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04/10/2007

La vie après la mort, espérance du chrétien.

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Bruno ayant un petit coup de fatigue.

Dieu a créé l’homme pour qu’il soit heureux sur la terre et aussi, plus tard, dans le ciel. Cet essai est une courte réflexion sur la nouveauté que suppose la doctrine chrétienne face à la réalité de la mort.


Un sens de nouveauté parcourt l’Évangile tout entier, depuis l’Annonce faite à la Vierge Marie jusqu’à la Résurrection du Seigneur. Le Nouveau Testament parle de différentes façons d’un nouveau commencement pour l’humanité. Le mot même d’« évangile » signifie justement cela : la « bonne nouvelle ». Dès le début de son ministère public, le Christ annonce ouvertement l’accomplissement des temps et la venue du Royaume de Dieu : Le temps est accompli et le Royaume de Dieu est tout proche : repentez-vous et croyez à l’Évangile [1]. Or, cela ne signifie pas que le Seigneur souhaite tout changer. Il n’est pas un révolutionnaire ou un illuminé. En fait, par exemple, pour parler de l’indissolubilité du mariage, il prend comme point de départ ce que Dieu a fait à l’origine, lorsqu’il créa l’homme et la femme [2]. C’est pourquoi il a déclaré : N’allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir [3] ; et, à plusieurs reprises, il ordonna aux disciples d’accomplir fidèlement les commandements que Moïse avait communiqués au peuple de la part de Dieu.

Cependant, dans la prédication du Seigneur il y a, sans aucun doute, un air nouveau, libérateur. D’un côté, la doctrine de Jésus développe des éléments déjà présents dans l’Ancien Testament, tels que la droiture d’intention, le pardon ou la nécessité d’aimer tous les hommes sans restriction, en particulier les pauvres et les pécheurs. En lui se réalise l’accomplissement des anciennes promesses que Dieu a faites aux prophètes. D’un autre côté, l’appel du Seigneur s’adresse de façon radicale et péremptoire non seulement à un peuple, mais à tous les hommes, qu’il appelle un par un.

La nouveauté de la présence et de l’action de Jésus-Christ se perçoit aussi d’une autre façon, déconcertante à première vue : beaucoup d’hommes l’ont rejeté. Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas accueilli [4], dit saint Jean. Ce rejet de la part des hommes met encore davantage en relief, si c’est possible, le caractère inconditionnel du don du Seigneur et de sa charité envers l’humanité. En plus, ce rejet l’a conduit tout droit à la mort sur la Croix, librement acceptée, sacrifice unique et définitif, source salvifique pour tous les hommes.

Or, Dieu a été fidèle à sa promesse et la puissance du mal n’a pas pu éteindre la générosité divine de Jésus, comme la Résurrection l’a manifesté. La force salvifique que Dieu a introduite dans le monde par l’Incarnation de son Fils et surtout par sa Résurrection, est la nouveauté absolue, universelle et permanente. Cela se voit dès le début de la prédication apostolique : avec une joie débordante, les apôtres proclament dans toute la Judée, dans l’Empire romain et dans le monde entier que Jésus est ressuscité ; que le monde pouvait changer, que chaque femme, chaque homme pouvait changer ; que nous n’étions plus soumis à la loi du péché et de la mort éternelle. Le Christ, assis à la droite du Père, dit : Voici, je fais l’univers nouveau [5]. Dans le Christ, Dieu a pris d’une façon nouvelle les brides du monde et de l’histoire humaine, plongés dans le péché, pour les conduire à leur réalisation plénière. Malgré toutes les difficultés que les chrétiens de la première heure ont rencontrées, ils regardaient vers l’avenir avec espérance et optimisme. Et ils transmettaient sans cesse leur foi à toutes les personnes qui se trouvaient auprès d’eux.

La nouveauté de la vie éternelle après la mort

Dans le monde païen il était fréquent de considérer l’avenir comme une simple réplique du passé. Le cosmos existait depuis toujours et, à l’intérieur des grandes mutations cycliques, il demeurerait pour toujours. Selon le mythe de l’éternel retour, tout ce qui s’est produit dans le passé se reproduira dans le futur. Dans ce contexte anthropologico-religieux, l’homme ne pouvait se sauver qu’en sortant de la matière, dans une sorte d’extase spirituelle, séparé de la chair ; ou en vivant dans ce monde, comme saint Paul le disait, sans peur ni espérance [6]. Dans les premiers siècles du christianisme, les païens s’en tiennent à une éthique plus ou moins droite ; ils croient en Dieu ou dans les dieux et ils leur adressent un culte assidu, en quête de protection et de réconfort ; mais ils n’ont pas l’espérance certaine d’un avenir heureux. La mort n’était qu’une rupture brutale, un non-sens.

D’un autre côté, la volonté de vivre pour toujours est profonde chez l’homme, comme le montrent les philosophes, les littérateurs, les artistes, les poètes et, de façon éminente, ceux qui s’aiment. L’homme aspire à perdurer. Ce désir se manifeste de multiples manières : dans les projets humains, dans la volonté d’avoir des enfants, dans le désir d’influer sur la vie d’autres personnes, d’être reconnu et de rester dans la mémoire des gens ; dans tout cela, on peut deviner la tension humaine vers l’éternité. Il en est qui pensent à l’immortalité de l’âme ; il en est qui comprennent l’immortalité comme une réincarnation ; il en est enfin qui, devant le fait certain de la mort, décident de mettre en œuvre tous les moyens pour obtenir le bien-être matériel ou la reconnaissance sociale : des biens qui ne seront jamais suffisants, parce qu’ils ne rassasient pas, parce qu’ils ne dépendent pas que de notre propre volonté. En cela le christianisme est réaliste, car il sait que la mort est le terme de tous les rêves vains de l’homme.

Au milieu du dilemme de la mort et de l’immortalité, le chrétien a la certitude que Dieu lui a donné la vie en le créant à son image et selon sa ressemblance [7]. Il sait que lorsqu’il éprouve l’angoisse de la mort qui approche, le Christ agit en lui, transformant ses peines et sa mort en une force corédemptrice. Et il est sûr que Jésus lui-même, qu’il a servi, imité et aimé, l’accueillera au Ciel, le comblant de gloire après sa mort. La grande et joyeuse vérité de la foi chrétienne est que, par la foi dans le Christ, l’homme peut surclasser largement le dernier ennemi [8], la mort, et s’ouvrir à la vision perpétuelle de Dieu et à la résurrection de son corps à la fin des temps, lorsque toutes les choses se seront accomplies dans le Christ.

La vie ne finit pas ici bas ; nous sommes sûrs que le sacrifice caché et le don de soi généreux ont un sens et une récompense qui, par la miséricorde magnanime de Dieu, vont bien au-delà de ce que l’homme pourrait attendre avec ses seules forces. Si parfois la pensée de notre sœur la mort t’inquiète, parce que tu te sens si peu de chose, prends courage et pense en toi-même : que sera ce Ciel qui nous attend, lorsque toute la beauté et la grandeur, toute la félicité et l’Amour infinis de Dieu se déverseront dans ce pauvre vase d’argile qu’est la créature humaine, et l’assouviront éternellement, avec la constante nouveauté d’un nouveau bonheur ? [9]

Dans le temps présent

S’il est certain que la nouveauté chrétienne concerne principalement l’autre vie, l’au-delà, l’Église enseigne aussi que la nouveauté de la Résurrection du Christ est déjà présente, d’une certaine façon, sur la terre. Quelle que soit la durée de l’univers tel que nous le connaissons, nous sommes déjà « dans les derniers temps », sûrs que le monde a été racheté, puisque le Christ a vaincu le péché, la mort, le démon.

Le Royaume de Dieu est au milieu de vous [10] ; au milieu, non seulement comme une présence extérieure, mais aussi au-dedans du croyant, dans l’âme en état de grâce, d’une présence réelle, actuelle, efficace, bien que pas encore tout à fait visible et complète. « Nous voilà donc déjà parvenus à la fin des temps (cf. 1 Co 10, 11) ; le renouvellement de l’univers est irrévocablement établi et, en un certain sens, il a vraiment commencé dès ici-bas. Dès ici-bas l’Église est, en effet, auréolée d’une sainteté véritable, si imparfaite qu’elle soit. […] Nous sommes appelés fils de Dieu et en vérité nous le sommes (cf. 1 Jn 3, 1) ; mais nous n’avons pas encore paru avec le Christ, dans la gloire (cf. Col 3, 4). C’est là que nous serons semblables à Dieu, car nous le verrons tel qu’il est (cf. 1 Jn 3, 2) » [11].

L’Église est dépositaire sur la terre de cette présence anticipée du Royaume de Dieu ; elle avance dans son pèlerinage terrestre. Cependant, tout le pouvoir salvifique de Dieu agit déjà d’une certaine manière dans le siècle présent, grâce à la Parole révélée et aux sacrements, spécialement celui de l’Eucharistie. Un pouvoir salvifique qui se manifeste aussi dans la vie sainte des chrétiens qui vivent dans le monde, sans être mondains [12]. Le chrétien est, face au monde et dans le monde, alter Christus, ipse Christus, un autre Christ, le Christ lui-même : ainsi s’établit une certaine polarité dans la vie de l’Église et de chaque croyant entre le déjà et le pas encore, entre le moment présent — occasion d’accueillir la grâce — et la plénitude finale ; tension qui a beaucoup de conséquences pour la vie du chrétien et pour la compréhension du monde.

Le chrétien vit abîmé en Dieu et pour Dieu et s’efforce de communiquer les biens divins aux autres hommes. Dans la vie future, la grâce, ou la vie surnaturelle, se transformera en gloire, et l’homme atteindra une immortalité complète lors de la résurrections des morts. En revanche, dans la vie présente, l’existence humaine, même si elle est déjà perfectionnée par la grâce, garde ses lois propres, qui doivent s’appliquer dans les différents domaines : personnel, familial, social et politique. La vie surnaturelle accueille, perfectionne et conduit à sa plénitude la nature, sans l’annuler ni s’y substituer.

Une autre conséquence de cette tension s’exprime dans la notion chrétienne du temps et de l’histoire. Pour la pensée païenne, presque toujours fataliste, les événements de l’histoire étaient prévus et déterminés d’avance par le fatum, le destin. Le temps passait, intouchable et imperturbable, en spectateur muet et passif, encadré dans le flux de l’histoire. Mais le temps chrétien n’est pas seulement le temps qui passe ; c’est l’espace créé par Dieu pour la croissance et le progrès, pour l’histoire et la rédemption. Dieu agit par sa Providence dans le temps, pour conduire le monde et l’histoire vers leur plénitude.

Le Seigneur a voulu compter sur la réponse intelligente et libre des hommes, sur les prières des saints et les bonnes actions de beaucoup, pour influer sur le cours des événements. Étant son image, les hommes peuvent changer l’histoire : dans certains cas pour le pire, comme dans le cas du péché d’Adam et d’Ève ; mais, surtout, d’une manière positive, en participant activement à la réalisation du dessein divin, précisément parce que l’événement le plus important et efficace, celui qui a fait prendre au monde le tournant le plus radical, a été l’Incarnation du Fils de Dieu. C’est pourquoi la collaboration humaine la plus profonde et durable aux plans divins pour changer le cours de l’histoire a été celle de la Sainte Vierge, lorsqu’elle accueillit le Fils de Dieu dans son sein, par un fiat ! résolu.

Les chrétiens vivent dans le monde conscients de leurs péchés et de ceux d’autrui, mais convaincus que la meilleure façon de profiter du temps est de servir Dieu, pour améliorer le monde qu’il nous a confié. D’une certaine manière, le monde est façonné par l’homme, il est humanisé. La tension eschatologique devient patente dans la Providence divine, toujours présente dans la vie de l’Église et de chaque chrétien. « La création a sa bonté et sa perfection propres, mais elle n’est pas sortie tout achevée des mains du Créateur. Elle est créée « en état de voie » (in statu viæ) vers une perfection ultime encore à atteindre, à laquelle Dieu l’a destinée. Nous appelons divine providence les dispositions par lesquelles Dieu conduit sa création vers cette perfection. » [13] Le Seigneur n’a pas tout fait, jusqu’au dernier détail, dès le début. Petit à petit, en comptant sur la collaboration intelligente et persévérante des créatures, il les fait avancer, toutes et chacune, vers leur but. Comme nous l’avons vu, le pouvoir salvifique de Dieu se rend normalement présent dans la vie de l’homme de façon cachée et intérieure ; de façon analogue, la Providence divine agit doucement et simplement, non seulement dans les grands événements, mais aussi en ceux qui, en apparence, sont plus petits. C’est pourquoi le Seigneur invite à une confiance pleine : Ne vous inquiétez donc pas en disant : Qu’allons-nous manger ? Qu’allons-nous boire ? De quoi allons-nous nous vêtir ? Ce sont là toutes choses dont les païens sont en quête. Or votre Père céleste sait que vous avez besoin de tout cela. Cherchez d’abord son Royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît [14].

Dieu — expliquait saint Josémaria—, qui est la beauté, la grandeur, la sagesse, nous annonce que nous sommes siens, que nous avons été choisis comme terme de son amour infini. Quelle vie de foi il faut avoir pour ne pas dénaturer cette merveille que la Providence divine met entre nos mains ! Une foi comme celle des Rois Mages : la conviction que ni le désert, ni les tempêtes, ni la tranquillité des oasis ne nous empêcheront de parvenir à ce Bethléem éternel qu’est la vie définitive avec Dieu [15].

Depuis le début de son existence terrestre, le Seigneur a comblé celle qui serait la Mère de son Fils d’une abondance extraordinaire de dons, humains et surnaturels. Conçue sans le péché originel, elle est comblée de grâce [16]. Tout au long de sa vie, au milieu d’un nombre sans fin d’épreuves et d’obscurités, elle a vécu héroïquement sa foi, en fortifiant par son exemple les premiers disciples. À la fin de sa vie, exempte de tout péché, elle fut élevée au ciel corps et âme, pour participer à jamais, comme Reine des anges et de toute la création, à la gloire du Seigneur. En elle, la promesse divine de conduire les hommes à la gloire s’est pleinement accomplie. C’est pourquoi la Sainte Vierge est pour chaque homme spes nostra, phare qui nous éclaire et cause de notre espérance.

[1]              . Mc 1, 15.

[2]              . Cf. Mt 19, 3-9 ; Gn 2, 24.

[3]              . Mt 5, 17.

[4]              . Jn 1, 11.

[5]              . Ap 21, 5.

[6]              . Cf. 1 Th 4, 13 ; Ep 2, 12.

[7]               [7]. Cf. Gn 1, 27.

[8]               [8]. 1 Co 15, 26.

[9]              . Saint Josémaria, Sillon, n° 891.

[10]            . Lc 17, 21.

[11]            . Concile Vatican II, Const. dogm. Lumen gentium, n° 48.

[12]            . Cf. Jn 17, 14.

[13]            . Catéchisme de l’Église Catholique n° 302.

[14]            . Mt 6, 31-33.

[15]            . Quand le Christ passe, n° 32.

[16]            . Lc 1, 28.

 

21:20 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

LE VÉRITABLE TÉMOIN.

 

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En nous rapportant l’envoi en mission des soixante-douze disciples choisis par Jésus, l’évangile nous invite à méditer sur l’identité du disciple et les exigences qui lui sont liées.

Le nombre « soixante-douze » n’est pas sans nous rappeler les soixante-douze nations de Genèse 11 qui peuplent l’ensemble de la terre. A travers les soixante-douze disciples, c’est donc l’universalité du salut mais aussi l’universalité de l’appel du Seigneur à porter ce salut que nous sommes invités à discerner.

Le Seigneur nous redit donc dans ce passage d’évangile que tous, d’une manière ou d’une autre, nous sommes appelés à être des disciples porteurs de la Bonne Nouvelle.
Mais qu’est-ce qu’être disciple ? La première chose que Jésus demande à ceux qu’il vient de choisir comme tel c’est de prier le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson. Etonnant… La première mission des disciples n’est pas de partir « tambour battant » proclamer l’évangile mais de prier le Père d’envoyer d’autres disciples à leurs côtés. Quelle leçon d’humilité ! Jésus invite ces hommes à reconnaître le besoin d’avoir des frères pour les aider dans leur ministère.

Etre conscient de ne pas être essentiel, de ne pouvoir répondre à tout. Voilà peut-être bien ce qui doit, avant toute chose, habiter le cœur d’un disciple. Ce dernier pourra alors découvrir que ce qu’il réalise ou met en œuvre ne vient pas d’abord de lui mais est don de Dieu. A cette seule condition, il portera un fruit qui demeure.
Et le premier fruit qu’il est appelé à porter, c’est « la paix ». Le disciple aura beau enseigner les choses les plus savantes sur Dieu, s’il ne porte pas la paix à ceux vers qui le Christ l’envoie, il passera à côté de l’essentiel de sa mission. Car la paix est le don premier que le Christ ressuscité fait aux hommes. C’est en elle que s’opère leur réconciliation. « La Paix soit avec vous » dit Jésus à ses disciples lorsqu’il leur apparaît « le soir du premier jour de la semaine » (Cf. Jn 20, 19). La paix est un don offert aux hommes par le Seigneur ressuscité et elle est le fruit de la vie nouvelle inaugurée par sa résurrection. Ce don, les disciples sont appelés tout particulièrement à le conserver et à le faire fructifier avec maturité et responsabilité.

Un autre point fondamental que Jésus révèle au disciple est qu’il est envoyé comme une brebis au milieu des loups. Evangéliser n’est pas une sinécure. A un autre endroit de l’évangile, Jésus dira que le disciple n’est pas au-dessus du maître. Il est appelé à la même destinée, à boire à la même coupe, à faire de toute sa vie une offrande vivante et aimante pour le salut du monde. N’est-ce pas le témoignage que nous donnent tous ceux qui souffrent la persécution parce qu’ils osent proclamer la vérité de l’évangile, tous ceux qui vont jusqu’à verser leur sang pour le Seigneur ? Oui, la croix est vraiment l’unique gloire du disciple ! Acceptée avec amour « pour le règne de Dieu », elle est le signe de la victoire de Dieu sur le mal, la mort et le péché. Pour l’intelligence, cela est incompréhensible. Aux yeux de chair, cela demeure invisible. Il n’y a ici que l’abandon dans la foi qui permette d’entrer dans ce mystère. Voilà sans doute pourquoi Jésus invite ses disciples à la plus grande pauvreté afin qu’ils n’aient de cesse de se dépouiller d’eux-mêmes pour laisser toujours davantage vivre en eux et à travers eux celui qu’ils annoncent.

« Seigneur fais de nous de véritables témoins de la paix pour notre temps. Notre monde est en feu. Il a faim et soif de paix, d’espérance et d’amour. Ton désir de porter le salut à tout homme ne saurait attendre. Seigneur, nous voici. Envoie-nous et fais-nous la grâce de demeurer en ton Nom afin que tu puisses agir en nous et à travers nous. »

Frère Elie.

19:55 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

01/10/2007

Saints Anges gardiens.

En ce jour où l’Eglise nous invite à faire mémoire des anges gardiens, il est important de nous rappeler que le Christ est le centre du monde angélique. Les anges sont à Lui parce que créés par et pour Lui : « Car c'est en lui qu'ont été créées toutes choses, dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles: trônes, seigneuries, principautés, puissances; tout a été créé par lui et pour lui » (Col 1,16). Ils sont à Lui plus encore parce qu'Il les a faits messagers de son dessein de salut. Le salut, voilà ce que les anges nous annoncent et ce vers quoi ils ont la mission de nous conduire. Dans son Adversus Eunomium, saint Basile nous dit que : « Chaque fidèle a à ses côtés un ange comme protecteur et pasteur pour le conduire à la vie. »

Les anges sont ceux que Dieu a envoyés pour nous guider jusque dans la véritable Terre Promise, sa nature et sa vie divine dont il désire nous rendre participants. Nous touchons ici la mission propre des anges gardiens que nous retrouvons exposée également dans la première lecture de ce jour (Ex 23, 20-23a) : « Je vais envoyer un ange devant toi pour te garder en chemin et te faire parvenir au lieu que je t'ai préparé ».

Pour atteindre cette Terre Promise du Royaume de Dieu, il s’agit d’écouter notre ange gardien qui se fait l’écho auprès de nous de la Parole de Dieu, de la Parole du Verbe, qui annonce et accomplit notre salut dans la mesure où nous l’accueillons et la laissons œuvrer en nous : « Respecte sa présence, écoute sa voix. Ne lui résiste pas : il ne te pardonnerait pas ta révolte, car mon Nom est en lui. Mais si tu lui obéis parfaitement, si tu fais tout ce que je dirai, je serai l'ennemi de tes ennemis, je poursuivrai tes persécuteurs. Mon ange marchera devant toi. » (Cf. 1ère lecture)
Nous trouvons à nouveau le lien entre le Christ et le monde angélique. Grégoire de Nysse disait : « Le véritable ‘ange’ c’est le Fils, le Logos (le Verbe) qui était dans le principe, en tant que c’est Lui qui annonce et réalise pour nous la volonté du Père, à savoir notre salut. »

Notre ange gardien nous remet sans cesse en mémoire ce à quoi nous sommes appelés. C’est en ce sens là qu’il nous garde durant notre pèlerinage terrestre. Cet office, il l’accomplit d’abord et avant tout par le service de louange et d’adoration qu’il rend à Dieu, lui qui, comme nous le rappelle Jésus dans l’évangile, voit sans cesse la face du Père qui est aux cieux (Mt 18, 10).
En effet, l’homme est créé pour louer et adorer Dieu. Les dernières pages du livre de l’Apocalypse nous rappelle que tout le bonheur du ciel – et donc le salut réalisé – c’est d’être devant Dieu, de le bénir, de le louer, d’entrer dans l’adoration : « De malédiction, il n'y en aura plus; le trône de Dieu et de l'Agneau sera dressé dans la ville, et les serviteurs de Dieu l'adoreront; ils verront sa face, et son nom sera sur leurs fronts. De nuit, il n'y en aura plus ; ils se passeront de lampe ou de soleil pour s'éclairer, car le Seigneur Dieu répandra sur eux sa lumière, et ils régneront pour les siècles des siècles. » (Ap 22, 3-5) Puisse notre Ange nous garder dans la louange et l’adoration de notre Dieu. Saint Augustin disait : « Notre exercice ici-bas, ce doit être la louange de Dieu, car notre bonheur dans l’éternité, ce sera la louange de Dieu. Nul ne peut devenir propre à cet avenir, s’il ne s’y exerce dès maintenant. C’est bien pourquoi, dès aujourd’hui, nous louons Dieu. »

« O saint Ange de Dieu […], je vous rends grâces de ce que vous m’assistez si fidèlement, me protégez si constamment, me défendez si puissamment contre les attaques de l’ange des ténèbres. Bénie soit l’heure depuis laquelle vous travaillez à mon salut ; que le Cœur de Jésus rempli d’amour pour ses enfants, vous en récompense. O mon ange tutélaire, que j’ai de regret de mes résistances à vos inspirations, de mon peu de respect pour votre sainte présence, de tant de fautes par lesquelles je vous ai contristé, vous mon meilleur, mon plus fidèle ami. Pardonnez-moi ; ne cessez pas de m’éclairer, de me guider, de me reprendre. Ne m’abandonnez pas un seul instant, jusqu’à celui qui sera le dernier de ma vie ; et qu’alors mon âme, portée sur vos ailes, trouve miséricorde auprès de son juge, et la paix éternelle parmi les élus. Amen. » (Sainte Gertrude)

Frère Elie.

19:26 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

29/09/2007

POURQUOI TANT D'INDIFFÉRENCES ?

« Cet homme, c’est toi » (2 Sm 12, 7). Ces paroles par lesquelles le prophète Nathan accuse le roi David, pourraient fort bien m’être attribuées à moi, qui me scandalise devant l’indifférence de ce mauvais riche faisant bombance, tout en ignorant le pauvre Lazare, mendiant sur le pas de sa porte. Comme David qui se scandalisait du comportement de ce riche propriétaire égorgeant l’agnelle du pauvre pour épargner son cheptel, alors que lui-même venait de prendre la femme de Uri le Hittite, ainsi moi aussi je me fais l’accusateur des riches de ce monde, en refusant de voir que j’en fais partie. « Esprit faux ! Enlève d’abord la poutre de ton œil, alors tu verras clair pour retirer la paille qui est dans l’œil de ton frère » (Lc 6, 42). Ne faisons-nous pas partie de « ceux qui vivent bien tranquilles et se croient en sécurité » (1ère lect.) alors que tant de nos frères sont aux aboies, tourmentés par la faim, la maladie, le dénuement ; pourchassés sur les routes de l’exil, exposés à toutes sortes de violence ? Nous sommes tellement habitués au spectacle de la misère du monde, que nous finissons par la regarder de loin, de très loin ; en tout cas d’assez loin pour ne pas en être dérangés.
En disant cela je ne cherche pas du tout à culpabiliser qui que ce soit ; d’ailleurs je parle à la première personne, et si nous sommes tant soit peu honnêtes, nous n’aurons nulle peine à nous reconnaître dans ce comportement qui affecte globalement la grande majorité des pays occidentaux, croyants et non-croyants confondus.
Pourtant nous savons fort bien que cette inertie nous accuse : « le Seigneur », lui, « protège l’étranger ; il soutient la veuve et l’orphelin ; il fait justice aux opprimés ; aux affamés il donne le pain » (Ps 145). C’est-à-dire qu’il attend de nous que nous lui permettions d’accomplir ces œuvres élémentaires de compassion, en nous rendant disponibles à son Esprit de charité. Jésus nous a enseigné - et nous a surtout montré - le comportement de Dieu à notre égard : c’est par compassion pour notre misère que le Verbe a pris chair de notre chair ; « lui qui était riche, il est devenu pauvre à cause de nous, pour que nous devenions riches par sa pauvreté » (2 Co 8, 9). Aussi notre vraie richesse est-elle de consentir à nous appauvrir pour nos frères, comme lui, le Christ, l’a fait pour nous.
Certes, nous avons aussi à veiller avec prudence sur l’avenir de notre famille, de notre prochain le plus proche ; mais « il ne s’agit pas de nous mettre dans la gêne en soulageant les autres, nous rassure saint Paul. Il s’agit d’égalité, ce que nous avons en trop compensera ce que d’autres ont en moins. Quand on y met tout son cœur on est accepté pour ce que l’on a, peu importe ce que l’on a pas » (2 Co 8, 12-14).
Dimanche passé Notre-Seigneur nous donnait ce conseil : « Faites-vous des amis avec l’Argent trompeur afin que le jour où il ne sera plus là ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles » (Lc 16, 9). La parabole de ce jour, qui n’est distante que de quelques versets de la péricope de la semaine passée, pourrait bien être une mise en application de ce précepte : si le riche avait vécu la dimension de partage qui s’imposait au nom de la simple humanité du pauvre Lazare, ce dernier l’aurait accueilli dans le sein d’Abraham. Son indifférence - ou plutôt son égoïsme - entraine le riche vers le bas, et cette inertie perdure au-delà de la mort : « on l’enterra » ; alors que rien ne s’oppose à l’élévation de Lazare emporté par les anges dans les hauteurs célestes.
Il ne s’agit pas de faire l’apologie de la misère, ni de diaboliser la richesse, mais de mettre notre condition de vie quelle qu’elle soit dans la perspective de notre destinée éternelle, à savoir la participation à la vie même du Dieu d’amour. Lorsque saint Jean de la Croix annonce de façon lapidaire qu’au soir de notre vie nous serons jugés sur l’amour, il entend dire par là que nous n’emporterons avec nous que nos actes de charité. « Amor meus, pondus meus » disait également saint Augustin : mon « poids » dans la balance du jugement divin sera mon amour, c’est-à-dire les bonnes œuvres que j’aurai accomplies avec l’aide de la grâce. C’est également ce que nous enseigne saint Paul dans la seconde lecture : si nous prétendons être des « hommes de Dieu » il nous faut « vivre dans la foi et l’amour » c’est-à-dire dans « une foi vivante par la charité » (Ga 5, 6) ; car « la foi qui n’agit pas est bel et bien morte » (Jc 2, 26).
Notre-Seigneur n’a jamais prétendu que ce chemin était facile : dans les versets qui font la transition entre l’Évangile de dimanche passé et celui d’aujourd’hui, il nous invite tout au contraire à « employer toute notre force pour entrer dans le Royaume » (Lc 16, 16) ; c’est donc qu’il faut faire un effort pour vaincre l’inertie de notre égoïsme. Saint Paul parle même d’un combat : « Continue à bien te battre pour la foi et tu obtiendras la vie éternelle » (2nd lect.). Réveillons-nous donc de nos torpeurs. Certes nous ne pouvons pas apporter soulagement à toutes les souffrances du monde - d’ailleurs le Seigneur ne nous le demande pas. Mais nous sommes invités à chercher activement le pauvre Lazare qui est « couché à notre porte, couvert de plaies » - les plaies des maladies physiques, mais aussi des épreuves morales ou spirituelles. Nous avons tous reçu de quoi partager avec des frères plus démunis, qui nous permettent de faire fructifier les dons de Dieu au soleil de son amour.
Puissions-nous oser sortir de nous-mêmes, de nos isolements protectionnistes, et nous exposer aux besoins de nos frères : ce sera le plus beau témoignage que nous puissions rendre à la résurrection de Notre-Seigneur, qui par nous pourra ainsi continuer son ministère de compassion et étendre son Royaume.


« Seigneur qui donne la preuve suprême de ta puissance lorsque tu patientes, prends pitié de nos lourdeurs, de nos indifférences, de nos égoïsmes. Accorde-nous ta grâce pour que nous découvrions qu’« il y a plus de joie à donner qu’à recevoir » (Ac 20, 35). En nous hâtant ainsi sur le chemin de la charité nous parviendrons au bonheur du ciel par Jésus, le Christ, notre Seigneur. »


Père Joseph-Marie.

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LA RÉALITÉ DES ANGES.

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  Saints Michel, Gabriel et Raphaël, archanges  


La réalité des anges, créatures spirituelles, est un donné évangélique. La révélation biblique au sujet des anges s’éclaire progressivement avec celle de Jésus. En lisant attentivement l’évangile, nous découvrons dans ces créatures non pas des expressions de la divinité, comme le voudrait un syncrétisme religieux toujours plus actuel, mais des créatures au service de Dieu pour notre salut.

Jésus lie en effet explicitement les anges avec sa Révélation et son Mystère si bien que nous ne pouvons pas comprendre ce que sont les anges en dehors de notre foi dans le Christ.
« Vous verrez les cieux ouverts, avec les anges de Dieu qui montent et descendent au –dessus du Fils de l’Homme » (Cf. Evangile). A Nathanaël, Jésus se révèle comme le Fils de l’Homme, exprimant ainsi simultanément - en référence à Dn 7, 13 - sa divinité et son humanité. La nouveauté de l’Incarnation rédemptrice réside en ceci que les cieux se sont ouverts, que le Verbe de Dieu qui demeure dans le sein du Père s’est fait chair, qu’il a planté sa tente parmi nous (Jn 1, 14).
Ce mystère porte son fruit de vie au matin de Pâques lorsque se réalise notre restauration dans l’amitié divine annoncée dans le ciel ouvert par Jésus au moment de son Incarnation.
Ce sont les anges qui sont les premiers à passer à travers cette frontière qui avant Jésus était infranchissable pour l’homme se révélant ainsi messagers de notre salut accompli dans le Verbe de Dieu fait chair. De l’Annonciation, en passant par la Nativité, nous les retrouvons à la Résurrection et ce seront encore eux qui nous annonceront le retour glorieux de notre Seigneur lorsqu’il « viendra dans sa gloire, et tous les Anges avec lui, pour siéger sur son trône de gloire » (Mt 25, 31).

Ce salut, les anges nous aident aussi à l’accueillir en chacune de nos vies. Car s’il a été accompli dans la mort et la résurrection de notre Seigneur, il demande à être actualisé en chacun de nous.
Les anges combattent avec nous afin que ne prévale pas la logique mortifère de l’antique serpent tel qu’il nous est décrit dans le livre de l’Apocalypse et que nous ne tombions pas dans les embûches insidieuses qu’il nous tend.

Dans ce service de la réalisation du dessein divin de notre salut, saint Michel, saint Gabriel et saint Raphaël, que nous fêtons aujourd’hui, tiennent une place toute particulière. Chaque fois qu’il est besoin d’un déploiement de force, c’est Michel qui est envoyé à notre secours. Gabriel, quant à lui, nous aide à ne pas oublier Celui qui est venu comme le Dieu des armées, le vaillant des combats, pour nous arracher aux ténèbres de la mort et du péché. Et si par malheur l’Ennemi venait à nous blesser, Raphaël vient nous soigner et nous guérir tout comme il le fit pour les yeux de Tobie.

« Seigneur, dans ta sagesse admirable, tu assignes leurs fonctions aux anges et aux hommes : fais que nous soyons protégés sur cette terre par ceux qui dans le ciel servent toujours devant ta face » (Collecte de la fête de ce jour).

Frère Elie.

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23/09/2007

L'ARGENT TROMPEUR.

Nous sommes sous le règne du roi Jéroboam II (787-747), une époque qui ne sera jamais aussi prospère pour le peuple d’Israël dans le Royaume du Nord. Les récoltes sont bonnes, pas d’ennemis pour venir les piller. Le commerce avec les Phéniciens va bon train et l’on assiste à un enrichissement sensible du Royaume. Mais arrive ce qui se produit souvent dans ce genre de situation : les riches s’enrichissent et les pauvres s’appauvrissent.

C’est alors que le Seigneur suscite parmi son peuple un prophète, Amos, pour dénoncer, comme nous le rapporte la première lecture de ce dimanche, la gangrène de l’injustice sociale qui est en train de gagner tout le pays. Le riche, accaparé par le souci de son profit matériel, à savoir le gain de la vente de son blé et de son froment, ne prête même plus attention à celui qui est la source de tout bien et qu’il célèbre le jour du sabbat. Il est tellement obsédé par cela qu’il est prêt aux pires escroqueries pour gagner le plus d’argent possible et ce même si cela doit conduire ses débiteurs à la ruine et à la servitude. Amos s’insurge. Comment Dieu pourrait-il cautionner des intentions aussi désolantes de la part de ses enfants, lui qui, « de la poussière relève le faible et retire le pauvre de la cendre pour qu’il siège parmi les princes, parmi les princes de son peuple » ! (Cf. Psaume)

La dénonciation par Amos du désir de l’argent qui aveugle et conduit à l’oubli de Dieu et à l’élimination de ses frères, se retrouve chez Jésus qui affirme : « Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’Argent ». Paroles claires, percutantes, qui terminent l’évangile de ce jour et qui ne laissent place à aucune ambiguïté dans l’interprétation.
Pourtant, Jésus ne vient-il pas de faire l’éloge d’un gérant trompeur à travers la parabole qu’il vient de raconter ? Comment Jésus peut-il bien vanter un homme malhonnête ? Et que dire de son invitation à nous faire des amis avec l’Argent trompeur ? N’y a-t-il pas ici une contradiction ? Avouons que cette parabole a quelque chose de déroutant.
Toutefois, il ne faudrait peut-être pas trop vite juger de la moralité de notre Seigneur. N’oublions pas le genre littéraire de cette histoire, la parabole, dont le but premier est de piquer la curiosité – et « ce qui déroute » fait partie des moyens utilisés à cette fin - pour inviter à chercher à travers analogies et métaphores le véritable sens du récit. Autrement dit, il s’agit ici de bien lire pour se laisser conduire.

Et que lisons-nous ? « Ce gérant trompeur, le maître fit son éloge » et non : « La tromperie de ce gérant, le maître fit son éloge ». Et Jésus d’expliciter : « Effectivement, il s’était montré habile… Eh bien moi, je vous le dis : Faites-vous des amis avec l’Argent trompeur, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles ».
En fait, Jésus fait l’éloge de l’habilité de cet homme. L’exemple de ce gérant n’est donc pas dans sa malhonnêteté mais dans son attitude vis-à-vis de ses débiteurs. Que fait cet homme ? Il se dessaisit de l’Argent trompeur en remettant à ses débiteurs pour se faire des amis. Plutôt que de se révolter contre la décision du maître, il préfère remettre et entrer dans une logique de miséricorde, en espérant qu’à son tour il lui sera fait miséricorde.

Nous aurons compris que, dans cet évangile, l’« Argent » désigne les biens dont nous disposons. Jésus nous invite donc à entrer dans la logique divine du don, du partage et de la miséricorde. Les biens de ce monde nous sont confiés par le Seigneur. Si nous nous montrons dignes de cette « confiance » dans l’usage habile que nous en faisons alors nous sera confié le bien véritable : « Si vous n’avez pas été digne de confiance avec l’Argent trompeur, qui vous confiera le bien véritable ? ». Jésus nous rappelle donc que nous n’avons pas à chercher notre bien véritable dans les biens de ce monde.

Et quel est ce bien véritable ? Saint Paul nous le montre, dans la deuxième lecture, lorsqu’il nous invite à porter le salut des âmes comme un souci permanent de notre être de chrétien. S’il nous exhorte à intercéder pour ceux qui assument des responsabilités dans le monde n’est-ce pas pour qu’ils ne perdent jamais de vue la finalité ultime de toute action humaine : conduire à Dieu, à celui qui est la plénitude de la vérité ? Celui qui prie en levant les mains vers le ciel, sans colère et sans esprit de rivalité ou de jalousie, ne découvre-t-il pas que la richesse de la grâce divine qu’il reçoit par la médiation de Jésus-Christ est l’unique Bien auquel tout autre bien est relatif ?

C’est ce Bien là, à savoir notre participation à la vie divine, que nous devons viser en usant habilement des biens que Dieu nous confie, y compris celui, spirituel, d’une prière de foi et d’espérance (Cf. Deuxième lecture). Comment ? En les partageant. C’est bien là le seul pouvoir que nous ayons sur eux : les partager jusqu’à donner même ce que l’on n’a pas et qui nous reviendrait de droit.

« Seigneur, fais-nous la grâce d’entrer toujours plus profondément dans la logique de la miséricorde et du partage. C’est le seul chemin qui nous permettra de parvenir jusqu’à toi, le Bien qui dépasse tous les autres biens. Nous en avons tous fait l’expérience, si nous n’usons pas des biens que tu nous confies en vue du service de la charité, ils ne tardent pas à s’imposer à nous en maîtres. Aujourd’hui, tu insistes pour nous dire : ‘Aucun domestique ne peut servir deux maîtres : ou bien il détestera le premier, et aimera le second ; ou bien, il s’attachera au premier, et méprisera le second. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’Argent.’ Puissions-nous accueillir ces paroles que tu nous adresses comme un encouragement à te choisir comme le sens et la finalité de tout ce que nous vivons. »

Frère Elie.

20:05 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

19/09/2007

LA VIE APRÈS LA MORT.

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Entretien avec Bernard Sesboüé.Ce théologien jésuite s'est imposé par ses travaux sur l'oecuménisme, la christologie, la rédemption. Il est l'auteur notamment de "La resurrection et la vie. Petite catéchèse sur les choses de la fin" (DDB)


Comment la pensée biblique en est-elle venue à élaborer l'espérance de la résurrection ?
P. Bernard Sesboüé : Dans la croyance primitive, le grand bien de l'homme, c'est la vie, et la mort apparaît comme la catastrophe. Pourtant, tout n'est pas fini avec elle. À la mort, l'homme va au "shéol" ­ ou «enfers», équivalent juif de l'"hadès" des Grecs ­, c'est-à-dire un lieu de ténèbres, de poussière et de silence. Une sorte de prison avec des portes, où des ombres mènent une vie extrêmement pâlote, semblable à un triste sommeil. Ce "shéol" n'est pas un lieu de punition, c'est un lieu d'oubli, un lieu où l'homme ne peut plus connaître Dieu. De même que le corps se dégrade, de même le souffle de vie s'exténue dans un sommeil privé de tout bonheur. Cette conception a peu à peu évolué sous une triple poussée. L'amour, d'abord : le peuple juif veut vivre sans interruption et sans fin avec Dieu. La justice, ensuite : le "shéol" nivelle définitivement tous les humains, quelles qu'aient été leurs actions, ce qui fait scandale au regard de la justice de Dieu et contredit l'espérance des martyrs. La vie, enfin : le Dieu de la vie est plus fort que la mort. Ce parcours représente des étapes que nous avons nous aussi à parcourir quelle que soit la force de notre foi, depuis la perception du scandale de la mort et l'expérience souffrante de la séparation qui semble si proche de la tombée dans le néant, jusqu'à la prise en compte de notre espérance d'une vie au delà de cette vie, espérance qui habite tout homme au plus profond de lui-même.

­ Quel nouveau seuil est franchi par le Nouveau Testament ?
­ Jésus annonce la venue du Royaume de Dieu. Il proclame les Béatitudes, charte de ce Royaume, et raconte des paraboles afin de permettre à chacun de se convertir à la Bonne nouvelle. Mais il ne fait pas que parler. Il agit. Le Royaume qu'il annonce, il l'inaugure par sa présence et par ses gestes. Il guérit les malades et ressuscite les morts : le fils de la veuve de Naïm, la fille de Jaïre, Lazare. À la question : "En quoi consiste le Royaume de Dieu  ?", il apporte ainsi une réponse simple : ceux qui y croient reviennent à la vie. Jésus lui-même a traversé l'épreuve de la mort. Mais il en a changé le sens en aimant les siens jusqu'au bout. Sa mort a été une "mort pour nous". Il a donné sa vie pour nous donner la vie. Avec sa résurrection, nous arrivons au coeur du message chrétien sur l'homme et son salut

­ Que signifie la résurrection de Christ ?
­ D'abord, un premier constat : le tombeau est trouvé ouvert et vide. Le corps de Jésus a disparu. Second constat : en ressuscitant, Jésus n'est pas revenu à son état de vie antérieur. Il se donne à voir d'une manière soudaine et gratuite qui échappe aux lois de notre espace et de notre temps. Mais il n'est ni un esprit, ni un pur fantôme : la résurrection concerne la totalité de sa personne, y compris son corps mortel. Ces points sont d'une importance décisive pour nous, car la résurrection de Jésus est en quelque sorte la parabole en acte de ce que doit être notre résurrection. Tel il est ressuscité, tel nous ressusciterons.

­ Comment les morts ressuscitent-ils ? Avec quel corps ?
­ Saint Paul (1 Co 15) fait une comparaison : celle de la graine minuscule qui meurt, se dissout dans le sol, avant de donner naissance au corps tout nouveau de la plante. Pour Paul et ses contemporains, complètement ignorants du processus biologique qui fait passer de l'une à l'autre, il s'agit proprement d'un miracle. Autrement dit, après une transformation radicale, l'être corporel concret donne naissance au corps "spirituel", glorieux et céleste. Sur la lancée de Paul, et en tenant compte de toutes les données de la philosophie, de l'anthropologie et de la théologie contemporaines, nous pouvons tenter de définir le passage au corps ressuscité. Nous savons que le corps ne peut être réduit ni à ses éléments psysico-chimiques, ni à une réalité organique et biologique. Il est ce en quoi et par quoi l'homme reçoit et vit une existence personnelle, exerce et manifeste sa liberté dans son rapport à lui-même, aux autres, à Dieu. C'est dans et par son corps que l'homme entre en communication avec les autres et avec lui-même, qu'il aime, souffre, travaille, éprouve joie et plaisir. Le corps, c'est donc nous-mêmes. L'annonce de la résurrection de la chair, que nous proclamons dans le credo, signifie que l'homme sera sauvé dans tout ce qu'il est. Il y aura continuité, et discontinuité : continuité de notre identité, discontinuité puisqu'il y aura la brisure de la mort. Le corps ressuscité sera libéré de toutes les contraintes et nécessités naturelles qui le rendaient périssable.

­ Peut-on avoir une représentation de ce corps ressuscité ?
­ À strictement parler, non, parce qu'un tel corps échappe radicalement au monde de nos représentations terrestres. Nous pouvons nous servir des apparitions de Jésus ressuscité pour en saisir quelques caractéristiques. Nous pouvons aussi penser à des moments privilégiés de notre vie, instants de grâce où notre corps semble déjà presque spiritualisé : c'est l'expérience mystique chez les saints, c'est l'expérience des moments les plus intenses de l'amour ; c'est l'expérience faite lorsque l'on fait corps par exemple avec une symphonie de Beethoven, ou que la beauté nous arrache à nous-mêmes.

­ Quand la résurrection se produit-elle ?
­ La réponse à cette question tient dans un paradoxe : nous devons dire à la fois que les morts sont déjà ressuscités et qu'ils ne le sont pas encore. En d'autres termes : ils vivent une première résurrection, qui demeure incomplète tant que l'humanité entière n'est pas parvenue à la résurrection plénière qui aura lieu lors du retour du Christ. La résurrection est une lente genèse, mais aussi un processus dynamique qui se développe entre la résurrection de Jésus au matin de Pâques et sa seconde venue dans la gloire à la fin des temps. De ce paradoxe, le mystère de Jésus lui-même peut nous donner une idée. Lui aussi a connu le temps intermédiaire du séjour de son corps au tombeau. Sa résurrection n'a été complète que lorsque le signe concret nous en a été donné : grâce à l'événement de Pâques, Jésus reprend contact et retrouve la communication avec les siens. Il achève de fonder son Église et rend possibles les sacrements, qui supposent un contact entre son corps glorifié et nos corps encore mortels.

­ Sommes-nous tous appelés à ressusciter ?
­ Il suffit de regarder avec courage notre vie pour découvrir tout ce que nous cachons aux autres. Nous sommes souvent incapables de porter le poids de la vérité. Or, le monde de Dieu est celui de la lumière et de la transparence, et nous ne pouvons y entrer sans devenir nous-mêmes transparents et lumineux. La nécessité du purgatoire vient de là, et non pas d'une volonté arbitraire de Dieu. Le purgatoire est un processus de purification. S'il y a souffrance, c'est celle d'un amour encore ligoté. Le choc de la rencontre de Dieu est un feu dévorant. Ne parlons-nous pas nous-mêmes du regret de nos fautes comme d'une brûlure ? Paradoxalement, cette souffrance est aussi une joie, la joie d'entrer dans la lumière et dans la vie. Le purgatoire n'est donc pas un châtiment. Il est au contraire l'expression de la grande patience de Dieu, qui maintient jusque dans l'au-delà la possibilité de notre conversion totale à l'amour.

­ Peut-on faire l'économie de l'enfer ?
­ Au point de départ, il y a la certitude la plus inébranlable de notre foi : Dieu est amour. Nous ne pouvons penser l'hypothèse de l'enfer en-dehors de cette lumière. Rien, dans les textes du Nouveau Testament, ne contredit cette affirmation. L'essentiel du message de Jésus est un avertissement, une mise en garde. Mais l'homme peut vouloir ne pas aimer. C'est cette possibilité qu'énonce l'idée d'un enfer. L'enfer est une possibilité réelle pour chacun d'entre nous, si notre liberté refuse Dieu de manière définitive. Mais cela ne nous enlève pas l'espérance que tous les hommes soient sauvés, selon le dessein universel de Dieu.

­ À quoi ressemble l'au-delà ?
­ Nous ne pouvons en parler qu'à travers un réseau d'images. La vie éternelle est présentée sous la forme d'un repas de fête. Ce repas est évoqué dans les paraboles évangéliques comme le repas des noces du Fils avec l'humanité. La métaphore des noces renvoie aux expériences les plus intenses de cette vie d'amour qui sera la nôtre. L'Apocalypse présente aussi le ciel sous la figure d'une liturgie éternelle, vécue autour du trône de Dieu et de l'agneau immolé et glorieux. L'Écriture utilise aussi les images de la Cité Sainte, de la Jérusalem Céleste. Sans doute, la joie du ciel sera le fait d'un amour parfaitement pur et ouvert aux autres dans une communion toujours plus grande des hommes avec Dieu et des hommes entre eux

. ­ Cette représentation idyllique du bonheur promis dans l'au-delà ne risque-t-elle pas de nous faire oublier que le Royaume des cieux est déjà là depuis la venue du Christ ?
­ Nous ne devons jamais oublier que le ciel éternisera tous les actes d'amour et de service que les hommes auront accomplis sur la terre. Cela doit creuser en nous l'appel à oeuvrer pour le salut du monde. La construction de la cité terrestre bâtit la cité céleste. Nous devons être attentifs aux signes ­ si fragiles et si ténus qu'ils soient ­ de l'anticipation du ciel sur terre, partout où des hommes se convertissent, renoncent à leur péché, partout où la justice, la liberté et le respect progressent. Ces signes ne sont que la face visible de cette gestation cachée du Royaume des cieux parmi nous. « Je suis la résurrection et la vie » : cette affirmation du Christ est le signe de cette immense promesse.

­ Beaucoup de personnes, y compris des chrétiens, envisagent la perspective de la réincarnation. En quoi celle-ci est-elle incompatible avec la foi chrétienne ?
­ La réincarnation met en cause l'unité de la personne humaine, en tant qu'elle est un sujet unique et irremplaçable devant Dieu. Elle retombe dans un certain dualisme corps/âme, le premier étant sans valeur, simple habit remplaçable, la seconde se trouvant réduite à un principe changeant de mode d'être à chaque existence et dont le destin final est de se perdre dans le grand tout. Par ailleurs, la réincarnation traduit un mouvement qui va de l'homme vers Dieu. C'est une oeuvre de l'homme, qui cherche sa propre impeccabilité plus que la rencontre avec Dieu. Le christianisme, au contraire, nous annonce un Dieu qui cherche l'homme, qui va à sa rencontre pour l'attirer à lui. Un Dieu qui veut réaliser par sa miséricorde et son amour une communion avec l'homme.

recueilli par Martine de Sauto

12:36 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, action-sociale-chretienne, spiritualite |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

11/09/2007

LES BÉATITUDES.

Les Béatitudes sont la charte de ceux qui sont « morts avec le Christ » et « ressuscités avec lui » (1ère lect.) à la vie nouvelle de l’Esprit : « Par le baptême vous avez été mis au tombeau avec lui. Avec lui vous avez été ressuscités parce que vous avez cru en la force de Dieu qui a ressuscité le Christ d’entre les morts » (Col 2, 12). Si nous avons été mis au tombeau c’est que nous étions morts ; non pas physiquement mais spirituellement : « Vous étiez des morts parce que vous aviez péché ». Si nous sommes ressuscités c’est donc que « Dieu nous a donné la vie avec le Christ : il nous a pardonné tous nos péchés » (Col 2, 13). D’où l’invitation insistante de Paul à entrer dans le combat spirituel afin de ne pas déchoir de la grâce et retomber dans le péché : « Recherchez donc les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. Tendez vers les réalités d’en haut et non pas vers celles de la terre » (1ère lect.).
Nous retrouvons la même tension dans les Béatitudes, que nous pouvons fort bien articuler avec la première lecture : « Malheureux vous les riches, vous qui êtes repus et qui riez » ; vous qui vous complaisez dans « la débauche, l’impureté, les passions, les désirs mauvais » ; vous qui vous laissez dominer par votre « appétit de jouissances » terrestres jusqu’à en oublier le respect, l’obéissance, et l’honneur qui reviennent à Dieu. Oui, malheureux les hommes charnels : « leur dieu c’est leur ventre et ils mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte ; ils ne tendent que vers les choses de la terre et ils vivent en ennemis de la croix du Christ. Ils vont tous à leur perte, je le redis en pleurant » (Ph 3, 18-19).
Mais malheureux aussi les hommes psychiques qui mettent tous leurs efforts à entretenir leur vaine gloire et cherchent à tout prix les louanges des hommes, fût-ce au prix de mensonges. Ils n’hésitent pas à recourir à la « méchanceté, aux insultes, aux propos grossiers » ; à la médisance et à la calomnie pour asseoir leur suprématie et obtenir que « tous les hommes disent du bien d’eux ». Leur douceur et leur humilité apparentes ne sont que de façade : il suffit de les contredire ou de leur résister pour qu’ils s’emportent et laissent éclater leur colère. Pas plus que les hommes charnels, qui s’adonnent à « la débauche, l’impureté, l’obscénité, l’idolâtrie, la sorcellerie, les beuveries, la gloutonnerie », les hommes psychiques n’entreront pas dans le Royaume : « haine, querelles, jalousie, colère, envies, divisions, sectarisme, rivalités et autres choses du même genre : ceux qui agissent de cette manière ne recevront pas en héritage le Royaume de Dieu » (Ga 5, 19-21).
Nous sommes avertis : « voilà ce qui provoque la colère de Dieu » et qu’il nous faut « faire mourir » ; car une vie dans le désordre trahit que nous appartenons encore à la terre alors que par le baptême « notre vie devrait rester cachée avec le Christ en Dieu » (1ère lect.). En attendant que « paraisse le Christ », et en attendant de « paraître avec lui en pleine gloire », ceux qui veulent demeurer « enracinés en lui et construire leur vie sur lui » (Col 2, 7), auront à séjourner en étrangers sur cette terre. Si Jésus les déclare bienheureux ce n’est pas parce qu’ils sont pauvres, affamés et qu’ils pleurent ; mais parce que cette détresse, qui témoigne de leur aspiration à une autre patrie, se transformera en joie. De même, ce n’est pas la haine, l’exclusion, l’insulte, le mépris, que subissent les croyants, qui honorent le Seigneur, mais la fidélité à son Nom - « à cause du Fils de l’homme » - et la communion à son sort. Car la constance dans les persécutions témoignent que le croyant s’est « débarrassé des agissements de l’homme ancien et a revêtu l’homme nouveau, celui que le Créateur refait toujours neuf à son image pour le conduire à la vraie connaissance » (1ère lect.).

« Seigneur, au milieu des multiples sollicitations de ce monde, apprends-nous à garder les yeux fixés sur toi. Donne-nous ton Esprit, que nous puissions reconnaître les pièges de l’Ennemi et renoncer à nos complicités avec ses séductions. Accorde-nous ta patience, ton humilité et ta douceur pour traverser les épreuves de la vie dans la paix, les yeux fixés sur toi qui es la source et le terme de notre appel (cf. Ep 4, 4). »


Père Joseph-Marie.

18:55 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

11/06/2007

LE SEL DE LA TERRE.

C’est un appel pressant qui résonne dans l’évangile de ce jour. Appel pressant adressé par Jésus à ses disciples mais qui nous rejoint, par delà les siècles, dans l’aujourd’hui de notre existence. Ces paroles du Christ font suite à l’évangile des béatitudes. Ce sont donc des paroles de vie qui nous ouvrent au bonheur de la possession de la vie éternelle. D’une certaine manière, elles sont une invitation à choisir la vie, à dire « oui » à la vie de Dieu. Comment ? En accueillant la vérité de ce que nous sommes.

Car, en effet, dans ces paroles de Jésus, c’est bien de notre identité de chrétiens dont il est question : « Vous êtes le sel de la terre… Vous êtes la lumière du monde ». Remarquons que Jésus précise que nous ne sommes pas simplement « sel » et « lumière » mais « le » sel de « la terre » et « la » lumière « du monde ». Ces paroles sont donc celles d’un envoi en mission. Etre et agir chrétien se retrouvent ainsi liés, le second ne se révélant tel que dans la mesure où il découle du premier.
Par l’emploi des articles définis, ces paroles nous révèlent aussi que cette mission de « saler » et d’« illuminer » le monde nous est propre et que personne ne l’accomplira à notre place. Elles nous invitent donc à être responsables de ce que nous sommes en tant que chrétiens.

Revenons sur l’image du sel. Le sel est utilisé pour conserver et maintenir saine la nourriture. Quelle est la nourriture des hommes si ce n’est la présence du Christ dans ses sacrements, sa Parole et dans l’action aimante et miséricordieuse de son Esprit ? C’est donc à nous qu’il revient de garder vive la conscience de la présence du Christ-Sauveur au milieu des hommes, particulièrement dans la célébration de l’Eucharistie, mémorial de sa mort et de sa résurrection glorieuse et dans l’annonce de la puissance de salut qui réside dans son Evangile.

Le sel est aussi ce qui relève le goût et la saveur des aliments. Ainsi, le chrétien est appelé à améliorer la « saveur » de l’histoire des hommes. Cela, il le réalise tout particulièrement en vivant des trois vertus théologales qu’il a reçu le jour de son baptême. Ce qui nous vient de Dieu nous rend toujours plus homme, car toujours plus à son image et à sa ressemblance. Par la foi, l’espérance et la charité, nous sommes donc invités à illuminer et humaniser un monde qui vit dans la nuit de la défiance, du désespoir et de l’indifférence.

La « lumière » que le Christ nous invite à faire resplendir aux yeux de tous signifie que toute notre vie devrait être le reflet de la flamme de l’Esprit Saint dont nous avons reçu la marque au baptême et qui désormais habite en nos cœurs (cf. 2 Co 1, 22). Une flamme naturelle, aussi faible soit-elle, soulève toujours le lourd manteau de la nuit. Combien plus une flamme, nourrie de la grâce même de Dieu, dissipera les ténèbres du mensonge qui donne l’illusion de pouvoir vivre sans Dieu et de la mort qui s’ensuit !

« Seigneur Esprit-Saint, en ces jours qui font suite à la Pentecôte, apprends-nous comment professer notre foi, faire don de notre amour et communiquer notre espérance. Fais de nous le peuple des Béatitudes pour que nous soyons le sel de cette terre et la lumière de ce monde qui a tant besoin de ta grâce qui sauve. »

Frère Elie.

22:00 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |

10/06/2007

LE DISCIPLE DU CHRIST.

Le Seigneur livre ici une longue liste de prescriptions à ses disciples : « proclamez, guérissez, ressuscitez, purifiez, chassez, donnez, … ». Il y a fort à faire pour remplir la mission que Jésus nous donne. Mais le plus important est peut-être dans les conditions qui font prendre la parole à Jésus : « sur votre route ». Le disciple de Jésus-Christ n’est pas un être statique, assis, installé. Il est en marche. Il se met en marche à l’appel de Dieu, comme Abraham le premier des croyants ; il se met en marche sur l’ordre de Jésus qui l’envoie ; il se met en marche à la suite de Jésus dont la Parole fait le bonheur. Toutes les œuvres dépendent de ce choix de tout quitter pour le Christ. Certains vont réellement quitter leur famille et leur patrie, mais tous les chrétiens doivent quitter le lieu de leurs suffisances, de leur indépendance, de leurs autonomies. Car ce qu’ils proclament n’est pas une doctrine mais un mode de vivre en Christ.

Autrement dit, les disciples témoignent avant tout de leur compromission pour le Christ. Leurs œuvres sont les œuvres du Christ accomplies au nom du Christ. La liste que donne Jésus n’est donc pas réservée aux premiers apôtres mais concerne les disciples de tous les temps. Mais avant de douter être appelé à ressusciter les morts et chasser les esprits mauvais ou à se demander comment y parvenir, il convient de s’approprier la règle d’or qui conclut la liste et englobe toutes les œuvres : « donnez gratuitement ».

Ainsi, le disciple du Christ n’est pas un être hors normes parcourant le monde investi de pouvoirs extraordinaires. Il est quelqu’un qui a tout investi dans sa relation au Christ, quelqu’un dont le Christ est la seule richesse. Dès lors, il n’hésite pas à partager cette richesse et à la donner. Le don gratuit qu’il fait de lui-même, sans souci du lendemain, sans rien garder en réserve, est le lieu où germent les œuvres du Christ dans sa vie, l’engrais qui leur fait porter du fruit.

C’est pourquoi le Seigneur insiste tant sur le détachement de toute sécurité terrestre : « ne vous procurez ni or ni argent, ni petite monnaie pour en garder sur vous ; ni sac pour la route, ni tunique de rechange, ni sandales, ni bâton ». Comme son maître sur la Croix, l’apôtre de l’évangile doit être offert et vulnérable. Pas d’argent qui ouvre les portes et permet d’accomplir sa volonté propre, pas de sac où entasser des réserves et des sécurités, pas de rechange qui protège de l’indigence, pas de bâton pour se protéger des dangers de la route. Seulement être et demeurer dans la main de Dieu. Tout attendre de lui et tout offrir par lui.

« Car le travailleur mérite sa nourriture ». Ce travail exigeant et rigoureux pour débarrasser nos cœurs de tout ce qui entrave la liberté des enfants de Dieu, nous obtient de notre Père du Ciel notre subsistance quotidienne. Car se tenir au sein de la source de toute vie rend vivant de la vraie vie. Parce que notre Père céleste s’occupe de nous en toute chose, même dans les menus détails matériels de notre quotidien. Mais tout cela se vit en Église, en famille. Ceux qui accueillent la Vie éternelle transmise par les messagers de l’Évangile les accueillent sous leur toit et tous partagent la paix du ressuscité.

Seigneur Jésus, merci pour ce beau programme de vie qui nous ramène à l’essentiel de notre relation au Père, qui place dans la vérité de ton amour nos relations fraternelles. Ravive en nous le désir de te suivre, de tout perdre pour gagner ton cœur, d’être prêt à tout pour rester dans ton amitié.


Frère Dominique.

23:36 Écrit par BRUNO LEROY ÉDUCATEUR-ÉCRIVAIN dans BRIBES THÉOLOGIQUES. | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christianisme, foi, spiritualite-de-la-liberation, spiritualite, action-sociale-chretienne |  Imprimer | |  del.icio.us | | Digg! Digg | |  Facebook | | | Pin it! |