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11/07/2008

Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?

Les contrepoints crépitent comme un feu d’artifice : « le monde voile ? Eh bien dévoilez. Il murmure dans l’ombre ? Proclamez sur les toits. Ce qu’il garde secret : faites-le connaître ». On comprend qu’à force de nous mettre ainsi en porte à faux par rapport à la mentalité ambiante, nous finirons par nous faire traiter de Démons !
Jésus nous répond : « Qu’à cela ne tienne : le monde et ceux qui lui appartiennent ne peuvent rien contre vous. Non seulement ils n’ont aucun pouvoir sur votre âme, mais ils n’en ont sur votre corps que dans la mesure où votre Père le permet. “Sois sans crainte petit troupeau” (Lc 12, 32) : de même que le Père m’a arraché à la mort pour me glorifier auprès de lui, ainsi vous sauvera-t-il vous aussi, et il vous donnera part à sa propre vie dans l’Esprit ».
A force de ruminer et de se laisser pénétrer par ces versets, la première impression un peu oppressante cède progressivement le pas à un sentiment de liberté et de joie : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Il n’a pas refusé son propre Fils, il l’a livré pour nous tous : comment pourrait-il avec lui ne pas nous donner tout ? » (Rm 8, 31-32). Le monde entier pourrait bien se déchaîner contre nous : ne sommes-nous pas dans la main de Dieu ? Or « nul ne peut rien arracher de la main du Père » (Jn 10, 29). Oui, « j’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les esprits ni les puissances, ni le présent ni l’avenir, ni les astres, ni les cieux, ni les abîmes, ni aucune créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus Christ notre Seigneur » (Rm 8, 38-39).
A condition bien sûr de ne pas le « renier devant les hommes » ; car Notre- Seigneur ne s’impose pas à nous : il s’offre à notre liberté, pour qu’en le choisissant nous puissions retrouver notre orientation originelle vers Dieu, Source et Fin de notre vie. Jésus s’engage même solennellement à intercéder auprès de son Père en faveur de ceux qui ne craignent pas de se compromettre, en prenant position pour lui devant les hommes. « Je me prononcerai pour eux devant mon Père » signifie que Notre-Seigneur se fait notre avocat, bien plus : notre « goël » (Lev 25, 48), le frère aîné qui rachète, fût-ce au prix de sa propre liberté, le petit cadet devenu insolvable.
Nous touchons à nouveau le paradoxe de l’Evangile. Nous rêvions d’un Dieu manifestant sa toute-puissance en nous préservant de la souffrance, qu’il n’aurait aucune peine à maîtriser du haut de sa grandeur. Or lorsque Dieu se révèle, il n’apparaît pas « au-dessus » de nous, mais au-dessous, et même au plus bas, lui qui s’est « s’abaissé jusqu’à mourir et à mourir sur une croix », afin qu’aucun des enfants du Père tombés dans le péché n’échappe à sa miséricorde.
Ne cherchons pas à être « au-dessus de notre Maître » : c’est sous les ailes de la poule que les poussins sont à l’abri ! Ne désirons pas une autre condition que celle qui nous échoit, puisque le Verbe, en l’assumant, lui a donné un poids de gloire éternelle. « Contentons-nous d’être comme notre Maître », recevant tout de la main du Père et lui rendant grâce en toutes circonstances : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger » (Mt 11, 28-30).

« Dieu qui as envoyé ton Fils pour nous sauver et pour faire de nous tes enfants d’adoption, regarde avec bonté ceux que tu aimes comme un père ; puisque nous croyons au Christ, accorde-nous la vraie liberté et la vie éternelle, par ce même Jésus, le Christ, notre Seigneur » (Or d’ouv.).

Père Joseph-Marie.

22:33 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

09/07/2008

LE SAINT CONCILE VATICAN II

LUMEN GENTIUM

LE PEUPLE DE DIEU

Léonce Grattepanche

FOI - DOCTRINE ET CULTURE CHRETIENNE

LE SAINT CONCILE VATICAN II


La Nouvelle Alliance et le Peuple nouveau :

Dans ce second chapitre de
Lumen Gentium, les pères conciliaires ont eu à cœur de redéfinir le nouveau peuple élu, non que l’ancien peuple – les Juifs – ait cessé de l’être. Il convenait pour les pères d’affirmer qu’avec l’Incarnation du Verbe, la mission du peuple juif avait été accomplie, que cette Nouvelle Alliance était contractée par le moyen de l’ancien peuple à l’adresse de toute l’humanité : « J’appellerai tous les hommes à moi. » Si de fait, nous chrétiens sommes les héritiers spirituels de nos frères aînés dans la foi au Dieu unique "Au moment de votre célébration la plus solennelle, je me sens particulièrement proche de vous, précisément parce que Nostra Aetate rappelle aux Chrétiens de toujours garder en mémoire ceci: l’Église « a reçu la révélation de l’Ancien Testament par ce peuple avec lequel Dieu, dans sa miséricorde indicible, a daigné conclure l’antique Alliance, et qu’elle se nourrit de la racine de l’olivier franc sur lequel ont été greffés les rameaux de l’olivier sauvage que sont les gentils » (Nostra Aetate, n. 4). En m’adressant à vous, indiquait le pape Benoît XVI, je souhaite réaffirmer l’enseignement du deuxième Concile du Vatican sur les relations entre Catholiques et Juifs, et confirmer l’engagement de l’Église dans le dialogue qui, au cours de ces quarante dernières années, a fondamentalement transformé nos relations, en les améliorant." (Message du pape Benoît XVI à la communauté juive pour la fête de Pesah), notre avenir est le Christ, car la Loi de Moïse trouve son accomplissement en lui, vrai Dieu incarné et vrai homme :

"[…] C’est pourquoi il s’est choisi le peuple d’Israël pour être son peuple avec qui il a fait alliance et qu’il a progressivement instruit, se manifestant, lui-même et son dessein, dans l’histoire de ce peuple et se le consacrant. Tout cela cependant n’était que pour préparer et figurer l’alliance Nouvelle et parfaite qui serait conclue dans le Christ, et la révélation plus totale qui serait apportée par le Verbe de Dieu lui-même, fait chair : « Voici venir des jours, dit le Seigneur, où je conclurai avec la maison d’Israël et la maison de Juda une Alliance Nouvelle […] Je mettrai ma foi on fond de leur être et je l’écrirai dans leur cœur. Alors je serai leur Dieu et eux seront mon peuple. Tous me connaîtront du plus petit au plus grand, dit le Seigneur. » (Jér. 31, 31-34)"

Le Nouveau Peuple est constitutif de l’Incarnation du Fils de Dieu, du Verbe, dans la nature humaine. Le Nouveau peuple naît du Christ Jésus. Il naît d’une humanité qui renaît dans le baptême d’eau et de sang du Serviteur Souffrant, le Crucifié, Jésus-Christ :

"[…] Cette Alliance Nouvelle, le Christ l’a instituée : c’est la Nouvelle Alliance dans son sang (cf. 1 Cor. 11, 25) ; il appelle la foule des hommes de parmi les Juifs et de parmi les Gentils pour former un tout non selon la chair mais dans l’Esprit et devenir le Nouveau Peuple de Dieu, […] ceux-là deviennent ainsi finalement « une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple que Dieu s’est acquis, ceux qui autrefois n’étaient pas un peuple étant maintenant le peuple de Dieu. » (1 Pierre 2, 9-10)"

Cette « nouvelle race élue », c’est une élection ordonnée au service de l’amour de charité, elle a sa source dans la Croix de Jésus-Christ. Elle est liée à la nécessité du Sacrifice dont elle ne peut se distendre, se désolidariser ; si l’accès au Salut est à la portée de tous, il n’efface pas la nécessité de vivre en esprit de sacrifice à l’exemple du doux Maître. On est uni à Jésus dans sa Joie, sa Souffrance, sa Lumière et sa Gloire pour parfaire la Rédemption du monde. Le Peuple Nouveau est un peuple dont les citoyens sont co-rédempteurs les uns envers les autres et envers tous les autres membres de l’humanité. Ils sont collaborateurs de l’œuvre rédemptrice du Dieu fait homme et nécessairement en union avec Marie, l’Immaculée qui est la première collaboratrice à cette œuvre de Rédemption, car en donnant sa chair et son sang pour l’humanité du Verbe, elle devient la Mère Spirituelle universelle de tous les baptisés : l’Immaculée est Co-rédemptrice de son fils qui est son Dieu, Créateur et Sauveur, de la même manière qu’elle en est la co-procréatrice, car la chair et le sang de Jésus-Christ sont la chair et le sang de Marie. Ce nouveau peuple élu est devenu le peuple messianique de droit, car en s’associant par le sacrement du baptême à la Passion et à la Résurrection de Jésus-Christ, Dieu fait homme, il devient l’héritier de la Promesse de Gloire dont il jouira dans la Présence de Dieu le Père. Il est peuple messianique puisque son identité est celle du Messie, celle de son Corps Mystique ; il en est les membres et il a Le Messie pour Chef :

Ce peuple messianique a pour chef le Christ, « livré pour nos péchés, ressuscité pour notre justification. » (Rom. 4,25), possesseur désormais du Nom qui est au-dessus de tout nom et glorieusement régnant dans les cieux. La condition de ce peuple, c’est la dignité et la liberté des fils de Dieu, dans le cœur de qui, comme dans un temple, habite l’Esprit-Saint. Sa loi est d’aimer comme le Christ lui-même nous a aimés (cf. Jean 13, 34).

Il y a deux conceptions du peuple sanctifié :

1- Le peuple messianique qui englobe ceux qui sont marqués par le sacrement du baptême et ceux qui vivent de et dans l’amour de charité – un petit nombre – véritablement messianique.

2- Le peuple de Dieu qui se compose des deux premiers et auxquels vient s’ajouter tout le reste de l’humanité qui est dans la volonté d’amour et créatrice de Dieu et qui connaîtra son Créateur et Rédempteur de l’autre côté grâce, entre autres, à la prière et au sacrifice du petit nombre qui vit de l’amour de charité. Le concept de peuple de Dieu s’élargit à tout l’ensemble du genre humain pour autant que chacun des membres veuille et désire le Salut.

La grâce, de ce Saint Concile Vatican II, fut d’avoir su se mettre à l’écoute de l’Esprit-Saint de façon qu’il comprenne la nécessité de recentrer le Corps Mystique du Christ et le peuple de Dieu sur l’Alliance Nouvelle et l’épanouissement de la relation d’amitié entre Dieu et les hommes, plutôt que de demeurer fixé sur un christocentrisme. "Le christocentrisme fut nécessaire pour affirmer la divinité du Christ et, c’est à partir de cette construction qu’on peut approfondir toute la théologie pour autant, il n’eût pas fallu en faire un dogme, le sacralisé comme c’est encore le cas pour saint Thomas ou pour le Saint Concile Vatican II". Certes, celui-ci fut nécessaire et le demeure mais non pas comme une fin en soi, car c’est en fait un moyen qui illumine toute la Doctrine chrétienne :

"[…] C’est pourquoi ce peuple messianique, bien qu’il ne comprenne (au sens de contenir) pas encore effectivement l’universalité des hommes et qu’il garde souvent les apparences d’un petit troupeau, constitue cependant pour tout l’ensemble du genre humain le germe le plus fort d’unité, d’espérance et de salut. Établi par le Christ pour communier à la vie, à la charité et à la vérité, il est entre ses mains l’instrument de la rédemption de tous les hommes, au monde entier il est envoyé comme lumière du monde et sel de la terre (cf. Mat. 5, 13-16)."

Le caractère messianique de l’Église, épouse du Christ Jésus, le Messie, confirme sa mission universelle qui est de se présenter et se proposer comme le seul instrument de Salut pour tout le genre humain. Non que le païen, selon la notion qu’il a du bien et du juste ne puisse faire son salut, il le fait sans aucun doute au-delà de la vie terrestre, non sans avoir préalablement reconnu le Christ qui se révèle à lui comme étant l’unique porte, l’unique Salut : « j’appellerai tous les hommes à moi. » :

"L’ensemble de ceux qui regardent avec la foi vers Jésus, auteur du salut, principe d’unité et de paix, Dieu les a appelés, il en a fait l’Église, pour qu’elle soit, aux yeux de tous et de chacun, le sacrement visible de cette unité salutaire. Destinée à s’étendre à toutes les parties du monde, elle prend place dans l’histoire humaine, bien qu’elle soit en même temps transcendante aux limites des peuples dans le temps et dans l’espace. Marchant à travers les tentations, les tribulations, […] elle ne défaille pas à la perfection de sa fidélité mais reste de son Seigneur la digne Épouse, se renouvelant sans cesse sous l’action de l’Esprit-Saint jusqu’à ce que, par la Croix, elle arrive à la lumière sans couchant. (Lumen Gentium C. 2. 9)" - "À cet égard, a expliqué le pape Benoît XVI, il faut ajouter un autre aspect : celui de la vision théologique des Actes des Apôtres en ce qui concerne le chemin de l'Église de Jérusalem à Rome. Parmi les peuples représentés à Jérusalem le jour de Pentecôte, Luc cite aussi les « étrangers de Rome » (Act 2.10). A ce moment là, Rome était encore lointaine, « étrangère » pour l'Église naissante : elle était le symbole du monde païen en général. Mais la force de l'Esprit Saint guidera les pas des témoins « jusqu'aux extrémités de la terre » (Act 1.8), jusqu'à Rome. Le livre des Actes des Apôtres termine justement lorsque Saint Paul, grâce à un dessein providentiel, arrive à la capitale de l'empire et là, annonce l'Évangile (cfr Act 28.30-31). Ainsi le chemin de la Parole de Dieu, commencé à Jérusalem, arrive à son but, parce que Rome représente le monde entier et incarne donc l'idée lucanienne de la catholicité. L'Église universelle, l'Église catholique, qui est le prolongement du peuple élu et dont elle s’approprie l'histoire et la mission, s'est réalisée." (Benoît XVI médite l'acte même de la naissance de l'Église, Homélie pour la Pentecôte 2008)

L’Église est bien l’instrument d’amour de charité proposé à chaque homme comme moyen et passage obligé pour assurer son Salut dans lequel tous et chacun s’accomplissent sans rien perdre de ce que l’on est en tant que personne et être.

Le Sacerdoce Commun :

Le sacerdoce commun à tous les baptisés est l’un des points que les pères conciliaires ont sorti des ensevelissements de tous les conformismes. C’est un sujet qui dormait et, il faut reconnaître que son utilisation reste délicate. Bien longtemps après le Concile, on ne considère intellectuellement et culturellement qu’une seule forme de sacerdoce, celui qui est ordonné. On n’envisage pas qu’il puisse y en avoir un que l’on peut qualifier de commun au peuple de baptisés. Entre la réaffirmation du concept du sacerdoce commun et son assimilation réfléchie dans la vie quotidienne du baptisé, il y a un manque : il manque une pédagogie réaliste qui consiste à former le baptisé, à réaliser en lui la vie d’union avec son Sauveur. C’est un programme pastoral et pédagogique qui n’est toujours pas pris en compte par les pasteurs, alors qu’il est l’un des plus précieux joyaux de ce Saint Concile.

Si le sacerdoce ordonné souffre toujours d’une perception hyper-élitiste dans certains milieux fixés dans des conservatismes, la cause est à rechercher du côté du jansénisme et d’une perversion du Concile de Trente à savoir l’hiératisme de la hiérarchie qui a contribué à l’hypertrophie du christocentrisme au point qu’il en est devenu une sorte d’idole ."Cette déviance s’explique par la nature du concile de Trente qui eut pour objet de barrer l’avance de l’hérétique mouvement de la Réforme, puis au fil de l’histoire, sont rayonnement culturel fut, d’une certaine manière dévoyé, pour venir en appoint au pouvoir personnel des anciens régimes. La culture de la hiérarchie catholique encouragea cet hiératisme fâcheux dont le dernier reliquat fut l’épiscopat espagnol qui paya très cher de ne pas avoir entrepris son aggiornamento … - Guerre civile espagnol -"

A l’opposé, tout aussi radical et erroné, on a dans les mouvements dits libéraux, une conception réductrice affligeante du sacerdoce ordonné ; c’est au point que certains prêtres et évêques donnent l’impression de ne plus connaître l’identité de leur consécration sacerdotale. C’est une illustration du relativisme pratique qui, dans sa finalité, peut aboutir à une apostasie culturelle, pastorale plus ou moins consciente. Ils ne sont plus capables d’identifier dans leur quotidien leur caractère sacerdotal.

Le christocentrisme fixé en un absolu contribua à cristalliser une attitude hiératique de l’Église, hiératisme qui se répercuta dans toutes les couches sociales des laïcs, ce qui, vu de l’extérieur, donna l’image catastrophique de l’inaccessibilité. Attitude ravageuse dans les couches sociales les plus humbles qui favorisera l’invasion des idéologies dans les membres du Corps Mystique du Christ ; cet hiératisme développa le cléricalisme si souvent odieux, orgueilleux, suffisant et autoritariste et, c’est par rejet, que des pans entiers de la société ont fini par se détourner de l’Église . "On observe encore de nos jours dans les milieux très conservateurs de pareilles attitudes ; et une fixité qui s’exprime par le refus d’analyse sociologique de ces mouvances rejetant la faute de la crise toujours sur l’autre, incapables de  reconsidérer l’histoire à laquelle ils ne cessent de se référer".

Cette fixation sur le christocentrisme est également le fruit d’une culture idéologique en relation avec les bouleversements sociaux et politiques. C’est une culture que l’on peut qualifier de réactionnaire dans son sens le plus désolant, le plus étranger à l’esprit de l’Évangile. Cet excès rejoint d’assez près le fondamentalisme musulman dans ce sens qu’il rejette l’amitié avec Dieu pour lui préférer une soumission d’obéissance particulièrement malsaine, car dans cette démarche de soumission, il y a le désir de l’irresponsabilité spirituelle et sociologique. On se soumet à un dieu envers lequel, on espère qu’il prendra tout ce qu’on ne veut pas ou plus assumer et surtout cette liberté qui pourrait me faire perdre mon salut. On en vient à douter de la Miséricorde de Dieu.

Les intégristes se sont fourvoyés dans une impasse théologique, pastorale et théologale, leur liturgie est l’habillage de ce fourvoiement, en même temps qu’elle devient leur caisse de résonance, dans leurs cercles, on peut encore entendre cette parole : « on nous a enlevé la pierre angulaire ! » Le Saint Concile Vatican II, pour eux, « a décentré le Christ pour y mettre à la place l’homme !... » Le comportement particulièrement coupable des courants progressistes avec leurs entêtements diaboliques à la désacralisation et leur opposition enfantine à Rome ne contribua pas à éclairer les courants fondamentalistes, ils les confortèrent dans leur errance.

L’intégrisme chrétien est une sorte de névrose, une grave pathologie des différents orgueils. Leur position anti-conciliaire est davantage liée à une culture « contre-révolutionnaire » qu’à un véritable souci de salut certes, c’est leur principal argument de vente mais leurs mécanismes sociologiques, leurs références culturelles affirment le contraire.

Quant aux courants progressistes, envers lesquels il faut se garder des amalgames, ils présentent un réel engagement idéologique lié à la culture révolutionnaire. Ils sont issus du désastreux et trop fameux « toast d’Alger » du cardinal La Vigerie qui, pour autant qu’il fut un grand pasteur n’eut pas la grâce du discernement politique. A cette filiation, il faut bien évidemment ajouter le courant du modernisme qui aboutit à un véritable cataclysme culturel et pastoral. La position de ces courants face à la mise en relief de la théologie de l’Alliance du Concile fut logiquement excessive et infantilisante. Il faut bien reconnaître que cette errance doctrinale généra un bouleversement culturel et pastoral peu en rapport avec les réformes du Saint Concile Vatican II.

Le sacerdoce commun au peuple des baptisés est scripturaire dans ses fondations, sa mise à jour correspond au besoin, à la nécessité de sortir du fixisme christocentrique pour recentrer le Corps mystique du Christ dans l’Alliance de l’amitié, dans une relation de confiance et d’amour véritable : la crainte de Dieu devient celle de l’offenser, de la même manière qu’on veut éviter d’offenser, de peiner une personne aimée et aimante. Le recentrage de l’Église sur l’Alliance permet de revenir à une relation de personne à Personne avec la divinité ; nous ne sommes plus serviteurs mais amis.

Le christocentrisme n’est rien de moins que le lieu de la théologie fondamentale ; s’il y a dans le mot fondement l’idée d’immuabilité de la vérité – ce qui est juste – cela n’implique pas une fixation de la science théologique "Il faut ici préciser, que très souvent durant ces quarante décennies des écoles théologiques crurent bon de publier des articles en les popularisant alors qu’ils n’étaient adresser qu’à des savants sans même en référer à Rome, ce qui dénota une volonté de provocation et un manque de charité envers les membres du Corps Mystique du Christ qui n’est pas nécessairement formé à ces recherches ni à cette science. L’absence de prudence est toujours une fleur d’orgueil." ; le christocentrisme n’est pas une fin en soi. C’est le cœur vivant de la science de Dieu ce qui implique qu’elle-même est vivante et connaît donc une nécessaire adaptation face aux évolutions sociologiques objectives sans qu’il faille remettre pour autant en question ces mêmes fondements. Qu’on m’explique comment adapter la pastorale qui ne tombe pas sous le coup de l’infaillibilité si la théologie ne l’accompagne pas afin qu’elle demeure bien dans sa mission d’apporter le Salut au monde ?

"Le Christ Seigneur, grand prêtre pris d’entre les hommes a fait du peuple nouveau « un royaume, des prêtres pour Dieu son Père » ; Les baptisés, en effet, par la régénération et l’onction du Saint-Esprit, sont consacrés pour être une demeure spirituelle et un sacerdoce saint, pour offrir, par toutes les activités du chrétien, autant de sacrifices spirituels, et proclamer les merveilles de celui qui des ténèbres les a appelés à son admirable lumière. C’est pourquoi tous les disciples du Christ, persévérant dans la prière et la louange de Dieu, doivent s’offrir en victimes vivantes, saintes, agréables à Dieu, porter témoignage du Christ sur toute la surface de la terre, et rendre raison, sur toute requête, de l’espérance qui est en eux d’une vie éternelle. Le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel ou hiérarchique, bien qu’il y ait entre eux une différence essentielle et non seulement de degré, sont cependant ordonnés l’un à l‘autre : l’un à l‘autre, en effet, chacun selon son mode propre, participent de l’unique sacerdoce du Christ. Celui qui a reçu le sacerdoce ministériel jouit d’un pouvoir sacré pour former et conduire le peuple sacerdotal, pour faire, dans le rôle du Christ, le sacrifice eucharistique et l’offrir à Dieu au nom du peuple tout entier ; les fidèles eux, de par le sacerdoce royal qui est le leur, concourent à l’offrande de l’Eucharistie et exerce leur sacerdoce par la réception des sacrements, la prière et l’action de grâces, le témoignage d’une vie sainte, et par leur renoncement et leur charité effective. (Lumen Gentium C. 2. 10)"

Le sacerdoce commun des fidèles est participation spirituelle et substantielle au sacerdoce ministériel, tous les deux se donnent la légitimité. Ce texte et bien d’autres qui suivront condamne sans nuance les dérives progressistes qui consistent à ôter l’Eucharistie ou du moins à la relativiser de la vie journalière des fidèles en mettant l’accent sur l’action sociale… A quand une pastorale qui intégrera réellement la réalité du sacerdoce commun ? Pour cela, il faut instruire le peuple par des sermons construits sur une véritable pédagogique et surtout, attiser l’appétit de l’âme pour qu’elle recherche la vie d’union avec Jésus-Christ. Il faut que dans chaque diocèse il y ait un centre de formation à la prière intérieure, il faut reprendre l’enseignement des sacrements dans cette perspective. Il faut enfin donner la place aux laïcs, toute leur place mais à leur place sans qu’il puisse s’établir de confusion avec le sacerdoce ordonné. On doit réintroduire le concept du baptisé-pèlerin dans une pastorale réaliste qui doit d’urgence s’ordonner à la vie d’union au Christ Jésus.

20:04 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

30/06/2008

JÉSUS DORT.

Jésus dort. Jésus dort dans la tempête. Si la question pouvait se poser, voilà sans doute un épisode que nous aimerions bien effacer de l’Évangile, pour éviter qu’il ne prenne corps dans nos vies ! Combien de crises avons-nous traversées avec ce sentiment désagréable d’être seuls dans la barque ? Pire, combien de fois n’avons-nous pas éprouvé le sentiment que Jésus nous a abandonné dans la tempête ? Certes, même dans ces moments-là, nous savons bien qu’il est là, puisque la foi nous le dit. Mais l’expérience nous dit aussi que nous ne maîtrisons alors plus rien et que tout semble reposer sur nous seuls. Tirons au moins de cette lecture la consolation de voir les apôtres eux-mêmes déconcertés par ce genre de situation et, par dessus tout, réjouissons-nous que Jésus nous apprenne comment les vivre : dans la foi !

Pourtant, dès le début, les circonstances semblent nous éloigner d’une question strictement liée à la foi. Les apôtres, en effet, avaient la foi pour choisir de monter dans la barque avec Jésus. Ils avaient même une foi grande, qui leur permettait de voir en Jésus, endormi, leur unique sauveur : « Seigneur, sauve-nous, nous sommes perdus ». Voilà d’ailleurs une interpellation qu’il ne faut jamais hésiter à faire nôtre.

Mais la parole de Jésus est très claire : « Pourquoi avoir peur, hommes de peu de foi ? » Jésus reproche manifestement à ses disciples leur manque de foi et, en illustration de sa maîtrise des éléments et des événements, il calme alors la mer et les vents. Comment nous expliquer cette contradiction ? Que notre foi n’est jamais ni assez grande ni assez pure, nous le savons bien… Faut-il vraiment passer par ces frayeurs pour l’apprendre ?

Peut-être la clé de lecture est-elle dans l’interpellation des compagnons de Jésus. Que font-ils ? Ils cherchent à réveiller Jésus… Ils ont perdu la maîtrise des événements et cherchent un moyen de la reprendre (et vite, car le naufrage peut venir avec chaque vague). L’attitude que dénonce Jésus est donc celle qui conduit à donner plus d’importance à ce que nous pouvons faire de notre vie qu’à ce que la foi nous permettrait d’en faire.

La pointe de cet épisode est en effet que ce ne sont pas les disciples qui réveillent Jésus, mais Jésus qui réveille leur foi chancelante ; il était nécessaire qu’il le fasse un jour de grande tempête. Quand les jours nous sourient, nous avons tôt fait de nous attribuer les succès rencontrés ou de nous faire croire que notre réussite est conséquence de notre fidélité au Seigneur. Or la foi ne s’exprime pas dans ces registres. La foi nous permet de nous conduire en enfants de Dieu, elle nous donne de faire une totale confiance à notre Père des Cieux, en toutes circonstances, et à de tout recevoir de lui avec reconnaissance. C’est cette attitude filiale que Jésus nous montre en action et qui lui permet de dormir dans la tempête : il sait que rien ne peut le séparer de l’amour de son Père, il sait que rien ne lui arrivera qui ne pourrait contribuer à son bien.

C’st ainsi que l’interpellation de Jésus nous rejoint. Nous sommes frappés que Jésus dorme alors que les éléments sont déchaînés ; si nous étions entièrement entrés sous le régime de la foi, si nous étions pleinement abandonnés entre les mains du Père, nous nous étonnerions que certains dans cette barque ne parviennent pas trouver le sommeil.

C’est pourquoi Jésus ne calme les éléments qu’une fois la foi des disciples réveillée. Jésus n’est pas là pour rendre service à ceux qui restent au seuil de la vie de foi mais pour bannir la peur qui nous tient éloigné de Dieu. Il nous enseigne que le monde de la peur est celui qui prétend rester hors de Dieu, hors de son atteinte. Mais celui qui s’abandonne à lui connait des jours paisibles.

La démonstration ira plus loin, nous le savons. Cet épisode est une préparation évidente à la Passion, une préparation aux jours où Jésus, en toute confiance malgré la solitude radicale qui écrasera son âme, s’endormira dans la mort, pour se relever bientôt, dominant les forces du mal, glorieux jardinier du paradis restauré.

Que son interpellation de ce jour soit pour nous une occasion de le laisser réveiller notre foi, pour nous apprendre à le laisser diriger notre vie, en toutes circonstances. Là est un des plus beaux secrets du Royaume.

Frère Dominique.

22:03 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

19/06/2008

Ne pas craindre les hommes.


La crainte des hommes n’a jamais sa source en Dieu. D’ailleurs, le dicton populaire va dans le même sens lorsqu’il dit que « la crainte est mauvaise conseillère ». Par contre, l’Esprit de Dieu inspire un esprit de crainte. Y a-t-il là une contradiction ? Au contraire, la crainte spirituelle est celle qui vénère la grandeur de Dieu et reconnaît combien Dieu est à l’origine de toute réalité créée. L’homme se reconnaît dépassé par le mystère de l’amour divin, toujours plus grand. Dieu est bienveillant. Cette crainte libère de toute suffisance orgueilleuse de se croire le maître absolu de sa vie. La crainte des hommes est par contre celle qui engendre la peur, paralyse l’existence, insinue un climat de méfiance ou de suspicion. C’est lorsque cette peur prend une dimension globale à toute la vie humaine qu’elle est vraiment dangereuse et qu’il faut alors la craindre, c’est-à-dire tirer la sonnette d’alarme et la chasser : « Craignez celui qui peut faire périr dans la géhenne l’âme aussi bien que le corps. » Jésus vise ici directement le démon ou les esprits impurs qui sournoisement font douter de la bonté de Dieu et de la beauté de la vie. Il y a ici matière à combattre.

Ne laissons pas la crainte des hommes envahir notre existence et avec perfidie les racines de notre cœur. Pour combattre tout esprit de méfiance, mettons – dans des actes de prière renouvelés – notre confiance en Dieu, source de tout bien, et regardons nos ennemis avec le regard bienveillant de Dieu.

P?re Tanguy Marie
Père Tanguy-Marie
Prêtre de la Cté des Béatitudes
Auteur du livre : La parole, don de Vie, EDB, 2006

 



 


 

 

 

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18/06/2008

La prière du « Notre Père ».

La prière du « Notre Père » nous invite à lever les yeux vers le Ciel, à porter notre regard vers celui qui est la source et le terme de notre vie : « Notre Père, qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié. Que ton règne vienne ». Quel est le nom de notre Père si ce n’est celui de son Fils, le nom d’un Dieu qui s’est révélé à nous comme notre Seigneur et notre Sauveur. Quel règne appelons-nous de tout notre cœur si ce n’est celui qui est « justice, paix et joie dans l’Esprit-Saint » (cf. Rm 14, 17).

En priant le Père dans le Nom du Fils pour que règne en nous son Esprit, nous nous annonçons à nous-mêmes notre filiation. Car l’Esprit que le Père nous a envoyé fait de nous des fils en son Fils unique. Ainsi, en nous tournant vers notre Dieu à la fois un et Trine, la prière nous filialise et d’une certaine manière nous divinise. Elle appronfondit en nous la grâce de filiation et de sanctification que nous avons reçue le jour de notre baptême. Elle la rend opérante en nous de sorte que par toute notre vie, le Nom de notre Dieu se voit sanctifié et glorifié. Saint Cyprien s’exprime ainsi : « Qui pourrait sanctifier Dieu puisque lui-même sanctifie ? Mais nous inspirant de cette parole : ‘Soyez saints parce que Moi Je suis Saint’ (Lv 11, 44), nous demandons que, sanctifiés par le baptême, nous persévérions dans ce que nous avons commencé à être. Et cela, nous le demandons tous les jours, car nous fautons quotidiennement et nous devons purifier nos péchés par une purification sans cesse reprise […]. Nous recourons donc à la prière pour que demeure en nous cette sainteté. » (Dom. Orat. 12)

C’est alors comme des fils, vivants de sa vie même, que nous pouvons implorer le Père pour que sa volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Un véritable fils garde toujours unie sa volonté à celle de son Père qui l’aime. Et il n’a pas d’autre plus grand désir que de voir la volonté de ce dernier se réaliser. La volonté de notre Père du ciel c’est « que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Tm 2, 3-4). Ainsi, par notre prière, nous demandons à notre Père de nous garder avec lui dans une communion de volonté pour collaborer à son œuvre de salut pour la vie du monde.

Cette attitude filiale se prolonge par celle d’un abandon confiant en la Providence de celui qui est au-delà de toute bonté : « Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour. » Ce pain, c’est le pain matériel nécessaire pour vivre dont personne, en sa qualité de fils de Dieu, ne peut se voir privé. Le mot « épiousios » (en grec), qui pris dans un sens temporel nous ramène à la confiance en l’« aujourd’hui » de la Providence divine, signifie « sur-essentiel » s’il est pris dans un sens qualitatif. Il nous renvoie alors au Pain vivifiant de la grâce qui nourrit nos âmes et conserve en nous l’opération de ses dons, Pain dont nous nous rassasions à chaque Eucharistie.

Cette vie divine accueillie nous transforme. Elle nous introduit dans la loi de réconciliation : « Remets-nous nos dettes, comme nous les avons remises nous-mêmes à ceux qui nous devaient. » La prière nous conduit jusqu’au pardon en nous configurant au Fils dont les paroles sur la Croix résonnent encore à nos oreilles : « Père pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ».
Si nous nous laissons conduire à l’exercice de la miséricorde, non seulement nous recevrons le pardon de nos fautes mais nous vaincrons aussi la loi du péché. Saint Maxime le Confesseur nous dit : « Celui qui n’a pas parfaitement pardonné à ceux qui l’offensent et qui n’a pas offert à Dieu son cœur pur de toute tristesse, illuminé par la lumière de la réconciliation avec le prochain, manquera la grâce des biens pour lesquels il a prié et, sera livré à la tentation du malin. »
La prière filiale en nous conduisant au pardon nous libère de la tentation du démon. En pardonnant à nos ennemis, nous témoignons que Dieu est vraiment notre Père par grâce. Nous manifestons que nous n’avons pas pour père le malin qui veut nous asservir à la loi mortifère du péché mais que nous sommes les fils du Très-Haut qui dispense la vie éternelle à ceux qui l’aiment.

« Seigneur Esprit Saint, transforme-nous en fils du Père à l’image du Fils unique. Approfondis en nous chaque jour davantage la grâce de filiation et de sanctification que nous avons reçue le jour de notre baptême. Unis notre volonté à celle du Père, que nous puissions communier et collaborer à son désir de salut pour tout être humain. »

Frère Elie.

21:06 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

15/06/2008

« La moisson est abondante »

« Jésus, voyant les foules, eut pitié d’elles - littéralement « il est pris aux entrailles » - parce qu’elles étaient fatiguées et abattues, comme des brebis sans berger ». Qui ne se reconnait dans cette image ? L’expression « temps ordinaire » - dans lequel nous sommes entrés depuis quelques semaines - suggère la grisaille quotidienne, la monotonie d’une vie qui pèse de tout le poids des soucis, des épreuves et des souffrances, qui sont notre lot quotidien. A cela s’ajoute que nous avons tous fait la triste expérience de n’être « capables de rien », sinon de retomber sans cesse dans nos mêmes ornières…
A vue humaine, il y aurait vraiment de quoi se décourager ; et le nombre impressionnant et sans cesse croissant de suicides, vient tristement confirmer ce constat d’impuissance : nous sommes incapables de donner un sens à cette vie qui bien trop souvent nous accable. D’où tirerions-nous la force de l’espérance ? Si nous le pouvions, il y a longtemps que notre humanité se serait arrachée à sa médiocrité.

C’est sur l’horizon de ce triste constat, que le cri des témoins de l’Evangile prend tout son sens et devient vraiment « Bonne Nouvelle ».
Non : Dieu n’est pas absent de cette caravane humaine qui s’étire dans l’histoire, traînant la même lassitude, reproduisant les mêmes erreurs, tombant dans les mêmes égarements, générations après générations.
Nous le croyons en effet, Jésus est le Bon Berger (Jn 10) qui, au temps fixé par Dieu, a donné sa vie pour les pécheurs que nous sommes (cf. 2nd lect.). Il nous a ouvert le chemin vers le Père et nous a même rendus participants de sa vie (cf. 2 P 1, 4). Notre-Seigneur nous a arraché à nos Egypte, nos terres d’aliénation, et il nous en arrachera autant de fois que nous retomberons, nous portant comme sur les ailes d’un aigle, pour nous amener jusqu’à lui (cf. 1ère lect.).
« Oui le Seigneur est bon, éternel est son amour, sa fidélité demeure d’âge en âge » (Ps 99) : tel est bien le cœur du message que Jésus nous a confié, et dont nous avons d’abord à vivre nous-mêmes, afin de pouvoir en devenir les témoins crédibles.
« La moisson est abondante » : elle s’étend à tous les hommes sans exception, car tous sont aimés du Père, qui veut en faire « un royaume de prêtres, une nation Sainte » (2nd lect.). Le rassemblement de toutes les nations soul la houlette du Messie fait partie des signes de l’avènement du Royaume eschatologique. Jésus est le Pasteur universel (cf. Jn 10, 16) accrédité pour cette œuvre grandiose ; mais il a voulu y associer tous ceux qui sont appelés à bénéficier de son salut ; à commencer par le peuple élu, car « les dons et l’appel de Dieu sont sans repentance » (Rm 11, 29). C’est donc vers « les brebis perdues d’Israël » que Notre-Seigneur envoie en priorité les douze Apôtres, pour préparer la mission universelle, qui sera le fruit du mystère pascal. Alors le temps sera venu où le Christ ressuscité enverra ses disciples vers « les autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie » (Jn 10, 16) : « Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples. Et moi je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28, 18-20).
Cependant, sans attendre l’Ascension, « Jésus appela ses douze disciples et les envoya en mission ». Notre-Seigneur invite dès à présent ses amis - c'est-à-dire ceux à qui il a fait connaître tout ce qu’il avait appris de son Père (Jn 15, 15) - à se mettre inconditionnellement au service de la libération et de la croissance de la vie de leurs frères. Les pouvoirs que Jésus donne à ses Apôtres - expulser les esprits mauvais et guérir toute maladie et toute infirmité - découlent par anticipation de la Croix glorieuse, sur laquelle triomphera le Prince de la vie. Ces dons nous révèlent le visage de tendresse de notre Dieu et le sens de sa Passion prochaine : son seul souci est que nous ayons la vie et que nous l’ayons en abondance.
La séquence des œuvres à accomplir au nom du Seigneur nous invite à une lecture symbolique : une interprétation littérale aurait exigé en effet de mettre le pouvoir de ressusciter les morts en exergue, alors que Jésus ne le cite qu’en seconde position, entre celui de guérir les malades et de purifier les lépreux. La structure symétrique du verset fait comprendre que Jésus nous envoie guérir la lèpre du péché et ramener à la vie ceux qui sont esclaves du démon. Tels sont en effet les signes de l’avènement du Royaume eschatologique, dont nous avons à proclamer la proximité.
« Vous avez reçu gratuitement (le pardon) : donnez (le) gratuitement ». Avons-nous vraiment conscience à quel point nous sommes débiteurs de Dieu ? Nous ne pourrons vivre en chrétiens, c'est-à-dire dans la logique du pardon, que dans la mesure où nous gardons mémoire de la Passion bienheureuse de Notre-Seigneur, qui nous purifie du péché et nous arrache à la mort spirituelle à laquelle il conduit. C’est pourquoi nous sommes invités à « établir notre camp juste en face de la montagne » (1ère lect.) sur laquelle « Dieu nous a réconciliés avec lui par la mort de son Fils quand nous étions encore ses ennemis », donnant « la preuve » définitive de son amour, de sa miséricorde qui nous sauve.
Enracinés dans la certitude de la fidélité de Dieu, nous serons alors disponibles pour la mission que le Seigneur nous confie à nous aussi : « Proclamez que le Royaume des cieux est tout proche », en faisant le bien sans compter.

« Père, dans cette Eucharistie tu nous fais entendre ta voix et tu renouvelles pour nous ton Alliance (cf. 1ère lect.) ; donne nous de trouver dans ce mémorial de la Passion de ton Fils, l’assurance de ton amour indéfectible et la force d’y répondre généreusement. Nous te prions, toi “le Maître de la moisson, d’envoyer des ouvriers pour ta moisson” afin que ta grâce se répande sur “la terre entière”, et qu’avec tous les hommes nos frères, nous devenions pour toi “un royaume de prêtres, une nation sainte” (cf. Ibid.), te “servant dans l’allégresse” et te louant par nos “chants de joie” (cf. Ps 99).


Père Joseph-Marie.

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09/06/2008

SOMMES-NOUS LE SEL DE LA TERRE ?

Le sel n’est pas que le condiment qui relève la saveur des aliments : il est aussi ce qui les conserve. Avant l’apparition des frigos, on enduisait les denrées périssables de sel pour ralentir leur dégradation inévitable. Plus radicalement encore : le sel a rapport à la vie ; il fait partie des aliments indispensables. Il suffit de se rappeler la « marche du sel » entreprise par Gandhi, pour prendre conscience de son importance vitale.
Mais pourquoi Jésus précise-t-il : « vous êtes le sel de la terre » ? Renseignements pris, il semble qu’en Palestine, on ajoutait du sel au fumier pour servir d’engrais. Cette expression signifierait donc que le disciple est la condition de la fécondité de la terre, entendons : du monde. Le chrétien possèderait une sagesse qui seule peut féconder les efforts des hommes en les orientant vers Dieu. Sagesse discrète, sans éclat, car le sel, tout comme le levain, demeure invisible. Sagesse discrète également quant à sa quantité : les aliments trop salés sont franchement immangeables. Le sel est donc un serviteur qui doit savoir se tenir à sa place, même si son ministère est indispensable. Il est au service des aliments qu’il conserve et dont il relève le goût, et plus radicalement encore : au service de la vie, dont il est un élément irremplaçable. Lorsque Jésus affirme : « Vous êtes le sel de la terre », il nous invite à nous mettre au service, discret et efficace, de nos frères, afin qu’ils puissent jouir de la vie que Dieu leur donne.
Essayons de préciser ce ministère ; notre verset fait immédiatement suite aux Béatitudes, en particulier celle des persécutés qui clôture la liste. Tout porte dès lors à penser que la sagesse dont il est question est celle de la Croix glorieuse. Sans cette sagesse qui ouvre sur l’espérance de la vie éternelle, les efforts que nous déployons en cette vie demeurent stériles et vains, car tout est emporté par la mort qui survient à son heure. Ce qui empêche les hommes de savourer la vie, c’est la peur de la mort qui couvre chaque jour de son voile de deuil. Mais pour celui qui est initié au mystère de Pâques, la vie est libérée de cette angoisse qui la stérilise. Etre sel de la terre signifie donc être témoin de l’espérance pascale au cœur d’un monde qui occulte la mort précisément parce qu’elle lui rappelle le caractère éphémère de la vie.
Il est évidemment impossible que le sel s’affadisse ; pourtant Jésus suggère que le chrétien, lui, puisse perdre sa sagesse : devant les persécutions, il peut apostasier, choisir de prolonger sa vie dans ce monde plutôt que de tout miser sur le Royaume à venir. Un tel disciple perdrait sa saveur, c'est-à-dire ne servirait plus à rien, il deviendrait insignifiant pour les hommes. Et la présentation que Jésus en fait semble bien suggérer que c’est la pire des choses qui puisse lui arriver.
Sévère avertissement qu’il nous faut bien entendre : le chrétien affadit est le chrétien tiède qui accepte les compromissions avec le monde, se coule dans la mentalité du temps et démissionne de sa mission ; celui qui, pour éviter toute critique, raillerie ou questionnement, évite soigneusement de reconnaître son appartenance au Christ et de vivre les valeurs évangéliques proclamées dans les Béatitudes.
« Vous êtes le sel de la terre et la lumière du monde. » Si le sel se mêle aux aliments de manière invisible, la lumière, elle, ne se cache pas : elle se montre. Jésus précise d’ailleurs que cette lumière, se sont les bonnes œuvres que nous accomplirons devant les hommes, et qui conduisent à « rendre gloire à votre Père qui est aux cieux ». C’est la première occurrence de l’expression « votre Père » sur les lèvres de Jésus. Notre témoignage discret, mais savoureux et lumineux de l’espérance pascale, a pour mission principale de rappeler aux hommes que leur vie ne trouvera pleinement son sens que dans la reconnaissance de la paternité divine, et l’accueil de la vie immortelle qu’il offre dans l’Esprit à ceux qui s’unissent par la foi à son Fils unique.

« “Seigneur, tu as mis à part tes fidèles” (Ps 4), non pas pour les isoler du monde, mais pour “faire briller sur eux ton visage”, afin que par toute leur vie, ils soient une vivante réponse à ceux qui demandent : “Qui nous fera voir le bonheur ?” (Ibid.) Donne-nous de nous établir fermement “dans la confiance”, sûrs que “la jarre de farine” de ta Parole “ne s’épuisera pas, et que le vase d’huile” de ton Esprit Saint “ne se videra pas, ainsi que tu nous l’as annoncé” par la bouche d’Elie ton prophète (cf. 1ère lect.). »


Père Joseph-Marie.

18:05 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

26/05/2008

Comme une provocation par un monde trop lié à lui-même, trop replié sur lui-même.

Face à l’exigence d’abandonner tous ses biens pour recevoir en partage la vie éternelle, le jeune homme riche vient de s’en aller. Pierre se tourne alors vers Jésus : « Voici que nous, nous avons tout laissé et nous t’avons suivi ». Autrement dit : ‘Seigneur, pour nous, la vie éternelle est assurée puisque nous avons renoncé à tout ce que nous possédions pour te suivre !’

Il est vrai que pour s’engager à la suite de Jésus les premiers disciples ont consenti à un véritable détachement d’avec leur milieu familial et professionnel. Mais, la vie éternelle est un don, une grâce. Pour l’obtenir, il ne s’agit donc pas d’accomplir des choses extraordinaires mais de recevoir et d’accepter tout ce qui est donné.
Jésus le montre bien lorsqu’en réponse au détachement, il promet de donner exactement les mêmes choses et, qui plus est, au centuple : « En vérité, je vous le dis, nul n’aura laissé maison, frères, sœurs, mère, père, enfants ou champs à cause de moi et à cause de l’évangile, qui ne reçoive le centuple dès maintenant, au temps présent, en maison, frères, sœurs, mères, enfants et champs, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle ».

S’agirait-il de laisser tout ce que nous possédons, les personnes qui nous sont les plus chères, pour les recevoir du Seigneur dans le cadre de nouvelles relations, transformées par sa grâce ?
En fait, ce qui nous prive de la vie éternelle ce ne sont pas tant nos biens que les relations que nous entretenons à leur égard. Trop souvent, nous croyons qu’ils sont le fruit de notre seul mérite et que nous avons des droits sur eux alors qu’ils sont d’abord et avant tout un don de Dieu.

Entrer dans un tel détachement « à cause de Jésus et de l’évangile » ne pourra être perçu que comme une provocation par un monde trop lié à lui-même, trop replié sur lui-même. Sa réaction ? La persécution qui pour Jésus n’est pas de l’ordre de la possibilité mais bien de la réalité. La persécution nous permettra de vérifier notre fidélité dans notre marche à la suite du Christ. Dans ce contexte, elle ne se présentera pas comme un obstacle mais comme le lieu où nous pourrons éprouver de façon anticipée la puissance transformante de la Résurrection qui nous donne part à la vie même de Dieu.

Suivre Jésus, provoque un renversement des valeurs qui conduit au détachement du monde et débouche sur des persécutions. Mais cela donne aussi d’entrer dès ici-bas dans le Royaume de Dieu dont on ne s’empare pas à la force du poignet. Les derniers mots de Jésus dans notre péricope le rappellent comme pour insister : « Beaucoup de premiers seront derniers et les derniers seront premiers ».

« Seigneur, ne permets pas que l’héritage que tu nous réserves nous échappe à cause d’un attachement désordonné aux biens de ce monde qui passe ou par la peur des épreuves destinées à purifier notre foi. Mais accorde-nous, tout au long de notre route ici-bas, de garder les yeux fixés sur toi qui est à l’origine et au terme de notre foi, afin de te saisir, toi l’objet de la promesse, comme nous avons nous-mêmes été saisi par toi (cf. Ph 3, 12-14). »

Frère Elie.

19:20 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

16/05/2008

LE MYSTÈRE DE LA TRINITÉ.

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Le mystère de la Trinité est un des trois principaux mystères de la foi chrétienne - avec le mystère de l’incarnation et celui de la rédemption. C’est le mystère le plus englobant, celui qui nous révèle l’origine et la fin de toutes choses ; mais nous ne pouvons nous élever à une telle hauteur qu’en nous appuyant sur les deux autres. Car tout ce que nous affirmons de Dieu, nous l’apprenons de son Fils Jésus Christ. « Dieu » est un concept philosophique qui désigne, dans toutes les cultures, la Cause première et ultime, celle qui par définition est au-delà de tout, et demeure par conséquent inconnaissable, ineffable. Mais sorti de ces généralités sur lesquelles les avis convergent, les différences entre les conceptions du divin vont s’accumuler au point de conduire à des doctrines totalement incompatibles entre elles. Ce qui prouve bien que l’homme est incapable de remonter à la Source par ses propres efforts.
C’est pourquoi Dieu lui-même est sorti de son silence et est venu au-devant de nos efforts pour nous révéler son identité. Dans un premier temps, par le ministère des hagiographes de la première alliance, il affirme à la fois sa transcendance et son caractère personnel. Dieu ne se confond pas avec la nature ; les puissances qui s’y manifestent ne sont pas divines : la puissance et la sagesse que l’on contemple dans ce monde témoignent de la toute-puissance et de la suprême sagesse du Créateur, qui donne à chaque instant « la vie, le mouvement et l’être » à tout ce qui existe. En outre, le Dieu transcendant n’est pas une Energie impersonnelle : il a créé l’homme afin d’engager un dialogue avec lui ; en vue de l’alliance d’amour qu’il voulait sceller avec lui, il l’avait doté d’intelligence, de volonté et de libre disposition de soi. Lorsque Dieu révèle aux hommes son Nom, ce n’est pas sa puissance qu’il met en avant, ni même sa justice, mais sa tendresse et sa miséricorde : « Le Seigneur, Dieu tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de fidélité ».
Mais que signifient ces concepts lorsqu’ils sont attribués à Dieu ? Certes nous pressentons ce qu’est la tendresse humaine, mais comment pouvons-nous imaginer ce qu’est la tendresse divine ? Dieu n’est pas tendre comme l’homme, mais comme Dieu seul peut l’être. Il est la source ineffable de toute tendresse, miséricorde, de tout amour. A nouveau nous buttons sur les limites du langage humain qui, lorsqu’il parle de Dieu, ne peut être qu’analogique. C’est pourquoi « à la plénitude des temps » (Ga 4, 4), Dieu s’est adressé aux hommes non plus par la médiation des prophètes, mais immédiatement, face à face. Il n’a plus mis sa Parole dans le cœur et sur les lèvres des hagiographes, mais « sa Parole s’est faite chair, elle a habité parmi nous » (cf. Jn 1, 14). Il est venu « marcher au milieu de nous », comme le lui demandait Moïse son serviteur, afin « de pardonner nos fautes et nos péchés, et faire de nous un peuple qui lui appartienne ».
Ainsi après avoir affirmé son absolue transcendance, Dieu nous révélait en son Fils son ineffable proximité. En Jésus, vrai Dieu et vrai homme, nous voyons pleinement réalisé le dessein d’amour de Dieu sur sa créature de prédilection. Dès les origines Dieu nous a créés pour que nous « devenions participants de sa nature divine » (2 P 1, 4), pour que nous vivions de sa propre vie et participions à sa béatitude. Comme le disaient les Pères de l’Eglise : Dieu s’est fait homme pour que l’homme puisse devenir dieu par participation à la divinité de son Fils unique.
Tout cela est cependant tellement grand, que nous aurions du mal à entrer dans ce mystère si Dieu ne venait pas à notre secours : « Nul ne peut dire : “Jésus est Seigneur” sans l’Esprit Saint » (1 Co 12, 3). Jésus lui-même nous a envoyé d’auprès du Père l’Esprit Saint, chargé de nous introduire dans la vérité tout entière. Lui seul peut nous faire découvrir dans la croix « la folie d’amour de Dieu qui est plus sage que l’homme, et la faiblesse de Dieu qui est plus forte que l’homme » (1 Co 1, 25). C’est à sa lumière que tout s’éclaire et que nous découvrons, émerveillés, que « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle ». L’Esprit Saint est notre pédagogue divin qui nous achemine patiemment vers la découverte de « la largeur, la longueur, la profondeur de l’amour du Christ, qui surpasse tout ce qu’on peut connaître », c’est en lui que « nous serons comblés jusqu’à entrer dans la plénitude de Dieu » (Ep 3, 18-19). C’est encore en lui que nous pouvons donner notre réponse fidèle, unissant notre prière à celle de Jésus pour « crier vers le Père en l’appelant : “Abba !” (Rm 8, 15).
Seule la révélation de notre destinée de gloire peut donner sens à notre vie. Non nous ne sommes pas le fruit des caprices du hasard et de la nécessité ; nous sommes créés par un Dieu d’amour qui veut nous « combler de sa bénédiction spirituelle en Jésus Christ » (Ep 1, 5) en qui « nous avons accès auprès du Père dans un seul Esprit ; en lui nous sommes devenus citoyens du peuple saint, membres de la famille de Dieu » (Ep 2, 18-19). Telle est notre espérance et la source de notre joie. C’est pour nous encourager à persévérer sur le chemin du Christ qui nous conduit au Père que nous nous rassemblons chaque dimanche. « Que le Dieu de notre Seigneur Jésus Christ, le Père dans sa gloire, nous donne un esprit de sagesse pour le découvrir et le connaître vraiment. Qu’il ouvre nos cœurs à sa lumière, pour nous faire comprendre l’espérance que donne son appel, la gloire sans prix de l’héritage que nous partageons avec les fidèles » (Ep 1, 17-18).

« Dieu notre Père, tu as envoyé dans le monde ta Parole de vérité et ton Esprit de sainteté pour révéler aux hommes ton admirable mystère. Donne-nous de professer la vraie foi en reconnaissant la gloire de l’éternelle Trinité, et en adorant son Unité toute-puissante. »


Père Joseph-Marie;

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15/05/2008

Solennité de la Trinité.



©DR

Dieu est amour, c’est pourquoi seul l’amour est digne de foi. Dieu est éternellement amour en raison même de l’amour entre le Père, le Fils et l’Esprit Saint, Trinité d’amour où la communion entre les personnes divines est la plus forte, au-delà de toute mesure compréhensible. Dieu est amour parce qu’il nous a tout donné en livrant son Fils pour le salut du monde. Il n’a pas hésité à tout perdre – donner son fils unique – pour que les hommes aient la vie éternelle. Dieu est amour parce qu’il a créé des hommes libres afin que, librement, ils puissent lui répondre amour pour amour. Dieu est amour parce qu’il nous donne son Esprit d’amour – la beauté de sa présence – qui sanctifie toute vie humaine de l’intensité et de la surabondance de la vie divine. Dieu est amour, car depuis toujours il marche auprès de son peuple et l’accompagne sur le dur chemin de la vie des hommes : il habite de sa présence l’Église, sacrement en Jésus du salut du monde. Dieu est amour lorsque l’amour préside aux relations humaines et que les hommes et les femmes sont entre eux de vrais frères et sœurs dans le Christ.

Dieu est amour parce qu’en lui nous sommes des fils. « Et la preuve que nous sommes des fils, c’est que Dieu a envoyé dans nos cœurs son Fils qui crie : Père. » Que notre foi dans le Dieu trois Saint s’accorde à l’amour que nous avons pour lui et les uns pour les autres.

P?re Tanguy Marie
Père Tanguy-Marie
Prêtre de la Cté des Béatitudes
Auteur du livre : La parole, don de Vie, EDB, 2006

12:18 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |