22/05/2006
Destruction de l'Amazonie.
Destruction de l'Amazonie, poulets voraces
Depuis ce matin sept heures, les militants de Greenpeace occupent deux sites de Sun Valley, filiale de Cargill, le géant américain des matières premières agroalimentaires : une usine à Saint-Cyr-en-Val en France, et le siège social de Sun Valley Europe, basé à Dobham en Grande-Bretagne. Une quarantaine d'activistes ont déployé des banderoles avec les messages "Cargill détruit l'Amazonie". A Dobham, 3,5 tonnes soja ont été déversées pour bloquer l'entrée, et en France, une armature métallique soutient trois grimpeurs et leurs banderoles.
Greenpeace dénonce ainsi l'active participation de Cargill à la destruction de la forêt tropicale amazonienne où l'entreprise américaine commercialise du soja destiné à nourrir des animaux d'élevage en Europe. Vendredi dernier, en plein cœur de l'Amazonie dans le port de Santarem, illégalement construit par Cargill, les activistes de Greenpeace avaient déjà bloqué pendant dix heures ce terminal de transport permettant l'exportation du soja vers l'Europe. Suite et photos
Reportage vidéo bientôt disponible sur le site...
A bientôt, Greenpeace France.
|
12:13 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans MILITANTISME. | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
LA PENSÉE DU JOUR.
La pensée du jour |
« Pour devenir libres, que voulez-vous écarter d’autre que des fragments de vous-mêmes ? » Khalil Gibran |
12:08 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans LA PENSÉE DU JOUR. | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
AU SERVICE DES AUTRES.
Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir. Matthieu 20, v. 28.
Paul a la même conception du service que notre Seigneur lui-même. "Je me suis fait l’esclave de tous", écrit-il aux Corinthiens. Il nous semble que ceux qui sont appelés au saint ministère sont destinés à former une classe d’hommes bien différente des autres. Or, selon Jésus-Christ, ils doivent être le paillasson sur lequel on s’essuie les pieds ; ils doivent être des guides spirituels, non pas des supérieurs. "Je sais vivre petitement", dit Paul. Pour lui, servir, c’est se dépenser jusqu’au bout pour les autres, sans s’inquiéter ni de l’éloge ni du blâme.
Tant qu’un seul être humain est là qui ne connaît pas Jésus-Christ, Paul se doit à lui pour le lui apprendre. Le ressort principal de ce ministère de Paul n’est pas l’amour des hommes, c’est l’amour de Jésus-Christ. Si c’est pour les hommes que nous nous dépensons, nous allons à la déception et au découragement, car nous trouverons chez eux plus d’ingratitude souvent que chez un humble chien. Mais si c’est pour Dieu que nous travaillons, là point d’ingratitude qui puisse nous arrêter dans notre activité au service des autres. C’est parce que Paul se rendait clairement compte de la façon dont Jésus l’avait traité lui-même qu’il était si résolu à servir les autres. "J’étais auparavant un adversaire acharné, un blasphémateur de Jésus-Christ." Donc jamais les hommes n’auront à mon égard autant de haine et d’exécration que j’en avais pour Lui. Quand nous pensons que Jésus-Christ s’est donné pour nous malgré toute notre indignité, aucun mauvais traitement de la part des autres ne nous empêchera de les servir.
Bruno LEROY.
12:05 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
21/05/2006
LE ROSAIRE BIBLIQUE.
8.1.1 Le très Saint Rosaire
Le Rosaire est une prière qui plaît à Marie. C’est elle-même qui l’a confirmé le 13 octobre 1917 aux trois enfants de Fatima. Elle (...) >8.1.2 Faits historiques relatifs à la prière du Rosaire
A la décisive victoire remportée à Lépante par la flotte chrétienne sur la flotte turque, le premier dimanche d’octobre 1571, le Pape saint (...) >8.1.3 Sélection de promesses faites par la Très Sainte Vierge
Le caractère unique de ce site réside dans les commentaires des 200 citations bibliques, ordonnées suivant l’enchaînement des Mystères. Ils sont à comparer avec des clés. Chaque clé ouvre une porte qui vous donne accès à un nouveau chemin contemplatif. Le fait de lire après chaque « Je vous salue Marie » une citation Biblique donne une force unique à votre prière.
Ce site est la version numérique d’un livre que vous pouvez lire en ligne ou télécharger. Cette oeuvre est libre de droit numérique et est destinée à être diffusée gratuitement par internet dans le monde et en mode payant sur support papier et autres avec l’accord écrit de ses deux auteurs.
Imprimatur & Nihil obstat pour le livre "Le Rosaire Biblique de Marie commenté en 200 citations" (uniquement disponible sur ce site)
Délivrés le 24 septembre 2003 par l‘Imprimatur de l‘Archevêché de Paris
19:40 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans LES BLOGS AMIS. | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
DES LIENS D'AMOUR AVEC CATHOLIQUE.ORG
|
19:12 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans LES BLOGS AMIS. | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
Vous l'aimez votre Maman ?
Dimanche 28, c'est la fête des mères.
Soyez en avance en programmant l'envoi des fleurs
dès aujourd'hui.
A partir de 22,90€, livraison comprise
*Attention je ne suis pas en Contrat commercial avec Cybercartes et donc, ne touche pas de pognon sur cette publicité. Ce message sert uniquement à vous aider pour vous donner des idées de cadeaux.
Bruno LEROY.
12:30 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (1) | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
Petite méditation sur le repos...
10:01 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans MÉDITATIONS. | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
LES PRIÈRES POUR OBTENIR DE DIEU LA GUÉRISON.
La soif du bonheur profondément enracinée au coeur de l'homme, a toujours été accompagnée du désir d'obtenir la libération de la maladie et d'en saisir le sens quand on en fait l'expérience. Il s'agit là d'un phénomène humain qui, d'une façon ou d'une autre, concerne chacun et trouve une résonnance particulière dans l'Eglise. Celle-ci, en effet, comprend que la maladie fournit un moyen de s'unir au Christ et de se purifier spirituellement, et donne à ceux qui se trouvent devant une personne malade, l'occasion d'exercer la charité. Mais ce n'est pas tout, car la maladie, comme les autres souffrances humaines, constitue un moment privilégié de prière: prière pour demander la grâce de l'accueillir avec le sens de la foi et de l'acceptation de la volonté divine, prière de supplication pour obtenir la guérison.
La prière qui implore le rétablissement de la santé est donc une expérience présente à chaque époque de l'Eglise, et naturellement à notre époque actuelle. Ce qui cependant constitue à certains égards un phénomène nouveau, c'est la multiplication des réunions de prière, parfois liées à des célébrations liturgiques, visant à obtenir de Dieu la guérison.. Dans de nombreux cas, pas toujours occasionnels, on proclame que des guérisons y ont eu lieu, et l'on suscite l'attente du même phénomène dans d'autres réunions du même genre. Dans un tel contexte, on évoque parfois un prétendu charisme de guérison.
Ces réunions de prière pour obtenir des guérisons posent en outre le problème du discernement du point de vue liturgique, en lien surtout avec les autorités ecclésiastiques à qui il revient de veiller à émettre des normes opportunes pour le déroulement correct des célébrations.
Voilà pourquoi, en vertu du Canon 34 du Code de Droit canonique, il a paru opportun de publier une Instruction, qui aide surtout les Ordinaires locaux à mieux guider les fidèles dans ce domaine, en encourageant ce qu'il y a de bon et en corrigeant ce qui serait à éviter. Il fallait cependant que les mesures disciplinaires puissent se référer à un cadre doctrinalement fondé qui en garantisse la juste orientation et en éclaire le bien-fondé. C'est pour cela qu'est publiée, en même temps que des instructions disciplinaires, une Note doctrinale sur les grâces de guérison et les prières pour les obtenir.
I. ASPECTS DOCTRINAUX
1. Maladie et guérison: leur sens et leur valeur dans l'économie du salut
«L'homme est appelé à la joie, mais chaque jour, il fait l'expérience de très nombreuses formes de souffrances et de douleurs(1) Pour cela, le Seigneur, dans ses promesses de rédemption, annonce la joie du coeur liée à la libération des souffrances (cfr Is 30,29; 35,10; Bar 4,29). En effet, il est «celui qui libère de tout mal» (Sg 16,8). Parmi les souffrances, celles qui accompagnent la maladie sont une réalité constamment présente dans l'histoire humaine et sont aussi objet d'un profond désir humain de libération du mal.
Dans l'Ancien Testament, «Israël fait l'expérience que la maladie est, d'une façon mystérieuse, liée au péché et au mal».(2) Parmi les punitions que Dieu menace d'infliger à l'infidélité de son peuple, les maladies trouvent une place de choix (cf. Dt 28,21-22.27-29.35). Le malade qui implore guérison de Dieu avoue être justement puni pour ses péchés (cf. Ps 37; 40; 106,17-21).
Cependant la maladie frappe aussi les justes et l'homme se demande pourquoi. Dans le livre de Job, cette question court sur de nombreuses pages. «S'il est vrai que la souffrance a un sens comme punition lorsqu'elle est liée à la faute, il n'est pas vrai, au contraire, que toute souffrance soit une conséquence de la faute et ait un caractère de punition. La figure de Job le juste en est une preuve spéciale dans l'Ancien Testament... Et si le Seigneur consent à éprouver Job par la souffrance, il le fait pour montrer la justice de ce dernier. La souffrance a un caractère d'épreuve».(3)
La maladie demeure un mal, même si elle peut prendre une allure positive en tant que démonstration de la fidélité du juste, moyen de rétablir la justice violée par le péché, et aussi moyen d'inciter le pécheur à se corriger et à marcher sur les chemins de la conversion. Voilà pourquoi le prophète annonce les temps futurs où il n'y aura plus de maladie et d'infirmité et où le cours de la vie ne sera plus brisé par le mal mortel (cf. Is 35,5-6; 65,19-20).
Cependant, c'est dans le Nouveau Testament que se trouve la réponse complète à la question de savoir pourquoi la maladie frappe aussi les justes. Dans la vie publique de Jésus, les contacts avec les malades ne sont pas sporadiques, ils sont même continus. Il en guérit beaucoup de façon extraordinaire, au point que les guérisons miraculeuses caractérisent son activité: «Jésus parcourait toutes les villes et les villages, enseignant dans leurs synagogues, proclamant la Bonne Nouvelle du Royaume et guérissant toute maladie et toute langueur» (Mt 9,35; cf. 4,23). Les guérisons sont des signes de sa mission messianique (cf. Lc 7,20-23). Elles manifestent la victoire du règne du Dieu sur toute sorte de mal et deviennent symboles de la guérison de l'homme tout entier, corps et âme. En effet, elles servent à démontrer que Jésus a le pouvoir de remettre les péchés (cf. Mc 2,1-12), elles sont signes des bienfaits du salut, comme la guérison du paralytique de Bethzatha (cf. Jn 5,2-9.19-21) et de l'aveugle-né (cf. Jn 9).
Même la première évangélisation, selon les indications du Nouveau Testament, était accompagnée de nombreuses guérisons miraculeuses qui confirmaient la puissance de l'annonce évangélique. Jésus ressuscité l'avait ainsi promis et les premières communautés chrétiennes en voyaient la réalisation au milieu d'elles: «Et voici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru:...ils imposeront les mains aux infirmes et ceux-ci seront guéris» (Mc 16,17-18). La prédication de Philippe en Samarie était accompagnée de guérisons miraculeuses: «C'est ainsi que Philippe, qui était descendu dans une ville de la Samarie, y proclamait le Christ. Les foules unanimes s'attachaient à ses enseignements, car tous entendaient parler des signes qu'il opérait, ou les voyaient. De beaucoup de possédés, en effet, les esprits impurs sortaient en poussant de grands cris. Nombre de paralytiques et d'impotents furent également guéris (Ac 8,5-7). Saint Paul présente l'Evangile en termes d'annonce caractérisée par des signes et des prodiges réalisés avec la puissance de l'Esprit: «Je n'oserais parler de ce que le Christ n'aurait pas fait par moi pour obtenir l'obéissance des païens, en parole et en oeuvre, par la vertu des signes et des prodiges, par la vertu de l'Esprit de Dieu (Rm 15,18- 19; cf. 1Tm 1,5; 1Co 2,4-5). Il n'est pas du tout arbitraire de supposer que ces signes et ces prodiges révélateurs de la puissance divine qui assistait la prédication, en étaient constitués pour la plupart de guérisons miraculeuses. C'étaient des prodiges qui n'étaient pas exclusivement liés à la personne de l'Apôtre, mais qui se manifestaient aussi au milieu des fidèles: «Celui donc qui vous prodigue l'Esprit et opère parmi vous des miracles, le fait-il parce que vous pratiquez la Loi ou parce que vous croyez à la prédication? (Ga 3,5).
La victoire messianique sur la maladie et sur les autres souffrances humaines n'advient pas seulement par leur élimination avec des guérisons miraculeuses, mais aussi par la souffrance volontaire et innocente dans la passion du Christ qui donne à chaque homme la possibilité de s'y associer. De fait, le Christ lui-même, qui est sans péché, souffrit pourtant durant sa passion des peines et des tourments de toute sorte, et prit sur lui les douleurs de tous les hommes: il a porté ainsi à son accomplissement ce qu'avait dit de lui le prophète Isaïe (cf. Is. 53,4-5).(4) Mais il y a plus: «Dans la croix du Christ, non seulement la Rédemption s'est accomplie par la souffrance, mais de plus, la souffrance humaine elle-même a été rachetée... En opérant la Rédemption par la souffrance, le Christ a élevé en même temps la souffrance humaine jusqu'à lui donner valeur de Rédemption. Tout homme peut donc, dans sa souffrance, participer à la souffrance rédemptrice du Christ».(5)
L'Eglise accueille les malades non seulement comme objet de sa sollicitude aimante, mais aussi en leur reconnaissant l'appel «à vivre leur vocation humaine et chrétienne et à participer à la croissance du Royaume de Dieu sous des modalités diverses et même plus précieuses. Les paroles de l'apôtre Paul doivent devenir leur programme et, tout d'abord, elles sont une lumière qui fait briller à leurs yeux le sens de grâce de leur situation elle-même: «Ce qu'il reste à souffrir des épreuves du Christ, je l'accomplis dans ma propre chair, pour son Corps qui est l'Eglise» (Col 1,24).(6) Il s'agit là de la joie pascale, fruit de l'Esprit Saint. Et comme dit saint Paul, «beaucoup de malades peuvent devenir porteurs de 'la joie de l'Esprit Saint au milieu de leurs épreuves' (1 Th 1,6) et être témoins de la Résurrection de Jésus».(7)
2. Le désir de guérison et la prière pour l'obtenir
L'acceptation de la volonté de Dieu étant acquise, le désir du malade d'obtenir la guérison est une chose bonne et profondément humaine, surtout quand elle se traduit par la prière confiante adressée à Dieu. Le Siracide exhorte à la prière en ces termes: «Mon fils, quand tu es malade ne te révolte pas, mais prie le Seigneur et il te guérira» (Si 38,9). Plusieurs psaumes reviennent à une supplication pour la guérison (cf. Ps 6; 37; 40; 87).
Pendant la vie publique de Jésus, plusieurs malades se tournent vers lui, directement ou par l'intermédiaire de leurs amis ou conjoints, pour solliciter le rétablissement de la santé. Le Seigneur accueille ces demandes et les évangiles ne contiennent aucun exemple où ces prières soient blâmées. La seule fois où le Seigneur se plaint, c'est à propos d'un manque de foi éventuel: «Si tu peux! Tout est possible à celui qui croit» (Mc 9,23; cf. Mc 6,5-6; Jn 4,48).
Non seulement la prière des fidèles qui demandent leur guérison ou celle d'un autre est louable, mais l'Eglise, dans sa liturgie, demande au Seigneur la santé des malades. D'abord, elle a un sacrement «spécialement destiné à réconforter ceux qui sont éprouvés par la maladie: l'onction des malades».(8) Par cette onction sacrée et la prière des prêtres, «c'est l'Eglise tout entière qui recommande les malades au Seigneur souffrant et glorifié, pour qu'il les soulage et les sauve».(9) Peu avant, pendant la bénédiction de l'huile, l'Eglise prie: «Envoie sur elle ton Esprit qui sanctifie. Qu'elle devienne par ta bénédiction l'huile sainte que nous recevons de toi. Qu'elle serve ainsi à l'onction des malades qui va être donnée à N., notre frère, pour soulager son corps, son âme et son esprit, de toute souffrance et maladie;(10) puis, dans les deux premiers formulaires de prière après l'onction, on demande aussi la guérison du malade.(11) Ceci, parce que le sacrement est signe et promesse du règne futur, annonce aussi de la résurrection, quand «de mort, il n'y aura plus; de pleurs, de cri et de peine, il n'y aura plus, car l'ancien monde s'en est allé» (Ap 21,4). En outre, le Missale romanum contient une messe pro infirmis et on y demande, à part la grâce spirituelle, la santé des malades.(12)
Le De benedictionibus du Rituale Romanum comporte un Ordo benedictionis infirmorum, dans lequel se trouvent divers textes de prières qui implorent la guérison: dans le second formulaire des Preces,(13) dans les quatre Orationes benedictionis pro adultis,(14) dans les deux Orationes benedictionis pro pueris,(15) dans la prière du Ritus brevior.(16)
Évidemment, le recours à la prière n'exclut pas, mais encourage à faire usage des moyens naturels utiles pour conserver et recouvrer la santé. Il incite les fils de l'Eglise à prendre soin des malades et à leur apporter soulagement dans le corps et dans l'esprit, en cherchant à vaincre la maladie. En effet, «il est dans le plan de Dieu que l'homme lutte de toutes ses forces contre la maladie, qu'il poursuive ce bien qu'est la santé afin de pouvoir remplir intégralement sa tâche dans la société et dans l'Eglise».(17)
3. Le charisme de la guérison dans le Nouveau Testament
Non seulement les guérisons miraculeuses confirmaient la puissance de l'annonce évangélique, aux temps apostoliques, mais le Nouveau Testament même rapporte que Jésus avait concédé réellement aux Apôtres et aux premiers évangélisateurs le pouvoir de guérir des maladies. C'est ainsi que dans l'appel des Douze à leur première mission, selon les récits de Matthieu et de Luc, le Seigneur leur donne «pouvoir sur les esprits impurs, de façon à les expulser et à guérir toute maladie et toutes langueur» (Mt 10,1; cf. Lc 9,1), et leur donne cet ordre: «Guérissez les malades, ressuscitez les morts, purifiez les lépreux, expulsez les démons» (Mt 10,8). Dans la mission des soixante- douze disciples aussi, l'ordre du Seigneur est le suivant: «Guérissez les malades» (Lc 10,9). Le pouvoir leur est donc donné dans un contexte missionnaire, non pour exalter leurs personnes, mais pour confirmer la mission.
Les Actes des Apôtres rapportent en général des prodiges accomplis par eux: «nombreux étaient les prodiges et signes accomplis par les apôtres» (Ac 2,43; cf. 5,12). Ces signes et prodiges, qui étaient donc des faits miraculeux, manifestaient la vérité et la force de leur mission. Mais à part ces brèves indications générales, les Actes rapportent surtout des guérisons miraculeuses accomplies par des évangélisateurs individuels: Etienne (cf. Ac 6,8), Philippe (cf. Ac 8,6-7), et surtout Pierre (cf. Ac 3,1-10; 5,15; 9,33-34.40-41) et Paul (cf. Ac 14,3.8-10; 15,12; 19,11-12; 20,9-10; 28,8-9).
La finale de l'Evangile de Marc et la Lettre aux Galates, comme on l'a vu plus haut, ouvrent la perspective et ne limitent pas les guérisons miraculeuses à l'activité des Apôtres et de quelques évangélisateurs ayant un rôle important dans la première mission. De ce point de vue, les allusions aux «charismes de guérison» (cfr 1 Co 12,9.28.30) revêtent une importance particulière. Le sens de charisma en soi assez vaste, est celui de «don généreux»; et dans ce cas, il s'agit de «dons de guérisons obtenues». Ces grâces, au pluriel, sont attribuées à un seul (cfr 1 Co 12,9). Il ne faut donc pas les entendre au sens distributif, comme des guérisons que chacun des bénéficiaires obtient pour soi, mais comme don de guérison qu'une personne reçoit pour d'autres. Ce don est accordé dans un seul Esprit, mais on ne précise pas la façon dont cette personne obtient la guérison. Il n'est pas arbitraire de supposer que c'est par la prière, peut-être accompagnée de quelques gestes symboliques.
Dans sa lettre, saint Jacques parle d'une intervention de l'Eglise à travers ses presbytres, pour le salut des malades, même dans le sens physique du terme. Mais il ne laisse pas entendre qu'il s'agit de guérisons miraculeuses: nous sommes dans un univers différent de celui des «charismes de guérisons» en 1 Co 12,9. «Quelqu'un parmi vous est-il malade? Qu'il appelle les presbytres de l'Eglise et qu'ils prient sur lui après l'avoir oint d'huile au nom du Seigneur. La prière de la foi sauvera le patient et le Seigneur le relèvera. S'il a commis des péchés, ils lui seront remis» (Jc 5,14-15). Il s'agit d'une action sacramentelle: onction du malade avec de l'huile et prière sur lui, pas simplement «pour lui», comme s'il n'y avait rien d'autre qu'une prière d'intercession ou de demande; il s'agit plutôt d'une action efficace sur le malade.(18) Les verbes «sauvera» et relèvera» ne suggèrent pas une action visant exclusivement, ni surtout, la guérison physique, mais d'une certaine manière ils l'incluent. Le premier verbe, bien qu'il se réfère au salut spirituel les autres fois où il apparaît dans la lettre (cf. 1,21; 2,14; 4,12; 5,20), est aussi employé dans le Nouveau Testament dans le sens de «guérir» (cf. Mt 9,21; Mc 5,28.34; 6,56; 10,52; Lc 8,48); le second verbe, même s'il a parfois le sens de «se lever» (cf. Mt 10,8; 11,5; 14,2), est employé aussi pour indiquer le geste de «relever» la personne étendue à cause d'une maladie en la guérissant miraculeusement (cf. Mt 9,5; Mc 1,31; 9,27; Ac 3,7).
4. Les prières pour obtenir de Dieu la guérison dans la Tradition
Les Père de l'Eglise considéraient normal que le croyant demande à Dieu non seulement la santé de l'âme, mais aussi celle du corps. À propos des biens de la vie, de la santé et de l'intégrité physique, saint Augustin écrivait: «Il faut prier pour qu'ils soient conservés quand on les a, et qu'ils soient accordés quand on ne les a pas».(19) Ce Père de l'Eglise nous a laissé le témoignage de la guérison chez lui d'un ami, obtenue par la prière d'un evêque, d'un prêtre et de quelques diacres.(20)
Les rites liturgiques tant occidentaux qu'orientaux fournissent la même orientation. Dans une prière après la communion, on demande que «la grâce de cette communion, Seigneur, saisisse nos esprits et nos corps».(21) Dans la liturgie solennelle du Vendredi Saint, on invite à prier le Dieu Tout-Puissant pour qu'il «éloigne les maladies... et accorde le salut aux malades».(22) Parmi les textes les plus significatifs, on signale celui de la bénédiction de l'huile des malades. On y demande à Dieu de répandre sa bénédiction pour qu'elle soulage le corps, l'âme et l'esprit de ceux qui la recevront «de toute souffrance et maladie, de tout mal physique moral et spirituel».(23)
Les expressions qu'on rencontre dans les rites orientaux de l'onction des malades ne diffèrent pas. Nous retenons seulement quelques-unes parmi les plus significatives. Pendant l'onction du malade, le rite bisantin comporte cette prière: «Père saint, médecin des âmes et des corps, toi qui as envoyé ton Fils unique Jésus-Christ pour guérir toute maladie et nous libérer de la mort, guéris aussi ton serviteur que voici de la maladie du corps et de l'esprit qui l'afflige, par la grâce de ton Christ».(24) Dans le rite copte, on prie le Seigneur de bénir l'huile afin que tous ceux qui en seront oints puissent obtenir la santé de l'esprit et du corps. Puis, pendant l'onction du malade, les prêtres, après avoir fait mention de Jésus-Christ envoyé dans le monde «pour guérir toutes maladies et libérer de la mort», demandent à Dieu «de guérir le malade de la maladie du corps et de lui accorder le droit chemin».(25)
5. Le «Charisme de guérison» dans le contexte actuel
L'histoire de l'Eglise n'a pas manqué de saints thaumaturges qui ont opéré des guérisons miraculeuses. Le phénomène n'était donc pas limité aux temps apostoliques; cependant, le «charisme de guérison», sur lequel il est maintenant opportun de fournir quelques éclaircissements doctinaux, ne fait pas partie de ces phénomènes thaumaturgeiques. La question qui se pose est plutôt celle des assemblées de prière organisées exprès pour obtenir des guérisons miraculeuses parmi les membres malades, ou bien des prières de guérison à la fin de la communion eucharistique avec le même but.
Les guérisons liées aux lieux de prière (sanctuaires, près des reliques de martyrs ou des autres saints, etc) sont abondamment rapportées tout au long de l'histoire de l'Eglise. Elles ont contribué à populariser, dans l'antiquité et dans le Moyen-Âge, les pèlerinages dans certains sanctuaires qui sont devenus fameux pour cette raison, comme ceux de Saint-Martin de Tours, ou la cathédrale de Saint-Jacques de Compostelle, et tant d'autres. Le même phénomène se produit aujourd'hui aussi, par exemple à Lourdes, depuis plus d'un siècle. Ces guérisons n'impliquent pas un «charisme de guérison», parce qu'il n'y a pas de sujet porteur de ce charisme, mais il faut en tenir compte quand on entreprend d'évaluer doctrinalement les assemblées de prière en question.
En ce qui concerne les assemblées de prière qui se fixent comme objectif précis d'obtenir des guérisons - objectif, sinon dominant, du moins déterminant dans leur programmation - il est opportun de distinguer celles qui peuvent faire penser à un «charisme de guérison» vrai ou apparent, des autres qui n'entretiennent aucun lien avec un tel charisme. Pour qu'on puisse parler d'un éventuel charisme, il faut que s'impose comme déterminante pour l'efficacité de la prière, l'intervention d'une ou de plusieurs personnes ou d'une catégorie précise de personnes, par exemple les dirigeants du groupe qui animent la réunion. S'il n'y a pas de lien avec «le charisme de guérison», évidemment, les célébrations prévues dans les livres liturgiques, accomplies dans le respect des normes liturgiques, sont licites et souvent opportunes, comme c'est le cas de la messe pro infirmis. Si elles ne respectent pas la norme liturgique, la légitimité fait défaut.
Dans les sanctuaires se déroulent aussi d'autres célébrations qui, en elles-mêmes, ne visent pas spécifiquement à demander à Dieu des grâces de guérisons, mais qui, dans l'intention des organisateurs et des participants, comportent l'obtention de guérisons comme part importante de leur finalité; pour cela, on organise des célébrations liturgiques, comme par exemple l'exposition du Très Saint Sacrement avec bénédiction, ou des célébrations non liturgiques, mais qui appartiennent à la piété populaire encouragée par l'Eglise, comme la récitation solennelle du chapelet. Ces célébrations aussi sont légitimes, pourvu qu'on n'en travestisse pas le sens authentique. Par exemple, on ne saurait mettre au premier plan le désir d'obtenir la guérison des malades en faisant perdre à l'exposition du Très Saint Sacrement sa propre finalité; de fait, cette exposition conduit les fidèles à reconnaître l'admirable présence du Christ et les invite à s'unir en esprit avec lui, par ce lien qui culmine dans la communion sacramentelle.(26)
On ne peut attribuer le «charisme de guérison» à une classe déterminée de fidèles. En effet, il est clair que saint Paul, en parlant des divers charismes en 1Co 12, n'attribue pas le don des «charismes de guérison» à un groupe particulier (apôtres, prophètes, enseignants, dirigeants ou autres); c'est même une autre logique qui guide la distribution: «Mais tout cela, c'est l'unique et même Esprit qui l'opère, distribuant ses dons à chacun en particulier comme il l'entend» (1 Co 12,11). Par conséquent, dans les assemblées de prière organisées pour demander à Dieu des guérisons, il serait arbitraire d'attribuer un «charisme de guérison» à une quelconque catégorie de participants, par exemple aux dirigeants du groupe; il ne reste plus qu'à se fier à la volonté souveraine de l'Esprit Saint qui donne à certains un charisme spécial de guérison pour manifester la force de la grâce du Ressuscité. Cependant, même les prières les plus intenses n'obtiennent pas la guérison de toutes les maladies. Ainsi saint Paul doit-il apprendre du Seigneur que «Ma grâce te suffit; car ma puissance se déploie dans la faiblesse» (2 Co 12,9), et que les souffrances à endurer peuvent avoir le sens que «je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son corps qui est l'Eglise» (Col 1,24).
II. DISPOSITIONS DISCIPLINAIRES
Art. 1 - Tout fidèle est libre d'élever à Dieu des prières pour obtenir la guérison. Lorsque celles-ci ont lieu à l'église où dans un autre lieu sacré, il convient qu'elles soient guidées par un ministre ordonné.
Art. 2 - Les prières de guérison sont considérées comme liturgiques, si elles se trouvent dans les livres liturgiques approuvés par l'autorité compétente de l'Eglise; autrement, elles sont non-liturgiques.
Art. 3 - § 1. Les prières de guérison liturgiques se célébrent selon le rite prescrit et avec les vêtements sacrés indiqués dans l'Ordo benedictionis infirmorum du Rituel romain.(27)
§ 2. Conformément à ce qui a été établi dans les Praenotanda, V., De aptationibus quae Conferentiae Episcoporum competunt(28) de ce même Rituel romain, les Conférences épiscopales peuvent faire au rite de bénédiction des malades, les adaptations qu'elles considèrent comme opportunes, ou éventuellement comme nécessaires sur le plan pastoral, à condition de les avoir fait revoir d'abord par le Siège apostolique.
Art. 4 - § 1. L'évêque d iocésain(29) est en droit de promulguer des normes pour son Eglise particulière à propos des célébrations liturgiques de guérison, selon le canon 838 § 4.
§ 2. Ceux qui préparent des célébrations liturgiques de ce genre doivent se conformer à ces normes dès avant la cérémonie.
§ 3. L'autorisation doit être explicite, même si les célébrations sont organisées par des évêques ou des cardinaux de la Sainte Eglise catholique, ou si certains de ceux-ci y participent. L'évêque diocésain a le droit de la refuser à un autre évêque, s'il a pour cela une raison juste et proportionnée.
Art. 5 - § 1. Les prières de guérison non-liturgiques doivent être faites selon des modalités différentes des célébrations liturgiques, par exemple des rencontres de prière ou de lecture de la Parole de Dieu. La vigilance de l'Ordinaire du lieu reste requise selon le canon 839, §2.
§ 2. On évitera avec soin de confondre ces libres prières non- liturgiques avec les célébrations liturgiques proprement dites.
§ 3. Il est en outre nécessaire que, durant leur déroulement, on n'en vienne pas, surtout de la part de ceux qui les dirigent, à des formes semblables à l'hystérie, à l'artificialité, à la théatralité ou au sensationalisme.
Art. 6 – L'usage des moyens de communication sociale, en particulier de la télévision, pendant qu'ont lieu les prières de guérison liturgiques et non-liturgiques, est soumis à la vigilance de l'évêque diocésain, selon ce qui est disposé par le can. 823 et par les normes établies par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi dans l'Instruction du 30 mars 1992.(30)
Art. 7 – § 1. Restant acquis ce qui a été disposé plus haut, à l'article 3, et à l'exception des cérémonies pour les malades prévues dans les livres liturgiques, les prières de guérison liturgiques et non-liturgiques ne doivent pas être incluses dans, ni faire partie de, la célébration de la Très Sainte Eucharistie, des Sacrements, ni de la Liturgie des Heures.
§ 2. Durant les célébrations dont il est question au § 1, on peut insérer des intentions de prière particulières pour la guérison des malades dans la prière universelle ou «des fidèles», au moment où cela est prévu par celle-ci,
Art. 8 - § 1. Le ministère de l'exorcisme doit être exercé en dépendance stricte de l'Evêque diocésain, et conformément au canon 1172, à la Lettre de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi du 29 settembre 1985,(31) et au Rituel romain.(32)
§ 2. Les prières d'exorcisme, contenues dans le Rituel romain, doivent rester distinctes des célébrations de guérison, liturgiques et non-liturgiques.
§ 3. Il est absolument interdit d'insérer ces prières dans la célébration de la Sainte Messe, des Sacrements et de la Liturgie des Heures.
Art. 9. – Ceux qui conduisent les célébrations de guérison, liturgiques ou non-liturgiques, doivent essayer de maintenir dans l'assemblée une atmosphère de dévotion sereine et doivent garder la prudence nécessaire si des guérisons surviennent parmi les assistants; ils pourront recueillir avec soin et simplicité, à la fin de la célébration, les éventuels témoignages et soumettre le fait à l'autorité ecclésiastique compétente.
Art. 10. – L'évêque docésain doit nécessairement intervenir avec son autorité quand il y a des abus dans les célébrations de guérison liturgiques et non-liturgiques, en cas de scandale évident pour la communauté des fidèles, ou quand il y a de graves manquements aux normes liturgiques et disciplinaires.
Au cours d'une Audience accordée au soussigné Préfet, le Souverain Pontife Jean-Paul II, a approuvé la présente Instruction, décidée dans la réunion plénière de la Congrégation pour la Doctrine de La Foi, et en a ordonné la publication.
A Rome, au siège de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le 14 septembre 2000, Féte de l'Exaltation de la Croix.
+ Joseph Card. RATZINGER,
Préfet
+ Tarcisio BERTONE, S.D.B.,
Archevêque émérite de Vercelli,
Secrétaire
09:58 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
LA PENSÉE DU JOUR.
La pensée du jour |
« N’accuse pas le puits d’être trop profond ; |
09:26 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans LA PENSÉE DU JOUR. | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |
La Théologie de la libération peut-elle nous concerner ?
« Je laisse dans les Indes Jésus-Christ, notre Dieu, où il est flagellé, affligé et crucifié, non pas une fois mais des millions de fois. »
Ainsi s’exprimait, dans son Histoire des Indes, au milieu du XVIe siècle, le précurseur de la théologie de la libération, Bartolomé de Las Casas, qui avait vu en l’Indien un pauvre selon l’Évangile bien plus qu’un païen. Contre les conquérants espagnols avides de richesses et propriétaires de la foi chrétienne, Las Casas sut prendre le parti des opprimés.
La théologie de la libération – j’écrirai désormais TL – est née dans les années 1960 en Amérique latine dans une conjoncture historique marquée par la domination économique et sociale d’une minorité de privilégiés, liés au « Nord », qui plonge dans la misère les masses populaires sud-américaines ; et, comme on le sait, les nouveaux maîtres n’hésitent pas à utiliser la violence. Mais ce constat se double d’un autre : l’éveil des pauvres et la participation de communautés chrétiennes aux luttes concrètes contre l’injustice. Le jésuite salvadorien Jon Sobrino parle de « l’irruption des pauvres sur la scène d’un continent chrétien. » En Bolivie, le pays le plus pauvre d’Amérique latine, l’élection de l’indien Evo Morales est l’illustration la plus récente de ce réveil. La TL est une lecture de la foi à partir d’une pratique libératrice des pauvres. On dit souvent que ses deux principes fondamentaux sont une option pour les pauvres et l’antécédence de la praxis sur l’élaboration théologique ; mais j’en rajouterai volontiers un troisième, l’unité de l’histoire.
Le choix des pauvres
L’identification du Christ aux pauvres n’est certes pas une nouveauté. Ils sont nombreux les chrétiens qui, au cours des vingt siècles, ont pris au sérieux le Jugement dernier de Matthieu 25 et ont voué leur vie au secours du pauvre. Il en est résulté toute une tradition spirituelle de détachement des biens du monde et une vie religieuse liée au vœu de pauvreté.
Mais la TL rejette cette mystique de la pauvreté, car la vie prophétique de Jésus est une lutte contre la misère et pour la justice (cf. Luc 4, 18).
Ce choix des pauvres ne se réduit pas à cette « option préférentielle pour les pauvres » qu’admettent les autorités de l’Église ; car, pour elles, la préférence n’est pas exclusive et, finalement, Jean-Paul II lui substitue le terme d’ « amour de préférence » qui annule sa portée : Dieu n’aime-t-il pas tous les hommes, y compris les riches ?
Qui sont donc ces « pauvres » ? Non seulement des individus mais des groupes sociaux ; non point seulement le prolétariat contrairement à ce qu’affirme le cardinal Ratzinger dans son « Instruction » de 1984 : si la TL emprunte au marxisme, elle reste libre et ouverte à une interprétation plus large de la pauvreté. Mais les pauvres sont non seulement des pécheurs, des prostituées, ceux qui sont socialement méprisés, mais des masses humaines provenant de milieux sociaux divers, des paysans sans terres comme des sous-prolétaires urbains, des femmes 1, des races entières aussi, comme les Indiens d’Amérique et les Noirs. Ainsi, le théologien péruvien Gustavo Gutiérrez, considéré comme le père de la TL, parle-t-il toujours « des classes exploitées, des races méprisées, des cultures marginalisées. » 2
Ce sont donc les spoliés, les exclus d’une histoire porteuse d’injustice. Et, dans cette histoire, Jésus vient, après les prophètes, pour annoncer aux pauvres leur délivrance. Voyez ce que dit Jésus aux disciples de Jean-Baptiste venus l’interroger (Es-tu celui qui doit venir ?) : « La Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres » (Matthieu 10, 5 et Luc 7, 22). La TL souligne que, dans les conflits sociaux, Jésus prend parti ; il ne condamne pas seulement des individus mais des groupes sociaux qui en oppriment d’autres : il ne vise pas seulement un riche mais les riches, les prêtres, les scribes. Oscar Culmann – qui n’était pas un dangereux révolutionnaire – écrit : « Il n’y a aucun doute sur ce point : Jésus considère comme une injustice le fait qu’il y ait des riches et des pauvres et il ne peut tolérer cette situation. » La mort de Jésus n’est-elle pas d’ailleurs un assassinat organisé par les puissants ?
Pour la TL, « cette plainte du peuple est la voix de Dieu » (Mgr Romero) et « suivre Jésus » exige des « pratiques libératrices » (Leonardo Boff) ; c’est s’engager dans la lutte pour la justice, selon le programme énoncé par Jésus en Luc 4, 18 qui cite Isaïe. Sommes-nous loin du Royaume de Dieu annoncé par le Christ ?
L’unité de l’histoire
Gutiérrez écrit : « Il n’y a pas deux histoires, une histoire profane et une histoire sacrée “juxtaposées” ou “étroitement liées”, mais un unique devenir de l’homme assumé de manière irréversible par le Christ, Seigneur de l’histoire. » 3
Une telle affirmation puise dans tout un courant de la théologie contemporaine qui redécouvre que, dans la Bible, le salut n’est pas conçu comme une fuite hors du monde, un passage de la terre au ciel mais le triomphe d’un monde renouvelé (« un ciel nouveau » et « une terre nouvelle » selon l’Apocalypse 21, 1). Des théologiens comme Karl Rahner en Allemagne et Marie-Dominique Chenu en France ont travaillé à remettre en question le dualisme entre histoire profane et histoire du salut, ordre temporel et Royaume de Dieu, mystique et politique.
Ce dualisme a d’ailleurs été dépassé à Vatican II dans plusieurs de ses textes. Ainsi, dans la constitution « L’Église dans le monde de ce temps » (Gaudium et spes), en particulier aux chapitres II et III consacrés à la communauté humaine et à l’activité humaine dans l’univers. D’après ce texte, le chrétien ne peut se contenter d’une « morale individualiste » car « s’il faut soigneusement distinguer le progrès terrestre de la croissance du règne du Christ, ce progrès a cependant beaucoup d’importance pour le Royaume de Dieu, dans la mesure où il peut contribuer à une meilleure organisation de la société humaine. (…) Mystérieusement, le Royaume est déjà présent sur terre ; il atteindra sa perfection quand le Seigneur viendra » (n° 39, 2-3). De même, la constitution sur l’Église précise que les chrétiens ne doivent pas « enfouir au fond de leur âme » l’espérance du Royaume mais lutter « contre les dominateurs de ce monde de ténèbres » (Ep. 6, 12) et « la faire passer aussi dans les structures de la vie terrestre » (Lumen gentium, n° 35). Et il faudrait encore citer le décret sur l’apostolat des laïcs aux n° 5 et 7.
Pour la TL, il n’est pas question de percevoir l’histoire comme un processus ouvrant, sans palier qualitatif, sur le Royaume. Leonardo Boff écrit dans la revue Lumière et Vie : « Le Royaume de Dieu possède dans son essence une dimension de futur qu’on ne peut atteindre par les pratiques humaines et qui est l’objet de l’espérance eschatologique. » 4 Mais la TL ne se résigne pas à un monde injuste, en attendant la Parousie. Ses théologiens reconnaissent aussi que le péché habite notre histoire, mais ils croient qu’il faut le combattre à travers les structures sociales qui l’engendrent et aliènent les oppresseurs comme les opprimés. Jean-Paul II ne parle-t-il pas lui-même dans une encyclique de « structures de péché » (Sollicitudo rei socialis) ?
Ratzinger reconnaît aussi, dans son « Instruction » de 1984, qu’ « il y a des structures iniques et génératrices d’iniquités, qu’il faut avoir le courage de changer ». Mais le Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi se garde bien de préciser quelles sont ces structures. Par contre, il ajoute plus loin : « la source des injustices est dans le cœur des hommes » ; l’essentiel est donc dans la « capacité éthique de la personne » et la « conversion intérieure » 5. On connaît, en effet, d’admirables (et rares) conversions intérieures et l’on sait leur inefficience sociale…
La théologie traditionnelle est incapable de sortir d’une conception individualiste du péché. Par contre, Jon Sobrino définit le péché contre le Royaume comme « tout ce qui déshumanise l’homme, détruit son humanité, menace, empêche ou anéantit la fraternité humaine exprimée dans le Notre Père. » La TL se garde bien d’assimiler « pauvres » et « justes » ; les pauvres aussi sont des pécheurs ! Mais la lutte contre l’injustice ouvre une voie vers Jésus-Christ et le Royaume. La foi ne se cherche pas dans une confession de dogmes, une orthodoxie, mais dans une « orthopraxis », souligne fortement la TL : « Dans la praxis de l’amour et de la justice, on sait que le Royaume s’approche et se rend présent ; et dans la praxis militante au milieu du péché du monde, on maintient l’espérance dans le futur de Dieu » 6 Le point de départ n’est donc pas dans l’ontologie mais dans l’histoire.
Voici à grands traits, nécessairement simplificateurs, ce que l’on peut dire pour présenter la TL. Une précision reste encore à apporter : si elle engage les chrétiens dans les luttes sociales du temps, la TL ne propose évidemment aucun modèle économico-social. Ses emprunts au marxisme, comme grille d’analyse d’une société, ont fait peur et expliquent en partie l’hostilité romaine. Aujourd’hui, la quasi-disparition des pays dits communistes ainsi que la prise de conscience particulièrement aiguë des impasses des expériences conduites à « l’Est » devrait libérer la TL des suspicions. Malgré la stratégie romaine destinée à « casser » l’Église latino-américaine d’avant-garde, la TL subsiste parce qu’elle répond à une situation sociale inchangée.
Une expérience strictement régionale ?
Née sur le sous-continent latino-américain, la TL est-elle prisonnière de ce contexte particulier ? Il est vrai que la question de la terre, par exemple, est assez spécifique aux pays d’Amérique latine, mais de nombreux autres problèmes se retrouvent en Afrique et en Asie. Et d’abord, un « développement » promis par le « Nord » qui, depuis quarante ans environ, ne profite qu’à une toute petite minorité et fabrique des multitudes de pauvres. Même dans les pays qui ont « décollé » économiquement et sont considérés aujourd’hui comme des puissances économiques (le Brésil, l’Argentine, l’Inde), le sous-développement subsiste et les inégalités se sont accrues spectaculairement.
Quant à de nombreux pays d’Afrique noire, ils sont parfois « en voie de sous-développement ». On ne s’étonnera donc pas que la TL ait gagné l’Afrique et l’Asie. En 1976, une Association œcuménique des théologiens du Tiers Monde (en anglais EATWOT) était créée et organise depuis lors des conférences internationales ; et le jésuite indien Samuel Rayan précise : « C’est en termes de solidarité avec les pauvres dans leurs luttes, en termes de lecture de la réalité et de l’Écriture du point de vue des pauvres que se définissent les théologies du Tiers Monde. » 7
En Afrique, où la question de l’inculturation reste prépondérante, certains théologiens n’ont pas manqué de critiquer cette tendance « culturaliste » et « folklorique » et ont développé à leur tour une TL. Pour nous en tenir à l’Afrique francophone, citons trois Camerounais : Jean-Marc Ela, le jésuite Engelbert Mveng et Éloi Messi-Metogo 8. Mais il faudrait citer aussi les théologiens d’Afrique du Sud et la théologie noire née aux États-Unis.
En Asie, la situation des chrétiens est bien différente puisqu’ils ne représentent qu’une petite minorité de la population sauf aux Philippines. Le dialogue avec les religions non chrétiennes a nécessairement absorbé la réflexion théologique ; cependant une lignée de théologiens de la libération est apparue dans les années quatre-vingt ; citons seulement le jésuite et professeur à Delhi Samuel Rayan, les Sri-lankais Aloysius Pieris et Tissa Balasuriya, et l’Indonésienne Henriette M. Kapott qui développe une TL féministe 9.
La Théologie de la libération peut-elle nous concerner ?
Dans un article publié en 1982 par la revue Lettre, Giulio Girardi s’interrogeait : « Peut-il être question d’une théologie européenne de la libération ? » 10 L’ensemble des questions (ou des conditions) qu’il posait semblait orienter vers une réponse négative. Certes, en 2006 comme en 1982, aucun groupe social ne peut être considéré comme porteur d’une alternative et il n’existe aucun projet politique crédible.
Pour autant, l’analyse de Girardi apparaît trop européocentrée et ne correspond plus guère à notre situation 23 ans plus tard, celle d’une mondialisation accélérée. Depuis l’effondrement du bloc soviétique en 1989-90, la direction du monde s’est rapidement réorganisée autour des États-Unis, de l’Union européenne et de quelques institutions internationales sur lesquelles les citoyens n’ont aucune prise : le G 8, le FMI, le GATT puis l’OMC qui dictent leurs lois aux gouvernements. Si l’échec de l’idéologie du développement et l’exploitation du Tiers-Monde restent inchangées, s’ajoute aujourd’hui une offensive du grand capital qui, en Europe occidentale, remet en cause, l’un après l’autre, les acquis des luttes sociales et de l’État-providence. Alors que les richesses augmentent, le nombre des chômeurs, des travailleurs précaires, des exclus, des sans papiers s’accroît aussi dans nos pays. En même temps, commence à se dessiner un mouvement alter-mondialiste qui affirme qu’ « un autre monde est possible ».
C’est dans ce cadre historique nouveau, à la fois économique, social et politique que se pose, pour nous chrétiens d’Europe occidentale, la question de notre foi. Peut-être sommes-nous mieux préparés à entendre ce qu’écrivait en 1981 le jésuite Ellacuria : « Si la situation historique de dépendance et de domination des deux tiers de l’humanité, avec ses trente millions annuels de morts de faim et de dénutrition, ne se convertit pas aujourd’hui en point de départ de toute théologie chrétienne, même dans les pays riches et dominateurs, la théologie sera dans l’incapacité de situer et concrétiser historiquement ses thèmes fondamentaux. » 11
Ratzinger a raison d’affirmer que la TL représente « une nouvelle herméneutique (interprétation) de la foi chrétienne. » À l’heure où, dans nos sociétés occidentales, le christianisme décline, confiné dans le domaine de l’intériorité, et où les chrétiens s’interrogent sur le sens de leur foi, peut-être est-il temps de se mettre à l’écoute de ces pasteurs qui, tel Mgr Romero, nous annoncent que les pauvres sont « le corps du Christ dans l’histoire ».
Martine Sevegrand
1 Leonardo Boff cite le cas d’une femme présentée par une communauté de base comme opprimée à six titres : femme, prostituée, fille-mère, noire, pauvre et lépreuse.
2 G. Gutiérrez, La force historique des pauvres, Cerf, p. 12.
3 G. Gutiérrez, Théologie de la libération, Lumen vitae, p. 156.
4 L. Boff, Lumière et Vie, n° 134, 1977, p. 101.
5 Congrégation pour la Doctrine de la Foi, « Instruction sur quelques aspects de la théologie de la libération », 6 août 1984, IV n° 15 et XI n° 8.
6 J. Sobrino, Jésus en Amérique latine, Cerf, p. 159.
7 S. Rayan, « Théologie du Tiers-Monde », Concilium, n° 219, 1988, p. 161.
8 J. M. Ela a publié une douzaine d’ouvrages ; citons le dernier, Repenser la théologie africaine, Karthala, 2003, 444 pages, 28 euros dont vous pouvez passer commande à Temps Présent.
9 Ces théologiens asiatiques ont publié en anglais, mais on trouvera nombre de leurs articles dans la revue Concilium des années 1980-90.
10 Cet article a été reproduit dans Contribution pour l’avenir du christianisme, p. 195-203.
11 I. Ellacuria, cité par J. Sobrino, op. cit., p. 111. Rappelons que le P. Ellacuria, recteur de l’université jésuite de San Salvador, fut assassiné avec cinq autres jésuites, le 16 novembre 1989, par des militaires salvadoriens.
Un article publié du numéro 29 de la revue Parvis, de mars 2006.
09:23 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans THÉOLOGIE DE LA LIBÉRATION. | Lien permanent | Commentaires (0) | Imprimer | | del.icio.us | | Digg | | Facebook | |