. C'est l'essence même du Christianisme et le fondement de la foi chrétienne. C'est la base de l'action chrétienne.

Être chrétien c'est donc un combat, un combat spirituel, un combat continu, un combat acharné contre toutes les structures et systèmes, idéologies et pratiques qui génèrent l'injustice, la violence et le mal. C'est un combat pour les droits de l'homme, pour la dignité humaine, pour la paix en justice et pour la réconciliation.

L'Évangile n'admet pas l'isolement et le monologue. Il est tout à la fois un défi et une invitation à l'engagement, au dialogue et au combat pour une qualité de vie soutenue par les valeurs morales.

Être chrétien, c'est vivre l'Évangile dans cette vision.

Aram Ier
Catholicos de Cilicie

13:05 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

09/05/2006

La communion des saints.

Le Christ est la seule pierre sur laquelle repose notre foi. Cependant sur ce chemin, nous pouvons nous aider les uns les autres à avancer, à croître. C’est là le sens de la communion des Saints.

Le Christ est la seule pierre sur laquelle repose notre foi. Cependant sur ce chemin, nous pouvons nous aider les uns les autres à avancer, à croître. C’est là le sens de la communion des Saints.
Par notre baptême, nous ne sommes plus « des étrangers, ni des hôtes », nous sommes « concitoyens des saints », nous sommes « la maison de Dieu (Ephésiens 2,19).
Au jour de découragement, de lassitude, de doute, il est bon de nous appuyer sur la foi de nos frères et sœurs dans le Christ, de mettre nos pas dans les leurs, de nous laisser porter par leur prière. A la manière du chapelet, la litanie des saints s’égrène, nous donnant de contempler ses témoins d’hier et d’aujourd’hui et nous invite à prendre place parmi eux.


Dieu seul est Saint

La Sainteté est une carrateristique propre à Dieu selon la tradition biblique. Cependant en feuilletant sa Bible, on remarque que de nombreux personnages, objets, et lieux sont qualifiés de saint. Non qu’ils le soient en soi, mais parce qu’ils entretiennent une relation nouvelle (ou renouvelée) d’Alliance et de dépendance envers Dieu. Il leur est donné de participer à la sainteté de Dieu. Lui, seul sanctifie !
Les premiers Chrétiens, renouvelés par l’Alliance nouvelle scellée en Christ, sont ainsi salués par Paul dans ses lettres : « A tous les saints, à vous grâce et paix… » (2 Corinthiens 1,2) « Aux saints et fidèles dans le Christ… » (Ephésiens 1,1) « Saluez chacun des saints dans le Christ Jésus… » (Philippiens 4,21).
La sainteté n’est pas un état, mais un appel de Dieu, une longue route à parcourir où Dieu, peu à peu, nous façonne à sa ressemblance : « Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint… » (Lévitique 19,2) ; « Vous donc vous serez saints comme votre Père céleste et saint. » (Matthieu 5,48).


En communion avec tous les saints

Chaque jour, dans la liturgie de l’Eglise, un saint est célébré. Souvent en quelques lignes, son témoignage et sa vie nous sont résumés en introduction aux lectures du jour dans nos missels ou autres livrets. Prendre le temps de les lire, nous donne de colorer différemment la lecture de l’Evangile du jour et de faire connaissance avec nos frères aînés dans la foi.
Lors des baptêmes, de la liturgie pascale, des professions religieuses et des ordinations, la litanie des saints est chantée. Elle nous remet en mémoire la longue histoire d’un peuple en marche. Nous prenons notre place dans ce cortège que forme la multitude des saints au long des siècles : saints reconnus et célébrés par l’Eglise, mais aussi saints anonymes dont l’offrande humble demeure cachée.


Saints et saintes de Dieu, priez pour nous

Suivant notre sensibilité, il nous est plus ou moins facile de prier les saints, car le seul à qui revient toutes louanges et prières, c’est Dieu. Cependant, nous glisser dans la prière et le témoignage de ceux qui ont terminé leur course, peut éclairer notre marche.
Lorsque l’Eglise canonise un saint, elle reconnaît en cette personne, sa manière particulière de vivre l’Evangile (selon son époque, sa culture, sa personnalité) comme ayant une valeur d’enseignement et d’encouragement pour le peuple chrétien.
Certains saints nous parlent plus que d’autres. Découvrir leur vie, leur message jusqu’à nous en faire des amis intimes, peut inspirer notre manière propre de marcher à la suite du Christ.

Rubrique Prière inXL6

13:03 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

08/05/2006

L'ACTE PROPHÉTIQUE DE JÉSUS.

Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic » : ces paroles du Christ, prononcées dans le Temple de Jérusalem à l’approche des fêtes de la Pâque Juive, ont souvent donné lieu à diverses interprétations. C’est l’épisode où l’on retrouve Jésus chassant du Temple les vendeurs qui s’y étaient installés et beaucoup considèrent la sévérité du Christ comme un acte de violence peu compatible avec ses appels au pardon et à l’amour inconditionnel. Mais une bonne compréhension de ce passage suppose un petit détour par l’exégèse c’est-à-dire par une analyse du texte qui le resitue dans le projet global de l’Évangile et dans le contexte du temps.

On sait l’importance du Temple, non seulement pour Jésus qui veut d’abord le resituer à sa juste place mais pour tout le peuple qui savait les méandres de son Histoire qui ont abouti à la construction de ce lieu où se manifeste de façon privilégiée la présence de Dieu.

Ce qui est en jeu à travers ce passage, c’est de ne pas faire des confusions ni des déplacements de sens qui aboutiraient à faire du Temple un absolu sans lequel Dieu ne se rencontrerait pas ni un lieu de profit pour les vendeurs d’animaux devant servir aux sacrifices prescrits par la loi juive.

Mais Jésus connaît les ambiguïtés du cœur humain et l’urgence de l’annonce du Royaume. Dans cette perspective, sa sévérité, nullement mise en cause du point de vue historique, apparaît d’abord comme un acte prophétique. Il est à noter que le Christ n’a pas fait appel à ses disciples pour l’aider dans son geste et on remarque également que l’Évangile ne fait mention d’aucune résistance de la part des vendeurs et des changeurs. Il s’agit donc davantage d’un geste de purification plutôt que d’exclusion.

D’ailleurs, la suite du texte parle explicitement de la Résurrection du Christ. Désormais le vrai Temple, c’est Jésus lui-même. C’est chacun de nous, peuple de Dieu, devenu, selon l’expression de Saint-Paul, « temple de l’Esprit-Saint ».

Ne tombons pas dans le piège de réduire ce texte à un reportage d’époque venant justifier la violence des hommes par la soi-disant pratique du Christ. Il s’agit d’un geste prophétique voulant faire disparaître les abus qui s’étaient introduits dans le Temple et inaugurer une nouvelle façon de vivre l’alliance avec Dieu.

Quand on se trompe d’absolu, on tombe nécessairement dans l’idolâtrie. Et le temps des idoles n’est hélas pas un temps révolu.

Le Christ vient nous redire que Dieu seul est l’absolu et que sa résurrection dira où se trouve désormais le vrai Temple : c’est Dieu qui permet de redonner à chaque chose sa place et son sens.

09:18 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (2) |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

03/05/2006

LA PROVIDENCE DE DIEU.

Après les grands drames de notre temps, après les progrès de la science, est-il encore possible de croire que Dieu intervient dans notre monde en faveur de l’Homme ? Croire à la Providence est une invitation en ces temps incertains à vivre les événements dans la confiance.

Après les grands drames de notre temps, après les progrès de la science, est-il encore possible de croire que Dieu intervient dans notre monde en faveur de l’Homme ? Croire à la Providence est une invitation en ces temps incertains à vivre les événements dans la confiance.

La sagesse biblique nous propose l’image de la traversée du désert. En marche vers la Terre Promise, Israël apprend à vivre en totale dépendance. Dans cette insécurité Dieu donne l’eau et le pain. Dur apprentissage mais joyeuse découverte d’une proximité attentive.

Mais la Providence ne saurait être séparée d’une action qui m’implique. Un jésuite du XVIIe siècle récapitule le principe de son action « Confie-toi à Dieu comme si le succès des choses dépendait entièrement de toi et en rien de Dieu ; donne-toi cependant pleinement à l’œuvre comme si tu ne devais rien faire, et Dieu seul toute chose ». Une autre image, empruntée à saint Paul (1Corinthiens 3,7) « C’est à nous de bien planter et de bien arroser ; mais donner la croissance, cela appartient à Dieu ».

Après les grands génocides du XXe siècle, comment croire à la Providence ? La réflexion chrétienne a conduit à une compréhension plus profonde de la solidarité du Christ avec toutes les victimes du mal : l’Agneau immolé clame l’innocence de Dieu, sa descente en notre mal pour nous en libérer.
Le progrès scientifique et technique, de son côté, n’apporte-il pas aujourd’hui ce que les générations attendaient de la seule Providence ? On pourrait répondre que Dieu ne déserte pas l’Homme, pas plus qu’il ne l’infléchit du dehors : il l’habite et le travaille du dedans. C’est pourquoi l’Evangile invite à accueillir l’événement avec confiance« le Maître est là, Il t’appelle » (Jean 11,28). Néanmoins, Dieu n’agit pas que dans le cœur des hommes, comme si l’univers n’était qu’un décor de théâtre. Il se sert aussi du concours de toutes les créatures. Et saint Ignace d’inviter à « Regarder comment Dieu habite dans les créatures, dans les éléments en leur donnant d’être, dans les plantes en les faisant sentir, dans les hommes en leur donnant de comprendre, de même en faisant de moi son temple, puisque je suis créé à la ressemblance et à l’image de sa divine majesté ».
Seul le regard de l’amour peut découvrir dans les événements l’intention de l’Amour. C’est pourquoi la foi qui est une lumière sur ce qui vient, peut nous aider à faire une lecture des événements et y découvrir un dessein ; comme Marie qui « gardait toutes ces choses en son coeur et les méditait en silence ».

Il faut retrouver le sens profond de la Providence si nous voulons prétendre à une existence vraiment chrétienne. La prière de Jésus est toujours en situation : baptême, désert, choix des disciples, cène, agonie… Jésus prie son Père pour que Sa volonté s’accomplisse. Il arrache l’événement à la banalité comme à la puissance de l’Ennemi pour le remettre entre les mains du Père. L’oraison transforme notre regard sur les personnes et les choses pour y reconnaître ce que Dieu attend de nous. Dieu est à l’ouvrage. Ma vie, nos vies sont un chantier où le Maître embauche.

« Demandez, déclare Jésus, et on vous donnera ». Quiconque demande, reçoit » (Luc11,9-10).
Suffit-il vraiment de demander pour obtenir ? Faut-il même demander ? A qui et comment convient-il de demander ? Prier pour quoi faire ?
Quand les disciples veulent apprendre à prier, Jésus leur répond par le Notre Père. Nous nous adressons à notre Père des cieux pour Le supplier d’intervenir dans nos affaires humaines. Impossible donc à un chrétien d’exclure de sa vie la prière de demande. Nous sommes et nous restons des êtres de besoin. C’est dans la détresse que s’élève le plus fréquemment le cri de la prière. Cela pourrait traduire une attitude infantile et passive devant la vie. Parallèlement, Dieu semble souvent absent, ne pas répondre à nos supplications. Pourtant l’évangile ne cesse de scander que Dieu nous entend et nous exauce. « Qu’on demande avec foi et sans le moindre doute » nous exhorte saint Jacques (1, 6). Prier avec foi, dans un élan de confiance, mais aussi avec persévérance, sans se décourager, même quand personne ne répond ou pas tout de suite. Il faut donc savoir attendre, sans se lasser, l’heure de Dieu ; comme les jeunes filles de la parabole qui attendent l’époux.

On peut tout demander… à certaines conditions. Question de foi en Dieu, Dieu qui se réserve de répondre à sa façon. Jésus à Gethsémani (Mt 26, 29) a prié « que cette coupe s’éloigne de moi ». Il ajoute « si c’est possible. Et non ce que je veux mais ce que Tu veux ». Il a été exaucé en raison de sa soumission. Il aura eu la force d’aller jusqu’au bout de sa mission pour recevoir finalement de son Père la gloire de la résurrection. Mais il lui a fallu pour cela prier et supplier « avec un grand cri et des larmes » (He 5,8).

Dans les Exercices spirituels de saint Ignace, une formule revient plusieurs fois « Demander à Dieu ce que je souhaite et désire ». Cette demande suppose qu’un désir est présent. Ce désir humain doit par étape se laisser éclairer, transformer, pénétrer par l’amour de Dieu. Lente, parfois difficile transformation de ce désir pour qu’il en arrive à rejoindre le désir de Dieu. Dieu qui désire notre bonheur et nous demande de nous laisser faire par Lui, de nous laisser conduire par Sa main. Il ne nous demande que de Lui faire confiance ! Rien alors ne nous manquera.
On peut bien tout demander à Dieu : la confiance en un Dieu Père va jusque là. Même s’il ne les exauce pas comme nous le souhaiterions quelquefois, Dieu écoute nos prières et les accueille avec bonté. A sa façon qui n’est pas toujours la nôtre. Il les exauce TOUJOURS, telle est notre foi.

Enfin, si confiante qu’elle soit, notre prière ne dispense pas de l’action. L’effort humain, la mise en œuvre de moyens humains, la recherche de solutions restent, chaque fois que c’est possible, indispensables. L’homme n’est nullement déchargé de ses responsabilités.
Mais c’est dans la prière que sera trouvée la force de faire effort, de tenir debout et de marcher envers et contre tout. « Je peux faire tout en Celui qui me rend fort » (Ph 4,13). La vraie prière chrétienne est source de courage, de patience, d’énergie, de dynamisme. La vie n’en sera peut-être pas rendue plus facile, les obstacles ne seront pas magiquement supprimés. Mais nous ne serons plus seuls. Quelqu’un sera là avec nous « Ne crains pas, je suis avec toi » (Is 43,5). A travers nos prières, au-delà de toutes nos demandes, n’est-ce pas au fond ce que nous demandons, ce que nous désirons ; que Dieu soit là, présent dans chacune de nos existences, qu’Il nous aide à chaque moment à vivre et agir ?
Présence du Seigneur au cœur de nos vies humaines : c’est cette présence « providentielle » que la prière nous aide à retrouver, c’est elle qui nous donne la force d’avancer. Acte de foi et d’espérance où nous puisons la force de vivre et d’aller de l’avant, avec la grâce de Dieu.



Cet article est directement inspiré de la revue Christus, n°174, avril 1997.

10:28 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

02/05/2006

POURQUOI OBÉIR A DIEU ?

Bien comprendre ce que signifie "Obéir à Dieu" est fondamental. Comment sinon ne pas se sentir écrasé par une Parole souvent exigeante, et parfois difficile à interpréter. J'ai demandé au théologien Jean Ansaldi de m'éclairer sur ce thème complexe et sensible...

Et je prends la décision de vous faire partager ses réflexions. Pour notre savoir commun et surtout pour notre progession spirituelle.

Le Nouveau Testament utilise deux mots principaux que l'on traduit souvent par « obéissance » :

1. « Upo-tagè » que l'on peut traduire plus finement par « se soumettre » qui vient de « tassô » : mettre en rang, ranger, aligner en ordre de bataille, etc. C'est dans ce sens que, toujours dans le Nouveau Testament, l'enfant obéit à son père, le jeune Jésus à ses parents, que le centurion commande à ses subalternes, etc.

2. « Hup-akouè » qui vient du verbe « akouô » qui signifie « entendre, déployer ses oreilles, comprendre, etc ». On peut le traduire plus finement par « écouter ». Il ne s'agit pas ici d'exécuter un ordre mais de se mettre à l'écoute de la parole d'un autre avant de se décider par soi-même.
C'est ce second mot qui est utilisé dans l'hymne de Philippiens 2,8 : Jésus n'est pas devenu « soumis » au Père jusqu'à sa mort mais il est devenu un « écoutant » de ce même Père jusqu'à sa mort. Autrement dit, et pour prendre une image, ses oreilles étaient déployées dans le sens du vent, dans le sens d'où venaient les paroles du Père. C'est aussi ce même mot qui , dans l'évangile de Jean, caractérise l'invitation à écouter le Christ.

Certes, dans la vie d'un enfant et même d'un adulte, il est des limites et des lois qui appellent l'obéissance-soumission. Mais il n'est pas possible d'étendre cette dimension à la vie chrétienne devant Dieu. En effet, depuis
la croix et la résurrection du Christ, nous ne sommes plus sous la loi (fut-elle d'origine divine) ; le Père nous considère comme des fils et filles majeurs libérés par le Christ (cf toute l'épître aux Galates). Ce à quoi nous
sommes maintenant appelés c'est à obéir au second sens indiqué ci-dessus : non pas exécuter un ordre mais nous mettre à l'écoute d'une Parole : celle-ci n'est pas ordre mais promesse, libération, grâce. Elle nous rend libres des déterminations qui nous asservissaient pour nous permettre de discerner dans l'auourd'hui de notre existence le chemin qu'il nous est posssible d'emprunter. « Obéir » c'est écouter la Parole puis d'exercer notre liberté chrétienne pour l'incarner.

Luther dans son ouvrage « La liberté du chrétien » (et ailleurs) a lutté pour qu'il en soit aussi ainsi dans la structure ecclésiale : les responsables d'Églises ont certes des paroles à dire ; les fidèles sont certes invités à les écouter. Mais comme une parole qui les appelle à réfléchir et à se décider par eux-mêmes et non comme des ordres à éxécuter. Les Églises n'ont pas de « prêt-à-penser-et-à-exécuter » à offrir car la liberté chrétienne est
inaliénable qui est don du Christ à même la rencontre de la foi. Ce qui ne signifie pas que le fidèle n'ait pas à se mettre à l'écoute de Dieu et des frères avant de se décider.

 

10:54 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |