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28/11/2006

RADIO FRANCE ÉMERGENCE.



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Bruno LEROY.

18:02 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans RADIO FRANCE ÉMERGENCE | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

27/11/2006

UNE VIE TRANSFORMÉE.

Un pharisien pria Jésus de manger avec lui. Jésus entra dans la maison du pharisien, et se mit à table. Et voici, une femme pécheresse qui se trouvait dans la ville, ayant su qu'il était à table dans la maison du pharisien, apporta un vase d'albâtre plein de parfum, et se tint derrière, aux pieds de Jésus. Elle pleurait; et bientôt elle lui mouilla les pieds de ses larmes, puis les essuya avec ses cheveux, les baisa, et les oignit de parfum. Le pharisien qui l'avait invité, voyant cela, dit en lui-même: Si cet homme était prophète, il connaîtrait qui et de quelle espèce est la femme qui le touche, il connaîtrait que c'est une pécheresse. Luc 7.36-39

Je me méfie de ces gens qui frappent à ma porte. Il y a un bonne raison à cela : les gens que j’invite sonnent à l’interphone et je vais ouvrir la porte avant qu’ils n’arrivent. Ceux qui frappent à la porte sont donc des gens que je n’ai pas invité et qui veulent me vendre des choses farfelues. Comme par exemple ce bonhomme qui voulait me vendre un abonnement au câble, pour que je puisse avoir 200 chaînes. Super ! C’est génial ! Il m’a expliqué pendant 10 minutes tous les avantages de son abonnement, et pourquoi ma vie allait être changée grâce à lui. Au bout des 10 minutes, j’ai réussi à placer quelques mots, et je lui ai dit que j’étais parmi les rares français qui n’ont pas de téléviseur. Le bonhomme n’en croyait pas ses oreilles. Et tout d’un coup, je ne l’intéressais plus autant ! Ce jour-là, ma vie n’a pas été changée, et je n’ai pas connu le bonheur que me promettait ce représentant. Quel dommage !

Qui n’a jamais voulu avoir une vie changée ? Toutes les semaines, j’entends des collègues me dirent qu’ils vont gagner au loto. D’autres auront une vie changée s’ils ont le dernier jeu PS2 à Noël. Certains auront une vie changée avec un scooter… Chacun a sa propre idée d’une vie changée. Mais Jésus nous montre l’exemple d’une femme qui voulait que sa vie soit changée de l’intérieur. Elle a eu le courage d’entrer dans la maison d’un homme religieux, tant son désir était ardent.

Un autre texte révèle que cette femme était une prostituée. Elle avait avec elle un vase rempli de parfum, d’une grande valeur. Elle utilisait sans doute ce parfum pour « charmer » et attirer les hommes. Et avec l’argent qu’elle gagnait de son commerce, elle achetait d’autre parfum. Et ainsi de suite… jusqu’au jour où elle décide que sa vie doit changer. Elle prend alors tout le parfum qu’elle a et le répand au pied de Jésus. Pour que sa vie soit transformée, elle devait se débarrasser de ce qui représentait son ancienne vie !

On va à l’église, on chante quelques chants bien mielleux, on écoute un sermon (pas trop long, merci !), on dit peut-être quelques Amen (pas trop quand même !)… mais est-ce que notre désir est d’avoir une vie transformée par Jésus ? Est-ce que ce désir est assez ardent pour passer les obstacles, comme cette femme a passé la porte du pharisien ? Est-ce que ce désir est tel qu’on va répandre aux pieds de Jésus les choses d’une vie passée ? Si cette femme avait gardé du parfum, elle serait probablement retourné à son commerce. Notre vie ne peut être transformée si nous retenons quelque chose.

Une vie transformée, c’est un dégoût d’une vie sans Jésus, c’est un désir ardent, et c’est une détermination qu’aucun obstacle ne peut arrêter. Le religieux qui a invité Jésus chez lui est resté le même ce jour-là. Mais la femme qui est venue pleurer au pied de Jésus est repartie différente. Jésus lui a dit : « Tes péchés sont pardonnés. » Voulons-nous une vie transformée ?

 
Phil
 

17:30 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans CONSEILS SPIRITUELS. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

La Spiritualité nous rend Humains !

La quête spirituelle se fait de plus en plus présente dans la société et le christianisme n'en détient pas le monopole. Chercher à connaître d'abord les fondements humains de la spiritualité permet une ouverture à toute recherche spirituelle et facilite aussi la reconnaissance de ce que l'expérience spirituelle chrétienne comporte de spécifique.

Qu'est-ce que la spiritualité ?
Difficile à dire, c'est évident.
Le dictionnaire (Petit Robert) dit de la spiritualité qu’elle est
1) le caractère de ce qui est spirituel, indépendant de la matière et
2) l’ensemble des croyances et pratiques qui concernent la vie spirituelle.

Toute pratique spirituelle suppose-t-elle la foi en une divinité ? Ce n'est pas le cas pour les agnostiques et les bouddhistes par exemple.

On peut sans doute affirmer que la spiritualité implique une pratique, une discipline, donc un apprentissage. Elle serait donc le fruit d'une expérience.

Mais il est aussi vrai que la spiritualité se retrouve sous beaucoup d'autres formes. Certains la trouvent dans des formes d'art : en lisant un roman, en écoutant de la musique, en contemplant un tableau. L'art nous donne un élan d'émotion qui est souvent "spirituel". D'autres la vivront dans la réalisation philosophique, scientifique ou sociale. Les uns seront sensibles au contenu intellectuel, les autres utiliseront plus volontiers leurs sens.

La spiritualité serait donc la part de ce qui nous fait humains.
Elle est une source d'inspiration, tout comme l'art.
Il semble que le rôle de la contemplation, de l'admiration, de l'accomplissement n'est pas de nous faire comprendre et intégrer quelque chose (bien que cela puisse être un autre résultat de l'action), mais plutôt de nous donner de l'inspiration dans la vie quotidienne.
Bruno LEROY.

09:15 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans SPIRITUALITÉ | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

26/11/2006

Dieu se révèle dans le silence.

L’adresse du discours de Jésus ne laisse aucune ambiguïté : « en vérité je vous le dis ». C’est à nous que Jésus s’adresse personnellement, c’est à nous qu’il donne cette veuve en exemple, à nous qu’il livre la mise en garde associée.

La première exigence pour nous est celle de l’écoute. En effet, il faut être particulièrement vigilant pour remarquer la scène que Jésus porte à notre attention. On voit beaucoup de monde dans le temple. Beaucoup d’allers et venues. Beaucoup d’ostentation. Des gens importants, des gens qui apportent de riches offrandes. Beaucoup d’hommes et d’animaux. Des marchands et des prêtres, des pèlerins et des badauds. Et une veille femme.

On entend également beaucoup de bruit dans le temple. Beaucoup de cris et de prières, de lamentations et de discussions. Des pas qui se pressent, des sabots qui résistent. Des pièces d’or et des vases sacrés. Et deux piécettes qui tombent dans un tronc.

« Levant les yeux » sur les réalités d’en haut, Jésus ne voit que cette vieille femme, il n’entend que ces deux piécettes.

« Cette pauvre veuve a mis plus que tout le monde », affirme-t-il. Certes non, dirait l’évidence : deux fois dix centimes ! Mais Jésus n’a pas le même regard que nous. Nous, nous évaluons ce que nous donnons. Nous le comptons en fonction de ce qu’il nous a coûté, de ce à quoi nous avons renoncé, de ce à quoi nous aurions pu prétendre. A nos propres yeux, notre don dit notre valeur, nos moyens, nos qualités ou tout au moins notre générosité. Cependant Jésus ne regarde pas ce que nous donnons, mais ce que nous gardons. Voilà ce qui fait la différence entre la vieille femme et les riches qui déposent leur offrande dans le trésor : elle n’a rien gardé. « Aimer, c’est tout donner » reprend en écho sainte Thérèse.

Jésus nous alerte ainsi sur le danger qu’il y a à pervertir la dynamique du don de soi. Elle peut devenir, par nos calculs experts, une subtile machine à faire du profit, que ce soit en termes de réputation, d’autosatisfaction ou de reconnaissance de soi. Pire, comme c’est le cas pour les scribes de l’évangile, en espèces sonnantes et trébuchantes.

A l’exemple de cette femme que Jésus désigne, celui qui donne comme Dieu aime qu’on le fasse, ne compte que sur le Seigneur. On ne peut tout donner que lorsqu’on a déjà rencontré Dieu dans sa providence ; on ne peut risquer une telle vulnérabilité que lorsqu’on a placé sa confiance dans le Seigneur qui est notre rempart ; on ne peut oser une telle dépendance qu’après avoir découvert le Père, source de tous bienfaits.

Or il ne se révèle que dans le silence de nos vies. Préparons donc nos cœurs à sa rencontre en fuyant le tumulte qui les agite, les pensées futiles et les calculs mesquins, les projets insipides et les vaines rivalités, pour découvrir la source de tout amour qui se livre à nous sans rien attendre en retour et sans rien retenir pour lui.

Seigneur Jésus, tu vas te donner à nous dans cette eucharistie, sans rien retenir pour toi, en désirant nous combler de ta grâce. Donne-nous de t’accueillir comme tu te donnes, sans rien retenir pour nous, en ne gardant dans nos cœurs aucun attachement qui puisse faire obstacle à ta venue. Nous t’avons fêté comme notre roi, viens régner dans nos vies.


Frère Dominique

18:43 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite, social, poesie |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

25/11/2006

La vie et rien d’autre !

Depuis ses premiers pas, la "gueule" de Philippe Noiret n’a jamais vraiment quitté le paysage du cinéma français. Ni le coeur du public. Drôle, émouvant, justicier à ses heures et un brin provocateur, son secret, un grand appétit de la vie.

"Immense figure du 7e art" (Renaud Donnedieu de Vabres), "toujours prêt à prendre des risques" (Bertrand Blier), "Un homme hors clan, hors norme, hors des sentiers battus" (Charles Berling)… Amis, collègues, admirateurs ou personnages politiques, tous ceux qui ont aimé Philippe Noiret mesurent la perte causée par sa mort, survenue jeudi 23 novembre 2006 en fin d’après-midi. Derrière la jovialité de l’un des acteurs les plus populaires de notre patrimoine culturel, Philippe Noiret était surtout un homme de caractère.


Entrée en scène

Est-ce parce qu’il n’aimait pas l’école que Philippe Noiret est devenu acteur ? C’est en tout cas après avoir raté trois fois son bac qu’il s’inscrit au cours de théâtre du Centre dramatique de l’Ouest. C’est aussi parce qu’il aime jouer et chérit plus que tout son âme d’enfant. Elève de Roger Blin pendant près de trois ans, il apprend vite et monte déjà ses premières pièces. Puis en 1953, il intègre le Théâtre national populaire de Jean Vilar, où il passera dix années de sa vie et interprétera environ quarante rôles. Une broutille pour celui qui deviendra l’acteur aux 130 films ? Certainement pas, car c’est à cette époque qu’il s’éveille à la comédie à travers des pièces aussi variées que ‘Lorenzaccio’, ‘Le Cid’, ‘Ruy Blas’, ‘Le Malade imaginaire’, ‘MacBeth’ ou encore ‘Oedipe’. Avec son ami Jean-Pierre Darras, il constitue aussi un duo de cabaret comique dans lequel on découvre son grand sens de l’humour. Philippe Noiret vit au fil des rencontres. C’est celle d’Agnès Varda - dont on dit qu’elle fut émue par sa "nuque exquise" - qui engendrera ses premiers pas au cinéma, dans ‘La Pointe courte’ en 1954. Il déclarera d’ailleurs : "J'avais peur de cette aventure. J'ai tâtonné. Finalement, je suis absent du film."


Le caméléon

En 1960, Louis Malle le choisit pour interpréter l’oncle Gabriel de ‘Zazie dans le métro’. Sa bonhomie et son visage affable n’y sont certainement pas pour rien. Mais le film ne récolte pas les faveurs du public et Philippe Noiret connaît une période de flottement durant laquelle le succès le boude. Il devra attendre 1966, avec ‘La Vie de château’ de Jean-Paul Rappeneau, et surtout 1967, avec ‘Alexandre le bienheureux’, éloge de la paresse signée Yves Robert, pour percer. Obstiné, il n’hésite pas à bousculer son image pour échapper à la carrière de jeune premier vers laquelle son physique semble l’orienter. Les rôles s’enchaînent jusqu’à la révélation en 1975, sous la caméra de Robert Enrico, avec ‘Le Vieux Fusil’. Les spectateurs le plébiscitent et Philippe Noiret devient "acteur populaire". Homme au tempérament fort, si la Nouvelle Vague l’ignore, il lui préfère les "vrais" auteurs. Il travaille ainsi avec les plus grands réalisateurs de la deuxième moitié du XXe siècle et contribue au renouvellement du cinéma français. Spécialiste des rôles de composition, il passe non sans panache du clown (‘Les Ripoux’, 1984) à l’homme blessé (‘L’Horloger de Saint-Paul’, 1973) ; du méchant (‘Masques’, 1987) au gentleman (‘Père et fils’, 2001), avec un goût certain pour la comédie. Sa carrière connaît quelques rebondissements. Un grand succès en Italie notamment, avec des films comme ‘La Grande Bouffe’ de Marco Ferreri, qui fit scandale à Cannes en 1973, ‘La Famille’ d’Ettore Scola ou ‘Cinema Paradiso’ de Giuseppe Tornatore, et une escapade à Hollywood où George Cukor le dirige dans ‘Justine’, suivi d’Alfred Hitchkock dans ‘L’Etau’. Quand le cinéma lui laisse un peu plus de temps libre au milieu des années 90, il en profite pour renouer avec le théâtre et joue avec plaisir dans ‘Les Côtelettes’ de Bertrand Blier, qui sera par la suite adapté pour le grand écran. Gourmand, il était encore en 2005 à l’affiche d’‘Edy’, une comédie policière de Stéphan Guérin-Tillié.


Le goût des autres

Outre l’acteur, Philippe Noiret était aussi un homme au grand coeur, que l’on disait tendre et disponible. Très fidèle dans le travail, il a notamment tourné huit longs métrages avec Bertrand Tavernier, son réalisateur fétiche. Si tout le monde estime avoir aujourd’hui perdu l’une des figures les plus attachantes du cinéma français, c’est aussi parce qu’il était très proche de son public, pour qui il incarnait une personnalité généreuse, authentique, qui ne cherchait jamais à surjouer. Dans la vie privée Philippe Noiret n’avait qu’une seule femme, Monique Chaumette, comédienne elle aussi. Pourtant, à l’écran, il s’est illustré à plusieurs reprises dans de mythiques duos avec Catherine Deneuve, Romy Schneider, Simone Signoret ou encore Annie Girardot qui gardent encore, certainement, le souvenir de cet homme à la silhouette imposante, à la voix puissante et douce, reconnaissable entre mille.


Le style Noiret

Et puis derrière ce physique singulier, il y avait la fumée des cigares qu’il appréciait tout particulièrement et sa constante élégance, qu’il se plaisait à cultiver pour lutter contre ce qu’il appelait lui-même le "débraguetté". Côté caractère, en épicurien, il aimait faire la fête, rire avec ses amis, mais n’hésitait pas à user de son cynisme aiguisé pour écarter les opportuns. En personnalité entière, ses colères pouvaient être aussi grandes que ses joies, ses déceptions ou ses obsessions. A propos du monde qui l’entourait, il se plaisait à dire : "Il me reste tellement peu d’illusions sur la nature humaine que cela devient difficile de se mettre en colère. Je suis désolé pour les autres, le monde et moi aussi. Je suis un désolé gai." Ce qui ne l’empêchait pas de s’étonner chaque fois du plaisir qu’il prenait à jouer la comédie.

Celui qui restera dans les esprits comme un acteur passionné et un être humain accessible fait d’ores et déjà partie de notre histoire collective. Philippe Noiret aura su dissimuler les doutes qui l’assaillaient et préserver son image positive, si chère à son public, afin porter le cinéma français plus fort, plus loin. "Quand je me retourne, disait-il, je vois quelqu'un qui a fait correctement son métier d'artisan. J'ai fait des films difficiles, peu. Des films pas assez exigeants, peu. La moyenne n'est pas mal : je suis un acteur populaire et j'aime cette idée."

20:15 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans ARTISTES. | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite, social, poesie |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

23/11/2006

Nos Pères dans la foi et nos frères dans la vie de l'Esprit.

Notre monde est confronté à des problèmes que les Pères de l’Église n’auraient jamais imaginé. Peut-on donc réellement penser que ces Pères ont encore quelque chose à nous apporter ? Marie-Anne Vannier, docteur en philosophie et en théologie et enseignante à l'Université de Metz, aborde cette question. Dans cette réflexion elle montre à la fois la place des Pères dans la Tradition de l’Église et l’actualité de leur pensée pour les divers champs théologiques (liturgie, ecclesiologie, exégèse, dogmatique...).


Bien qu’éloignés dans le temps, les Pères, qui furent les colonnes de l'Église après les Apôtres, sont encore actuels. Ils sont à juste titre appelés nos Pères dans la foi et nos frères dans la vie de l'Esprit. Si la première dénomination manifeste leur actualité, la seconde montre à quel point ils ont eu l’expérience de l’Esprit Saint et comment ils nous aident à la comprendre et à en vivre. À côté de l'Écriture, ils constituent la Tradition vivante et ils ont une actualité de fécondation, dans la mesure où ils contribuent à réaliser un renouveau ou un discernement, ce qui apparaît nettement au moment des Conciles, lorsque la référence aux Pères permet de prendre un tournant.

Mais, les Pères n'en sont pas moins nos Pères dans la foi et ils ont, sur ce plan, une véritable actualité, tant pour définir notre identité chrétienne dans une société sécularisée que pour approfondir le sens de la liturgie, les différentes voies de l’exégèse, l’élaboration dogmatique...

L’annonce de l’Évangile, hier et aujourd’hui

En effet, la discussion qu'ils ont entamée avec la culture grecque ou romaine n'est pas sans analogie avec le dialogue que nous engageons avec le monde actuel. Certes, notre situation est plus confortable, car, généralement, nous n'avons pas à plaider pour que le christianisme ait droit de cité, les Apologies ne sont plus de mise, nous ne connaissons plus de persécutions à cause de notre foi, du moins en Europe, mais il nous revient de définir notre identité chrétienne dans une société sécularisée, où le christianisme tend à devenir un fait de culture (quand il n’est pas oublié), plutôt qu'un chemin de vie. Les Pères nous y aident, eux qui ont fait de leur vie un Évangile vivant, qui ont su rendre compte de leur espérance. Certains d’entre eux ont témoigné jusqu’au martyre, mais à partir de la paix constantinienne au IVe siècle, d’autres ont connu un contexte plus serein. Ils ont, alors, été les fondateurs de la civilisation chrétienne. Ils ont permis à l’Évangile de pénétrer dans une civilisation qui lui était étrangère. Sans doute ne pouvons-nous pas reprendre terme à terme leurs catégories qui sont essentiellement celles de la culture grecque, mais avec un esprit analogue au leur, nous pouvons dégager les convergences et les divergences entre la civilisation actuelle et le christianisme et voir comment l’Évangile est une Parole de vie aujourd’hui encore.

L’un des domaines privilégiés est l’anthropologie. En effet, les Pères ont su dégager une vision chrétienne de l’être humain . Ce n’est pas un hasard s’ils ont consacré de longs commentaires au verset de Genèse 1, 26, relatif à la création de l’homme à l’image de Dieu. Sans doute ne procédons-nous plus de même, mais la conception de l’être humain qu’ils en ont retirée n’en est pas moins parlante pour notre époque. Elle n’a rien de statique, mais elle suppose un progrès constant. C’est celle d’un être créé, en relation avec son créateur, qui s’accomplit dans cette relation même, qui, par une conversion sans cesse renouvelée, par le concours de la liberté et de la grâce, est appelé à la divinisation. Le premier à avoir proposé cette conception de l’être humain n’est autre qu’Irénée de Lyon qui, dans sa lutte contre la gnose, a été amené à dire que "la gloire de Dieu, c’est l’homme vivant et la vie de l’homme, la vision de Dieu" ou encore que "Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne Dieu". Force est de constater la profondeur de l’approfondissement anthropologique qui a été le sien à l’aube du premier millénaire. Quelques siècles plus tard, Augustin est allé encore plus loin, en se faisant, en quelque sorte, précurseur des philosophies du sujet, en montrant que l’être humain se constitue dans la relation à Dieu et aux autres, en d’autres termes par la médiation de l’altérité et de l’intersubjectivité. Il a développé, dans ses commentaires de la Genèse principalement , toute une dialectique autour du terme de forma, pour montrer que l’être humain, qui reçoit sa forma à la création, peut devenir deformis forma (difforme) par l’aversio a Deo, s’il se détourne de son créateur, ou forma formosa (forme belle) par la conversio ad Deum, en se tournant vers son créateur, avant d’être conformé à la Forma omnium, à la Forme par excellence qu’est le Christ. C’est justement à cette conformation au Christ qu’invite la liturgie.

La liturgie et l’ecclésiologie

Dans ce domaine aussi, les Pères ont été des pionniers. Non seulement, ils ont organisé le déroulement liturgique, mais ils l’ont fait avec talent. De la Didachè aux liturgies du IVe siècle, ils ont articulé célébration de la Parole et de l’eucharistie, ils ont mis en place tout un symbolisme, que nous redécouvrons aujourd’hui, non pour en garder la nostalgie, mais pour entrer toujours davantage dans la dynamique de la vie chrétienne qu’ils ont su si bien mettre en relief. Aussi est-il bon de relire leurs catéchèses baptismales, non seulement en vue du catéchuménat adulte, mais aussi pour avoir une explication du Credo ou un rappel du symbolisme baptismal : la mort au péché, signifiée par l’immersion, la Résurrection dans le Christ, exprimée par la sortie de la piscine baptismale et l’incorporation au Christ, manifestée par le vêtement blanc.

Le document récent : Aller au cœur de la foi , s’il ne mentionne pas explicitement l’apport spécifique des Pères, se situe dans leur esprit, dans la mesure où il invite à recentrer la catéchèse sur l’expérience de la Vigile pascale, autour de laquelle converge tout l’enseignement des Pères, et dont il importe de redécouvrir le quadruple symbolisme de la lumière, de la Parole, de l’eau et de l’eucharistie. Il y a là encore tout un chemin à faire.

Il en va de même dans le domaine de l’ecclésiologie. Les Pères ont eu une forte expérience de l’Église, ils l’ont édifiée et organisée, mais ils n’ont pas écrit de traité d’ecclésiologie. Ils ont été avant tout des pasteurs, soucieux de l’unité  de leurs communautés. La fraternité , qui est le don de l’Esprit Saint, concourt à réaliser l’unité de l’Église, qui était une priorité dans les premiers siècles où justement l’Église devait être unie, où elle devait s’organiser et avoir une solide dynamique intérieure pour résister aux attaques extérieures et être reconnue. Cela apparaît nettement dans les Lettres d’Ignace d’Antioche. Progressivement, une hiérarchie se met en place, les ministères se diversifient. L’ecclésiologie de communion prévaut. C’est justement cette ecclésiologie de communion qui a été redécouverte à Vatican II, avec la grande Constitution dogmatique sur l’Église qu’est Lumen gentium. Cette ecclésiologie de communion, qui est celle-là même de l’Écriture, est pleine d’espérance pour notre époque et demande à être approfondie et vécue.

L’exégèse

Or, les Pères étaient de grands lecteurs de l’Écriture. Le plus souvent, ils la connaissaient par cœur. Ils ont été les premiers à poser les bases de l’exégèse. Il ne s’agit pas de revenir à leur exégèse, le plus souvent, allégorique et spirituelle, mais d’allier compréhension de l'Écriture et vie ecclésiale, le goût de la Parole vécue, célébrée, méditée.

Alors que cette science de l’interprétation qu’est l’herméneutique est fondamentale à notre époque, les Pères, les premiers, ont été confrontés à une tâche d'interprétation, celle de l'Écriture, aussi bien dans leurs homélies, dont le genre littéraire venait d'ailleurs de la liturgie de la synagogue, que dans leurs explications catéchétiques..., du fait que le christianisme est, comme le Judaïsme, une religion du Livre. Les commentaires de l’Écriture tiennent, en effet, la plus grande place dans les écrits patristiques. Les raisons en sont diverses : tout d’abord, les Écritures sont l’expression de la présence de Dieu au milieu de son peuple, elles expriment l’alliance avec Dieu, ce qui a amené les Pères à développer la notion d’économie du salut, à préciser le rôle de l’Esprit Saint qui est à l’œuvre dans l’Écriture, à approfondir la relation de l’homme à Dieu, ce qui a amené les Pères à redéfinir l’anthropologie. Pour les Juifs, les Écritures étaient la Torah vivante (Néhémie VIII). L’explication qui en a été donnée en même temps : la Loi orale (Torah she-be’al peh), qui s’est développée dans la Mishna (la législation issue de la Torah) et dans le Talmud, qui la commente, était également révélée. Pour les chrétiens, il en va différemment : le Christ est la Parole faite chair (Jn 6). Toute la Bible nous dit que "Dieu a parlé". La Parole (Dhavar) traverse toute l’Écriture. Mais, cette Parole n’est plus seulement pour nous celle que Dieu adressait à son peuple par l’intermédiaire des prophètes, ou même celle qui était manifestée comme Torah métaphysique dans le Pentateuque. Cette Parole s’est incarnée dans notre nature, elle est devenue un homme (Jn 1, 14). C’est là une révolution sans précédent. Dieu s’abaisse, comme l’explique l’hymne aux Philippiens pour venir nous rejoindre dans notre humanité et c’est là qu’il nous donne de le connaître. Désormais, tout ce qui est humain passe en Dieu et réciproquement.

La typologie


Aussi, à la suite de saint Jérôme, les Pères rappellent-ils qu’« ignorer les Écritures, c’est ignorer le Christ », d’où l’importance qu’ils leur accordent, d’où l’unité qu’ils soulignent entre les deux Testaments, leur symphonie et la relecture de l’Ancien Testament à la lumière du Nouveau, ce qu’on appelle la typologie (du grec typos, i.e. figure) qui voit dans l’Ancien Testament des figures, des annonces de ce qui est accompli dans le Nouveau Testament. Cette méthode exégétique était déjà employée dans le judaïsme à travers la lecture midrashique, mais dans la perspective de l’attente du Messie, alors que les chrétiens relisent l’Ancien Testament à la lumière du Christ. Typologie et christologie sont alors liées, comme l’a souligné saint Paul. On trouve aussi cette méthode dans l’Apocalypse (14, 6) quand il est question de l’Évangile éternel. En la reprenant, les Pères n’innovent pas, mais ils vont s’attacher à faire ressortir l’unité de l’Écriture, la symphonie des deux Testaments, comme disaient Irénée et Jean Chrysostome. À la suite de saint Paul, Irénée fait un grand usage de la typologie. Non seulement, il entendait montrer par là l’unité des deux Testaments à l’encontre des gnostiques qui refusaient l’Ancien Testament, mais il s’attachait également à faire ressortir comment le Christ est le Nouvel Adam et Marie, la nouvelle Ève grâce à laquelle le salut est passé dans l’humanité. Loin d’être restée lettre morte, cette méthode est reprise aujourd’hui dans le cadre de la rhétorique biblique.

L’herméneutique (interprétation)


Mais si l’Incarnation a une place centrale, les Pères n’en ont pas moins été confrontés à une double tâche d’exégèse et d’herméneutique, d'interprétation de l'Écriture, aussi bien dans leurs homélies, dont le genre littéraire venait d'ailleurs de la liturgie de la synagogue, que dans leurs explications catéchétiques... Il leur a donc fallu commenter constamment l'Écriture, cette Parole reçue, proclamée dans la liturgie, transmise dans la catéchèse... C'est une lecture croyante et le plus souvent ecclésiale et théologique des Écritures, assez différente de l'exégèse, essentiellement scientifique, que nous connaissons actuellement, qu'ils ont proposée. Ils ont illustré le sens étymologique du terme d'exégèse qui, en grec, signifie exhgeomai, c'est-à-dire : expliquer, aller vers, comme on le voit, en Jean 1, où Jean nous conduit vers le Verbe et le Verbe nous amène, à son tour, vers le Père. Ils ont suivi le Christ qui est lui-même "l'exégète du Père" et l'exégète de toute l'Écriture, comme il le manifeste aux disciples d'Emmaüs (Lc 24, 25-27). Comme le disait Origène, "les divines paroles disent que les divines Écritures sont fermées à clef et scellées ; fermées par la clef de David" et ouvertes, accomplies par le Christ. Pour le manifester, les icônes présentent le Christ, portant fermé le livre des Écritures, ce qui fait comprendre que lui seul l'ouvre, car il est la Parole vivante.

Les quatre sens de l’Écriture


À la suite des apôtres, c'est par le cœur et l'intelligence éclairés par la foi et le respect devant le mystère de Dieu, que les Pères entrent, pour ainsi dire, dans les Écritures. Pour reprendre une heureuse formule de M.J. Le Guillou, "l'Église des Pères n'a pas le charisme d'inspiration, elle a cependant le charisme de l'interprétation de l'Esprit du Christ, et, à ce titre, elle a pour nous une signification particulièrement importante". Ainsi Origène a-t-il proposé la "théorie" des quatre sens de l’Écriture , même s’il ne l’a jamais formulée comme telle : le sens littéral, instruisant des faits comme ils se sont déroulés, le sens allégorique, se développant dans le sens christologique, le sens moral, apprenant ce que l’on a à faire, le sens anagogique, orientant vers l’eschatologie, vers les réalités à venir. C’est Jean Cassien qui, deux siècles plus tard, a systématisé les quatre sens de l’Écriture dans sa XIVe Conférence (§ 8), où il écrit : "Les quatre figures se trouveront réunies, si bien que la même Jérusalem pourra revêtir quatre acceptions différentes : au sens historique, elle sera la cité des Hébreux ; au sens allégorique, l’Église du Christ ; au sens anagogique, la cité céleste, 'qui est notre mère à tous' ; au sens tropologique, l’âme humaine". Il faisait comprendre par là que l’exégèse de son époque impliquait à la fois une dogmatique, une ecclésiologie, une anthropologie, une spiritualité… C’est essentiellement au Moyen Âge que l’influence de la théorie des quatre sens de l’Écriture se fait sentir dans le judaïsme. Elle est, alors, exprimée par le terme PaRDeS, qui signifie jardin ou Paradis, en regroupant les mots suivants : Peshat (sens littéral), Remez (sens allégorique), Derash (approfondissement), Sod (approche eschatologique). Parmi les différents sens de l’Écriture, Origène en retient essentiellement deux : le sens littéral, qui apparaît d’emblée et le sens allégorique ou spirituel, la compréhension, non selon la lettre, mais selon l’Esprit. Alors que le sens littéral est parfois impossible ou insuffisant, le sens allégorique est toujours parlant. Aussi invite-t-il, comme Jérôme, Ambroise, Augustin…, à passer de l’un à l’autre pour découvrir toute la profondeur de l’Écriture. Il s’en explique en ces termes : "Quiconque d’entre nous administre la Parole de Dieu creuse un puits et cherche de “l’eau vive” dont il puisse réconforter ses auditeurs". Cette eau vive se trouve dans le sens spirituel. Commentant le texte de la Transfiguration, il rappelle qu’il importe de passer de la lettre à l’esprit, de la connaissance du Christ humain à sa reconnaissance comme Fils de Dieu. Sans doute les termes qu’il emploie ne sont-ils plus les nôtres, mais la dynamique même de son exégèse est encore parlante pour aujourd’hui.

Parler dans le langage des Pères


On comprend pourquoi le Concile Vatican II a choisi de parler dans le langage des Pères, et pourquoi la Constitution Dei Verbum, qui met en évidence la place centrale de l’Écriture, invite à tenir davantage compte de l'exégèse des Pères qui représentent la Tradition vivante. Ils présentent, en effet, l’avantage de déployer une exégèse solide qui fait ressortir l’altérité et la transcendance du texte biblique (dans la mesure, toutefois, de leurs connaissances du contexte biblique dans lequel les textes furent rédigés) et d’en venir à une intelligence spirituelle qui met en relation avec le Dieu qui parle à travers la parole humaine. En d’autres termes, il réalisent un travail d’exégètes et actualisent également l’Écriture, en dégagent le sens pour leur époque. Si cela semble aller de soi pour nous, c’est, en fait, le résultat de l’acquis de l’exégèse patristique, puis de toute une évolution qui vient marquer l’invitation aux catholiques à lire la Bible et la reconnaissance de l’exégèse scientifique.

Le premier à effectuer le tournant a été le Pape Léon XIII qui, avec son Encyclique : Providentissimus (1893), a ouvert les voies de l’exégèse, qui a créé en 1902 la Commission des études bibliques pour que les exégètes puissent utiliser les sciences bibliques, alors en plein essor. Cette Commission s’est développée avec Pie XII, Paul VI l’a réorganisée pour qu’elle soit plus adaptée aux demandes de l’époque, elle existe toujours aujourd’hui. C’est la Commission biblique pontificale, composée de 18 membres.

En 1909, le Pape Pie X a fondé, à Rome, l’Institut biblique, afin de promouvoir les études exégétiques.

Reprenant et développant l’apport de ses prédécesseurs, le Pape Pie XII a publié, en 1943, l’Encyclique Divino afflante Spiritu, qui invitait à la reconnaissance de l’exégèse et à la distinction de genres littéraires dans les livres bibliques. Cette Encyclique propose une véritable intelligence chrétienne des Écritures, qui tient compte de leur développement historique et précise leur apport théologique.

Depuis, la Commission théologique internationale est revenue sur la question, en rappelant le sens de la complémentarité, établie par Vincent de Lérins entre Écriture et Tradition et en mettant l’accent sur la Tradition vivante.

Plus récemment encore, le texte de la Commission biblique pontificale : L'interprétation de la Bible dans l'Église (1993) se situe dans la dynamique initiée par Léon XIII, souligne l’importance de l’Ancien Testament, précise le rapport entre exégèse et herméneutique et rappelle l’importance des Pères.

En s’attachant cette fois à l’apport spécifique des Pères, la Congrégation pour l’éducation a fait ressortir que les Pères avaient une véritable intuition du sens de l’Écriture, qu’ils proposent "une approche vraiment religieuse de la Sainte Écriture, comme aussi une interprétation qui puise constamment au critère de communion avec l’expérience de l’Église qui chemine à travers l’histoire sous la conduite de l’Esprit Saint" . Ils ont su dégager à la fois l’essentiel du mystère chrétien. Ils ont également montré quel était le rapport entre foi et raison.

Cependant, les Pères ont immédiatement rencontré une double difficulté : d'une part, ils ne disposaient pas, comme nous, d'une gamme de Bibles qui vont du livre de poche à la Bible d'autel, mais il leur a fallu attendre le IVe siècle pour avoir un volume regroupant les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament, au lieu des petits rouleaux, des codices des différents livres de l'Écriture, qui pouvaient parfois mesurer plusieurs mètres.

Le canon des Écritures


D'autre part, à leur époque, le canon des Écritures n'était pas encore fixé et les livres reconnus aujourd'hui comme canoniques coexistaient avec les apocryphes que nous sommes en train de redécouvrir. Il fallut également attendre le IVe siècle pour que le canon des Écritures soit fixé. À la fin du IIe siècle, l’essentiel était fixé, mais restait la question de l’Épître aux Hébreux et de l’Apocalypse à insérer ou non dans le canon des Écritures, ainsi que de la Première Épître de Clément, du Pasteur d’Hermas, de l’Épître à Barnabé…, à en supprimer ou non. La liste la plus complète des livres canoniques est donnée dans le Canon de Muratori, retrouvé en 1740 et datant des années 200. Un peu plus tard, Origène dit, dans la XXVIIe Homélie sur les Nombres, que les livres canoniques sont au nombre de vingt-deux. Ce n’est qu’au IVe siècle que les difficultés sont levées et qu’Athanase d’Alexandrie, dans la Lettre festale 39 (cette lettre que les patriarches d'Alexandrie envoyaient aux chrétiens de leur communauté pour fixer, chaque année, la date de Pâques) et Augustin, dans le De doctrina christiana (II, 8, 13), donnent une liste complète des livres l'Ancien et du Nouveau Testaments, retenus comme authentiques. La différence entre livres canoniques et livres apocryphes s’est surtout faite en fonction de la solidité de la doctrine, de part peu importante donnée au merveilleux… Il ne nous revient plus de l’établir. Mais, nous en bénéficions et, à l’époque où les apocryphes sont redécouverts, le travail des Pères reste parlant.

La traduction de l’Écriture


De plus, pour la traduction de l'Écriture les Pères disposaient d’un texte de référence : la Septante. On redécouvre aujourd’hui le texte de la Septante que nos frères de l’Église d’Orient prennent comme référence, tout en souhaitant en faire le texte liturgique unique pour l’Ancien Testament. Pour les Pères grecs, le texte de la Septante est divinement inspiré.

Mais, les autres versions de l’Ancien Testament étaient plus ou moins valables, ce qui a amené très tôt un véritable travail d'exégèse sur le texte biblique. Le premier à l'avoir réalisé est Origène qui est, en quelque sorte, le fondateur de la science biblique. Pour retrouver le texte original hébreu, il a mis en parallèle, sous forme de synopse, dans les Hexaples, les six versions de l'Ancien Testament, connues à son époque : l'Hébreu – l'Hébreu translittéré en grec – la traduction grecque d'Aquila (Juif de l'époque d'Hadrien : IIe siècle après Jésus-Christ, qui semble présenter le texte le plus juste, dans une traduction littérale de l'Hébreu, inspirée de l'exégèse rabbinique palestinienne) – la traduction de Symmaque (Juif contemporain de Septime-Sévère, traduisant, de manière élégante) – l'édition de la Septante (IIIe-IIe siècles avant Jésus-Christ) – la révision de Théodotion (I-IIe siècles). Pour les Psaumes, Origène a ajouté deux colonnes, comprenant deux révisions grecques : la Quinta et la Sexta, découvertes, il y a peu de temps, dans une jarre près de Jéricho. Ensuite, il a composé les Tétraples, une synopse analogue, mais en quatre colonnes : Aquila – Septante – Symmaque – Théodotion, pour se concentrer sur les problèmes de traduction et voir les erreurs qui se sont introduites, tant dans la traduction que dans les copies qui en ont été faites. Nous ne prendrons qu’un exemple : celui de la traduction d’Exode 34, 29 : "Quand Moïse descend de la montagne avec les deux tables de la Loi, il ne savait pas, dit la Septante, 'que son visage était rayonnant' (dedoxastai). Le verbe hébreu qaran signifie : être rayonnant, mais les consonnes qrn donnent aussi le nom qèrèn, qui désigne une 'corne' : c’est le choix qu’a fait Aquila, accordé à une tradition juive, suivi par Jérôme, ce qui explique que le Moïse de Michel-Ange ait des cornes". On comprend, dès lors, l’intérêt du travail réalisé par Origène qui est l’un des pionniers dans le domaine de l’exégèse.

Plus tard, Jérôme a réalisé un travail analogue pour la version latine de l’ensemble de la Bible, cette fois Même s’il n’a pu mener à son terme l’intégralité de la Vulgate, il a réalisé dans la traduction de la Bible un net progrès par rapport aux différentes versions de la Vetus latina, qui circulaient alors, il en a proposé une unification générale, en fonction de l’hebraïca veritas. Sans doute les Pères ne disposaient-ils pas des outils archéologiques, philologiques, informatiques…, que nous avons aujourd’hui, mais ils avaient le même souci que nous de retrouver le texte-source de l’Écriture et de le traduire le mieux possible afin de le rendre accessible à tous.

Avec les moyens dont ils disposaient, les Pères se sont attachés à établir le texte de l’Écriture, à en dégager le sens et l’actualité pour leurs contemporains.

Dans le même temps, ils ont dû lutter contre les hérésies, ce qui les a amenés à élaborer un certain nombre de dogmes, qui n’apparaissaient pas d’emblée comme tels dans l’Écriture. Ainsi ont-ils largement contribué au développement dogmatique.

L’élaboration dogmatique

Les Pères font véritablement figure de pionniers. Leur contribution est décisive pour nous aider à comprendre la création, la personne du Christ, le salut, la Trinité... Elle pose les bases de ce que Newman appellera le développement du dogme, tant christologique que trinitaire.

En effet, le Nouveau Testament évoque la vie du Christ, mais il n’est jamais question de préciser le rapport entre sa nature humaine et sa nature divine dans l’unité de sa personne, ce qui est au cœur même de la christologie. Ce sont les Pères qui, en répondant à Arius, ont été amené à préciser la divinité du Christ et son égalité avec le Père, puis en répondant à Nestorius, ils ont mis en évidence la réalité de sa nature humaine…, avant d’en venir à l’affirmation de la communication des idiomes, du rapport entre sa nature divine et sa nature humaine dans l’unité de sa personne, au Concile de Chalcédoine de 451 . Sans doute ne connaissons-nous plus aujourd’hui les mêmes débats. L’apport des Pères est un acquis pour nous, une base dogmatique sur laquelle nous pouvons construire. Comme le disait Bernard de Chartres, "nous sommes des nains sur les épaules des géants". Nous voyons plus loin, non en fonction de nos propres capacités, mais parce que nous bénéficions de l’acquis de nos prédécesseurs, c’est ce que nous appelons la Tradition vivante.

Mais si les problèmes se posent différemment, il n’en demeure pas moins que les questions de l’identité du Christ, du rapport entre sa liberté humaine et sa liberté divine, entre sa volonté humaine et sa volonté divine… ne cessent de ressurgir de nos jours. Les termes dans lesquels nous formulons les réponses sont différents étant donné que le contexte culturel a changé, mais le contenu même des réponses reste identique.

Il en va de manière analogue pour la Trinité. Si l’Écriture parle du Père, du Fils et de l’Esprit Saint, en revanche le terme de Trinité n’apparaît pas. Le premier à en avoir précisé le sens est Tertullien, qui disait que la Trinité est una substantia et tres personae : une substance et trois personnes. C’est au moment du Concile de Nicée que l’approfondissement trinitaire connaît un tournant. Puis, les Cappadociens sont allés encore plus loin à l’encontre d’Eunome, Augustin a développé, de manière somme toute assez sereine, sa méditation trinitaire dans le De Trinitate… Les Pères, à qui il revenait de mettre en évidence l’originalité de ce monothéisme trinitaire qu’est le christianisme, ont centré leur réflexion autour du rapport entre l’unité de l’essence divine et la trinité des hypostases. Pour ce faire, ils ont eu largement recours aux catégories de la philosophie grecque. À de rares exceptions près, ces catégories nous sont désormais étrangères et, à l’heure du dialogue interreligieux, il importe davantage de faire ressortir le caractère spécifique du christianisme parmi les autres monothéismes. C’est alors la communion trinitaire, la relation constitutive du Père, du Fils et de l’Esprit Saint qui permet de montrer la spécificité du christianisme. Les gammes, en quelque sorte, que les Pères ont élaborées, en particulier, en approfondissement les notions de personne, de relation, de mission nous sont utiles aujourd’hui pour rendre compte du mystère trinitaire, qui est au cœur même de la vie chrétienne.

Conclusion

Témoins du Christ jusqu'à accepter de revivre sa Passion dans leur martyre, témoins de l'Église indivise – ils ont tous vécu avant les grandes séparations entre chrétiens – les Pères nous ouvrent le chemin de l'unité de l'Église et sont des références indispensables dans le dialogue œcuménique. Plus généralement, ils sont des références pour nous, dans la mesure où ils ont été confrontés à des problèmes analogues aux nôtres et où ils y ont apporté des éléments de réponse. Ils constituent la Tradition vivante. On comprend pourquoi le Concile Vatican II s’est fréquemment référé à eux. Ils sont des classiques, au sens où David Tracy les définissait et ils sont même davantage en raison même de leur actualité. Ce sont véritablement nos Pères dans la foi et nos frères dans la vie de l’Esprit.

19:25 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

20/11/2006

PRÉSENTATION de la TRÈS SAINTE VIERGE.






























21 novembre :
PRÉSENTATION de la TRÈS SAINTE VIERGE

Les parents qui aiment vraiment Dieu Lui ont, de tout temps, consacré leurs enfants, avant et après leur naissance. Parmi les Juifs, existait de plus l'usage de consacrer quelques fois à Dieu les enfants en bas âge; on les amenait au Temple, où avait lieu la cérémonie de la consécration, puis ils habitaient dans les dépendances du Temple et servaient les prêtres et les lévites dans leurs fonctions.
Nous avons des exemples de cette consécration spéciale dans la personne de Samuel et de quelques autres saints personnages. Il y avait aussi des appartements pour les femmes dévouées au service divin.
L'Évangile ne nous apprend rien de l'enfance de Marie; Son titre de Mère de Dieu efface tout le reste. Mais la tradition est plus explicite; elle nous apprend que la Sainte Vierge, dans Son enfance, fut solennellement offerte à Dieu dans Son Temple. Cette présentation est le sujet de la fête qu'on célèbre aujourd'hui. Ce sacrifice de Marie enfant renferme toutes les conditions du plus parfait sacrifice: il a été prompt, généreux, joyeux, sans retour, sans réserve. Combien il dut être agréable au Seigneur! Marie n'avait que trois ans, mais dans son âme la Trinité prenait déjà toutes Ses complaisances, et Dieu marquait le jour prochain où Elle ajouterait à tant d'autres gloires l'auréole incomparable de la maternité divine. Où mieux que loin du monde, dans l'enceinte du temple, Marie se fût-Elle préparée à Sa mission? Douze années de recueillement, de prière, de contemplation, telle fut la préparation de l'Élue de Dieu.
Voici, d'après saint Jérôme, comment se divisait la journée de Marie au Temple: Depuis l'aurore jusqu'à 9 heures du matin, Elle priait; de 9 heures à 3 heures Elle s'appliquait au travail des mains; ensuite Elle se remettait à la prière, jusqu'au moment où arrivait l'ange qui Lui apportait Sa nourriture. Elle était toujours la première aux veilles, la plus appliquée à l'étude, la plus fervente dans le chant des psaumes, la plus zélée dans les oeuvres de charité, la plus pure parmi les vierges ses compagnes, la plus parfaite dans la pratique de toutes les vertus. Marie, au jour de Sa Présentation, nous apparaît comme le porte-étendard de la virginité chrétienne. Après Elle viendront des légions innombrables de vierges consacrées au Seigneur, dans le monde ou à l'ombre des autels; Marie sera leur éternel modèle, leur patronne dévouée, leur guide sûr dans les voies de la perfection.

Abbé L. Jaud, Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950

* Le prochain "Maria" sera sur le thème de l'enfance de Marie. Disponible à l'adresse ci-dessous d'ici une semaine.


* Que Dieu vous bénisse ! <
et que la Puissance du Saint-Esprit descende sur le monde !


Thierry Fourchaud

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BP 24
53170 Saint Denis du Maine (France)
Tel : 02.43.64.23.25
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21:05 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans SPIRITUALITÉ | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

QUE SONT LES ÉDUCATEURS DEVENUS...

On connaît l’ambiguïté de la fonction du travailleur social. Chargé de venir en aide aux plus exploités et aux plus démunis, le travailleur social est aussi un des instruments de la paix sociale, condition nécessaire au bon fonctionnement de cette société d’exploitation et de profit. Vivant au quotidien cette situation schizophrénique, il est sans cesse confronté au cynisme du pouvoir et à la détresse des populations marginalisées, paupérisées, mises au rebut. Sous l’égide notamment du pouvoir socialiste, la gestion de la misère fût rationalisée dans les années 80 par la multiplication des associations dites d’aide sociale, d’aide par le travail ou de réinsertion. L’affaire est rentable ! L’État, la région, le département se déchargent sur ces associations de la gestion de la pauvreté en échange de quelques subsides leur permettant de faire tourner la boutique. Statut bancal, salaire minimum, horaires démentiels, le travailleur social est pris au piège. Face à la misère des personnes, il bosse le plus souvent sans compter, jonglant avec les démarches administratives, les lois arbitraires, les décrets scélérats, tentant dans ce dédale de paperasse d’aider ses semblables à rester debout, à sortir de l’impasse dans laquelle le système les pousse inexorablement.

Mais les années 80 sont bien loin. Le temps de l’aumône paternaliste est passé. Aujourd’hui, le secteur social est sommé de s’adapter aux lois du marché qui s’appliquent à la misère comme au reste de la société. Les mots clés ont changé ! Évaluation, contrôle, rentabilité, productivité, voilà les nouvelles valeurs qui régissent le fonctionnement du secteur social. A quelques exceptions près, les aides publiques aux associations de réinsertion sont de plus en plus maigres, tandis que les exigences du pouvoir sont de plus en plus fortes. Sous couvert d’insertion, le travailleur social devient malgré lui un indic, un contrôleur de la misère, un auxiliaire de police qui assure la surveillance des personnes "hors circuit". Et les gens ne s’y trompent pas. Nombreux sont ceux qui lâchent leur droit au RMI pour éviter les contrôles sur leur vie, leur façon de survivre dans la débrouille. Et nombre d’exclus ont encore plus de difficulté à vivre, ne correspondant pas aux normes administratives nécessaires pour recevoir l’aumône.

On le sent quotidiennement, la misère n’est plus un mal à enrayer, c’est devenu une tare dangereuse qu’il faut gérer, maîtriser, encadrer. Cette reprise en main concerne tout le monde : l’exclu comme le travailleur social. Face aux restrictions des subventions, les associations serrent les boulons. Le statut du travailleur social dès lors n’est pas très loin de celui de son "client". CDD à répétition.. CES, vacations, travail à temps partiel, SMIC horaire... sont le plus souvent les conditions de travail de l’éducateur lambada. Et l’inique de la situation veut qu’il ne soit pas rare de voir dans le même temps les dirigeants de ces associations se verser des salaires de plusieurs milliers d’euros par mois.

Des précaires pour gérer la précarité, il fallait y penser. A Montauban, un travailleur social demanda le mois dernier à un "client" venu pour des démarches administratives quelle profession il exerçait avant de connaître les affres du chômage, puis du RMI : "Éducateur, répondit celui-ci, mais faute de subvention, l’association a mis la clé sous la porte".

LA FINALITÉ DU TRAVAILLEUR SOCIAL : DISPARAÎTRE !

Créer une organisation sociale de la misère, c’est décréter que cette organisation s’inscrit dans la durée que ce n’est pas un événement conjoncturel, mais une structure qui fait partie intégrante du système capitaliste.

C’est aussi aux travailleurs sociaux de comprendre le rôle qu’on veut leur faire jouer. Dans une société où régnerait la justice et l’équité, le travailleur social aurait comme finalité de disparaître le plus rapidement possible !

Bruno LEROY.

Éducateur de rue.

19:30 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans COUPS DE GUEULE. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite, social |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

11/11/2006

La Force de la prière.

La Force de la prière
Dans le silence des mots j'écoute ta Présence,
Ce coeur à coeur avec la vie nul ne pourra le ravir,
Dans ces mots qui te parlent j'entends ta voix,
Ce corps à corps nul ne pourra le détruire,
Même si je savoure souvent le feu de ton absence,
Tu es le magma de cette force intérieure qui vient de Toi,
Ils peuvent bien détruire ma fausse liberté,
Ils peuvent bien détruire ce semblant d'exister,
Avec la prière mon être reste enflammé,
Brûlant pour ceux qui savent regarder,
C'est dans cette intériorité que je deviens moi,
Une sève qui alimente l'arbre que tu as construit,
Comme une lave puissante d'un volcan jamais détruit,
Chaque jour j'ai soif de ton Amour,
Chaque jour je plonge dans tes fleuves,
Chaque jour la prière m'abreuve,
Je ressens une joie éternelle pour toujours,
Celle qui m'habite lorsque tu viens sur mon chemin,
Pour m'indiquer les balises qui forgeront mon destin,
Oh ! Tu es la joie d'aimer par-delà les mots figés,
Tu es l'Espérance qui entraîne nos journées,
Vers l'imprévu qui forge notre personnalité,
Ils peuvent bien me détruire les démons éphémères,
Toute ma vie est désormais prière ouverte,
Vers la confiance de Te savoir à mes côtés,
De toute éternité...
Ils peuvent bien tenter de me détourner,
Mon regard intérieur fleurit sans faner,
Car il est le soleil que tu donnes à mes années,
Mon Dieu je t'aime comme jamais je n'ai aimé,
Autant que ma mémoire peut remonter,
A la source de mes origines où le souffle,
Commençait à naviguer dans mes poumons,
Du petit garçon que j'étais et qui déjà savait,
Que ta tendresse serait mon unique raison,
De vivre dans cet abandon collé à ma conscience,
Qui donne à l'existence pleine consistance,
Celle de t'aimer, de te contempler, de te servir,de t'offrir,
Sans regretter un seul instant ta Beauté qui vient me nourrir,
Chaque jour quand mes yeux se lèvent,
Sur tes horizons d'Amour comme une trêve,
Dans la grisaille du temps que tes mains soulèvent.
Amen.
Bruno LEROY.

11:37 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans Prières. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

10/11/2006

La convivialité sociale est pour chacun de nous.

Jésus connaît nos cœurs blessés ; il souffre de nous voir rivés aux biens de la terre (symbolisés par l’argent) par peur de manquer. S’il dénonce « l’Argent trompeur », c’est parce qu’il sait combien la course effrénée aux richesses est à la fois aliénante et décevante. L’avidité est insatiable ; et pourtant, si nous pouvions acquérir tout ce que nous convoitons, nous resterions encore sur notre faim, car rien en ce monde ne peut combler le désir profond de notre cœur : « Tu nous a fait pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose en toi » (St AUGUSTIN, Confessions, I, 1).
L’argent est un moyen efficace d’échange, inventé par les hommes, pour faciliter la vie économique, c'est-à-dire le partage des biens au sein d’une même société. Mais si ce moyen - qui n’est ni bon ni mauvais en soi, mais simplement utilitaire – devient un absolu, s’il est érigé en idole, il nous aliène de notre véritable finalité.
La convivialité sociale est pour chacun de nous le lieu où nous sommes invités à incarner notre foi dans un style de vie qui exprime la finalité surnaturelle de l’existence humaine. Sur l’horizon de la vie éternelle, la gestion de l’argent sur cette terre n’est qu’une « toute petite affaire », dans laquelle nous avons à nous montrer « digne de la confiance » que Dieu nous fait. Cet argent en effet ne nous est que « confié » ; il n’est pas notre bien à nous – c'est-à-dire ce qui peut nous combler - mais un « bien étranger » auquel nous devons éviter de nous attacher, afin de ne pas être privés du « bien véritable » qui nous est destiné. L’argent, nous enseigne Jésus, est essentiellement un moyen de partage ; il devrait être un instrument au service de la charité fraternelle. En dehors de cet usage, il est toujours « trompeur » et devient aliénant ; car en nous attachant à lui, nous devenons esclaves du moyen qui nous était donné pour l’édification de la famille humaine dans la solidarité. C’est pourquoi « ce qui est prestigieux chez les hommes, est une chose abominable aux yeux de Dieu », car il perçoit, lui, derrière le miroir aux alouettes, le filet caché prêt à s’abattre sur ses enfants.
Ce qu’on attend d’un serviteur, c’est qu’il soit « fidèle », c'est-à-dire cohérent jusqu’au bout avec ses engagements. Par sa foi, le croyant s’est « attaché » au Seigneur Jésus et s’est engagé à marcher dans ses traces. Comme lui il a tout misé sur le Royaume de Dieu son Père ; aussi « détestera-t-il » tout ce qui pourrait le détourner de cette finalité, en particulier l’argent et ce qu’il symbolise à la fois d’attachement à cette terre, et de « mépris » pour les biens du Règne à venir.
Cet enseignement n’est pas facile à entendre ; il provoque sans aucun doute bien des résistances, des « oui, mais… » dans nos cœurs inquiets devant une telle exigence. Pourtant ce n’est qu’en nous engageant résolument dans la dimension du partage, que nous permettrons au Seigneur de nous libérer de notre peur de manquer. Seule la confiance en la Providence (qui est tout autre chose que du providentialisme !) peut nous ouvrir à notre responsabilité face à l’argent et nous faire découvrir qu’il peut être un instrument extraordinaire au service de la charité concrète.
« Dieu subviendra magnifiquement à tous nos besoins selon sa richesse dans le Christ Jésus » (1ère lect.). Prenons appui sur cette Parole ; unissons-nous à la confiance de l’Apôtre, et prenons autorité dans la force de l’Esprit sur toutes nos peurs. Soyons « dignes de confiance avec l’Argent trompeur » en ce monde, afin de nous voir confier dans l’autre « notre bien véritable ».

« “L’homme de bien a pitié, il partage. Son cœur est confiant, il ne craint pas : à pleines mains il donne au pauvre” (Ps 111). Seigneur donne-nous cette liberté intérieure de pouvoir disposer des biens de ce monde conformément aux exigences de ton Evangile de charité. Tu nous reconnaitras alors comme tes enfants, et c’est “en Esprit et vérité” que nous pourrons te prier : “Notre Père, que ton Règne vienne”. »



Père Joseph-Marie

19:05 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |